Le rachat d'une faute [Intrigue perso - PV Anton + Mangemorts]

03/01/2007

Un flocon dans la nuque

Intrigue personnelle : Anton Costello

À lire pour intervenir:

L’appartement se trouve au deuxième étage de l’Allée des Embrumes, dans une maison banale et mal entrenue, réquisitionnée pour l’heure ou abandonnée par un propriétaire criblé de dette. Pour l’heure, la mangemort n’en a cure, même si elle déteste se trouver ainsi dans un lieu dont elle n’a pas l’habitude. Deux de ses collègues ont fait le tour de la bâtisse dès leur arrivée et lui ont promis qu’aucune magie de surveillance n’était active. Elle devrait les croire, mais elle peine à leur faire confiance. Il y a trop de raisons en ce monde qui peuvent pousser le meilleur soldat à la trahison : elle le sait très bien, pour avoir trahi de nombreux maîtres avant que le Seigneur des Ténèbres ne refasse surface.

Elle fait les cent pas dans le salon miteux, tentant de ne pas porter attention aux meubles rongés par l’humidité et aux toiles d’araignées qui flottent dans les courants d’air. Ils disposent de tant de lieux agréables et bien parfumés dans lesquels cette mission aurait pu être terminée, mais bien sur, la discrétion veut qu’ils aient choisi un lieu inusité, inconnu. Un parquet grinçant et les insultes grasses qui montent de la rue par de vieilles fenêtres mal calfeutrées. Elle en a marre d’attendre, et ne peut s’empêcher d’imaginer le pire. Ils connaissaient le jour, mais pas l’heure exacte, alors ils sont prêts dans cet appartement depuis les premières lueurs du jour.

Quand enfin un claquement sonore annonce l’arrivée de ses acolytes avec leur cible, elle ne peut s’empêcher de soupirer en levant les yeux au ciel. Enfin, ils vont pouvoir tordre le cou à cet ennui brûlant qui leur pèse depuis des heures. Elle remercie les deux livreurs d’un geste hautain de la main, avant de décocher sa baguette. Seul le dénommé Costello joue encore une importance pour elle, et rien ni personne ne viendra entraver le bon déroulement de sa mission.

— Anton Costello. Ou peu importe comment tu devrais te nommer véritablement, si tu veux mon avis, les raclures en ton genre ne devrait même pas avoir de nom. Heureusement pour toi, ce n’est pas tant mon avis qui compte aujourd’hui.

Elle rit doucement, comme un vent de printemps qui glisse avec grâce sur un champ de fleur. L’atmosphère semble s’apaiser : il fait moins froid, moins sale, moins glauque, jusqu’à ce que ses accents rieurs ne s’estompent pour laisser place à la dure réalité.

— Tu es ici pour expier la faute de tes pairs et prouver que tu es un sorcier digne et non pas l’une de ces vermines amatrices de moldus qui pourrit notre monde. Dans notre grande mansuétude, nous sommes prêt à reconnaître que tu n’es pas entièrement responsable de la souillure qui te sert de sang, et il nous tient à cœur de te permettre de te racheter. Pour ça cependant, j’ai besoin que tu puisses parler, alors écoute-moi bien. Je vais te libérer de ce sortilège, mais tu ne bougeras pas sans autorisation. Tu ne parleras pas sans autorisation. Tu as tout juste le droit de respirer. Est-ce bien clair ?

Elle fait un signe de la main à l’un de ses gros bras, eux aussi masqués, et lui indique de confisquer la baguette de l’étudiant.

— Maintenant que tu as eu tes deux minutes de réflexion, regarde moi bien et cligne des yeux deux fois si tu as décidé d’être raisonnable. Autant te dire que c’est ta seule chance dans la présente situation.

30/09/2015

Le supplice. Une hantise dont Anton avait toujours redouté être un jour la victime. Au-delà de la douleur physique qu'il risquait de ressentir, c'était bel et bien l'état de soumission qu'il craignait. Être maître de ses actes et de ses pensées, voilà ce qui octroyait le réel pouvoir. Et à présent, que tout contrôle glissait loin de lui, il en était bien loin.

Malgré le sortilège, l'Abraxan avait pu sentir les doigts froids des Mangemorts qui l'avaient escorté enfoncés dans sa peau. Lorsqu'ils étaient arrivés ils avaient poussé le corps rigide de l'étudiant aux pieds d'une nouvelle silhouette encapuchonnée. Son esprit restait bloqué sur cette nouvelle protagoniste qui s'adressait déjà à lui d'une voix froide et haineuse, bien que posée. Elle ne haussa pas le ton une seule fois ce qui provoqua chez Anton une nouvelle sueur froide. Tout son corps ,réalisa t-il, était glacial, tant par la chute sur le sol encore gelé aux abords de la Cabane Hurlante, que par la peur en elle même. Rares avaient été les fois où le grand brun avait ressenti une telle émotion lui parcourir le corps. Probablement la vraie première fois qu'il ressentait ce sentiment d'appréhension si intense. Une masse lourde et tentaculaire qu'il pouvait sentir s'infiltrer dans chaque recoin de son enveloppe corporelle. Et de son esprit.

Il n'avait jamais réfléchit à de telles possibilité d'être confronté à la mort. Dans un tel contexte il aurait pensé que ça aurait été en prenant part à la guerre qui faisait rage qu'il aurait risqué sa vie. Pas en étant juste le fils de ses parents. En devenant un traître que l'on userait en exemple. En dissuasion. Lui qui ne souhaitait pas prendre parti s'était retrouvé victime, comme n'importe quel autre activiste subversif d'un camp choisi.

Ses yeux peinaient à discerner les éléments composant le nouveau lieux dans lequel il avait transplané. Il sentait la poussière contre son visage, probablement présente en une épaisse pellicule partout dans la pièce. Il ne pouvait réellement dire. Tant parce que son champs de vision se limitait à la Mangemort devant lui, que parce que son cerveau était incapable d'assimiler une quelconque information de plus. L'instinct de survie prenait le dessus.
Il avait oublié Alycia et sa trahison qui lui avait percé le coeur avec un couteau chauffé à blanc. Celui de la noirceur de son âme et de ses actes. Il n'était même pas capable de dire si elle avait transplané avec eux, où si elle était retournée vivre sa vie à Poudlard. Mentant effrontément sur qui elle était. Ce qu'elle était. Aurait-elle été présente, cela n'aurait rien changé. Elle n'existait plus pour lui. Elle persisterait dans le souvenir d'une félonie. Comme la cicatrice qu'il garderait un fois que le sang aurait cessé de couler. Un tâche carmin sur un tissu écarlate. Tissu froissé. Laissé. Oublié.

Il tenta de se redresser, en vain, lorsque la Mangemort s'adressa une nouvelle fois à lui. Toujours sur ce ton de dégout. Comme s'il était une maladie qui se propagerait au toucher. Son cerveau fonctionnait à nouveau, espérant une porte de sortie plutôt qu'un sort funeste. Anton n'était pas un lâche, mais il savait reconnaitre une opportunité de salut.

Il cligna des yeux une fois. Puis deux. Son souffle court s'accéléra de plus belle. Attendant la suite.

Ils s’étaient dématérialisés une fois leur mission menée à bien ; quittant les abords glacés de Pré-au-Lard au profit de la moiteur miteuse d’une bâtisse perdue dans l’allée des embrumes. Là-bas, le mangemort et son acolyte avaient placé leur supposé prisonnier entre les mains des commanditaires de l’affaire.

En dépit de l’exaspération ambiante, ils se refusèrent à la facilité et à l’amertume propre à leurs aînés.

Pour toute conversation, le rouquin se pencha brièvement vers sa compagne. Ils échangèrent à voix basse dans un coin reculé de la pièce. Lui, contre toute attente, escomptait rester un peu en ces lieux sordides ; en proie aux ténèbres et à leurs plans machiavéliques. Et au jugement d’un homme, autrefois connu sous le blason de Salazar tel un allié, désormais décrié par la plupart de ses pairs.

Bien plus semblable à lui que bien des autres. Guidé de force vers les injonctions noires et tourmentées de ce monde ; par la trahison d’un père.

Le mangemort se positionna en périphérie de la scène, la silhouette ancrée dans un silence mesuré et vigilant. Dans l’attente de la suite des événements ; l’esprit tiraillé par un long flot d’informations divergentes et novatrices.

La gamine avait été amusante, vraiment, drapée de son arrogance, insultant celle qui serait potentiellement là pour couvrir ses arrières si jamais le Maître la jugeait assez intéressante pour la laisser rejoindre leurs rangs. Mais ce n’était plus l’heure de jouer. Le Mangemort se laissa entraîner par le transplanage de son acolyte jusqu’au point de rendez-vous, et atterrit avec brutalité au milieu d’une pièce inconnue, rongée par l’humidité et le manque de soin accordé à l’appartement (alors qu’il suffisait de quelques sortilèges ménagers par semaine pour s’en sortir, sérieusement…).

Les « remerciements » de la Mangemort firent apparaître une grimace sous son masque, car, décidément, toutes semblaient décider à être insultantes avec elle aujourd’hui. La blonde se contenta de reculer sagement, laissant le champ libre à Madame Bonnes Manières, et s’appuya nonchalamment contre le mur, la main pourtant crispée sur sa baguette. Ecoutant silencieusement les accusations proférées et les portes de sorties offertes, elle se contenta de balayer l’endroit du regard, s’attachant à tous les détails qu’elle jugeait intéressants, tels que les papiers amoncelés dans un coin de la pièce ou les grimoires dont elle tentait de discerner les titres pour passer le temps.

Cette mission était désormais d’un ennui mortel, et elle n’avait pas véritablement envie de s’attarder ici... Que cette situation était chiante, alors qu’elle avait tant d’autres choses bien plus intéressantes à faire.

— Ca va durer longtemps, tu crois ? chuchota-t-elle à son partenaire, prenant garde à ce que la harpie ne l’entende pas.

Ces choses l’attendaient bien sagement à Haveirson, ainsi qu’une quantité de devoirs en retard (et, vraiment, les raisons n’étaient pas un mystère compte tenu de son emploi du temps de ce jour-là) qu’elle préférait ne pas estimer de peur de se décourager. Se tenant dans le dos de Costello, elle ne pouvait même pas voir ses réactions pour tenter de passer le temps.

Bon. Y’avait plus qu’à attendre qu’on ait besoin d’eux.

03/01/2007

Un flocon dans la nuque

Intrigue personnelle : Anton Costello

Penchée vers sa victime, la baguette tenue avec une nonchalance travaillée, car elle savait à quel point une menace pouvait être terrible quand elle n’était pas directe, la Mangemort attendait. Elle aimait terriblement observer les visages qui évoluent et les traits qui se déforment. Voir les émotions traverser les yeux avant de couler le long du visage et prendre forme ailleurs, en un rictus de peur ou de défi, pour signaler la réponse émotionnelle d’un corps aux abois. Elle connaît la réputation de son hôte du jour, et elle s’attend à une riposte brutale et sauvage. Il n’a pas attiré l’intérêt du Maître pour rien, car si ce n’était que pour l’insulte que son sang représente, il aurait été bien plus simple de simplement s’en débarrasser.

