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 Art Déco [Daphné Greengrass]

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MessageSujet: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyMar 3 Nov 2015 - 23:55

Puisque tu as l’air d’avoir tant envie de parler, parlons. avait déclaré Daphné Greengrass, impérieuse.
A ce moment-là, paresseusement assis sur l’un des onéreux fauteuils de la salle commune, parmi les Serpentards bruyants & fiévreux, Blaise Zabini avait perdu son sourire moqueur.  Assurant toutefois dans sa confusion, ouais, bien sûr, ouais... tandis qu’il se saisissait hâtivement du verre que Drago avait laissé sur le guéridon :  il était vide, lorsqu’il le reposa maladroitement. Se releva sans enthousiasme; intimant machinalement au deuxième année assis sur le sofa où reposait son manteau : casse-toi, afin de se saisir du pardessus.

La chute de son ami le fit rire nerveusement - tout-à-fait bêtement ; et par dessus la foule, Blaise ne cessait de se retourner pour lui adresser de brefs coups d’oeil alors qu’il suivait à travers la démarche altière de Daphné - le port droit de ses épaules, la tenue guindée de son corps; lorsqu’elle ferma la porte sur eux, acculé, il prenait seulement conscience de la situation. Acculé dans le silence et l’obscurité, à l’instar d’une bête dangereuse - isolée sauf du regard implacable de Daphné Greengrass.

Vas-y. Tu semblais avoir beaucoup à dire. Son visage opalin & solennel baigné de la lumière dorée des bougies comme un défi -- parce que, vraiment, que pouvait-il faire contre ça? Ivre et amer, il ne se sentait pas capable de faire quelque chose. “Ecoute, Daphné -” Dans un sourire de dérision, condescendant, presque comme s’il eut cherché à la raisonner - pas exactement certain de ce que l’on attendait de lui - mais plutôt conscient de ce que l’on attendait de lui. Des excuses ; des explications; il repensait pourtant au billet laconique qu’elle avait glissé dans ses affaires; au banquet; le courroux glacial & altier de Rowan Westminbrook & le jeu du miroitement des lustres aux découpes alambiquées sur la bague qui ornait la main de Daphné; machinalement, il y porta son regard; & comme si cela eut achevé de le convaincre, secoua la tête. Embarrassé par la solennité de la confrontation - un conseil de discipline improvisé. Définitivement improvisé.  

"Tu sais quoi ? Laisse tomber." S'était plus ou moins résigné à laisser tomber - ne m'adresse plus la parole : comme c'était clair ! Tout-à-fait caractéristique de la rigoureuse Daphné Greengrass...; il ne pouvait se résoudre au silence, pourtant - le regard blessé de Daphné avait cet effet terrible; l'effet d'une fièvre brûlante; une morsure douloureuse; insupportable comme l'eut été la vision du sang; celle de blessures écoeurantes. Du genre : à vous faire détourner les yeux avec humilité. Bientôt, adossé contre la porte, la nuque rejetée en arrière, paresseusement offerte, indolent, éméché, il feula, moqueur :   "Je veux dire - que veux-tu que je fasse ? Une lettre d’excuse pour Westminbrook?"...Comme s’il eut été fier de sa scandaleuse saillie !...L’arrogance, dans une situation aussi laborieuse demeurait sa seule défense.

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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyMer 4 Nov 2015 - 15:13

Blaise la fuyait. Oh, l’ironie n’était pas perdue pour Daphné, bien au contraire – elle prenait la forme de cet arrière-goût aigre et désagréable qu’elle pouvait sentir apparaître au fond de sa gorge. Laisse tomber. Il la connaissait, pourtant, et devait savoir que cela n’arriverait pas, malgré le regard déstabilisé qu’il posait sur sa main, si différent de ceux qui la dévisageaient depuis qu’elle s’était affichée au bras de Rowan. Et Daphné n’arrivait pas encore à lire dans cette expression étrange qu’il affichait, qui filtrait à travers l’engourdissement de l’alcool.

Il était agité comme un lion en cage, appuyé contre cette porte qu’il mourrait apparemment d'envie de franchir, et une pointe de satisfaction coupable la perturba quelques instant – il ressentait enfin ce qu’il lui avait fait subir lors du banquet, cette impression d’être piégé telle une statue sous un masque qui ne lui allait plus. La culpabilité la rattrapa pourtant bien vite, même si elle manqua d’être presque immédiatement balayée par sa colère qui, si elle s’était pourtant assagie, était encore .

Et Blaise la raviva en évoquant Rowan aussi facilement que s’il lui avait jeté un incendio. Comme si elle n'avait attendu qu'un mot de sa part pour s'échapper.

« Cela n'a rien à voir avec Rowan. Rien. Je te parle de nous. C'est si compliqué à comprendre ? »

Sa voix avait claqué, aussi vive et blessée qu’irréfléchie, comme une réaction de défense innée contre laquelle elle n’avait pu lutter. Pourquoi ramenait-il tout à Rowan ? Il avait toujours été présent dans sa vie, avait toujours été son allié le plus précieux et le plus loyal. Ce mariage, s’il ne lui avait pas procuré cette sensation dérangeante d’inceste, aurait été une des meilleures alliances qu’elle aurait pu former. Pourquoi ne le comprenait-il pas ?

« Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça à l'annonce d'un mariage ? » continua-t-elle, la voix brûlante de rancœur, de fatigue et même de désespoir.

Rowan était son unique moyen d’échapper à quelque chose de pire encore, et il ne faisait que la blâmer, encore et encore, pour avoir choisi sa seule option de survie.

« Tu t’attendais à quoi, au juste ? Je suis une Greengrass, comme tu n’arrêtes pas de me le rappeler. Ces fiançailles allaient arriver tôt ou tard, que ce soit avec lui ou avec un autre. Et tu le savais forcément. »

Elle s’arrêta alors avant de prononcer des paroles plus malheureuses encore, le visage empourpré et le sang pulsant d'une façon presque douloureuse dans son corps. Il ne savait pas, il ne pouvait pas savoir à quel point cette alliance lui était vitale. Un long frisson désagréable lui piqua la nuque, causé par ce constat aussi inattendu que désagréable – elle avait, peut-être, une part de responsabilité dans tout cela en le tenant à l’écart.

Mais c’était trop tard pour reculer, maintenant. Ses mains tremblaient, faisant tinter doucement les bracelets de perles qu'elle avait enfilés. Elle ne parvenait pas à museler sa fureur, et elle était en train de se déverser dans tout son corps et ce malgré tout ce qu'elle pouvait tenter. Cette agitation, aussi nouvelle qu'horriblement douloureuse comme si on l'avait frappée, écrasant sa cage thoracique, était atroce.

« Je pensais que nous étions amis. » Que tu me soutiendrais.

Cette phrase était la plus pénible à prononcer, certainement parce qu'elle était incomplète. Blaise n'était pas qu'un ami parmi d’autres, il ne l’avait jamais été. Il avait été son partenaire de potion, son meilleur ami, celui qui devinait ce qu’elle pensait sans qu’elle n’ait besoin de l’exprimer car, de toutes manières, elle ne savait pas l’exprimer.

Alors pourquoi en étaient-ils arrivés là ?


Dernière édition par Daphné Greengrass le Ven 6 Nov 2015 - 20:59, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyVen 6 Nov 2015 - 13:52

La discussion était très désagréable.

Blaise observait, un peu bête, un peu confus,  Daphné Greengrass qui, gagnée par la fièvre, fébrile, impétueuse, blêmissait --- une chatte blessée crachant son fiel; les yeux brûlants et le corps tendu par la fureur; repoussant, d’un mouvement machinal de sa main, les mèches qui s’extirpaient de sa chevelure ambrée pour glisser sur son visage.  
Daphné était tellement jolie.  

«Et bien, tu es celle qui semble avoir ”beaucoup de choses à dire”», commença-t-il, insolent - de l’hésitation dans sa voix pourtant. De l’hébétude. Son crâne un peu douloureux; de ses doigts, il massait machinalement ses tempes. Par le travers des lourdes portes de bois, les cris de ses camarades perforaient violemment le silence; et les mouvements de basse de la musique étaient lourds et pesants; similaires aux violents battements de coeur d’un monstre terrible, qui se serait enfoui dans la profondeur sinistre des cachots humides de Poudlard.  

« J’ai appris tes fian- ton mariage dans un article de Rita Skeeter, Daphné.» Dans sa justification laconique, irritée : délaissé, le solennel Daphné Greengrass. Il soutenait difficilement son regard blessé : c’était quelque chose qu’il n’était jamais réellement parvenu à faire.

« Et je ne l’ai pas mal pris - » ajouta-t-il soudainement; avant de s’interrompre, malgré tout - malgré la rancoeur, violente comme une brûlure  & malgré tout ce que la situation avait de tragique, vraiment -  dans un sourire canaille; dans un rire un peu stupide - car ce n’était pas la vérité, évidemment - car ce n’était même plus un mensonge ou de la simple mauvaise foi; c’était une plaisanterie de mauvais goût;

« Je veux dire - peut-être aurait-il été prévenant de me laisser un mémo dans mon livre de potions - “Laisse tomber, Blaise, j’épouse Westminbrook d’ici la fin de l’année” - ou quelque chose - »

Il secoua la tête avec lassitude. En levant finalement les yeux sur la jeune fille; par dessous l’engourdissement de son esprit, cet alanguissement langoureux : l’expression défiante & résignée d’un animal acculé - le genre d’animal a attaquer fiévreusement avant de tout-fait périr - du genre à meurtrir avant de céder - du genre à détruire les voûtes des palais à main nues plutôt que d’expirer seul - l’option Samson. Comme Blaise Zabini était obstiné ! Insolent. Même confus & las, les gestes un peu flous, le fil de ses pensées comme un arbre pesant de fruits trop mûrs - gorgés par l’alcool; car le whisky, amer comme de la bile, brûlait sa bouche.
Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça - tu t’attendais à quoi, au juste Blaise ? S’était-elle enquis, redoutable.

(Ne s’était-il pas amusé, quelque minutes plus tôt : Tu es cruelle, Daphné Greengrass...? Dans la solennité lugubre de la salle de travail, ce n’était plus très amusant.)

« Ecoute », répéta-t-il; plaida-t-il; « Les questions que tu poses - tu en connais les réponses, exact ?  Je t'en prie - tu sais tout ça, Daphné, non?” A peine moqueur en vérité ; un peu impatient, peut-être.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyVen 6 Nov 2015 - 20:13


   
   
   


Son agitation était telle qu’elle ne percevait même pas l’hésitation dont il faisait preuve. Elle ne faisait que replacer ses cheveux machinalement, avant de croiser fermement ses bras autant pour tenter de garder le peu de chaleur en elle que pour tenter d’ériger une barrière physique entre eux, puisque les mentales s’érodaient. Puis, elle recommençait, sans même s’en rendre compte. Le fait qu’il bute sur le mot « fiançailles » pour le remplacer par « mariage » la crispa un peu plus encore, comme s’il considérait que c’était déjà fait. Si cela était venu de n’importe quel autre membre de l’élite sorcière, elle aurait souri, papillonné du regard en assurant à quel point elle avait hâte d’être effectivement mariée à Rowan, et pourtant cela la dégoûtait à ce moment précis. Ils avaient si bien joué leur rôle que même Blaise s’y était laissé prendre, et l’amertume de cette constatation ne plomba pas sa colère, bien au contraire.

Il continuait, tentant d’avancer que non, il n’avait pas mal réagi. Il eut pourtant le bon goût de s’interrompre, cette fois-ci, comme s’il avait subitement pris conscience de l’absurdité de ses propos. Elle eut même envie de l’abreuver de commentaires acerbes, mais elle se contenta de passer une main rageuse dans les mèches qui s’étaient échappées de son chignon, ignorant totalement le bruit agaçant et crissant des perles qui s’entrechoquaient. Un mémo, et puis quoi encore ?

