Labyrinthe : Entre illusions et désillusions

Elle avait beau fouiller dans sa mémoire, elle n'avait pas le souvenir que la chose eut usé de feu la dernière fois. Elle ne pouvait par contre pas assurer que c'était la première fois que le feu était employé, ignorant si d'autres personnes avaient déjà pénétré comme eux, dans cet enfer. Elle répondit donc d'une voix qui se voulait assurée à l'aristocrate.

- Certaine, non. Mais je suis sûr de ne pas avoir eu droit au feu la dernière fois. Si d'autres se sont aventurer ici, j'ignore quelles epreuves se sont mises sur leur chemin.

Peut-être auraient-ils du se renseigner avant de redescendre ici-bas afin de recueillir des temoignages de quelques aventuriers téméraires. Hors là, il n'avait qu'une expérience en connaissance et cela pouvait les pénaliser dans l'avancement de leur objectif.

Mais la théorie de Rowan lui paraissait pleine de cohérence, surtout parce que c'était la seule qu'ils avaient pour le moment. Du moins la seule bien ficelé. Parce que Rowan lui avait partagé ses pensées, Megan crut bon de lui avouer à mi-mots.

- Au départ, l'idée qui m'avait effleuré l'esprit était que la chose nous faisais vivre nos pires peurs, ça n'a pas coller avec mes théories, je pense même que c'est elle qui a fini par nous coller des peurs...

Elle pensait notamment à Clemens qui avait été jeter dans cette eau d'aspect peu accueillante et ou l'illusion n'avait été que plus traumatisante...


Megan entendit les explications de Rowan, tout en reprenant leur route. Elle n'ajouta rien puisqu'il était pour le moment inutile de faire de commentaire. Les suppositions avaient étés faites, il ne restait plus qu'à savoir s'ils avaient raison ou s'ils se fourvoyaient dans des théories fumeuses. Bien que ça ne lui plaisait pas de se laisser faire sans réagir, il fallait quand même essayé. Elle attacha sa baguette dans la sangle sur son avant bras avant d'acquiescer.

- Voyons donc ce qu'il se passera si nous n'utilisons pas la magie contre lui...

L’hypothèse qu’il avait précédemment formulé, ne pouvait se tenir – concrètement – que s’ils parvenaient à découvrir le mécanisme des événements affiliés au labyrinthe. Ou qu’un curieux aventurier de la première heure, s’étant rendu en ces lieux bien avant eux, trouva un quelconque moyen de leur transmettre ses précieuses observations. À dire vrai, de tels paramètres se référaient surtout au domaine des miracles. Ils avaient autant à prier les cieux plutôt que de partir en quête d’individus ayant partagé leur calvaire.

La probabilité d’en trouver – si ces derniers existaient vraiment – étant relativement négligeable.

Encore une fois, les deux étudiants ne pouvaient que se baser sur leurs propres considérations des choses. Ni plus. Ni moins. Avec tout ce que cela comportait de manquements et de discordance. De théories assurément douteuses. Surtout face à un système de défense dont l’aristocrate n’avait pas encore testé toutes les limites ; contrairement à sa camarade.

« C’est déjà un indice essentiel. » Ses iris s’échinaient à détailler les murs érodés et imposants qui définissaient leur environnement. Une prison de pierres froides, humides et silencieuses. « Le simple fait d’analyser ce qui nous arrive avec un recul suffisant, nous permet de dresser une liste exhaustive des sortilèges et des mythes employés à notre encontre. » En dépit de ce qu’ils vivaient, baignés d’incertitudes quant à leur survie, Rowan ne pouvait s’empêcher de relier leur situation aux grandes légendes du passé.

À son sens, il devait foncièrement exister un connecteur tout désigné entre de telles entités. À tort ? « Avons-nous un moyen de savoir qui s’est déjà aventuré ici bas ? » L’interrogation se voulait prudente, dans l’attente d’une réponse somme toute alambiquée. Un ‘Non’ logique et tristement cohérent devant y succéder. Pourquoi perdre ainsi du temps en une question dont il supposait déjà la finalité ? Par espoir.

Megan avait l’air d’être au fait de détails novateurs ; outre un point de vue dissemblable et nécessaire à la poursuite de leur mission.

Une appréciation confortée par les aveux portés du bout des lèvres. « Je me demande si de telles peurs ne sont pas des dommages collatéraux, plus qu’une vive volonté de nous faire payer notre intrusion. » Une idée l’électrisa. « En vérité, quelle que soit la force évoluant dans cet endroit, ses manifestations sont bien assez explicites pour... Que nous en comprenions l’ultime avertissement. » Ses doigts caressèrent une dernière fois le bois de sa férule, cette dernière rejoignant la quiétude protectrice de sa cachette. « Si le gardien du labyrinthe voulait nous tuer, ce serait déjà fait. »

Après tout, qui pouvait certifier que le tartare n’était pas aussi une arène ?