[Médicomagie Spé] Prévenir avant de Guérir

HRP - Points:

Il avait beau ne pas aimer la routine, Quinlan n’avait pas vu d’intérêt à changer d’amphithéâtre pour son cours pour spécialistes. Il y avait convié tous ses étudiants en médicomagie, ainsi que les étudiants en psychomagie, s’ils le souhaitaient. En réalité, il était d’accord pour que même un étudiant venant d’un autre cursus participe, même si cette fois, le sujet abordé ne serait pertinent que pour des soignants. Enfin. Avoir un avis extérieur n’était jamais inutile.

Ce lundi 17 février, il s’était forcé à sortir de la mélancolie pâteuse qui l’handicapait de plus en plus, et avait bougé ses fesses jusqu’à son bureau pour finir de préparer le cours. Il avait noté deux ou trois petites choses, mais comptait bien voir le reste un peu en mode improvisation. Il n’était pas au mieux de sa forme, quoi que puissent faire Clemens ou Neal. L’attaque d’Avalon continuait à le secouer, comme un séisme puissant envoyant encore ses répliques. Neal aurait pu y rester aussi. Megan aussi. D’ailleurs, Quinlan ne s’attendait pas à ce qu’elle vienne aujourd’hui. Il n’avait pas été blessé, tout comme Skyler, Freya ou Isolde, et il pouvait faire cours. Megan, elle, s’était pris une balle. Même si physiquement, elle pouvait être déjà guérie, Quinlan comprendrait qu’elle ne souhaite pas se replonger si vite dans la futilité des études académiques.

Quinn s’était forcé à s’habiller avec encore plus de soin que d’habitude, comme s’il espérait que son veston délicatement brodé et orné de chaînes argentées allait faire diversion pour ses traits tirés. Comme si sa longue et lourde robe de sorcier de laine sombre doublée d’un taffetas brillant, d’un vert aux reflets rosés allait occulter son expression ternie. Le Docteur l’accompagnait dans les couloirs, trottant derrière lui, à l’affût. La présence de l’animal ne jouerait cette fois qu’un rôle mineur dans son cours, si on oubliait le fait qu’il serait là surtout pour aider Quinlan à tenir.

Le guérisseur laissa le Docteur s’installer dans un coin de la salle, empruntant deux places au premier rang pour faire son rond sur les tables. Quinlan déposa ses affaires — pas grand-chose — sur son bureau, appréhendant l’arrivée des étudiants autant qu’il redoutait une désertion totale de son cours. Que faire quand les deux seules alternatives possibles vous donnaient des frissons dans le dos. Mec, ça va pas.

Non ça n’allait pas. Le monde était devenue une fosse de laquelle personne ne sortirait indemne. Comment réussirait-il à protéger tout le monde ? C’était impossible, il y aurait forcément de la casse, des dommages collatéraux, des pertes dans chaque camp. Il avait la désagréable impression que la guerre qui couvait avait déjà éclaté. Silencieusement, presque sans rien dire. Éclater n’était pas le mot, en réalité. Elle s’était insinuée, elle avait grandi, gonflé comme un abcès trop longtemps négligé. Une fois qu’on l’avait remarqué, c’était trop tard. Une nouvelle forme de guerre, un cancer qu’on ne voyait que lorsqu’il ne pouvait être guéri. C’en était désespérant.

Quinlan soupira, et se posa sur sa chaise. Le sujet du cours lui paraissait soudainement si futile. Il devrait plutôt faire un cours sur le traitement des blessures par balles, ou la reconstruction corporelle. Guérir pleinement des armes moldues supposait parfois d’être capable de se faire repousser le bras ou la jambe. Délicieux.

Jetant un regard à son miroir, la demoiselle remarque son air fatigué. Ces derniers temps, sa thèse et le stage qu'elle vient de terminer dans un laboratoire de recherches l'ont épuisé. Et dire que le mois prochain, un stage encore meilleur l'attend, dans le fameux laboratoire qui étudie actuellement les propriétés du venin de Latrodectus Mactans Maxima dont elle parle dans sa thèse. Un stage en or en quelque sorte. Les mois qui s'annoncent vont être aussi durs que ceux qui viennent de s'écouler. Aleksandrina pousse un soupir. Vivement que sa thèse soit achevée, elle a l'impression de ne plus vivre, de ne plus rien faire d'autre. Qu'elle idée aussi de se lancer dans une thèse en première année. Et tout de suite, la sorcière s'en veux beaucoup : c'est le bordel partout et elle, à quoi pense-t-elle ? A sa thèse, tout le temps.