« Blaise, c’était évident que mon père n’allait pas tarder à conclure une alliance » répondit-elle, soupirant, agacée par tant de déni. « Il a commencé il y des mois. »

Drago d’abord. Et puis, lorsque son père avait été emprisonné, le seul qui restait sur la liste – Rowan. Cette situation la dégoûtait suffisamment, peut-être même la révoltait, elle n’avait pas besoin qu’il vienne la blâmer. Surtout pas lui. Pas Blaise. Cela aurait pu être n’importe qui d’autre, elle n’y aurait pas fait attention, mais elle ne pouvait pas, elle n’était pas capable de passer outre ses reproches. Ils l’atteignaient, quoi qu’elle dise pour se défendre.

« Pardon ? »

L’intonation de Blaise avait changée. Presque suppliante, pleine d’expectative, comme s’il s’attendait à ce qu’elle sache exactement quoi répondre – pourquoi croyaient-ils tous qu’elle avait toutes les réponses ?

« Mais de quoi tu parles ? Qu'est-ce que je suis censée savoir ? »

Si elle savait pourquoi il avait jugé bon de rompre toute la confiance qu’ils avaient bâti durant des années, elle n’aurait pas posé la question, non. Elle n’aurait pas été surprise par tant de véhémence, elle n’aurait pas laissé des souvenirs qu’elle croyait enterrés et dissimulés derrière des barrières, des murailles, remonter à la surface et égratigner lentement mais avec conviction ce vernis qu’elle avait appliqué sur leur relation, comme si cela allait lui permettre de la figer hors du temps. De la préserver. Le changement augurait des problèmes, des nouvelles situations qu’elle ne saurait pas gérer, des nouveaux liens qui allaient se tisser par-dessus ceux déjà existants et rendre tout l’enchevêtrement, tout l’échafaudage bancal. Comme si sa situation n’était pas assez vacillante comme cela.

Il faisait partie de cet enchevêtrement. Il l'équilibrait. C’était sans doute cela, ce lien qu’elle n’avait pas encore pu rompre, la raison pour laquelle elle lui avait offert une seconde chance, mais espérant bien trop fort qu’il la prendrait pour que cela soit uniquement par bonté d’âme, pour que cela soit désintéressé ; elle était terrifiée à l’idée de le perdre. Terrifiée comme lorsqu’elle s’éveillait d’un cauchemar où elle voyait la main de sa sœur au milieu des éclats d’un lustre, comme lorsqu’elle avait entendu les hurlements venant de la Grande Salle. Et cette constatation annihila sa colère, la força à relever son regard vers le sien et à prendre conscience de quelque chose d'encore plus effrayant encore, qui avait sans doute toujours été tapi, dissimulé parmi tout ce qu'elle enfermait le plus loin possible d'elle.

Daphné avait besoin de lui.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptySam 7 Nov 2015 - 19:22

Cette discussion : vraiment désagréable.

Douloureuse, aussi - lancinante comme l’aurait été l’empreinte de la morsure d’un monstre dans la chair lisse de sa gorge --- le genre de morsure qui broie tout à fait la veine arachnéenne de la jugulaire - ou bien était-ce l’alcool? Il avait consommé beaucoup d’alcool, et l’alcool flouait / trompait ses sens; ou bien l’alcool exacerbait ses sens; et exacerbait cette fièvre qui écorchait  son crâne; et l’homélie de Daphné qui écorchait son crâne; & ces putains de basse qui écorchaient son crâne.

« Putain, Daphné », cracha-t-il, et sa colère avait des accents de raillerie; et cette raillerie était lugubre; parce que Daphné ne savait pas; et que si elle ne le savait pas - il fallait bien le lui dire;  « tu tiens vraiment à ce que je te fasse une déclaration d’amour alors que je suis déchiré au whisky?»

Nerveusement, porta ses doigts à ses cheveux tressés. Feignant malgré tout la nonchalance - l’assurance - le regard fiévreux et cette expression d’insolence, ce détachement méprisant qui était le visage qu’il offrait au monde; pas extrêmement convaincant pourtant; ses mains que l’alcool faisait frémir & ses yeux que l’alcool faisait rougir; dont l’alcool brouillait la vision; il se résigna dans un soupir irrité à répéter;  

« Laisse tomber.» Car ce n’était définitivement pas à une telle chose que tenait Daphné Greengrass; et peut-être avait-il eu l’arrogance  de penser le contraire, à peine quelques jours auparavant; et cela aurait été, et cela avait été (”peut-être”) une erreur; une méprise gênante; un malentendu confus. Et comme il était dégradant d’avoir eu tort !..d’avoir été présomptueux.

(votre arrogance, Zabini.. sifflait Severus Rogue dans la solennité d’un avertissement)

Détournant finalement le regard ; balayant la pièce d'un bref coup d'oeil, à la recherche d’un verre de whisky - mais rien d’autre qu’une pièce close et silencieuse, empâtée d’un silence lourd & compact qui l'embarrassait, et rien d’autre que les yeux brûlants de Daphné Greengrass sur lesquels poser son attention.

D’un mouvement du menton il désigna la porte contre laquelle il s’était adossé; « C’est bon, tu as fini? Les remontrances sont terminées? Je peux y aller ?” feulant ses sentences avec l’humilité pugnace, fiévreuse, d’un gamin réprimandé - puis, après une dizaine de secondes laborieuses, la pressa, irrité, revêche, comme à regret;

« Et puis prends ça - tu as les lèvres bleues, c’est inquiétant.» ; cherchant à occuper le silence - comme il était difficile d’affronter le silence !

(& était-ce le silence? Il y avait eu avant ça le trille des basses.)
(& comme c’était curieux ! Lui qui s’imposait dans l’espace avec aisance, souriant,confiant, car il avait toutes les raisons de l'être, car Blaise Zabini aimait sur lui les regards, il n’avait pas eu conscience du silence depuis une éternité déjà. D’un jugement porté sur lui.)