Pourtant, il semble avoir peur. Elle a eu des informations qui relataient le contraire. On le dit prompt à l’attaque, fervent pour chercher les réponses et sanguin dans ses réactions. Peut-être est-il un acteur de talent, conscient que révéler sa vraie nature ne sera rien moins que dangereux dans sa présente situation. Cependant, son visage semble bel et bien perdre toutes couleurs alors qu’il la fixe sans volonté de détourner la tête. Courageux dans sa crainte. Elle aime ça. Finalement, il clôt ses paupières par deux fois, et elle se redresse en affichant une mine ouvertement satisfaite.

— Finite. Bien, à présent, nous allons pouvoir parler en tant que personnes civilisées.

Elle jette un œil aux fauteuils, autrefois recouvert d’un velours pourpre de qualité, mais fait la moue. Elle aurait tant apprécié avoir cette entrevue dans un salon luxueux, au coin d’un feu de cheminée, un verre de Whisky servi pas son majordome.

— Depuis quand es-tu au courant de la trahison de sang ? Que sais-tu des coucheries de ta mère ? Est-ce dans ses habitudes ? Qu’as-tu l’intention de faire à ce sujet ?

La femme pose ces questions sur le ton de la conversation, comme une psychologue s’apprêtant à prendre des notes délicates sur un patient encore inconnu. Elle n’a aucun intérêt en jeu dans cette entrevue, si non une curiosité toute scientifique et la démonstration de ses qualités d’observation. Le regard vrillé dans les yeux de Anton, elle ne démontre aucune émotion, aucune marque d’affectation, ne semble même plus avoir conscience des mangemorts qui rasent les murs autour d’eux. Elle fixe, et elle attend.

30/09/2015

Le sort relâché, Anton sentit le poids de son corps lui revenir sous contrôle. Il rattrapa son manque d'équilibre avec agilité et se redressa rapidement, faisant face à la silhouette sombre qui se tenait devant lui. Il pouvait sentir son regard le parcourir, comme un loup guettant dans l'ombre une réaction de la part de sa proie. Une fois le sortilège levé, Anton ne laissait transparaitre que colère. Il serra les dents. Et les poings, désarmé de sa baguette. Son souffle se calma. Avoir récupéré le contrôle sur son enveloppe physique lui donnait à nouveau foi en ses capacités de resistance face à cet ennemi qu'il ne connaissait que trop bien. Quitte à être détenu par ceux qu'il avait renâclé pendant tant d'années, autant le faire en tant qu'Anton Costello. Pas l'ombre chétive et effrayée de lui-même. A quoi bon ? Son sort était déjà décidé à l'avance. S'ils avaient eut choisit le tuer, rien ne servait d'implorer ou supplier. Et ne l'auraient-ils pas déjà fait à la Cabane Hurlante avec, pour seule témoin, une partisane ? Il comptait bien leur faire regretter leurs actes dans la mesure de ses capacités.

Son regard se posa sur les autres Mangemorts qui semblaient craindre son interlocutrice tant ils se tenaient à une distance suffisante pour ne pas risquer son courroux. Alycia n'était pas là. Tant mieux. Il aurait été plus prompt à s'énerver contre elle que de s'inquiéter pour son propre sort. Sort qui semblait résider, à présent, dans les mains de la Chef des encagoulés. Il écouta ses questions, sans pour autant réagir à l'une d'entre elles. Pourquoi faire ? Elle devait probablement connaître la plupart des réponses. Ou bien le réseau des combattants des Ténèbres n'était plus aussi efficace que jadis. Les muscles de son visage étaient à présent totalement relâchés, ce qui lui permit d'arborer ce même rictus qu'il avait entendu dans sa voix quelques secondes plus tôt. Il secoua légèrement la tête en signe de négation.

- Rien. Lâcha t-il froidement, le regard toujours vissé dans celui de son interlocutrice. Je ne vous dirai rien... Sa voix s'était faite plus ferme, presque incontestable si l'on considérait qui il avait dans le camps adverse.

Il croisa les bras sur son torse, en signe de protestation, sans pour autant quitter des yeux celle qui se tenait devant lui. Il avait déjà connu telle situation, quand son institutrice lui avait demandé pourquoi il avait fait exploser, sans le vouloir, le ballon lors de l'heure d'éducation physique en primaire. Essayer de comprendre quelqu'un par des questions. Jauger leur réponse. Etudier leur réaction et micro-expressions. Il était lui-même passé maître en la matière et ne comptait pas se faire psychanalyser par une Mangemort qui, clairement recevait des ordres et ne faisait que les appliquer. Pas aujourd'hui.

- J'imagine que la raison pour laquelle je suis ici... - il balaya la pièce d'un regard dissimulant à peine le dégout - outrepasse de telles banalités. Je veux savoir où est mon père. Comment va ma famille.

Il savait son comportement irritant. Il avait pu le constater à de nombreuses reprises depuis son arrivée à l'Académie. Mais Anton comptait bien obtenir ses réponses avant de donner ne serait-ce qu'un semblant de renseignement aux Mangemorts. Il espérait avoir raison de penser qu'ils attendaient plus de lui que de simples objections à une liste de questions qui semblaient si peu importantes à ses yeux. Sinon, il venait probablement de faire perdre patience à celle qui le fixait avec une telle intensité qu'on aurait pu penser qu'elle essayait de lui voir à travers. Sinon, il venait peut-être de prononcer ses dernières paroles. Il leva légèrement le menton asseyant sa position et attendant de lire, dans les yeux de sa pseudo-enquêtrice, une trace de réaction.

03/01/2007

Un flocon dans la nuque

Intrigue personnelle : Anton Costello

Elle ne trahit aucune surprise quand sa victime lui crache à la figure son refus de coopérer. Il n’est pas difficile de dissimuler une émotion que l’on ne ressent pas, et la mangemort aurait plutôt été étonnée que Anton se livre d’emblée. Il est fier et veut se battre, tel le digne fils de son père. Même dans sa descente aux enfers, il tente de préserver ses valeurs et ses positions, dans les largesses que l’on lui laisse encore. Il s’égosille comme un oisillon enserré entre les mains du chasseur, bien décidé à se battre, même s’il sait la bataille déjà perdue. Elle retient néanmoins un haussement d’épaules. Rien de tout cela ne l’empêchera de mener sa mission à bien.

La maître de cérémonie se tourne vers un de ses sous-fifres, et le commande d’un geste de la main. La silhouette encapuchonnée s’approche avec diligence après avoir soigneusement révélé un paquet, qu’il tenait caché sous sa cape. La femme dévoile un miroir cerclé d’argent, repoussant sans hâte le papier de soie qui tenait muette sa surface iridescente. Concentrée sur ses actes, elle tapote le verre du bout de sa baguette avant de se racler la gorge. Une seconde d’immobilisme s’ensuit, avant qu’elle ne hoche la tête par deux fois. Elle revient ensuite vers son captif et maintient le miroir à hauteur de ses yeux.

À la lueur d’un feu flamboyant dans un âtre de pierre sculptée, deux silhouettes conversent à voix basse, le visage dissimulé dans les ombres. L’une d’elle lève finalement la main, claquant des doigts dans le silence, et l’image bascule. Pendant quelques secondes, seul le plafond décoré de fresques baroques et de moulures de plâtre reste visible, avant que la perspective ne soit bouchée par deux verres remplis d’un liquide ambré. Quelques instants plus tard, le tout semble se mettre en branle, sous la direction d’un homme aux traits émaciés. Visible entre les récipients de cristal, la pénombre ne masque pas ses nombreuses ecchymoses et les contusions qu’arborent ses yeux et ses lèvres. Son regard brille de peine et de terreur.

Après quelques pas, l’image paraît s’éloigner du plafond, tandis qu’une main apparaît pour se saisir d’un verre. Le visage baissé, le majordome semble s’être agenouillé auprès de ses maîtres pour compenser l’absence d’une table. La proximité du feu fait danser la lumière dans les ombres de ses fossettes, soulignant d’autant plus les cernes de fatigue et ses cheveux gras.

La mangemort soupire doucement, avant de rompre le silence d’une voix douce.

— Tu vaux mieux que ton moldu de père, tu ne penses pas ? Tu as hérité d’un don, il coule dans tes veines. Même si ton sang est souillé, je veux t’offrir l’opportunité de te laver d’une faute qui n’est, au fond, pas la tienne.

30/09/2015

Les yeux du grand brun suivirent chaque geste de la part de la Mangemort qui se tenait devant lui. Il pouvait la voir contenir son impatience et, d'un côté, il aurait presque pu la comprendre. Un jeune homme arrogant qui venait leur accaparer du temps et des moyens - à voir le nombre de Mangemorts présents.
Les yeux sombres et méfiants de l'Abraxan se posèrent sur un petit miroir, où des images se mirent à vaciller. Il était tellement étrange de se retrouver dans une telle situation pour Anton. Il s'était attendu à un rire haut perché suivit d'une réponse négative de la part de la maîtresse de l'action. Mais non. Elle avait accédé à sa requête et tendait son bras à hauteur suffisante pour que le détenu puisse voir ce qu'il avait réclamé.

L'image était floue, tremblante, comme son esprit en cet instant. Il perçu la silhouette d'un homme qu'il ne connaissait pas, mais qui lui semblait familier. Ses cheveux bruns et bouclés ainsi que sa peau basanée lui rappelaient... Il n'eut pas réellement le temps d'y repenser tant son attention était focalisée sur l'action. Mais il venait de voir son père biologique pour la première fois. Certes, le descendant Costello n'était pas du genre sentimental. Il ne l'avait jamais été puisque l'on ne lui avait jamais donné l'occasion de l'être. Les sentiments n'étaient qu'une faiblesse dans cette famille où la dignité passait toujours avant l'expression d'une affection, constamment dissimulée. Mais tout de même. Ses entrailles se serrèrent lorsqu'il comprit que l'homme du miroir, aux traits tirés, aux yeux voilés et à l'allure meurtrie était son géniteur. Les même cheveux, les même traits. Les mêmes yeux.
Soit. Il ne montrerait rien.
Rien de la douleur qui lui irradiait les poumons et le forçait à maîtriser sa respiration. Rien de la colère qu'il ressentait à la fois envers cet homme, en partie responsable de sa situation, mais aussi de le savoir dans ces conditions. Trop de dualité l'amenèrent à se retenir de secouer la tête pour chasser ces idées. Il serra des dents et des poings tout en gardant le masque imperméable qu'il s'était forcé à enfiler. Chacun ici en portait un, métaphorique ou non.

Il reposa son regard sur la réalité immédiate personnifiée par la Mangemort qui lâcha un petit soupir, avant de briser le silence d'une voix douce qu'il ne lui connaissait pas. Le regard d'Anton se fit plus sombre, rétrécit. Il ne vacillerait pas.

- Je vous ai demandé de me donner des nouvelles de mon père. Aloysius Costello... Dire son nom à haute voix lui retourna l'estomac d'une nouvelle inquiétude qu'il refoula immédiatement. La douleur n'était qu'une information. Il ne la ressentirait pas réellement. Elle ne prendrait pas le dessus sur ce pourquoi il était là. Sauver sa famille. Et accessoirement, sa vie.

- Or, je ne vois que des images d'un inconnu pour qui je n'ai pas d'intérêt. Je serai prêt à écouter votre proposition lorsque j'aurai eu des nouvelles de ma famille, de mon père. Il insista amèrement sur le dernier mot. Sa voix, déjà profonde était presque caverneuse tant il retenait tout vacillement vocal trahissant sa certitude que tout se passerait bien. Il leva de nouveau le menton et planta ses pieds dans le sol poussiéreux du parquet grinçant. Il ne savait pas combien de temps la femme devant lui garderait son calme et son sang-froid. Sa patience, se doutait-il, avait ses limites et Anton risquait bientôt de les franchir. Peu lui importait. Il voulait savoir, voir, entendre Aloysius Costello sain et sauf. De là, il serait prêt à entendre autre chose de la part de ses assaillants. Tant que cela permettrait de redorer le blason familial...

03/01/2007

Un flocon dans la nuque

Intrigue personnelle : Anton Costello

Sans se départir de son calme, la mangemort endure les réflexions vénimeuses de son prisonnier. Elle respecte sa fierté et sa tenacité dans un sens, même si il est bien loin de se douter de ce qui va lui arriver. Autour de lui, le silence devient presque oppressant. Elle devine sur ses épaules le regard et les attentes de ses subordonnés, prêts à prendre le relai au cas où elle viendrait à vaciller. La force inébranlable est la loi suprême dans cette meute de chien de chasse où on ne respecte pour hiérarchie que la grandeur du pouvoir. Sous son masque gravé de runes, un muscle tréssaille.

Elle ne bouge pas, mais incline légèrement la tête pour observer l’évolution de la scène dévoilée par le miroir. Les deux verres ont à présent disparu, mais la réalité lointaine bascule à nouveau, et le visage du père biologique de Anton disparaît, remplacé par d’autres traits. Ceux-ci, à la fois plus familiers et plus lointains ne sont pas inconnus dans les hautes sphères de l’aristocratie sorcière. Aloysius Costello affiche un sourire amer, et vrille un regard brûlant vers son fils. À ses côtés, un murmure à peine audible semble monter du fauteuil voisin.

— Anton, tu n’as guère de peine à te faire pour mon devenir. Je sais où se trouve ma loyauté, et je suis prêt à l’étendre sur toi. Comme je te l’ai dit dans la dernière lettre que je t’ai adressée, je te considère toujours comme mon fils, même si tu n’es pas de mon sang. Tu portes mon nom et mes valeurs. Quant à ta mère, ne te fais pas de soucis pour elle…

Ses lèvres fondent en un rictus tordu, à l’émotion indescriptible. L’aristocrate ferme les yeux une courte seconde.

— Son faux-pas sera traité de la meilleure des manières.

Aloysius dépose le miroir sur ses genoux, ne laissant plus paraître son visage que du bas. Ses yeux sont tournés vers un compagnon invisible, qu’il semble sonder d’un regard profond. Les murmures se perpétuent, toujours inaudibles, dans la riche pièce où est installé le patriarche. La mangemort détourne alors les yeux et tend le miroir à son acolyte, qui enfouit le précieux objet dans son tissu de soie.

— D’autres revendications ?

30/09/2015

Anton scrutait le masque gravé comme si un simple mouvement aurait signalé quelque chose d'anormal. Il ne perçu rien. A la place, l'image du miroir s'anima de nouveau et, après un regard trainant à l'attention de son interlocutrice, il se concentra sur un visage familier. Son père. Aloysius Costello. Un sourire amer sur les lèvres et un regard on ne peut plus transperçant. Il avait déjà vu cette expression en grandissant. Celle d'un homme à qui échappe tout contrôle sans qu'il ne veuille le montrer. L'Abraxan se doute alors que son père s'est replongé dans de sombres stratagèmes, sans pour autant savoir s'il en est l'investigateur, ou la victime. Les paroles sont claires et tranchées. Elles résonnent dans la tête d'Anton, qui réalise à peine que père est en vie.

— Anton, tu n’as guère de peine à te faire pour mon devenir. Je sais où se trouve ma loyauté, et je suis prêt à l’étendre sur toi. Comme je te l’ai dit dans la dernière lettre que je t’ai adressée, je te considère toujours comme mon fils, même si tu n’es pas de mon sang. Tu portes mon nom et mes valeurs. Quant à ta mère, ne te fais pas de soucis pour elle…Son faux-pas sera traité de la meilleure des manières.

Il aurait voulu lui répondre, savoir ce que signifiait "étendre sa loyauté sur lui". Mais l'image s'éloigna de lui et le visage figé de la Mangemort se tenait à nouveau devant lui. Il aurait pu la remercier d'avoir accéder, une deuxième fois, à sa requête. Mais il n'en fit rien, ilsuivit du regard le miroir qui s'éloignait avec le sbire de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Pronocer-Le-Nom. Il poussa un léger soupire et vissa à nouveau son regard sombre dans celui de la femme encapuchonnée. Le grand brun était intelligent, il savait pertinemment que si ses "hôtes" avaient répondu si patiemment à ses demandes, c'est qu'il allait lui aussi devoir écouter les leurs. Malgré tout, il ne regrettait pas de savoir son père, les deux même, en vie. Sans pouvoir, pour autant, s'empêcher de ressasser les paroles de son adoptif. Deux choses le déstabilisaient sans qu'il ne se permettre de le laisser transparaitre. La première était la loyauté. La seconde, sa mère. Dans les deux cas, l'instinct du jeune homme lui criait gare. Sans plus aucune distraction, il se retrouvait seul face à ce clan si singulier dont il ne savait quoi attendre. Quoi craindre.

Les bras toujours croisés sur son torse, Anton tenta de lire à travers le masque de la jeune femme dont il ignorait tout, et qui allait probablement faire basculer sa vie dans les prochaines minutes, voir secondes. Il prit une courte respiration. Ne rien laisser paraître de son appréhension grandissante par rapport à la situation vacillante. Sa voix brisa le silence qui s'était installé dans une ultime question. Les rôles risquaient de s'inverser à tout moment, brisant l'attente incessante qui s'installait à nouveau dans la poitrine de l'étudiant concernant son sort. Il voulait savoir. En avait assez de ce jeu de pouvoirs feints qui régnait dans la pièce. Il n'était pas dupe. Pas naïf. Mais à présent, légèrement impatient.
A son tour sa voix brisa le faux-silence.

