Un regard un peu trop insistant (Alycia McWood)

Se laissant tomber lamentablement contre un arbre, Aaron pouffa, lavé. Ces examens de fins d'années allaient finir par avoir sa peau. Il lui semblait même que c'était la première fois qu'il bossait autant en une semaine. Enfin, bosser ; c'était un bien grand mot. Généralement, il se résumait plutôt à attraper un bouquin, fixer le mur pendant le temps de révisions espéré, et refermer le bouquin. Ouais, les cours ça n'a jamais été le comble du Poufsouffle.

Actuellement, il mordillait activement son crayon de papier. Ouais, comme apprentissage, on pouvait clairement dire que ça ne servait pas à grand chose. Mais, l'Histoire de la Magie était une matière qui ne servait pas à grand chose, en soit, pas vrai ? Même les reflets du soleil sur le lac étaient plus intéressants. Le mouvement de l'herbe causé par le vent, les battements des ailes des quelques oiseaux encore présents en cette période, étaient plus intéressants.

Aussi ; il pensait au bal, à la Saint-Valentin. Contre toutes attentes, il avait plutôt apprécié cette soirée. Grâce à Angel. Il sourit, bêtement. Finalement, il commençait à développer une bonne relation avec la Serpentard. Il avait été tellement heureux de la voir réconciliée avec elle-même, et pleine de joie de vivre ! Alors les deux adolescents s'étaient amusés, l'une commençant à accepter la mort de son amie, et l'autre refusant de se renfermer sous prétexte que sa meilleure amie n'était pas venue.

Puis un bruit, peut-être un craquement, le sortant totalement de ses pensées les plus profondes. Il fronça les sourcils, faisant sur le coup tomber son crayon sur le sol. il se leva doucement, prenant appui sur le tronc et resserrant son écharpe portant les couleurs de sa maison.

« Heu, y'a quelqu'un ? » demanda-t-il, en trahissant un peu son agacement.

Ce ne serait pas vraiment étonnant, il était en plein milieu de la journée. Le parc était un endroit très fréquenté, et les élèves adoraient passer du temps ici. Seulement, depuis l'épisode de la forêt interdite, il n'aimait pas se sentir observé. Ouais, un poil parano.

Je sors de la Grande Salle où j'avais traîné pour déjeuner, pour une fois je me suis dit que j'allais me donner du temps. Rien que pour moi et personne à voir ou encore aucune aventure à vivre. Je veux juste un peu de temps pour moi, retrouver un peu de mon innocence. Ignorer les garçons et les hormones qui se réveillent en mon sein. Je veux juste avancer, rigoler, sourire avec malice... Est-ce seulement possible ? Je ne pense pas, je ne fais cela qu'avec Skyler et parce que je me l'autorise car le cas de figure est différent, je suis loin de tout. Je ne sais plus vraiment ce que je dois penser. En réalité, en un mois il s'est passé plus de chose dans ma vie qu'en quatre ans.
Alors j'ai bien le droit à un moment de détente, n'est-ce pas ?

Quand je me retrouve dans le hall, j'ai l'impression que le temps passe en accélérer, les gens passent vite près de moi, semblent tous si pressés alors que je stagne, et au loin j'aperçois sa tête blonde qui s'éloigne. Je ne le suis pas tout de suite, de la direction qu'il prend, il semble s'égarer au Parc. Non, je vais aller poser mon livre dans ma salle commune et j'irai peut-être l'observer pour m'évader. Peut-être allait-il retrouver quelqu'un et je pourrai le voir sourire, rire... alors que j'en suis incapable.
Je me sens si vide en réalité. Je me persuade que ce masque de froideur cache quelque chose de plus sombre... En fait, je suis simplement vide.
C'est bien que je m'en rende compte, j'ai besoin d’œuvrer pour une cause... De me ranger dans un camp, servir à quelque chose plutôt que de ne brasser que du vent. Je veux contribuer à ce dont je crois.

Je me faufile dans le sous-sol jusqu'à notre maison, je monte quatre à quatre les escaliers qui s'enfoncent dans mon dortoir avant de me changer, troquant mon uniforme pour un slim noir et un pull en cachemire beige, je mets mon gros manteau noir et l'écharpe ainsi que les gants aux couleur de notre maison, et j'enfile les boites grises avant de remonter dans le hall, où à nouveau je bloque. J'ai froid et pourtant je me sens envahie par une nouvelle vague d'adrénaline. Je vais aller espionner Aaron, ce sera drôle. Je sais que ces derniers temps, quand je croise son regard, il me regarde comme si j'étais folle, ou se demandant ce que je  peux bien lui vouloir. Skyler m'a déjà parlé de lui, il m'a dit que c'était quelqu'un de gentil, et j'avais surenchéri en disant qu'il m'intriguait tellement que je pouvais passer des journées entières à l'observer. Pas parce qu'il me plaît, mais parce qu'il est unique.

Je me décide enfin à décoller du hall, et je m'échappe jusqu'au chemin qui mène au parc. Je profite de la brise légère, j'oublie tout ce qui me préoccupe, sauf ce petit côté aventure qui m'amuse. La peur d'être repérée. Je glousse en arrivant dans le parc à grands pas, et je jette un œil à cette herbe blanchie ainsi qu'aux arbres cachottiers, et je vois sa chevelure dorée qui dépasse derrière un tronc. Je souris et je me cache. Je passe d'arbre en arbre en prenant soin de ne pas me faire remarquer. Puis une fois que je suis installée à l'arbre voisin du sien, je m'installe pour le regarder. Je me positionne sur le ventre et je l'espionne. Il réfléchit, fait semblant de travailler... Comment fait-il pour passer sa vie à rêvasser... ?
Je change de position et une branche cachée par la neige craque sous mon poids. Je fais silence mais je l'entends demandé au silence s'il y a quelqu'un, je grimace. Et pour une raison qui m'échappe, je roule sur le côté en me montrant. Je reste un petit moment interdite, puis je me referme, je ne sais pas ce que j'attendais en faisant ce genre d'entrée mais je me relève en enlevant la neige de mon manteau.

« Ce n'est que moi. Je... Je suis tombée. »

Mensonge, mensonge. Mais que voulez-vous que je dise ?
Coucou c'est moi, je t'espionnais, mais tu m'as vu ! A toi de te cacher et à moi de te trouver !
Exaspérée par moi-même, je le toise avant d'accrocher son regard et la magie opère, je me détends naturellement. Oubliant d'enfiler mon masque et je souris gentiment... vraiment.

Alycia McWood. Allias, la folle. Celle qui l'espionne toutes les semaines, toute la journée, à chaque cours qu'ils devaient partager ensemble, sans exception. Au début, il n'y prêtait aucune attention, mais au fur et à mesure, son regard intensif, lourd, commençait sérieusement à rendre Aaron inquiet. Il la trouvait carrément bizarre, à force. Flippante, même. En venant même à se demander s'il avait fait quelque chose qui avait pu énerver, ou blesser la Serpentard. Mais rien dans son attitude était vraiment agaçant, pas vrai ? Alors il avait laissé tomber, continuant à supporter Alycia qui se croyait, en réalité, tout à fait discrète.

