[Event] L'Allocution du Premier Ministre

Ce qui suivit tenait du mouvement de panique, comme si, dans un filet empli de poissons, des êtres de l’eau particulièrement sadiques donnaient des coups de trident aléatoires. Simplement dans le but créer la crainte et la confusion. Les moldus tentaient de fuir, et pour cela, n’avaient qu’une option, comme des barrières fermaient les ruelles vers le parc.

Ça et là, les hommes masqués lançaient des sorts. Mais leur groupe avait suscité leur intérêt particulier. Alors que Rupert et l’étudiant avaient déposé le journaliste comateux en lieu sûr, Siobhan avait riposté à leur attaque. Ses sorts, vifs quoique légers - visant certainement à les repousser et limiter l’escalade, se disait Rupert - avaient agacé un des Mangemorts, qui tenait à répliquer. Rupert allait se placer à côté de la jeune femme - il était rouillé au niveau des sortilèges offensifs mais pouvait lui servir d’appui, quand une jeune femme rousse vint les aider. Encore une de ses étudiantes ! Eh bah ! Non pas qu’il ait quoi que ce soit à voir avec leur réactivité et leur bravoure, mais le professeur encore novice sentait une vague fierté.

Il fut alors distrait par une explosion provenant du bâtiment ministériel - son sang se glaça, ne sachant pas si les vitres avaient été soufflées depuis l’intérieur ou non. C’est alors qu’il fut frappé de plein fouet par l’Incarcerem. Chutant pitoyablement, il avait la chance d’avoir gardé sa baguette en main. Il formula un Finite d’une voix sèche, énervée, avant de se relever.
Les Mangemorts étaient déjà en train de s’enfuir. A tous les coups, ils ne cherchaient pas le massacre. Leur but était clair : créer la panique sans dissuader les sorciers de rejoindre leurs rangs. Le message, bien dosé, indiquait : nous ne nous laissons pas faire, nous ripostons, mais nous ne sommes rien de ces horribles monstres que l’on dépeint - nous n’immolons pas des enfants innocents, nous. Franchement, on tord la cheville à des journalistes adultes - on est gentil, n’est-ce pas ?.

Il fallait dire que jusque là, ils maîtrisaient leur coup. Les Moldus, inquiétés, perdraient nécessairement toute tolérance. Et les sorciers seraient incités à former un front uni. Et face aux Mangemorts, la position des tenants de la paix était de plus en plus chancelante. Et il n’y avait pas de troisième option. Si ?

Rupert fut cependant coupé dans ses analyses quand la silhouette masquée fendit l’air de sa baguette, en un geste vif, semblable à un violent coup de fouet. Son oeil, où luisait la crainte et un début de courroux, passa sur l’étudiante auror, qui ne réussirait certainement pas à parer le coup.

Reculant tout en jetant des sortilèges d’immobilisation pour couvrir leur retrait, le Mangemort balayait la scène du regard. L’objectif était atteint, c’était certain – le message était passé. Leurs sortilèges touchèrent presque tous les membres de ce groupe décidément récalcitrant, à son plus grand désespoir. Il allait finir par vraiment en blesser un sans le vouloir, si cela continuait… Et ce n’était pas ce qu’il souhaitait. Pas du tout.

Le seul qui avait réussi à échapper à l’assaut redressa sa baguette pour leur jeter un sortilège, qui toucha un de ses alliés dans la confusion. Jurant une nouvelle fois, le Mangemort hésita à secourir son camarade ; mais les autres membres du groupe se relevaient déjà, et il se souvenait des ordres qu’il avait reçu de la part de son… recruteur – préserver sa vie à tous prix. Tergiversant un instant de plus, échangeant un regard avec son autre camarade, il se décida finalement à transplaner pour fuir les lieux et se mettre à l’abri. Seul. Les autres étaient assez grands pour se débrouiller tous seuls.

Et il n’avait aucun doute sur le fait qu’ils auraient fui les lieux sans lui.

Une forêt apparut autour de lui – banale et sans aucune signification. Retirant son masque et sa cape à la va-vite, les rangeant dans le sac à bandoulière qu’il portait, le Mangemort démasqué transplana une nouvelle fois, vers un autre lieu. Puis un autre. Et enfin, il arrêta sa course folle, une fois certain qu’il était à l’abri.

Il y avait eu les hurlements et les mouvements de foules brutaux. Les cris de peur puis l'annonce de la marque et la panique totale. Puis, finalement, l'apparition de la véritable marque des ténèbres, le souffle des vitres de la façade. Ce que le premier ministre britannique avait à dire n'avait plus d'importance, Downing street s'était paré d'un manteau de terreur. Des Mangemorts - vraisemblablement - étaient apparus et avaient tiré sur la foule. Au premier abord Azphel avait pu croire qu'il s'agissait d'une attaque planifiée à l'avance, destinée à faire des morts et beaucoup de grabuge.