- Non.

Ses yeux se plissèrent légèrement, attendant la réaction de son interlocutrice, devenu le repère de sa situation actuelle.

03/01/2007

Un flocon dans la nuque

Intrigue personnelle : Anton Costello

L’obéissance, enfin. Tous y parviennent un jour ou l’autre, peu importe la ferveur avec laquelle ils nourrissent leurs rebellions. L’acceptation finit par n’être que le seul choix qu’il leur reste encore, quand, face à un mur, ils se trouvent résignés à accepter le destin tel qu’il a été tissé. Il n’est pas possible de se battre contre ce qu’on ne connaît pas encore, contre un ennemi sans visage qui pourrait tout aussi bien se révéler un allié précieux. La Mangemort ne le sait que trop bien, et c’est ce qui a forgé sa patience. Ça, et le fait que sa main n’est dirigée que par le souhait de plaire au Maître. Tout écart serait un échec, alors elle endure, jour après jour.

— Bien. Parlons à présent comme des adultes.

Elle soupire doucement et prend le soin de choisir ses mots, le regard perdu un instant dans un vide qu’elle seule semble pouvoir interpréter. Les simples hommes de main présents dans la pièce n’ont aucune idée de ce qu’elle s’apprête à annoncer, et elle hésite à révéler tout le fond de sa pensée. Même chez les Mangemorts, il est toujours si difficile de savoir à qui on peut faire confiance. Lesquels, derrière ces masques, sont de véritables serviteurs de l’âme, rompus à toutes les techniques de tortures physiques et psychologiques, dans le seul but de créer l’utopie dont ils sont tous censés rêver. L’ironie de sa réflexion la fait sourire sous son masque et ses épaules se détendent.

— As-tu entendu parler de l’Ordre du Phénix ? Peu importe.

Avant même de percevoir une réaction de l’étudiant, elle balaie sa réponse hypothétique d’un geste de la main. Ses questions ne sont à présent plus que rhétoriques, et elle tient à ce que ce ne soit laissé au doute de personne.

— Il s’agit d’un regroupement secret de sorciers qui œuvrent à nous combattre. Ils veulent se mélanger aux moldus, dissoudre leur sang, vivre en deçà de leurs rangs. Ils n’ont qu’un seul maître, Dumbledore bien sur, et Potter leur sert d’apôtre. Forts de ces deux têtes de mule, ils sont persuadés qu’ils vont pouvoir révolutionner le monde. Mais il ne voit pas la réalité comme nous la voyons. Les atrocités que les moldus commettent contre les nôtres.

Elle fit une nouvelle pause pour ménager son effet, se penchant lentement vers Anton afin d’immobiliser son visage à quelques centimètres du sien. Le souffle du jeune homme glissait sur le masque gravé dans un retenti grave et étrangement musical.

— Nous voulons que tu les rejoignes.

30/09/2015

Il aurait été difficile de dire combien de temps cela faisait que le jeune étudiant se tenait dans ce salon miteux et poussiéreux. Une heure ? Plus ? Moins... Anton n'aurait su dire tant ses émotions entremêlées l'avaient empêché de réaliser correctement le déroulé de la réalité. Comme si le temps s'était arrêté dans ce refuge de Mangemorts. Une odeur d'humidité désagréable embaumait l'air et semblait se déposer en chaque coin de la pièce mal ventilée et en décrépitude. Il savait que la conversation venait de prendre un tournant important. Capital. Pour lui, comme pour celle qui faisait acte de patience derrière un masque de facilités. Il était plus évident de dissimuler ses émotions quand nul ne pouvait les percevoir. Pas de pression sociale sur une micro-expression lâchée par mégarde. Par un sourire trop peu dissimulé au moment le moins opportun. Un bouclier de personnalité qu'elle avait du mériter pour en arriver où elle en était aujourd'hui.

Le grand brun canalisa son attention complète sur les paroles qui sortaient de derrière les runes gravées. Une question, à laquelle il n'aurait pas le temps de répondre, avant d'en recevoir une réponse déjà toute prête, comme répétée, assénée à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il devienne une vérité, un automatisme pour esprit, en quelques sortes, crédule. Cette réponse, il l'écoute, l'analysa calmement, commençant à percevoir la finalité de cette tirade.

— Nous voulons que tu les rejoignes.

Touché. Il avait vu juste. Ils avaient donc besoin de lui comme d'une sorte d'espion ou d'infiltré pour un quelconque plan dont il doutait recevoir plus de précisions. Mais peu importait. Sur le visage d'Anton se dessina un léger sourire, qu'il ne pu empêcher de s'agrandir, à quelques centimètres du visage masqué de son interlocutrice. Sa voix féminine si ferme et assurée semblait ne pas avoir anticipé ce qu'il s'apprêtait à lui dire. Lui ne recula pas. Il se contenta de sourire sans lâcher la fidèle des yeux.

- Votre plan ne fonctionnera jamais...

Peut-être était-ce une auto-condamnation de dire une chose de la sorte, mais son esprit rétif ne pouvait se cantonner à accepter un plan dont les failles béantes l'avaleraient instantanément. Lui-même se demanda comment une telle idée avait pu transpercer les réflexions de ceux qui en étaient à l'origine. Anton Costello. Lui dont la famille baignait depuis des années dans de sombres affaires d'allégeances à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Dont le père était à présent porté, publiquement, disparu depuis des semaines, dans une période de meurtres et d'enlèvements revendiqués par les Mangemorts...Lui était celui qui avait été choisi pour interférer avec les affaires de l'Ordre, en devenant l'un d'entre eux. Il sourit à nouveau, se penchant à son tour vers son interlocutrice.