Plusieurs fois il s'était dit qu'une discussion devait avoir lieu, pour mettre les choses au clair. Qu'elle était nécessaire. Alors souvent le sorcier avançait vers la jeune fille, avant de faire demi-tour, discrètement. Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire ? Salut Alycia, peux-tu me donner la raison pour laquelle tu m'observes tout le temps ? Si ça se trouve, ce n'était même pas lui qui était l'objet de son attention. Peut-être qu'il se trouvait juste ─ à chaque fois ─ sur la trajectoire de la brune. Bon, d'accord, peu probable.

Mais cette fois, elle ne pouvait pas nier l'évidence, elle s'était faite prendre. Mais c'était tout de même ce qu'elle fit, avançant qu'elle avait trébuché. Donc qu'elle n'était pas juste là à l'observer, cachée derrière un arbre, que c'était juste le hasard qui a fait que leur chemin se soient croisés. Vraiment ? Tu étais tombée ? Sérieusement, Aaron s'attendait à mieux de sa part. Il sourit tout de même, suite à son entrée.. originale, et amusante. Malgré tout ça, il ne pouvait s'empêcher d'apprécier la jolie fille.

« Ho, salut Alycia. Qu'est-ce que tu faisais par ici ? Tu t'es pas fait mal au moins ? » dit-il, affichant tout de même une mine inquiète.

Parce qu'il savait pertinemment qu'elle mentait ─ ce qui lui plaisait moyennement ─. Il continua à jouer le jeu ; il voulait juste savoir jusqu'où elle était capable d'aller pour garder son secret. Puis, c'était marrant de regarder la jeune Serpentard, d'habitude studieuse & droite, s'emmêler les pinceaux et s'enfoncer dans des propos sans aucun sens. Mais, Aaron aussi était un très bon comédien. Il lui offrit un sourire réconfortant, confiant, lui montrant alors sa pleine compassion.

Au moins, ça lui donnait une raison valable de ne pas continuer à faire ses fichus devoirs.

Je lève doucement mon regard sur son visage pâle. Ses cheveux dorés n'arrangeaient pas son teint, mais il a pourtant ce sourire qui illumine le tout. C'est extraordinaire alors que la nature le forcerait presque à être comme moi, froid et stoïque, il arrive avec un sourire à être plus chaleureux. Je suis certaine qu'il brûle. Ses gestes nonchalants, cette assurance peinte avec la … gaieté. Quelle horreur. Il est tout ce que je ne serai jamais. Alors pourquoi semblait-il heureux ? J'aurais aimé, d'un côté, oublié que je m'enroulais dans des draps noirs pour pouvoir sourire avec sincérité, rigoler à gorge déployé... Je ne sais même pas à quoi ressemble mon rire. Je l'oublie chaque fois que je quitte Skyler. C'est plus facile de le regarder vivre pour moi, Aaron. Je ne sais pas comment il fait pour ne pas souffrir ou tirer le positif de ses souffrances...

Écoutez-le, cette gentillesse dans son ton, cette inquiétude non-feinte. Ce « salut » agréable... Je ne comprends pas. Je reste hébétée à tel point que je ne lui réponds pas. Non je me rends compte un peu trop tard que j'ai repris mon regard d'inquisitrice et que j'étudie encore ses paroles, ses gestes. Je me reprends doucement en sursautant légèrement, les joues rougis par le froid... N'est-ce pas que c'est par le froid et non parce que je sais que je suis grillée à cent kilomètres ?
Je fronce doucement les sourcils et je regarde mon coude. J'ai roulé sur un caillou mais il ne m'a pas fait assez mal pour dire que j'ai une blessure partielle, qui aurait pu me sauver la face. Alors je soupire en faisant une fumée blanche devant moi.

« Je n'ai rien... »

… Malheureusement. J'inspecte tout de même mes genoux qui, à part sales, n'ont rien. C'était moins drôle quand l'on était repéré. Je fais quoi maintenant, je fuis en courant comme une folle ou je le regarde encore avec mes yeux ronds et verts. Autant essayé d'avoir l'air nonchalante à notre tour. Après tout, j'ai le droit d'être le parc. J'allais tout de même pas lui dire que je l'observais « travailler ». Quoi que si je pouvais. D'une manière tout à fait appropriée et sans en dire trop sur mes intentions premières. Alors je souris avec dédain, comme à mon habitude, ce n'est pas que je le prends de haut, c'est que je suis simplement fière de pouvoir trouver encore des issues de secours.

« Je vois que tu as du mal à te concentrer sur tes devoirs, tu as besoin d'aide ? »

Je lève le menton en direction de ses bouquins qui gisent à côté de lui et je croise doucement les bras ; Je n'ai pas menti mais je n'ai pas dit la vérité. Je suis même prête à l'aider, c'est dire à quel point je souhaite me sortir de ce mauvais pas. Puis je me rappelle brièvement qu'il m'a demandé ce que je faisais ici. Je plisse le nez, si j'ignore sa question, ce serait comme avouer que je suis coupable d'espionnage, si je mens, ce serait me mettre dans l'embarras parce que je vais me perdre dans un gouffre infini d'histoires inventées. Disons la vérité, occultant le but principal de la chose.

« Ah, et je suis ici parce que le parc est beau et que j'avais envie... d'aventures. Ouais, je voulais jouer un peu à l'aventurière. Du coup, je suis tombée en passant d'arbre en arbre... comme James Bond. »

Alors là, là, je ne sais pas où est mon intelligence quand je parle comme ça. Crédibilité zéro, moi, Alycia, la fille que tout le monde considère comme coincée, stricte et studieuse... jouer à James Bond. J'aurais mieux fait de me taire en fait, cela n'aurait rien empirer du tout, alors que là... Mes traits se tendent... J'ai envie de me pendre.

Elle ne répondit pas tout de suite à la question du Poufsouffle. Désormais, elle affichait un air froid, on aurait même presque pu dire qu'elle était ailleurs, qu'elle était dans un autre monde. Aucune parole. Aucun mot. Un regard presque vide, perdu dans le froid. Pourtant elle le regardait. Puis, la jeune Serpentard se reprit, rougit, et sursauta même ; elle se réveillait, sortait de ses pensées les plus profondes. Mais quelles pensées ? Évidemment, c'était la question que Aaron se posait. A quoi Alycia réfléchissait-elle. Est-ce qu'elle était encore en train de l'observer, ou est-ce qu'elle cherchait tout bonnement encore une échappatoire ? Aaron ne le prendrait certainement pas mal, si elle disait la vérité ─ puis, il la connaissait déjà un peu, sauf si c'était plus compliqué ─. En fait, il trouverait ça plutôt flatteur. Il ne voyait vraiment pas ce qu'on pouvait lui trouver. Il n'avait jamais trouver la quelconque utilité de mentir, aussi. Il ne comprenait tout simplement pas la réaction et le comportement de la brune.

Regardant rapidement son coude, Alycia soupira que tout allait bien, non, qu'elle n'avait rien. Ce qui était deux termes totalement différents. Pendant que le corps de la vipère se voyait faire l'objet d'une inspection minutieuse, Aaron soupira à son tour, et tourna la tête en se frottant les épaules. Il s'était levé rapidement, et le froid le prenait par surprise. Puis, alors que le sorcier fixait encore le sol, comme un abruti qui ne sait pas quoi faire ─ il ne comprenait vraiment pas pourquoi il était gêné, lui ─ Alycia prononça quelques mots. Il regarda à son tour ses cahiers, étalés dans l'herbe encore un peu mouillé, en passant une main agitée dans sa crinière blonde.

« Ho ça ?.. Heu, non, ça va, t'inquiète, je gère. C'est que, tu sais, l'Histoire de la Magie et moi ça fait quinze donc.. Juste un peu de mal à m'y mettre c'est tout. » Bafouilla-t-il, en rigolant.

Parce que tout le monde connaissait parfaitement la personnalité de la sorcière ; intelligente, stricte, et assez conservatrice quand il s'agit de devoirs. Alors avouer qu'il détestait cette matière au plus haut point et qu'elle ne l'intéressait juste, pas du tout, ce serait comme avouer qu'il était un peu simple d'esprit. Attendez, il avait bien entendu James Bond ? Aaron effaça immédiatement tous les péjugés qu'il avait sur la verte et argent ─ comme par exemple le fait qu'il pensait que son oreiller était secètement un livre de potions ─ parce que ce qu'elle venait d'énoncer la faisait carrément gagner d'un coup beaucoup de points de "coolattitude". Parce que Aaron était un fan incontesté de ce gars-là, la Serpentard devenait tout de suite plus intéressante. Il ne la croyait vraiment pas capable de faire des blagues. Il sourit vraiment, et en oublia ─ presque ─ cette histoire d'espionnage.

« Ha ouais, vraiment ? Alors la studieuse Alycia McWood était donc depuis tout ce temps une aventurière en herbe ? Pire, une espionne ? Je le savais, c'est pas possible d'être aussi calme. Tout le temps. »

Le Poufsouffle était vraiment content de trouver une fille, une Serpentard fut-elle, aussi sympathique et bizarre que lui. Il passa même à côté du visage en train de se décomposer de Alycia, qui clairement, ne croyait pas un mot de son histoire, tant il était excité. Il mit ses mains dans ses poches, et désigna du menton le tronc d'arbre où il était auparavant adossé.

« Ça te dis de me tenir compagnie ? tu pourras me raconter quelques-unes de tes mésaventures. Ce sera toujours plus intéressant que ça. » dit-il en désignant ses bouquins, gisant à même le sol.

Oui, il venait de se faire berner, et en beauté. Parce que Aaron Powell avait la fâcheuse habitude à ne pas chercher plus loin que les apparences, ne cherchant que le bien chez une personne. Parce que, si McWood jouait à l'aventurière régulièrement, elle avait forcément fait une ou deux conneries dans le château, non ?

Alors là, j'ai du mal à y croire. Aaron a réellement gober mon histoire de James Bond. Pour de vrai ou se joue-t-il de moi ? J'ai du mal à le cerner, pire, je suis dans un incompréhension totale et cela me fait perdre la tête. J'ai une sainte horreur de ne pas comprendre ce qui se passe. J'ai pourtant une sale réputation, qui, aussi fou puisse-t-il être, peut croire que je suis réellement une aventurière hors pair ? C'est vrai que j'ai déjà enfreint quelques règlements de l'école mais là... Lui raconter ? Et s'il me vendait. Il a peut être une plume à papote quelque part.
Mais je dois reconnaître que si je ne veux pas soulever de suspicions de sa part, je vais devoir jouer au pote. C'est ma punition pour m'être faite attraper.

J'offre mon plus beau sourire mais surtout le plus faux. Je sais que ça ne se remarque pas, parce que je l'ai travaillé pendant très longtemps, même si je ne suis pas sœur sourire, j'avais réussi à m'échapper d'une situation gênante pour me mettre dans une nouvelle encore plus embarrassante. Bien que j'adorais l'observer, je ne voulais pas que l'on me voit avec un Poufsouffle, nos maisons ne s'aiment pas et j'ai une réputation à tenir. Alors je jette un œil circulaire au parc, j'ai la chance d'être loin et qu'il préfère les endroits plus natures que les grands espaces sans arbres. Merci.

« Oui avec plaisir. Qu'aimerais-tu que je te raconte ? La fois où j'ai forcé une première année à me suivre dans la forêt Interdite pour lui montrer des animaux ? Ou quand j'ai tenté de faire des potions interdites dans les toilettes surveillée par Mimi ? Ou encore quand j'ai mis un néansang dans la brioche d'un
Gryffondor ? »

Je raconte ça comme si c'était amusant, alors que ces aventures ont toutes été faites dans le but principal de blesser les autres. Sauf Marie, bien que je n'aurais rien fait de plus si je l'avais perdue. J'en aurais trouvé une autre de petites dames qui veut mourir dans les Ténèbres pour moi.  
Je me rends compte que je suis une bien triste personne, je devrais avoir plus d'ambition. Plus d'aventure. Je me le note dans un coin de ma tête pour une prochaine sortie. J'irai m'aventurer à la Cabane Hurlante après le couvre-feu. Si je me fais choper l'école entière le saura, et je passerai de McWood la coincée, à McWood la folle. Et ça a plus de classe, quand même. Et puis, ça évitera qu'on me rit au nez, ou pire que l'on me demande de faire les devoirs à leur place, bien que je ne réponde jamais positivement.
Je fais une moue satisfaite en me dirigeant vers le tronc d'arbre sur lequel était adossé Aaron, et je ramasse ses feuilles et ses livres que je range soigneusement sur le côté et je m'assoie en tapotant à côté de moi.

« Je peux même te raconter mes futurs projets d'aventure, mais ça doit rester secret, si ça se sait, je saurai que c'est toi car je n'en parle à personne. Et je deviendrai ton pire cauchemar. »

Mon ton est sec mais je fais une grimace qui cherche à ressembler au visage étrange de McGonagall avant de rire de ma propre bêtise. C'est sympa de se lâcher un peu en fait, je ne le fais qu'avec Skyler d'ordinaire. Les poufsouffles avaient un vrai pouvoir attractif sur moi, c'est phénoménal.

Un sourire éclatant en guise de réponse ! Comme quoi, tous les Serpentards n'étaient forcément les mêmes ; arrogants, prétentieux, fiers, et surtout, émanant d'une gêne profonde en présence d'un Poufsouffle. Parce que personne ne pouvait ignorer les tensions entre les quatre maisons ; à part quelques Serdaigles, normalement, les vert et argent ne pouvaient pas supporter les élèves appartenant aux deux autres maisons, avec une haine particulière envers les Gryffondors. Les trois quarts du temps. Bien sûr, Aaron avait déjà pu en faire l'expérience avec Angel, qui était désormais une très bonne amie pour lui. Mais il ne pensait pas que Alycia, la Alycia McWood, aurait accepté sa proposition.