Mais maintenant qu'il se relevait, Isia proche de lui, et regardait autour de lui, il ne pouvait que constater que des dégâts mineurs, la panique engendrée étant le plus lourd des maux causé. Il y avait des bris de verre près de la façade du 10, des gens à terre qui avaient été bousculés ou pris pour cible, mais pas de sang, pas de traces d'une vengeance réelle. Cela avait tout d'une mise en scène destinée à remettre les pendules à l'heure, à graver dans la tête des moldus le nom des Mangemorts, et leur interdire d'oublier de quoi ils étaient capables.

- Viens avec moi, dit Azphel à Isia, lui prenant la main, sa baguette fortement serrée dans l'autre.

Il jeta un œil vers la position où se tenaient les Mangemorts quelques instant plus tôt et vit des sorciers autour d'une silhouette encapuchonnée maintenue au sol. Était-ce lui qui avait neutralisé cet homme ? Les détails importaient peu pour Azphel, la seule chose dont il voulait s'assurer était la sécurité d'Isia et celle des autres membres d'Haveirson qu'il connaissait. Les Aurors semblaient maintenant maîtriser la situation et enclins à réparer les dégâts causés.
Les deux jeunes Abraxans rejoignirent leur professeur, monsieur Larkin et Siobhan ainsi qu'Anton. En chemin, Azphel avait pris de soin de lâcher la main de la rousse. Par chance, les autres avaient réussi à se débarrasser des maléfices et Sio n'était que légèrement touchée. Anton avait l'air d'aller très bien et le professeur également, bien qu'Azphel n'avait pas craint pour lui.

- Content de voir que tout va bien, dit Azphel, un peu essoufflé, s'adressant à la troupe d'Haveirson, bien que regardant surtout Anton. On dirait que tout rentre dans l'ordre, les Aurors sont là...
Il jeta un regard circulaire autour d'eux pour s'assurer qu'en effet, les choses semblaient se calmer.
- Je suis d'accord avec vous. Très bien, laissons les Aurors faire leur travail, déclara Rupert.

Anton et Azphel acquiescèrent. L'étudiant en métiers de la plume adressa un regard à Isia, lui faisant comprendre qu'il préférait la voir en sûreté à l'académie plutôt que sur les lieux. Seule Siobhan déclara vouloir rester sur place pour porter secours aux blessés. S'assurant une dernière fois par des regards que tout était sous contrôle, Rupert, Anton, Isia et Azphel transplanèrent en direction de l'académie.

Les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu, même si l'on ne comptait aucun mort ni aucun blessé dit "grave", l'attaque avait d'avantage des airs de rappel que des airs de véritable attentat terroriste. Les sorciers étaient supérieurs aux moldus et étaient capable de bien des atrocités. C'était le message. Une réaction légitime lorsque on y pense... Ou non. Ils avaient répondu à la violence par la violence, c'est ce que ces deux camps attendaient. Une raison pour massacrer l'autre. Du sang. Du sang aller couler. Et le sang coula, mais il s'agissait du sien. Un sortilège avait passé son rempart magique et l'avait entaillée de la clavicule droite à l'orée de son sein opposé. Sur le coup elle n'hurla pas, mais sa main se resserra sur sa baguette tout comme ses dents entre elles. La grimace douleur sur son visage avait certainement donné satisfaction à son assaillant, mais lorsque elle pointa sa baguette vers lui, quelque peu tremblante sous l'effet de l'adrénaline et de la sensation cuisante sur et dans sa chair, il avait disparu.

La frustration surpassait son mal, son sang trempait son haut et teintait sa peau pâle. Le tissu avait été tranché comme si elle avait reçu un coup de fouet; un fouet munit de lame de rasoir. Il laissait apparaître sa chair meurtrie et ce qu'il y avait autours, et la blonde le dissimula en fermant sa veste de cuir, par pudeur, et car elle n'avait pas besoin d'aide pour si peu, puisque la blessure n'était que superficielle. La jeune blonde reprit ses esprits et alla voir si elle pouvait apporter son aide d'une quelconque manière, la baguette toujours en main. Elle porta d'avantage secours aux moldus, reconnaissable à leurs regard lorsque elle s'approchait d'eux avec sa baguette, que des sorciers. Il s'agissait de son devoir de les rassurer et de donner une meilleure image des sorciers. Peu étaient blessés en réalité, l'Irlandaise se contentait simplement de les rassurer avec un sourire et des mots juste, leurs redonnant espoir comme elle pouvait.

Elle croisa rapidement Isia et Azphel, ce dernier lui fit part de sa volonté de rentrer à Haveirson, mais elle refusa poliment, elle devait rester pour prêter main forte non seulement aux médicomages mais aussi aux Aurors. Son implication était certaine, et peut-être qu'ils allaient le remarquer. C'était mal barré. Ces incapables n'avaient pas étés foutus d'envoyer des hommes, c'était des apprentis et des sorciers inexpérimentés qui avaient dû endosser leurs rôle. Elle s'assura donc qu'Isia allait bien et la confia à Azphel avant d'aller à la rencontre du chef de brigade. Ils avaient beaucoup à se dire. Beaucoup, mais rapidement. Elle devait le convaincre de lui accorder un rendez-vous au calme avant de retourner seconder ses "collègues" et rassurer les civils.

___

HRP: