[Le Chaudron Baveur] Lever le voile sur l'énigme

HRP : Ce topic a pour but de discuter les événements étranges qui se déroulent à Haveirson. Premier post pour Amaranthe, ensuite, incrustez-vous ! :)


La soirée de la Saint-Valentin avait été longue, mais heureusement peu alcoolisée. La proximité des jeunes élèves de Poudlard, et de Minerva McGonagall, l’avait incité à avoir la main légère sur la boisson. À moins que ce ne soit le souvenir brûlant de sa dernière gueule de bois qui l’ait convaincu de rester soigneusement éloigné du punch. Clemens était certes fatigué, mais son esprit, frais et dispo. Déjà, il se concentrait sur les questions à aborder avec Amaranthe, avec l’espoir néanmoins que les références à Haveirson ne lui rappellent pas trop son chagrin. La jeune femme était apparue au bord du gouffre pendant la cérémonie en hommage à Bentley. Leur relation avait du être bien plus importante que les apparences ne l’avaient laissé croire.

L’Allemand était arrivé à Londres une demi-heure en avance, afin de faire un crochet par le Cloud Atlas et remettre la guitare et les vêtements à son père. Comme à son habitude, Anton lui avait adressé ce regard curieux et espiègle que père et fils partageaient depuis toujours. Aucun des deux n’avait fait de commentaires néanmoins, conscient qu’il s’agissait là de sujets à ne pas aborder en passant. Sa mère aurait très probablement essayé, mais le jeune homme quitta les lieux avant de lui en laisser l’occasion, mais sans omettre la promesse de repasser plus tard. Après son rendez-vous.

Quelques minutes plus tard, il s’installait à une table libre du Chaudron Baveur, heureux de constater que la salle était suffisamment pleine pour étouffer leur conversation. Clemens était extrêmement méfiant quant aux conséquences de cette rencontre. Amaranthe ne vivait plus à Haveirson et ne risquait pas grand chose, mais leur échange de courrier avait très bien pu passer par les mains du Comte. Or, il leur était pour l’heure impossible de déterminer jusqu’où s’étendait son influence et si il disposait d’alliés baignant dans l’espionnage. L’étudiant avait choisi de prendre le risque, tant il avait la sensation d’étouffer dans cette académie construite sur une énigme. Son échappatoire était devenu une prison de verre dans laquelle il se noyait chaque soir, dans ses songes. La mascarade devait prendre fin.

— Bonjour Amaranthe, je suis content de vous voir.

La silhouette de la jeune femme l’avait fait lever les yeux, mais il avait gardé le silence pendant une seconde. Le visage correspondait parfaitement à ses souvenirs, mais ces cheveux courts, à la garçonne, le déstabilisèrent pendant un instant. Dans ses yeux, il ne trouva pas non plus la douceur et la joie de vivre dont il se souvenait au Parker’s Coffee. Clemens leva une main pour attirer Tom vers leur table, et attendit que sa camarade prenne la parole. Il ne voulait pas la brusquer en jetant sur la table ses pistes et ses trouvailles avant de la laisser parler si elle le souhaitait. Amaranthe ne le considérait probablement pas comme un ami proche — car il ne l’était pas, simplement — mais il ne se pardonnerait pas de solliciter une rencontre avec une jeune femme en deuil, sans lui laisser le loisir d’épancher sa tristesse.

Une journée froide d'hiver, idéal pour effectuer des achats nécessaires pour le Quidditch sur le Chemin de Traverse. Les veilles affaires du jeune homme avait mal vieillit et il devait en changer. Le balais resterait le même, puisqu'il était en très bon état. En outre, il possédait déjà le meilleur balais qu'un sorcier puisse avoir. Une chose dont il était fier. L'éclair de feu était un balais que beaucoup de sorciers rêvaient d'avoir mais qui était souvent bien au dessus de leur moyen. Non pas qu'Aaron soit excessivement riche, mais il plaçait soigneusement ses économies dans le Quidditch. Il était important pour lui d'avoir du matériel de qualité.

L'Italien enveloppé dans son manteau, entra dans le magasin et flâna entre les rayons avant de trouver ce dont il avait besoin ; des coudières et genouillères de protection, un casque, des gants, et un masque. Des apprentis sorciers étaient émerveillés devant les balais et poussaient des cris de joie dans le magasin. Le jeune homme sourit, cela lui rappelait son enfance. Jadis, lui aussi avait rêvé devant les balais. Un temps révolu et qui était loin derrière lui. Cependant, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine nostalgie. Sa vie actuelle était loin d'être ennuyante, mais le temps de l'innocence et des rêves lui manquait. La vie de jeune adulte n'était pas toujours simple.

Le Phénix sortit du magasin après avoir rêvassé et se dirigea vers le Chaudron Baveur. Un bon chocolat chaud ne lui ferait pas de mal. Il laissa échapper un bâillement. La soirée de la veille s'était éternisée jusqu'à tard. Il avait apprécié ce moment et en avait bien profité. Il sourit doucement en repensant au moment où il avait fait le pitre et était grimpé sur la table pour appeler son valentin. L'étudiant ne pouvait s'empêcher de faire le clown, c'était dans sa nature. Il n'avait pas beaucoup bu contrairement à d'habitude. La fête avait été différente de ce dont il avait la coutume. Ses soirées se déroulaient la plupart du temps dans des bars sorciers, et une atmosphère plus décontractée régnait. Hier soir, cela avait été un bal branché, et en présence d'élève de Poudlard, des plus jeunes qu'il n'avait pas l'habitude de fréquenter. Néanmoins, Aaron n'allait pas se plaindre de cet événement qui lui avait permit de discuter avec des personnes qu'il ne fréquentait pas ou peu.

Alors qu'il était prit dans ses rêvasseries, il arriva en frissonnant devant le Chaudron Baveur. Le jeune homme pénétra dans le lieu et se laissa envahir par la chaleur ambiante. Il jeta un bref coup d’œil aux alentours et qu'elle ne fut pas sa surprise d'apercevoir Amaranthe. Il ne l'avait pas vu depuis fort longtemps et avait été touché par la tragédie qui l'avait bouleversé et poussé à quitter Haveirson pour quelques temps. La jeune femme avait les traits fatigués et ne semblait pas en très grande forme. La tragédie qui l'avait touché semblait l'avoir dévasté. Elle était méconnaissable. Aaron eut du mal à reconnaître l'Abraxan qu'il avait vu quelques temps auparavant.

L'Italien se précipita vers son ami en tombant dans ses bras. Il était tellement content et soulagé de la voir. « Amaranthe ! Je suis agréablement surprit de te voir. Comment te portes-tu ?» Ses paroles étaient sincères et franches, il s'était beaucoup inquiété pour son amie.

L'étudiant n'avait pas remarqué la présence d'une seconde personne en face d'elle. Un certain Clemens, qu'il connaissait et qu'il avait croisé la veille. Il se sentit soudain gêné d'avoir fait irruption d'une telle manière et se reprit : « Je suis désolée, je ne t'avais pas vu Clemens. Je vous dérange peut-être ?» En arrivant d'une telle façon, l'Italien ne pouvait que déranger, sa question était idiote et il le savait.

Des gestes méthodiques. Ouvre, observe, ferme, retourne. Des gestes devenus automatiques par la fréquence de la répétition. Et puis, quelque chose attire son regard. Ses sourcils sont froncés, son regard est attentif, concentré, réflexif. Intéressé. Ses muscles s'étirent enfin. Ses mains palpent son cou à la recherche de l'objet le plus précieux en sa possession. Ouvre, verse, ferme, laisse. Et sa démarche se fait fatiguée alors que ses pas couvrent la distance entre son siège et son lit. Bientôt. Bientôt.


Deirdre Lancaster est une jeune femme de 19 ans. Profil bas, apparence générale quelconque, discrète mais vive d'esprit. Ayant terminé sa scolarité à Durmstrang deux années plus tôt, elle a choisi de faire ses études supérieures à Haveirson, attirée par la possibilité de poursuivre son apprentissage dans un contexte scolaire, ce qu'elle trouve plus sécurisant. Le marché du travail n'est pas exactement synonyme de zone de confort actuellement pour elle. Trop d'attentes, trop d'obligations, trop de risques. Devenir adulte, non merci. Pas tant que son âge se termine par "teen".

Elle entre au Chaudron Baveur cet après-midi là avec la ferme intention de se détendre, de passer un bon moment. Elle a un roman, un foulard de laine qu'elle adore et tout son temps pour siroter une boisson chaude. Elle va commander un simple verre d'eau chaude avec un quartier de citron et s'assoit au fond de la salle. Elle ne sort pas son livre de son sac messager. Elle écrase machinalement le quartier de citron dans sa tasse à l'aide de sa cuillère, les yeux braqués sur les étudiants qui se saluent là-bas. Une rousse aux cheveux courts, un grand brun affectueux, un frisé aux yeux bord-de-mer. Elle semble se perdre dans ses pensées, rêvasser. Elle sortira peut-être son roman tout à l'heure.

Isolde n'avait pas cru qu'elle aurait la force de s'extirper de son lit après si peu d'heures de sommeil. Son rôle d'organisatrice et de maîtresse de cérémonie l'avait obligée à rester jusqu'au bout de la soirée, et encore plus tard, pour remettre en ordre la grande salle de bal et la débarrasser de toutes traces de fête. Pour elle, la soirée avait été une réussite. Nonobstant l'humeur sinistre de plusieurs participants (mais qui pouvait les en blâmer, avec la situation politique actuelle ?), la plupart des hôtes avaient eu l'air d'apprécier la soirée. Elle avait même été impressionnée par la fougue artistique de certains pour le jeu des déclamations poétiques.

Finalement, l'obligation l'avait emporté sur la paresse et Isolde s'était levée pour aller chez l'apothicaire du Chemin de Traverse. La semaine précédente, Neal lui avait appris à confectionner un baume soignant de son invention, et elle avait besoin d'ingrédients pour s'entraîner à le reproduire. Elle craignait de venir dans cette artère témoin de violences encore fraîches, mais elle n'avait pas besoin de s'attarder. Arrivée dans la cour du Chaudron Baveur, elle lança un regard dans le pub, à l'affut d'une silhouette suspecte qui la ferait rebrousser chemin... et son regard tomba sur un amas de boucles bien reconnaissable.

Un mince sourire étira ses lèvres à la vue de son meilleur ami. Son poème musical était encore bien présent dans son esprit, et il le serait pour longtemps. Si elle avait eu une pensine, elle se serait empressée d'y conserver ce souvenir ; au cas où Clemens aurait des enfants, il serait dommage qu'ils ignorent la fibre guitaristique d'un soir de leur père !

Son sourire s'effaça cependant. La présence d'Amaranthe le rendait presque... obscène. Isolde n'avait pas revu l'Abraxan depuis l'enterrement de Bentley, où elle n'avait pas osé lui adresser la parole, incapable de toute façon de trouver des paroles réconfortantes. Que dire à une personne qui venait de perdre un ami aussi cher, et de toute évidence plus qu'un ami ? Elle ne connaissait pas Bentley, mais elle l'avait vu plusieurs fois travailler avec Amaranthe, et leur complicité lui avait sauté aux yeux. Elle s'était tenue coite toute la cérémonie, espérant que sa présence suffirait à marquer son soutien.

Tapie dans le fond de la salle, Deirdre était encore invisible aux yeux de la Phénix. Une autre tête connue avait déjà rejoint les étudiants, et Isolde s'approcha pour saluer le petit groupe.

- Bonjour Clemens, Aaron, Amaranthe. Je peux me joindre à vous ?

Clemens avait évoqué devant elle un rendez-vous avec Amaranthe, et elle se demandait si sa présence n'était indésirable. Mais elle voulait aussi prendre des nouvelles de la jeune femme, qu'elle s'inquiétait de ne plus voir à Haveirson. Isolde tira une chaise à elle et s'assit près de Clemens, ne voulant pas importuner l'Abraxane avec une proximité qu'elle savait gênante pour la jeune Irlandaise.

Sans grande surprise, Amaranthe ne le fit pas attendre longtemps. Quelques minutes à peine après qu’il eut choisi sa table, la silhouette caractéristique de l’Irlandaise se glissait sur la chaise en face de lui. Clemens faisait de son mieux pour lui opposer une expression neutre, amicale à défaut d’être enjouée. Il n’avait certes jamais perdu d’être cher dans des circonstances si tragiques, mais il se souvenait de la douleur imposée par le regard des autres. Son expérience était bien plus physique que celle de sa camarade, mais pouvait-on faire une véritable différence dans leur mal ? L’horreur et la souffrance qui rampaient dans les veines vous coupaient le souffle et vous embrumaient l’esprit. Il était bien assez difficile de se supporter soi-même pour devoir affronter la compassion artificielle de ses vis-à-vis. L’Allemand ne voulait pas forcer la jeune femme à revivre ces terribles minutes, car de toute évidence, elle ne le souhaitait pas.

Il allait ouvrir la bouche pour faire le résumé des dernières événements remontés jusqu’à ses oreilles, et des inquiétudes qui en découlaient, mais une autre voix vint interrompre son initiative. La silhouette désormais familière de Aaron le dépassa sans un regard pour se précipiter vers Amaranthe. Il leva un sourcil intrigué par cette démonstration d’indélicatesse, mais décida rapidement que les convenances n’étaient pas leur priorité. Patiemment, il attendit que le Phénix remarque sa présence et l’invite dans la conversation. Clemens le salua d’un sourire poli.

— Bonjour Aaron. Je préfère laisser Amaranthe juge des personnes qui peuvent participer à cette entrevue, mais en ce qui me concerne, ta présence ne me dérange pas. Je voulais évoquer quelques questions liées à l’académie… Peut-être ton expérience pourrait-elle nous être utile. Qu’en pensez-vous ?

L’Allemand tourna un regard interrogateur à l’Irlandaise. Plus le cercle s’étendait, plus ils joignaient à leur conversation des visages inconnus, plus ils prenaient le risque de voir un espion du Comte se glisser dans leurs confidences. Aaron semblait néanmoins suffisamment proche de Amaranthe pour qu’il décide spontanément de lui faire confiance. Ses fréquentations lui étaient complètement inconnues, les chances demeuraient ainsi élevées qu’il soit au courant d’autres méfaits, qu’il ait recueilli d’autres indices à propos des mystères de Haveirson. Une nouvelle voix interrompit encore ses réflexions, pour son plus grand bonheur cette fois.