- A l'heure qu'il est, mes amis sont probablement à ma recherche et auront fait le lien avec vous. Du moins, il l'espérait plus fort que tout. Je ne disparaitrais jamais de la sorte, sauf suite à un coup de votre part... Et il faut croire que c'est devenu monnaie courante ces derniers temps. Il marqua une courte pause. Mais surtout, tous les sorciers d'Angleterre savent parfaitement que si ma famille possède une allégeance, elle n'est certainement pas tournée vers l'Ordre du Phénix... Preuve venait d'en être réitérée via le miroir. Et personne ne croira à un soudain revirement de situation de l'enfant bâtard de la famille vers une "noble" cause. Pas moi. Pas en ce moment... Pas Dumbledore et sa... "clique".

Le vieux sorcier ne serait pas dupe. Il le connaissait assez l'ex-Serpentard pour cela. Il était brillant et bien plus futé que quiconque ne le laissait entrevoir, sinon il n'aurait jamais été la figure de proue d'une organisation telle que l'Ordre. Il ne l'aimait ni l'abhorrait, ses sentiments envers lui étaient neutres, quoi que tendant vers la déception de son choix de compatriote. Potter. Il savait que ses amis et sa chance hors du commun était la réelle raison de ses réussites. Pas son "talent" romancé.

Lui avait vu les failles dans ce plan approximatif. Il espérait seulement que l'esprit qui se voulait affuté derrière le masque, les prennent en compte au lieu de lui dire que c'était à lui de les contourner. Bien que ce soit pénible, il fallait savoir admettre ses erreurs. Mais les Mangemorts étaient-ils seulement capable d'une telle remise en question ? Ou y avait-il autre chose qui aurait pu rendre ce plan plausible ?

03/01/2007

Un flocon dans la nuque

Intrigue personnelle : Anton Costello

Sans un mot, elle écoute les différentes raisons qu’a leur invité à s’opposer aux injonctions. Toutes étaient prévisibles, toutes avaient été pensées et discutées avant que l’ordre ne soit lâché dans le froid et la poussière de cette horrible masure. Elle se force à réprimer un haussement d’épaules ponctué d’un regard levé vers le ciel. Les croit-il vraiment si stupides ? Un ordre tel que les partisans du Seigneur des Ténèbres n’auraient pas survécu longtemps s’ils avaient été incapables de réfléchir plus loin que le bout de leur baguette. Pourtant, malgré la mort du Maître, ils subsistaient. Le Seigneur avait alors vaincu la mort et trouvé la renaissance. N’était-ce pas là, au fond, une raison suffisante ?

— Pourtant, tu ferais mieux de trouver une bonne raison pour convaincre tes compères, car c’est de ta propre peau qu’il en va, mon mignon.

La phrase était tombée avec plus d’amertume et d’agacement qu’elle ne l’aurait souhaité. Elle s’interrompt avec soin pour reprendre le contrôle adamantin sur ses émotions et plonge un regard aussi clair que du cristal dans les yeux du Costello. Leur proximité la dérange, et elle ne cherche pas spécialement à le cacher.

— Il n’est pas question de rejoindre une noble cause, mais de trouver protection. Dumbledore et ses sbires ne te refuseront jamais le droit à la repentance, et ils n’ont encore jamais refusé d’héberger en leur rang un innocent. Or, tu l’es encore, n’est-ce-pas ? L’altruisme les a déjà perdu par le passé, et nous avons suffisamment de preuves pour savoir qu’ils n’ont pas encore appris de leurs erreurs. À toi de te montrer convaincant, discret et observateur. Tu as voulu me jouer en arrivant ici, alors mets ton arrogance et ton intelligence au service de ta mission.

Elle sourit une nouvelle fois derrière son masque.

— Car c’est ce que tu es, n’est-ce pas ? Un homme intelligent et plein de ressources ? Ou désires-tu à présent nous faire croire que tu n’es qu’un abruti ?

Elle se redresse et replace enfin la distance physique dont elle se languissait tant depuis quelques trop longues minutes. Sans plus de forme de procès, elle se détourne de son prisonnier et fait signe à ses partisans de rassembler leurs affaires et de préparer leur départ.

— Tu peux partir à présent, mais n’oublie pas quelles sont nos exigences. Nous reviendrons vers toi, en temps et en heure, car tu ne seras jamais celui qui nous contactera. Soit discret, mais prompt à te glisser dans leurs rangs, car je peux te promettre une chose. Il n’est aucun des deux camps que tu as envie de trahir, alors tu as plutôt intérêt à jouer finement. Oh, et si il te fallait une motivation supplémentaire… Nous n’avons pas encore décidé ce qu’il convient de faire de ta mère.

30/09/2015

Anton sourit doucement devant l'attitude bornée de celle qui se voulait être au-dessus des autres de part son imperceptible rang, mais aussi son intelligence et son expérience. Elle excellait... dans le domaine de la limitation de sa réflexion d'un plan aussi "bien pensé", selon ses dires. L'Abraxan ne voyait pas, malgré les justifications bancales de la Mangemort, comment cette stratégie parfaitement grotesque pourrait réussir. Il en allait de sa vie, et assumer que Dumbledore serait assez compatissant pour recueillir Anton dans ses rangs était miser à risque sur une candeur gagée. Après avoir foulé les couloirs du château dirigé par le Directeur, celui-ci savait parfaitement que l'ex-serpentard n'était pas du genre à demander de l'aide à qui que ce soit, peu importe les circonstances. Mais soit.

