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 [Allée des Embrumes] Le mot de trop

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Clemens Neubach
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MessageSujet: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyMer 11 Nov 2015 - 12:28

HRP:


Depuis le Nouvel An, Clemens n’avait pas ressenti le besoin de venir traîner du côté de l’Allée des Embrumes. Malgré une rentrée mouvementée et quelques disputes, l’adrénaline provoquée par ses premières transformations l’avaient aidé à garder le cap. Pendant un mois, il s’était jeté de la poudre aux yeux et était parvenu à se convaincre qu’il était véritablement l’étudiant modèle qu’il souhaitait tant être. Pourtant, ses succubes avaient fini par le rattraper en fin de journée. La joie se fondait dans le décor de ses craintes, confrontée à une peur du futur qui revenait l’enserrer avec violence. A peine sorti des cours, il s’était forcé à faire un détour par sa chambre pour y laisser ses affaires, avant de quitter l’académie et de transplaner pour Londres.

Il n’était que dix-sept heures quand il posa le pied sur le premier pavé de la route la plus mal famée du monde sorcier. Paradoxalement, une aura de bien-être se répandit dans tout son corps. Masqué sous une cape gris foncé qui floutait dans ses traits que sa carrure, Clemens glissa sa baguette dans sa manche et se mit en route vers sa dose d’adrénaline d’un pas calme mais assuré. L’anonymat lui donnait la force et la puissance que sa personnalité lui refusait en temps normal. Ses amis commençaient à entrevoir ses fractures de faiblesse. Quinlan était parvenu à mettre le doigt dans une plaie qu’il voulait garder cachée, et si son coming-out l’avait soulagé quelques heures, il s’attendait constamment à des représailles pour cet aveu de courage.

Sa rencontre avec Aleksandrina en décembre le poussait à un regain de méfiance. Il marchait la tête légèrement baissée pour ne rien laisser deviner de son visage, tout en scrutant ses alentours d’un regard alerte. Il ne se laisserait plus bousculer et surtout en s’arrêterait pas si cela devait arriver à nouveau. La libraire et la couverture excellente qu’elle représentait pour ses paris lui étaient bien trop précieuse. Certes, il aurait pu trouver de pareilles rencontres de duellistes dans d’autres villes britanniques, mais sa présence y aurait été bien plus difficilement justifiable. Sans compter que malgré la moralité douteuse de l’endroit, on ne pouvait décemment reprocher à un étudiant trop passionné par ses études de chercher à mettre la main sur un livre précieux.

En deux foulées sautillantes, l’Allemand gravit l’escalier qui menait à la petite place où se trouvait l’entrée de la libraire. Comme souvent, quelques personnes peu recommandables y traînaient, les mains se glissaient sous les capes pour y échanger drogues, gallions, et autres objets dont on ne voulait souvent pas connaître la nature. Chacun mettait un point d’honneur à ne pas prêter attention aux affaires d’autrui, c’était comme un code d’honneur dans cette allée. Les voix et les silhouettes ne signifiaient rien, à moins qu’on ne vienne pour faire affaire. Les observateurs provoquaient une fuite discrète et sans panique de tous les petits commerces. Les aurors ne faisaient ainsi que trop rarement du butin. Leur tactique de représentants de la loi manquait de finesse. L’Allée des Embrumes, malgré sa réputation, était un lieu empreint d’une certaine noblesse. Conscient des coutumes, Clemens se faufila entre les groupes sans les voir, déjà plongé dans son excitation par anticipation de l’adrénaline à venir.

— C’est 7 Gallions, ou que dalle.

Brutalement ramené à la réalité, il se figea. Cette voix, il ne la connaissait que trop bien, malgré les années. Douce et susurrante au creux de son oreille, trop proche du sentiment qui bouillonnait dans ses veines à ce moment précis. Une vague de souvenirs embourba sa raison dans une montée de chaleur qu’il mit une seconde à refréner. Clemens se retourna par réflexe vers la petite silhouette dont émanait la voix, se maudissant de son erreur sans pouvoir empêcher son geste. Freya. Il en était certain, bien qu’il ne s’expliqua pas la présence de la jeune femme, pas plus que ses inflexions si dures qu’elles en étaient presque vulgaires à son oreille. Son client s’éloigna d’elle en maugréant, agacé d’avoir craché trop, ou rien obtenu, l’étudiant n’aurait su le dire, mais ses propres réflexes sautèrent sur l’occasion.

— Qu’est-ce que tu vends ?

Il lui fallait l’entendre une fois encore, être sur que son imagination déjà trop échauffée ne lui joue pas un tour. Il était déjà bien trop enfoncé dans l’erreur. Jamais il n’aurait du s’approcher d’elle. Jamais.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyJeu 12 Nov 2015 - 16:33

Les clients étaient vraiment désagréables, aujourd’hui. Plus que d’habitude. Entre celui qui avait tenté de lui extorquer son philtre calmant – était-il au courant que c’était supposé être sur ordonnance ? – et celui qui soutenait sur les reliques de Morgane qu’un potionniste de l’Allée faisait du Felix Felicis, Freya commençait déjà à saturer en dépit de l’excitation qu’elle ressentait souvent lors des transactions. Ce qui était supposé être un moyen d’atteindre les Mangemort était devenu source d’un revenu bien trop confortable pour qu’elle s’en passe, lui permettait de se faire la main mais, surtout, lui conférait une réputation qui lui ouvrait des portes – quelques-unes seulement, bien sûr, mais suffisamment. Sparrow pouvait compter sur son nom pour avoir accès aux ingrédients les plus délicats à obtenir, aux dernières rumeurs qui secouaient les bas-fonds de la société sorcière. Il y en avait des particulièrement intéressantes sur les meutes de loups garous qui se déplaçaient, comme si elles convergeaient toutes vers un point de rencontre, ou encore des histoires moins probantes sur le Sacrifié qui, en réalité, serait Dumbledore lui-même.

Mais là, demander un philtre d'Illusions pour moins de sept Gallions… Sérieusement ? Même l'histoire sur Dumbledore était plus crédible.

« Si tu n’en veux pas, d’autres le voudront, t’inquiète. » fit-elle, agacée, de sa voix la plus ferme.

Et il continuait à parlementer. Cinq Gallions. N’importe quoi. Ses tarifs étaient corrects, elle n’y pouvait rien si le cours de la corne de Bicorne avait brusquement augmenté, quand même.

« C’est sept Gallions, ou que dalle » lâcha-t-elle finalement.

Il paya. Ils payaient toujours. En se plaignant, mais ils revenaient quand même ; Sparrow répondait presque toujours favorablement aux commandes et ne cherchait pas à savoir ce qu’ils comptaient faire de ses potions. Freya se le demandait parfois. Et la plupart du temps, elle faisait taire sa conscience par un simple regard vers son avant-bras gauche ; ses recherches, ses potions, celles que certains Mangemorts lui demandaient… Elle faisait ce qui avait à être fait.

« Qu’est-ce que tu vends ? »

La phase lui était si souvent prononcée qu’elle répondit sans y réfléchir, sans véritablement faire attention à qui la lui posait ; une silhouette encapuchonnée, comme toutes les autres. Quelque chose de différent, pourtant.