- lui intimant, d’un mouvement machinal de ses doigts bagués, résigné et las, d’approcher; drapant prestement, silencieusement (il préférait le drille des basses ! définitivement.) ses épaules nues du lourd pardessus qui lestait ses bras - un bel objet en réalité; un ”modeste présent” - ainsi qu’il avait été qualifié d’un air affectée dans la missive jointe, calligraphié d’une écriture élégante - offert par sa mère à Noël; de la laine, bouillie & de la fourrure de zibeline - noir ; imprégné, déjà, du parfum onctueux du Karité - de son parfum onéreux - préservé, lui, du miasme amer du whisky. C'était le geste d'une excuse; d'une résignation amère.


Dernière édition par Blaise Zabini le Dim 8 Nov 2015 - 8:57, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptySam 7 Nov 2015 - 21:03

Le ton de Blaise monta, et elle se crispa instinctivement, prête à riposter, prête à mentir, dénaturer, omettre tout ce qui pourrait lui permettre de se sortir de cette situation – et dire que c’était elle qui l’avait obligé à parler. Elle avait plus de questions que de réponses, une sensation oppressante dans la poitrine et un tel malaise de s’être rendu compte à quel point elle avait besoin de lui. Car Daphné avait toujours été quelqu’un d’autonome, qui n’avait besoin de personne pour briller, s’appeler Greengrass suffisait. Autrefois.

Et pourtant, les réponses défensives qu’elle s’apprêtait à lui jeter comme une poudre aux yeux moururent avant même de s’être véritablement ciselées. Finalement, c’était peut-être elle qui avait le regard embrumé, plus tout à fait cohérent, aveuglé par les superpositions de faux-semblants dont ils s’abreuvaient tous deux.

Anormalement immobile et calme, les membres de Daphné se tendirent pourtant, la mâchoire si serrée qu’elle en avait mal, bien qu’elle ne parvienne pas à relâcher cette tension douloureuse. Détournant finalement le regard, elle tentait de maintenir ce qu’il disait le plus loin possible d’elle, de le rationnaliser, de le justifier par les verres qu’il avait ingurgités à la chaîne – mais elle ressentait encore la brûlure des yeux de Blaise sur son visage, et son cœur enflait tant que sa respiration était devenue lancinante.

Il l’interpella encore une fois, violent, et elle ne le regardait toujours pas, comme si la flamme de la bougie qu’elle fixait était plus fascinante que ce qu’il venait de lui dire – elle sentait sa phrase, là, comme une douleur sourde au niveau de sa tempe, qui n’attendait qu’un relâchement de sa part pour se jouer de ses défenses et pour s’enfoncer là où elle ne regardait jamais, là où elle ne devait pas regarder. Elle se laissa pourtant prendre lorsque son ton changea, lorsqu’il fit allusion à la fraîcheur des cachots qui la glaçait depuis le début de la soirée – elle l’avait presque oubliée. Mais ses mains tremblaient, et elle ne savait pas si c’était à cause du poids qu’elle ressentait tout à coup ou à cause du froid.

Elle suivit sa main sans y réfléchir, s’approchant de lui sans relever la tête, sans replacer les mèches blondes qui s’étaient échappées de son chignon lors de son éclat précédent – elle se sentait si vide et amorphe que cette colère palpitante, vive et acide, lui paraissait être éloignée, avoir appartenu à quelqu’un d’autre. Il passa son manteau sur ses épaules, la fourrure lui chatouillant la nuque, alors elle l’ajusta machinalement, l’odeur de karité lui prenant tout à coup le nez, comme lors de ce premier cours de potions.

Et, finalement, elle releva son visage vers le sien, parce qu’elle avait l’impression que ses côtes allaient se briser, qu’elle allait se craqueler toute entière à force de contenir cette angoisse qui l’empêchait de respirer. La phrase s'était échappée. Tu tiens vraiment à ce que je te fasse une déclaration d’amour alors que je suis déchiré au whisky ?

Ces derniers jours, elle avait si souvent repensé au bal de Noël, lors de leur quatrième année, de cet évènement dont ils ne parlaient jamais de peur que l’évoquer lui fassent subitement prendre forme, lui offre une réalité qu’elle lui avait toujours refusée, qu’elle ne pouvait plus s’empêcher de prendre conscience, maintenant qu’elle avait compris. Et elle attrapa sa nuque brûlante avec sa main si froide, s’hissant sur la pointe des pieds pour tenter d’approcher sa hauteur, et l’embrassa avec maladresse, mais sans hésitation. Et cette odeur de parfum, cet arrière-goût de whisky et ce soulagement qu’elle sentait naître étranglèrent sa peur, le temps qu’elle presse ses lèvres contre les siennes, qu’elle sente sa chaleur irradier contre sa peau. Alors elle s'agrippa un peu plus à lui, et apposa son autre main le long de sa mâchoire, refusant qu'il franchisse cette maudite porte.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyDim 8 Nov 2015 - 10:00

Et donc : Daphné était tellement jolie. C’était quelque chose de tragique -  la façon un peu étourdie dont il l’observait, par le travers de son amertume violente. Si elle demeurait silencieuse, elle concéda à approcher; et après ça, elle concéda à embrasser sa bouche.  

(de nouveau il pouvait entendre le trille des basses...semblait-il.)

Ses doigts étaient froids dans sa nuque - pressants;  et avec obligeance, il s’inclina sur Daphné Greengrass; car si elle était assurée, il était docile. 1m60 et un manteau trop long sur ses épaules blêmes et frémissantes; et l’ombre arachnéenne de ses longs cils noirs dessinée sur ses pommettes hautes;  et le parfum sucré imprimé sur sa peau pâle; et l’or fantastique de sa brillante chevelure; il y porta confusément ses mains, dénouant sa scrupuleuse coiffure alors qu’il baisait ses lèvres.

Comme s’il n’était pas totalement ivre, le front moite, les pensées confuses et une tension dans sa peau brûlante. Comme si n’importe qui, n’importe quand, ne pouvait pénétrer dans la pièce. Comme si la dernière occurrence de cette situation, deux ans auparavant, ne s’était pas achevée d’une affligeante manière.

