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 [Allée des Embrumes] Le mot de trop

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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop - Page 2 EmptyMar 22 Déc 2015 - 14:24

Le silence qui s’installa entre eux, provisoire et vacillant, ne la dérangea pas ; il lui laissait le temps de tenter d’apaiser la tempête d’émotions qui s’engouffrait en elle. Immobile contre lui, seulement perturbée par les battements incessants et désorganisés de leurs cœurs, les bruits lugubres et ponctués d’exclamations de colère parfois lorsqu’un client se jugeait spolié, au loin, venant de la place qu’ils avaient quittée – deux choses très habituelles pour elle, qui auraient pourtant dû rester séparées par cinq années. Mais c’était peut-être ce gouffre qui leur avait permis de prendre le recul nécessaire à ce qui avait été une histoire d’amour adolescente et immature, brûlante comme l’étaient toujours les émois à cet âge-là. Sans aucune limite ni aucun contrôle possible.

Lorsqu’il le rompit enfin, Freya n’avait toujours pas réussi à démêler ce qui relevait des souvenirs trop intenses pour disparaître et des braises qui étaient restées longtemps après la mort des flammes. L’aveu visiblement douloureux qu’il lui faisait lui donna l’impression étrange d’une confrontation entre ce qu’elle avait pu voir chez lui à seize ans et l’homme qu’il était devenu ; mûri par la prise de conscience de l’existence d’un problème avec le jeu. Et elle ne pouvait pas dire qu’elle n’avait pas soupçonné que Clemens était toujours tiraillé par ses anciens démons lorsqu’elle l’avait croisé dans cette place, pourtant la confirmation de ses hypothèses n’avait pas le goût de victoire habituel, attendu et recherché à tous prix ; même la dernière phrase ne parvenait pas à atténuer ce goût amer, en dépit de ce qu’il lui offrait. Un cadeau qu’elle chérissait pourtant déjà.

La réponse ne lui vint pas tout de suite, muselée lorsqu’il se pencha vers elle, caressant son visage jusqu’à ce que les tempes se retrouvent l’une contre l’autre et qu’un frisson lui parcoure la nuque. Fermant les yeux, tentant d’emprisonner cet instant pour qu’il ne soit jamais dénaturé par le temps, elle releva cette main qui avait hésité un peu plus tôt à franchir la distance entre eux pour l’appuyer doucement sur la nuque de Clemens, son pouce apposé sur la ligne de sa mâchoire.

« Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? Enfin – je suis peut-être pas la mieux placée, vu comment on s’est retrouvés, mais… » murmura-t-elle, hésitante.

Mais cette année commune, cette affection qu’elle n’avait jamais perdue pour lui, cette rage qu’elle avait ressentie en comprenant qu’il ne pourrait sans doute plus jamais réaliser les rêves qu’elle avait vu naître en lui – une seule de ces raisons auraient suffi pour qu’elle souhaite à tous prix lui apporter son soutien, quelle que soit la façon dont il le réclamerait.

« Mais je comprends » acheva-t-elle finalement.

Comment aurait-elle pu ne pas comprendre ? L’ivresse des défis auxquels on la soumettait, la recherche effrénée des solutions pour parvenir à ses fins avaient toujours eu un effet galvanisant pour elle. Si, adolescente, elle ne comprenait pas pourquoi Clemens s’était perdu dans cette recherche de contrôle et d’adrénaline, l’adulte pouvait l’envisager.
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop - Page 2 EmptyMar 22 Déc 2015 - 22:31

La glace s’insinua dans ses veines, prenant la place du sang encore chaud et battant au contact de Freya. L’écho de ses propres mots manqua de le plonger dans une torpeur houleuse. Son penchant avait grandi avec elle. Non pas à son contact, car son esprit était trop excitant pour le faire se tourner vers une quelconque distraction, mais elle lui avait enseigné l’excitation mentale. Cette adrénaline doucereuse, sans risques, qui rend ivre la tête sans toucher au corps. C’était presque un combat de paresseux, que l’on pouvait dérouler dans un fauteuil sans jamais devoir craindre de ressentir la douleur. Clemens avait découvert cette sensation avec elle, et l’avait recherchée partout où elle pouvait exister, jusqu’à la retrouver dans le jeu. Là où son intensité devenait extrême, là où le danger frôlait le plaisir.

Il ne l’avait jamais assumé.

Même ses amis les plus proches ne se doutaient en rien de l’ampleur de sa perdition. Tous auraient été choqués — il l’espérait — de le découvrir dans l’Allée des Embrumes, ce rictus terrifiant sur le visage. Clemens n’était plus aimant, ni protecteur, il devenait amer et cynique. Il jouait d’une puissance mensongère, poudre aux yeux convaincantes pour les inconnus, symptôme d’un mal profond pour ses amis. L’Allemand savait qu’ils essaieraient de le tirer de là, si il avouait. Il était persuadé qu’il pouvait quémander leur aide pour se tirer des griffes de sa succube personnelle.

Mais la vérité venait de lui exploser en plein visage. Il n’assumait pas, car il aimait ça. Il ne pouvait se résoudre à avouer, parce que sa volonté ne cherchait pas à le faire arrêter. Elle voulait plonger, toujours plus profondément, dans cette terre huileuse et malodorante où il pouvait se délecter de sa propre maîtrise. L’anonymat rendait les paris aussi rassurants qu’ils n’étaient exaltants. S’il chutait à nouveau, personne n’en serait témoin. Personne ne s’en soucierait de toute façon. En ça, l’Allée des Embrumes devenait pour les âmes telles que les leurs une véritable réserve de douceur. Le jugement, tant honnis, restait banni aux limites du Chemin de Traverse pour leur permettre, dans la foule, de préserver leur individualité.

Le doux contact dans sa nuque fit fondre la glace qui le pétrifiait. Freya pouvait comprendre. Et même plus que cela, car leurs sensations étaient nées ensemble, elle pouvait ressentir. Elle ne percevait pas son attrait pour le jeu comme un vice, une tare qu’il faudrait absolument soigner pour faire de lui un homme banal. Elle voyait dans ses yeux ce qu’il ressentait au plus profond de lui : il était le jeu. Il en avait besoin, tout comme elle avait besoin de l’exaltation lorsqu’une potion particulièrement difficile se révélait être un chef d’œuvre. Clemens la serra un peu plus contre un lui, dans une étreinte aux saveurs d’euphorie, teintée de désespoir.

— Je suis… soulagé de te l’entendre dire.

Il s’écarta doucement, sans briser le contact, mais pour retrouver la brillance de son regard.

— J’ai construit mes journées, après l’accident, sur la fuite et la honte. J’ai cherché des échappatoires. Mais te revoir, précisément ici, me fait comprendre que je n’ai pas chuté en mai dernier. C’est simplement ce que je suis. Je ne peux fuir de moi-même. Pourquoi devrai-je avoir honte ? Qui a le droit de m’imposer la honte de ce qui me fait vibrer ?

Sa voix était redevenue plus forte, plus brisante, plus bestiale. Une lueur dévorante brillait dans ses iris bleutées, passionné par cette compréhension soudaine. Des mois à Haveirson, à prendre des chemins parfaits et bien délimités, à chercher à se détacher de l’adolescent superficiel pour devenir un adulte profond et posé. Pourtant, il n’était aucun de ces deux extrêmes. Il était un hybride entre la soif de puissance, l’exaltation et une indépendance perdue. Si il avait vécu les liens comme une apothéose, une renaissance, il réalisait à présent à quel point étaient rares ceux qui comptaient vraiment pour lui. Clemens pouvait tous les nommer sur les doigts d’une main, et ils partageaient une caractéristique commune… Celle-là même qui expliquait pourquoi il se tenait ainsi enlacé, cinq ans plus tard, avec Freya Nightingale.


Dernière édition par Clemens Neubach le Mer 23 Déc 2015 - 11:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop - Page 2 EmptyMer 23 Déc 2015 - 0:21

Cela avait toujours été en lui. Et Freya le savait alors que son pouce caressait sa joue, que son regard se liait au sien ; elle le savait depuis cette sixième année, où l’adolescente n’avait pas compris, n’avait plus supporté – avait refusé de l’attendre. C’était une part de lui-même qu’il ne pourrait jamais rejeter comme elle et ses potions, et ce n’était sans doute pas pour rien que c’était dans l’Allée qu’ils s’étaient croisés à nouveau. Elle avait plongé dans ce qu’elle lui avait reproché sans même s’en rendre compte, se glissant avec tant de facilités dans ce monde d’adrénaline et de recherche de défis intellectuels que cela ne pouvait qu’être quelque chose qui l’avait toujours sagement attendue. Elle avait perdu le dessin pour trouver ça.

Elle ne le regrettait plus. Le deuil n’était pas tout à fait consumé encore, elle gardait un espoir ténu de pouvoir à nouveau remplir les carnets comme elle le faisait autrefois – mais elle en doutait. Trop de choses s’étaient passées, et une partie d’elle-même avait été engloutie dans les pavés mouillés de brume de l’Allée, dans les cliquetis des pièces qui s’entrechoquaient lorsqu’elle les recomptait minutieusement. Cette part d’elle-même ne reviendrait pas, elle en était pratiquement persuadée. Alors lorsqu’il se demanderait qui aurait le droit de lui imposer quoi que ce soit, la réponse de Freya était évidente.

« Pas moi. »

Et son affirmation était sincère, même si ce côté de Clemens l’effrayait autant que Sparrow, qui sommeillait en elle, l’effrayait parfois. Il ouvrait des perspectives si infinies qu’elle en avait parfois le vertige, ironiquement – car le seul endroit où elle ne l’avait jusque-là jamais ressenti, c’était bien dans l’immensité de son esprit et de sa créativité. Dans ces possibilités qui s’offraient à elle parce qu’elle ne s’imposait aucune limite, aucun carcan qui auraient pu la brider et l’empêcher de tout appréhender – et de tout maîtriser.  De tout faire plier.

Peut-être qu’elle n’avait tout simplement pas été prête, qu’il avait avancé plus vite qu’elle lors de leur sixième année. Et qu’elle avait enfin une opportunité de rattraper le temps qu’ils avaient tous deux gâchés. Mais, quoi qu’il en soit, jamais elle ne lui avait imposé quoi que ce soit ; même lorsqu’elle se sentait exclue de sa vie, qu’elle ne supportait plus de ne pas comprendre pourquoi il lui cachait tant de choses sur lui alors qu’elle aurait tout accepté sans même ciller. Et Freya portait désormais tant de secrets, à son tour, qu’elle ne pouvait avouer à personne, qu’elle commençait enfin à comprendre ce besoin de non-dits.

« Je ne vais pas commencer maintenant. »

Elle avait toujours encouragé ce qui pouvait faire vibrer Clemens, l’entraînant dans cette quête intellectuelle sans fin – tentant, à chacun de ses matchs, de monter plus haut dans les gradins, de le regarder plus longtemps sans avoir ce besoin irrépressible de cacher ses yeux dans ses mains, juste le temps de s’assurer que ni lui ni elle n’allaient tomber. Puis d’ouvrir les yeux à nouveau, plus rapidement à chaque fois. De ne pas s’inquiéter lorsqu’il tombait vraiment ou se blessait, de le croire lorsqu’il lui affirmait que tout allait bien. Elle l’avait toujours encouragé à dépasser ses limites comme elle tentait de dépasser les siennes pour lui.

Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait le brider. Elle ne lui imposerait jamais ça – elle en avait sans doute plus peur encore que du vide. Son vertige pouvait être affronté, repoussé parfois. Pas cette peur qu’on l’entrave un jour.

« Tu ne serais pas toi, sinon. »

Elle souriait en disant ça, plaisantant à moitié – car elle demeurait fascinée par la lueur qui brillait dans le regard de Clemens comme elle l’avait été lors de leur cinquième année. Lorsqu’elle s’était rendue compte qu’il cachait tant de choses en lui qui n’attendaient que d’être exploitées ; un potentiel immense qui sommeillait. Une lueur qu'elle voyait d'un peu trop près pour ne pas être troublée, enfiévrée par leur proximité – car elle sentait son cœur battre à en devenir lancinant, comme s’il prenait soudainement beaucoup trop de place dans son torse. L'hésitation était insupportable. Alors elle attira Clemens à elle, effleurant l'arrête de son nez avec ses lèvres pour venir embrasser sa pommette, son pouce suivant la ligne de sa mâchoire.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop - Page 2 EmptyMer 23 Déc 2015 - 11:37

La question était rhétorique, mais entendre la confirmation de son intuition fit naître en lui une nouvelle vague de chaleur. Bien sur, Freya ne voudrait rien lui imposer, elle ne l’avait jamais fait, même lorsqu’elle était encore incapable de comprendre la ferveur qui le consumait. Clemens voyait encore son regard, peiné et distant, caresser son expression butée lorsqu’il refusait de se conformer. Chaque fois, elle avait cédé, le laissant prendre un peu plus de distance, sans jamais exiger qu’il ne revienne. Aucun d’eux n’avait jamais essayé de se retenir, de consolider les éléments de leur relation qui persistaient à se décomposer. Ils avaient été trop ivres de liberté et d’indépendance.

Pourtant, il ne parvenait toujours pas à cerner l’intensité de leurs retrouvailles. La surprise, doublée de crainte à l’idée d’être reconnu, lui avait provoqué un choc. Son instinct de survie, agressif et violent s’était relevé avec vigueur, comme lorsqu’il avait retrouvé Lawrence, puis Aleksandrina. Eux aussi avaient été proches, dans une certaine mesure. Lawrence, avec ses addictions et ses manigances, son caractère trop brûlant et trop fier ne se différenciait de lui qu’en son caractère de Gryffondor. Aleksandrina, elle, était trop humaine pour le suivre sur la pente de ses déboires, mais sa profonde affection pour lui l’y aurait accompagné pour le soutenir sans défaillir. Clemens les avait néanmoins chassés loin de son cœur embrumé et profond, jouant un rôle délicat, changeant de face aussi rapidement que nécessaire pour les perdre dans leurs conclusions. Seule Freya parvenait à voir, là où les autres demandaient. Elle comprenait sans s’attacher, alors que ses proches s’accrochaient avec l’énergie du désespoir pour ne pas perdre l’homme qu’ils croyaient connaître du quotidien.

Le lien à travers la distance. Là était la vraie valeur. Il comprit pourquoi la jeune femme lui était si précieuse au moment où elle formulait sa promesse. L’Allemand sourit bien malgré lui, grisé par ce développement inattendu et si puissant, dont les rebondissements faisaient échos aux battements toujours fous de son cœur. Sa poitrine lui faisait mal, tant la reconnaissance de son droit à se complaire dans un monde pervers le rendait avide de ces nouvelles possibilités. Ils n’avaient plus besoin de rester seuls dans leurs secrets. Le besoin de liberté flamboyait certes ardemment dans son regard, mais malgré ça, il se réjouissait de l’abandon de sa solitude. Grâce à Freya, il comprenait que indépendant ne signifiait pas esseulé.

— Peu sont capables d’accepter qu’il existe en ce monde des êtres qui ne peuvent pas entièrement se conformer. Illégal n’est pas forcément immoral.

La traction le surprit, rendant leur proximité si intime déjà, encore plus exiguë. Il sentit la fièvre passionnée de Freya, encore amèrement contrôlée contre son visage, contre son torse. Son contact le fit frémir, il se mordit la lèvre, sentant son esprit s’emballer sous le désir soudain qu’elle éveillait en lui. Les moments volés, trop rares de leur passé commun grondaient sous sa peau, appelant ses mains à redécouvrir le contact soyeux de la jeune femme, son odeur enivrante que leurs souffles conjugués rendaient impossible à ignorer. Clemens émit un gémissement de frustration et se redressa, hors de portée.

Les yeux fermés, il referma ses bras autour d’elle et la serra à nouveau contre son torse. Ce jeu-là était tout autre, même si sa familiarité n’avait d’égale que sa jouissance. Le sang battait à ses oreilles, trop fort pour être ignoré, brisant les assauts répétés de sa raison pour reprendre le contrôle. En sortant de l’Allée des Embrumes, l’Allemand s’étonnait souvent de constater à quel point l’adrénaline pouvait faire écho chez lui à des sensations toutes autres. Bien plus terre-à-terre, beaucoup plus violentes, car diaboliquement passionnées. Le regard brûlant de Quinlan flottait devant ses yeux clos. Passion égalait-elle amour ? Où commençait la dépendance ? Il gronda une nouvelle fois, de ce feulement bas et guttural, si commun chez lui lorsque passion et raison entraient dans un combat de loups enragés.

— Sortons d’ici.

Il chutait encore. Il devait reprendre pied, mais toutes ses accroches semblaient se refuser à lui. Clemens glissa une main entre les doigts de Freya et s’écarta brusquement, l’entraînant derrière elle à travers l’Allée, en direction d’une échappatoire. Loin du Chemin de Traverse, loin de tous visages connus. À l’opposé de cet air vicié et pervers, où se mêlaient éros, convoitise et sensualité gâchée.
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MessageSujet: Re: [Allée des Embrumes] Le mot de trop   [Allée des Embrumes] Le mot de trop - Page 2 EmptyMer 23 Déc 2015 - 21:27

La distance qu’il mit entre eux lui parut froide et glaçante, au début. Blessée qu’il s’échappe ainsi, d’avoir été trop présomptueuse – car rien ne lui garantissait que ce qu’elle avait cru déceler en Clemens était bien un désir jumeau du sien, ravivé par leur rencontre.  Mais il s’empressa de la serrer à nouveau contre lui, l’entourant de ses bras, et la chaleur de son corps apaisa immédiatement son orgueil blessé. L’enlaçant à son tour, elle demeura immobile, les yeux clos pour tenter d’oublier ce que son soudain recul lui avait rappelé ; ils n’étaient pas dans un endroit propice à ce genre de démonstration d’affection, à ces débordements émotifs et incontrôlables.

L’Allée dépravait tout, rendait le moindre sentiment vain et vulgaire – et l’Allée s’était rappelée à elle, par sa brume, ses injures et ses exclamations de colère. Être blottie contre Clemens ne lui faisait plus véritablement oublier où elle était et pourquoi elle s’y était rendue dans un premier temps ; lui remémorant assez abruptement pourquoi elle ne pouvait plus partager d’intimité avec qui que ce soit. Car le fond de teint qui recouvrait habilement son tatouage, sa Marque, n’était sans doute pas assez résistant, menaçant de laisser apparaître la trace rouge à n’importe quel moment. Elle devait véritablement trouver un moyen de la dissimuler avec efficacité, sans craindre qu’elle n’apparaisse car le Maître la faisait appeler ou parce qu’elle avait frotté son bras par inadvertance.

La proposition de Clemens coupa court à ses réflexions, et sa façon de l’entraîner sans même lui demander son avis, pressé par l’urgence et les émotions presque animales qui semblaient l’animer depuis qu’elle avait embrassé sa pommette, la laissa dubitative au début. La peur de se retrouver dans une situation qui l’obligerait à fuir avant de dévoiler ses avant-bras ne demeura pas longtemps, pourtant ; rapidement étouffée par la curiosité dévorante qui prit le dessus. Car elle voulait voir où il comptait l’emmener, et cette dose d’inconnu avait quelque chose de plus enfiévrant encore.

« D’accord. »

Les joues rosies par la perspective d’être surprise, de demeurer un peu plus longtemps avec lui dans cette parenthèse qui s’ouvrait dans sa vie, sans avoir aucune garantie du lieu dans lequel elle prendrait place et de sa durée – un sourire un peu ébahi étirant ses lèvres. L’adrénaline qui s'était répandue dans ses veines était désormais créée par un autre sentiment que celui, battant et brûlant à ses tempes, qui l’avait envahie à partir du moment où il avait caressé son visage ; l’ivresse de la découverte et des escapades arrachées au temps qu’il lui offrait à présent. Et elle suffisait amplement pour qu’elle accepte de le suivre. Quel que soit l’endroit où il désirait l’emmener.

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