« Ça dépend de ce que tu cherches. »

Elle observa un peu plus attentivement la personne en face d’elle, des fois que ce soit un Auror sous couverture, ou un gamin perdu qui cherchait sa dose d’adrénaline auprès d’elle car on ne pouvait pas dire qu’elle paraissait très menaçante. Bien moins que les autres vendeurs, en tous cas. Mais elle se rendit rapidement compte que ce n’était pas son allure qui l’avait interloquée, c’était sa voix. Cette voix qui paraissait si déplacée dans ce contexte, qui lui rappelait des souvenirs si anciens et chéris qu’elle refusa pendant un instant d’accepter ce qu’elle voyait.

« … Clem ? » demanda-t-elle, son ton perdant toute sa dureté. « Qu’est-ce que tu fais là ? »

S’il y avait bien quelqu’un qu’elle aurait voulu ne jamais croiser dans ce genre de situations, à part peut-être ses parents, c’était bien lui. Il représentait un passé si brillant et innocent qu’elle avait l’impression de le trahir, de se trahir elle-même, rien qu’en se tenant à ses côtés dans ce genre d’endroits. Ce n’était pas comme le croiser dans la salle commune de Sinistros, dans un cours ou dans un couloir ; personne ne se trouvait ici sans une bonne raison. Alors, c’était quoi la sienne, au juste ?
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyJeu 12 Nov 2015 - 17:21

Sa certitude s’était envolée avec force devant l’assurance de l’autre Clemens, celui que Freya n’avait jamais connu et qui avait d’ordinaire le contrôle dans l’Allée des Embrumes. Celui trop aigre et violent pour qu’on vienne s’intéresser à lui de trop près et surtout trop froid pour réagir à une connaissance qui ne le mettait pas en danger. Aleksandrina l’avait fait déraper dans la noirceur, jouant sur le mensonge et les faux-semblants. La voix et les souvenirs qui flottaient dans ses tonalités familières l’avaient fait basculer dans le flou artistique de l’entre-deux. Il ne la connaissait pas, mais voulait tant la reconnaître.

La réponse tomba avec une dureté pleine de lassitude. Il roula des épaules pour contenir un frisson et chasser son malaise, tant les deux versions de sa personne luttaient dans son esprit. L’une pour préserver son intégrité et son anonymat, pour fuir l’un d’elle et de tout ce qu’elle représentait. L’autre pour profiter enfin de cette occasion pour renouer avec sa camarade et la protéger de cet endroit si vulgaire. Dans lequel elle faisait commerce, pourtant. Tous ces détails s’entrechoquaient avec violence sans qu’il ne parvienne à en déduire une conclusion qui paraissait simplement proche du vraisemblable.

— De la potion d’Amnésie ? Je crois qu’un de nous deux va en avoir besoin.

Sa voix se voulait dure, mais il ne parvint entièrement à maîtriser un léger tressautement soulignant son hésitation. Autour d’eux, les groupes continuaient à se faire et se défaire au fur et à mesure des transactions, ne restant jamais immobiles. Même si nul ne se préoccupait vraiment de son entourage, Clemens craignait qu’une immobilité prolongée finisse par attirer les soupçons sur eux. Si Freya n’était pas nouvelle dans le domaine, elle devait être demandée. Il devait retourner à ses propres occupations, faire semblant de rien, mais son surnom se glissa sous sa peau jusque dans ses veines, propulsant au premier plan celui qui sur cette place n’était jamais nommé.

Il aurait voulu accrocher son regard, masqué par le capuchon. L’affection et les doutes dans sa voix avaient fait fondre ses propres défenses, mais il ne savait que trop bien à quel point l’Allée des Embrumes regorgeait de manipulateurs. Nul ne survivait dans cet environnement hostile sans un certain talent pour adapter sa personnalité aux rencontres et aux circonstances. L’Allemand leva la main vers son visage comme s’il souhaitait le dévoiler aux yeux de tous. A mi-chemin, il interrompit son geste et serra le poing en grinçant des dents, avant de laisser retomber son bras sous sa cape.

— Je pourrais te poser la même question, mais j’ai déjà mon idée sur la réponse. J'ai des achats particuliers à faire. En libraire.

Inutile de jouer l’innocence, pas complètement du moins. Même à deux doigts d’être pris sur le fait, il n’était toujours pas prêt d’avouer ses démons à celle qui représentait une adolescence insouciante et sans périls. L’excuse du livre flirtant avec la magie noire était toujours assez cohérente pour ne pas être remise en doute, pas trop tôt du moins. Si il continuait à se faire repérer — ou à laisser ses sentiments contrôler ses réactions — il prenait le risque de voir l’anecdote se répandre. Sa couverture tomberait. Il sentit ses muscles se hérisser, considérant soudain sa douce Freya comme une menace qu’il faudrait potentiellement impressionner assez pour garantir son silence. A moins qu’un accord commun ne leur semble profitable à tous les deux ? Au pire, il resterait toujours le chantage.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyDim 15 Nov 2015 - 13:15

Vendre dans l’Allée des Embrumes sous-entendait une certaine personnalité qu’elle ne possédait pas habituellement ; on la prenait rarement au sérieux lorsqu’elle était elle-même, avec sa petite taille et son agitation, et pourtant Sparrow, elle, se faisait respecter – par son talent, par son inflexion. Sauf qu’elle ne pouvait plus se dissimuler derrière Sparrow, à présent que Clemens se retrouvait face à elle ; chaque mot qu’il prononçait la plongeait un peu plus dans un malaise poisseux dont elle ne parviendrait pas à se dépêtrer, car tout avait toujours été plus intense et plus puissant avec lui. La faute à toutes ces premières fois, à ces souvenirs impérissables qui les accompagnaient. A cette tendresse qu’elle avait toujours gardée pour lui, et qui se retrouvait dénaturée dans un tel endroit.

Il fit un mouvement étrange, inachevé, qui attira le regard de Freya vers son poing serré. Ses paroles distantes la firent grimacer, bien à l’abri derrière son capuchon – pourquoi était-il venu lui parler, si c’était à ce point dérangeant pour lui ?

« Ah. »

Un livre. Pourquoi pas. Tentant de réfréner la curiosité dévorante qui s’apprêtait à se déverser, elle haussa les épaules ; Clemens avait toujours été extrêmement secret à propos de ses parents, de sa famille, de tant de choses. Le questionner serait inutile. Et après tout, elle n’avait pas particulièrement envie d’évoquer ses propres activités, bien qu’elles soient assez évidentes. Il lui faudrait d’ailleurs s’assurer que Clemens ne parlerait pas ; cela attirerait une attention intrusive et non souhaitée sur elle, déjà que Chad avait une nette tendance à fouiner dans ses affaires… Mais elle était presque persuadée qu’un accord était possible entre eux.

« Euh... Quelqu’un m’attend. »

Elle désigna à contrecœur d’un coup de menton l’homme qui patientait derrière lui, partagée entre le soulagement qu’il parte sans creuser un peu plus ce qu’elle faisait ici, et l’envie de renouer des liens qui s’étaient seulement desserrés au fil des années. Apparement, le client semblait être celui qui lui achetait souvent des somnifères…

« Mais ça ne devrait pas être long » précisa-t-elle rapidement, espérant qu’il accepterait de rester.

Clemens. Maintenant qu’il lui avait adressé la parole, elle n’avait pas envie de le laisser lui filer entre les doigts – elle avait beau détester s’enfermer dans le passé, celui-ci était plus délicat à oublier que les autres.

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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyLun 16 Nov 2015 - 11:02

Difficile de juger l’attitude de Freya sous ce capuchon qu’il n’avait pas le droit de rabattre. Le geste aurait été si simple pourtant, presque… habituel. Il aurait fait écho à ces après-midis ensoleillés dans le parc de Poudlard, où riant avec elle, il avait simplement glissé sa main dans ses cheveux, un peu maladroitement. Ses muscles auraient répétés un mouvement tendre et insouciant, pour produire une menace, une agression même. Clemens était aux prises avec ses différents instincts, à la recherche d’une échappatoire à sa propre curiosité, pour éviter de s’enfoncer encore plus dans cette situation qui ne pouvait mener qu’au drame.

La réponse laconique à sa justification l’agaça presque. Il aurait voulu qu’elle se montre curieuse, cherche à renouer le lien. Tant il avait violemment repoussé Aleksandra, tant il souhaitait pouvoir utiliser la surprise de la situation pour en apprendre plus sur Freya. Sa présence ici ne faisait aucun sens, mais il s’interdisait de poser la question le premier. Clemens fréquentait trop souvent cette place pour prendre le risque d’y tenir une conversation délicate. Elle alla même jusqu’à faire mine de le chasser, soulignant la présence de clients derrière lui. Incrédule, l’Allemand resta d’abord là pendant quelques secondes.

Il commençait à se détourner quand elle ajouta la précision qui changeait tout. Sous son capuchon, il lui adressa un regard hésitant, interrogateur, et prit sa décision par instinct. Il voulait lui laisser le bénéfice du doute, tout autant qu’il savait devoir fuir la place le plus rapidement possible. Dès qu’il n’était plus entouré d’anonymes, Clemens réalisait à quel point ce monde pervers n’était pas le sien. Son aura de puissance et d’assurance s’évaporait instantanément, révélant à nouveau le jeune homme sans histoires qu’il aurait préféré être.

— Au coin de la rue, côté Chemin de Traverse.

Il lâcha sa proposition sans plus un regard et traversa la place à grandes enjambées, se moulant entièrement dans le rôle du client qui venait de faire son affaire et n’avait plus à traîner dans le coin. Ses pensées se heurtaient avec violence dans sa tête, alors qu’il essayait désespérément trouver une explication à la présence de sa douce, ex-petite amie dans ce haut lieu du trafic illégal. Elle avait toujours eu des talents particuliers, notamment en potions, mais de là à vendre… ? Tous les maîtres de potions, aussi talentueux soient-ils ne gagnaient pas leur vie de cette façon.

Clemens dévala les quelques marches qui menaient à la rue et tourna à droite d’un pas qu’il voulait résolu, sans être pressé. Son regard restait vif et méfiant, il se retourna même une fois pour vérifier que personne ne le suivait, tout en sachant pertinemment que s’il était filé, ce serait probablement par quelqu’un de trop talentueux pour qu’il le remarque aussi facilement. Arrivé à la perpendiculaire, il s’appuya contre le mur arrière de la boutique d’antiquités faisant le coin, et attendit. Son attitude se voulait nonchalante, mais l’observateur attentif remarquerait ses épaules crispées et les doigts de sa main gauche jouant distraitement avec l’extrémité de sa baguette, cachée dans sa manche.

Les minutes s’écoulèrent comme des éternités, jusqu’à ce que la petite silhouette si familière ne tourne au coin de la rue. L’étudiant sourit involontairement, presque inconscient que son visage était toujours masqué par son capuchon. Lorsqu’il reprit la parole, ce fut d’une voix plus douce que sur la place.

— Si j’avais cru te revoir ici…
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptySam 21 Nov 2015 - 21:57

La proposition, lâchée par Clemens à la hâte, lui procura une étrange sensation d’allégresse, presque déplacée dans cet endroit ; elle en disparut rapidement, engloutie par la respiration crépitante et lugubre de l’homme qui prit presque immédiatement sa place, réclamant son somnifère avec empressement. Les fioles s’entrechoquèrent dans le sac qu’elle fouillait, la main tremblante, et elle ne glissa les pièces de monnaie qu’avec un mouvement nonchalant, automatique, tant elle avait hâte qu’ils s’en aillent tous, la laissant partir en paix.

Plus qu’un client. Elle lui jeta presque la potion de Force qu’il réclamait, ne recompta même pas ses Mornilles avant de s’éclipser, se faufilant entre les silhouettes encapuchonnées qui sillonnaient la place. Ce mouvement était devenu instinctif, familier, et c’était presque grisant de se sentir comme maîtresse de cette place et de ses occupants ; mais la voix de Clemens transperçait cet aveuglement, la forçant à raffermir son pas pour le rejoindre.

C’était une erreur. Cette situation n’allait lui apporter que des problèmes, et pourtant elle ne parvenait qu’à y voir cette joie certaine d’avoir une occasion de renouer avec lui, que ce soit dans ces circonstances ou non. Elle tourna le coin de la rue, s’arrêtant brusquement dans son mouvement pour tenter de reprendre un pas calme et assuré, pour éviter de montrer à quel point cette situation la touchait. Repérant Clemens presque immédiatement, elle se dirigea vers lui, assagie, et pourtant elle sentait l’appréhension la gagner.

Mais sa voix était redevenue celle qu’il lui avait toujours donnée, plus douce et agréable – celle de Clem. Les mots ne vinrent pas immédiatement, alors elle jeta un coup d’œil autour d’elle pour vérifier qu’on ne l’avait pas suivie, que personne ne prêtait une attention indésirable à ces deux silhouettes encapuchonnées – plus personne ne le faisait, à présent. Tous passaient leur chemin, le plus rapidement possible. Elle n’avait plus d’excuse pour ne pas lui répondre.

« Ouais… Je ne pensais pas t’y retrouver non plus » botta-t-elle en touche.

Ou te retrouver, tout court. L’envie de retirer son capuchon était si tentante ; elle détestait lui parler sans voir son visage, sans tenter d’y retrouver des bribes de souvenirs. Tout ce qu’elle avait, c’était sa voix, et c’était tellement frustrant.

« Et sinon… tu vas bien ? »

Frustrant comme cette conversation – elle se sentait gauche comme lors des premiers jours, comme lorsqu’elle n’était pas persuadée qu’il la trouvait digne d’intérêt, cette fille qui avait le vertige et des cheveux étranges. Cette personne était pourtant partie depuis longtemps, maintenant, mais il avait le don de la faire surgir à nouveau.