Poussant un soupir, la jeune femme cache sa fatigue sous un peu de fond de teint et d'anti-cerne pour se donner bonne figure, puis elle fixe le tout avec un peu de poudre et finit avec du blush pour donner un effet bonne-mine et c'est tout. Le strict minimum histoire de ne pas effrayer toute la classe tout à l'heure à l'occasion de son cours de médicomagie. D'ailleurs, si elle ne veut pas être en retard, la demoiselle a plutôt intérêt à se dépêcher. Attrapant ses affaires à la va-vite, la jeune femme fourre le tout dans son sac, jette un nouveau coup d'œil au miroir pour vérifier que sa tenue soit impeccable puis elle quitte précipitamment les lieux.

Les couloirs de l'école bourdonnent du bruit des conversations des étudiants, auxquelles l'étudiante ne prête pas attention, trop pressée qu'elle est de rejoindre l'amphithéâtre où le professeur Fitzsimmons s'apprête à donner son cours, un cours spécialisé apparemment, si elle a bien lu la note que lui a apporté un hibou quelque jours plus tôt. Autant dire que ce cours promet d'être intéressant d'une part, donc elle ne veut pas le rater et ensuite, la sorcière n'aime pas tellement briller par son retard. C'est très gênant, tout le monde se retourne vers nous quand la porte s'ouvre, grince, et fatalement, tout le monde nous remarque : c'est un moment trop gênant pour que la demoiselle accepte de le subir. Donc elle presse l'allure et finalement, entre dans l'amphithéâtre où le cours est donné. Il n'y a pas grand monde encore, la demoiselle a donc tout le loisir de choisir une place pas trop loin de l'estrade du professeur, histoire de ne pas être dérangé par les bavardages d'élèves moins sérieux qui généralement, choisissent le fond de salle pour faire leur lois. Sortant ses affaires, Aleksandrina se prépare à prendre des notes, sort sa plume, du parchemin. Cela fait, elle fixe son regard sur sa plume et de là, en attendant que le cours commence, son esprit s'envole, divague, vers Latrodectus Mactans Maxima, son obsession de ces dernières semaines.

Note pour le prof':

La note du Professeur Fitzsimmons, annonçant leur prochain cours était toujours posé sur le bureau d'Anton. Comme s'il aurait pu être en mesure d'oublier un cours de sa spécialité en Médicomagie. Car bien qu'il avait quelques avis déjà négatifs sur son expérience avec l'orateur, l'Abraxan ne rechignerait pas à aller en cours. Il était toujours pressé d'apprendre des choses qui pourraient sauver des vies. Et notamment après l'épisode sanglant d'Avalon.

Bien sur l'étudiant en avait entendu parlé, bien qu'il ne soit pas présent sur les lieux le jour même. Il était allé courir autour de l'Académie pour se changer les idées et n'était revenu que plusieurs heures plus tard, se perdant au fur et à mesure qu'il avançait pour retrouver son chemin. Bien que cela fasse déjà plus d'un mois qu'il arpentait le terrain de l'Université, Anton avait parfois du mal à se repérer. Ayant pour habitude les vieux couloirs froids de Poudlard, il lui arrivait parfois de regretter la simplicité des choses à l'époque. Car les choses aujourd'hui ne semblaient pu avoir cette candeur d'antan...

Comment serait-ce possible d'être un jour serein dans un monde à ce point déchiré par la violence et les guerres. Aujourd'hui, peu importait qui vous étiez, on trouverait toujours une raison pour vouloir vous tuer. C'est dans cet état d'esprit plutôt morne qu'Anton s'habilla pour se rendre en cours. Il ne doutait pas que la majorité des élèves serait dans la même philosophie de vie que lui. Mais il fallait repousser les limites de ses envies et tenter de continuer à vivre, malgré tout.

Habillé d'un jean et d'un gros pull d'hiver avec son col en V, Anton balança son sac de cours défraichis, contenant ses livres et nécessaire d'étudiant, sur son épaule. Après avoir traversé la salle commune des Abraxans, désertée par ses habitants à cette heure matinale, le jeune homme s'empressa de descendre les marches pour atteindre le second étage où se trouvait l'amphithéâtre Grindelwald, où aurait lieu le cours. Ce dernier ne payait pas de mine, il était assez grand et vaste pour accueillir une grande classe mais pas assez pour ne pas se perdre dans l'immensité. Anton s'approcha de l'avant de la salle et salua son professeur poliment.

