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 Homo homini lupus.

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MessageSujet: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyLun 26 Oct 2015 - 12:17

Le 18 janvier 1997, vers 11h30.


Depuis la veille, une sensation rampante, désagréable et à peine perceptible courrait dans ses veines. Sans qu'il puisse en connaître la mesure exacte – ni être capable de la cerner complètement – cette dernière lui donnait l'insidieuse impression de s'intensifier. De s'étendre. De s'enorgueillir d'une puissance maladive d'abord imprécise, confuse et sous-évaluée. Puis... Foudroyante.

Pendant la journée du vendredi, Rowan avait espéré qu'il parviendrait à tenir son malaise loin des affres de la réalité. En l'obligeant à se terrer derrière ses défenses mentales, quitte à sur-exploiter celles-ci face à la montée déroutante et périlleuse d'un venin diablement inattendu. Diablement piquant.

Si tout semblait sous contrôle en apparence, le jeune homme s'était peu à peu rendu compte qu'il jouait en vain contre le temps. En dépit de cette prise de conscience, il avait persisté à se croire – à s'espérer ! –  au-dessus des tourments organiques. Une erreur grandiose. Terrible. Coûteuse. Qui s'était heurtée à une nuit éprouvante et sans fin. Durant laquelle les iris pâles du Sinistros avaient fixé le vide. En quête d'un sommeil vraisemblablement disparu. Ce dernier ayant cédé sa place à une aigreur nauséeuse toujours plus accentuée. À quelques sueurs inconfortables et moites. Un ensemble de désagréments physiques difficiles à contenir et à dissimuler aux yeux des autres.

Pourtant, l'ancien Serpentard avait encore pris sur lui. Tenir. Ne serait-ce que quelques heures. Contenir. Ne surtout pas provoquer l'inquiétude de son colocataire. Quitte à imiter les délicatesses d'un repos nocturne qu'il n'avait guère goûté dans les faits. Habitué à user de ses forces jusqu'aux limites de son être, il fut lui-même stupéfait d'atteindre les coups de onze heures du matin sans avoir vacillé. Flanché.

Toutefois, une ondée sibylline et douloureuse commença à s'animer au creux de ses membres. La faiblesse. Imparable.

Cette fois-ci, Rowan dut reconnaître son incapacité à se sortir seul de ce mal-être. Alors, tout en veillant scrupuleusement à ne pas se faire remarquer, il se rendit à l'infirmerie d'un pas incertain et éreintant. Sur le chemin, une angoisse nouvelle s'annonça à son esprit, quand, à bout de souffle – bon sang, à quel point avait-il donc sur-estimé l'encaissement de son corps ? – il manqua de s'effondrer.

Par chance, il parvint à se reprendre suffisamment pour effectuer les derniers mètres avant sa destination. Une fois arrivé à celle-ci, il essaya de se donner un peu de contenance. Sans y parvenir. Pas même un peu.

D'une voix tremblante, le jeune homme tenta de héler son aîné. « Messire Fitzsimmons ? » Pourvu qu'il soit sur place. Sinon... Quoi ? Que pouvait-il faire de toute façon ?

Quelque chose manqua de faillir en lui, le poussant à s'asseoir sur la première chose à sa portée. Il n'y prêta guère attention. Pas plus qu'au reste. Ni au reflet de son visage blafard et fiévreux renvoyé par les barreaux d'un lit, ni à l'indécence de sa respiration. Trop rapide pour être saine.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyLun 26 Oct 2015 - 19:22

La nuit avait été agitée pour Quinlan, au moins d’un point de vue mental. Certaines choses avaient changé dans sa vie, sans vraiment qu’il ne s’en rende compte et il n’avait pas encore décidé s’il acceptait un tel état de fait ou non. Tout était trop surprenant et trop nouveau pour l’instant. Il lui fallait du temps, et un peu de recul. Il devrait sûrement en parler aussi, mais il hésitait. Le mois de janvier avait été déjà beaucoup trop mouvementé à son goût.

Prenant son poste d’infirmier d’Haveirson à 10h, il espérait que ce jour serait encore une de ces longues journées sans grosse urgence, sans incident lié au Comte, sans conséquence désastreuse de l’alcool ayant entraîné la mort. Il avait pris de la lecture avec lui, une étude sur les principes actifs des médicaments moldus et leur méthode de fonctionnement. Ce n’était même pas pour lui, mais pour une de ses étudiantes qu’il espérait aider. Après, en savoir plus sur les substances psychotropes moldues pourrait lui être aussi profitable. Plongé dans ses papiers, il en sortit rapidement une heure et demie plus tard en entendant une voix faible mais familière l’appeler à l’aide. Messire. Il n’y avait bien qu’une seule personne pour utiliser un tel titre.

Sortant de son bureau, Quinlan se précipita vers Rowan qui s’était assis sur un des lits. Il était pâle, maladif, faible.

— Monsieur Westminbrook…!

Il n’y avait personne d’autre dans l’infirmerie, mais Quinn eut comme premier réflexe de tirer les rideaux autour du lit où Rowan avait élu domicile. Il se demanda un instant ce qui avait bien pu mettre le colocataire et meilleur ami de Clemens dans un état pareil, avant de tilter. Savait-il qu’il savait ? Dans le doute, s’abstenir.

— Que se passe-t-il ? Allonge-toi…

Ce n’était pas un ordre, simplement un conseil bienveillant dit d’une voix douce et inquiète. S’il ne tenait pas debout, alors il n’avait pas à essayer de le faire. Quant au problème en lui-même, Rowan pouvait en parler librement. Le guérisseur lança un sort qui forma une bulle à peine visible autour d’eux, signe que ce qui se dirait dans cet espace n’en sortirait pas. C’était un sortilège que beaucoup de médicomages snobbaient, mais qui était pourtant essentiel.

Plongeant son regard noisette dans celui, céruléen, de l’héritier Westminbrook, Quinlan attendit qu’il parle. Il pouvait bien l’y pousser en citant cette fiole dont il n’était pas censé avoir connaissance, mais ce serait risquer de braquer totalement l’étudiant. Non, à la place, il préféra le laisser venir. Cette fiole, de toute façon, n’était qu’une partie du problème, et sûrement pas la cause première. Un mal bien plus profond se tapissait dans la psyché de ce patient un peu spécial.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyMar 27 Oct 2015 - 13:54

Les pâles iris du jeune aristocrate s'étaient fixés sur le vide, à défaut de pouvoir se concentrer sur quelque chose de plus tangible. Tant ce seul effort – pourtant infime et risible compte tenu de tout ce qu'il avait traversé ces dernières semaines – lui coûtait terriblement. Bon sang. N'avait-il pas suffisamment payé ses égarements fallacieux ? Ses fautes ? Étant donné la désobligeance moqueuse du destin, visiblement, non.

Dans d'autres circonstances, ce triste fait aurait pu le dérider légèrement. En effet, l'ironie de la situation avait de quoi provoquer l'hilarité burlesque. Lui, malade. Or, cette fois-ci, Rowan eut l'intime conviction qu'au moindre sourire, au moindre tiraillement de ses traits, il rendrait gorge. Littéralement.