— Isolde ! Je n’aurais pas pensé te voir à Londres le lendemain du bal. Excellente organisation d’ailleurs, je ne pense pas avoir eu le temps de te féliciter hier. Personnellement, je ne vois pas d’inconvénients à ce que tu te joignes à nous.

Trois cercles d’amis différents, les trois confréries représentées. Clemens n’aurait pas pu rêver d’une meilleure configuration pour avoir cette conversation. Il ne leur restait qu’à espérer le pouvoir du Comte assez peu étendu pour que ses longs doigts ne s’étendent pas jusqu’au Chaudron Baveur. Sinon, ils en subiraient tous les conséquences dans un futur plus ou moins proche. Cette pensée attira un sourire carnassier sur son visage. Si le Comte se vengeait, il leur livrerait par la même de précieuses informations sur ses capacités.

La voix d'Amaranthe trahissait son état dépressif. Elle n'allait pas bien et cela se voyait. Des signes qui ne pouvaient que témoigner de sa douleur. L'empathie du jeune homme n'était que multiplier lorsqu'il s'agissait d'un ami. Il avait eu la chance de ne jamais perdre d'être cher, mais comprenait tout à fait la peine que cela engendrait. Rien que l'idée de perdre quelqu'un à qui il était attaché lui faisait de la peine. En outre, Amaranthe était une jeune femme sensible.

La présence d'Aaron ne dérangeait aucunement Clemens. Il expliqua qu'il voulait évoquer des faits liées à l'académie. L'Italien se demanda ce que cela pouvait bien être. Il se passait tellement d'événements étranges à Haveirson que cela ne pouvait que susciter leur attention. « Très bien, cela me va ! C'est un sujet sur lequel nous avons tant de questions et si peu de réponses. » Malheureusement, personne n'en savait plus que lui et rien n'était sur. Les étudiants énonçaient tous des théories absurdes pour tenter d'expliquer les phénomènes étranges. Mais rien n'était prouvé.

La réponse qu'elle donna à la question d'Aaron ne pouvait qu'être fausse. Elle n'allait pas bien et cela était certain. Tout ceci le laissait bien pensif. « Je vais bien. Ne t'en fais pas pour moi. » Sa réponse était véridique. Rien ne le tracassait réellement hormis la santé de sa jeune amie.

L'Abraxan invita son camarade à s'asseoir, ce qu'il s'empressa de faire.

Ils furent rapidement rejoint par Isolde, l'organisatrice de la soirée de la veille. « Bonjour Isolde. je t'en prie, joins-toi à nous. » L'arrivée soudaine d'une nouvelle personne ne pourrait qu'ajouter un avis de plus aux débats et apporter un autre éclairage. « Ta soirée était divinement réussie. Tu as fais un très bon travail. » Aaron s'y était beaucoup plût et avait trouvé le moment très convivial et amusant.

Personne ne s'opposa à sa venue et Isolde s'installa tranquillement sur la chaise à côté de Clemens, observant Amaranthe, évitant tout de même de la dévisager. Elle connaissait assez l'Abraxan pour savoir qu'elle n'était pas du genre expansive, et qu'elle n'ouvrirait pas son coeur devant autant de gens dans un lieu bondé. Mais Isolde se doutait que sa tristesse bien enfouie devait lutter pour faire surface et briser l'apparence de calme d'Amaranthe ; pour preuve, la trace encore brillante d'une larme sur sa joue pâle. Elle avait envie de serrer l'Abraxan dans ses bras, de la réconforter, mais un tel geste aurait été déplacé, et sûrement mal perçu par la jeune Irlandaise. Isolde se contenta d'un regard, chaleureux et dépourvu de la moindre once de pitié ; Amaranthe n'en avait pas besoin.

Et la conversation s'axa sur un sujet plus léger ; la fête de la Saint-Valentin. Isolde n'était pas peu fière de son baptême en temps qu'organisatrice, et un large sourire éclaira son visage.

- Merci beaucoup, je suis touchée que la soirée vous ai plu. Elle s'est bien passé, dit-elle en s'adressant à Amaranthe. Je pense que tout le monde a saisi l'occasion pour oublier un peu les dangers qui nous guettent actuellement. Et Clemens nous a même fait la démonstration de ses talents de musiciens, je n'en attendais pas tant, ajouta-t-elle avec un regard espiègle pour son ami.

Elle espérait qu'une anecdote légère dériderait un peu l'Abraxan, ou au moins la détournerait quelques minutes de ses pensées sinistres. Isolde avait ce réflexe, bon ou non, d'essayer de faire rire les gens qui broyaient du noir. Quitte à faire le pitre ou à exagérer un peu, du moment que sa bonne humeur à elle réussissait à chasser un peu la déprime de l'autre. Sans non plus empêcher la personne de s'épancher si elle le voulait, bien sûr. Elle ne savait pas vraiment dire si l'idée était bonne, mais elle était persuadée que le rire pouvait aider à guérir bien des maux.

