Sujet: Now let me hold your hand (Ouvert) Mar 20 Oct 2015 - 21:48
HRP Précision:
VENEZ SQUATTER!
Le 10 janvier 1997. 10h30.
Bon. D’accord. Ce coup-ci, il gérait pas vraiment. Mais en même temps, qui se sentait d’humeur à gambader joyeusement dans la neige ? Ou prêt à se rendre au cours le plus monotone de toute sa scolarité ? Alors qu’ils auraient dû partager cet enseignement avec la douce et regrettée Alexandra ? Ouais, OK. L’excuse ne tenait pas deux minutes. Même un élève de première année ne se laisserait pas fausser par un tel prétexte.
Il n’aimait juste pas les Runes. Une matière chiante et rébarbative au possible, qu’il séchait à la moindre occasion. Au risque de planter ses examens à la fin de l’année. De toute façon, qui s’en souciait ? Traduire une langue morte et presque illisible ne lui permettrait jamais de gagner sa croûte. Ni des gallions sonnants et trébuchants.
Bref. Mieux valait s’occuper à une autre activité. Plus... Pragmatique ?
En entrant dans les toilettes, Yvain lâcha un long soupir exténué. Puis, il se décida à s’abandonner à quelques écarts joueurs et entraînants, lui permettant de se poster en un seul mouvement devant un lavabo au blanc suspect. Après s’être rincé le visage, ses iris se portèrent précautionneusement vers le miroir accroché à sa hauteur, ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre. Compte tenu des événements des jours passés. Pourtant, l’image que la glace lui renvoya brusquement, le laissa stupéfait.
Dans les traits tirés et soucieux de ses yeux, le septième année devina un éclat. Un espoir. Fébrile. Quoi que réel. Suffisant à lui tirer un sourire. Enfin une bonne nouvelle. Une putain d’issue dans ce brouillard sentimental ? Non. Hélas. Tout était salement incertain, maintenant. Merdique. Sans queue ni tête de dragon.
Au moins, il commençait à se sentir mieux. C’était déjà ça.
À son souffle lent et vigilant, le silence des cuvettes et des portes répondirent. Personne ? Ouais. Vraisemblablement. Une superbe opportunité à exploiter pour extérioriser la langueur qui tordait son ventre depuis les premières heures de la journée.
Toute en douceur, la voix d’Yvain s’éleva dans la préciosité crasse de l’immense pièce. « J'ai quelque chose à te dire... »* Ses yeux se fermèrent et sa conscience se laissa gagner par la mélopée. Par le chant. Par l’infime ondée de désespoir... Et d’amour.
*: voici ce qu'il chante en VO
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mar 20 Oct 2015 - 22:13
Généralement, l’endroit le plus calme et où on est sûr d’être seul, c’était les chiottes. Drago le savait mieux que quiconque puisqu’il avait pris l’habitude de squatter les cabinets de tout Poudlard entre les cours, le soir et parfois même la nuit, histoire de fuir ses congénères au regard inquisiteur. Acculé comme une bête blessée, Drago s’accrochait au moindre début d’échappatoire qu’il pouvait trouver.
Ce jour ne faisait pas exception. Il s’était levé en même temps que tout le monde, paré pour une nouvelle journée de cours qu’il avait clairement envie de sécher. Une envie qu’il sut camoufler derrière son habituel masque hautain et plein d’assurance. Pourtant, quand les autres élèves allèrent rejoindre McGonagall pour son cours de Métamorphose, il s’éloigna imperceptiblement pour aller s’enfermer dans une des cabines.
Il ne savait pas ce qu’il y faisait réellement. Pas grand-chose, tout du moins. Il ne fumait que dans les dortoirs, ne buvait pas beaucoup, il n’écrivait pas non plus. Il n’avait aucune sorte d’exutoire, puisqu’il pataugeait encore dans le déni d’en avoir besoin. Il était certain qu’il pouvait le faire seul, qu’il pouvait s’en sortir sans la honte d’avoir eu besoin d’aide et de soutien… Tout en sachant déjà que c’était faux. Il lui avait suffit d’un mot de trop et d’un bon cassage de gueule en règle pour s’en rendre douloureusement compte. Drago ne pourrait jamais y arriver seul. C’était impossible. Il ployait si fort sous le poids des responsabilités qu’il était prêt à craquer. C’était pour ça qu’il s’enfermait dans les chiottes comme un gamin apeuré : pour pleurer.
Il le faisait en silence, comme s’il refusait l’acte en lui-même, comme s’il niait le fait qu’il avait besoin de ça pour aller mieux ensuite. Il pleurait de honte et il avait honte de pleurer. Le cercle vicieux pouvait s’étendre sur de longues minutes, des heures même, jusqu’à ce que ses yeux rougis soient totalement secs. Il en avait fait une habitude, et ce sans même s’en rendre compte.
Cette matinée était un peu différente, pourtant. Quelques minutes après que Drago se soit isolé, une voix familière se fit entendre dans les toilettes. Yvain était présent, et il chantait. Le timbre doux et clair de son ami semblait ne pas passer par ses oreilles, mais atteindre directement son cœur. Yvain n’avait pas seulement une belle voix, c’était bien plus profond que ça. Et les paroles… Drago s’en voulait toujours pour ce qu’il s’était passé quelques jours auparavant, et s’il était sorti de l’infirmerie, il n’allait pas mieux pour autant. Il doutait même d’aller mieux un jour : comment le pourrait-il ? Comment était-ce seulement concevable ?
Relevant les pieds pour qu’ils soient invisibles de l’extérieur de la cabine — dont il prenait d’ailleurs toujours soin de fermer le verrou — il s’enterra le visage dans les mains, espérant ne pas être entendu. Pourtant, avec ses pleurs qui redoublaient sous l’effet de la chanson d’Yvain, ça n’était clairement pas garanti.