Elle se sentait gauche, et elle le paraissait très certainement, à déplacer nerveusement son poids d’une jambe vers l’autre.


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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyMer 25 Nov 2015 - 20:30

L’approche de Freya réveilla en lui un vieil instinct protecteur. Spontanément, il eut envie de la camoufler dans son ombre, de veiller au dessus de sa tête, de ne laisser aucun inconnu les approcher. Pourtant, la jeune femme semblait avoir tout autant que lui ses habitudes dans le coin. Elle n’avait pas besoin d’un chaperon, encore moins de lui qui ne lui était plus rien depuis des années déjà. Mais on ne pouvait jamais vraiment oublier un premier amour sincère, particulièrement quand la rupture ne s’était pas effectuée dans les cris et les larmes. Son respect pour Freya ne s’était pas amoindri avec les années.

Sa voix, douce et hésitante, le berça un instant dans cette tendresse révolue. Mais les mots, déjà, s’échappaient entre eux pour laisser seulement place à un moment de gêne. Ces retrouvailles dans l’Allée des Embrumes les forçaient à danser entre deux rôles extrêmes, à faire s’entrechoquer un passé voluptueux avec un présent noyé sous les dérives perverses. Clemens continuait de tripoter sa baguette, prêt à dégainer au moindre signe de piège. Une certaine part de sa personnalité ne voulait pas croire au retour de cette jeune fille ingénue. Il avait déjà été trompé par le passé, dans ce même quartier, sa vigilance engourdie par une fragrance traîtresse qu’il n’avait compris que deux jours plus tôt.

— Ça va… Et toi ?

Il ne savait quels mots choisir pour lui poser toutes les questions qui lui brûlaient la langue. Faire la conversation avec tant de gêne n’était pas habituel pour lui, mais l’anglais lui échappait encore plus qu’à l’ordinaire. Il n’avait de cesse de caresser ce capuchon du regard, souhaitant le rabattre pour vérifier que le visage appartenait bel et bien à la voix chaude, rassurante de Freya. Seuls quelques détails dans son attitude, cette façon de reporter son poids d’un pied à l’autre, sa démarche lui permettait de ne pas douter. Ou pas trop. Plus les secondes passaient, plus il sentait la méfiance croître au fond de lui. Rien de bon n’était jamais sorti de l’Allée des Embrumes. Tous le savaient, et ne se laissaient attirer dans ce piège, encore et encore, que par leur désire malade pour l’adrénaline ou la richesse. Souvent, c’était même pour les deux à la fois.

— Tu viens souvent ici ? Si ça se trouve…

L’Allemand s’interrompit brutalement, alors qu’il était sur le point d’avouer l’étendue de ses fréquentations. Freya devait bien se douter qu’il n’était pas un nouveau venu dans cette grande communauté anonyme, il s’y déplaçait avec trop d’assurance. Pourtant, il rechignait à concéder qu’il était tombé si bas. Une flamme brillait encore, là quelque part, assez de foi en l’avenir pour espérer laisser un jour derrière-lui cette allée mal-famée et tout ce qu’elle lui apportait. Mais ce jour-là, sa succube personnelle étendait trop profondément sa noirceur, jusque dans les plus petites de ses veines, jusque dans ses yeux qui brillaient de rage et de peur. Si seulement elle avait pu les voir, Freya aurait peut-être même douté de son identité. Sa voix gardait néanmoins ses accents familiers, alors qu’il exprimait son inquiétude dans un souffle.

— Mais qu’est ce que tu viens chercher ici ? Tu as vraiment besoin de… ça ?

Il désigna leur environnement d’un geste nonchalant. Les maisons dépareillées aux perrons couverts de boue, les rues aux pavés déchaussés, les passants aux visages hargneux et couturés de cicatrices. Que faisait Freya dans un monde obscène peuplé d’alcooliques et de mécréants ?
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyMer 2 Déc 2015 - 11:11

La façon hésitante de parler de Clemens ne faisait qu’accroître sa nervosité latente ; car ce n’était pas ainsi qu’elle se rappelait de lui. Le contexte et les années qui avaient filées entre eux devaient en être la cause, tentait-elle de se persuader. Car les autres silhouettes qui se hâtaient dans le Chemin, tentant de faire leurs achats le plus rapidement possible sans attirer l’attention, ne faisaient que renforcer ce sentiment étouffant de non-dits : comme si, l’un comme l’autre, tentaient de soutirer le plus d’information à l’autre sans en donner. Et cette impression était douloureuse, compte tenu du fait qu'il y avait eu une période de sa vie où elle avait absolument tout partagé avec lui, sans restrictions ni barrières.

« Ça va. »

C’était la vérité ; elle s’était presque toujours sentie à son aise dans l’Allée, car elle avait toujours eu un but précis et rationnel pour s’y déplacer. L’adrénaline avait fini par arriver, bien entendu, mais ce n’était pas pour elle qu’elle s’y rendait encore régulièrement – les défis intellectuels qu’on lui fournissait étaient bien plus intéressants que n’importe quelle autre activité. Ils lui permettaient de satisfaire son besoin de créer, d’expérimenter toujours plus loin ; de comprendre, tout simplement.

« Une ou deux fois par semaine » concéda-t-elle, car mentir serait ridicule étant donné qu’elle avait une clientèle – et parce que mentir à Clemens lui semblait être presque contre-nature. « Et toi ? »

Clemens était bien trop à l’aise pour être ici seulement pour un livre rare – ou alors, il aimait beaucoup lire. Habituellement, elle pouvait repérer ceux qui n’étaient là que ponctuellement ; ils brillaient par leur volonté de disparaître dans la foule, en devenant plus visibles encore. Et il n’était pas de ceux-là. Cela faisait suffisamment longtemps, à présent, qu’elle fréquentait l’Allée pour que son regard se soit accoutumé à ce genre de détails.

Mais il reprit vite la parole, l’empêchant de formuler sa question à ce sujet, et elle dut se contenter de tenter de dompter sa curiosité, comme toujours avec lui. Comme toujours lorsqu’elle était dans l’Allée, et que Sparrow prenait le dessus – sauf qu’elle avait du mal à la faire ressurgir, à la laisse prendre les commandes en face de lui. Surtout lorsque sa question était imbibée d’inquiétude pour elle. Hésitant brièvement à lui répondre, une légère tension ayant pris place dans ses muscles comme pour l’avertir de ne pas faire d’erreurs ; son regard, dissimulé sous cette cape, s’égarant vers son bras gauche.

« J’en ai pas besoin mais… Parfois, on ne s’adresse à moi que pour des stupides somnifères, mais la plupart du temps c’est pour des potions vraiment intéressantes. »

La voix un peu altérée par l’excitation, comme à chaque fois qu’elle parlait de potions ; un sourire s’étalait toujours sur son visage lorsqu’elle évoquait les différentes interactions que pouvaient avoir l’hellébore et la belladone selon le catalyseur utilisé, et pourquoi elle restait persuadée qu’un antidote à la lycanthropie demeurait faisable. Cela avait toujours été le cas, et ce dès la première année ; que ce soit des sortilèges ou des potions, créer lui permettait de compenser son immobilité. Parce que ce sujet la passionnait, et parce qu’elle y était douée.