Comme si, finalement, Daphné Greengrass n’était pas fiancée à Rowan Westminbrook ! Il avait conscience de l’empreinte glacée de sa bague à l’endroit de sa mâchoire, insidieuse comme la morsure d’un serpent minuscule. Daphné avait dit : conclure une alliance - mais Daphné lui reprochait souvent de n’écouter que ce qui l'intéressait ; et il s’en souvenait confusément, comme il souvenait confusément du banquet de Noël et de la sollicitude de Rowan Westminbrook, qui étreignait sereinement les doigts de Daphné Greengrass; de la frustration avec laquelle Rowan Westminbrook l’avait observé avant de quitter la table dans un avertissement ombrageux, une nébuleuse menace.

Feulant, sa voix rauque, basse et impérieuse, railleuse, déjà de nouveau; «là, je ne comprends absolument plus rien -» Ajoutant avec impertinence, pressé, distrait, après avoir étouffé un rire éraillé, semblable à un crépitement; « tu m’expliqueras ?» , penché sur sa nuque blanche et lisse et froide. Tout à fait adossé à la porte, engageant avec lui Daphné Greengrass & le port altier de son corps. Se saisissant distraitement de sa main pour ôter le pincement métallique du sceau de la bague sur son visage.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyDim 8 Nov 2015 - 11:33





Tant que le cœur bat

Intrigue personnelle : Daphné Greengrass
À peine perceptible derrière le son des basses enivrantes et puissantes, en dépit des murs protecteurs se tenant entre cet endroit et la salle commune, le bruit fin et grinçant d’une porte sur laquelle on s’appuie semble presque trop discret.

Si nos deux jeux amants tendent l’oreille suffisamment, à travers la cacophonie ambiante, peut-être percevront-ils le souffle régulier d’une respiration. Et alors, s’ils ouvrent la porte, peut-être tomberont-ils même sur un individu – voyons, une innocente et fébrile fillette ! – utilisant une merveilleuse oreille à rallonge... Depuis de trop longues minutes.

Tout du moins, si, entre leurs baisers languissants et leurs regards fiévreux, ils parviennent à se raccrocher au monde. À la réalité.

Sinon... Ils n’y verront rien. N’y entendront rien.
Et lorsqu’ils sortiront, leur cadette sera déjà loin.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyDim 8 Nov 2015 - 12:07

Sa bague, comme pour la punir de l’avoir consciencieusement ignorée si longuement, se rappela à elle en lui donnant une nouvelle fois l’impression d’être si lourde et pesante alors que Blaise passait sa main dans ses cheveux. Etrangement, cette proximité physique ne la gênait pas comme elle le faisait habituellement, bien au contraire ; même lorsque leurs visages se séparèrent et qu’il lui prit sa main gauche, l’écartant de son visage, Daphné ne ressentit pas ce besoin de ménager de l’espace autour d’elle. Elle demeura immobile, et quand la sensation de ses lèvres sur sa nuque la fit frissonner elle posa sa main droite sur sa hanche, le front sur son torse.

« Arrête de croire que j’ai toute les réponses » murmura-t-elle, loin de tout agacement, car c’était bien de sa faute, et cette fois-ci elle ne pouvait le nier.

Elle faisait tourner et tourner la bague autour de son doigt avec son pouce, mourant d’envie de la retirer et de la soustraire à sa vue dans une poche du manteau de Blaise – mais elle savait qu’elle ne pouvait pas faire ça. Qu’elle ne pouvait pas lui expliquer pourquoi elle devait ne pas le faire alors qu’elle demeurait dans ses bras après s’être mise en colère, après avoir lâché bien trop d’informations indirectes.

Comment faisait Rowan ?

Ce sentiment de culpabilité qui enflait lui rappelait à quel point il était dangereux d’étreindre Blaise alors que quiconque pouvait pousser la porte contre laquelle ils étaient appuyés, ruinant ainsi le merveilleux conte du couple heureux que Rowan et elle avaient servi au monde. Pourtant, elle ne se détacha pas – sa chaleur était réconfortante, apaisante presque, en dépit de l’odeur désagréable, sucrée, d’alcool et de parfum mélangés. Cette bague était pesante, mais pas assez pour qu’elle refuse de prendre ce risque insensé.

Qu’avait dit Rowan ? Qu’il leur fallait « donner l’impression » de se plier à cette union, « au moins en façade » ?

Il lui suffisait de construire une façade assez haute pour qu’elle puisse y dissimuler cet évènement derrière, alors. Mais elle n’était pas certaine que Blaise accepte cet arrangement, que Rowan le comprenne après le Banquet – après tout, elle ne comprenait pas elle-même pourquoi elle n’avait pas déjà pris la fuite, répétant avec un certain tragique ce qu’il s’était passé deux ans auparavant, et le souvenir de l'état dans lequel Blaise avait réussi à mettre Rowan lui tordait le cœur, attisant sa culpabilité comme jamais.

Mais la construction commencerait plus tard. Le temps qu’il décuve. Qu’il oublie certains détails, peut-être – et cette pensée la déchirait autant qu’elle la soulageait. Qu’elle prenne le temps de réfléchir à ce qu’elle allait lui répondre, à comment s’assurer de son silence sans le blesser, sans mettre en danger Rowan et Astoria, sans tout gâcher. Sans que Rowan soit au courant ?

Pour le moment, elle se déplaça légèrement, s'écartant à peine pour pouvoir le regarder, ses deux mains restant posées sur ses hanches.

« Tu peux attendre un p– »

Et Daphné s’arrêta au milieu de sa phrase, au milieu de son murmure, car une sensation atroce venait de lui caresser violemment l’échine, répandant un frisson dans son dos tout entier et ce en dépit de la chaleur de Blaise et de son manteau. Car là, au milieu de ces basses, au milieu de ces chuchotements qu’ils échangeaient, il lui semblait avoir entendu autre chose. Et les circonstances étaient trop graves pour qu’elle se complaise à se rassurer, à ignorer le fait que tout son corps s’était tendu à l’extrême comme un animal repéré par un prédateur, à ignorer ce danger.