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mar 20 Oct 2015 - 22:32
Il a toujours aimé Poudlard. C’est ce qu’il se répète vainement en marchant sans but le long des couloirs du château. A cette heure-ci, il devrait se trouver en cours de Runes, et même s’il n’a jamais été brillant dans cette matière, il regrette profondément de ne pas pouvoir s’y rendre. Madame Zschocke, malgré son sérieux exacerbé et son sarcasme avait fini par démontrer qu’elle pouvait se montrer digne du titre de professeur. Son enseignement profondément orienté à la réalité lui ont appris plus en un semestre que ses deux premières années de cours.
Le Gryffondor lâche un profond soupir. Le banquet, la mort des trois élèves, et maintenant, la disparition d’un professeur. Même à l’intérieur de sa propre maison, les rumeurs vont bon train, et de nombreuses critiques s’élèvent à propos de Dumbledore. L’absence de Harry, Ron et Hermione ne manque pas de faire jaser et d’aucun est convaincu qu’ils sont partis pour leur propre sécurité. Le petit monde que les autres élèves représentent, eux dont les noms ne sont pas teintés de gloire, semble bien désœuvré.
Les mains profondément enfoncées dans les poches de sa robe de sorcier, Cyril se dirige vers les toilettes. Ses camarades ont naturellement pris le chemin de la bibliothèque pour occuper cette heure matinale qui ne servirait sinon à rien. Lui préfère arpenter les couloirs déserts de l’école à la rencontre d’un quelconque fantôme ou même d’un des rares elfes de maison. Les messes-basses entre les étagères de grimoires le rendent malade. Il a besoin de se jeter de l’eau froide à la figure. Il repousse brutalement son sac derrière son épaule et fait irruption telle une furie dans la salle d’eau, le visage déformé par la mauvaise humeur.
Alors qu’il s’attendait à trouver la pièce vide, une silhouette vaguement familière s’invite dans son champ de vision au moment même où il passe la porte. L’adolescent s’immobilise avec un sursaut de surprise et détaille pendant une seconde l’élève de Serpentard. Un haussement d’épaules amer finit de le convaincre que qui fréquente les toilettes à cette heure n’est d’aucune importance. Abandonnant son sac dans l’allée, Cyril franchit la distance qui le sépare d’un évier de quelques longues foulées et s’abandonne à l’eau glacée.
Un frisson le traverse et le ramène un brin à la réalité. Comme si sa mauvaise humeur l’avait rendu sourd, le jeune homme, toujours plongé dans son lavabo, réalise enfin que non seulement il n’est pas seul, mais que surtout, son camarade n’a aucunement l’intention de vider les lieux. Il chante. D’une voix claire, brillante. Tendre, même. L’étonnement le paralyse dans cette position courbée et profondément idiote, alors que l’eau continue de couler dans ses boucles brunes. Cyril laisse encore quelques secondes s’étirer dans la mélasse de l’espace-temps, puis se décide à fermer le robinet et à faire face au Serpentard.
Planté là, le visage humide et les cheveux dégoulinant, il observe le septième année d’un air ouvertement dubitatif. Sa voix est belle, certes, et il maîtrise sa chanson. Mais le temps n’est-il pas bien trop tragique pour s’adonner à une telle activité, qui plus est dans un endroit aussi glauque que les toilettes ? Néanmoins, peu à peu, la mélodie s’empare de son humeur transie pour venir serpenter à travers sa peau glacée jusqu’à atteindre son esprit transi d’amertume. Involontairement, ses lèvres s’étirent en un sourire amusé et attendri, soulagé. Comme si ce chant devenait, pour chacun qui l’attend, une catharsis propre.
“Tu as une très belle voix.”
Les bras ballants, le regard dansant d’une lueur équivoque, le jeune Gryffondor avait patiemment attendu la dernière note de la chanson pour lâcher ce seul commentaire.
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mer 21 Oct 2015 - 14:15
Morange passait devant les toilettes des garçons pour rejoindre sa salle de cours quand il entendit une voix claire et mélodieuse résonner contre les murs. Qu'est ce que ca pouvait bien être ? Un fantôme ? Non, impossible. Morange aimait chanter et la voix chantait si juste qu'il dévia son chemin et entra discrètement dans les toilettes des garçons. Deux élèves étaient déjà présents. Un serpentard et un gryffondor, Cyril, avec qui il avait partagé sa table au banquet de noël. Il leur adressa un signe de tête et se tourna vers celui qui avait chanté. Un serpentard brun, qu'il avait vaguement croisé une ou deux fois dans un couloir.
<< -Oui c'est vrai que tu as une belle voix. Moi aussi j'aime bien chanter, ça fait du bien de se lâcher un peu...Surtout en ce moment. >>
Morange sourit et le fixa un long instant. Il était plutôt grand et bien que le jeune serdaigle ne lui avait jamais adresser la parole, il avait toujours pensé que la plus grande majorité des serpentards descendait d'une famille de sang pur. Il n'avait jamais vraiment osé leur parler non plus, pas qu'il était timide mais plutôt solitaire et quel serpentard pourrait s'interésser à un serdaigle comme lui ? Il voulait en devenir un véritable, lui aussi. Pas juste leur ressembler. Mais puisque cela lui était impossible, il employait d'autres moyens. Il hocha de nouveau la tête, le regard neutre.
