Action ou vérité

Anton laissa le filet d'eau chaude couler le long de sa nuque, une main appuyée contre les carreaux noirs de la faïence de sa douche. Il ne savait pas ce qui clochait chez lui en ce moment mais il ne parvenait jamais à avoir l'esprit reposé. Ainsi, lorsqu'il avait reçu un hibou de la part de Lanalia lui proposant de sortir, il avait considéré que de toute façon, le temps passé la-bas serait autant moins de temps passé dans son lit, les yeux rivés au plafond. L'eau chaude se fit de plus en plus rare, signal qu'il était temps pour lui de sortir de la pièce embuée.

il regagna sa chambre, vide sans sa colocataire qu'il ne voyait que très peu en ce moment, une serviette nouée autour de la taille. Il ébouriffa ses cheveux pour se débarrasser des quelques gouttes insistantes qui lui dégoulinaient sur le buste. Après avoir enfilé un caleçon, il ouvrit son placard et ne put s'empêcher de pousser un soupir. Il ne savait jamais comment s'habiller pour ce genre de choses. Classe ? Casual ? Anton sortit plusieurs possibilités avant d'opter pour un polo noir et un jean légèrement déchiré par endroit. Un savant mélange de chic et décontracté. Si sa mère l'avait vu ainsi, elle aurait probablement loupé un battement de coeur. On ne s'habillait qu'en noir, en tenue de circonstance chez les Costello. Il fallait tenir le standing imposé par le rang familial où bien, on ne risquait que de faire honte à leur nom.

Il effaça cette pensée en se glissant dans son jean. Il finit de se préparer rapidement, voyant l'heure défiler et claqua la porte de sa chambre en emportant son manteau hivernal sous son bras. Il traversa la salle commune des Abraxans, où régnait une agréable musique d'ambiance et un bon feu de cheminée. Il ne croisa presque personne en descendant les nombreuses marches qui le menèrent enfin dans le Hall, éclairé à la bougie. Il regarda sa montre et s'appuya sur le mur devant lequel il se tenait, regardant autour de lui dans l'espoir d'apercevoir la jolie blonde qui lui avait proposé cette soirée. Les quelques jeunes femmes qui passaient sous ses yeux, toute sourires à son égard n'avait pas la moindre chance d'attirer son attention mais elles semblaient encore l'ignorer. L'étudiant avait un minimum de standard en matière de filles et celles-ci ne risquaient pas de les atteindre.

il sentit une légère pression répétée sur son épaule et se retourna. Devant lui se tenait la Sinistros qui avait osée le faire attendre. Elle était tout simplement belle. Vêtue d'une robe blanche en toute simplicité qui soulignait à la perfection ce qu'il fallait de sa silhouette avantageuse. Il sourit à sa réflexion.

- En même temps tu ne m'as pas vraiment laissé le choix...

il se remémora la lettre qu'il avait reçu un peu plus tôt dans l'après-midi. "On sort ce soir". Sans équivoque. Certes il ne lui devait rien, mais elle était son amie et en bon gentleman, on ne posait pas un lapin à une aussi jolie fille si l'on avait rein de prévu à côté. Et puis, il s'agissait tout de même de Lanalia, et il avait un revanche à prendre quant à la dernière soirée qu'ils avaient passés tous les deux dans les jardins anglais de l'Académie. Il vit l'étudiante sortir sa baguette, disposée dans un endroit très subtil de sa tenue, et fit donc de même en sortant la sienne, qu'il avait glissé dans la poche arrière de son jean.

Lanalia semblait être dans une humeur extrêmement festive, ce qui n'étonna pas le jeune homme. Anton avait, effectivement, toujours connu la belle blonde avec tempérament enjoué. Elle lui fit une remarque sur les choix, qu'il choisit délibérément d'ignorer, sachant parfaitement à quoi elle faisait référence et la suivit donc lorsqu'elle transplana devant ce bar dans lequel il n'avait jamais mis les pieds. Il resta quelques secondes à regarder la devanture. Elle n'avait rien de bien extravagant, comme il s'y était attendu. Ce bar était somme toute banale en apparence tout du moins puisqu'il se doutait que si la Sinistros l'avait amené là, c'est que l'endroit valait le coup.

En entrant dans le bar, il remarqua l'ambiance festive et la musique pop à souhait sortir des hauts-parleurs qui faisaient s'agiter bon nombre de jeunes gens, eux aussi décidés à passer une bonne soirée. Il avançaient relativement aisément dans le bar bondé - l'avantage à être aussi grand - et Anton remarqua un groupe d'hommes reluquant ouvertement Lanalia. En passant devant eux, il leur lança un regard aussi noir que ses pupilles brunes le lui permettaient et ils atteignirent enfin le bar.
Il rendit son sourire à Lanalia, qui lui tendait déjà un verre rempli d'un liquide à l'odeur inconnue et à la fumée suspecte. Mais après tout, il prenait cela comme un défi. Elle avait l'air de vouloir s'amuser et il en faudrait bien plus à l'Abraxan pour céder à l'effet de l'alcool, avec sa carrure Lanalia avait du soucis à se faire pour le saouler, ce qu'il la suspectait de vouloir faire.

Lorsqu'elle lui demanda s'il avait soif, il lui donna pour toute réponse un léger coup dans son verre avec le sien, pour trinquer à sa santé. Il avala ensuite le liquide rouge que contenait le petit verre. Il n'y trouva pas réellement de goût tant la sensation de brûlure prenait le dessus. Il grimaça très légèrement avant d'éclater de rire. il n'y avait qu'elle pour le pousser à boire un truc aussi infecte.

- La prochaine est pour moi !

Il se pencha sur le bar et remarqua la jolie serveuse qui se dirigeait à présent vers elle. Il lui sourit pour attirer son attention afin d'être servit plus vite, ce qui sembla marcher efficacement. Elle lui rendit son sourire et se pencha vers lui pour prendre sa commande.

- Deux Détraqueurs ! lança t-il en levant deux doigts pour se faire comprendre de la jeune femme qui versait à présent le liquide noir dans deux verres à shooter. Il ne savait pas ce que contenait le verre mais savait parfaitement qu'il serait dans tous les cas bien meilleur que les Scottish Trolls... Il sourit à nouveau à la serveuse pour la remercier et tendit son verre à Lanalia. Goûte moi ça ! Santé ! Lança t-il assez fort pour que sa voix grave couvre les basses de la musique.

Anton descendit son verre de liquide noir en un mouvement sec. Il reposa ensuite celui-ci dans un tintement aigu sur le bar où se rendait déjà Lanalia. Il la suivit et sourit en voyant la boisson tellement féminine qu'elle s'était commandée, mais qui lui était inconnue. l'Abraxan en vint presque à se demander à quelle fréquence se rendait elle dans ce genre d'endroit pour en connaitre aussi bien la carte. Il se pencha à son tour sur le comptoir collant que la jolie barmaid était en train s'astiquer et lui commanda un whisky "on the rocks" comme le lui avait appris son père. Il était un grand amateur de Scotch et autres whisky en tous genre et avait donc considéré qu'il fallait transmettre son savoir à tous ses fils. Petit, cela l'avait fasciné de voir son père, un homme petit et grassouillet, faire tourner le liquide ambré contre les parois de son verre dans une lente valse. Ses frères, deux blonds à la peau pâle et aux yeux fuyants avaient surtout trouvé intéressant de savoir où se trouvaient les bouteilles qu'ils allaient plus tard voler, pour se mettre minables dans un coin de la demeure quelques heures plus tard.

La serveuse revint avec son verre qu'il lui échangea contre quelques gallions et revint donc vers la table à laquelle s'était installée la jeune femme blonde qu'il accompagnait ce soir. Sur son chemin, il bouscula plus ou moins par inadvertance - cela dépendait du degré d'implication que loin voulait bien percevoir - dans un énième gars reluquant aussi peu décemment que faire ce pouvait Lanalia qui semblait tenter d'ignorer la chose. Il lui lança par la suite un regard menaçant avant de s'asseoir aux côtés de la Sinistros.

Il perçu immédiatement à son air satisfait qu'elle avait mijoté quelque chose dans sa tête pour pimenter leur soirée. Ce qui s'avéra vrai lorsqu'Anton, à travers la musique qui battait à ses oreilles perçu les mots "Action" et "vérité", autrement dit, le jeu préféré de Lana. Il en avait déjà fait les frais lors de certaines de leurs soirées où ils s'étaient retrouvés à l'extérieur pour mettre un peu d'action dans les évènements mondains auxquels ils se devaient de participer pour la bonne étiquette. Il se souviendrait toujours de la foi où il avait du mettre le feu à la perruque d'un aristocrate qui avait eu la mauvaise idée de le traiter de "petit crétin" quelques minutes plutôt alors que c'était ce vieux gnomes qui avait marché sur les pieds de l'étudiant.

Il s'attendait donc à un nouveau défi concocté avec soins par la jeune femme qu'il fixait à présent d'un air intrigué. Il porta son verre à ses lèvres avant de répondre :

- Action... dit-il assez fort pour que sa voix grave couvre les basses sortant des enceintes et puisse parvenir jusqu'aux oreilles de Lanalia.

Il le savait, cette soirée risquait d'être mouvementée à présent.

Anton bu une nouvelle gorgée de son verre en entendant le défi proposé par Lanalia. Il s'y était attendu lorsqu'il avait vu le regard qu'elle lui avait lancé lorsqu'il avait bousculé ce gros tas plein de tatouages et aux dents jaunies. C'était... prévisible. Ce fut donc avec un grand sourire qu'Anton se leva, rajusta son polo et passa une main dans ses cheveux bouclés avant de descendre les quelques marches de bois qui le menaient à la piste de danse et, un peu plus loin, vers le bar où était à présent accouder le sale pervers. Il le regarda d'un air mauvais alors qu'Anton faisait de son mieux pour ne pas sourire de la situation. Il fallait qu'il soit crédible dans son rôle d'homosexuel sinon, il perdrait le jeu.

Il avança encore un peu t se fraya un passage jusqu'au bar où, bien heureusement, la jolie serveuse était occupée un peu plus loin. Il toussota légèrement avant d'approcher l'homme trapu, pour se donner un faux air gêné et posa une main sur l'épaule poilu du type incrédule à présent. D'une voix gênée et calme, l'Abraxan déballa presque mot pour mot ce que lui avait demandé de dire Lana, ce qui fit un effet inattendu au gros bras. Un sourire vint découvrir ses dents jaunes alors qu'il essayait de faire se connecter les 3 neurones présent dans sa boîte crânienne pour décider si c'était une blague ou pas. Mais Anton ne resta pas à regarder s'il était tombé la tête la première dans le panneau ou non. Il se donna un air désolé et revint vers leur table, non sans rouler légèrement des fesses pour en remettre une couche sur son personnage, bien trop efféminé pour être plausible. La possibilité était quand même élevée pour que l'homme l'attende plus tard à la sortie du bar pour régler ses comptes avec les grand brun pour s'être ouvertement moqué de lui.

Il s'assit et pris une nouvelle gorgée de son verre avant de se pencher vers Lanalia.

- A toi j'imagine... ?

Il resta quelques instants penchés vers elle, dans une attente impatiente de la réponse qu'elle allait donné. Puisque quel que soit le choix qu'elle ferait, il l'attendait au tournant pour lui rendre la pareille. Il savait qu'elle serait déçue du manque de réaction de l'homme qui était invisible à présent mais, c'était peut-être mieux comme ça sinon, leur soirée aurait été probablement écourtée, dans ce bar là du moins. Lanalia choisis Action à son tour... Grandiose.

- Je veux que tu ailles essayer de vendre tes chaussures à quelqu'un dans ce bar. Tu as cinq minutes et si tu y arrives, tu pourras me donner un gage...

Anton jubilait. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il devait se pencher en avant et en arrière pour pouvoir suivre du regard la jeune femme qui partait décidée à accomplir son défi en moins de 5 minutes. Il la vit prendre un air débraillée et complètement soule pour vendre ses chaussures à un groupe de filles qui la regardaient d'un air pathétique. Outch... Anton éclata de rire devant la mine défaite de Lanalia. Mais celle-ci ne se laissa pas abattre et alla importuner un beau jeune homme à l'air peu sur de lui pour qu'il lui achète les chaussures, probablement trop petites pour sa copine. Il la vit lui forcer la main, puis lui afficher son plus beau sourire. Anton regarda sa montre. 4 minutes 43... Et merde ! Elle avait réussi mais en plus de cela, elle était furieuse, ce qui ne signifiait qu'une seule chose. La vengeance ! Mais il n'était pas inquiet, jusqu'ici, il n'avait jamais échoué lors d'un défi que lui avait lancé la belle blonde qui revenait la tête haute. Il ne manqua pas de remarquer le décolleté plongeant que lui "offrait" Lana dans cette position là, ce qui lui décrocha un sourire en coin. Il plongea à nouveau son égard dans celui de la Sinistros.

- Je vais même faire mieux que ça...

L'Abraxan se leva et se dirigea vers la table où le pauvre homme qui avait dépensé ses allions tentait d'expliquer à sa copine la provenance de ces chaussures qui trônaient au milieu de leur table. Il tapota l'épaule de celui-ci en offrant un sourire désolé à sa copine. "Merci mec, tu sais les troubles psychologiques... pas toujours facile à gérer... "

Il était plus qu'heureux que d'où elle se tenait, Lanalia ne pouvait entendre la conversation qu'il entretenait avec sa victime. La copine, quant à elle, avait l'air de plus en plus perplexe. Il fit signe à la belle blonde de loin pour la saluer comme on aurait fait coucou à une vieille tante malade assise à l'autre bout de la pièce. Il se tourna à nouveau vers le couple et lui rendit donc les gallions qu'il avait offert à Lanalia contre ses chaussures et récupéra la paire d'escarpins avant de revenir vers leur table. Il déposa les chaussures aux pieds de sa cavalière pour la soirée mais ne se rassit pas pour autant.

Il redescendit les quelques marches et traversa la foule qui le séparait de l'estrade sur laquelle trônait le DJ tel le roi de son propre univers. Anton sourit au jeune homme qui ne devait avoir que quelques années de plus que lui, lui serra la main et lui demanda amicalement s'il pouvait lui rendre un service. Anton lui expliqua les circonstances du gage et il fut surpris d'entendre le DJ lui répondre "Pas de problème mec, je connais...". Il le laissa feuilleter le calepin sur lequel était affiché la liste des chansons disponibles. Il laissa son index glisser le long des titres de l'année 1996... Bingo ! Il avait trouvé la chanson parfaite pour coller à l'ambiance de cette soirée. Il prit le micro que lui tendait le DJ et descendit au niveau de la scène et y alla au culot.

- Bonsoir à tous, je m'appelle Anton et ce soir cette chanson a pour but de récolter de l'argent pour une bonne cause... Merci d'avance !

Son sourire était charmeur et il savait que le groupe de filles à quelques mètres sur sa droite serait un généreux donateur à sa cause. Bien sur avait-il omis de préciser que la cause en question était en fait le duo passant une bonne soirée. Certes, on pouvait le considérer comme un salaud profiteur du bon coeur des gens.. mais c'était un salaud qui savait s'amuser ! Il jeta un dernier coup d'oeil au DJ qui lança la chanson hit de 1996 "Wannabe" des Spice Girls, un groupe mordu à la mode. Anton commença à chanter les paroles qui s'affichaient sur différents prompteurs près de la scène. D'abord réservé, il se laissa aller à prendre plaisir de sa performance en s'amusant à se dandiner au rythme de la musique. Il descendit ensuite paris la foule - qui s'était arrêter de danser pour rire de la situation - en s'arrêtant de temps en temps vers un groupe de filles gloussant niaisement. L'Abraxan réalisa donc avec brio le défi que lui avait lancé Lanalia, à en juger par les quelques allions éparpillés un peu partout sur la scène. Après les avoir ramassé, le grand brun remercia une dernière fois l'homme aux platines avant de se diriger vers le bar, où sa grande amie l'attendait tout sourire. Elle le félicita de sa prestation alors qu'il recommandait les mêmes boissons que précédemment. Il la remercia, non sans ignorer le flirt qui se profilait dans leur conversation et revint s'asseoir à la table du duo.

- 47 gallions... 22 mornilles... Je me suis trouvé bon. Lâcha t-il dans un grand sourire charmeur.

Cet argent leur servirait à passer une bonne soirée, ce qui était déjà en bonne voie. C'était donc au tour d'Anton de piéger Lanalia qui venait de choisir Action. Un peu essoufflé, l'Abraxan s'arrêta deux secondes pour réfléchir à une vengeance. Ses yeux parcoururent les bar à la recherche d'une idée. Un sourire vint éclairer son visage lorsqu'il trouva le prochain défi.

- Tu vas devoir passer derrière le bar et servir les gens le plus longtemps possible sans te faire démasquer...

Cela voulait dire qu'il fallait qu'elle se fasse passer pour une serveuse de l'établissement sans se faire prendre et en réalisant, biensur, les cocktails demander à la perfection. L'étudiant passa une main dans ses cheveux bouclés et se cela contre la banquette. Décidément, leur soirée était pleine de rebondissements... C'était bien plus que ce à quoi c'était attendu l'ex-serpentard quand il s'était imaginé sa soirée quelques heures au paravant.

Spoiler:

Cette fille n'en finirait donc jamais de l'épater. Ce défi, quoi que proposé sérieusement pouvait comporter des risques pour l'intégrité de Lanalia, comme se faire expulser du bar, ou moquée publiquement. Cependant, là où bien des filles auraient abdiquées et choisis une vérité à la place, elle s'était levée, avait pris un air appropriée est s'était glissées derrière le bar pendant quelques minutes. Ainsi, le grand brun avait pu l'observer de son tabouret servir des cocktails, se tromper dans les commandes, et garder trop de monnaie, tout cela avec un grand sourire, sous le regard de ses nouvelles collègues peu convaincues.

L'Abraxan riait à présent gaiement. Le coude posé sur la table, il passa sa main dans sa barbe de plusieurs jours en regardant l'action se déroulée toujours plus longtemps. Après un bref regard à sa montre, il constata que la belle blonde était restée près d'un quart d'heure derrière le comptoir à servir des clients qui, avait-il cru remarqué après un certain temps, s'empressaient de descendre leur verre pour qu'ils puissent avoir la chance d'être servis à nouveaux par la "petite nouvelle".
Elle battait tous les records... Jusqu'à ce que le patron, un homme grand, barbu et avec un air tout sauf aimable, ne débarque et que Lancia dusse rendre son tablier. Il la soupçonna d'avoir fait usage de la magie en dehors de ses règles de bases lorsque, après qu'elle lui ait offert un grand sourire, il la salua de la main et la laissa repartir sans encombre.

Anton avait assez trainé dans les bars pour savoir que ce traitement n'était réservé qu'aux amis des patrons, souvent peu soucieux de la clientèle qu'ils se faisaient un plaisir de jeter dehors pour mauvaise conduite. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, il l'applaudit brièvement avec un sourire en coin, saluant sa performance.

- Arrête tu me flattes... lui répondit-il d'un air faussement moussé.

Mais à peine eut-il le temps d'entendre le mot "danser" sortir de la bouche de Lanalia que celle-ci le trainait déjà sur la piste. Pris au dépourvu, il n'eut d'autre choix que de la suivre, ou risque, sinon, de paraitre mauvais cavalier pour la soirée. De plus, les regards baveux des hommes assoiffés - dans tous les sens du terme - qui se posaient sur la belle blonde, donnaient à Anton une étrange envie d'accompagner la Sinistros sur la piste. Il n'aurait pas voulu savoir ce qui passait en cet instant dans l'esprit de ces gros pervers aux allures de trolls des montagnes. L'Abraxan lui, n'attendait que la provocation pour leur refaire le portrait si cela s'avérait nécessaire.

Il sourit finalement à sa cavalière pour la soirée et lui cria un "Vérité" au milieu de la piste. Il avait besoin d'une petite pause dans l'action, puisqu'au final, ils n'avaient passé que peu de temps ensemble depuis que la jeune femme avait lancé l'idée de jeu, un peu plus tôt dans la soirée.

La musique était entraînante, tout comme le comportement de Lana, qui tirait Anton toujours plus loin dans la foule, jusqu'à trouver un espace plus aéré. Elle ne mis pas longtemps avant de mettre en place la machinerie Lana. Un attirail de danses lascives, de mouvements sexy parfaitement exécutés et ce regard. Toujours plus sensuel mais également rieur.
L'Abraxan allait lui aussi de ses gestes calculés et mesurés au rythme de la musique. Il avait toujours été bon danseur, malgré une carrure qui lui donnait parfois du fil à retordre. Il contrôlait parfaitement son corps et arrivait à en faire plus ou moins ce qu'il voulait.

Il sentit la fine silhouette de la belle blonde venir se coller un peu plus à lui. Elle enroula ses bras autour de son cou alors que lui venait enrouler les siens autour de sa taille. Il ne doutait pas que dans quelques secondes, il entendrait sa question au creux de son oreille. Ce qui ne loupa pas. Et il dû avouer que cette question directe vint le déstabiliser légèrement, bien qu'il ne laissa rien paraître. Il se pencha à son tour à son oreille, pour lui répondre.

- Notre petit jeu n'en est pas encore là... Ne brûlons pas les étapes.

Il afficha un petit sourire satisfait et un regard brillant de malice. En effet, il savait à présent, depuis leur mésaventure dans la tente, que Lana avait de l'attirance envers le grand brun. Et le fait qu'il l'ai embrassé, prouvait bien que cela était en soi, réciproque. Cependant, leur relation avait toujours été basée sur des jeux. En prouvait ce soir, à nouveau. En plus de cela, il savait qu'une fois qu'ils auraient franchit ce stade, les choses seraient forcément différentes. Puisque l'on ne désire jamais plus quelque chose que lorsqu'il est inaccessible.

En croisant le regard de Lana, il aperçu la même lueur de doute qui l'avait animée lorsqu'ils s'étaient retrouvés pris au jeu de leurs stratagèmes respectifs. Elle devait craindre de ne pas être désirable, même si aux yeux de l'Abraxan, c'était tout l'inverse.
Lana avait elle aussi choisit Vérité et il dû se pencher à nouveau pour lui faire entendre sa question.

- Y a t-il quelque chose que tu voudrais changer dans notre relation ? lui murmura t-il.

Par relation il qualifiait cette dynamique d'amis ambigus qui les qualifiait si bien. Un sourire ancré sur son visage, il continuait de dans contre le corps tellement sexy de Lana, pendant que celle-ci réfléchissait à sa réponse. Et il ne doutait pas que ce n'était pas une question des plus facile. Biensur, ce n'était pas le but, l'Abraxan voulait donner du fil à retordre à la belle jeune femme. Et il paraissait sur la bonne voie.