- Bonjour Professeur.

Il fit un effort pour ne pas paraitre hautain, ou désagréable, ou tout autre défaut que Quinlan Fitzsimmons pourrait vouloir trouver chez lui. Il posa son sac sans finesse sur la table devant lui, au troisième rang, vers le mur. Il sortit ses affaires distraitement, attendant que l'arrivée d'autres étudiants rende l'atmosphère moins pesante qu'elle ne l'était.

Mia avait bien reçu la lettre du professeur Fitzsimmons, c’était toujours un plaisir pour elle d’assister aux cours à l’académie surtout quand s’est était un, comme celui-ci, qui touchait de près le métier auquel elle se destinait.
L’étudiante avait passé une nuit presque meilleure que les précédentes. Il devenait difficile pour la jeune femme de dormir si près de son colocataire après ce qu’il s’était passé entre eux. Heureusement pour elle, elle semblait arriver plutôt bien à feindre la normalité et mettait tout sur le compte du stress du mémoire lorsque son comportement pouvait paraitre étrange.

Le climat était plutôt tendu ces derniers jours au château suite aux derniers évènements. Les festivités amoureuses de la Saint-Valentin avait été balayées en un rien de temps comme d’insignifiant grains de poussières.
Mia s’activait dans la salle de bain et entendit Anton faire de même dans la chambre, de l’autre côté du mur. Il s’était levé plus tôt qu’elle ainsi descendrait-il avant elle dans l’amphithéâtre Grindelwald où ils avaient rendez-vous. Elle avait consulté la veille avant de s’endormir, le précieux plan qu’elle avait acquis à sa rentrée et savait donc que le cours se passerait au deuxième étage de l’académie.
La jeune femme finit de se maquiller et se brossa les dents en vitesse. Elle attachait ses cheveux en un chignon bas lorsqu’elle entendit son colocataire quitter leur dortoir. Il fallait qu’elle se dépêche pour ne pas être en retard car elle détestait cela. Elle passa dans la pièce à côté et se précipita sur sa penderie. Elle enfila un pull à imprimés léopard, vert d’eau, une jupe noire et des escarpins assortis. Comme les températures se faisaient encore basses à cette période de l’année, elle noua une écharpe autour de son cou et mit son gros manteau. Mia attrapa son sac et une paire de boucles d’oreille au passage.

En parcourant les couloirs de l’académie d’un pas vif l’étudiante accroche ses boucles et vérifia qu’elle avait bien pris de quoi prendre des notes, afin de ne rien manquer du cours de Monsieur Fitzsimmons. Lorsqu’elle entra dans l’amphithéâtre, les étudiants n’étaient pas encore tous arrivés, elle remarqua que le professeur s’était habillé avec soin sûrement pour cacher le désarroi qui devait le ronger suite aux évènements : « Bonjour professeur » dit la jeune femme, elle lui adressa un sourire poli et parcourut l’amphithéâtre du regard. Elle aperçut Anton au troisième rang, l’air bougon, comme souvent lorsqu’il se trouvait en présence du professeur. Mia lui fit un signe de la main et se glissa à côté de lui. Elle voulut lui faire une remarque narquoise sur sa mine boudeuse mais c’est une autre phrase qui sortit de sa bouche : « Salut Anton, j’adore comme tu es habillé aujourd’hui, ça te va vraiment bien ! ».

L’étudiante ouvrit de grands yeux ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Cet « incident » était le premier d’une longue lignée pendant les prochaines 48h.

HRP ♢ Infos:

Le cours d’aujourd’hui allait être particulièrement difficile à gérer, principalement parce que Quinlan avait juste envie de se planquer et de hurler jusqu’à ce que le monde disparaisse autour de lui. Seulement, il avait un boulot, et il devait bien le faire. Il aurait peut-être pu demander un jour de repos, mais il doutait qu’il se soit reposé s’il était resté à cogiter dans son appartement. Non, à la place il avait décidé de s’en tenir à son planning et de se présenter dans l’amphi, face à ses étudiants spécialistes.

Ils étaient presque tous là, sauf Kerry et bien sûr Megan, encore en convalescence. Il n’y aurait peut-être pas de psychomages, à moins que Skyler ou Jessica ne soient seulement en retard ? Au pire, ce n’était pas bien grave. Ils étaient invités, mais n’avaient aucune obligation de venir. Quinlan allait commencer, quand il fut coupé dans son élan par une tornade déboulant jusqu’à lui. Ah, Kerry. Elle était là finalement. Il l’écouta balancer son interrogation avec une rapidité impressionnante, trop abasourdi pour l’interrompre. Elle se rendit bien vite compte que sa question ne tombait pas exactement au bon moment, mais cela fit sourire Quinlan. Le faire sourire, dans un jour pareil… C’était déjà plus qu’on pouvait l’espérer.

— Je serais ravi d’éclairer votre lanterne après le cours, Mlle Adamson.

Il poussa un long soupir : il était temps de se lancer, cette fois. Venant devant ses étudiants, il s’appuya contre le bureau, et fit apparaître le thème d’aujourd’hui sur le tableau, d’un coup de baguette magique.

— Aujourd’hui on va parler de la prise en charge des patients. Vous avez chacun votre domaine de prédilection, mais tôt ou tard vous allez devoir faire face aux patients. Je veux savoir comment vous allez les gérer. Le cours va surtout consister en une discussion, quelques études de cas, et bien sûr vous aurez une liste de sorts à travailler et des potions à mémoriser.

Une fois cette petite introduction du cours faite, Quinlan donna un nouveau coup de baguette, et une question apparut juste en-dessous de l’intitulé du cours. “Quelle est la première chose que vous feriez ?”

— On va commencer par des situations fictives.

Enfin fictives… Pour Quinlan, certaines situations étaient bien réelles. De vrais souvenirs, avec leur lot de joies et de peines. Autant s’en servir pour l’enseignement, non ?

— Première situation : un jeune homme vous dit avoir eu un accident en fabriquant une potion. Son avant-bras est gravement brûlé, rongé même. Il coule littéralement sur le sol. Qu’est-ce que vous faites ?

D’un geste, Quinlan désigne le tableau : il veut savoir quelle était la toute première chose que feraient ses étudiants, leur premier réflexe. À partir de là, il travaillerait pour essayer de les amener sur le chemin qu’il souhaitait.

Kerry eut un sourire gêné et un petit « Merci... » timide lorsque le professeur répondit à sa requête, réalisant qu'elle s'était sans doute un peu emportée sur la question. Oups. Comme d'habitude, son enthousiasme et son anxiété combinées faisaient qu'elle oubliait un peu son environnement et la situation actuelle. A savoir, le cours. Justement, à peine fût-elle assise que le professeur décidait de commencer le cours. Kerry eut une expression perplexe, fronçant les sourcils en sortant sa plume et son encrier, et se retourna plusieurs fois, à droite, puis à gauche, pour jeter un oeil aux élèves présents. Aucun signe des habitués. Megan O'Neill, par exemple, mais elle avait été blessée à Avalon. Aucun signe des habitués du cours du professeur n'étant pas forcément spécialistes. L'ambiance était étrangement calme dans une salle à moitié vide, mais Kerry décida de ne pas s'en soucier pour le moment et se retourna pour faire face au tableau.

La prise en charge des patients. Parfait. Si Kerry avait horreur qu'on la compare sans cesse à sa mère ou à sa soeur, si il y avait une chose dont elle était sûre, c'était qu'elle ne finirait pas coincée dans un hôpital pour soigner les gens. Elle voulait être sur le terrain, dans le vif du sujet. Et le sujet du cours d'aujourd'hui s'y appliquait parfaitement. Cela dit, elle ne put s'empêcher de laisser passer quelques idées ingérées grâce à son enfance dans un milieu médical à moitié moldu.

Kerry leva la main directement pour enchaîner de sa voix aigüe que beaucoup trouvaient agaçante ou ridicule. Ou les deux. « Dans le cas d'une brûlure chimique, une douche de vingt minutes sous l'eau froide, puis sous l'eau tiède, cela dit, si la brûlure a commencé à ronger l'épiderme depuis plus de vingt minutes, les fonctions de base du bras sont déjà compromises... » s'élança-t-elle, avec une idée très précise de la procédure, avant de se rendre compte que tout ça, elle l'avait lu dans les bouquins... de son père. Le médecin moldu. Pas sorcier. Autant dire que ce n'était sans doute pas la priorité du cours en étant assise dans un amphithéâtre de l'Académie Haveirson. Kerry eut une expression confuse, désarçonnée par sa propre réalisation, un air inquiet sur le visage. Sa main commença à se baisser lentement d'elle-même. « Euh, enfin, pour les moldus... mais... euh... la différence n'est pas si grande... non... ? » bafouilla-t-elle en cherchant du regard une quelconque approbation de la part de quelqu'un. Camarades de classe, professeur, peu importait, quelqu'un. Mais personne n'avait trop l'air concerné dans la salle, sauf le professeur Fitzsimmons qui l'écoutait. « ...si ? » ajouta-t-elle dans un miaulement intimidé, gênée par le ridicule de sa prestation dès le début du cours. Un véritable déraillage de train en direct.

L’étudiante encore sonnée du compliment qui était sorti de sa bouche contre son grès avait détourné son attention sur les élèves déjà assis dans l’amphithéâtre. Elle ne vit pas Megan qui devait se remettre doucement des blessures affligées par la balle qu’elle avait reçue, elle pensa à elle et sentie bouillir un élan de colère et de révolte contre ces personnes extrémistes. Elle vit Kerry Adamson, une élève de la confrérie Phénix, rentrer précipitamment dans la salle de classe et se diriger comme une flèche vers le bureau du professeur. D’abord amusée, Mia perçue très vite qu’elle semblait énormément préoccupée et angoissée, Mia eut de la peine pour elle. Ce devait être une de ses étudiantes qui se mettait une pression monstre sur les épaules, à propos des études. Lorsque Kerry se retourna vers le reste de la classe toujours cette inquiétude figée sur son visage, Mia voulu la gratifier d’un sourire attentionné, rassurant mais Kerry filait déjà vers le fond de la salle aussi vite que lorsqu’elle y était rentrée.

L’attention de Mia fut ramenée au temps présent lorsque le professeur commença son cours. Nous allions parler aujourd’hui du soin direct au patient avec des études de cas. Cela allait être très concret, la jeune femme avait toujours du mal à s’accrocher lorsque les cours touchaient à l’abstrait. Le premier cas lui mit une sale image en tête et elle ne regretta pas d’avoir fait sauter la case petit déjeuner. Elle se creusa la tête afin de s’imaginer dans cette situation et essayer de savoir d’instinct comment elle réagirait précisément.

Sa réflexion fut interrompue par des coups frappés à la porte. Elle fut surprise mais aussi heureuse de voir que c’était son amie Elena Mcwood. L’ancienne Serpentard paraissait être désarçonnée de son retard et Mia fut désolée pour elle. Elle voulut lui faire un signe de main pour qu’elle la rejoigne mais elle se frayait déjà un chemin vers le fond de l’amphithéâtre.
Kerry très réactive répondait déjà à la question du professeur d’une voix peu assurée et toujours avec un débit assez précipité. L’abraxane trouva sa réponse intéressante et juste selon elle, bien que la Phénix semble douter de ses propos. Elle avait hâte de voir ce qu’en dirait le professeur. Mia prit une profonde inspiration avant de prendre la parole à la suite de Kerry : « Merci professeur, car ce cours nous plonge concrètement dans l’après, c’est très intéressant. – Mia cligna des yeux, elle voulait répondre à la question et la voilà qui se trouvait à gratifier le professeur de faire cours… Elle sentit la honte lui monter aux joues, elle allait passer pour une baratineuse et elle détestait cela. Anton allait sûrement lui vomir sur les genoux si elle continuait comme ça. Mia bredouilla avant de continuer sa phrase. - En cas de brûlure due à une potion qui semble très corrosive d’après ce que vous nous décrivez, je pense que dans un premier temps il faudrait retirer tout agent susceptible de perpétrer la brûlure comme les vêtements imbibés du produit par exemple et essayer de nettoyer la plaie. Je pense, comme l’a très justement dit Kerry – Elle lui adressa un regard ponctué d’un sourire – que l’eau pourrait aider à l’élimination de la potion. Peut-être que l’on pourrait y ajouter un sortilège de refroidissement pour soulager le patient. Dans tous les cas il faut agir vite afin que la personne ne perde pas l’usage de son bras. » Mia pensait que sa réponse était plutôt pertinente, bien qu’elle ait perdu le contrôle total de ses paroles au début de son intervention... D'abord Anton, maintenant monsieur Fitzsimmons, que se passait-il ? La jeune femme avait toujours peur de faire des erreurs surtout dans les matières comme celle-ci, qui correspondaient directement au métier auquel elle se destinait et son intervention n'avait du passer inaperçu pour personne...

HRP:

L’agitation manifeste de la nouvelle étudiante — Carrie ou Cathy, il n’avait pas encore bien retenu son nom — fit un drôle d’effet sur Quinlan. Lui était plutôt démoralisé, sans énergie, et se forçait à faire son cours le plus normalement possible. Le Docteur n’était pas loin non plus, cet énorme chat argenté d’au moins douze kilos. Cela dit, il avait fait son rond dans un coin, et avait dans l’idée de n’embêter personne. Prenant son courage à deux mains pour parler à ses étudiants, le professeur Fitzsimmons lança son cours qui aurait pour thème la prise en charge des patients. Il leur donna une situation, sur laquelle Carrie se jeta directement. Ses réflexions n’étaient pas inintéressantes, mais clairement, ce n’était pas ce qu’avait demandé le guérisseur. Il s’apprêta à lui en faire la remarque quand une étudiante arriva en retard.

— Prenez place et essayez de suivre alors.

Comme d’habitude, Quinlan se fichait bien des excuses de ses retardataires. Tout ce qui lui importait, c’était qu’ils s’installent rapidement et en silence, et qu’ils ne perturbent pas davantage le cours qui avait commencé sans eux.

Entre temps, Mia avait pris la parole. Là aussi, c’était loin d’être stupide ou inintéressant, mais ça restait à côté de la plaque. Un étudiant qui répond à côté, c’est une chose, mais deux…? Le professeur avait dû manquer de clarté dans son énoncé, alors il s’apprêta à reformuler le problème, non sans donner d’abord son avis sur les deux propositions.

— Retirer l’agent corrosif est une excellente idée, bien que je vous déconseille l’eau. C’est le meilleur moyen pour que votre patient se vide de son sang… Un linge propre, si possible sans fibre — comme une peau — suffit généralement à retirer le plus gros de la substance. Généralement, on finit de nettoyer une fois que le patient est sédaté et que ses saignements sont contenus.

Ça lui faisait du bien d’avoir quelque chose sur laquelle se focaliser, qui soit autre chose que les attentats du week-end. Bon, cette étude de cas tenait plus du souvenir que de la fiction pour lui, mais c’était du détail. Et d’ailleurs, ils n’avaient pas encore parlé de ce qui était le cœur du cours d’aujourd’hui.

— Mais je dois vous annoncer que vous mettez encore le carosse avant les sombrals. Je n’ai pas dû être assez clair, alors je reformule : quelle est la première chose que vous faites ? La toute première chose. L’homme est paniqué, il souffre affreusement. Son bras coule sur le sol.

La méthode inductive n’était peut-être la meilleure pour tous les étudiants, mais quand il le pouvait, Quinlan essayait de l’appliquer. C’était souvent plus efficace de jouer aux devinettes — même si on avait l’impression de perdre son temps — que de donner les instructions directement et de s’attendre à ce que les étudiants les retiennent.

La réponse du professeur fit l’effet d’un électrochoc à l’étudiante elle avait répondu incorrectement, elle sentit son assurance s’effriter au creux de son ventre. Elle apportait tellement d’importance à cette matière qu’elle se mettait une pression énorme sur les épaules. Elle prit des notes rapides sur ce qu’énonçait le professeur et crut comprendre la question plus précisément, sous un autre angle plus exactement.

Elle visualisa de nouveau la scène, vit le patient, et e considéra alors, dans sa totalité, ce patient, ce patient qui paniquait. Mais oui ! Elle se frappa le front de la paume de la main, les étudiants autour la prendrait sûrement pour une folle mais elle s’en moquait un peu. Ce devait être cela la réponse attendue, comment avait-elle pu passer à côté, elle avait foncé tête baissée en se focalisant sur la plaie et non sur le patient porteur de la plaie. Elle s’en voulut car c’était l’essence même du métier auquel elle se destinait : soigner un patient, non pas une blessure… Elle fit glisser sa main en l’air afin de proposer une nouvelle réponse, une réponse corrigea et complétant la précédente : « Excusez-moi professeur pour ma réponse trop hâtive précédente, j’étais focalisée sur la blessure et j’en avais oublié le patient, j’en suis vraiment confuse. – La jeune femme fixa ses mains avant de reprendre - Dans un premier temps il faut informer le patient, l’apaiser et le tranquilliser afin de pouvoir ensuite lui prodiguer les soins nécessaires. Si on le laisse dans l’état de panique que vous décrivez parfaitement, et qui est tout à fait compréhensible vu la blessure impressionnante, le patient risque de s’agiter entravant notre activité et les soins… - elle marqua une pause – ce qui n’est pas souhaitable... »

Mia était bien plus sûre d’elle à présent bien que certains mots beaucoup trop enjoleurs et obséquieux sortaient toujours de sa bouche sans aucun contrôle. Elle espéra que le professeur ne l’a renverrait pas sur les roses cette fois-ci. Elle attendit la réaction du professeur retenant son souffle.

Anton regarda les élèves s'installer dans la salle et tendit l'oreille pour entendre ce que disait la jeune femme rousse qui venait d'arriver précipitamment au cours. Elle paraissait continuellement paniquée ou stressée. Il détourna son regard d'elle et le posa sur Mia qui venait de lui faire un compliment sur sa tenue. Il lui fit des yeux ronds, ne comprenant pas réellement la raison d'un tel compliment. Il sourit, l'air moqueur, comme à son habitude. La fameuse soirée encore fraîche dans son esprit.

- Hum... merci, toi aussi ?

Mia était d'habitude le genre de fille prêtant peu attention à ce genre de détails et s'attardant plus à planifier leur prochain mauvais coup tout en critiquant les gens autour d'eux. Aujourd'hui, elle paraissait étrange, ce qui ne mettait pas Anton très à l'aise. Il ouvrit son bloc devant lui et nota la question du professeur lorsque celui-ci s'adressa enfin à ses élèves. Il perçu chez lui une sorte de lassitude ce qui n'étonna pas réellement l'Abraxan. Ce professeur n'avait jamais l'air satisfait, de rien. Certes les actualités n'étaient pas réjouissantes, mais elles ne l'étaient pour personne. Se forcer à garder la tête haute n'était plus une option de nos jours.

Il regarda les élèves - dont Mia qui venait de lâcher nu nouveau compliment - faire fuser les réponses autour de lui. Même s'il avait eu ces idées lui-même, il n'avait pas été assez rapide pour les formuler de vive voix. Il pensa alors au patient en lui-même et la panique qui devait le dévorer intégralement. Il avait déjà vu ce regard de peur pure chez des joueurs de Quidditch professionnels après des chutes vertigineuses et violentes.
Alors qu'il amorçait un geste pour lever la main, Mia - encore une fois - le devança. Il la regarda surpris et contrarié avant de noter des nouveaux éléments dans son cahier, en attendant la réponse du professeur. Il se permis tout de même d'ajouter un élément, ayant remarqué l'emphase sur le mot "couler" lors de la remarque du professeur.

- Peut-être faudrait-il également fair en sorte de "contenir" l'écoulement des tissus...? De manière à ne pas détériorer les tissus du bras dans l'état déjà déplorable dans lequel il se trouve ?

De nouveau il nota quelques éléments sur son bloc et attendit une réponse.

C’était parfois difficile d’amener les étudiants sur ce qui faisait le cœur du cours, et aujourd’hui était un de ces jours où Quinlan devait batailler pour faire changer le point de vue de ses apprenants. Ils n’étaient pas idiots, et ils travaillaient bien mais comme ça pouvait arriver parfois, ils étaient trop focalisés sur leur spécialité, tant et si bien qu’ils en oubliaient le contexte. Heureusement, il suffit d’une remarque de Quinn pour que Mia touche du doigt la vraie problématique du cours.

— Excellent Mademoiselle Johnson ! Dix points à Abraxan ! Avant de procéder aux soins, dans un cas pareil, il va falloir calmer le patient. Qu’il soit adulte ou enfant, homme ou femme, il sera complètement paniqué, en état de choc. Vous devez d’abord vous occupez de ça avant de vous occuper du reste.

Anton intervint également, avec une remarque somme toute assez logique. Quinlan comprenait l’idée et les raisons qu’il y avait derrière. C’est juste que ce n’était pas vraiment prioritaire dans la situation qu’il leur avait donnée.

— Une fois que le patient est stable, oui. Ce sera trop difficile à faire avant, et on risquerait d’aggraver le problème, malheureusement. Et souvent, le traitement permettra au patient de retrouver tout son bras… ou alors c’est qu’il n’y a plus rien à faire.

Un coup de baguette magique, et une série de solutions apparurent au tableau. Comment tranquiliser un patient ? En lui parlant, bien évidemment, mais il y avait d’autres moyens : sur la liste affichée, les étudiants purent reconnaître certaines potions calmantes largement utilisées, ainsi que des sorts. Parmi ces derniers, le Patronus.

— Voici ce que vous pouvez faire en cas d’agitation d’un patient. Les potions sont le plus souvent recommandées s’il est encore en état d’avaler quoi que ce soit : c’est souvent la meilleure solution. Le baume des songes est un anesthésiant local qui peut devenir général si on l’applique sur les tempes et le patronus, surtout s’il a une forme bien définie, peut apaiser et distraire les enfants.

Quinlan s’arrêta un moment dans ses explications, et regarda alors chacun de ses étudiants dans les yeux. Il ne souriait pas, affichant au contraire une mine extrêmement sérieuse, une expression qu’on lui connaissait finalement assez mal. Avec une grande inspiration, il reprit son cours.

— Vous allez devenir des médicomages, et je pense, de très bons médicomages. Le but de ce cours est de ne pas oublier que vous allez vous occuper d’autres êtres humains, des personnes avec des sentiments et des émotions, pas juste des machines dont le fonctionnement est perturbé et qu’il faut réparer. Votre premier réflexe a été de considérer la blessure avant de considérer la personne, et c’est normal à ce stade de vos études. Mais si vous voulez devenir d’excellents médicomages, il faut bien prendre en compte tous les paramètres. C’est difficile, mais c’est une habitude à prendre.

Comme s’il approuvait ce que son humain disait, Le Docteur releva la tête vers Quinlan, avant de se mettre debout et de sauter pour s’asseoir sur le sol. Bon, ils avaient pris pas mal de temps pour ce que Quinlan aurait voulu n’être qu’une simple introduction… Il gérait mal ses temps de cours, et c’était sa faute.

— Je vous demanderai de mémoriser cette liste, en guise de préparation pour vos travaux pratiques. Vous avez des questions ? Le cours touche bientôt à sa fin, alors n’hésitez pas.

HRP:

Mia fut heureuse de faire gagner 10 points à sa confrérie elle gratifia le professeur d’un sourire chaleureux et mit un coup de coude à Anton pour l’empêcher de s’endormir et s’assurer qu’il avait bien entendu qu’Abraxan venait de gagner des points grâce à elle. Elle prit des notes appliquées sur ce qu’il disait car cela pourrait faire l’objet d’un futur examen.

L’abraxane écouta avec attention les suggestions du professeur pour calmer un patient avant de lui prodiguer des soins, elle prenait en note chacune des explications, se sentant un peu bête de ne pas avoir pensé au patient en premier lieu avant de se jeter sur la blessure. Elle se rassura en se disant qu’elle apprendrait avec le temps à voir la globalité de la situation et ne pas se focaliser sur la plaie.
Les cas qu’elle avait eu à voir lors de son stage à l’infirmerie étaient des cas plutôt simples du coup elle n’avait jamais eu affaire à des patients paniqués ou traumatisés comme le cas présenté durant ce cours.

L’étudiante suivit des yeux le chat qui sauta des tables sur lesquelles il s’était installé pour aller se poster quelques mètres plus loin sur le sol. Mia allait se perdre dans une réflexion imaginant sa vie si elle avait été un chat quand le professeur la ramena à la réalité : « Je vous demanderai de mémoriser cette liste, en guise de préparation pour vos travaux pratiques. Vous avez des questions ? Le cours touche bientôt à sa fin, alors n’hésitez pas. – L’abraxane nota dans son agenda d’apprendre la liste avant de lever la main. – Merci pour toutes ces informations professeurs. Je ne voudrai pas trop dériver du sujet on ne peut plus intéressant du cours d’aujourd’hui mais je me demandais, une fois que le patient de ce cas est apaisé que faisons-nous ? Son bras coule sur le sol, il est gravement brûlé et même rongé. Comment faire pour qu’il ne perde pas les capacités motrices de son bras voire même son bras entièrement ? ».

Une fois de plus des compliments s’étaient échappés de sa bouche tout à fait aléatoirement et sans aucune volonté et sans retenue. Elle regarda Anton presque horrifiée les yeux écarquillés lui soufflant : « Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive, je ne contrôle pas tout ce que je dis... Je me transforme en moulin à compliments. »