- A part un élève qui a essayé de franchir la limite d'âge pour boire de l'alcool, il n'y a eu aucun souci. Les gens se sont prêtés aux activités proposées. Un des jeux consistait à écrire un poème et à le réciter devant tout le monde. Daphné et moi craignions un peu que personne n'ose, mais les participants ont été impressionnants. Certains ont même chanté, dansé ou joué de la musique !

Un léger rire secoua ses épaules au souvenir d'Yvain, submergé par sa fougue sur la scène. Le serveur s'approcha alors d'eux et, reprenant son sérieux, Isolde hocha la tête.

- La même chose pour moi, merci.

Tom rejoignit ensuite son fidèle comptoir et Isolde se pencha légèrement en avant, baissant un peu la voix, le visage plus grave.

- Vous parliez d'Haveirson, c'est ça ? J'ai cru l'entendre en arrivant. Il vous est arrivé des... accidents à vous aussi ? demanda-t-elle à Aaron et Amaranthe.

Relevant les yeux, son regard se posa sur Deirdre, toujours aussi immobile, mais aussi concentrée sur le petit groupe d'étudiants. Isolde frissonna. Etait-il possible que le Comte ait des espions ici ? Non, elle se faisait sûrement des idées, ce devait être une élève lambda, venue faire des courses. N'est-ce pas ?

- Une jeune femme nous observe là-bas, dit-elle en jetant un discret regard dans la direction de Deirdre. Vous la connaissez ?

Clemens se mura dans le silence pendant quelques instants, juste le temps de laisser à Aaron et Amaranthe le temps d’échanger leurs politesses et de laisser Isolde s’installer. La configuration inattendue de leur entrevue faisait naître une excitation étrange chez le jeune homme, qui se réjouissait déjà des récits des uns et des autres. Il connaissait bien sur les déboires de sa meilleure amie au sein de l’académie — ou la plupart d’entre eux, pour le moins — mais la présence de Aaron rendait la discussion plus pimentée. Amaranthe ne l’aurait sans doute pas encouragé à rester si il n’avait rien à leur révéler sur les activités du Comte.

Les échanges légers se poursuivirent néanmoins, au grand damne de l’Allemand, qui aurait souhaité entrer plus vite dans le vif du sujet. Comme toujours cependant, Isolde parvint à faire naître un sourire sur son visage lorsqu’elle évoqua ses talents de musicien. Il leva les yeux au ciel, faussement vexé par sa pique, encore amusé de sa performance hautement ridicule. Clemens s’était volontiers prêté au jeu de la représentation, afin d’encourager la foule à se prendre au jeu. Les organisateurs de la soirée leur avaient livré un divertissement sans pareil, rivalisant sans honte avec le bal de Halloween de Heath et Rowan.

— Je ne suis pas certain que mes talents de musicien aient été apprécié par la majorité, cependant. Ma Valentine a néanmoins eu l’air d’accepter mon œuvre avec humour, et c’est bien là le principal.

La jeune Alycia lui avait fait bonne impression. En cours, elle avait l’attitude d’une jeune femme sure d’elle et de ses capacités, mais la fête avait déployé son sens de l’auto-dérision. Elle avait répondu du tac-au-tac à sa fausse déclaration, sans se laisser impressionner par le parterre de regards critiques. Clemens était bien placé pour savoir qu’il s’agissait là d’un jeu difficile, particulièrement lorsque l’on portait les couleurs de Salazar.

D’un simple hochement de la tête amical, il commanda lui aussi une tasse de thé, avant de laisser son regard flotter sur la salle. En cette période clémente de l’année, où le printemps commençait doucement à se faire sentir, le pub était animé et joyeux. Mais son inspection fut distraite par l’entrée en matière de Isolde. Haveirson avait enfin été nommée, dévoilant toute la délicatesse des sujets qu’ils auraient à aborder. Peu d’étudiants étaient encore convaincus que leur université était un lieu parfaitement banal, aussi inoffensif que Poudlard avait pu l’être. La question de sa meilleure amie s’adressait clairement à leurs deux autres interlocuteurs, alors il resta silencieux, portant à nouveau son regard sur la salle.

Clemens posa les yeux sur leur observatrice au moment précis où Isolde la leur désignait. Il se détourna, l’air de rien, soudainement curieux mais inquiet également. Les étudiants de Haveirson n’avaient pas particulièrement l’habitude de se retrouver au Chaudron Baveur, alors que le Parker’s Coffee était si proche de l’académie. Noël était passé, et peu d’entre eux avaient encore des raisons de se rendre à Londres.

— Je ne connais pas son nom, mais je l’ai déjà aperçue à Sinistros. Je n’ai aucune idée de ce qu’elle fait à Haveirson.

L’Allemand fronça des sourcils, alors que son regard rencontrait celui de sa meilleure amie. Il pouvait voir, dans la lueur de ses yeux, qu’elle ne posait pas la question au hasard, mais bel et bien en réaction à une réflexion plus profonde. Quelle était la probabilité qu’une personne si discrète, inconnue d’eux quatre alors qu’ils suivaient tous des cursus différents, se trouve au même moment qu’eux au Chaurdon Baveur ? Il jeta un regard interrogateur à Amaranthe et Aaron, espérant que l’un d’eux aurait de véritables informations pour dissiper le doute sur la présence de cette inconnue.

Elle ne sort pas son roman. A-t-elle un jour véritablement envisagé de le faire ? La cuillère se plonge dans l'eau chaude à la recherche du quartier de citron, qu'elle meurtrit encore et encore, toujours concentrée sur les mouvements et dires de ces jeunes qui se rassemblent un peu plus loin dans la salle. Ils sont quatre. L'une d'entre eux a les épaules plus affaissées, la mine plus basse. Les gens semblent à la fois mal à l'aise, attentifs et empathiques à son contact. D'après les bribes de conversation qu'elle saisit, rien n'indique la cause de ce comportement que tous, pourtant, partagent. Mais quelque chose a bien dû se passer.

Ses yeux observent le comportement de chacun. La jeune brunette aux cheveux frisés semble joviale et pimpante, mais quelque chose indique une certaine fatigue chez elle. Les deux hommes ne doivent pas se connaître. Les mots et les attitudes le prouvent. Le lien entre eux, c'est la rousse à qui tout le monde veut remonter le moral. Et le lien entre les deux filles, c'est le brun aux yeux bord-de-mer. Celui qui semble l'instigateur de la petite réunion. Qui l'est, en fait. Deirdre le sait bien. Un groupe bien hétérogène, en fin de compte. Note mentale.

Les discussions se font légères mais s'approfondissent rapidement.

Deirdre ne passe pas inaperçu. Voilà qui vient d'éclaircir la suite du processus. Elle réalise qu'il faudra qu'elle agisse plus rapidement. A-t-elle manqué de prudence, de subtilité? Sans doute. Était-ce une erreur ? Pas tellement. Peut-être. De toute façon, la rousse parle tellement bas qu'elle n'arrive pas à capter l'information. Profiter du moment. Saisir la perche. De toute façon, ils la soupçonnent déjà. De quoi, au juste ? Elle n'est qu'une étudiante, tout ce qu'il y a de plus normal.

Elle se lève. Elle emmène son eau citronnée, son sac messager, son écharpe adorée et son sourire à tomber. Elle se rapproche du petit groupe et, timidement, prend la parole.

- Euh, bonjour... Je suis désolée de vous déranger. Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre le motif de votre petite réunion et il se trouve que je fréquente aussi Haveirson... Et j'aimerais comprendre, moi aussi. Ce qui s'y passe.

Elle reste immobile. Elle attend. Elle espère, parce que comme ça les choses seront bien plus faciles.

- Oh, et je m'appelle Deirdre. Deirdre Lancaster. Je suis à Sinistros, comme toi, Clemens.

Sourire gêné. Elle a laissé échapper son nom. Elle tend sa main aux étudiants afin qu'ils la serrent. Elle attend de savoir si elle a réussi le test.

Isolde livra un court récit des festivités de la veille à Amaranthe. A ses évocations, un sourire naquit sur les lèvres d'Aaron. La soirée avait été riche en rebondissements et fort plaisante. Un moment qu'il n'oublierait pas de si tôt. Les exploits musicaux de Clemens furent évoqués.

La conversation revint sur le sujet qui tracassait les quatre étudiants ; les événements mystérieux qui avaient lieu à Haveirson. La Sinistros demanda au jeune homme de l'éclairer au sujet d'accidents qui lui serait arrivé. Il pensa tout d'abord à l'épisode du labyrinthe avec Jessica, puis au moment dans le salon de thé avec Amaranthe où les tableaux avaient révélé avoir des oreilles et avaient exprimé leur effroi quant à l'évocation des créatures mystiques d'Italie. « J'ai osé tenter l'expérience du labyrinthe. Triste erreur de ma part... Le lieu est totalement terrifiant, je ne comprend pas pourquoi un tel endroit a été créé. Je trouve cela bien étrange. » Cet épisode avait laissé un goût amer au Phénix. Il ne comptait pas tenter de nouveau l'expérience et ne mettrait plus jamais les pieds dans ce maudit labyrinthe et qui plus est n'entrerait pas sa meilleure amie dans ce genre d'aventure, beaucoup trop dangereuse. « Avec Amaranthe nous avons également été témoins d'un phénomène bien étrange. Alors que je lui racontais le folklore Italien et notamment l'existence de mystérieuses créatures qui protégeraient les sorciers des mangemorts. » L'évocation de ce second événement le laissa pensif et lui remémora de mauvais souvenirs. Il se souvint de la frayeur de sa camarade.

Amaranthe prit la parole à son tour pour expliquer ce qui lui était arrivée. Cela fit frissonner le jeune homme. Toutes ces histoires ne pouvaient pas moins qu'en être plus inquiétantes. Le mystère planait et personne n'en savait réellement plus à ce sujet. « Par Merlin ! Ceci est plus qu'inquiétant. Le Comte a une forte emprise sur nous et semble nous manipuler. Serions-nous des pantins ? » Les questions se bousculaient mais demeuraient sans réponse. Seules des hypothèses et des suppositions avaient été émises. Aucunes vérités n'avaient encore éclaté au grand jour. Pourtant, l'Italien sentait que cela ne tarderait pas à arriver. Beaucoup trop de sorciers se posaient des questions et fouillaient pour comprendre ce qui se tramait et quelles étaient les intentions du Comte.

Aaron n'avait pas remarqué qu'une jeune femme observait le quatuor. Ce fut Isolde qui en fit la remarque. Il ne l'avait jamais vu auparavant. Pourtant, Clemens semblait l'avait déjà vu. Elle faisait parti de sa confrérie et était donc étudiante à Haveirson. Sa présence n'en était que plus intrigante. Que pouvait-elle bien faire ici ? L'Abraxan souligna l'hypothèse que cela pouvait être une informatrice du Comte. Son idée ne paraissait pas dénudée de toute logique. « C'est possible. Sa présence ici est étrange. » Le doute planait et personne ne semblait en savoir vraiment plus à son sujet.

A peine venait-il de se taire qu'il vit l'inconnue se lever et s'approcher des étudiants. Elle prit la parole et expliqua sa venue. Elle aussi avait envie d'en savoir plus à propos de ce qu'il se passait à Haveirson. Aaron n'était pas trop rassuré à l'idée qu'une parfaite inconnue se joigne à eux pour discuter d'un sujet aussi houleux. Il jeta un coup d'oeil en direction de ses camarades pour leur laisser prendre la parole. Il ne savait pas quoi dire et n'osait dire clairement qu'il ne souhaitait pas que la Sinistros se joigne à eux. Cette dernière se salua, ainsi elle s'appelait Deirde et s'adressa directement à Clemens comme faisant parti de sa confrérie. L'ancien Poufsouffle trouvait étrange qu'elle connaisse le prénom de Clemens. Ses doutes à son sujet étaient bien trop grands pour ne pas se méfier. « Bonsoir. Je suis Aaron. » Sa voix était ferme et ne trahissait pas ses doutes. Il ne voulait surtout pas que Deirde remarque sa méfiance à son égard.

Gagné ! Un léger sourire vint étirer les lèvres d'Amaranthe au récit de la soirée de Saint-Valentin. Isolde se détendit un peu et s'assit plus confortablement sur sa chaise. Evidemment, Isolde n'espérait pas chasser le souvenir douloureux de Bentley, mais elle croyait fermement que le rire soulagerait Amaranthe, une seconde au moins. A sa question, elle répond par un sourire en coin.

- Un Gryffondor. Mais je ne vais pas dévoiler son nom, le pauvre était déjà assez gêné.

Elle sourit de plus belle à Clemens, amusée par son air faussement outré. Elle sentait cependant l'envie de son ami de passer tout de suite à la discussion qui l'amenait au Chaudron Baveur, et elle-même sentait la curiosité la titiller de plus en plus. Elle n'avait parlé de ses déboires qu'à ses proches amis, mais maintenant que la grande majorité des étudiants se méfiait de leur bienfaiteur inconnu, elle répugnait moins à les partager avec d'autres. Pas n'importe qui, tout de même, les évènements récents avaient accentué sa méfiance ; mais elle connaissait suffisamment Amaranthe et Aaron pour que sa méfiance s'apaise.

Le récit d'Amaranthe la choqua, et elle ne put s'empêcher de lancer un regard légèrement évocateur à Clemens à l'allusion au labyrinthe. Y avait-il une escalade de violence de la part du Comte, ou était-ce seulement dû à la curiosité malvenue des étudiants ?

- Je pense qu'il a d'autres moyens de nous espionner, en plus des miroirs. Clemens et moi avons été attaqués dans le hall, où il n'y en a aucun... Et c'était la même chose que pour toi, Amaranthe : il nous a fait subir ce que nous avions fait au château. Vous pensez qu'il est aussi violent pour quelles raisons ?

Sa réflexion fit bouger un nouvel engrenage dans son esprit. Leur faire subir ce qu'ils faisaient au château... Isolde n'avait pas trouvé d'explication au rêve très agréable et à la journée radieuse qui l'avait suivie, un mois auparavant ; aussi avait-elle remisé cet évènement dans un coin de son esprit pour y réfléchir plus tard. Alors qu'il ressurgissait, il lui faisait entrevoir un lien avec leurs autres mésaventures, sans qu'elle parvienne toutefois à mettre le doigt dessus.

Elle n'eut pas le temps de partager son idée, perturbée par la jeune femme au fond du bar. Clemens connaissait assez la Phénix pour deviner le sous-entendu sous sa question. Elle frémit presque imperceptiblement à l'idée d'être suivie par ses espions. Et ses doutes furent confirmés ; l'identité de la jeune femme leur était tout aussi inconnue que la raison de ses oeillades discrètes dans leur direction. Avant qu'Isolde ait le temps de répondre à la question d'Amaranthe, la Sinistros se leva, augmentant subtilement la vitesse des battements du coeur de la jeune Allemande. Malgré l'air tout sauf menaçant de l'inconnue, Isolde sentit une inquiétude irrépressible la saisir. Mais quand la Sinistros rejoignit leur table, Isolde choisit d'adopter la même tactique qu'Aaron ; bien qu'elle ne sache pas si elle devait interpréter en bien ou en mal le fait que l'inconnue connaisse Clemens, alors que ce dernier venait d'affirmer qu'il ne lui avait jamais parlé. Elle lui tendit la main, son habituel sourire chaleureux sur les lèvres. Après tout, si elle n'était qu'une simple étudiante, la renvoyer sèchement serait injuste, et si elle était effectivement une espionne, autant éviter d'exposer trop vite son ressentiment envers l'Académie...

- Bonjour, moi c'est Isolde. Je suis à Phénix.

Le minimum d'information serait le mieux ; et de toute façon, si elle les espionnait, elle les connaissait déjà. Isolde réfléchit rapidement à ce qu'une élève lambda pouvait savoir des mystères d'Haveirson. Il était trop tard pour changer de sujet maintenant, de toute façon.

- Il t'est arrivé quelque chose à l'Académie ?

Autant poser les questions elle-même, plutôt qu'avoir à y répondre tout de suite.

Silencieux et attentif, Clemens écoutait ses camarades raconter leurs mésaventures tour à tour. Les lèvres pincées, il sentait le malaise grandir en lui au fur et à mesure que les détails s’additionnaient les uns aux autres. Trop souvent, ils faisaient écho à d’autres histoires qu’il avait entendu par Quinlan, Rowan ou Megan. Le Comte semblait bel et bien voué à les espionner et à punir fermement chaque écart. Pourtant, l’anecdote d’Aaron laissait transparaître une information encore plus profonde. Si le château réagissait à un conte de protection des mangemorts, alors son propriétaire devait, d’une manière ou d’une autre, avoir pris parti dans le conflit qui opposait les sorciers.

Ses doigts martelaient la table au rythme de ses réflexions, tandis qu’il approuvait distraitement les paroles de Isolde d’un hochement de tête. Les attaques semblaient avoir été si nombreuses et si évidentes que l’Allemand peinait à comprendre pourquoi leur mystérieux bienfaiteur s’attachait à cette méthode. Chacun faisait à présent le lien entre ces étranges manifestations et le directeur, alors n’aurait-il point suffit de promulguer un décret ou une quelconque sorte de ligne de conduite indiquant plus clairement ce qu’il attendait de ses étudiants, au lieu de les laisser le découvrir de punition en punition ?

Une voix inconnue le tira de ses pensées. L’inconnue de Sinistros s’était approché d’eux et venait de le saluer personnellement avec une familiarité qui le fit froncer les sourcils le temps d’une seconde. Ses yeux bleus brillaient d’une lueur de méfiance, tandis que ses camarades intégraient poliment la nouvelle venue à leur discussion. Clemens se détendit finalement, car s’il ne connaissait pas le nom de la jeune femme, il devait avouer qu’il n’avait jamais porté attention à elle. Ses seuls souvenirs se limitaient à ses sauvages boucles brunes qui ne manquaient pas de la faire détoner dans la salle commune. En toute objectivité, il était parfaitement pensable qu’elle ait entendu son nom lors d’une quelconque conversation, ou même, qu’ils aient des amis communs.

— Enchanté, Deirdre. J’ai l’impression que nous sommes nombreux à avoir le besoin de comprendre.

Il fit une courte pause, le temps de décider de quelle manière il allait expliquer ses propres déboires, mais déjà Isolde relançait la conversation en y incluant Deirdre sans détour. Leur regard échangé l’étonna, car si la perspicacité de sa meilleure amie n’était plus à prouver, l’étudiant n’avait pas l’habitude de la voir aussi méfiante. Son propre malaise ne s’en réveilla qu’avec plus d’ardeur, tandis qu’il interogeait lui aussi sa camarade de Sinistros du regard. Il détaillait sa silhouette, son atttitude, dans l’espoir de découvrir un indice de qui elle était vraiment. Amie, ennemie, ou main tendue ?

— Tu étais à Poudlard, Deirdre ? Je ne me souviens pas t’avoir vue à Serpentard, pourtant on doit avoir à peu près le même âge, non ?

Soulignant sa question d’un sourire amical et intéressé, Clemens garda ses yeux fixés vers elle, aussi curieux que ses intentions étaient retorses. Il espérait qu’aucun de ses camarades ne relèveraient l’inexactitude dans ses propos. Tous savaient qu’il avait été à Serdaigle, et même s’il avait eu de nombreux liens avec la maison au serpent — plus ou moins bon selon les époques — il ne pouvait pas prétendre les connaître tous.