Mais ; son regard, fouillant les moindres recoins du parc, ne passa pas inaperçu aux yeux de son camarade. Clairement, elle ne voulait pas être vu avec Powell, le jaune et noir. Elle tenait trop à sa réputation. Aaron eu un petit moment de désespoir. Il ne fallait pas non plus trop en demander.

Effectivement, le sorcier ne fut pas déçu ! La brune avait bel et bien joué à la rebelle à plusieurs reprises. Aussi, il se bloqua un peu quand elle énonça son passage dans la forêt interdite. Il ne s'était toujours pas remis de la peur bleue qu'il avait éprouvé lorsque Cyril et lui, pourchassant une licorne, s'étaient malencontreusement perdus entres les immenses arbres du bois. Pour finalement se faire attraper par Hagrid. Depuis cet épisode, Aaron avait vraiment du mal à ne pas ressentir quelques frissons au moindre rapprochement avec la forêt.

Après s'être adossée contre le tronc, elle l'invita à le rejoindre ; il ne se fit pas prier. Affichant un sourire, ravi, il rejoignit sa camarade, qui continuait à énumérer ses mésaventures, et ne pouvant à priori s'empêcher de ramasser ses bouquins.

« Ho t'en fais pas.. Ils sont déjà dans un état pitoyable de toutes façons. »

Trop tard ; à peine finissait-il sa phrase que les livres & les feuilles, qui auparavant étaient dans un désordre total, étaient parfaitement rangés.

« Les trois ont l'air toutes aussi géniales ! »

En réalité, cette fille était vraiment passionnante ! Et pas qu'à cause de James Bond ─ même si ça n'aurait pas dérangé Aaron de parler de l'espion pendant des heures ─. Mais aussi parce qu'il se disait qu'il avait beaucoup de préjugés sur la jeune sorcière, alors qu'elle était ─ presque ─ aussi dérangée que lui, au final.

« Promis, juré, craché » ,dit-il, en imitant le geste & en levant ses mains, en signe d'innoncence, « Je suis tout à fait capable de garder un secrets. Ou plusieurs, d'ailleurs. En plus, tu pourras tout me raconter de nouveau quand tu les auras exécutés. Je suis tout à toi ! »

Et déjà ; ses yeux pétillaient d'excitation ! Assis en tailleur, Il avait reposé sa tête sur ses paumes de mains, les coudes sur les genoux, et regardé d'un air passionné Alycia. Même sa menace énoncée sur un ton blagueur arracha un petit rire à l'adolescent. Si on pouvait distraire le Poufsouffle pendant cinq heures d'affilées, McWood était carrément partie pour une journée à ce stade de la conversation ! Surtout, ne pas le lancer avec ce genre de sujet, parce qu'il en voulait toujours plus : oui, c'était sa drogue.

Je le regarde s'installer comme les enfants s'installent pour écouter papy raconter une histoire. Je trouve ça à la fois amusant et pathétique. Je n'en fais pas de commentaire, sinon je casserai toute l'ambiance mielleuse qui circule entre nous, même si elle n'est pas du tout de mon goût, je pouvais au moins parler d'autre chose que de mes cours. Et bizarrement, je trouve ça salvateur. Que ce soit Aaron ou une autre personne, que l'on s'entende. Mais son regard appuyé, ce sourire dingo me donne l'envie d'échanger avec lui la folie qui me traverse. Pas celle qui accable mon cœur, celle qui me donne le goût du risque.
Je lui souris et en prenant ses affaires sur mes genoux, -parce que je ne supporte qu'on malmène les affaires scolaires encore moins quand il y avait des connaissances importantes écrites dessus.- je finis par soupirer en regardant au loin.

«Par où commencer..., je perds rapidement mon sourire et le regard en coin, réfléchit, je dis, Je vais te raconter l'épisode de la forêt, c'était il y a seulement quelques jours. Marie est en première année, et comme tu le sais chez nous, la loyauté et la solidarité de la maisonnée sont très importantes. Alors je lui ai demandé de me suivre dans la forêt parce qu'elle n'allait pas bien et je voulais lui montrer des animaux qui lui remontraient le moral. Et on a croisé un Chartier, tu sais ce que c'est ? En gros c'est une sorte de furet plus gros qu'un chat et qui parle... mais c'est loin d'être intelligent, il porte son nom au vu de toutes les grossièretés qu'il dit. C'est une drôle de créature, il n'y en a pas beaucoup et ça mange principalement d'autres animaux qui vivent sous terre, comme les taupes. »

Je reprends ma respiration et je fais une pause, est-ce que c'est assez intéressant pour paraître fou à ses yeux. Je me rends compte que même lorsque je raconte une histoire incroyable, j'ai l'impression de réciter un cour. Je dois être barbante. Alors autant passer directement à ce que je compte faire dans quelques jours. Lui dire que je connais des choses qu'il ignore, et que je vais enfreindre au moins dix règles de l'école. Je souris et je pose ma main sur sa cuisse juste derrière son coude et je me penche pour chuchoter.

« Mais le plus fou que je puisse faire, va se faire dans quelques jours. Je pense dimanche soir ou lundi, je ne sais pas encore. Je vais aller DANS la Cabane Hurlante. Démentir ces rumeurs sur les fantômes qui la hanterait. Je connais un passage, du moins, j'en ai entendu parlé et je vais revenir aussitôt que j'ai vu qu'il n'y avait rien. »

Quand je parle, je ne fais pas dans la demi-mesure. C'est vrai que je donne rien ou je donne tout. Je ne fais jamais les choses à moitié, je dois être barbante. Je me redresse sans retirer ma main, oubliant un instant que je l'y avais posé quelques minutes plus tôt. Je réfléchis. Puis autant aller droit au but.

« C'est pénible la façon que j'ai de raconter les choses ? »

Le visage fermé, le sourire disparu... Mon ton est trop sec, encore. Je me demande si c'est cette lassitude qui a fait fuir Anton. Pour qu'il ne me donne pas de nouvelles, étais-je pénible quand je parlais, écrivais... Non. Je suis parfaite, absolument parfaite. Je ne devrais pas douter. Ce combat intérieur ne devrait pas avoir lieu. C'est être faible, trop faible. Cette question est idiote.
Je fronce les sourcils, je voudrais m'en aller mais je ne bouge pas, je ne me corrige même pas. J'en ai marre de ma démence, marre de mes doutes... Marre d'être moi. Mais d'un côté, je suis si fière, absolument flattée d'être née comme je suis. L'arrogance, l'égoïsme, l'égocentrisme... tout ce qui me protège des autres et de leur jugement, alors pourquoi j'ai besoin de l'avis d'Aaron ?

Alors il était planté là, à l'écouter attentivement, patiemment, à observer ses lèvres bouger & ses paroles raconter l'histoire passionnante. Aaron se perdait dans son récit, n'en perdant pas une miette, et ignorant au plus haut point leur environnement ou le petit air frais du parc. Il était hypnotisé. Hypnotisé par Alycia Mcwood et sa façon de raconter son détour dans la forêt interdite. Parce que, il était impressionné par sa manière de vendre sa mésaventure, propre à la jeune fille et qui ressemblait en tout point à sa personnalité.

Un Chartier ? Il avait beau se creuser la tête & essayer de se rappeler ses cours, notamment ceux avec Hagrid, mais cette créature magique ne lui disait absolument rien. Totalement inconnue, même. Alors il fit ce qu'il faisait à chaque fois ; il mémorisa tout ce que la Serpentard lui donnait comme informations. Furet plus gros qu'un chat. Pas très intelligent. Grossier. Se nourrit principalement d'animaux vivant sous terre. Taupe. Il se répéta ces quelques éléments jusqu'à temps qu'il les ait parfaitement retenus. Au moins, il pourra justifier son manque de travail par l'apprentissage d'une nouvelle espèce. Mais ce n'était pas de sa faute ; discuter des mésaventures de Alycia était tellement plus intéressant que de faire un compte rendu d'Histoire de la Magie !

« Cette créature ne me dit absolument rien.. Est-ce que tu sais si cette espèce est tout de même dangereuse pour les humains ? », il s'arrêta, jurant dans sa tête ; il n'était pas là pour faire un cours de biologie, enfin !, « mais.. Vous êtes rentrés sans vous faire prendre ? Vous avez carrément eu de la chance. »

Puis ; elle s'arrêta brusquement dans son récit. Sur le coup, Aaron ne comprit pas, et afficha une mine triste. Il restait sur sa faim. Mais l'adolescent n'eut pas le temps de s’apitoyer sur son sort, que la verte et argent changeait habilement de sujet, vendant dans la limite du rêve. Le regard d'Aaron se mit à pétiller ─ plus qu'il ne le faisait déjà ─ et il ne se rendit même pas compte de la main, douce & légère, de la brune posée sur sa jambe. Mais il remarqua tout de même le sourire narquois de celle-ci ; comme si elle préparait un mauvais coup. Et elle lâcha la bombe. La Cabane Hurlante. C'était un défi gigantesque. Aaron laissa ses yeux s'arrondir, dévoilant son étonnement et sa curiosité face à l'aveu de McWood.

« Tu. Es. Une. Grosse. Malade. », dit-il, familièrement, en laissant un petit rire s'échapper, « Comment ça, un "passage" ? Tu veux dire que de Poudlard, il y aurait un chemin pour aller jusqu'à la Cabane ? »

C'était totalement impossible. Parce que, si un tel passage existait, Powell en aurait entendu parler. Obligatoirement. Mais déjà, Alycia McWood renchérissait, froide et tout à coup distante. Sa question était des plus frustrante. Gênante même. Et il en fallait pour tirer de la gêne au sorcier ! Mais, la réponse était simple. Depuis que la brune était tombée par terre, sortant de sa cachette, Aaron s'amusait comme un petit fou. Et, il sentait en confiance avec elle.

« Absolument pas. Tu te rends compte que tu me sauves là ? Grâce à toi, j'ai une excuse pour ne pas faire mes devoirs, et en plus je m'éclate. Je te suis carrément redevable, Alycia. » dit-il, franchement, en affichant un grand sourire.

Parce que ce n'était que la stricte vérité, & que le jeune homme ne mentait jamais. Et, dans toute sa délicatesse, il ne put s'empêcher de rajouter quelques mots, qui allaient certainement mettre la Serpentard dans une situation délicate.

« Tu crois que y'a un peu de place dans ta valise pour que je vienne avec toi pour l'exploration de la Cabane ? »

Alycia McWood avait simplement toucher son cœur d'aventurier, et il n'aurait laissé passer cette occasion en or, unique, pour rien au monde.

L'intérêt d'Aaron à mon égard me fit rougir, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi enthousiaste quant à mes petites infractions, je ne pensais pas que cela pouvait être une marque de cool attitude, sûrement parce que je ne le fais pas dans ce but là. Je suis quelque peu perplexe malgré tout, se jouerait-il de moi ? Il est bon comédien m'a-t-on dit. Mais on ne peut pas jouer un tel enthousiaste. C'est impossible. Je suis bizarrement bien trop heureuse pour me sentir réellement à l'aise. Je suis au centre de l'attention, j'adore ça en temps normal mais je n'aime pas cette attention là, il me considère plus que je ne le mérite réellement. Je ne veux pas être adorer, je veux être jalouser. Je n'aime pas la bienfaisance, je sais qu'il ne se force pas. Je le sens, je le vois. Mais son attention, m'effraie. Au point qu'il souhaite m'accompagner dans une de mes aventures.

Je respire comme je le peux, je tente vainement de ne pas montrer mon stress et mon changement d'attitude. J'ai toujours aimé le regarder de loin, l'apprécier... Mais maintenant que j'ai une conversation avec lui, il m'intimide. Je suis perplexe. Puis-je lui faire confiance, ai-je ce droit ? Ne va-t-il pas aller me dénoncer ?
Je ne pense pas, je vois dans son regard la surprise et l'admiration. Aussi étrange que cela puisse être, les rôles se sont tout à coup inversés. Je souris avec condescendance, celui que tout le monde déteste, celui que j'adore. Je voudrais rire mais cela ne vient pas, je ne fais que sourire, je presse doucement la cuisse d'Aaron et mes yeux pétillent d'une nouvelle lueur.

« Si tu m'accompagnes dans une aventure, je voudrais que ce soit quelque chose de plus fou encore, alors. »

Je me rapproche un peu plus d'Aaron pour chuchoter, être discrète, loin des curieux et des médisants. Que dirait-on de moi si l'on me voyait aussi proche d'un poufsouffle. Je trouverai quoi dire, je saurai m'en sortir. Je rapproche doucement mes lèvres de son oreille... Je souris.

« On fera autre chose que cela, on sortira du château en plein milieu de la nuit... Je t'emmènerai où tu voudras. J'aurais un objet, un objet qui nous aidera. Je te le promets. »

Ainsi je l'éloigne de mon projet d'aller dans la Cabane Hurlante, car je veux y aller seule. Être celle qui rapporte la preuve que la Cabane n'est pas hantée, que ce ne sont que des foutaises. Si Aaron vient avec moi, tout le monde pensera que c'était son idée et non la mienne. Et je ne le tolèrerai pas. Alors vu qu'il veut de l'aventure, autant lui en offrir une à la hauteur de ses espérance non ?

« Qu'en penses-tu ? Ça va être risqué, nous risquons d'être pris... punis. »

J'avais murmuré ses mots si doucement qu'ils semblaient devenir un léger souffle sur l'oreille du poufsouffle. Je repris ma place gardant ma main sur sa cuisse chaude et je fixais l'arbre derrière lequel j'avais été cachée puis de derrière lequel j'avais roulé pour faire mine de jouer à James Bond. Des fois, je me demande si je tire du génie ou si je suis simplement devenue folle.