<< -Bonjour. Moi c'est Morange. >>
Il adressa à Cyril un très léger sourire amical. Ce dernier semblait plutôt intrigué de voir un autre élève chanter en ces temps si sombres mais après tout, une note de musique dans toutes ces ténèbres ne pouvait faire de mal à personne ! >>
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mer 21 Oct 2015 - 21:30
« Je pense que tu comprendras, quand j’aurai dit ce petit quelque chose... » Derrière la cloison sombre de ses paupières, Yvain s’abandonna au rythme lent et délicat d’une complainte qu’il connaissait depuis trop longtemps. Celle qui, dans les temps calamiteux et éprouvants de sa prime adolescence, avait égayé la pénible obscurité d’une après-midi pluvieuse. Après que Blaise ait donné un autre sens au mot ‘coup de main’. Et qu’un énième garçon, à la fois bouleversé et dégoûté par la révélation d’une inclination à son égard, lançait un regard haineux vers son brun déclarant.
Ce monstre qui n’était pas né purement hétérosexuel. Ce détraqué. Cette tapette. Cette gouine. Qui ne voulait décidément pas correspondre aux standards que l’on attendait de lui.
« … Je veux tenir ta main... » Pendant des années, cette seule pensée lui avait tordu l’estomac. Les seules aventures qu’il avait eu la chance de connaître, se montraient fichtrement discrètes. Comme si... Rien ne s’était jamais passé. Qu’un baiser n’avait jamais été partagé. Pas plus qu’une étreinte scabreuse. Tout ça pour préserver une réputation de faux-semblants et de malice.
Putain. Quelle blague cette période.
« Oh, je t’en prie, dis-moi que tu accepteras que je sois ton homme... » Jusqu’à Margaret. Sa première vraie relation, en même temps que la fin de d’une croissance boutonneuse et purulente, avaient débloqué pas mal de choses. Sauf les esprits coincés, à l’évidence. Ceux qui hurlaient encore aujourd’hui au crime contre la nature. Au crime contre l’humanité.
Connards.
« Et je t'en prie dis-moi, que tu me laisseras tenir ta main... » Ses pensées, bercées par une infime note d’espoir, s’enivrèrent du chant de leur hôte. Elles vagabondèrent, avec une légèreté gracieuse, vers des visages familiers et appréciés. Probablement trop estimés aux yeux des autres. Même à quelques mois de son départ de Poudlard, les gens s’amusaient toujours à juger ce qu’il avait le droit – selon leur bon sens bourré de préjugés et de stupidité – d’aimer.
En terme d’âge. D’origine. De sexe. Ça ne s’arrêtait jamais.
Les instants qui suivirent, toute sa conscience se lia aux paroles qu’il persévérait à chanter. Au point d’en oublier le monde dans lequel il évoluait. Le temps. Et les mouvements aux alentours. Quand sa voix s’éteignit enfin, sur une dernière supplique qu’il ne savait plus vraiment à qui dédier tant sa vie sentimentale était un joyeux méli-mélo de bertie crochues, les mots de Cyril piquèrent immédiatement son intérêt.
L’ombre d’un sourire passa sur le visage d’Yvain, tandis que ses yeux troublés s’ouvraient et se portaient vers le Gryffondor. Visiblement un brave gars. Timidement, il se permit de lui répondre. « Merci. » C’est à cet instant que le septième année remarqua l’autre élève présent avec eux. Un jeune et fringuant Serdaigle, dont l’appréciation se porta directement à son cœur. Tout comme celle de son comparse de rouge et d’or.
« Merci à toi aussi. » Il se passa les doigts dans la nuque. Davantage détendu. « Ouais, je suis d’accord. » Surtout en ce moment. Grave. « Je regrette de ne pas pouvoir le faire plus souvent. » Où de devoir me planquer ici.
À la présentation du dénommé Morange, le jeune homme acquiesça promptement. Amical. Sympathique ? « Enchanté ! Pour moi ce sera Yvain. » Sans se gêner – en toute franchise, la contenance et les fanfreluches de ce style, c’est plutôt le kiffe de Blaise et de Daphné que le sien – il fit quelques pas en direction de ses camarades. « Je trouve que c’est une drôle de manière de rencontrer les gens. Surtout aux toilettes... Mais je préfère ça. Ça fait plus humain. »
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Jeu 22 Oct 2015 - 17:43
Cyril se contente d’un sourire franc et d’un hochement de tête, avant de laisser son regard voguer sur le sol mouillé à la recherche de son sac sèchement abandonné. Quelques gouttes d’eau glissent de ses cheveux le long de ses joues et il les essuie machinalement, sans vraiment y porter attention, comme s’il s’agissait là d’une situation amplement normal. La timidité du Serpentard se laisse facilement interpréter comme une forme de modestie, alors il ne relève pas. Il ne veut pas le mettre mal à l’aise en insistant sur un chat qui devait se vouloir sans public.
C’est finalement la voix familière de Morange qui lui fait relever les yeux alors qu’il hisse son sac sur une épaule. Ils ne se sont pas revus depuis le désastreux banquet de Noël, mais contrairement à d’autres, le Serdaigle semble s’être plutôt bien remis de cette expérience traumatisante. Ou alors, il joue simplement bien le jeu. Son sous-entendu trahit les pensées qu’ils ont tous encore à l’arrière de la tête. Ce sinistre événement n’a pas été expliqué, revendiqué ou justifié. Les professeurs de Poudlard semblent tous être préoccupés, tout en refusant d’expliquer pourquoi ou de livrer la moindre information aux élèves qui commencent à se montrer pressant.
Cyril s’apprêtait à sortir, mais une émotion étrange le meut et il décide spontanément de rester. Trois jeunes adolescents avec un seul petit bout de passé commun se retrouvent dans des toilettes autour d’un concert improvisé, témoin d’une douceur inattendue et peut-être même inespérée. A-t-on le droit de fuir un tel moment quand il se jette dans vos bras avec une douceur veloutée ? D’un coup d’épaule, le Gryffondor laisse tomber son sac une nouvelle fois.
“Salut Morange. Et enchanté de te rencontrer Yvain, moi c’est Cyril.”
Il essuie une nouvelle goutte qui perle à ses sourcils. Le silence s’est déjà réinstallé avec maladresse, maintenant qu’ils se regardent non en chien de faïence, mais avec l’attente de ceux qui veulent voir la catharsis se produire. Si il était capable de chanter, l’adolescent aurait sûrement relancé la seconde musicale, mais sa voix grave et rocailleuse de jeune homme en fin de mue ne produisait qu’un chant hésitant et désagréable à l’oreille. Son don à lui était le dessin, mais cet art là se prêtait encore moins à la pratique dans des toilettes humides que le chant.
“Tu ne fais pas partie de la chorale, Yvain ? Avec une voix comme la tienne, tu aurais du t’y essayer, je suis sur que tu aurais fait des émules.”
Ni blague, ni ironie, juste la remarque sincère d’un adolescent de toute façon peu taillé pour le jeu et la manipulation. Il se détourne de ses deux camarades pour se trouver une place sur un rebord de pierre entre deux éviers. Ainsi installé, dans un équilibre aussi précaire que la situation dans laquelle ils se trouvent avait un côté absurde, il englobe ses deux camarades d’un regard amusé.
“Sinon, vous venez souvent dans les toilettes pour rencontrer des gens ?”
Dans son accès de mauvaise humeur, Cyril y est venu pour fuir la présence humaine et les regards. Néanmoins, la remarque de Yvain a fait résonner quelque chose en lui. Dans cette société si pétrie de conventions, le jeune Gryffondor a toujours préféré la valeur simple et directe des relations à la Nature. Un peu naïvement sans doute, il laisse une lueur d’espoir venir danser dans son regard et décide de rester là. Une rencontre absurde et inattendue pouvait peut-être les emmener, pour un court instant, hors de la dure réalité quotidienne ?
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Sam 31 Oct 2015 - 22:16
La situation est assez perturbante sur les bords, les trois élèves ne savent pas trop quoi se dire. Deux entre eux se sont retrouvés ici car ils ont entendus le troisième chanter et maintenant qu'ils sont réunis et qu'il forme un merveilleux trio dans les toilettes, ils se taisent. Voilà ce qu'en conclut le jeune serdaigle. Puis Cyril, le gryffondor; reprit la parole. Morange voyait bien qu'il pense encore au fond de lui, à ce qu'il s'est passé au banquet de noël. c'est vrai qu'ils ne se sont pas beaucoup parlés depuis, pas du tout même. L'évènement semble l'avoir beaucoup marqué; mais du côté de Morange ça avait été plus de la curiosité que de la peur. Qui avait provoquer tout ça ? Pourquoi ? Avait il un but précis ?
Morange sourit à la dernière question de Cyril. Rencontrer des gens dans les toilettes ? Non, jamais. Il rencontrait très rarement des gens, de plus. Un, il préférait la solitude; deux, il n'aimait pas les nouvelles rencontres. Trop de noms à retenir, de gens à étudier ou avec qui garder contact. Moins il avait d'amis, mieux c'était, mais c'est vrai que voir de nouvelles bouilles de temps en temps ne faisait pas de mal. Et puis le serpentard n'avait pas l'air bien méchant. Il avait ce côté assez similaire à celui de Morange, un peu solitaire et timide. le jeune serdaigle sourit néanmoins.
« - Rencontrer des gens ? Non, de toute façon, je préfère rester dans l'ombre, là ou il y a le silence... » dit Morange en esquissant un fin sourire et murmurant presque.
Puis il se tourna vers Cyril, légèrement hésitant. Lui même n'avait pas forcément envie d'en parler mais il fallait savoir.
« - Dis Cyril, désolé de reparler de ça, mais je dois t'avouer que ça me trotte dans la tête depuis un bon bout de temps...Ils n'ont pas reparler de ce qu'il s'est passé à noël ? On ne sait toujours pas qui a provoqué ça ? »
Sa voix était plus sombre, au souvenir de cette soirée. Il fixa Yvain à son tour.
« - et toi, tu y étais au banquet ? »
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Jeu 5 Nov 2015 - 21:05
Cyril. Le prénom du Gryffondor ne lui était – étrangement pour le coup – pas inconnu. « Enchanté aussi ! » Tout en adressant un sourire plus joyeux à son nouvel interlocuteur, le septième année chercha assidûment dans ses souvenirs d’où lui venait une telle impression de déjà-vu. Enfin. De déjà-entendu plutôt.
Était-ce à la grande salle, lors des répartitions ? Mouais, bof. Si le rouge et or était de la promotion de Potter, ce serait bien trop vieux pour que sa mémoire frétille comme une langue de lutin. Bien plus tard, alors ? La gazette ? Pas impossible. Pendant la brigade inquisitoriale – ça, c’était VRAIMENT le genre de trucs dont il détestait se souvenir, tant Goyle en avait profité pour l’emmerder – et ses règles stupides ? Non. Merde à la fin. Où ? QUAND ?
Yvain se tourna brièvement vers le lavabo pour se rincer une nouvelle fois le visage. Bon, si ça ne voulait pas revenir maintenant, ça ne servait à rien de se prendre la citrouille pendant des heures.
La question portée par la voix de Cyril lui fit pincer les lèvres. De tristesse et d’envie à la fois. « Non, je... Je n’ai pas cette chance. » Le Serpentard se tourna de nouveaux vers eux. « C’est moche à dire, mais j’ai toujours fuis les grands rassemblements de ce type... J’avais déjà du mal à gérer le dégoût de certains confrères, alors oser me mettre en avant pour autre chose que du quidditch... » Il se souvenait très précisément de la menace soufflée à voix basse contre son oreille. Quelle bande de cons. « Les toilettes, ça a toujours été le bon plan pour être tranquille. »
Son visage se glissa derrière un masque positif. Alors que ses yeux trahissaient une toute autre réalité. Bien plus sordide. Celle qui brise et cogne les conscience face à la cruauté de l’adolescence.
« Aussi bizarre que ça puisse paraître, oui. » Yvain secoua la tête pour perdre les dernières traces de regrets au profit d’un petit rire. Léger. Détendu. « Bon, pas si souvent que ça, j’avoue. » Trois fois en sept ans ? « Mais si les gens s’arrêtent pour bavarder, c’est qu’ils ont quand même envie de se lier un peu... Non ? »
C’est à cet instant que le Serdaigle se décida à répondre... Quelque chose de fichtrement étrange. L’ombre et le silence. Ah ? Ah, bah, oui. Il semblait super sérieux en le disant. Woaw. Ça, c’était de la conviction, mec !
Le septième année lui rendit une esquisse avenante du bout des lèvres. Ok. Ce Morange faisait un peu flipper, cela dit, il avait tout pour être cool à côté. Le maintien, la couleur et, surtout, les cheveux ! Les interrogations qui suivirent ne manquèrent pas d’entériner la chose : sympathique et effrayant. Un cocktail du tonnerre.
Bien qu’il ne se trouva pas directement concerné par les paroles de son cadet, le fils Gallant ne put s’empêcher de frémir. Le banquet. La main. Le sang sur la robe d’Alexandra. L’absence d’émotion chez Harmony. « Je... Pardon. Je... Je ne crois pas. » Bordel. C’était pas prévu, ça. Aie. Touché. Coulé ?
Les iris du Serdaigle le transpercèrent la seconde d’après. Jusqu’au sang. « Oui. » Son propre regard fuit, plein des horreurs de ce soir du vingt-quatre décembre. « J’y étais. »
Et je n’y ai toujours rien compris.
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Sam 7 Nov 2015 - 19:54
Sa question se veut taquine, mais soit son intention est incompréhensible, soit Morange est tellement doué pour faire semblant que Cyril ne voit pas l’humour derrière ses mots. Il se peint alors une expression d’incrédulité qu’il essaie de refréner aussi vite que possible. Rester seul dans l’ombre, là où il y a le silence… Même pour lui qui a une certaine tendance à fuir la foule et les conventions sociales trop complexes, cela lui parait déprimant. Pourtant, le Serdaigle ne fait aucun mouvement pour les quitter ou pour se murer dans le mutisme. Le regard du Gryffondor glisse vers Yvain, dans l’espoir de trouver un quelconque soutien, une tentative de réponse qui ne serait ni plus déprimante, ni hostile.
Quelle drôle de bande ils forment ! Chacun pétri de ses soucis, arrivé ici pour fuir l’atmosphère désagréable du château depuis la rentrée. On aurait presque pu croire qu’ils s’étaient donnés rendez-vous pour une thérapie de groupe particulièrement louche. Ou cocasse, ça dépend seulement du point de vue, en fait. Cyril a beau se sentir désolé pour Yvain, il n’est pas vraiment étonné par la confidence. Seul le Quidditch semble pouvoir faire accepter les différences : si tu joues comme une star, que tu amènes des victoires pour ta maison, alors on t’acceptera. Si tu joues mal, ou que tu ne veux pas jouer, alors tu as plutôt intérêt à rentrer dans les rangs, ou à te faire oublier. Poudlard n’est pas vraiment le lieu pour se développer une personnalité originale et indépendante.
Le Serpentard a au moins le mérite de s’accomoder de son sort avec la tête haute et de répondre avec une humanité qu’on n’attend pas toujours pour un vert et argent. Cyril sent ses traits se détendre alors qu’il hoche la tête. Yvain a raison, seulement, c’est dommage de devoir se retrouver dans les toilettes au bord des larmes ou de la crise de rage pour trouver un inconnu qui accepte de vous donner un peu de son temps.
“C’est vrai. En même temps, en dehors des besoins bien propres au corps humain, on vient rarement traîner dans les toilettes quand on se sent très bien, donc forcément… Ça fait du bien de trouver quelqu’un à qui parler.”
Tout ça aurait pu déboucher en une conversation amusante et bonne enfant ou chacun chercherait à oublier — voire même à chasser — un peu ses démons, dans un de ces moments hors du temps dont les Serpentard semblaient être spécialistes. Bien installés dans les toilettes, qui sait, peut-être même finiraient-ils par jouer aux cartes jusqu’à la nuit tombée, trop bien installés à l’abri des regards pour oser revenir dans le monde réel. Cette perspective lui plaît tant qu’il s’y sent déjà presque noyé. Son nom résonnant dans la pièce humide le fait sursauter.
La question de Morange le fait rouler des yeux interloqués et un peu apeurés. Cyril se mure dans le silence, préférant oublier simplement cet événement plutôt que spéculer sur quelque chose dont ils n’auront probablement jamais les réponses. Malheureusement la situation empire avec l’interrogation adressée à Yvain. L’ambiance se détériore en quelques secondes, ne laissant les trois adolescents souriants une seconde plus tôt, que balbutiant et empêtrés dans leurs souvenirs.
“Je n’ai entendu aucune explication, et si tu veux mon avis, s’ils ne disent rien, c’est soit parce que c’est trop grave… Soit parce qu’ils n’ont vraiment aucune justification à nous donner. Dans les deux cas, je suis pas franchement rassuré et j’aurais préféré ne pas y penser.”
L’adolescent saute sur ses pieds et file vers une cabine de toilettes, sentant le dégoût monter dans sa gorge à l’évocation de cette funeste soirée. Les rires autour de la tarte à la citrouille, puis la lumière vacillante, les cris, la main blafarde et ensanglantée sous le lustre puis Angel qui s’effondre dans ses bras… Cyril frémit et ouvre une porte au hasard, souhaitant simplement cacher son visage à ses deux camarades. Il ne supporte pas bien le choc de l’inattendu.
“Oh, pardon.”
Il referme immédiatement la porte. Un élève a eu la mauvaise idée d’aller faire ses besoins sans verrouiller la porte. D’ailleurs, il s’y prend d’une bien drôle de façon. Les pieds sur la cuvette. Le visage tout humide. Suffisamment interloqué pour sentir l’aplomb lui revenir, le Gryffondor fronce les sourcils et ouvre à nouveau la porte qu’il vient à peine de lâcher. Là, recroquevillé devant lui se tient un autre Serpentard dont l’identité ne lui est pas inconnue. Qui est connue de tout le monde, en fait. Pourtant, la situation est si invraisembable, presque risible, que son cerveau semble refuser de prendre en compte cette information.
“Malefoy !?”
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Lun 9 Nov 2015 - 20:15
Drago n’écoutait que d’une oreille ce qui se disait à quelques mètres de lui, près des lavabos. Les trois garçons qui conversaient — dont Yvain — s’étaient présentés les uns aux autres, se balançant des compliments vides de sens, le tout sur un ton faussement badin. Drago se sentait si seul, si loin d’eux, presque comme s’il était sur une autre planète. Qu’avait-il à voir avec ces gens qui trouvaient encore la force de sourire et de chanter malgré le monde de merde dans lequel ils vivaient ? Étaient-ils à ce point aveugles ?
Mais ça, c’était avant que l’un d’entre eux — qui n’était pas Yvain — n’amène le sujet du banquet sur la table, de façon bien peu subtile. C’était quoi ce mec ? Il était sérieux ? Drago aurait bien voulu lui hurler qu’il ne savait rien pour parler ainsi, qu’il ignorait ce qui les attendait dehors, ce qui se tapissait au sein de ces murs… Les pensées de Drago ne faisaient plus sens, mais il était si mal qu’il ne s’en rendait même plus compte. Il se sentait si isolé qu’il ne pouvait que s’isoler davantage. Seul, pleurant le plus silencieusement possible recroquevillé sur un des toilettes, il espérait seulement que les garçons — dont Yvain — partiraient rapidement, le laissant à sa séance de pleurs cathartiques.
Mais il y a de ces jours où le monde était tout entier contre vous. Ses sanglots n’avaient pas été entendus, mais il ne s’attendait pas à ce qu’un des garçons vienne ouvrir la porte de sa cabine. Après, c’était un peu de sa faute : il avait oublié de la verrouiller, dans sa grande étourderie. Le garçon s’excusa et referma la porte presque aussitôt, avant de la rouvrir quelques instants plus tard. En balançant son nom. Merci la discrétion.
— Tu veux ma photo… !?
Il avait levé des yeux haineux vers Cyril, des yeux encore rouges et humides d’avoir pleuré. En fait, il n’avait même pas vraiment cessé de le faire, mais il ne s’en rendait même pas compte.
— Fous-moi la paix ! Foutez-moi tous la paix !
Drago bondit sur la porte qu’il tenta de refermer pour la verrouiller cette fois, préférant continuer à faire l’autruche comme il l’avait toujours fait.
— Partez ! Partez tous !
Sauf Yvain. Surtout Yvain. Reste. Pars. Je n’y arriverais pas sans toi. Je te ferais chuter.
Tiraillé entre ces deux émotions contraires, Drago sentait presque son cœur se déchirer physiquement. Si seulement c’était vrai. Si seulement…
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Lun 9 Nov 2015 - 22:07
Il fallait absolument que j'aille aux toilettes des garçons, je mourrai d'envie de faire pipi depuis la fin du cours de potions, je me retenais depuis, au moins, deux heures. La, c'en était trop, je pouvais plus tenir, il fallait absolument que j'aille me soulager avant d'aller dans ma salle commune me reposer un peu. Alors que je courais comme un malade vers les toilettes, j'entendis des voix d'hommes, logiques dans cet endroit, vous me direz, mais des voix d'élèves plus âgés que moi, en tout cas. Je n'avais pas peur d'eux, puisqu'ils n'étaient jamais méchants avec moi, sauf que, personnellement, je détestais les Serpentards. Oui bon, pas tous non plus hein. Je me dirigeai vers un toilette libre et fis ce que je devais faire. Oh mon dieu que ça faisait du bien.. J'étais libéréééé délivréééé, comme dirais une certaine chanson moldue que j'aimais bien. Alors que je tirai la chasse d'eau et voulais sortir d'ici pour aller à la salle commune, j'entendis quelqu'un pleurer et un autre qui chantait. Je reconnus immédiatement Cyril, Morange, et Yvain. Bien que j'fusse en première année, je reconnaissais les têtes des autres élèves. Mais pourquoi parlaient-ils autant comme ça ? Je n'avais pas tout suivi de leurs conversations... Comme j'étais curieux, je voulais en savoir plus, mais je n'eus pas le temps, qu'un élève sorti d'un des toilettes et hurla qu'on le laisse tranquille. Moi, je veux bien, de toute façon, je n'allais pas lui parler alors...
Euh... Je... Il se passe quoi, là ?
Demandais-je tout timide. Me retrouver avec des grandes personnes dans les toilettes, c'était... Comment dire... Embarrassant et à la fois excitant. Surtout qu'il y avait Cyril qui était de la même maison que moi, ça me rassura un peu.
spoiler:
J'espère que cela ne dérange personne qu'une première année s’incruste?
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mar 10 Nov 2015 - 20:17
Oh, un serpentard! Enfermé tout seul dans une cabine! Et en plus, il pleurait. Morange ne voyait pas beaucoup son visage car Cyril était pile dans son champ de vision mais par contre, sa voix, elle, ne lui était pas inconnue. Il l'avait déjà vu dans la grande salle, dans les couloirs, toujours suivi de ses fidèles acolytes qui ne le lâchaient jamais. Avant que Morange n'ai pu intervenir, un autre garçon les rejoint. Un plus jeune, pas très loin de son âge et un gryffondor, il le reconnut grâce au blason épinglé à son uniforme. Le serpentard qui pleurait finit par refermer la porte avant de leur hurler dessus. Morange retins un soupir et fixa le petit rouge et or qui venait d'arriver.
« -Oh rien, on discute...De tout et de rien. Et on écoute Yvain chanter. Enfin on écoutait. »
Sans même attendre la réponse du petit, il reporta son attention sur la porte derrière laquelle se trouvait le serpentard. Comptait il sortir un jour et leur expliquer le pourquoi du comment il s'était retrouvé là à pleurer, seul ? Mais il n'avait pas l'air très confiant, ni prêt à causer à tout le monde. Morange savait juste qu'il voulait les voir déguerpir. Et au plus vite. Il s'avança néanmoins, sortit sa baguette et déverouilla la porte que le pleurnichard avait verrouiller de nouveau, à l'aide d'un sortilège. Une fois ouverte, il s'avança lentement et lui fit un léger, très léger sourire. Ca devait être un véritable sang pur lui pour le coup. Morange se dit qu'il pourrait peut être l'observer et en apprendre plus sur lui en lui parlant, afin de savoir comment se comporter de la même manière que les sang pur, ce qu'il voulait être mais ce qu'il n'était pas.
«- Salut. Moi c'est Morange. Toi Malefoy, c'est ca ? A moins que ça soit ton nom de famille...Ca n'a pas l'air de marcher fort pour toi. Tu nous expliques ou tu comptes rester planquer là en attendant l'apocalypse ? »
Morange était conscient que le serpentard ne cherchait sans doute qu'à rester seul. Mais parfois, se confier ou juste dire ce qu'on avait sur le cœur pouvait faire du bien. Et le jeune serdaigle était prêt à l'écouter, bien que leur deux maisons ne s'entendent pas si bien que ça ou que ce Malefoy risquait de le rembarrer.
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mer 11 Nov 2015 - 19:17
Dès que le sujet du banquet avait été évoqué, le septième année s’était senti piqué par la peur et l’incompréhension. Ses yeux avaient tenté de fuir le moment présent, et cette douloureuse évocation – la main putain, la main blanche et tâchée de rouge d’Alicia – qui lui revenait en pleine citrouille. Un tourment désagréable. Comme un goût âcre et cuivré en bouche. Le sang.
J’aurais préféré ne pas y penser. « Ouais, pareil. » Le seul fait de devoir côtoyer de nouveau ce souvenir, lui raidissait les membres. Lui flanquait une frousse pas possible. Jusqu’à tendre les poils les plus infimes de sa nuque.
Les corps inanimés sur le sol. Abandonnés par la vie. Le visage de la délicate Harmony. Déshumanisé. Neutre. Vide. Des images que le temps ne considérait pas encore utile d’estomper. Des images qui absorbaient toute sa concentration. Jusqu’à...
...Malefoy.
Soudainement, le jeune homme se redressa d’un seul mouvement. Vif. Véloce. Ses sourcils se froncèrent de la même manière dans les secondes qui suivirent. « Hein ? Malefoy ? » Il voulut s’approcher, mais la voix de son blond cadet – pour le coup très facilement identifiable – lui évita cette peine.
Partez. Ah. Bon. Bah. Si le prince demandait qu’on le laisse en paix...
Un élève de première année fit irruption d’un des toilettes, la bouche débordante d’une question très intéressante. Oui. Il se passait quoi, là, au juste ? Qu’est-ce que foutait Drago, dissimulé derrière les pans de bois d’un cabinet, ici ? Merde. Il avait dû l’entendre chanter. Il avait dû tout entendre. Ooooh puuutaaaain....
D’un petit geste bienveillant, le Serpentard salua le tout jeune gryffondor, avant de suivre du regard Morange. Qui se dirigeait, l’air de rien, tranquille, vers la porte de Malefoy. Enfin. Le truc derrière lequel il s’était réfugié en vain quoi.
Ok. Yvain eut l’impression que sa machoire allait se décrocher. Woaw. Aborder son suspicieux acolyte de cette manière... C’était un peu comme venir claquer la bise à la reine d’Angleterre. Un brin déplacé. Un brin intrusif. Pas du tout adapté, là. Ni une, ni deux, le jeune homme quitta sa position pour intégrer lui aussi le potentiel champ de vision du sixième année. Celui qu’il serait obligé d’avoir en quittant son repaire de papier et d’urine.
Brièvement, le fils Gallant porta ses iris vers Cyril. « Ça, c’est plutôt mauvais signe. »
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mar 17 Nov 2015 - 10:00
2 HRP:
- Henry, tu es évidemment le bienvenu, c'est un topic ouvert ! - Je vous présente mes plus plates excuses pour le temps de réponse :x
La situation était jusque là certes inhabituelle, mais encore légère et amicale. Trois adolescents s’étaient retrouvés dans un lieu insolite, complètement par hasard et en profitait pour lâcher un peu la pression du quotidien et évacuer leur crainte des dernières attaques. Là, dans une discussion simple, rendue presque délurée grâce aux accents chantants de Yvain dont ils avaient tous été témoins, les sourires semblaient renaître sur les visages. Jusqu’à ce que Cyril ait la mauvaise idée d’ouvrir une porte de cabinet, et pas n’importe lequel, celui où dès le début s’était caché Drago Malefoy.
