Un regard un peu trop insistant (Alycia McWood)

Sentir son calme me procure un bien étouffant et pourtant si agréable. Je n'aurais jamais penser m'attarder davantage sur lui, ni même remarquer quel bien être il faisait naître en moi. Depuis combien de temps étions-nous ici à échanger quelques banalité, des secrets... Des secrets. J'échange avec Aaron comme j'échangerai avec mon plus proche allié. Aurais-je la force de tout avouer quant à mes projets, mon passé, mon futur ? J'ai déjà fait un énorme pas, un très grand pas. Quand il pose sa tête sur la mienne, j'ai l'impression de pouvoir restée ainsi figée des jours, des années... Mon cœur bat vite, ma vue se brouille et mes pensées s'entrechoquent. Quel maléfice !
Et si... Et si Aaron était ma porte de sortie vers un monde meilleur ? Vers un vrai et franc amour ? Et si... Une seconde, un instant, je me perdais avec lui pour ...
Il se lève d'un bon, ma vision se brouille à nouveau. Mon masque rigide et froid reprend position me défendant contre une attaque qui en voudrait à mes sentiments. Je me maudis sur l'instant d'avoir été faible de le trouver à mon goût et je fronce les sourcils en me relevant doucement, feignant de ne pas avoir failli m'éclater sur le sol.
Un pincement au cœur me donne la nausée, sa chaleur me... manque ?
Je l'observe, éberluée de le voir m'offrir un assortiment complet de sentiments inconnus aux bataillons. Mon Dieu, même Anton n'avait pas fait naître une telle douleur dans mon ventre et un battement de cœur si irrégulier. L'observais-je vraiment par curiosité ou avais-je toujours eu un sentiment étrange caché au fond de mon ventre ? Je fis une légère grimace à cette pensée.
Qui diable étais-je. Qu'est-ce que je pouvais bien faire de mes sentiments... Je ne devais pas y succomber. Qu'importe sa nature. Si. Non.

Je penche doucement la tête sur le côté avec un sourire chaleureux sur les lèvres et je croise les bras en l'écoutant m'asséner de questions impatientes. Il a vraiment quelque chose que j'aime. De là à dire quoi, je ne saurais le dire, mais il fait naître en moi quelque chose de doux, que je n'aime pas mais contre lequel je ne peux pas lutter bien longtemps.
Je lui attrape doucement le bras pour l'attirer près de moi pour éviter que l'on nous entende. Toujours amusée, je pose mon doigt contre ses lèvres en lui disant, gentiment, de se taire.

« Tu parles fort, Aaron. Je ne l'ai pas trouvée, on me l'a offerte. »

Je lui lâche doucement le bras en laissant courir mes doigts sur son vêtement avant de le dévisager avec un certain amusement. Que pourrais-je prévoir d'incroyable qui vaille la peine de sortir en douce la nuit dans les couloirs de Poudlard. Puis une idée. Une idée bête. Bête mais pas facilement réalisable. Les poufsouffles étaient connus pour leur bon appétit et j'aimais la bonne cuisine. Je claque des doigts et repose ma main sur son avant-bras, glissant  ma main dans la sienne pour l'amener à hauteur de visage comme pour sceller un pacte. Ou continuer à le toucher, encore et encore. Je souris, fière de mon idée. Et j'oublie l'espace d'un long moment que Serpy et Pouffy étaient maisons rivales. Je ne le lâche plus.

« Les cuisines de Poudlard. Cette nuit. Allons dans les cuisines et voir si la rumeur des elfes de maison est fondée... Mieux, leur demander de nous concocter un super repas. Ne mangeons pas beaucoup ce soir ! J'ai entendu Granger parler des cuisines et sa lubie de les faire abolir de leur esclavage. Je saurais y retourner, je pense. »

Toute excitée, je me dis aussi que ce pourrait être une super expérience dans le domaine de l'aventure dans les mystère de Poudlard. Et de partager un repas romantique avec Aaron. Je me mords doucement la lèvre inférieure gardant sa main dans la mienne, sautant presque sur place tant mon idée me plaît.
Et comme si cela ne suffisait pas déjà à faire battre mon cœur outre mesure, je lui colle un baiser sur la joue avant de reculer gardant quand même sa main mais posant celle libre sur mes lèvres. Je deviens pâle, indécise et perturbée.

« Je... Je suis navrée, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je... »

Je forme un coin avec ma manche et m'en vais pour lui essuyer la joue, mais je suspends mon geste. Pourquoi l’enlèverai-je ? Je dois assumer mon attirance pour lui. Je suis franche. Loyale, mais franche.  

« Enfin, si je sais. C'est mon cadeau. »

Voilà, au moins, je reprends ma posture nonchalante et hautaine bien que mes sentiments mélasses ne me facilitent pas la tâche.
Aaron Newton Powell sera... à moi.
Au diable, Anton. Au diable ces politesses et sa méchanceté. Au diable, un faux sentiment. Place à la vérité.

Prit d'une soudaine excitation, il n'avait pas forcément fait attention à la portée de sa voix. Ni qu'ils n'étaient pas les seuls dans ce parc. D'ailleurs Alycia ne se gêna pas le moindre du monde pour le lui faire remarquer, posant rapidement un doigt fin sur ses lèvres. Clairement pour lui dire de se taire. Aaron ne dit rien, et hocha la tête en guise de réponse. Effectivement, mieux valait rester discrets, surtout lorsqu'on tenait ce genre de conversation, en plein air.

Alors quand elle attrapa son bras pour le tirer vers elle, il eut un petit sursaut, presque invisible ; parce qu'il ne comprenait pas Alycia. Elle, qui était habituellement distante, la Serpentard n'avait aucun mal avec le Poufsouffle. Comme si la sorcière était différente avec lui. Mais c'était tout bonnement impossible ; jamais ô grand jamais la très studieuse Alycia Mcwood n'aurait une si bonne relation avec un simple jaune et noir. Mais, cette fille là semblait disparaître tout à coup. Pour laisser place à une Alycia d'une douceur que l'on ne lui connaissait pas. Que Aaron ne lui connaissait pas. Et ce n'était pas pour déplaire à Powell, parce que ce dernier était ravi d'avoir un début d'amitié avec la brune. Il l'appréciait de plus en plus. Vraiment.

Mais évidemment, sa main baladeuse ne passa pas inaperçue ; elle tira même un léger rougissement de la part du blond, qui se sentit soudainement atrocement gêné. Ce qui n'était pas dans sa nature. Voir même totalement inconnu pour lui. Elle ne semblait pas vouloir l'enlever pour le moment, alors il fit comme si de rien n'était. Enfin, il essayait. Pendant un court instant, il oublia le sujet même de leur conversation. Il déglutit. L'adolescent devait absolument se reprendre. Et vite. Il tenta de se concentrer de nouveau sur les paroles de sa camarade, afin de retrouver le fil de l'histoire. Puis ; ça lui revînt, leur sortie. Interdite. Aaron sourit & prit la main de la Serpentard, toujours posée sur lui, pour finalement laisser cette dernière revenir sur sa cuisse, toujours collée à la sienne.

« Ça me convient parfaitement. Surtout quand il s'agit de manger, je dois t'avouer.. » dit-il, enjoué, évitant son regard.

C'était une idée forte intéressante en soit ! Les cuisines étaient peu connues de l'aventurier ─ voire même pas du tout, en fait ─ et se remplir l'estomac en charmante compagnie ne se refusait pas. Jamais. Le château restait un bâtiment immense & découvrir un nouvel endroit restait un bon défi. Surtout qu'en sept ans de scolarité, il n'aura très certainement pas l'occasion de visiter la moitié de Poudlard. Rien qu'en pensant aux différents plats qu'il pourrait engloutir, il salivait comme un enfant de trois ans. Un nouveau sourire, radieux, sur le visage de Aaron. Il était tellement impatient maintenant !..

Mais il ne fut pas au bout de ses surprises. Une fois de plus, Alycia le surprit, collant ses lèvres douces & souriantes sur sa joue rafraîchie par le vent. Arrêtant son geste pour l'essuyer, car ce serait comme admettre que c'était une erreur. Et la sorcière ne commettait pas d'erreurs. Dès ce moment, son visage vira en quelques secondes au rouge tomate. & sans qu'il ne puisse décider de quoi que ce soit, son cœur se mit à battre à une allure alarmante. Comment se faisait-il que McWood ait un tel effet ravageur sur le Poufsouffle ? Il était totalement perdu. Désorienté. Avec la brune, il perdait tout bon sens, et ne savait vraiment pas comment réagir à ses.. avances ? Parce que c'était exactement ce qu'il se passait en ce moment, il se faisait draguer, bon sang !

« Heu.. Je.. » bafouilla-t-il, faiblement avant de se taire de nouveau.

Inutile d'essayer de répondre quelque chose, plus rien ne répondait. Son corps semblait dépourvu de toute énergie. Sauf ses pommettes qui dévoilaient ô combien il était embarrassé restaient intactes. Il n'allait quand même pas se laisser faire aussi facilement, n'est-ce pas ? Succomber au charme qui était tout sauf inconnu de la Serpentard semblait être une bonne idée. Voire une excellente, car il se sentait tout aussi bien qu'elle en sa présence, et il ne s'était jamais senti comme ça, auparavant. Et il ne pouvait pas nier qu'un profond sentiment commençait à l'envahir. Mais, en voulait-il vraiment, de ce sentiment ?

« Hmm.. Merci, Aly. » dit-il, doucement, en passant une main nerveuse dans sa crinière blonde.

Comme si ça ne lui suffisait pas, il était bien trop familier avec elle ! Seulement, il n'arrêtait pas de penser à l'entente inexistante entre leurs deux maisons. Alors, il se souvînt du regard observateur qu'elle avait lancé au reste du parc, s'assurant qu'il n'y ait absolument personne pour les voir. Ensemble. Un Poufsouffle & une Serpentard. Surtout que, en temps que meilleure de la classe, elle n'avait déjà pas une superbe réputation même si Aaron, lui, s'en fichait royalement. Serait-elle capable d'assumer ses gestes ? Et, dans toute sa délicatesse ─ c'était plus fort que lui ─ il ne put s'empêcher de poser la question qui le hantait. Terriblement.

« Mais.. A quoi tu joues ? » demanda-t-il, peu rassuré par la question qu'il venait de poser.

Aussi ; il prononça ces mots avec sérénité, peut-être même avec affection, tenant presque fermement la main de la Serpentard. Sûrement pour lui assurer qu'ils pouvaient absolument tout se dire.

Le voir si gêné m'amuse vraiment, et me déstabilise en même temps. Cela voudrait-il dire que je ne suis pas à la hauteur de ses espérances ? Suis-je toujours, à ses yeux, la coincée McWood ? Ce serait pathétique pour moi. Je me sentirais bien bête et bien naïve, encore une fois. Pourtant sa familiarité est adorable, tout comme je me sens perdre dans des abysses entiers de sentiments très étranges. J'aimerais rougir comme il le fait, son visage si fin est prompt à prendre des couleurs admirables. Je souris, malgré moi, le sourire en coin et le regard chaleureux. J'ignorais que mon regard, d'ordinaire si clair, pouvait se faire si chaud. C'est un étrange sentiment.

Je lui lâche doucement la main pour me remettre une mèche derrière l'oreille. Je me fais gênée, étrangement silencieuse. Je ne suis pas habituée à me sentir comme cela, et je n'aime pas malgré le sentiment de chaleur que cela m'apporte. Je perds mes moyens, ma faculté à réfléchir et prendre du recul. J'ai l'impression d'être une petite minaude, celle que j'aime à me moquer. Je tente de reprendre contenance, et je regarde au fond du parc. Des élèves nous regarde, et je plisse doucement les yeux. En ai-je quelque chose à faire, là, maintenant ?
Non, cela m'est égal. En réalité, je n'aime pas les préjugés ni même que l'on me catégorise. Mais bizarrement, auprès d'Aaron, j'ai l'impression que rien ne peut m'atteindre. J'ai peut-être tort de le croire, nous n'avons que quinze ans après tout. Je pense avoir le droit à rêver. Un peu.

Je m'étais amourachée si durement à Anton, avec la fière attention d'en faire mien, que j'aurais pu jurer à la mort. Mais il m'avait lâchement abandonnée, oubliée. Et j'avais le pressentiment que cela ne s'arrêterait pas juste ici. Tout comme Jeremiah. Bien que mon histoire avec ce Gryffondor avait commencé un peu comme avec Aaron, il n'y avait pas une telle intensité entre nous. Au contraire, j'avais pris peur. J'avais fui. Je l'ai blessée et je m'en étais presque amusée. Protégé que je disais pour lui faire croire que c'était ce que je voulais. En réalité, c'est moi que je protégeais. Je me déçois. Mais Aaron m'apporte ce que personne n'a été capable de m'apporter. Douceur, sincérité. Le masque est tombé.

Je me retourne doucement vers Aaron et je pose ma tête sur son épaule, en posant nonchalamment ma main sur sa cuisse. Ignorant les regards interrogateurs des élèves, je me fais violence mais je les ignore avec toute la ferveur du monde. Je n'ai pas peur du regard des autres, et j'éluderai les questions sans pour autant réfuter. Si je dois assumer mes sentiments, ce sera au nez de tous. Ce que j'aurais été incapable de faire pour n'importe qui d'autre. N'importe qui. Cela fait cinq années que je regardais Aaron vivre. Je l'observais, l'analysais. J'entretenais en réalité un amour depuis si longtemps. Nous n'avions jamais pris la peine de nous parler si simplement avant. Pourquoi ? Ma faute. Je préférais rester tapie dans l'ombre pour oublier que j'aimais un Poufsouffle. Pour oublier que j'avais le droit de vivre une vie simple. Préférant me laisser tomber dans une démence précoce.
Je souris, mes révélations sont justes, assumées, cohérentes. Bien sûr que c'est cela, depuis toutes ces années. En réalité, c'est pour cela que je cherchais des relations compliquées et difficiles. Il était là, depuis le début.

Aaron me serre la main avec assez de force pour me faire revenir sur Terre, je relève doucement la tête pour le regarder, plongeant mes yeux dans les siens. Jouer. Je ne joue pas. La panique m'immerge et je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Soudain, je me dis que la réponse la plus simple est le geste. Un geste. Mais lequel ?
Sans que je ne puis réfléchir plus longtemps, je me penche vers lui et je pose doucement mes lèvres sur les siennes. Dans mon ventre, un véritable feu d'artifice alors que ma tête se décharge de toutes ses pensées. Que l'on nous regarde, je m'en fiche bien. Pour le moment. Je ferme les yeux pour profiter de sa douceur malgré le froid. Je me détache doucement, ouvrant avec autant de lenteur les yeux pour le regarder, les joues roses et le regard embrumé par une passion inconnue.

« Je ne joue pas, j'assume. »

Le temps se suspend un moment, je le regarde avec toute la sévérité du monde. Je n'ai jamais été aussi sérieuse, rares sont les fois où je ne le suis pas, certes, mais rares sont aussi les fois où j'accepte d'aller au delà de mes convictions les plus profondes. J'ignorais même s'il était enfant de moldus, et vraiment, je m'en fichais bien.
Ma noirceur, les fils poisseux des ténèbres tentent de sortir de mon cœur mais rien à faire, je suis persuadée de ce choix.

Sa camarade semblait toute aussi gênée que lui, cette sensation le rassura légèrement. Non pas que le mal-être de Alycia l'arrangeait, non, mais savoir qu'il n'était pas le seul à se sentir bizarre... l'aidait ? En quelques sortes. Elle lui lâcha doucement la main, semblait réfléchir à ses mots. A cette question pleine d'incertitudes. De secrets. Il décida de lui laisser un peu d'espace. Aussi parce qu'il en avait besoin lui aussi, de respirer et de reprendre ses esprits. Il était totalement déboussolé. Puis ; tout comme elle, le sorcier remarqua soudainement une petite troupe d'élèves, curieux & indiscrets, les observer d'un regard détaillant leurs moindres faits & gestes. Il s'en foutait. Et, aussi surprenant que cela pouvait paraître, McWood aussi. Mieux, elle les ignorait purement et simplement.

Il détourna la tête, étudiant de ses yeux noisettes la silhouette de la brune ; personne ne pouvait nier que la jeune femme avait une beauté naturelle qui pouvait faire chavirer le coeur de n'importe quel homme. Il se surprit même à penser qu'elle était à son goût. Son cœur se remit à battre vite, trop vite pour faire comme si de rien était. Par Merlin, cette fille lui faisait perdre la tête. A ses côtés, Aaron perdait tous ses moyens, peut-être même sa confiance en soi qui l'incitait habituellement à aller vers les autres ; il se sentait totalement déstabilisé.

Comme si elle avait senti cette frustration effrayante, Alycia reposait sa main sur la cuisse du Poufsouffle, tout en relaxant sa tête sur son épaule. Machinalement, il fit de même, appuyant son crâne contre celui de la Serpentard et l'entourant automatiquement de ses bras. Il n'avait pas réfléchi. Ni hésiter. Comme s'il avait l'intention de la protéger. C'était doux. C'était reposant. C'était agréable de ressentir de telles émotions. Ça vous rendait vivant, malgré toute la peur par laquelle on passait, au départ. Alors il ferma les yeux un court instant, savourant pleinement ce moment de tranquillité, de plus en plus rare en cette période de violences incessantes.

Soudain, elle bougea ; sortant de sa pleine réflexion, Alycia posa ses yeux sur le visage d'Aaron. Ces yeux. Hypnotisant. Impossible de détourner le regard. Il la voyait, s'avancer, lentement, et savait parfaitement ce qui allait suivre. Et ce fut à ce moment précis que la Serpentard posa ses lèvres sur celles hésitantes de Aaron. Passant en un instant de la panique à de la passion, dévorante ; il ne ferma pas les yeux tout de suite, il préféra observer le visage soyeux de McWood, qui dévoilait un grand apaisement. Il était persuadé qu'elle était heureuse, là, maintenant.

Lentement elle se détacha, laissant le blond totalement ramolli ; perdu. Mais qui affichait un air particulièrement niais. Identique à celui d'un gamin qui ouvrait ses cadeaux de Noël. Or, là le cadeau était un baiser. D'amour. Qui marquait comme le début d'une nouvelle aventure. D'une oreille attentive, Il écouta les cinq mots prononcés avec confiance par la brune. Parce qu'ils avaient été choisis soigneusement par celle-ci, et que ce n'était pas de simples paroles en l'air. Il ne savait vraiment pas quoi répondre à cette déclaration, alors il préféra le silence.

Pourtant, il avait comme l'impression de rester sur sa faim, un baiser peut-être trop court ; sans demander la moindre permission ─ l'avait-elle fait, elle ? ─ & souriant encore, il alla donc déposer de nouveau ses lèvres contre sa bouche et posa tendrement sa main derrière la nuque de sa compagne, pour approfondir ce contact, chaud. Cette fois-ci, ce fut plus gourmand, plus représentatif de la personnalité du jaune & noir. Ça devrait certainement lui suffire, comme réponse, non ?

Il se décrocha, à regrets, mais à bout de souffle, du corps chaud d'Alycia, collant tout de même son front au sien, incapable de la lâcher.

« Pour une fois, c'est moi qui n'ai pas réussi à prédire tes actions. », dit-il d'un air amusé.

Ce fut la seule chose qu'il put dire, pour une fois, il préféra le silence aux paroles inutiles qu'il a, la plupart du temps, l'habitude de prononcer. Il a récupéra entre ses bras, la serrant tendrement. Maintenant qu'il l'avait, il ne la lâcherait pas.

Le silence qui nous enveloppe me fait prendre conscience de mon geste. Était-ce poussé ? Ai-je exagéré en voulant m'approprier l'inconcevable ? Après tout, n'étions-nous pas sans savoir qu'il était très rare de croiser, au sein même de Poudlard, un couple de Poufsouffle-Serpentard. Cela est même quasi impossible. Surtout avec la très coincée McWood. Si mon esprit et mon coeur ne se noyaient pas avec tant de férocité dans les sables mouvants gluants et collants des ténèbres, aurais-je été attribuée à une autre maison ? Le sourire en coin, c'est avec ferveur que je me dis que cela est impossible. Je suis serpentarde jusqu'au bout des ongles. Je l'assume, tout comme j'assume mon attirance pour ce poufsouffle extraordinaire. Pourquoi me priverais-je d'un petit bonheur pour le bon vouloir de la bien séance ?

Je le regarde longuement, analytique. Son visage, son sourire, ses expressions faciales. Il était, est et sera toujours une énigme pour moi. C'est ce mystère, cette incompréhension qui m'attirera toujours chez Aaron. Comment faisait-il pour être toujours de bonne humeur quand j'étais toujours de mauvaise compagnie ? Nous formerons un couple plus qu'atypique, les autres riront crédules alors que certains taperaient du poing sur la table en s’égosillant, clamant haut et fort que la folie des rumeurs peut être téméraire mais de là à croire que McWood et Powell sont en couple, cela tire de la démence... Démence. Comme associer la lumière et l'obscurité. L'amour et la haine. Mais en y réfléchissant bien, ne sont-elles pas étroitement liées ?  

Malgré la certitude des sentiments puissants et naissants, la réciprocité est moins sûre. Le cœur battant comme un cheval sauvage au trot, les lèvres d'Aaron reviennent épouser les miennes. La passion s'y mêlant confirme l'acceptable et anéantisse l'humiliation d'un rejet. Je ferme les yeux et m'abandonne à ce baiser si doux et si agréable. Le mélange d'amertume et de légèreté est plus qu'appréciable. Tellement que la main sur ma nuque me tire tous les frissons du monde, les pensées brouillées par l'intensité du geste.
Je pose délicatement ma main sur son bras appuyant mes lèvres avec force contre les siennes, comme pour m’immiscer en lui.
Je n'arriverai jamais à vraiment me l'accaparer mais je pourrai toujours m'y accrocher.  
Quand il s'éloigne, mon corps réclame à nouveau son dû. Est-ce là la violence d'une nouvelle drogue ? Ce n'est pas désagréable mais la sensation dans le cœur et dans le ventre ne me plaît pas pour autant. C'est du manque. Le front collé au mien, je sens la chaleur traverser les douces vapeurs fraîches de la journée.
Avec un sourire enjôleur et apaisé, je ris doucement à se remarque.

« McWood l'imprévisible, c'est mieux que la coincée. »

Je me blottis à nouveau dans ses bras, prenant soin de ne pas paraître trop niaise, m'habillant toujours de mon masque froid et fermé. Les élèves nous regardent, peu, mais certains. Qu'on dise ce que l'on veut, je ne me ferai pas violence pour dénigrer une riche relation. Je ne dirai pas non plus que j'en suis fière, mais il n'est pas question qu'il croit que j'ai honte.
Pouvons-nous cependant nous considérer en couple ?
Le gong de la grande horloge du hall me rappelle à l'ordre. Je sursaute et me rappelle le devoir que j'ai à peaufiner. Je me détache à grand peine de ses bras.

Je me retourne doucement pour le regarder, les joues rouges et les yeux chaleureux. Je dépose un nouveau baiser, timide et d'au revoir.

« Nous nous retrouverons le 5 mars à minuit dans les sous-sols, Aaron. Je t'ai dit ce soir, mais je n'aurais pas le temps, j'ai des devoirs et tu dois réviser aussi. »

Après une dernière bise sur la joue, je me relève chancelante.

« Merci. »

Et c'est sans me retourner que je fuis jusqu'au château pour retrouver la douceur de ma salle commune et prendre le recul nécessaire sur cette étrange et spectaculaire scène. Négligeant et oubliant, un instant, mes devoirs, mes convictions, mes ténèbres... Aaron est présent dans chaque coin de ma tête.