« Et toi ? Tu vas souvent à ta… librairie ? » demanda-t-elle prudemment, peu désireuse de l’acculer.

L’incrédulité teintait sa voix, pourtant. Consciente que rien n’était ce qu’il paraissait, dans ces lieux. Ils portaient tous un masque, seule garantie de leur anonymat, et elle était bien placée pour le savoir – Sparrow était son masque, sa façon de se distancier de ce qu’elle voyait et faisait dans ces lieux sordides. Clemens en avait forcément un, lui aussi – un de plus à ajouter à sa collection.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyVen 11 Déc 2015 - 9:01

Freya était indéniablement aussi à son aise que lui dans cette Allée sordide. Plus le temps passait, plus Clemens réalisait que ses hésitations à elle faisaient échos à ses propres doutes. Elle ne savait pas comment se comporter face à un passé ressurgit de nulle part, à de nouveaux non-dits et à une situation à laquelle ne s’appliquait aucunes règles de connaissances. Dans ces ruelles mal famées, on n’avait pas d’amis, pas de connaissances. Les liens de cœur et les émotions n’étaient plus que des entrées vides de dictionnaires. Une faiblesse trop facile à identifier pour l’ennemi assez acharné à vous faire tomber. Cette simple entrevue, déjà trop longue, trop inhabituelle, les mettait tous deux en danger. Pourtant, l’Allemand n’avait aucun désir de l’écourter.

Il l’écouta en silence donner des réponses suffisamment crédibles pour paraître honnêtes. Freya ne lui avait jamais menti, certes, mais il restait incrédule de la découvrir sincère dans un tel endroit. À moins qu’elle ne joue précisément sur ce souvenir qu’il avait d’elle pour lui servir un bobard juste assez cohérent pour… Mais sa voix, elle, ne pouvait pas mentir. Ce trémolo passionné quand elle évoquait les potions, sa raison d’être, l’art qui faisait d’elle une sorcière si brillante, faisait écho à ses souvenirs. Clemens l’avait entendu si souvent durant leurs longues soirées d’échanges de connaissance, teintées de curiosité furieuses, faisant hommage aux ornements bleu et bronze de leurs écharpes. Son aisance en cours de potions venait d’elle, après tout, et non de Rogue dont l’attitude dédaigneuse et hautaine ne lui avait jamais inspiré que le souhait féroce de se faire passer pour un abruti.

— Tu n’as pas changé, alors. Mais qui sont ces gens qui veulent des potions si intéressantes ?

La question, douce et curieuse, avait dépassé ses lèvres avant qu’il n’ait même conscience de la poser. Comme souvent, Clemens se laissait accaparer par ces témoignages de passion, sentait une vague d’intérêt authentique prendre forme dans sa poitrine. Il avait envie de commander une Bieraubeurre au Chaudron Baveur et écouter la jeune femme raconter ses anecdotes. Un éclat de voix haineux l’attira à la réalité, et il chassa son interrogation d’un vague geste de la main. Il n’aurait pas du la poser, ne s’autoriserait pas à exiger une réponse. De plus, il avait laissé celle de Freya en suspens. Leur relation avait été marquée par une longue tradition de non-dits, qu’il n’était pas parvenu à lever, même par amour pour elle. Des années plus tard, il brûlait de lui expliquer qu’elle n’y était pour rien, que même ses sentiments animaux et incontrôlables pour Quinlan avait peiné à faire exploser ces barrières-là.

— C’est… irrégulier. Ça dépend de l’état de mes recherches, de ce dont j’ai… besoin.

Il n’avait auparavant jamais suspecté la présence de Freya sur la place. Rien ne disait néanmoins qu’elle n’était pas une habituée du lieu, peut-être savait-elle donc exactement ce qui se tramait à l’étage de la librairie. Clemens avait obtenu l’information par ses contacts dans le milieu, il ne savait pas dans quelle mesure la rumeur de ces duels courraient dans l’Allée. Depuis son entrée à Haveirson, il bénissait la couverture de ses vices, si pratiques pour justifier sa présence par un mensonge qu’on pouvait même vérifier. Mais cette petite silhouette connaissait son penchant pour les jeux en tous genres, son attirance déraisonnable pour le poker, alors qu’il n’avait que seize ans. Du regard, il se remit à chercher une échappatoire, avant que son masque ne tombe et ne se brise en une myriade de miroirs iridescents sur les pavés boueux de l’Allée des Embrumes.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyDim 13 Déc 2015 - 15:43

La question qui échappa à Clemens, juste avant qu’il ne la retire, la rassura – il avait longtemps suivi ses élucubrations, ses hypothèses bien trop ambitieuses pour une sorcière de seize ans, la soutenant et la canalisant dans ses réflexions. Son esprit avait toujours été bouillonnant, difficile à maîtriser, et les idées semblaient ricocher les uns sur les autres sans qu’elle puisse y avoir un quelconque contrôle ; et il avait été celui qui l’avait aidée à y mettre de l’ordre, peut-être même sans s’en rendre compte. Celui à lui donner assez confiance en elle pour qu’elle croie en ses capacités, en son talent. Et elle n’aurait sans doute pas une occasion de le remercier, de lui offrir quelque chose d’aussi important ce qu’il lui avait donné.

Elle hocha la tête à sa réponse, tentant de ne pas accorder d’importance à ses hésitations ; et pourtant elle se doutait qu’il n’y avait pas que cela. Qu’il cachait quelque chose de plus gros encore, comme lorsqu’il tentait de préserver jalousement ses secrets, dissimulés derrière des murailles si hautes qu’elle n’avait jamais pu les approcher. Pour qu’il refuse de l’évoquer devant elle, cela devait avoir attrait aux deux choses pour lesquelles elle l’avait vu se fermer ; sa famille, et cette façon déraisonnable qu’il avait eue de jouer et parier. N’avait-elle pas entendu des rumeurs sur des lieux de paris clandestins, sans qu’elle sache véritablement quelle en était la nature ? Croisant les bras contre sa poitrine, Freya soupira pourtant rapidement – la décision de ne pas le confronter à ce sujet avait été beaucoup plus simple à prendre qu’elle ne l’aurait cru. Vestige d’une habitude difficile à perdre avec Clemens, sans doute.

« Ce sont tes affaires, après tout. » Cela avait toujours été ses affaires. Elle n’y avait parfois pas eu de place du tout – et ces souvenirs trop douloureux pour qu’elle y replonge, même des années après. « D’ailleurs… »

Car cette discussion ne pouvait pas durer ; elle était bien placée pour savoir qu’une attaque était toujours possible, et rester ainsi immobile en plein jour n’était pas quelque chose qui la rassurait. La présence de Clemens, l’idée qu’il puisse être blessé dans un raid surprise la percutait soudainement, comme une pensée qui parasitait déjà son esprit depuis un moment avant qu’elle ne prenne conscience de son existence, pourtant déjà lourde et arachnéenne. Car le rythme de ses missions devenait de plus en plus intense, qu’elle peinait à concilier sa vie de façade à Haveirson – y avait-il un autre adjectif possible ? Elle y utilisait la bibliothèque et le laboratoire, dormait en cours et tentait d’avancer dans ses recherches lorsque sa Marque ne la brûlait pas, inquisitrice, réclamant sa présence – mais surtout à empêcher que ses vies n’entrent en collision.

Une collision brutale, contre-nature, qui ne pouvait entraîner que destruction et déceptions. Et cette rencontre en était déjà une première étape.

Pourtant, Freya ne se sentait pas en danger dans l’Allée ; Rowle passait régulièrement, comme pour veiller sur elle, pour s’assurer que les clients avaient conscience des risques qu’ils pourraient courir s’ils osaient lever la baguette vers elle. Clemens n’était pas protégé par les Mangemorts qui veillaient sur leur investissement ; et même si elle n’avait presque jamais douté qu’il soit capable de s’occuper de lui-même – à part peut-être en ce début de sixième année, lors que le jeu et les soirées avaient eu raison de sa patience – cette affection profonde qu’elle ressentait toujours la poussait à s’inquiéter.

« Tu fais attention, hein ? » lâcha-t-elle finalement, maladroitement. « Quoi que tu fasses dans l’Allée. »
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyDim 20 Déc 2015 - 18:30

Elle se referma dans une attitude de défense, et quelque part au fond de lui, Clemens en fut déçu. Freya était peut-être la seule personne à qui il aurait pu confier son vice, sans crainte de se faire juger. Elle connaissait sa passion dévorante, son intérêt pour le challenge et tout ce qui pouvait vibrer en lui à cette simple pensée. Sa fascination pour les potions les rendaient si semblables à cet égard et… Elle avait partagé avec lui ces sensations de chaleur, ces montées d’extase et l’esprit qui s’enflamme alors qu’ils touchaient du doigt le but tant convoité. L’Allemand se sentit hésiter, alors qu’elle balayait les questions si facilement. Ressentait-elle encore ce sentiment aliénant, au souvenir de la communion de leurs passions ? Ses doutes délitaient ses forces.

Le silence s’imposa une nouvelle fois à eux. Le brouhaha de la rue ne semblait pas pouvoir pénétrer leur bulle si intime, et si inaccessible à la fois. Il voulait croire que les passants ne les remarquaient pas plus, qu’il ne leur portait attention. Son regard était entièrement dédié à cette petite silhouette, trop fragile pour ce monde discordant, où il ne s’étonnait pourtant pas de la retrouver. Freya et Clemens s’étaient toujours surpris. Ils avaient toujours été trop semblables, jusqu’à se comprendre si bien qu’ils pouvait se séparer sans se haïr. Et se découvrir une nouvelle fois, avec presque autant de naturel qu’autrefois. Sa question lui arracha un rire sans joie. Haveirson était devenue si inhospitalière, que l’Allée des Embrumes dévoilait à ses yeux un confort suffisant pour l’appeler maison. Cette pensée le fit frémir.

— Mettre le pied ici est déjà l’antithèse de la prudence. Ce n’est pas la sécurité que je viens chercher ici, mais… la connaissance. Si ça peut te rassurer néanmoins, je n’ai pas l’intention de me faire tuer.

Le mensonge naissait du choix des mots, non de son intention. Sa voix, sarcastique au début, s’était adoucie au fil des syllabes, jusqu’à ne plus s’élever au dessus du tendre murmure. Même dans cet endroit sordide, la jeune femme semblait encore se soucier de lui. Une douce chaleur naissait dans son torse, étroitement touché par cette révélation maladroite. Clemens fit un pas en avant, réduisant leur compagnie à une véritable proximité, pour poser un pouce délicat sur sa joue. La tête légèrement penchée sur le côté, il observait l’amas de ténèbres qui cachait les traits de son ancienne amante. Leur différence de taille devait lui révéler la lueur ambiguë de ses yeux, où la flamme espiègle était absente. Il aurait tant voulu rabattre son capuchon, redécouvrir ses lèvres pleines et ses cheveux si joliment frisés. Finalement, il laissa retomber sa main, mais ne recula pas.

— C’est étrange, tu ne trouves pas ? Que ce soit précisément dans ces circonstances que nous nous retrouvions ?

L’ironie tendre de la situation étira le coin de ses lèvres en un demi-sourire. Si il avait du imaginer avec lequel de ses proches, anciens ou actuels, il aurait posé un pied dans l’Allée des Embrumes… Aucun. Aucun avec lequel il ne se serait pas senti mortifié, menacé de devoir jouer un rôle pour sauver sa vie et ses apparences. Son cœur noirci d’immoralité battait à tout rompre dans sa poitrine, chassant un sang noir et excité dans toutes les venelles de son corps. Jamais encore il n’avait brûlé tant d’être ici.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyDim 20 Déc 2015 - 23:57

Elle ne sut que penser de son rire, de sa réponse, ambivalente, à la fois douce et acide pour elle. Acide au début, vivifiée par le sarcasme qu’il y mettait, avant de faire reprendre vie à des souvenirs – à des intonations qu’elle avait crues être avalées par le temps et les années qui s’étaient écoulées.  Car c’était une façon de parler qu’il n’avait plus employée avec elle après leur rupture, quelque chose qu’elle avait cru être définitivement enterré comme toutes ces habitudes qu’elle avait dû perdre, de leurs débats enflammés à ses tentatives secrètes de regarder par les fenêtres, de se pencher un peu – sans jamais y arriver. Son vertige la rattrapait toujours.

Et pourtant, alors qu’il s’approchait vers elle, apposant son pouce sur sa joue, il lui démontrait que cela n’était pas aussi révolu qu’elle l’aurait cru. Son contact était brûlant car inattendu, et pourtant familier comme une caresse qui n’aurait jamais été achevée, laissée en suspens pendant des années. Sans savoir quoi faire non plus des battements soudainement douloureux de son cœur, du regard qu’elle devinait – qu’elle voyait, à présent, sous le capuchon de Clemens ; du rire, un peu bête à ses oreilles, qui s’échappa de ses lèvres alors qu’il lui parlait et souriait. Elle avait de nouveau seize ans et elle se sentait stupide.

« Tu me connais, je ne crois pas au destin »
répondit-elle avec un rire au creux des lèvres – car si une telle chose existait, elle se serait efforcée de la faire plier depuis un bon bout de temps. « Mais c’est vrai que je ne pensais pas que ça arriverait. »

Alors qu’elle suivait les exploits de Clemens parmi les Busards depuis Salem – qu’elle apprenait ensuite sa blessure comme elle aurait appris son propre échec, avec la même déception et la même rage, jamais elle n’aurait songé qu’ils pourraient un jour se tenir ainsi. Et même le fait d’être à Haveirson, de s’être retrouvés dans la même Confrérie n’avait pas suffi. Il avait fallu l’Allée des Embrumes et tous les démons que cela soulevait pour les rapprocher, et cette pensée suffit pour que Freya se rende compte qu’elle n’avait pas envie qu’il ressorte de sa vie.

Relevant machinalement son capuchon de sa main droite, juste de quoi dévoiler un peu son visage comme leur proximité lui dévoilait le sien, ses yeux noirs demeuraient inquisiteurs, liés aux siens sans parvenir à en être gênée. Sa main s’égara alors qu’elle la laissait retomber, hésitant à le toucher à son tour comme son corps semblait le lui réclamer ; serrant légèrement la mâchoire dans son hésitation.

« Tu m’as manqué »
avoua-t-elle finalement, abandonnant ces tergiversations stupides.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyLun 21 Déc 2015 - 0:50

En guise d’acquiescement, l’étudiant se contenta d’un clignement des yeux plus long que les autres. En effet, il la connaissait encore si bien après toutes ces années. Presque cinq ans s’étaient écoulés depuis leur rupture, mais leur foudroyante rencontre mêlait présent et passé avec virtuosité. Clemens était convaincu d’avoir changé, de n’être plus ce sportif superficiel si décrié du temps de Poudlard. Cet homme-là, Freya ne l’avait jamais vu. Première d’entre tous à voir au-delà des apparences, elle avait révélé en lui l’adolescent passionné et fasciné, pour qui limiter ne signifiait rien. Il l’avait aimée de toute la force de son cœur immature, en remerciement de ce qu’elle l’avait fait découvrir sur lui-même. N’était-ce pas la clé ? L’Allemand avait changé aux yeux des autres, mais pas des siens. Pour Freya, il était toujours Clemens Neubach, ivre de bourrasques et de métamorphoses.

— Je suis étonné de te connaître encore. Je me croyais changé et tu apparais, là, pour me prouver qu’il n’en est rien.

Un vague amusement flottait dans ses mots. Il était indécis entre une trace de malice et une rancœur personnelle. L’étudiant peinait à retrouver son identité, tiraillé par des changements trop brutaux, et des revirements de situation trop inattendus. Mais sa réflexion, déjà, se faisait chasser par leur proximité aux saveurs rassurantes. Il dominait Freya comme cela avait toujours été, sans jamais se sentir supérieur à elle. Il ne connaissait que trop bien l’intelligence de son regard et la vivacité de ses décisions, l’emportant brillamment sur ceux, trop simples, qui comptaient sur la force brute. Tout comme lui, Serdaigle enfiévrait son sang avec une vigueur que jamais on ne lui arracherait.

Le contact lui brûla la main, et lui vrilla les sens. Contrairement à ce qu’il eût pu craindre, Freya ne se déroba pas, mais dévoila ce visage qu’il se languissait tant de revoir. Leur échange avait duré trop longtemps sans ces repères familiers, et pouvoir enfin plonger son regard acier dans la sombre profondeur du sien, l’emplit d’une joie enfantine. Il n’en laissa rien paraître pourtant, trop intéressé par cette main qui s’approchait de lui mais éluda son geste avant la promesse d’un pacte renouvelé. Clemens ne distinguait plus rien d’autre que ce visage si doux, auquel se superposait maintes réminiscences d’un passé commun : Freya, pour qui grimper dans les gradins constituait déjà une preuve d’amour. Lui, qui l’observe à un mètre, occupé à détailler les ingrédients qu’elle lui commande d’une voix exaltée, alors que son expérience semble poindre vers le succès.

L’aveu le frappe, comme le coup assourdissant d’une batte dans un cognard, lors d’une soirée de tempête. Les souvenirs se mêlaient dans son âme tourmentée, aux émotions trop hautes en couleurs pour qu’il parvienne encore à toutes les distinguer. D’un geste spontané, trop rapide pour être rationnel, l’Allemand glissa une main dans le dos de la jeune femme et l’attira à lui. La fragrance de ses frisottis, si doux contre son menton, le faisait valser dans un passé plus douloureux qu’il ne l’avait jamais avoué. L’étudiant avait accédé à la rupture d’un commun accord, trop peu bercé dans les querelles pour en faire une scène. Souvent, ensuite, il s’était reproché de ne pas s’être battu pour elle. De ne pas avoir trouvé le courage de lui avouer ses secrets, de lui prouver à quel point elle avait compté pour lui. Il avait crue leur complicité perdue à jamais, et s’était réfugié dans l’illusion. Il avait fuit. Encore.

Une main timide vint caresser la tête de Freya, alors que l’autre serrait son corps contre le sien. Clemens soupira sous ce contact à la fois simple, léger et intense. Il sentait son cœur battre fort dans sa poitrine, ne doutant pas qu’elle devait le sentir à travers leurs capes, tout comme il sentait son souffle chaud s’infiltrer vers sa peau, juste au dessus de son col. Avant de moment dérobé, jamais il n’aurait cru que ses rires, ses idées farfelues et ses mimiques si particulières avaient pu lui manquer à ce point. En lui, quelque chose céda.

— Toi aussi… Mais je viens seulement de me rendre compte à quel point. Je n’aurais jamais du faire une telle erreur. Jamais.


Et au fond de lui, le barrage de sa tristesse, enfoui sous des colonnes de roches et de mensonges, explosa tous ses remparts. Des années de regrets et de mensonges déferlèrent sur lui en une prise de conscience sèche et brutale. L’Allemand tressaillit, mais ne brisa pas le silence, rendu muet par un présent révolu qu’il contemplait d’un passé trop réel.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyLun 21 Déc 2015 - 14:48

Il avait raison. Elle pensait aussi avoir changé depuis le temps, gagné en assurance ; elle avait fait son chemin et pris des décisions importantes, irrévocables, et pourtant, alors qu’il posait sa main sur son dos pour l’entourer de ses bras, tout lui semblait si naturel. Comme de vieux réflexes oubliés qui revenaient sans qu’elle n’y prenne garde, elle glissa ses mains sous la cape de Clemens, l’enserrant à son tour. Sans même y réfléchir, sans hésitation cette fois-ci. Les souvenirs saturés de sentiments et de bonheur qui l’envahirent alors ne faisaient que la conforter dans son geste, contribuaient à lui faire oublier dans quel endroit ils se trouvaient ; et les battements de son cœur qu’elle sentait contre elle, jumeaux des siens, la laissaient croire qu’il ressentait peut-être la même chose qu’elle à ce moment précis.

Ils avaient toujours eu cette facilité à se comprendre, à unir leurs esprits dans leurs réflexions, à s’adapter au fil de pensée de l’autre ; Clemens avait été bien plus que son premier amour. Il avait été son partenaire, celui qui parvenait à deviner ce qu’elle comptait faire pour avancer dans ses recherches avant même qu’elle ne le formule, celui qui l’aidait à voir les choses sous un autre angle alors que sa potion refusait d’obtenir la texture attendue. Et la main qu’il glissa dans ses cheveux lui rappelait autre chose – il avait été celui qui l’avait aidée à vaincre ses complexes les plus intimes, puissants. Il avait fait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui. Clemens avait été la personne la plus importante pour elle pendant des mois, une année entière, et même cinq ans plus tard il lui semblait toujours être impossible à éviter. Comme s’il suffisait qu’une rencontre les prenne par surprise pour qu’ils se laissent piéger.

L’idée qu’il puisse parler de leurs retrouvailles au sein de l’Allée des Embrumes comme une « erreur » la mit mal à l’aise. Elles étaient dangereuses et imprévisibles, et Freya sentait quelque part que tout pouvait découler de cette fracture entre ses vies ; et pourtant le danger ne semblait pas l’atteindre. Non, ce fut plutôt le véritable sens de sa phrase qui parvint finalement jusqu’à elle, la poussant à resserrer son étreinte, comme pour l’empêcher de lui filer entre les doigts une nouvelle fois. Oh, elle était celle qui était partie ; mais avec la sensation qu’il avait été le premier à l’exclure de sa vie. Et, quelque part, son aveu était ce qu’elle avait attendu pendant toute son adolescence ; que Clemens s’ouvre enfin.

« Je n’ai peut-être pas été assez patiente » concéda-t-elle pourtant.

Car Freya ne l’était pas, pas vraiment. Elle l’avait attendu pendant longtemps, espérant qu’il finirait par la laisser entrer véritablement dans son monde ; et au bout d’un moment, elle n’avait plus réussi à se contenter de la place qu’elle avait déjà, alors qu’il était tout pour elle. Elle avait eu besoin de plus, et il n’avait pas pu lui donner.

« J’aurais dû t’attendre plus longtemps. »

Elle se tenait toujours le plus loin possible des regrets, de ce qui pourrait l'empêcher d'avancer ; jugeant que le passé était révolu. Et pourtant il venait juste de briser cinq ans rien qu'en la serrant contre lui. Il aurait valu la peine qu'elle l'attende.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop EmptyLun 21 Déc 2015 - 21:20

Sans prévenir, une pensée affolante lui traversa l’esprit. En une ruée d’hypothèses changeantes et décousues, Clemens se demanda ce qu’il serait advenu de sa vie si, à la place de Erika, s’était trouvée Freya. Leurs ressemblances étaient si frappantes. Petites silhouettes trompeuses par leur fragilité apparente, elles étonnaient par leur vivacité d’esprit et leur force de caractère. L’une et l’autre savaient exactement de quoi elles voulaient leur destin fait, et rien ni personne ne s’était jamais mis en travers de leur route. Il avait exigé de la première trop pour ce qu’elle pouvait donner, comme un pacte, une volonté, de compenser ce que jamais, il n’était parvenu à offrir à la seconde. La prise de conscience le frappa si violemment qu’un tremblement traversa tout son corps.

Alors qu’elle parlait, à peine plus fort qu’un murmure, ses pensées volèrent vers d’autres conclusions. Ce qu’il serait devenu si, c’étaient ses mots qui avaient soutenu sa carrière, et non pas les exigences hautaines et calculatrices d’Erika. Comment il se serait relevé, si son première amante lui avait caressé le visage avec tant de douceur, lorsque pour la première fois, le monde de la conscience l’avait accepté à nouveau comme sien. La violence de sa réaction, en découvrant les yeux rougis de sa coéquipière, l’avait replongé dans un sommeil long de plusieurs heures, suffisamment pour qu’elle se décide enfin à quitter sa vie. Aurait-il accepté que Freya projette sur lui une détermination farouche, pour l’obliger à reprendre pied dans sa vie, à se chercher hargneusement un nouvel avenir ?

Mais jamais ils n’auraient connu ces retrouvailles, si inattendues qu’elles en étaient devenues brutales. Trop intenses pour ne pas faire fondre leurs masques d’adultes sans attaches dans un monde de mensonges. Clemens ne comprenait toujours pas pourquoi il étreignait ainsi son premier amour, lui soufflait les larmes d’un cœur autrefois brisé, dont il n’avait pourtant jamais pansé la blessure. Où étaient les causes ? Quelles conséquences étaient inévitables ? Ses secrets à lui et son impatience exaltée à elle se mêlaient en regrets communs pour une trame qu’ils auraient pu tisser ensemble. Leurs choix de vie auraient assurément été différents, et non tressés sous la lumière d’une fuite en avant, pour rencontrer l’avenir plus vite et se croire maître de son propre mouvement.

Ses aveux couraient sur sa peau comme une myriade de brûlures, s’engouffrant sous sa peau alors que quelque part au fond de lui, un instinct de survie se battait pour quitter cette dépendance. La perspective de se faire surprendre, de déraper vers un point de non-retour, pour peu qu’ils ne l’aient pas déjà atteint, faisait gronder une frustration sourde dans sa poitrine. Clemens aurait souhaité préservé ce moment, le laisser en suspens pour y revenir encore et encore, s'avouer ces confidences sincères et si tendres. Jamais encore ils ne s’étaient parlés avec tant d’honnêteté de ce qu’ils avaient ressenti l’un envers l’autre, de cette sournoise dépendance née de leur ressemblance. L’Allemand soupira faiblement, rechignant à laisser durer le silence, mais incertain quant aux mots à choisir pour le briser.

Était-il nécessaire de danser le ballet des regrets, de s’avouer ses fautes encore et encore, les paraphrasant jusqu’à l’écœurement pour essayer de soulager sa propre conscience, et de convaincre l’autre de sa propre responsabilité ? Depuis longtemps, déjà, il avait reconnu ses torts dans leur relation, bien qu’il ne les lui ait jamais avoué. Pas par couardise, mais par manque d’occasions de se parler encore. Poudlard eût-il été plus long, peut-être le temps aurait il permis à leurs fiertés blessées de cicatriser, et de se retrouver, enfin. Parés pour un avenir finalement inconnu, mais nourris de possibilités ensorcelées.

— Je viens ici pour jouer, Freya. Pour chercher l’anonymat et l’adrénaline qui me donne l’impression d’être au contrôle. D’être maître de moi-même et de mon avenir. Je m’enfonce toujours plus depuis l’accident. C’est une chute libre. Interminable et glacée. Personne ne le sait.

L’Allemand se pencha doucement vers l’avant, laissant glisser son menton le long de la chevelure frisée. Il descendit encore, jusqu’à ce que sa tempe puisse s’appuyer contre celle de Freya, juste à la limite de leurs capuchons. Il frémit une nouvelle fois, terrassé par cet aveu unique porté au-delà de ses lèvres d’une voix honteuse et lourde de douleur. L’aveu sonnait comme un glas, comme la nécessité de s’épancher à présent sur cette terrible succube qui, soir après soir, grignotait un peu plus de son être. De plus en plus nombreux étaient les yeux qui posaient sur lui un regard protecteur, inquiet tant de son devenir que de son maintien. Tous savaient qu’il avait chut, beaucoup se doutaient qu’il ne s’était pas encore entièrement relevé.

Pourtant, malgré leur horrible connotation, l’aveu avait aussi valeur de promesse. Tel un petit oiseau de cristal, léger et fragile, il s’offrait comme un cadeau unique, dévoilant sa finesse sous les yeux d’un propriétaire seul et unique. Clemens fermait les yeux, frémissant face à cet avenir sombre et meurtri dont chaque nouvelle lueur lui rappelait à quel point il était encore profondément enraciné dans son passé.
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