[Mission de l'ordre] le silence est d'or

Les choses tournaient mal. Des créatures avaient commencé à les attaquer. Amaranthe avait été blessée. Dean était intervenu pour la dégager de la créature qui s'attaquait à elle et s'était positionné entre elle et la porte, afin de lui laisser le temps de reprendre sa baguette pour faire face à d'autres créatures, s'il y en avait. Son intervention avait été bien bruyante mais la sécurité de la jeune femme comptait avant la réussite de la mission. Cela dit, le bruit qu'il avait engendré avait été plus ou moins contenu dans la pièce dans laquelle ils se trouvaient.

Quoi qu'il en soit, il se tenait prêt à intervenir à nouveau. Mais ce ne fut pas la peine. Rogue réagissait à la situation. Il fit disparaître la créature qui lui faisait face d'un simple Finite Incantatem, et s'empressa de fermer la porte d'où provenaient ces créatures. Dean n'avait pas pensé au fait que ces créatures pouvaient ne pas en être et n'être finalement que des projections magiques. En ce cas, son action n'avait pas été choisie judicieusement. Hélas, il était trop tard pour faire marche arrière, et le professeur de Poudlard était déjà en train de l'enguirlander. Le français laissa couler le sermon que leur faisait le plus âgé du groupe pour aller aider Amaranthe à se relever. Il vit sa blessure. Il appliqua un sort de soin de base afin de faire se cicatriser la blessure. Il lui demanda "Ça ira ?" avant de l'aider à se relever. Il s'attarda alors à nettoyer le sol de la moindre tâche de sang de la jeune femme. Il n'était pas question de la laisser ne serait-ce qu'une trace de leur passage.

Rogue remit la pièce en état pendant que les jeunes se regroupaient. Il étala les livres de la table sur le sol afin de les examiner. Ils repérèrent tous celui qu'ils recherchaient. Le but de leur visite nocturne au Ministère, l'objectif de cette mission. Un vieux grimoire parlant du joyau de Sherwood. Rogue se mit alors à dupliquer l'ouvrage. Lorsque ce fut fait, Dean agita sa baguette pour remettre les livres en pile sur la table.

L'étape qui leur restait n'était pas des moindres. Ils devaient ressortir du Ministère toujours sans être vus par les Aurors qui étaient de service. Malheureusement, l'abraxan n'avait aucune connaissance des artères qui composaient le siège du gouvernement magique britannique. Il n'y avait pour ainsi dire jamais mis les pieds. Il fit basculer son sac de son dos pour y mettre l'ouvrage que lui tendait l'enseignant. Il en profita pour jeter un œil sur ce qu'il lui restait comme artefacts pour les aider à s'en sortir. La première utilisation n'avait pas plu à l'homme de dix-sept ans son aîné. Mais le jeune homme continuait de croire qu'ils n'auraient jamais réussi à passer la ronde des Aurors du hall autrement. Ils étaient à leur recherche, sûrement, mais ils ne les avaient toujours pas vu. C'était bon signe. Avec un peu de chance, ils auront le temps de ressortir avant même de les croiser. Il demanda aux deux autres :

- L'un de vous sait comment ressortir d'ici ?

La maison des Aislinn n'était clairement pas une option de sortie. Cela impliquerait directement Amaranthe, et personne ne voulait ça. Il devait bien y avoir un autre moyen de sortir d'ici sans utiliser le réseau des cheminées, non ?

Amaranthe indiqua qu'ils devaient retourner au rez-de-chaussée pour prendre la sortie des visiteurs. Et qu'il était plus prudent d'emprunter les escaliers. Le jeune homme ne pouvait lui donner tort. Les ascenseurs étaient sûrement surveillés à l'heure actuelle, et c'était déjà sacrément osé de les avoir empruntés pour aller vers le Département des Mystères. Ils allaient sûrement rencontrer des difficultés rien que pour se rendre au rez-de-chaussée sans se faire prendre par les Aurors. Ces derniers devaient être à leur recherche depuis la distraction du hall et, étant donné le temps qui s'était écoulé depuis, leur étau devait se resserrer sur eux à vitesse grand V.

Amaranthe rouvrit les deux portes et ils disparurent tous les trois en moins de temps qu'il fallait pour le dire. Littéralement. Ils se métamorphosaient pour paraître invisibles - ou presque - aux yeux non avisés qu'ils risquaient de croiser. Cela avait déjà fonctionné auparavant, et risquait de continuer à fonctionner pour un bout de temps. Ils commencèrent à avancer dans les couloirs, l'air alerte. Ils devaient se tenir prêts à agir rapidement. Ils n'auraient, à aucun instant, le droit à une seconde chance. S'ils se loupaient, ils iraient aux devants de gros problèmes, très gros problèmes. Bref, l'hésitation ne devait plus être connue d'eux. Ils ne pouvaient pas se le permettre. Le seul avantage qu'ils avaient, c'était leur camouflage. Et même ça, ce n'était pas évident. Les Aurors pouvaient facilement voir leurs contours déformer le décor derrière eux. Ce sort avait ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Heureusement, la pénombre dans laquelle était plongée le Ministère au cours de la nuit jouait en leur faveur.

Ils avançaient dans les couloirs en direction des escaliers. Dean fermait la marche. Il marchait à une certaine distance de ses deux comparses. Il ne voulait pas prendre le risque de les percuter dans leurs péripéties jusqu'au rez-de-chaussée. Hélas, garder cette distance de quelques mètres joua contre lui. Alors que Rogue et Ama s'engouffrèrent dans les escaliers, il aperçut une lumière intense provenant du couloir perpendiculaire. Cette lumière était si intense qu'elle devait provenir de plusieurs Aurors qui faisaient une ronde ou cherchaient les intrus. Une telle intensité pouvait laisser penser qu'ils étaient au nombre de trois. Il ne pouvait rejoindre les escaliers sans être vu, même avec le camouflage. Il devait se débrouiller autrement. Il n'avait pas le temps de réfléchir. Il revînt sur ses pas alors que les policiers magiques avançaient dans sa direction. Il ne savait pas s'il pouvait user d'un autre sort de métamorphose pour amoindrir le bruit de ses pas, les rendre plus cotonneux. Il ne voulait prendre aucun risque. Et il ne savait pas si ces sorts étaient compatibles, ni même si l'état de stress dans lequel il était lui permettrait de cumuler les deux. Il se mit alors à courir, décidant qu'il devait les semer coûte que coûte.

Les bruits de ses pas résonnaient et il entendit les Aurors se mirent à courir également. Il avait l'avantage d'avoir pris de l'avance et, lorsqu'il arriva à une intersection de douze portes, il en ouvrit une au hasard et pénétra dans la pièce. Elle était bien particulière. Il y voyait une grosse horloge au fond. Et une multitude d'armoires et d'étagères sur lesquelles étaient posés de nombreux objets magiques liés au temps. Il avança dans la pièce. La probabilité pour que les Aurors ouvrent cette porte était d'une chance sur quatre. C'était élevé. Et la loi de Murphy voudrait qu'il en soit ainsi. Il s'engagea donc dans la pièce, histoire de pouvoir se cacher aux yeux de ceux-ci, même si de simples sortilèges de révélations de présence leur suffiraient à le choper. Il ne savait que faire. Il commençait à paniquer. Il sentait l'étau se resserrer sur lui, il savait ce qu'il l'attendait. Il se tenait prêt.

Quand soudain, la porte s'ouvrit. Il gardait sa baguette à la main. Il n'hésiterait pas à s'en servir. Il ne pouvait pas être attrapé. Il savait ce qu'il adviendrait de lui s'il était capturé, s'il était arrêté par les autorités. Une effraction au Ministère serait très sévèrement punie d'un séjour à Azkaban, il en était presque sûr. Il pris une grande inspiration, gardant sa baguette à la main. Il reculait ... et rentra dans une armoire. Celle-ci s'ouvrit en déversant son contenu sur le jeune homme. Il était surpris. Et il entendait des bruits de pas qui arrivaient vers lui. Il n'avait que peu de temps pour réagir. Ce fut à ce moment-là qu'il le sentit. Ce drôle de médaillon qui recouvrait sa tête. Il était tout à fait semblable à ceux qui se trouvaient tout autour de lui, jonchant le sol. Il savait ce que c'était. Il avait déjà croisé cet artefact dans un livre. Il s'agissait de Retourneur de Temps. Ni une, ni deux, il fit glisser la chaîne autour de son crâne, puis autour de son cou et fit faire rapidement un tour au sablier. Il se sentit alors happé dans les entrailles du temps. Et il se retrouva une heure auparavant, dans la même pièce, toujours allongé au sol.

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Tout était sombre. Il essayait de se souvenir ce qu'il faisait une heure avant. Il n'était pas encore arrivé au Ministère. Il avait du temps. Il devait se cacher, se débrouiller pour éviter que sa situation ne se reproduise encore. Il se releva et se dirigea vers l'extérieur de la pièce. Il devait faire quelque chose. Il tournait et tournait dans ce neuvième étage du ministère. Il regardait et mémorisait comment étaient faits les lieux. Il cherchait un moyen de pouvoir se sortir de sa future déconvenue. Il cherchait, il cherchait, sans cesse. Ce n'était pas facile, vraiment. Et il n'était pas vraiment expérimenté avec le voyage dans le temps. Il ne savait pas vraiment comment cette période de dédoublement se terminerait. Il se souvenait qu'en aucun cas il devait se faire voir de soi-même. Ce fut d'ailleurs en se rappelant ce détail qu'il jeta un œil à sa montre.

Il se dirigea vers les ascenseurs. Amaranthe, Rogue te lui-même ne devraient pas tarder à se montrer. Et c'est ce qui arriva. Un ascenseur fit un arrêt à cet étage juste avant de repartir. Il savait qu'ils étaient descendus et quel couloir ils avaient emprunté, même si avec la distance il ne pouvait les voir. Il se dirigea vers les escaliers très rapidement. Il n'avait plus que quelques minutes, et il devait trouver une distraction pour les Aurors, pour leur gagner du temps. Il se rendit au septième étage. Il se souvenait avoir lu dans l'ascenseur que c'était l'étage des sports magiques. Il avait une idée. Il s'y hâta. Il se dépêchait. Le temps jouait contre lui, c'était une véritable course contre la montre.

Une fois à l'étage, il fallait encore trouver ce qu'il voulait. Heureusement que c'était indiqué, notamment pour que les visiteurs puissent s'y retrouver. Il cherchait la réserve, là où ils stockaient tous les nouvelles et anciennes balles de Quidditch, que ce soit les Souaffles, les Cognards ou les Vifs d'or. Et ce qui intéressait le jeune homme, c'était surtout les deuxièmes de cette courte liste. Ils feraient suffisamment de désordre pour leur offrir du temps, pour lui offrir du temps. Il brandit sa baguette et libéra autant des dangereuses balles qu'il le pouvait. Il s'enfuit alors en courant, repartant vers les escaliers. Il monta les marches jusqu'au pallier suivant et resta là, à observer ce qui se passait. Et effectivement, les Aurors arrivaient tous en trombe. Ils ne comprenaient pas ce qu'il se passait, quel était ce vacarme au septième étage. Et leur réaction valait le détour. Ils criaient, balançaient des ordres, la situation ne serait pas facile à gérer. Dean reprit la direction du Département des Mystères. Il y arriva. Il avait vu les trois Aurors qu'il devait croiser partir dans le désordre du septième étage. Ils ne seraient pas là à le déranger.

Il pénétra à nouveau dans le neuvième étage. Il commença un tour. Il savait quel chemin il devait suivre, qu'est-ce qu'il devait faire. Son plan était tout fait. Il se tenait prêt. Il vit passer Amaranthe puis Rogue. Il entendit la porte de la cage d'escaliers s'ouvrir. Ce fut à ce moment très précis qu'il alluma sa baguette, tel un Auror qui ferait une ronde ou chercherait un rôdeur. Il avança, intensifiant la lumière, alors que la porte des escaliers se refermait. Il s'entendit se mettre à courir plus loin. Il continua son stratagème, se mettant à courir après ... lui-même. Il ne s'arrêta pas, jusqu'à rentrer dans la salle du temps. Il s'entendit percuter l'armoire et il se mit à courir vers l'endroit où elle se situait.

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Lorsqu'il arriva, il ne voyait plus que des dizaines de Retourneurs de Temps jonchant le sol. Il fit un geste rapide de sa baguette et tout reprit sa place dans l'armoire, sauf celui qu'il avait toujours autour du cou, sous son T-shirt, et qu'il avait oublié dans tout ça. Il rebroussa alors chemin. Il était temps de dégager. Il se tenait sur ses gardes. Son stratagème avec les Cognards devait avoir été contrôlé et les Aurors allaient commencer à rechercher à nouveau les intrus. Il gardait sa baguette à la main. Il entra à nouveau dans la cage d'escaliers et commença à les descendre. Il devait rejoindre Amaranthe et Rogue. Depuis le temps, ils devaient déjà être au rez-de-chaussée. Il se hâtait, il annula même son camouflage pour transformer ses pieds afin de rendre complètement sourds ses pas. De la sorte il put se mettre à courir dans les escaliers, les descendant très rapidement, la baguette toujours à la main. Au niveau du premier étage, il remarqua ses deux comparses qui ouvraient la porte du rez-de-chaussée. Leur descente des longs escaliers semblait avoir été bien plus longue que la sienne, plus sportive. Il annula la métamorphose de ses pieds et reprit l'aspect camouflé. Il ouvrit la porte à peine quelques instants après l'abraxane et le professeur. Ils étaient seuls, semblait-il. Il leur chuchota :

- Et maintenant ? On fait quoi ?

Spoiler:

Ils avaient atteint le hall du Ministère. Ils étaient toujours camouflés aux yeux des Aurors qui se trouvaient dans le bâtiment. Ils pouvaient voir les trois Aurors qui étaient restés monter la garde dans ce grand hall. Ils n'avaient plus qu'eux à passer et ils pourraient ressortir. Rogue leur dit de le suivre. Les deux abraxans ne se posèrent pas de questions et suivirent le professeur de Défense Contre les Forces du Mal de près. Ils avaient beau être camouflés, si une fenêtre de passage s'ouvrait pour l'enseignant, les deux étudiants devraient la saisir également. La ronde des Aurors était faite de telle sorte que leurs chances de traverser le hall sans être vus étaient faibles mais non nulles. Aussi discrets que possible, ils avancèrent donc au sein du grand hall. Ils approchaient de la fontaine. Le jeune homme, la baguette à la main, était prêt à intervenir en cas de besoin, prêt à suivre tout comportement adopté par son ancien professeur de Potions. Il le prenait déjà pour un incompétent, il n'avait pas l'intention de lui donner la moindre raison de le confirmer. Même s'il restait persuadé que le stratagème qu'il avait utilisé pour leur première traversée de la pièce d'accueil n'était pas stupide mais leur avait permis justement de passer à travers les mailles du filet. Certes, il avait des méthodes différentes de celles du plus âgé mais il ne les pensait pas plus mauvaises pour autant. Et il devait avouer qu'il n'avait pas le même niveau que lui en ce qui concerne l'espionnage.

L'Auror le plus proche passa et ils saisirent l'opportunité de passer. Leur ronde était bien menée, mais ils n'étaient plus assez nombreux pour qu'il n'y ait de failles. Et c'était bien ces failles qu'utilisaient les trois membres de l'Ordre pour avancer. Ils arrivèrent au niveau des cheminées. A partir de là, ils devraient être tranquilles jusqu'aux sorties publiques. Au moment où ils les utiliseraient, ils auraient suffisamment d'avance pour ne pas être rattrapés par les gardiens de l'antre du pouvoir politique sorcier. Ils avançaient toujours à pas de loups pour de ne pas être repérés. Lorsqu'ils atteignirent les sorties publiques, ils se précipitèrent. Du moment qu'ils les utilisaient, ils signalaient leur position. Ils se retrouvèrent propulsés hors de la cuvette des toilettes publiques. Ils ouvrirent chacun leur cabine et se dépêchèrent à rejoindre l'extérieur. Lorsqu'ils atteignirent l'extérieur, Rogue saisit les deux étudiants par les épaules, agrippant leurs vêtements et transplana, les emportant avec lui. Ils apparurent et repartirent aussitôt. Le stratagème était classique maintenant pour eux. Le double transplanage, bien que plus coûteux en énergie, permettait de ne pas être suivis. Ils se retrouvèrent devant l'ancien quartier général, au 12 Square Grimmaurd. Ils entrèrent à l'intérieur. Rogue prit la parole :

- Bien, retournez chez vous, sans réveiller qui que ce soit. Personne ne doit savoir que vous n'avez pas dormi toute la nuit. Et la prochaine fois que vous partez en mission, j'espère que vous ne serez pas des poids comme vous l'avez été ce soir ! Bonne nuit Miss Aislinn. Watkins.

Rogue fut le premier à partir. Les deux amis se dirent au revoir et retournèrent à Haveirson, où ils se faufilèrent en douce.