Et l'idée de souiller l'infirmerie ne lui plaisait guère.

Ses doigts étaient en train de se crisper sur ce qui semblait être un drap, lorsque la silhouette de son aîné gagna la périphérie de son champ de vision. Puis sa proximité. Fitzsimmons. Qui avait l'air décontenancé ? Étonné ? L'ancien Serpentard éprouva une grande difficulté à mettre le mot sur le semblant d'émotion qu'il avait cru lire sur le visage de son professeur.

Peine perdue. Son cerveau refusait de coopérer. Trop grande perte d'énergie.

« Je... » Il expira profondément, essayant d'organiser douloureusement ses pensées. Dans quel ordre, déjà ? Par tous les dieux. On commençait par le début ou la fin ? La fin était-elle seulement l'aboutissement d'un début ?

Le Sinistros frémit d'un froid brûlant avant de s'exécuter. La suggestion de son interlocuteur lui apparaissait comme la meilleure chose possible pour l'heure. La plus sensée en tout cas. S'allonger. Au moins, s'il se noyait dans sa propre bile, il y aurait quelqu'un pour le sauver, ici.

Après un court instant de latence, les correspondances entre sa conscience et son corps avaient l'air perturbés – assurément qu'il en avait bien trop abusé pour parvenir jusqu'à ces lieux – et lents, il se coucha prudemment sur le lit. Le monde lui donnait toujours l'impression de se mouvoir en une danse infernale, mais pour le coup, il se savait collé contre quelque chose qui ne tomberait pas. Normalement.

« Depuis hier... Je ne me porte pas très bien. » Aligner deux données cohérentes. Quelle sainte horreur. « Je... Pensais pouvoir tenir ça loin de moi. » Un relent de nausée. Un goût métallique dans la bouche. Le durcissement de la mâchoire. « Je me suis... Sur-estimé, Quinlan. » Les conventions lui semblent lointaines. Intouchables. Diablement inutiles dans son mal.

Un prénom, c'était très bien aussi pour nommer quelqu'un. Tant qu'il lui pardonne, plus tard, son manque de distance.

S'en suit une respiration plus profonde que les autres pour se calmer. Se rappeler. « Je ne suis pas certain... De ce qui me pousse vers cet état. Néanmoins... » D'un mouvement lent et imprécis, Rowan porta sa main gauche à une poche de son vêtement. Il en extirpa difficilement une fiole presque vide. « Est-ce possible que ce soit... Cela ? » Mieux valait être honnête. Si la potion était effectivement impliquée, il pourrait se rassurer un minimum. Si c'était toute autre chose...

« J'ai... Cessé d'en boire... Il y a quatre jours. » Il se sent excessivement faible. Dans son corps, son esprit et sa voix. « Quinlan... Est-ce lié ? »
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyJeu 29 Oct 2015 - 8:47

Rowan était au plus mal, et Quinlan en soupçonnait déjà la source. Clemens avait trahi le secret de son meilleur ami pour demander conseil au médicomage juste avant les vacances de Noël : il savait ce que Rowan prenait pour tenir et avait espéré un temps qu’il connaissait les règles du jeu. En le voyant débarquer à l’infirmerie fiévreux, épuisé et désorienté, le guérisseur avait bien peur de s’être trompé.

Cela dit, il n’avait toujours qu’une partie des informations. Il pouvait bien faire des conclusions hâtives, ce qu’il savait il ne le savait que par Clemens, qui avait peut-être omis certains détails. Quinn demanda simplement ce qu’il se passait et attendit sagement que les réponses viennent. Il lança bien quelques sorts par ci par là pour rendre leur échange plus discret et pour faire baisser la fièvre de Rowan. Si tout allait bien, ce dernier devrait ressentir l’équivalent magique d’un linge frais et à peine humide sur le front.

Puis, Rowan commença à parler. Trop vaguement, d’abord, même si ça pouvait aider Quinn de savoir que cet état avait commencé il y a quelques jours de cela. Que l’héritier Westminbrook se soit surestimé était psychologiquement intéressant mais dans l’instant, Quinlan catégorisa cette information comme non-urgente. Il ne releva que distraitement le fait que l’étudiant l’appelle par son prénom : ils avaient bien d’autres choses qui les occupaient et pouvaient clairement se passer des politesses. Elles n’avaient jamais vraiment mis Quinlan à l’aise de toute façon, surtout quand elles venaient de gens qui le connaissaient personnellement.

Puis, Rowan en vint à l’origine hypothétique de son mal en produisant une fiole presque vide. Une fiole dont Quinlan avait déjà connaissance. Le guérisseur ne dit rien, mais soupira en hochant la tête. Il prit le petit objet dans ses mains et se redressa.

— Oui, c’est sûrement lié.

Toutes les craintes de Quinlan venaient de se confirmer. Rowan avait joué avec quelque chose sans en connaître les règles et il s’était retrouvé piégé. Ce que le guérisseur allait faire, il le faisait à contrecœur et son langage corporel ne le masquait absolument pas.

— Je reviens vite.

Il laissa le Sinistros allongé sur le lit le temps d’aller fouiller dans la pharmacopée de l’infirmerie. Il était peu probable qu’ils aient une telle potion en stock, mais Quinlan pouvait bien trouver quelque chose qui pourrait atténuer l’effet de manque. Ah, voilà ! Le guérisseur réapparu au bout de cinq, dix minutes avec une fiole à la main. Prenant un tabouret, il s’assit près du lit. Ça allait prendre un peu de temps.

— Ce que tu prends rend dépendant. Je pense que tu l’ignorais, volontairement ou pas.

Il lui tendit alors la fiole qu’il était parti chercher. Le flacon était clairement moins swag, mais le liquide avait presque le même aspect.

— C’est la même chose, dosé plus faiblement. Ça va te faire tenir en attendant…

Quinlan choisit ses prochains mots avec soin, ne voulant pas brusquer Rowan.

— Si tu veux vraiment arrêter le Baiser de St Jean, je peux t’aider. Tout seul, ce sera un calvaire.

Ce dont l’héritier Westminbrook avait besoin, c’était d’une cure de désintoxication, d’un sevrage en règle et si possible médicalement assisté. Il avait aussi besoin d’un psy, ou au moins quelqu’un à qui parler : il n’avait pas commencé à boire une potion aussi puissante par pur plaisir.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyLun 2 Nov 2015 - 20:34

Petit à petit, les sortilèges employés par son aîné commencèrent à se manifester auprès de son corps. Tout du moins, c’est l’impression qu’il en eut lorsque une infime – et mille fois appréciable – sensation de fraîcheur gagna son front brûlant. Un vague et difficile remerciement quitta ses lèvres, faute de plus.

Après avoir articulé une dernière interrogation à l’attention du médicomage, Rowan s’abandonna brièvement au silence et à l’obscurité salvatrice de ses paupières. Celle qui accueillit le frémissement désagréable et piquant de la vérité lâchée à demi-mots. Sûrement. Il serra les dents dans un terrible effort pour ne pas soupirer.

Au moins, ce n’était pas une obscure et singulière maladie, issue d’un quelconque ouvrage imbuvable et terrifiant sur les supposés effets secondaires.

« D’accord. » La quiétude insolente, narquoise et moqueuse s’étendit aux alentours, tandis que les pas de Quinlan devenaient de plus en plus lointains. Intemporels. Avaient-ils seulement existé en ce bas monde ? Le jeune homme se mit à douter. Les choses n’étaient plus très limpides au sein de son esprit. Alors, espérer différencier la réalité du songe dans cette situation...

Les secondes s’écoulèrent dans l’hésitation d’une conscience détraquée par le manque, et les ténèbres rampantes d’une fatigue écrasante. Celle, insidieuse et cuisante, dont le sommeil rechignait à honorer l’ardeur. Ne serait-ce que l’espace d’une dizaine de minutes.

Au bout d’un long moment, qui lui sembla être une éternité, Rowan perçut de nouveau la voix du guérisseur. Porteuse de mauvaises nouvelles, en l’occurrence. Dépendance. Assurément, il n’avait pas emprunté le chemin le plus assuré et le plus propice à une bonne santé. Pire. Il avait voulu jouer au plus fort avec une fiole qui dépassait de très loin son contrôle. Et, avec toute l’évidence du monde, il avait perdu.

« Elle est... Moins dosée ? » L’ancien Serpentard ouvrit prudemment les yeux, tout en récupérant la fiole tendue par son aîné. Devait-il adopter une autre stratégie que l’arrêt immédiat de la potion ? « Je... Merci. » Ses pensées s’effritèrent. Dans le fond, il ne savait plus vraiment à quel saint sorcier se vouer.

Il s’accorda une minute pour remettre un peu d’ordre dans son esprit. Il en avait diablement besoin. « Je veux vraiment en finir avec ça. » Ses iris tourmentées se posèrent sur le visage de Quinlan. « Je l’ai promis. » À Clemens. Qui d’autre ? « Mais... Je ne veux pas que ça se sache. » Et protéger Anna de tout ceci. Elle n’avait pas besoin de culpabiliser. « … J’aimerais épargner mes proches. Ils n’ont pas à payer pour mes... Erreurs. »

Bon sang. Dans quelle mélasse venait-il de se lancer ? De toute façon, il n’avait pas le choix. Mentir serait un gage de problèmes autrement plus difficiles à gérer.

Davantage que le mal sauvage et impétueux qui lui rongeait les veines.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyJeu 5 Nov 2015 - 7:31

Rowan Westminbrook, avec tout le poids de son nom, restait désespérément humain. Il était toujours soumis aux mêmes règles que les autres, esclave d’un organisme qui avait ses failles. Le Baiser de St-Jean, administré et stoppé sans surveillance médicale, avait creusé une large entaille dans son armure. Quinlan ne prétendait pas le connaître, mais il y avait certaines choses qui étaient évidentes pour quelqu’un qui était né dans le milieu aristocratique sorcier. L’importance des apparences, de la figure publique, l’illusion donnée aux autres de l’absence de failles. Le guérisseur plaignait sincèrement Rowan. Il ne le montrait pas car ce serait contre-productif, mais il le plaignait vraiment.

Après être parti chercher une potion comparable mais bien moins forte, Quinn revint auprès de son patient un peu spécial. Ce dernier accepta la fiole, et lui précisa qu’il était de la plus haute importance pour lui de se défaire de ces chaînes. Quinlan hocha lentement la tête.

— Ça restera entre nous.

Revenu dans la bulle où personne d’autre ne pouvaient les entendre, le guérisseur vint préciser deux ou trois autres choses. Il en avait notifié Clemens, mais il n’avait aucune garantie que le message eut atteint Rowan lui-même.

— Ok, alors pour arrêter le Baiser de St-Jean, il faut y aller progressivement. Baisser la dose jusqu’à ne plus en avoir besoin. Ça peut prendre du temps.

Quinn avait l’air sincèrement désolé en disant cela, mais selon les progrès de Rowan, ça pouvait vraiment être très long. Entre trois et six mois… Il n’y avait pas grand-chose à faire pour accélérer le processus, à moins de vouloir prendre le risque de tout faire échouer.

— La première étape, c’est cette fiole. Une fois que tu l’auras bu, tu te sentiras bien. Assez pour tenir une conversation.

Mais il ne sera pas non plus dans une forme olympique, il ne fallait pas trop rêver. Rowan allait se sentir faible jusqu’à prendre une nouvelle dose d’une fiole réellement dosée, une substance que Quinlan se chargerait de diluer lui-même. Il faudrait qu’il prévoit un calendrier avec des rendez-vous réguliers pour vérifier si tout allait bien et si on pouvait passer à l’étape suivante. Cela dit, il restait un détail qui n’avait pas été éclairci.

— Si tu as voulu arrêter cette potion d’une façon aussi abrupte… Je suppose que tu n’as pas de suivi régulier ? D’ordre psychologique ?

Et merde, il était urgentiste à la base, pas psychiatre…! Quinlan inspira un grand coup, et continua à parler le plus clairement et calmement possible.

— Je te conseille vraiment de te trouver un psy, ou du moins quelqu’un à qui parler de tes problèmes. C’est le seul vrai moyen de te débarrasser du Baiser.

Sans cela, la tentation d’en reprendre pouvait être trop forte, avec tous les risques que ça comprenait. Mettre un stimulant et un désinhibant sur un esprit encore malade, c’était un peu comme jeter de l’huile sur le feu. Non seulement ça ne réglait rien, mais ça aggravait le problème.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyDim 8 Nov 2015 - 14:35

Tout ce qu’ils diraient, de mal et de bien, resterait entre eux. Tout ce qu’il souffrait, serait tenu au silence par son aîné. Tout ce qu’il allait avouer, ne quitterait jamais cette pièce. Cette bulle hors du temps. De toutes ses maigres forces, Rowan voulut y croire et s’en bercer. Non pas pour oublier l’affreuse et cruelle réalité qui l’attendait patiemment hors de l’infirmerie, mais pour se sentir appuyé et soutenu par une figure d’autorité. Ne serait-ce qu’une fois.

« Du temps... » La précision ne lui plaisait guère, tant elle impliquait un travail de longue haleine derrière les apparences. Tant elle demandait un effort qu’il craignait préjudiciable pour tous ses devoirs et ses prérogatives. Néanmoins, il devait se l’avouer en toute franchise... Il n’avait pas d’autres choix. Soit il s’exécutait avec détermination pour guérir son mal, soit il revenait sur la parole donnée à Clemens. La deuxième option ne lui ressemblait définitivement pas. « … D’accord. Je comprends. »

Ses iris douloureuses étudièrent la précieuse fiole, tandis que son esprit tenter de se focaliser sur les allégations du guérisseur. La première étape ? Réellement ? À l’évidence, il s’agissait de la seule opportunité envisageable. Néanmoins, une certaine appréhension le retenait d’absorber immédiatement le liquide. Les choses étaient si peu limpides dans sa conscience qu’il ne savait plus ce qu’il était en mesure de faire ou non. Ce que son corps était encore capable de supporter avant de lâchement l’abandonner.

« Dois-je... La boire maintenant ? » Les mots étaient laborieux et incertains, témoignant de l’égarement doucereux dans lequel évoluait le Sinistros. Au moins avait-il réussi à formuler son interrogation.

Le regard céruléen, autrefois si impérieux et déterminé, se noyait désormais dans un amas de fatigue et de lassitude. Des émois entremêlés et presque indissociables. Parfois piqués d’une souffrance contenue par les sortilèges autant que la bienveillance d’une oreille attentive. « Non, je... » Il chercha ses termes quelques infimes secondes, avant de reprendre la parole. Guère plus assuré. « … Je ne suis pas suivi. Je me suis empêtré seul dans cette affaire. » Comme pour toutes les autres.

Bon sang. Pourquoi ne parvenait-il pas à contrôler tous les pans de sa vie ? Pourquoi se montrait-il diablement faible aux moments les plus délicats ?

Les conseils portés par la voix de Quinlan, vinrent légèrement bousculer ses pensées. Une vive et insidieuse panique commença à naître au creux de son ventre, se glissant avec perfidie le long de sa colonne vertébrale. « ... Je ne peux pas. » Il y avait bien messire Wenlock, dont la proximité offrait quelques réconforts à sa situation. Toutefois, il ne savait pas à quel point il pouvait compter sur lui. Ni si ce dernier accepterait de jouer un tel rôle, étant donné de tout ce qui était en jeu. Et qu’il n’avait pas encore découvert.

La voix de Rowan se mit légèrement à trembler. Toute trace d’aristocratie s’était estompée. Il n’en restait que l’angoisse criante d’un jeune adulte sur lequel trop de poids reposaient. « Quinlan, je ne peux pas... » Comment pouvait-il se justifier ? « … Je n’ai personne. » Comment pouvait-il espérer s’en sortir ? Il était hors de question d’en informer Clemens. Ni Anna. Ni Daphné. Encore moins Heath. Il devait d’abord et prioritairement les protéger. De lui-même. Et surtout des Ténèbres.

Instinctivement, ses yeux glissèrent vers son bras gauche. Celui portant le sceau de la félonie. Celui brûlant de se révéler au monde, depuis que les effets protecteurs de la potion n'étaient plus efficaces.
En vérité... Ne s'était-il pas condamné de sa propre main à la solitude ?
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyMar 10 Nov 2015 - 18:23

Les nouvelles qu’apportaient Quinlan n’étaient pas bonnes et il le savait. Rowan allait devoir faire un long travail pour se débarrasser de ses chaînes médicamenteuses et pouvoir de nouveau faire face à ses problèmes seul. Ou du moins, sans la béquille du Baiser, cette alternative trop facile et commode pour être sans conséquences. La perspective que le sevrage ne soit pas immédiat avait l’air de déplaire à Rowan, ou du moins de le déstabiliser. Le guérisseur étudia la réaction de son patient, songeant peu à peu à une autre alternative. L’hésitation du jeune homme face à la fiole ne fit que renforcer cette impression, poussant Quinlan à émettre une suggestion qu’il n’approuvait pas vraiment.

— Non. Tu n’es pas obligé. Il y a une autre solution à ton problème mais… Le sevrage total et immédiat du Baiser peut-être extrêmement violent et douloureux. Ton corps luttera pour avoir sa dose, ton esprit retombera au trente-sixième dessous. Tu voudras mourir, Rowan et tu auras l’impression que c’est le cas. Et ça durera des jours… Peut-être même plus d’une semaine. Si tu choisis cette option, je serais là aussi pour t’aider, mais il faut que je te prévienne. La méthode douce, mais lente…

Son regard glissa vers la petite fiole que tenait Rowan.

— Ou la méthode rapide, mais violente.

Les yeux du guérisseurs s’étaient plantés dans ceux de son patient, espérant qu’il comprenait bien tous les tenants et aboutissants, et qu’il était encore assez lucide pour prendre une décision en son âme et conscience.

La question que s’était posée Quinlan, depuis le début de cette affaire, vint alors dans la conversation. Rowan était-il suivi ? La perspective qu’il le soit aurait étonné le guérisseur mais on ne savait jamais… Hélas, la confirmation que l’héritier Westminbrook s’était mis dans ce merdier tout seul ne tarda pas à tomber. Pire encore, il n’avait personne à qui parler, un aveu qu’il formula avec une immense difficulté.

Profondément touché par la détresse de son patient, Quinlan fit tout pour ne rien montrer, gardant un air professionnel et neutre alors qu’il épongeait son front devenu brûlant.

— Tu n’es pas seul, Rowan. Je suis là, si tu le souhaites.

Encore une fois, il se retrouvait à jouer les psy alors qu’il n’avait aucune formation pour ça. Il n’allait pas tarder à s’inscrire à des cours intensifs de psychologie à ce train-là, tant son entourage semblait en avoir besoin. C’était sans compter Haveirson elle-même qui, par le biais de son directeur sadique, contribuait à rendre les étudiants cinglés.

— Et, au risque de me répéter, tout ce que tu diras ici n’en sortira pas. D’accord ?

La bulle magique s’étendait encore autour d’eux, les protégeant des oreilles indiscrètes comme le rideau qu’il avait tiré les camouflait aux yeux du reste de l’infirmerie. Des mesures qui semblaient pourtant futiles, ou du moins, provisoires. De vraies chambres étaient à disposition, mais heureusement, personne n’y avait encore séjourné de façon prolongée. Jusqu’à maintenant.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyMar 10 Nov 2015 - 20:46

Pendant de précieuses et infimes secondes, qui lui paraissaient toujours plus être des minutes éprouvantes et laborieuses, le jeune homme contempla en silence la fiole au liquide blanchâtre. Le Baiser de Saint-Jean. Un nom qui en disait déjà bien trop. Un nom qu’il avait absurdement négligé, gorgé qu’il avait été d’une croyance scandaleuse. Celle de s’estimer plus prompte que n’importe quel homme à résister au mal d’un tel outil. Encore une fois, il avait eu tort.

Bon sang. À croire qu’il avait enchaîné – avec une facilité déconcertante –  les égarements les plus fous ces six dernières semaines.

La voix de son aîné tira brièvement sa perception du brouillard, l’obligeant même à se concentrer pour cerner chaque mot. Chaque intonation. Et tout ce qui en découlait irrémédiablement. Tu n’es pas obligé. En dépit du bref tiraillement que cela lui provoqua – par tous les dieux, sa tête lui semblait peser une tonne – il fronça les sourcils. L’idée précisée par la suite, éminemment douloureuse quoi que rapide, se heurta non sans mal à ses réflexions. À son appréhension.