Toujours en fixant de ses yeux émerveillés McWood, comme un enfant pétillait lorsqu'il écoutait une histoire, Aaron était aux anges. Mais il redescendit vite ; d'une certaine manière, Alycia refusait sa proposition de l'accompagner, ce qui attrista pas mal le Poufsouffle. Il était vraiment content de discuter des aventures & des infractions de la Serpentard, mais il n'était pas dupe pour autant et gardait quand même son regard critique sur la chose.

Clairement, elle voulait y aller seule. Donc, uniquement la gloire l'intéressait. Ce n'était pas le cas d'Aaron. Nullement. Lui, ce qu'il voulait, c'était ressentir le frisson des lieux, sentir ses jambes se ramollir alors qu'il marchait sur le parquet grinçant de la Cabane Hurlante, ne plus pouvoir contrôler son souffle, ni les battements de son cœur, devoir se retourner au moindre bruit derrière son dos, vivre un moment incontrôlé & totalement improvisé, et pourquoi pas même avoir le sentiment de devoir sortir sa baguette parce qu'on se sent menacé ou observé. La peur. Se sentir vivant. Être acclamé pour son courage & sa détermination par les autres élèves de Poudlard ne l'intéressait guère. Prouver qu'aucun fantôme n'hante les lieux est barbant & optionnel.

Faire plus fou que cette situation sera très compliqué ; parce que la cabane hurlante était un pari risqué. Un défi qui n'était pas refusable. Tout à coup, il perdit son sourire joueur. Ne remarquant qu'à peine, comme toujours, la main de McWood sur sa cuisse, il frissonna légèrement à son chuchotement, proche de son oreille. Même le fameux objet d'Alycia n'attisa pas sa curiosité. Sortir du château pour aller où, au juste ? La Forêt Interdite ? Désolé, mais déjà fait. Et pas forcément à réitérer. Genre, vraiment pas. Puis, se faire virer de Poudlard pour une action aussi futile ne l'intéressait pas. En réalité, il était presque vexé. Ouais, parce que même Aaron avait ses moments. Et quand on lui refusait une activité telle que s'introduire dans la célèbre Cabane Hurlante, ça passait pas. Car c'était une occasion en or, et que le faire saliver à cette idée pour ensuite lui refuser de servir d'accompagnateur, n'était pas très sympathique.

« Hmm. Oublie ma.. proposition, Alycia. » dit-il, peu enthousiaste.

Machinalement, voyant que la Serpentard fixait l'arbre où elle était adossée il n'y a que quelques minutes de cela, l'adolescent regarda dans la même direction, à à peine quelques centimètres du visage coloré & affiné de la brune. Détachant ses yeux noisettes du conifère, Aaron regarda par la suite intensément la jeune fille, ses cheveux flottant dans l'air, avant de lâcher la bombe.

« Dis-moi.. Pourquoi tu étais caché derrière cet arbre ? » demanda-t-il, peu sûr que c'était la meilleure question. « Je pense.. Que j'ai le droit de savoir.. non ? »

Parce que depuis le début, il savait qu'elle l'espionnait, mais les circonstances & les buts de McWood étaient encore totalement inconnus.

Je suis toute aussi étonnée de le voir, tout à coup, changer à nouveau d'expression. Ce garçon est un véritable mystère pour moi, tout l'intérêt que j'avais à le regarder. Il m'impressionne rien que parce qu'il réagit à tout et avec différentes réactions. Avais-je réussi à le vexer ? C'est amusant. Je ne pensais pas qu'il capterait mon refus alors que je ne l'avais même pas formuler. J'aurais pu l'emmener dans bien des passages secrets du château. Il y a tellement à explorer, tellement à voir et à connaître dans ce château. L'étage interdit qui est toujours interdit après tant d'années, alors que Saint Potter avait découvert le secret caché d'un ancien professeur qui aidait notre Seigneur à retrouver sa forme d'origine. Toujours ce misérable garçon qui n'a de cesse de tourmenter mon Seigneur.
Je passe rapidement mon regard sur le parc pour me faire penser à bien d'autres choses. Cherchant un moyen de me rattraper auprès de mon nouvel ami?

Mais alors que je m'apprêtais à lui proposer une aventure peut-être plus amusante, il me demande d'oublier. Je suis Alycia McWood, ignore-t-il donc je n'oublie rien ? Oh. Ce n'est pas littéral. C'est pour signifier que je n'ai pas besoin de m'en accommoder, dommage. Je l'aurais bien emmené avec moi, mais j'avais besoin de m'en aller, seule. Pour la gloire, oui, pour moi aussi. M'éloigner de ce château, prouver mon courage et ma témérité. Je resserre doucement ma main sur sa cuisse pour m'excuser. Je peux lui offrir tellement plus qu'une simple visite d'une Cabane Hurlante où il ne trouvera rien.  
J'ai trouvé.

Mais une nouvelle fois, il me coupe dans mon élan. Décidément, il a l'art de faire s'emballer mon cœur à la vitesse de la lumière tant ses interventions me surprennent et ses questions me déstabilisent. Que puis-je bien lui apprendre, que puis-je réellement révéler... La vérité. Ce serait, certes, un moyen de rattraper le dégât occasionné, et il ne se suffira pas d'un petit commentaire. Le leurre de James Bond n'a pas marché bien longtemps. Je fronce le nez pour réfléchir rapidement à ma réponse. Si je mets trop de temps, il va vite se rendre compte que je cherche une excuse. Ce qui est le cas.
Je resserre encore un peu plus la pression sur sa cuisse et je finis par soupirer en même temps que la relâche pour laisser ma main trainer sur sa cuisse toujours aussi chaude pour mes doigts endoloris par le froid.

« Je te surveille souvent. »

Je perds mon sourire, mon ton faussement jovial. Je regarde sans vraiment regarder devant moi, les yeux inexpressifs. Le regard presque éteint. Perdue dans mes pensées, je finis par reprendre avant qu'il ne m'en demande plus.

« Tu sais combien nous sommes différents tous les deux. Tu as tendance à agir de manière imprévisible, je crois bien que tu es l'unique personne que je n'arrive pas à cerner. Je n'arrive pas à prédire tes réactions. Tu... Tu es un tel mystère pour moi, Aaron. C'est très perturbant quand on pense avoir le contrôle sur
tout. »

J'écarquille les yeux continuant de fixer le tronc en face de nous. Je parle trop, et les mots sortent comme je les pense sans que j'y mette forme et ordre. Je viens de faire la plus belle boulette que je n'ai jamais faite. De plus, je n'ai pas contrôlé correctement mes pensées, je recommence à serrer sa cuisse dans ma main.

« Non, je m'exprime mal. Loin de moi l'idée de te contrôler. Je veux dire que tu m'intrigues, tu n'es pas comme tout le monde, et c'est une qualité que j'aime. C'est ... C'est pour ça que je passe mon temps à te regarder. »

J'avais parler tellement vite sur la fin que j'ai cru que je ne respirais plus, tout en un seul souffle. Je bafouille, je parle vite. Je suis perturbée à nouveau. Mon Dieu, quel maléfice me lance-t-il ? J'ai employé le verbe aimer. Mais que m'arrive-t-il ? Il en faut un, c'est ce que disait ma mère. Un seul homme te fera dire n'importe quoi, alors là tu sauras qu'il est soit l'homme de ta vie, soit celui que tu haïras plus que tout au monde... La frontière est mince entre les deux.
Je ne veux ni l'aimer ni le haïr. Alors je dois me reprendre, non.

« Oublie ça, à ton tour. Ce n'est pas important. Si je te propose de faire une excursion dans la salle des professeurs, ça t'intéresserait ? Ou mieux, la galerie des armures ou encore la salle des trophées ? Je sais... L'étage interdit. Ils disent qu'il est toujours interdit, peut-être y cachent-ils autre chose, non ? »

Allez, Aaron oublie mes bafouillages, accepte. Je ne veux pas devoir à choisir entre toi et encore d'autres personnes. Je ne veux même pas éprouver un semblant de sentiment pour toi, alors redeviens bizarre pour moi.

Sa main qui, jusque là, était passée totalement inaperçue, posée délicatement sur la cuisse de Aaron, se resserra. Parce qu'elle était stressée ; déstabilisée par la question du Poufsouffle qui était intrusive, malgré la situation calme quelques minutes auparavant. Une toute autre personne se tenait désormais face à Powell ; Alycia McWood. La vraie. Celle qui évitait toujours, du mieux qu'elle pouvait, de se faire démasquer & de se montrer sous son vrai jour, d'apparaître à découvert. Pourtant ce moment était inévitable. Car trop souvent, au détour d'un couloir, ou discutant avec un proche, il avait senti le regard insistant de la brune, le fixant ; le dévorant du regard, scrutant avec minutie chacun de ses gestes, et écoutant attentivement & enregistrant la moindre parole prononcée par le blond.

Aussi ; il fut totalement prit au dépourvu par sa réaction ; il ne s'attendait pas à la voir aussi froide & affolée. Ni à cette raison totalement inédite. Aaron était donc un mystère pour Alycia. Vraiment ? De son point de vue, il n'avait rien d'excitant, ni même de réellement intéressant. Surtout pour la première de la classe, voyons ! Puis, la revoilà qui recommençait à s'embrouiller, hésitant sur des mots, se reprenant, pour ensuite ressortir une phrase dénuée de sens. Aaron se sentait vraiment mal à l'aise. Ça ne lui ressemblait pas, et il voulait que ça s'arrête. Instinctivement, il passa sa main dans ses cheveux, et soupira, tout en continuant d'écouter attentivement les mots de la Serpentard. Elle sembla tout à coup perdue, regrettant amèrement d'avoir entamé cette discussion.

D'un côté, il n'avait vraiment pas réfléchi avant de sortir ces mots. Et maintenant, il s'en voulait. Affreusement. Parce qu'il avait la fâcheuse habitude de se soucier du bonheur des autres, quels qu'ils soient, avant son propre épanouissement. Tch, des fois, il s'agaçait lui-même.

Posant une main rassurant sur celle de sa camarade, il lui adressa un nouveau sourire, se voulant compatissant & rassurant. Car elle n'était pas dans son élément, et qu'elle perdait tout contrôle sur la situation.

« Aly, c'est bon, calme-toi. », dit-il sur un ton doux, ne faisant même pas attention à la familiarité avec laquelle il s'était adressé à elle, « Je t'en veux pas tu sais, c'est même très flatteur, haha. »

Parce que ce n'était que la stricte vérité ; être observé par la très sérieuse & talentueuse McWood n'arrivait pas tous les jours !
Laissant sa main posée contre celle de la verte et argent, il la tapota gentiment, pour laisser la pression redescendre. L'atmosphère était anormalement lourde, alors pour essayer de tirer ne serait-ce qu'un maigre sourire à la jeune femme, l'adolescent s'approcha à son tour de l'oreille de la brune, pour y souffler quelques mots.

« Si tu veux, je peux même te confier mon secret », qui n'en était pas vraiment un, mais qui restait tout de même véridique !, « Je ne prends ─ presque ─ rien au sérieux. »

S'éloignant un peu d'elle, il plongea ses yeux noisettes dans l'horizon des arbres, essayant de laisser la jeune fille se détendre. Parce qu'il n'aimait pas la voir comme ça.

Ma main. Elle a chaud, je suis étrangement plus à l'aise que je ne l'aurais cru. Je ne suis pourtant pas friande des gestes tactiles sauf avec mes amis véritablement proches, autant dire qu'ils se comptent sur les doigts d'une seule main. Je suis agréablement surprise par sa réaction face à la mienne, d'ordinaire on se serait moquer ou l'on aurait pu mal interpréter mes propos... Mais encore une fois Aaron m'éblouit et m'épate par cette réaction étonnante. J'aimerais que ça reste comme ça indéfiniment, aussi étrange que cela puisse paraître.
Ça a du bon de se confier et de dire la vérité sans chercher à manipuler autrui. Je n'arrive pas à être fausse avec lui, c'est un mystère encore pour moi. Je ne le comprendrais sans doute jamais, ce n'est pas comme Blaise... C'est sa bêtise que je ne comprends pas. Or, là, Aaron m'époustouflait pour ses sentiments intéressants. Il ne doit rien ressentir pour moi, mais sa compassion et sa gentillesse suffisent à apaiser mon cœur en peine.
C'est le surnom qui me fait tiquer. D'ordinaire seul mon grand-frère m'appelle comme ça, ou Anton... Anton, je fais un moue à son souvenir mais je le chasse rapidement de mon souvenir. Ainsi pour dire que je n'ai pas l'habitude d'être si familière avec autrui. Est-ce un signe d'amitié que je dois entrevoir sous ce surnom ?
Mon cœur se resserre et les fils ténébreux de mes rancœurs s'apaisent doucement sous son influence.

Il ignore ma proposition d'aller visiter le château ensemble. Peut-être devrais-je lui dire de quel objet il s'agit pour que son âme d'aventurier brille à nouveau. Mais aussi étonnant que charmant, il finit par me donner un secret. Son secret. Celui qui rend le personnage si mystérieux à mes yeux. Ne rien prendre au sérieux... Je le regarde s'éloigner et ma main reprend place sur ma propre cuisse. Je ne peux m'empêcher de le regarder fixement en me demandant comment l'on pouvait faire pour ne rien prendre au sérieux. Je plisse les yeux, me donnant un air mauvais et calculateur alors que mon cerveau est en ébullition.
On ne peut pas ne rien prendre au sérieux, il a nuancé, certes, avec un presque. Mais tout de même, j'aimerais au contraire qu'il me prenne au sérieux. Ce que j'éprouve pour ses prouesses ne sont pas feintes. C'est bien la première fois que je ne joue pas avec quelqu'un. J'ai menti, certes, parce que je ne sais pas faire autre chose quand je suis mal à l'aise. Devais-je lui avouer directement que je ne jouais pas à James Bond? Évidemment. Mais dans ma logique, c'est non.