Alors elle poussa Blaise sans même y réfléchir, le forçant à s’écarter, et ouvrit la porte.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyDim 8 Nov 2015 - 12:43





Tant que le cœur bat

Intrigue personnelle : Daphné Greengrass
En ouvrant la porte d’un geste vif et anxieux, Daphné se retrouve face à une deuxième année. La silhouette frêle de cette dernière, noyée sous des étoffes vraisemblablement trop grandes, s’immobilise de surprise avant de reculer, laissant tomber au passage sa précieuse oreille à rallonge.

« Mince ! » Ses traits se peignent d’un ébahissement criant. « Je ne m’attendais pas à ça... » La confusion gagne ses joues et ses yeux, tant elle dévisage avec stupéfaction son aînée.

Empêtrée dans un embarras cuisant, la jeune adolescente se penche pour récupérer son outillage, les mains cessant peu à peu de trembler de saisissement. « Je croyais que c’était Milicent qui s’était planquée avec Malcolm... » Le rouge des premières secondes commence à s’estomper sur son visage aux rondeurs trop enfantines.

Après le choc d’être tombé sur la mauvaise cible, ce qu’elle a découvert lui semble tout de suite moins intéressant. Moins croustillant.

La déception s’affirme cette fois totalement sur ses traits, avant qu’elle ne marmonne un vague : « Désolée de vous avoir dérangés. » Et de partir en ronchonnant vers la salle commune sans plus un seul regard pour les deux sixièmes années.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyDim 8 Nov 2015 - 21:32

Le souffle éthéré et frémissant qui se pressait contre la lourde porte sur laquelle il était indolemment adossé : Blaise ne l’entendait pas.

C’est le brusque rejet de Daphné qui l’extirpa violemment de sa torpeur fiévreuse - aussi soudainement que s’il avait été giflé. Il protesta, frustré, « qu’est ce - » coupé dans son indignation confuse alors que la jeune fille, anxieuse, ouvrait brutalement la porte.

Il s’engouffra alors l’air glacé des couloirs  - l’odeur froide de la pierre, de l’eau profonde privée de lumière ; celle du lac noir dans lequel le bâtiment était noyé. Mille fois plus amère que ne l’était le parfum de Daphné Greengrass.

Devant l’adolescente mortifiée, rougissante, le visage froissé de Blaise exprimait la confusion de celui que l’on arrache du sommeil. Considérant avec irritation, les sourcils froncés, l’opportune alors qu’elle se décomposait devant leurs allures échevelées;  les bouches gonflées & leurs respirations rauques.

Il leva les yeux au ciel lorsqu’elle leur offrit ses excuses gauches. Un peu décontenancé par - par sa putain d’oreille à rallonge. C’était définitivement de mauvais augure, mais la vérité était la suivante : il était trop éméché pour déterminer à à quel point c’était le cas. Glissa un regard indécis à Daphné, puis il concéda à l’adolescente - à l’enfant ! car celle dont les joues s’embrasaient devant eux n’avait pas plus de douze ans - rétif, embarrassé, se recomposant maladroitement; « ouais, ouais », lissant le col de sa chemise blanche avec agacement alors qu’il la pressait de s’éloigner : « vas-y.»

S'il releva les vêtements trop grands dont le corps maigre était piteusement drapé, ce fut seulement pour en condamner le manque de goût; et, sans méfiance, il referma machinalement la porte alors que la silhouette frêle s’esquivait dans les couloirs nébuleux, déconfite et revêche.

«N’importe quoi », siffla-t-il, vexé; « Ma voix ne ressemble pas du tout à celle de Malcolm

...et puis, se figurant qu’il n’y avait rien de réellement préoccupant, rien d’autre qu’une gamine étourdie, qu’une gamine curieuse, il feula, hâtif; « OK, rien à foutre.» ; jugeant opportun de se détourner de nouveau vers Daphné Greengrass et d’embrasser la bouche de Daphné Greengrass parce que - et c’était un pressentiment tout-à-fait navrant- l’occasion lui manquerait probablement à l’avenir.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyDim 8 Nov 2015 - 22:38

Et, alors qu’elle croisa le regard de cette gamine, que ses yeux s’arrêtèrent sur la paire d’oreilles à rallonges, Daphné eut la très nette impression que son cœur avait véritablement cessé de battre pendant un court instant, que son sang s’était cristallisé dans ses veines, que son esprit s’était empli de terreur. Qui qu’elle soit, elle avait tout entendu.

Cette fillette, vêtue de vêtements bien trop grands, était une menace. Pour elle, premièrement, car si des rumeurs se répandaient, elle pourrait très bien être écartée car jugée indigne – et si elle était écartée… Il ne resterait qu’Astoria, et personne pour la défendre. Personne pour faire barrage, pour l’extirper de force de leur famille avant qu’elle ne sombre, attirée vers le fond par sa fierté débordante et son sang tellement pur que personne n’en voulait, qu’il finissait par avoir un arrière-goût de consanguinité.

Alors Daphné saisit sa baguette sans hésitation, et tenta de retrouver la formule de ce sortilège d'altération de la mémoire qu’elle avait lu, quelques années auparavant. Elle risquait de le rater. Si elle ne le produisait pas correctement, elle risquait même de causer des dommages à cette fillette – mais qu’était-elle, comparée au risque qu’un scandale éclate ? Ce n’était pas qu’un mariage. Sa vie, celle d’Astoria en dépendaient.

Mais, lorsqu’elle amorça un mouvement pour lever son bras droit, la voix de Blaise résonna à ses oreilles. « Vas-y. » Et avant qu’elle ne puisse se remémorer cette maudite formule, la petite qui allait la mener à sa perte s’était déjà évanouie dans les couloirs, et Blaise avait déjà refermé la porte.

Tout cela était absurde. Cela ne pouvait pas s’être produit.

Les paroles qu’il prononça, vexé, glissèrent sur elle comme si elle ne les avait même pas entendues. Milicent et Malcolm. Pourquoi quelque chose la dérangeait-elle ? Pourquoi avait-elle l’impression que, malgré le regard candide et l’expression sincèrement désolée que cette fille avait affichés, quelque chose n’allait pas ?

Et, avant qu’elle puisse comprendre, Blaise, inconscient dans son ivresse de la tempête de panique qui était en train de se dérouler en Daphné, l’embrassa à nouveau. Et elle ne le repoussa pas immédiatement, d’abord trop surprise pour réagir, et ensuite parce qu’il l’embrassait comme s’il n’aurait plus jamais d’autres occasions. Il avait sans doute raison. Surtout après ce qu’il venait de se passer. Milicent et Malcolm.

« Blaise » murmura-t-elle finalement, rompant son étreinte. « Je suis désolée. »

La dernière fois, elle n’avait pas réussi à s’excuser, mais c’était la deuxième fois qu’elle gâchait tout, après tout – des excuses ne feraient plus une grande différence. Et c’était sans doute la première fois qu’elle était parfaitement, sincèrement et profondément honnête depuis le début de cette conversation.

« Je ne peux pas… »

La fin de sa phrase fut difficile. Elle avait tant de manières de la finir, toutes aussi vraies les unes que les autres. Elle ne pouvait pas jouer sur autant de tableaux, se laisser distraire de ses objectifs, s’impliquer, trahir Rowan, mettre encore plus en danger ce mariage déjà vacillant, qui ne tenait qu’à un fil. Le laisser avoir une emprise sur elle aussi puissante. Elle ne l'acheva donc pas.

La bague était devenue légère, comparée à son sentiment de culpabilité. Elle retira le manteau de Blaise, le déposant avec précaution sur le dossier d’une chaise, lentement, faisant attention à ne pas créer de plis. Elle lissa même une manche du plat de la main, calmant son rythme cardiaque devenu erratique après l’apparition de cette fille, et se retourna finalement vers lui. Franchissant la distance entre eux, se demandant laconiquement s’il allait un jour la pardonner, elle l’enserra dans ses bras pour le supplier de le faire, sa main posée sur l’arrière de sa nuque, sur les tresses qu’elles lui avaient faites à peine quelques jours plus tôt, son visage enfoui dans le col de sa chemise.

Milicent et Malcolm.
Ils s'étaient appelés par leurs prénoms. Plusieurs fois.

« On en reparlera. Ailleurs. D'accord ? » murmura-t-elle à son oreille, tentant de s'assurer que personne ne pourrait l'entendre, cette promesse-ci.

Elle n’avait plus véritablement le choix – Blaise allait réclamer des réponses, tôt ou tard, et il faudrait qu’elle ait quelques mensonges à lui donner. Elle ne l’entraînerait pas avec elle.

Car la gamine avait menti.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyLun 9 Nov 2015 - 23:31

Daphné s’excusait, et, étourdi, il se résigna à s’éloigner; concédant;

« Et bien, OK, je sais - tu mérites davantage qu’une salle d’étude vide mais -» et il plaisantait, mais pas seulement. Car cette expression sur le visage de Daphné Greengrass, comme des rides à la surface d’une eau plane,  signifiait une angoisse auquel il était imperméable au travers de sa confusion brûlante. Détends-toi, aimait-il lui rappeler, parce qu’il devinait souvent, en dépit de son sourire courtois, figé, du pli consciencieux de sa tenue, du parachèvement méticuleux de sa coiffure, du port altier de son menton, comment se manifestait le malaise chez Daphné Greengrass. Sans comprendre, pourtant, ce malaise. S’amusant, lorsqu’il la surprenait à porter nerveusement ses doigts à sa chevelure, tu es tellement anxieuse, Daphné. arrête de t’inquiéter.

(& parfois, c’était suffisant.)

Étourdi, résigné à obligeamment s’éloigner, donc, et il s’afférait à..recomposer les informations. C’était jouer à une espèce de jeu d'échec auquel il aurait manqué des pions - une partie insensée contre un adversaire qui aurait triché.  Ces fiançailles allaient arriver tôt ou tard, que ce soit avec lui ou avec un autre....et son esprit enlisé par le whisky.  Et une gamine étourdie. Et la bouche de Daphné Greengrass, Daphné Greengrass qui épouserait prochainement, pour reprendre la formule enthousiaste de Rita Skeeter, le brillant héritier de la famille Westminbrook - que ce soit lui ou un autre.
Et peut-être finissait-il par comprendre.

Il se trouvait, de manière soudaine, embarrassé par son ivresse comme par un vêtement trop chaud, encombrant. Pressa paresseusement les paumes de ses mains sur ses paupières, comme pour s’extirper d’un mauvais rêve. Il  acquiesça, mais sans pouvoir se résigner à demeurer silencieux pourtant : hasardant, perplexe, décontenancé, inquiet, « Est-ce que c’est - » Il n'était pas certain de ce qu'il désirait exprimer, fronça les sourcils, repris, détournant les yeux, coupable, parce qu’offert au regard de Daphné Greengrass, dont le visage était enfoui dans sa nuque, il était ivre - parce qu’il exhalait le miasme du whisky comme personne ne doit le faire lorsque la situation est solennelle comme elle l’était alors;  « Est-ce qu'il y a quelque chose que je dois faire?» Parce que c'était toujours ça - il n'avait jamais rien refusé à Daphné Greengrass.

(ne m'adresse plus la parole. et, c'était la vérité : il ne l'avait pas fait.)  

« Je veux dire - » S'excusant dans un sourire insolent, dans un rire bref, comme s'il pouvait se permettre d'en rire, « Pas maintenant, exact? mais - » Ses phrases, comme ses pensées, s'articulaient mal : il secoua la tête.
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyMer 11 Nov 2015 - 13:34

Blaise balbutiait, l’esprit encore embrumé par l’alcool, semblait chercher ses mots. Profiter du fait qu’il était ivre pour lui arracher la vérité semblait beaucoup moins intéressant, tout à coup ; une bien moins bonne idée. Demeurant immobile, Daphné attendait patiemment qu’il formule sa question, la tête appuyée contre lui, tout en sachant qu’elle devait partir. Rapidement. Elle prenait bien trop de risques. Et cette gamine continuait de la perturber, comme une douleur lancinante dont on n’arrivait pas à se débarrasser ; elle devait s’occuper d’elle.

Quelque chose qu’il devait faire. Elle ne pouvait pas lui enlever qu’il faisait toujours ce qu’elle lui demandait, c’était vrai – et le contraire n’était pas nécessairement vrai. Elle n’était pas  certaine qu’elle aurait accepté de faire ce qu’elle s’apprêtait à lui demander, et pourtant c’était si important.

« Garde tout ça pour toi, s’il te plaît » répondit-elle sans élever la voix. « C’est vraiment important. »

Que c’était subitement difficile de tenter de trouver un moyen de formuler cette requête, car cela n’en était pas vraiment une, ce n’était pas négociable. Elle ressentait toujours ce malaise et cette panique provoqués par cette gamine étrange et visiblement extrêmement bonne menteuse, qui semblaient s’infiltrer en elle comme la fraîcheur du lac qui commençait à geler s’insinuait dans les cachots. Muselant donc les intonations suppliantes qui tentaient de faire vaciller sa voix, elle s'appliqua à paraître aussi inébranlable que d'habitude, en dépit de ses mains tremblantes et de sa pâleur spectrale.

« Je te jure que je t'expliquerai, mais personne ne doit savoir. »

L'idée de devoir lui faire confiance était presque terrifiante, exacerbée par les souvenirs encore vifs et brûlants des accusations qu’il avait proférées au banquet, par l’expression que Rowan avait affichée, une fois à l’abri des autres dans cette salle vide. Sa promesse lui donna une brève mauvaise conscience, car elle savait qu'elle ne la tiendrait pas ; ils se connaissaient depuis longtemps, mais... Elle ne désirait pas qu'il comprenne l'ampleur du problème ; elle y avait déjà attiré Rowan, et le poids de cette dette était déjà assez écrasant comme cela. Elle n'en supporterait pas une deuxième.

Et Daphné se détacha, recula d’un pas, ramenant ses cheveux emmêlés dans un chignon pour se donner une contenance, le regard glissant partout dans la pièce sauf sur Blaise, une fois encore. Qu’est-ce qu’elle était censée dire, maintenant ? Faire ? Cette situation était extrêmement gênante, maintenant que la colère et que ce flot d’émotions s’étaient taris, maintenant qu’elle se retrouvait à lisser sa robe tout en n’était pas certaine d’avoir tout à fait compris ce qu’il s’était passé dans la dernière demi-heure.

« Tu... »

Tripotant maladroitement une mèche de cheveux blonds qu’elle n’avait pas pu rentrer dans ce maudit chignon, Daphné hésita.

« Tu sors en premier ? »
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MessageSujet: Re: Art Déco [Daphné Greengrass]   Art Déco [Daphné Greengrass] EmptyMer 11 Nov 2015 - 18:40

Vraiment important. Il comprenait ça...semblait-il.
Acquiesça «ouais ouais », avec assurance, dans ce ton un peu insolent qui signifiait OK, facile, s'il n'y a que ça; mais, distraitement, se penchait pour embrasser de nouveau Daphné Greengrass alors qu’elle insistait, résolue, l’air grave et solennel : personne ne doit savoir. Il était devenu difficile de se concentrer sur les mots de Daphné Greengrass lorsqu’elle les prononçait d’aussi près.

Mais il était vraiment important, le fait que Daphné Greengrass, qui avait annoncé une semaine plus tôt ses fiançailles, ne devait pas se trouver ici. Le fait que personne ne devait savoir qu’elle s’était trouvé ici.  
(Et même pas une gamine étourdie de deuxième année ! Du genre à s'affubler de vêtements suffisamment larges pour qu'il soit honnête de juger qu'ils n'étaient originellement pas conçus pour son corps maigre; du genre  à confondre leurs voix avec celles de Malcolm et de Millicent. )
Pour le lui faire comprendre, elle le considérait, par dessus sa nervosité, sa fébrilité,  avec résolution.

« Ouais, promis », concéda-t-il finalement, indolent,  et il réalisait un peu hagard lorsqu'elle s'extirpait de son étreinte que c’était une courtoise prise de congé. Elle ne l’observait plus à partir de cet instant, distante et assurée en dépit de ses mains frémissantes, comme si se montrer distante et assurée lui était une chose facile; comme si elle n’avait jamais cessé de le faire;  et, bien sûr, c’était absurde; suffisamment pour le faire rire, un peu amusé, un peu incrédule, un peu abruti aussi - l’influence de l’alcool, tellement pesante qu’il semblait que s’en débarrasser ne serait jamais tout-à-fait possible.  Dans le silence, il se recomposa, lissant sa chemise froissée, passant ses doigts au travers de sa chevelure tressée dans l’éclat ambré de ses lourdes bagues - les pressant sur son visage, essuyant son front brûlant d’un mouvement machinal de sa paume.
Et finalement alors qu’il ouvrait la lourde porte sur le couloir vide sauf du bruit des basses, régulier et lourd,  s'extirpant le premier de la salle comme il lui avait été obligeamment suggéré par Daphné qui triturait sa coiffure méticuleuse, il se détourna brièvement de l’embrasure pour l’apostropher;

« Hey, Daphné »,  Et portant ses doigts à sa propre nuque, lui offrant le miroir de la sienne, où sa peau lisse et blême était, déjà, imprimée de la marque de sa bouche, il suggéra, railleur, arrogant - plutôt fier de lui dans ce drame confus et nébuleux; souriant avec insolence;   « Tu feras attention, demain matin. »

Avant de se fondre dans l'artère obscure de la maison Serpentard; délaissant son manteau, car qui aurait pu s’en emparer sans que l’on ne réalise que cet onéreux pardessus de Zibeline appartienne à Blaise Zabini, ce putain de poseur prétentieux? Suffisamment assuré, comme il était suffisamment assuré que Daphné allait tenir sa promesse, comme il était suffisamment assuré de pouvoir cracher l'identité de mangemorts supposés lors de dîner mondain sans craindre de représailles, de pouvoir se comporter à Poudlard comme chez lui, y disséminant ses coûteuses affaires avec désinvolture, certain de les y retrouver.  
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