Tu voudras mourir, Rowan. Un sourire énigmatique – était-il égayé, narquois ou lasse ? - s’afficha brièvement sur les lèvres de l’ancien Serpentard. Mourir. Il avait trop de monde à sauver pour s’abandonner à une telle facilité. À une telle lâcheté. Toutefois, il ne douta pas un seul instant de la véracité des propos du guérisseur. Il ne se permettrait pas de lui préciser un fait aussi sordide, si ce dernier ne risquait pas de peser fortement dans la balance. « Je dois avouer... Qu’il y a de quoi réfléchir avant de se lancer. » Une méthode violente. Indubitablement de celles qui ne vous donne pas la chance d’en sortir indemne. Sauf avec un excellent garde-fou. Quinlan.

« Cela dit... » Il était mille fois prêt à payer le tribut, aussi lourd soit-il, si ce dernier lui permettait de quitter cet état brumeux et insoutenable. « … Je ne pense pas me tromper, en estimant qu’il vaut mieux... Employer la méthode rapide. » Cet état permanent de fragilité. Détestable. Éreintant. Quitte à ce qu’il franchisse les limites du raisonnable pour pouvoir pleinement affronter la suite des événements.

Peu à peu, le sourire précédemment esquissé s’effaça de son visage. « Je pense que c’est le mieux. » Considérait-il donc, avec si peu d’intérêt, la souffrance qui ne manquerait pas de broyer son corps prochainement ? Au contraire. Le Sinistros avait pleinement conscience de ce vers quoi il s’engageait. De la même façon qu’il avait prit la décision d’assumer chacun de ses choix, depuis ce sombre jour de décembre, sans se permettre de ciller. Sans se permettre d’en regretter un seul. Parfois, le doute venait le piquer d’un dard dérisoire et caustique. Pourtant, il ne reculerait pas. « Je suis prêt à le faire. » Comme la valse aristocratique. La rupture des fiançailles. La marque des ténèbres. La magie noire. L’Occlumancie.

Par Amour.

Tu n’es pas seul. Rowan frémit légèrement. Je suis là. Par un réflexe insensé et inexplicable, il s’accrocha à cette présence. De toutes ses forces. Jusqu’à ses doigts fins et tremblants, qui trouvèrent la force d’agripper la main gauche de Quinlan. De la serrer. De la supplier, même.

Cette scène, d’une imprudence percutante, n’en demeurait pas moins réelle. Pas moins nécessaire pour le jeune aristocrate. Parce qu’il se sentait faillir, désormais. Dévoré par tout ce contre quoi il luttait, vraisemblablement en vain, depuis des semaines. Des mois. « S’il te plaît, Quinlan... » Il n’avait pas le choix. Ses protections mentales ne tenaient plus la route. « Je ne veux pas... Qu’ils voient. » Sa voix, brisée sur les dernières notes, venait presser son aîné d’une sollicitude qu’il craignait inexistante. Qu’il redoutait dans toute sa férocité. En s’ouvrant, ici et maintenant, dans un état qui ne lui permettait aucunement de se défendre – ou avec une faiblesse qui le conduirait inéluctablement au trépas – et de survivre, il remettait littéralement sa vie entre les mains du compagnon de Clemens. Il se déchargeait de son fardeau, temporairement, sur les épaules d’un autre.

Pourvu qu’il ne se soit pas trompé.

« Je... Personne ne doit voir. » Son ton trahissait une tension horrifiée. Anxieuse. Fiévreuse. Qui lui vrillait les veines. Qui lui corrompait le sang. « Personne. » Rowan accentua encore – s’il était possible – la prise de ses doigts agités, tout en baissant une énième fois ses iris vers son bras marqué. La gorge noyée dans une supplique qui ne trouvait plus de mots.

De grâce, un peu de pitié.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyMer 11 Nov 2015 - 7:16

Spoiler:

Quinlan avait été le plus honnête possible, présentant à Rowan une solution qu’il déconseillait fortement pour se débarrasser du Baiser de St-Jean. Le sevrage total et direct, la manière la plus violente d’éliminer les toxines. Son corps, son cerveau n’auraient pas le temps de s’habituer à se passer de cette béquille miraculeuse, et ils allaient la lui réclamer avec véhémence. Quinn n’avait vraiment pas envie de voir ça, mais si c’était là le choix de Rowan, il le ferait.

Bien qu’il lui soit difficile de réfléchir clairement dans l’état où il était, ce dernier prit la décision d’en finir le plus vite possible. Avec un long soupir plein de gravité, Quinlan hocha la tête et reprit la fiole qu’il posa sur la table de chevet. Il le laissa parler sans répondre, formuler plusieurs fois son vœu comme pour s’auto-persuader ou se donner le courage de le faire : Quinlan n’avait rien à ajouter, si ce n’est quelques mots rassurants.

Non, Rowan n’était pas seul. Quinn doutait qu’il l’ait jamais été, avec des gens comme Clemens dans son entourage. Il comprenait que ce fut parfois difficile de parler à cœur ouvert même avec ses amis proches, et son statut de guérisseur mettait une distance salvatrice entre eux, quelque chose qui rendrait leurs échanges plus objectifs. Et c’était sans parler du secret professionnel, bien sûr.

Mais Quinn fut tout de même surpris quand Rowan serra sa main dans la sienne, le suppliant de cacher son mal aux yeux de ses proches. Le mensonge avait toujours été une seconde nature chez Quinlan, mais il se demandait bien ce qu’il pourrait inventer cette fois-ci. Messire Westminbrook a eu une urgence et a dû s’absenter de l’Académie, où il avait pourtant une réputation d’étudiant sérieux et assidu ? Ça pouvait tenir la route, du moment qu’on ne posait pas trop de questions au reste de sa famille. Le guérisseur ne pouvait décemment pas prétendre que Rowan s’était blessé accidentellement, sinon ça n’aurait pas justifié le temps passé dans une des chambes privatives de l’infirmerie, ni l’interdiction des visites. Il y réfléchirait sur le chemin.

— Personne ne saura.

Passant un drap sur Rowan, il l’emmena sans plus attendre dans une des chambres de l’infirmerie, faisant mouvoir son lit à l’aide d’un sortilège de lévitation. Les chambres individuelles n’étaient pas vraiment grandes mais bien éclairées et confortables, avec chacune un lit, une armoire et une petite salle de bains. Passant un bras autour des épaules de Rowan, il l’aida à se sortir de son premier lit pour passer au second.

— Je reviens tout de suite. Change-toi, tu es déjà fiévreux.

Toujours ce ton neutre, presque lapidaire, que Quinlan déployait pour ne pas montrer à quel point l’état de son patient pouvait l’atteindre. C’était à la fois une protection pour le guérisseur qui ne pouvait pas continuer à faire ce métier en étant trop sensible, mais aussi pour le patient, qui ne guérirait jamais bien si son praticien le faisait involontairement culpabiliser.

Quinlan alla remettre le lit à sa place et ranger la fiole laissée sur la table de chevet. Il passa également dans son bureau pour prendre de quoi aider Rowan à mieux supporter son sevrage, même si ces quelques potions seraient en apparence aussi efficaces qu’un pansement sur une jambe de bois. Seul dans son bureau, Quinn soupira longuement, se laissant aller à un peu d’émotivité. Il pouvait le faire, il pouvait aider Rowan, il n’avait pas le choix de toute façon. Il allait aussi devoir mentir à Clemens, même si le pincement au cœur fut moins déchirant que d’habitude. Ce secret n’était pas le sien, et quand bien même finirait-il par être éventé, Quinlan ne pensait pas son amant assez mesquin pour le lui reprocher. Il ne faisait que son boulot de guérisseur là, rien de plus. Après une autre grande inspiration, il remit son masque d’impassibilité, et retourna dans ce qui serait la chambre de Rowan pour au moins quelques jours, amenant avec lui deux grandes fioles d’un liquide bleu-vert translucide et un livre particulièrement épais.

— Ça t’aidera à garder le peu que tu vas manger à l’intérieur.

Du pied, le guérisseur poussa un seau vide près du lit. Le corps de Rowan lutterait, et ça n’allait pas être beau à voir du tout. Prenant une chaise, Quinlan posa ses fesses dessus.

— Je n’irai nulle part tant que tu n’iras pas mieux, d’accord ?

Il pouvait repousser les quelques cours qu’il avait prévu, et prévenir Clemens et Neal qu’il avait une urgence professionnelle. Même s’ils n’étaient pas stupides. Rowan et Quinlan qui disparaissaient exactement en même temps… Merde, qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir leur dire ? Hmpf. Il se donnait encore quelques heures pour réfléchir au contenu de ses lettres.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyMer 11 Nov 2015 - 12:07

HRP - Précision:

Personne ne saura. Le jeune homme sembla immédiatement se détendre, le cœur et l’esprit s’accrochant à cette seule issue potentielle. La seule qui, tout en promettant un torrent de souffrance indescriptible et encore abscons pour l’heure, lui paraissait digne de confiance. De toute façon, il ne pouvait guère se targuer d’avoir le choix d’y croire : il préférait s’enorgueillir de la promesse de son aîné plutôt que d’en douter.

En l’état, il lui fallait s’agripper fermement à tout ce qui constituait une résistance, même la plus infime, aux obscures angoisses de son quotidien.

En une lenteur presque trop prévenante pour ne pas brusquer son esprit, le monde aux alentours commença à défiler. À quitter le voilage protecteur de la pièce principale, au profit d’une chambre davantage isolée. Secrète. Indubitablement à l’abri des regards impertinents et mordus d’une curiosité malsaine. Diablement déplacée. Comme si l’agitation du sang et d’un homme, qu’importe son nom, avait le don sordide de piquer les intérêts et les consciences. Transformant le malade en un spectacle putride et coloré, de fluides jaillissants tels des fontaines et de hurlements fiévreux. Que l’on ne pouvait jamais se lasser de contempler avec un certain vice.

Ne risquait-il pas de s’apparenter bientôt à ce patient souffreteux et aliéné ?

Le guérisseur lui offrit ensuite son soutien – inébranlable et assuré dans sa conduite de soignant –  pendant la transition d’un lit à un autre. Qu’il était singulier de constater que le sol, d’habitude si stable et froid, lui semblait aujourd’hui précaire et inconstant. Bardé de piques glacés. Acérés. Où était-ce déjà la manifestation narquoise d’une hallucination rampante et inévitable ? « Je... D’accord. Merci. »

En des gestes lents, incertains et un brin nerveux, Rowan s’exécuta. Il quitta, sans regret ostensible, le confort aristocratique et sobre de ses vêtements du jour. Obtempérer à l’ordre, de toute évidence, lui donnait l’impression d’être la seule chose sensée. Aisée à effectuer en dépit de la lourdeur de son crâne, de la sueur qui roulait inopinément le long de ses tempes et du vacillement de son équilibre.

Ceci fait, l’ancien Serpentard vint caresser du bout des doigts le sceau du Seigneur des Ténèbres. Distraitement – et avec trop peu de conscience pour vraiment y songer – il suivit les ondulations du reptile le long de son épiderme. Son ultime fardeau en ce monde. Un serpent railleur et attentif au moindre écart, dont la langue sifflante lui susurrait tantôt qu’il ne serait jamais complètement seul à présent. Une présence magique et épineuse. Empreinte de la folie des sorciers et des moldus. D’un fratricide absolu et délectable pour la messagère des derniers souffles. La Mort.

Peu à peu, le Sinistros cessa son geste devenu tremblant. Des voix très diverses se mêlaient à ses pensées, manquant de lui faire oublier le retour de son aîné. Avec une lenteur excessive, il leva ses iris pâles et tourmentées vers Quinlan. Chaque information lâchée confirmait un peu plus l’horreur du chemin qu’il avait décidé d’emprunter. Il allait tenir bon. Il l’espérait. Il s’y forcerait. Et, au pire, le compagnon de Clemens serait présent pour l’empêcher de succomber à la facilité. « J’imagine... Que je vais en garder un souvenir... Impérissable ? » Lui-même ne savait plus si s’était une vaine tentative d’humour guindée... Ou une interrogation lasse et cohérente.

Nul part ailleurs. Rowan acquiesça avec prudence et retenue, de crainte d’en demander trop à son enveloppe charnelle. Faillible. Humaine. « Je t’en remercie... Quinlan. » Les mots articulés lui tiraillèrent la mâchoire, l’obligeant à considérer que, très prochainement, le moindre mouvement serait une épreuve terrible à dépasser.

Bon sang. Pourvu que la délicate petite Française ne s’inquiéta pas de son absence. « J’espère seulement... Qu’Elle ne se fera pas du... Mauvais sang. » Ni Clemens.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyMer 11 Nov 2015 - 17:26

Spoiler:

Le guérisseur n’osait pas quitter son patient plus de quelques minutes, pas alors qu’il était dans un état aussi alarmant. Le Baiser de St-Jean atteignait seulement sa demi-vie, ce qui voudrait dire que Rowan avait au mieux encore quelques heures devant lui avant de délirer totalement et de perdre le contrôle total de lui-même. Au pire, ça n’allait pas tarder à lui tomber dessus. Il était peu probable qu’il se blesse en tombant pendant que Quinlan était occupé à lui ramener ses potions de secours, mais il valait mieux ne pas tenter le Diable. Ce dernier était beaucoup trop réceptif aux provocations.

Quinn ne fit pas vraiment attention au physique de Rowan lorsqu’il revint dans la pièce, l’esprit encore trop occupé à imaginer un mensonge crédible pour Clemens, tout en vérifiant qu’il n’avait rien oublié dans le bureau ou dans la pharmacie adjacente. Non, il ne remarqua quelque chose que lorsque Rowan se laissa aller à faire une pointe d’humour, que le guérisseur accueillit avec un petit sourire malgré ses soupçons de plus en plus forts. Pourquoi s’évertuait-il à regarder du côté de son bras gauche ?

— Il est aussi fort probable que tu n’en aies aucun souvenir du tout.

Non franchement, il n’y avait pas besoin de remercier qui que ce soit. Rowan ne devrait même pas le faire, compte tenu de ce qui allait lui tomber sur le coin de la figure. Ses remerciements sonnèrent donc étrangement dans les oreilles de Quinlan, qui ne put s’empêcher de secouer la tête.

— Il n’y a rien d’exceptionnel à ça. Je suis là pour ça, non ?

Veiller sur eux, comme ils veillaient les uns sur les autres dans une toile inextricable de liens complexes mais étonnamment solides. Telles des pièces de bois savamment enchevêtrées, il était impossible d’en altérer une sans impacter les autres. Quant à les faire tomber… Ce serait voir le tableau se déliter sous ses yeux, le puzzle s’effritant morceau par morceau jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.

Ils pouvaient bien essayer de se cloisonner des autres, de se rendre imperméable le temps de quelques jours, mais ce serait difficile sinon impossible. Quinlan aurait voulu rassurer Rowan sans lui mentir, il aurait voulu croire à ce qu’il disait, mais il n’y arrivait pas.

— Ça ira, tu verras.

Il savait ce que ne serait pas le cas, et il doutait aussi qu’Anna ne s’inquiète pas de son absence. La même chose était valable pour Clemens, qui en plus de ça le côtoyait quotidiennement. Quinn allait devoir trouver quelque chose en béton armé pour le tenir à distance… Plus il y réfléchissait et moins il était sûr d’y arriver. La meilleure technique dans ces cas-là était de rester vague. Donner trop de détails indiquait une histoire artificielle, fabriquée avec précision et trop fouillée pour être une réelle justification. Quand on avait la vérité avec nous, on ne s’expliquait jamais en détails.

D’un coup de baguette, Quinlan lança un accio sur sa sacoche en cuir, d’où il sortit une plume et un parchemin. Toujours face à Rowan, il écrivit sa lettre en le surveillant d’un œil.

— Je préviens juste de mon absence. Pas de détails, je te rassure.

Ils n’avaient pas besoin de savoir, donc ils ne sauraient rien. Cela faisait aussi partie de son boulot, d’avoir des urgences. Et celle-ci était aussi importante qu’elle risquait de durer dans le temps. Et puis, ce n’était pas plus mal d’être en tête à tête avec Rowan, parce que si Quinlan avait bien vu ce qu’il avait vu… Les choses s’annonçaient encore plus compliquées qu’elles n’y paraissaient jusque là.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyJeu 12 Nov 2015 - 19:39

Le légère sourire qui se peignit brièvement sur les traits de son aîné, apporta assez de sollicitude au jeune aristocrate pour le rasséréner. Pendant une dizaine de secondes. À peine plus. À peine suffisant pour se révéler efficace contre le mal singulier qui lui rongeait progressivement les veines.  Semblable à quelques poisons pernicieux et subtiles, détruisant leurs victimes de l’intérieur sans autre signe avant coureur qu’un frisson. Qu’un malaise. Qu’une infime perle de sueur.

À cette idée, Rowan se serait certainement laissé aller à un égayement passager, si son état ne s’était pas révélé bien au-delà de ce stade. Et que la moindre émotion vécue puisait dans une énergie déjà vacillante et trop précieuse. Sur le point d’atteindre un seuil critique. Il le sentait.

La voix du guérisseur, toujours proche en dépit du brouillard ambiant, lui mentionna l’autre alternative possible à son sevrage : l’absence totale et complète de souvenirs. L’ancien Serpentard cligna des yeux pour toute réponse, ne sachant pas vraiment s’il devait sincèrement s’en inquiéter – de toute évidence, une fois dans la tourmente, ce détail n’appartiendrait pas à sa liste de priorité – ou juger cette précision comme insignifiante.

Petit à petit, sa conscience commença à s’effriter et à ne plus lui appartenir complètement. Les paroles, qu’il devinait lui être adressées, perdirent en intensité et en clarté. Chaque allégation de son aîné l’obligea à se concentrer pour en cerner l’essence. À froncer les sourcils. Et à souffrir, en contre-partie, à cause de l’effort occasionné.

Encore une fois, il s’accrocha fermement à l’espoir qu’on lui lançait comme une corde. Ses doigts se crispèrent en silence contre l’étoffe du lit, alors que les iris céruléennes se détournèrent progressivement de Quinlan. Au profit du vide.

Il éprouvait une singulière difficulté à aligner des pensées cohérentes et logiques. Son esprit, autrefois si acéré et guindé, semblait se refuser à la moindre tâche intellectuelle. Il n’en restait plus que du néant. Un rien dénudé de son et de couleur. Éteint ? Piquant peu à peu sa vision de points blancs. Excessivement lumineux. Brûlants. Atroces. Dans un réflexe impromptu, Rowan estima préférable de fermer les yeux.

En se réfugiant derrière l’obscurité bienvenue de ses paupières, il perçut une sorte de pesanteur moite dans sa chair. Un trouble incisif qui perçait désormais son ventre, plus proche de la lame d’un poignard que d’une aigreur bilieuse. Faute de plus, il inspira avec force et serra les dents. Jusqu’à en durcir les traits de son visage blafard. Terne. D’un crayeux qui ne se montrait guère de bon augure.

Les secondes qui suivirent, ses membres se contractèrent involontairement. Empreinte d’une réaction défensive contre le mal caustique d’une fiole diablement sous-estimée. Sans autre cible que cet ennemi indéfinissable. Invisible. Intouchable. Pourtant omniprésent dans son sang.

Le Sinistros ne parvenait plus à compter les minutes, tant le temps lui paraissait dérisoire et futile. Toute sa vaine concentration se portait plutôt sur la résistance de son enveloppe charnelle. Les instants dénudés de sens s’enchaînèrent et broyèrent lentement sa volonté. Usant et abusant de l’énergie du désespoir, telle une bête blessée et vindicative, il fit front. Il lutta. Jusqu’à quand ? Il ne le sût guère.

Dans un hoquet d’horreur, soudainement rappelé à la réalité qui l’entourait de son épais et suffocant manteau, Rowan se trouva traversé d’une dernière pensée de vie. D’une dernière cohérence. Celle qui sublimait toute son existence et pour laquelle, entre les larmes et la pourpre, il s’était lancé dans la quête la plus éperdue de ce monde sans-dessus-dessous.

« Je l’aime ! »

Le tissu du monde se déchira autour de lui, pour ne plus rien laisser de viable qu’une faible étincelle de lumière. Inatteignable.