Je fixe le même horizon qu'Aaron mais je reviens me coller à son flanc pour me rassurer de nouveau. C'est un contact intéressant et stimulant. J'ai l'impression de sentir son cœur, son souffle, son sang... Un peu comme les frères siamois. Ma main posée près de la sienne l'effleure doucement. C'est aussi un contact amusant qui fait battre le cœur outre mesure. Je découvre des choses si intéressantes... Je n'ai pas ressenti ce genre de chose avec Jeremiah. J'ai eu des sentiments, des émotions très difficiles à cerner... J'ai cru à un semblant amoureux alors qu'en réalité, je me servais de lui pour cacher ma peine. Aaron, c'est différent. C'est lent, c'est faible et mince... C'est qu'un fil minuscule qui nous lie depuis des années. Et c'est aujourd'hui que ce fil teste sa résistance et sa patience est récompensée. Je n'ai même pas peur. Ni de lui ni de ce qu'il pourrait faire naître. J'ai peur de rien. Je trouve ça même amusant.
Je souris, bêtement, oui, bêtement. Le silence n'est pas gênant ni gênée, mon petit doigt touche le sien, c'est une drôle d'adrénaline qui circule alors qu'elle pourrait être interrompue brutalement.

« Une cape d'invisibilité. »

J'ai rompu le silence. Je tourne désormais mon visage vers le sien, drôlement proche. Je plonge mes yeux verts sur chaque détail. C'est drôle à penser qu'il n'a rien d'extraordinaire. Il est chétif, un visage fin presque banal et pourtant tout son charme est drôlement rare. Je suis parfois souffler de me retrouver à penser qu'il est beau garçon, je ne devrais même pas y songer. Pense à Anton. Mais Anton est une beauté fatale, une beauté que je n'aurais pas... Je sais que j'aime un physique. Je ne devrais sans doute pas... Sans doute.
En attendant, Anton n'est pas là, il m'a abandonnée. Je suis seule et Aaron me fait recouvrer un sourire que j'avais perdu depuis si longtemps.

« J'ai une cape d'invisibilité avec moi, ce sont des objets rares. »

Je parle doucement, avec le sourire dans la voix. Une voix que je ne me connais pas, que je découvre en même temps qu'Aaron. Alors comme ça, je sais être douce. C'est incroyable, moi-même je n'en reviens pas. Je souris en coin, bizarrement trop heureuse. Je ne devrais pas, mon idéal serait de ne rien pouvoir ressentir... Mais à quoi bon... C'est si bon de ressentir un semblant de sentiment humain. Alors je rapproche un peu mon visage du sien, soufflant mon haleine tiède sur lui, pour murmurer.

« L'âme de l'aventurier ne répondrait-il pas à mon aveux ? »

Cette fille était clairement imprévisible, et la manière avec laquelle elle avait réagis à la réponse de Aaron le fit immédiatement sourire. Parce qu'elle-même souriait pour la première fois de son plein gré, sans façade quelconque, sans se forcer. Une expression de joie sur son visage, sincère, comme si elle s'apaisait suite aux paroles du Poufsouffle. Et c'est ce qu'il la rendait différente en sa présence ; l'adolescente semblait ne jouait aucun jeu en sa présence, comme si la vraie Alycia osait enfin pointer le bout de son nez & remonter à la surface, sortant enfin de sa grotte, sombre & ténébreuse où l'amusement n'avait pas sa place. Car rarement la sorcière était aperçue riante, un grand sourire affiché sur ses lèvres douces, et fines. Aaron appréciait vraiment l'effort qu'elle faisait, parce qu'en ce moment-même toute la pression qu'elle se mettait en permanence s'éteignait doucement. Personne ne pouvait nier que les apparences avaient beaucoup d'importance pour elle ; que si elle était prise en flagrant délit, elle l'avalait difficilement. Tout devait être absolument parfait & moins d'émotions surgissaient, mieux la Serpentard se portait.

En réalité, Aaron appréciait de plus en plus la jeune fille ; en plus de cinq années ensemble, aucun lien spécial ne s'était vraiment créé. Pourtant, en à peine quelques minutes, leur relation avait grandement évolué. Une certaine confiance s'était établie, inconsciemment. Parce que McWood n'avait pas hésité une seule seconde à lui dire la vérité. Et Powell ne pouvait que l'en remercier. Qu'elle le considère non pas comme un rival de sa maison, ou une personne seulement bonne à être observer, mais comme une personne digne de sa franchise. Un personnage différent. Aaron n'était pas vraiment de ces personnes qui écoutait la moindre rumeur ─ ou la prenait à la lettre ! ─ , il préférait, par principe, se faire sa propre opinion sur quelqu'un en particulier.

D'ailleurs, elle profita de ce moment d'évasion, d'inattention, de la part du sorcier pour s'appuyer contre son épaule. Elle était même proche de son cœur, capable de ressentir ses battements. Ses moindres mouvements faisaient bouger sa tête, qui paraissait anormalement légère, ses cheveux chatouillant son cou à cause du léger vent. Instinctivement, il posa sa tête contre la sienne, fermant un instant les yeux, et savourant ce moment de tranquillité.

Puis ; elle se redressa légèrement, plongea ses yeux dans le regard noisette du blond. Fixant son visage, plutôt proche de celui du Poufsouffle, rempli de charme malgré une finesse qui pourrait paraître effrayante, Aaron observa aussi de ses yeux noisettes ceux verts de l'adolescente. Un tel regard devrait être interdit ; ses yeux étaient hypnotisants, et Aaron eut du mal à aligner deux pensées par la suite. Ni à détourner ses iris qui se perdaient dans la profondeur de ses yeux. On ne pouvait pas ignorer la beauté que possédait la Serpentard, bien qu'elle affichait habituellement un visage froid, dénué d'émotions qui pourraient dévoiler ses faiblesses. Elle utilisa alors la petite chance qu'elle avait afin que Aaron oublie sa tristesse face à son refus de l'accompagner dans la Cabane. Il se releva vivement, oubliant un moment qu'elle était auparavant appuyée contre lui. Une cape d'invisibilité. Avec cette élément, les deux aventuriers pourraient aller où bon leur sembleraient. C'était évidemment une occasion à ne pas rater. Sûrement pas.

« Une cape d'invi.. Mais où tu l'as trouvée ? » demanda-t-il, sa curiosité revenant à la charge.

sa voix, douce & enchantée, ravit Aaron. Cette cape était un allié de choix. Elle ne cachait pas non plus son amusement ; elle ne cherchait plus à le faire avec Aaron. Il lui rendit son sourire, radieux.

« Evidemment que si », dit-il, éludant pourtant, « Et.. Qu'est-ce que tu proposes ? »