Cyril connait de loin l’illustre Serpentard, bien avant Poudlard d’ailleurs. Dans les familles sang-pures, personne ne peut vraiment prétendre ne pas connaître ses lointains cousins. Le Gryffondor a toujours tâché de se tenir bien éloigné de l’héritier Malefoy, et ils ne se sont donc jamais adressé la parole. Entendre sa voix pour la première fois d’aussi près est tout autant un choc que la teneur de ses paroles. La haine et le désespoir lui sont crachés au visage, exactement comme réagirait un Niffleur à la patte cassée qui refuse d’être aidé. Une lueur de compassion brille dans les prunelles du cinquième année, complètement désarmé devant cette situation inédite. Alors il reste planté là, sans rien dire, sans détourner le regard.
Les voix se mêlent derrière lui. D’abord l’incrédulité d’un jeune Gryffondor qui vient d’entrer. Cyril ne le connait pas personnellement, mais il reconnait sa voix haut perchée, déjà entendue plusieurs fois dans la salle commune. Morange vient ensuite se ranger à ses côtés, pour apostropher Malefoy avec une violence inattendue de la part du Serdaigle, qui apparaît si calme et posé. Le banquet semble l’avoir atteint plus que de raison, en témoigne sa question précédente, si brutale pour ses compagnons du jour. Une seconde plus tard à peine, Yvain se tient lui aussi à ses côtés pour contempler le désastreux spectacle que leur joue l’héritier Serpentard. Le Gryffondor tourne finalement la tête vers le plus âgé de la bande.
— Je suis d’accord.
Cyril est profondément mal à l’aise. Gérer ce genre de débordements est extrêmement difficile pour lui, même quand il s’agit de ses amis. Ses limites sont clairement dépassées à présent qu’il a devant lui un garçon qu’il ne connaît pas, et avec qui il ne veut rien avoir à faire. Pour rien au monde, il ne veut être mêlé à ses problèmes et à ses déboires, alors dans un élan de sollicitude pour tout le monde, l’adolescent s’écarte. Au passage, il jette un coup d’œil éloquent à Yvain. Si ils sont amis, ils peuvent démêler cette situation ensemble et sans témoins. Le cinquième année préfère tenter une manœuvre de repli en tenant si possible de nouveaux yeux indiscrets à l’écart. Il a beau vouloir éviter Malefoy, il sait très bien qu’éveiller son courroux n’est guère une bonne idée.
Le première année de Gryffondor les observe toujours avec des yeux écarquillés, à l’entrée des toilettes. La situation a de quoi perturber quand on vient d’y débarquer. Trois adolescents plantés devant un cabinet de toilette, en observant un quatrième perché sur la cuvette, le regard plein de haine et de larmes…
— Salut ! Tu t’appelles Henry, c’est ça ? On s’est déjà croisé dans la salle commune, je crois. Je suis aussi à Gryffondor, je m’appelle Cyril.
La diversion est pauvre, mais dans le malaise du moment, Cyril ne peut rien développer d’autre.
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Sujet: Re: Now let me hold your hand (Ouvert) Mar 17 Nov 2015 - 19:42
Non seulement Drago était humilié devant Yvain et au moins deux autres gars, mais en plus un troisième venait s’ajouter. Allez, venez tous vous jeter sur le garçon tombé en disgrâce, venez vous repaître de sa souffrance comme les vautours que vous êtes ! Si seulement on pouvait le laisser tranquille, ne serait-ce que quelques minutes ! Ceci avait été jusque là son refuge, et il venait d’éclater en un millier de morceaux.
L’attitude particulièrement agressive de Morange fit exploser le taux d’adrénaline dans les veines de Drago. S’il pensait qu’il parlerait à quelqu’un qui s’adressait à lui comme ça, il pouvait aller se gratter ! Furieux autant que blessé, le Serpentard hurla :
— L’APOCALYPSE EST DÉJÀ LÀ, ESPÈCE D’IDIOT !
C’est vrai, pourquoi l’attendre ? Elle était déjà survenue. Le monde avait déjà changé, ou étaient-ils à ce point aveugles ? Ils allaient tous en pâtir, tous autant qu’ils étaient ! Le Seigneur des Ténèbres viendrait pour eux, pour tous, sans exception. Il était l’Apocalypse.
Dans ses hurlements, Drago n’avait pas entendu Yvain s’approcher et parler à Cyril. Il était trop occupé à ruminer sa rage et à empêcher quiconque d’ouvrir cette porte. L’humiliation et la honte étaient trop grandes pour ça. Il n’avait qu’une envie, rester là jusque tout le monde parte. Jusqu’à ce le monde s’arrête et qu’il soit enfin libéré de sa propre existence.
L’adrénaline le faisait trembler. Il n’eut même pas le réflexe de prendre sa baguette — heureusement, d’une certaine manière — et frappa un grand coup sur la cloison à sa droite. Il frappa encore une fois, et une troisième fois, de plus en plus fort. Il allait soit briser cette cloison, soit son poing, mais il n’en avait cure. Il voulait qu’on le laisse tranquille.
— Partez !!!
Ou alors ignorez-moi.
Il le pensait vraiment, autant qu’il souffrait de l’indifférence qu’il percevait d’Yvain. Être ignoré n’avait pas le même poids selon la personne qui vous ignorait… Si Drago voulait que les Gryffondors et le Serdaigle fassent comme s’il n’était pas là, il n’en allait clairement pas de même pour son aîné de la maison au serpent.
— Partez…
L’adrénaline commençait à s’épuiser, s’évanouissant dans son organisme comme une fumée évanescente. Ses tremblements persistaient, mais cette fois c’était de sanglots dont son corps était secoué. Un corps qui continuait à faire bloc derrière la porte pour que personne ne puisse l’ouvrir.