Et il hurla.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyVen 13 Nov 2015 - 8:46

Maintenant que Rowan était allongé, dans une chambre privative à l’abri des regards indiscrets et que Quinlan avait prévenu Clemens qu’il serait absent pour quelques jours par une missive qu’un charmant hibou était venu chercher dans le couloir, le guérisseur pouvait enfin souffler. Vigilant quant à l’état de son patient, ça ne l’empêcha pas de laisser ses pensées vagabonder. Et il y avait de quoi. Ce qu’il avait aperçu sur son avant-bras gauche méritait bien une dissertation.

Faire des conclusions hâtives, c’était mal, c’est pourquoi Quinlan s’était interdit de penser, au Nouvel An et même avant, que l’héritier Westminbrook puisse être dans le ‘camp d’en face’. C’était un étudiant sérieux, avec une personnalité intéressante et pas dénué d’un humour guindé qui faisait son petit effet avec un certain piquant. Plus que tout, c’était aussi le meilleur ami de Clemens.

Quinlan savait bien que les choses étaient rarement aussi simples que les gentils contre les méchants, et surtout que tout dépendait du point de vue adopté. Il en était un parfait exemple : il n’aimait pas Dumbledore qu’il jugeait partial, manipulateur et totalement irréaliste sur certains points. Il détestait autant Harry que son père James Potter, deux petits insolents faits du même bois qui aimaient se cacher derrière leurs airs de mecs sympas pour mieux enfoncer les autres et qui étaient totalement incapables de remettre en cause leurs propres préjugés. Et il n’aimait pas non plus Rogue, cet espèce de curieux psychopathe en puissance qui confondait l’amour avec l’obsession, et qui était incapable de faire la part des choses. Quinn savait que c’était parfois difficile, il en avait eu la preuve très récemment, mais il faisait quand même des efforts… Là… Bon bref. Tout ça pour dire que Quinlan, bien qu’il soit de leur côté, ne les aimait pas. Tout au plus commençait-il à avoir de l’estime pour Megan.

Cela ne voulait pas dire que Quinlan n’avait aucune conviction, ou qu’il faisait ça parce qu’il y était forcé. Non. Il avait simplement mis à plat ses priorités et décidé de ce qu’il voulait combattre en premier. Et il ne connaissait pas assez Rowan pour savoir si ce qu’il avait sur le bras, il l’avait désiré. Il n’était pas improbable que Vous-Savez-Qui enrôle de force, ce serait même bien son style. Peut-être que Quinlan était dans le déni parce qu’il estimait avoir un ami en face de lui. Ou peut-être qu’il y avait quelque chose de logique à penser que s’il y avait des connards chez les gentils, il y avait peut-être aussi des gentils chez les connards.

Il fut coupé dans ses pensées par un hurlement de Rowan. Ce dernier commençait visiblement à délirer, et le guérisseur se précipita sur lui pour refroidir son front d’un linge humide. Il ne put s’empêcher de trouver ça étrangement poétique de délirer à propos d’amour, cela dit les hurlements de Rowan allaient sûrement rameuter du monde. Les murs étaient bien isolés, mais on n’était jamais à l’abri… Quinlan relança son sort de bulle isophonique, avant de rapprocher la chaise du lit.

— Je suis là…

C’était tout ce qu’il pouvait faire. Être là.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. EmptyVen 13 Nov 2015 - 12:45

Les pans de la réalité s’étiolèrent et se désagrégèrent tout autour de lui. Comme si, en dépit d’avoir fermé les yeux pour marquer la distance et s’extirper des éperons affûtés du mal, le trouble rageur refusait de lui accorder ne serait-ce qu’une infime accalmie. Il ne la méritait guère pour toutes les fautes commises. Les blessures infligées à ses pairs. Les paris audacieux et sur-estimés.

Les lambeaux de sa conscience, déchirés avec une aisance déconcertante et presque morbide, semblaient flotter dans un vent morne et macabre. Au-dessus d’un paysage de cendre, d’os et de tissus pourrissants. Putrides. Rendant l’atmosphère irrespirable. Pleine d’un goût fétide, mêlant la moisissure au fiel dérangeant d’une hanche en décomposition.

Et dans laquelle, en un contraste édifiant et perturbant, se dressait une femme parée d’une armure sanguinolente. Une guerrière à la chevelure auburn, silencieuse, ancrée dans une attente qui ne se justifiait en rien tant elle paraissait irréelle. En effet. Il délirait fiévreusement. Le visage de cette créature sans nom, peinturluré d’un bleu sombre et dégoulinant comparable à quelques tatouages guerriers venus du grand nord, leva fièrement le menton avant de s’adresser à lui en un langage incompréhensible.

Ni les mots ni la consonance, malgré des racines évidentes, ne lui rappelaient l’anglais.

***

Une heure passée.
Un laps de temps court et diablement dérisoire. Néanmoins suffisant à le vider de son souffle à plusieurs reprises. À écorcher ses cordes vocales en des hurlements qui n’avaient aucun sens. À lui tordre les membres en une révolte furieuse et impardonnable.

Trois heures accomplies.
Il avait l’impression de se mouvoir dans un air moite et brûlant, l’obligeant à lâcher des halètements réguliers pour tenter de survivre à l’abominable chaleur qui rongeait son épiderme. En vérité, la moindre couverture paraissait insupportable à son corps. Instinctivement, il la repoussait comme on essaie, en vain, de se dégager d’un méandre impétueux et mortel.

Six heures révolues.
Pendant une dizaine de minutes, ses doigts avaient cherché à gratter son bras gauche. À déchirer la peau couvrant la marque. Inlassablement. En l’absence de son aîné, il se serait raclé la chair jusqu’au sang. Jusqu’aux muscles s’il le fallait.

Dix heures distancées.
Des épisodes de murmures bas et tendres – Anna ; Anna où es-tu ? – s’alternaient avec des phrases de suppliques et de remords – un monstre ; je suis un monstre ! – exacerbés. Parfois, un hoquet lui prenait la gorge et le faisait pleurer.

Quinze heures éprouvées.
Il gesticulait dans tous les sens, hurlant à la retraite salvatrice et nécessaire. Régulièrement, sa voix se tordait en un crissement aiguë et pétrifié, empreinte d’une affliction incisive et omniprésente. Les rares moments de sérénité, il rendait gorge d’une bile aigre et piquante. Ou bien il ne parvenait plus à conserver en lui le contenu de ses intestins.

La mélasse s’unissait alors à la sueur en une bouillie aussi aromatique que répugnante.

***

Jusqu’aux premières heures du jour, Rowan avait supplié – bien trop de fois pour en tenir un compte honnête – le guérisseur de l’achever. De l’exterminer pour la bonne cause. D’abréger ses souffrances. Assuré – par le mal pernicieux qui le privait de sa conscience – que tous s’en sortiraient mieux sans sa présence. Qu’il représentait une menace pour les siens. Et qu’il était préférable pour tous d’en finir avec lui avant que le monde sombre dans le chaos.

Lorsque la litanie des plaintes et des prières cessa enfin, l’ancien Serpentard se perdit dans un répit cotonneux. De toute évidence, il n’avait plus ni la force de frémir ni celle de parler.

Il geignait.
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