Il perçu une transparence soudaine dans les émotions de son interlocutrice dont le ton, commençait à trahir l'exaspération face à cette mission qui semblait à présent la lasser. Il comprenait à nouveau pourquoi entrer dans les rangs des encapuchonnés masqués l'avait tant rebuté à une époque. Entendre ses frères discuter de plans aussi absurdes que dangereux, où ils engageaient à chaque instant leur vie dans le but de défendre une cause "supérieure", lui provoquait aujourd'hui une sensation de déjà vu. Celle d'avoir envie de rire des affabulations d'un plan que lui, étudiant d'Haveirson fraîchement détenu contre son gré, devait rendre infaillible. Il laissa échapper un rire moqueur, percevant la femme masquée reculer quelques peu, mal à l'aise de la proximité gênante que le grand brun s'était fait un plaisir d'installer.

- Jusqu'à preuve du contraire, je ne suis qu'assez stupide pour marcher dans votre plan foireux...

Elle l'avait qualifiée d'arrogant elle-même, il ne fallait pas la décevoir ! Il savait qu'elle le renverrait droit dans ses buts, mais peu lui importait. Cette situation devenait si absurde que l'étudiant en avait oublié de craindre pour sa vie. De ce qu'il lui semblait, il faudrait bon gré mal gré qu'il se plie à cette mascarade qui ne rimait à rien. Les élèves de l'Académie se méfiaient déjà bien assez de ceux portant son nom de famille pour qu'il ne tente d'intégrer l'Ordre du Phénix sous cette réputation obscurcie. Il allait devoir miser sur ses talents de sorcier et sur les lettres de menaces reçues. Le kidnapping allait poser bien plus de problèmes et d'explications qu'il n'avait offert de solutions aux Mangemorts. Il fallait être sacrément désespéré, pensa Anton, pour en avoir à appeler à un jeune homme comme lui, dont la vie venait de basculer de manière irréversible. Il n'avait rien à perdre sauf sa famille. Mais là aussi il s'agissait plus d'honneur que d'amour réel.

- Qui me dit que même si je réalise cette mission, ma mère restera saine et sauve. Tout comme mon père, ou mes frères ?

Car même s'il devait noter les efforts de la Mangemort d'accéder à ses requêtes avant de ne lui avoir soumis sa mission, les partisans de Vous-Savez-Qui n'avaient jamais été des modèles de confiance et de fiabilité. Avant de se jeter dans la gorge du loup avec pour seule garantie d'être "Un homme intelligent et plein de ressources", il voulait avoir la certitude de ne pas faire cela en vain. Même si, pour lui, tout cela revenait au même. Il soupçonnait que leur précédente bienveillance ne soit qu'un tour pour le leurrer dans une confiance mal dirigée.

Enfin ils le laissèrent libre de repartir, promettant de revenir vers lui pour le contacter dans un avenir proche. restait à savoir s'il devait qualifier cela de promesse ou de menace. A présent, son esprit se dirigeait vers ceux qu'il allait pouvoir retrouver au château, à ses amis, à Mia... Il serra les dents et attendit de savoir si les Mangemorts allaient le laisser sortir d'ici en marchant ou s'ils comptaient le faire transplanter dans un endroit plus discret, pour le libérer de cette situation.

03/01/2007

Un flocon dans la nuque

Intrigue personnelle : Anton Costello

La mangemort lâche un dernier ricanement lorsque la réponse surfaite et narquoise de Costello lui parvient aux oreilles. De son point de vue, la situation paraît en effet désespérée et profondément stupide, d’une certaine façon, elle peut entièrement le concevoir. Cependant, voir un tel étalement d’intelligence et de supériorité chez quelqu’un qui ne semble pas prendre en compte le fait — hautement probable — que les mangemorts ne dévoilent pas tous les rouages de leurs plans à un invité qui ne fait en rien partie de leur rang, fait naître en elle un amusement profondément exquis. Elle ne prend donc même pas la peine de répondre à sa pique.

Les premiers mangemorts ont déjà vidé les lieux lorsque l’ancien retenu pose une nouvelle question. Une nouvelle façon de quémander informations et garanties que tout se déroulerait de la façon dont il se l’imagine. Elle pousse un énième soupir, tout en faisant une dernière fois le tour de la pièce afin de vérifier qu’ils n’ont laissé aucunes traces derrière eux, bien que leur passage ait été bien trop court pour permettre une identification des partisans présents pour ce court interrogatoire. Au vu de la lumière qui perçait à travers les vieux rideaux, il ne devait pas s’être écoulé plus de deux heures, peut-être trois, entre le moment où le jeune Costello avait été saisi, et le moment, imminent, où il serait rendu à sa liberté.

— Je suppose que ton seul moyen de le savoir, c’est de te tenir à carreau.

Que voulait-il de plus, un contrat dûment signé, peut-être ? Il n’était de toute façon qu’un pion sur l’échiquier d’une épopée bien plus grande que lui. Une façon de redessiner le monde en profondeur pour le faire correspondre à des valeurs, à des idéaux, bien plus hauts que son sang souillé. Peut-être y gagnerait-il une place, s’il parvenait à se montrer efficace et digne de confiance. Et si ce n’était pas le cas, en quoi cela lui importait-elle ? Elle avait mené sa mission à bien, et nul ne pourrait lui reprocher l’échec d’un homme qu’elle n’était pas vouée à contrôler. Après tout, s’il mourrait dans l’entreprise, cela ne ferait jamais que plus de place dans leur nouveau monde, pour ceux d’entre eux qui avaient survécu à la mise en place d’un nouvel ordre mondial.

Elle pose une dernière fois le regard sur lui, imprégnant dans sa mémoire ses traits élégants et raffinés, si caractéristiques de la haute lignée dont il était faussement issu. Il n’était guère étonnant que son ascendance ait fait illusion si longtemps. Elle laisse la brûlure de ses yeux fiers et défiants s’imprégner sur sa propre prunelle, elle dessine du regard les boucles ébouriffées, la tenue soignée, puis le salue d’un dernier signe de tête avant de transplaner en dehors de ce salon miteux, laissant l’étudiant seul avec ses doutes et la poussière.

Fin de la phase d'intrigue: