Une bougie, deux bougies, trois tâches d'encre...[Libre à tous]

Une plume. Une plume en train d’écrire sur un parchemin. Un parchemin. Un parchemin commençant à s’imprégner d’encre sous les assauts d’une rousse jaune et noire. Celle-ci, qui tentait de rédiger son devoir de Défense contre les forces du Mal, et se demandait, si le professeur Rogue n’avait pas de dents contre elle. Mais bon, après tout, cela ne faisait-il pas plusieurs années que cet enseignant rendait la vie impossible aux lions et personnes de sa maison ? L’habitude prendrait… Un jour. Non ? Les attentats des non-sorciers avaient particulièrement choqué Saphire. Pourquoi de telles extrémités ? Pourquoi une paix durable ne pourrait se construire ? Personne ne demandait une violence pareille. De plus, récemment, des mangemorts avaient décidés de rendre une petite visite à Pré-Au-Lard, rendant maintenant l’accès interdit aux étudiants de Poudlard… La jaune et noir ne pouvait cacher son agacement face à ses attaques incessantes. Quand ça n’était pas les mages noirs, les moldues prenaient le relais. Oh, Saphire n’avait rien contre eux, peut-être elle aussi, était de cette origine… Comment le savoir ? Si Léo ne l’avait pas recueillie et adopté, la jeune fille serait déjà morte, il y a des années.

Décidant de se concentrer sur son parchemin, qui ne comportait que deux lignes pour le moment, la jeune fille décida que des livres supplémentaires pourraient l’aider dans son travail. Pour l’instant, seul celui de sixième année figurait sur la table circulaire. Il y avait bien plusieurs personnes de sa maison autour d’elle, mais la timidité furtive de la rousse l’empêchait de tenir toutes demandes ou discours. Elle ne parlait pas, règle d’or. Parler quand ça n’était pas nécessaire, n’apportait qu’ennuie ou malheurs. On pouvait la traiter de ringarde, d’ermite, cela lui était égal. N’était-elle pas habituée ? De nouveau plongée dans ses pensées, Saphire n’entendit pas des pas qui se rapprochaient d’elle, ses affaires toujours posées sur le bureau de bois ciré.

24/02/2016

Le repas avait duré plus longtemps que nécessaire pour Elo. Elle avait beaucoup joué avec la nourriture dans son assiette, poussant celle-ci avec sa fourchette pendant des longues minutes, n'ingérant que les carottes cuites à la perfection (comme d'habitude) par les elfes des cuisines. Il faudrait qu'elle passe un jour demander la recette dans les cuisines. Malheureusement, elle ne savait pas encore comment y pénétrer et les elfes de maison savaient rester discrets.
Avec le temps, elle s'était attaquée au poisson et à la purée qui accompagnaient son plat de carottes. Mais chaque bouchée la rapprochait trop de ses devoirs et de ses révisions pour les BUSEs. Elle n'en pouvait plus. Elle avait l'impression que tout le monde ne parlait que de cela, autour d'elle. Sauf pendant les trop rares entrainements de Quidditch. Cela n'avait qu'un avantage, cela repoussait loin de ses pensées, le conflit naissant entre les sorciers et les moldus. Devrait-elle choisir un camp?

Quelques Poufsouffle riaient autour d'elle, mais elle était trop absorbée par ses pensées pour les écouter et de profiter de leur bonne humeur. Un dernier verre d'eau, 3 pommes prises dans la corbeille de fruits et elle se leva en douceur.
Elle glissa élégamment sa jambe au-dessus du banc, reposant la pointe de son pied gauche sur le sol et partit silencieusement vers le hall de l'Ecole.

Elle fit quelques sourires à des élèves qu'elle connaissait et accéléra le pas vers le sous-sol et la salle commune. Une nouvelle fois, elle se plaignit de ne pas être une Serdaigle. Cela lui aurait permis de mettre plus longtemps, pour arriver devant ses révisions et peut être même qu'elle aurait aimé cela!
Instinctivement elle tapa le code et pénétra dans l'antre des Poufsouffles et alla chercher son sac posé sur son lit. Elle revint ensuite dans la pièce commune et chercha une table pour se mettre au travail.

Tiens, Saphire était seule. Au moins, elle n'était plus concernée par les BUSEs et elle pourrait peut être même aider Elo à un moment ou un autre. La jeune Poufsouffle avait choisi sa place. Elle souleva son sac plein de livres et avança d’un pas pourtant léger vers la table. Saphire lui tournait le dos et ne devait pas encore l’avoir remarquée. Elle donna une impulsion vers l’arrière à son fardeau, puis accéléra le mouvement de son sac vers l’avant. Le geste précis de la poursuiveuse de Quidditch permit à son lancer de frôler l’épaule de Saphire et de se poser en glissant sur la table cirée.

Salut Saphire. Déjà au boulot ? Tu permets que je m’asseye à côté de toi ? Le ton était gai. Elle appréciait de travailler près de son aînée. Elles étaient calmes, efficaces et se remotivaient l’une l’autre, d’habitude.
Je n’en peux plus de traîner avec les « cinquième année », ils sont de plus en plus stressés et stressants. C’est si important que ça, les BUSEs ?
Elle ouvrit son sac, laissant échapper les différents livres de cours. Elle posa de côté le premier. Pas question de commencer la soirée avec les DCFM. Elle n’avait aucune envie de penser à Rogue maintenant. Elle laissa glisser son index sur les différentes couvertures, pour attraper celui d’Arithmancie. Après tout, elle devait rendre un devoir dans deux jours. Autant débuter avec ça. Elle trouva sa page, sortit une plume et un parchemin et fit rouler une de ses pommes sur la table, en appuyant dessus avec sa paume. Cela l'aidait à réfléchir, même si cela pouvait agacer ses voisins. Elle se pencha sur les consignes, soupira longuement et se mordilla la lèvre inférieure, un tic habituel chez elle.

Il restait des fauteuils autour de la table, mais elle était maintenant bien encombrée, avec les affaires des deux Poufsouffles. Quelqu’un allait-il se joindre à elles ?

Le devoir à faire, se résumait à faire une dissertation d’au moins soixante-dix centimètres sur les Inferis ainsi que les sortilèges informulés. Pour la deuxième option, Saphire n’aurait pas de mal à trouver des explications, mais, les créatures nommées « Inferis », seraient un peu plus complexe à observer. Il faudrait, en plus de s’aider de ses documents, aller faire des recherches à la bibliothèque. Lâchant un soupir de paresse, la jaune et noir, ferma son ouvrage et, réfléchit à ce qu’elle pourrait marquer à propos des sorts informulés. Ses pensées ne purent plus longtemps se distraire, qu’une personne, non étrangère à la rousse, vint s’asseoir à ses côté. Eleonora Mcphee. Avec un sourire bienveillant, la sixième année décréta :

-Bonjour Eleonora, je t’en prie, assieds-toi !

Le timbre de voix était aussi enjoué que celle de sa compagne. Eleonora Mcphee était une jeune fille que Saphire avait rencontrée lors d’une retenue du professeur Rogue. La cadette ne cessait de maugréer contre l’homme aux cheveux gras, ne pouvant plus contenir les rires discrets de sa camarade. Ainsi, après de longues heures à récurer les chaudrons, qui, n’étaient pas des modèles d’hygiènes, les deux adolescentes avaient fait plus ample connaissance. Si Saphire avait plutôt un tempérament calme, qui dissimulait une part de rébellion, Eleonora ne prenait pas la peine de la cacher, et, essayait à de nombreuses reprises d’entrainer son amie parmi les fêtes et divertissements possibles.

-Eh oui, Rogue est sans pitié en ce qui nous concerne, j’ai un long devoir à faire pour la semaine prochaine, et je préfère ne pas m’y mettre à la dernière seconde.

La remarque d’Elo fit rire de bon cœur la plus âgée. Elle avait l’impression de se voir en sa cadette. Impatiente, lassée, gaie… En gardant toujours la même expression faciale, Saphire continua :

-J’ai bien peur que si tu es déjà lassée par les BUSES, tes ASPIC risquent d’être un véritable enfer. Je suis désolée de te le dire, mais, cette agitation que tu connais en ce moment est parfaitement normale. Même si tu n’es pas très anxieuse vis-à-vis de tes examens, il n’en est pas de même pour tes camarades !

La sixième année se souvenait très bien de ses propres Buses, qui dataient seulement de l’année dernière. Elle savait à quel point cela pouvait être stressant et propice à la mauvaise humeur. Heureusement, mis à part l’histoire de la magie et les potions, elle s’en était plutôt bien sorti.

-Mais bon, je suppose que tu n’es pas venu me trouver pour que je te parle du même sujet que tes amis ne cessent de te ressasser, n’est-ce pas ?

24/02/2016

Les devoirs et les examens. Pour les professeurs, la vie semblait se résumer à cela. Pour certains élèves aussi, malheureusement. Mais par la Barbe de Merlin, ce n’était pas possible. Nous étions des adolescents, avec tout ce que cela impliquait. Elo le comprenait très bien. Il y a 4 ans, ses parents lui avaient offert un lot d’ouvrages écrits par des médecins et des psychologues, spécialistes de la puberté et de la jeunesse. Elle les avait dévorés l’un après l’autre et ils étaient toujours au fond de sa malle. Parfois, elle en ressortait un. En bonne moldue qu’elle était, il lui était impossible d’imaginer pourquoi les Sorciers n’apprenaient pas ces choses là à Poudlard. C’était au moins aussi important que la botanique ou l’astronomie. Non ?
Peut être qu’elle en toucherait un mot au Professeur Chourave, une fois. D’ailleurs, si de tels cours existaient, cela calmerait sûrement un mec comme Tobias. S’il découvrait le concept d’hormone et qu’il acceptait que les autres aient des besoins différents des siens. La plupart des humains et des femmes en particuliers appelaient cela la maturité.

Saphire lui rappelait à sa manière les enjeux des BUSEs. Par contre, elle n’avait pas bien compris Elo. Elle n’était pas certaine de réussir. Elle avait des lacunes dans certaines disciplines et un examen pouvait toujours tomber sur le mauvais sujet. Elle avait déjà fait quelques cauchemars, à ce propos.Mais il était surtout atroce de ne jamais sortir la tête du sable et de ne fréquenter que des personnes dans un état identique au sien.
Ce soir, elle voulait uniquement faire ses devoirs et peut être revivre un fou-rire identique à celui de sa rencontre avec Saphire.
Mais bon, je suppose que tu n’es pas venu me trouver pour que je te parle du même sujet que tes amis ne cessent de te ressasser, n’est-ce pas ?

En effet, ma Belle. J’ai besoin de calme et de rires. Si tant est que les deux peuvent aller ensemble. D’ailleurs, tu parlais de Rogue ? C’est quoi cette histoire d’Inferi ? Je ne sais pas ce que c’est que ces monstres, mais leur nom serait un merveilleux titre pour le maître des Défences Contre les Forces du Mal. Professeur Inferi.
Tu crois qu’il demande une analyse psychologique de sa personne, dans votre devoir ?

En parlant, Elo avait cessé de jouer avec sa pomme. Elle s’appuyait contre le dossier du fauteuil, le faisant lentement basculer en arrière. Son sourire s’élargissait au fur et à mesure qu’elle imaginait Rogue, couché sur un divan en forme de serpent, entouré d’une foule de 6ème année, prenant des notes en hochant doctement la tête. Oui, c’est cela, parlez nous de votre mère. Que pensez-vous en entendant les mots orange, noisette et ourson ?
Dommage qu’elle ne puisse pas partager ses pensées avec sa voisine.

Entrer dans la tête de Rogue… Tu imagines l’horreur ? Et si il déteint sur toi ? Impossible de te laver les cheveux. Obligation de susurrer des médisances sur tout ce qui est beau et bon, autour de nous. Interdiction de voir la lumière du soleil. Vivre au fond d'un cachot. Te transformer en chauve-souris la nuit.
En même temps, quel cerveau de prof de Poudlard voudrais-tu visiter ? Flitwick ? Hagrid ? Trelawney ? McGonnagal ? Ou Rusard ?
JE VEUX FREQUENTER DES GENS NORMAUX !

Elle laissa brutalement sa chaise retomber sur le sol. Entre son cri de détresse et le bruit du fauteuil, elle avait droit à l'ensemble des regards. Un préfet fronçait même les sourcils, un peu plus loin, se préparant à la calmer.
Les yeux d'Elo retombèrent sur son devoir d’arithmancie. Bilan provisoire de son travail. Une plume sèche et aucun mot sur le parchemin. Et des nouveaux cauchemars en perspective, pleins de cerveaux flottant autour d’elle.

Passant du coq à l’âne. Elle termina son monologue avec une conclusion très McPhienne.
Vivement la prochaine fête, j’ai vraiment besoin de danser.

La cinquième année semblait lassée par le sujet des Buses, il est vrai que ces examens, avec les Aspics, seraient ceux qui détermineraient leurs prochains avenirs. S’ils n’avaient pas les Buses, ils pouvaient être certains de passer une partie de leur vie au chômage, s’ils n’avaient pas leurs Aspics, ceux qui voudraient aller plus loin lors de leurs études, leur seraient impossibles. Aussi, surtout en cinquième et septième année, il fallait redoubler d’efforts pour parvenir à obtenir de bonnes notes à ces examens. Pour faire plaisir à sa cadette, et aussi, car elle avait besoin de se décontracter elle-même, Saphire jugea bon de se prêter au jeu de la plus jeune.

Le sujet déviait donc sur ce cher professeur de défenses contre les forces du mal ? La rousse n’avait quasiment personne dans sa liste noire pour ce moment, omis ce personnage. Merlin, qu’est-ce que la sixième année pouvait le haïr ! Ses airs hautains, comme s'il était forcé de se croire supérieur aux autres, sa décadence, et encore, quand elle pensait cela, la jaune et noire était raisonnable, sinon… Cela virait aux insultes et aux critiques malfamés. Décidant de d’abord commencer par la question sérieuse de sa camarade, la rose répondit :

-De ce que j’ai pu en apprendre pour le moment, les Inferis, sont des cadavres humains ressuscités, par une forme puissante de magie noire. La majorité est au service de Tu-Sais-Qui. Ces créatures ne ressentent aucune émotion, ni sentiments. En revanche, ils sont d’une agressivité peu commune, et n’obéissent aux ordres que de leur maître.

Avec un sourire joueur, et des pensées pleines la tête par la remarque de sa camarade, Saphire continua :

-Donc oui, tu as parfaitement raison, cette définition colle parfaitement à Monsieur-Je-Ne-Me-Laves-Pas-Les-Cheveux !

C’en était trop, son amie qui se retenait de rire, elle-même qui devait se mordre l’intérieur des joues pour ne pas s’emballer dans un rire sonore, elle ne put le retenir plus longtemps. Ses jolies dents blanches, et biens alignés se dévoilèrent, et la voilà, partie dans un fou rire. Après quelques instants, elle essuya les larmes qui menaçaient aux coins de ses yeux, et entonna :

-Eh bien, j’espère être assez normale pour toi ma chère, puisque visiblement, les têtes des professeurs ne te conviennent pas !

En gardant son sourire, Saphire ne put que lever les yeux au ciel sur la remarque de sa compagne de maison. Eleonora et la fête, ça ne faisait qu’un, tout le monde le savait ! Fille aux allures douces, mais pourtant, à l’intérieure fêtarde ! Mieux valait-il imaginer Rogue avec du shampoing, qu’Elo sans sa dose de danse et d’ambiance ! En continuant son discours, la rousse répéta :

-Je crois que tu as mal choisi ton année ma belle, mais, tu n’as qu’à attendre le bal de Noël de l’année prochaine…

24/02/2016

Les explications concernant les Inferis faisaient froid dans le dos. L’éducation moldue d’Elo disait qu’il ne fallait pas traiter avec les morts. Bien sûr, elle avait révisé son point de vue, depuis son arrivée à Poudlard. Elle avait passé beaucoup de temps à discuter avec les fantômes de l’école. Le Moine Gras était presque un ami, pour Elo. Ils avaient devisés sur les fantômes, partagés leurs hypothèses sur le mécanisme concernant leur création. Ils avaient même discuté du cas de Peeves, un jour. Mais jamais, ils n’avaient parlé des Inferis. Si le Moine Gras n’avait pas abordé les Inferis, il devait y avoir une raison, une sombre raison.
Elo comprenait bien que son ami éthéré n’avait pas parlé à une jeune élève d’une magie aussi noire que les cheveux luisant du professeur Rogue.

Aujourd’hui cependant, avec le retour de Vous-Savez-Qui, le Sacrifié et le conflit latent entre les Sorciers et les Moldus, Elo ne savait plus s’il valait mieux connaître la réalité ou vivre dans un rêve d’enfant. Elle aimerait bien retrouver la douce quiétude de ses premières années et simplement profitez du soleil, des fleurs dans les prés et jouer avec ses cousins. Malheureusement, elle était une sorcière prise dans le chaos du monde magique.

Saphira lui lançait ensuite des reproches à peine voilés. Elle lui en voulait de sa remarque à propos des gens normaux. Mais elle ne s’adressait pas à son amie. Elo avait juste du mal à comprendre les adultes, surtout ces sorciers, qui, pour la jeune fille, vivaient hors du monde, si loin des moldus et pourtant si proches.

Tu sais, quand tu dis qu’il faudra attendre Noël pour faire la fête, je crois que non. Justement pas. Il faudrait proposer quelques heures de détente à tout le monde.
Son esprit carburait déjà, pour réfléchir à une organisation, simple et efficace.
Tu crois que les elfes pourraient nous aider ? J’ai bien envie de demander à la directrice qu’elle nous prête une des serres. La 4 est en train d’être réaménagée. Ce serait trop cool, une petite soirée dans les serres, non ? Pas longue… Juste 2-3 heures, un vendredi soir. Après tout, on n’a plus le droit d’aller à Pré-au-Lard, ce serait un juste retour des choses.
Je crois que je vais en discuter avec Dumbeldore, s’il revient un jour dans cette foutue école.

Elle déroulait déjà un parchemin et sortait sa plume.
Je comprends bien si tu ne veux pas t’occuper de ça, mais moi, je vais prendre un quart d’heure pour lister ce qui est important.
Et rapidement, sa plume glissait sur le papier, multipliant les idées et indiquant les missions qu’il faudrait distribuer, pour la réussite de la soirée.
Régulièrement, elle laissait ses yeux dans le vide, à la recherche de solutions à ses problèmes et elle se mordillait la lèvre inférieure, signe de concentration extrême chez Elo.
Pourvu que le Professeur Chourave accepte…

Spoiler:

Avec un soupir désapprobateur, destiné à sa cadette, Saphire la regarda droit dans les yeux. Ses yeux la scrutaient. Quelque part, la rousse était fière de la plus jeune. Eleonora était jeune, jolie, préfète, et surtout avec une grande joie de vivre, agréable à voir. La sixième année, ne ressemblait en rien à cette description. Hormis ses aspects physiques, qu’elle ne trouvait, pas le moins du monde, attrayants, l’humour de la sorcière se définissait davantage comme renfermée, répondante, sarcastique, attentive. Elle ne pouvait nier, que le comportement de la préfète la faisait doucement sourire, au sens propre du terme. Ne savait-elle donc pas réfréner ses désirs fêtards et indomptés ?

-Je te rappelle, ma jeune amie, que tu es responsable de notre maison ! Tu devrais montrer l’exemple. Espèce d’irresponsable.

Sur ce, Saphire éclata de nouveau de rire. Il n’y avait absolument rien de péjoratif dans ses propos. C’était plus, un doux conseil, peut-être un peu désiré de la part d’une oreille plus jeune. Merlin, qu’est-ce qu’elle pouvait aimer leur maison. Certainement, la plus accueillante, sympathique et agréable de l’école magique. Les Serdaigles et Gryffondors n’étaient pas de mauvaises compagnies non plus, quant aux Serpentards, nuls ne pouvaient imaginer, s’il ne les connaissait pas, la froideur de ces reptiles. Mais cela importait peu. Dans une année, et quelques mois, elle serait soit à Haveirson, soit à ses nombreux voyages tant convoités.

-Tu pourrais demander aux elfes, de faire trois fois le tour du château et de ses terres en courant, ils accepteraient ! Je pense, cependant, que nous devrions peut-être les laisser en paix pour le moment. Après tout, ne sommes-nous pas des sorcières, talentueuses de plus ?

Levant un sourcil provocateur, la jaune et noir baissa ses iris quand le nom du directeur fut amené à la discussion. Personne ne l’avait vraiment aperçu depuis quelque temps. Saphire ne pouvait qu’éprouver de la tristesse à cette pensée. Elle aimait Dumbledore. Ce sorcier, qui ne cessait de combattre sans relâche les mages noirs, et leur maître lui-même. Il restait pourtant si calme, si gentil… Pourvu, que rien ne lui soit arrivé.

-Bien sûr que je vais t’aider, et de plus, l’idée de la serre n’est pas mauvaise. Il faudra alors la vider de ses plantes à l’avance, afin de ne pas les abimer. Je pense que le professeur Chourave sera aussi enthousiasme que nous fassions une fête pour une fois. Tu as des idées d’invités, ou tout le monde sera convié ?

24/02/2016

Les remarques de Saphire étaient toujours pleines de bon sens. C'est d'ailleurs pour cela qu'Elo appréciait tant son aînée. Il était important d'avoir une conscience, à qui parler. Et Saphire faisait un excellent Jiminy Criquet.
La préfète avait des nombreuses responsabilités actuellement et heureusement, sa spontanéité avec Saph, lui permettait de dire ce qu'elle avait sur le coeur. Elle était jugée pour ses opinions, mais toujours avec bienveillance, ce qui était nécessaire et particulièrement efficace.
En plus, elle posait toujours les bonnes questions, pour faire évoluer la pensée désorganisée d'Eleonora.

Je ne sais pas qui nous devrions inviter. Il faudrait d'abord que nous sachions, un, si nous avons l'autorisation pour la soirée, deux, où elle aurait lieu. Cela aura des conséquences sur les choix à faire.
On envoie un courrier à Chourave?

Elo sortait déjà un parchemin neuf, pour noter son message.
Je pense que nous devrions axer notre demande sur les 5èmes années. Après tout, c'est nous qui stressons le plus pour nos examens (avec les 7èmes, bien sûr...). Le professeur Chourave sera plus facile à convaincre comme ça.

Elle commença à noter:

Madame Chourave,

Je me permets de vous envoyer ce courrier pour solliciter votre soutien.
Avec quelques élèves de Cinquième année, nous voulions demander l'autorisation d'organiser une soirée de détente avant les examens.

Oui, je sais, je ne te cite pas. Mais tu seras évidemment invitée!
Elle réfléchit un moment à ses arguments. Elle ne voulait pas trop se plaindre, mais elle devait trouver comment convaincre sa Directrice.

Nous n'avons plus le droit, étant donné les évènements, de quitter le château, pour une journée à Pré-au-Lard. Nous avons donc eu l'idée d'organiser une petite fête.

Elle s'arrêta une nouvelle fois d'écrire.
Tu crois vraiment que nous pouvons négocier une serre ? C'est un peu osé, quand même. On sait toutes les deux comment Chourave prend soin de ses plantes.
Elle fit une dernière moue et opta pour garder l'idée.

Nous pensions profiter de la réinstallation de la serre numéro 5, pour que la soirée s'y déroule.
Je m'engage personnellement à installer et ranger les lieux avant et après la soirée.

Je vous demande, s'il vous plait de réfléchir à cette proposition.
Recevez Madame, mes respectueuses salutations

Eleonora McPhee

Elo relut sa lettre et la tendit à Saphire.
J'espère que nous arriverons à la convaincre. Tu montes avec moi vers la volière, pour la transmettre à la prof?

La préfète rangeait s'étira avant de se baisser pour renouer son lacet.
Je laisse mes affaires ici, je continuerai de bosser en revenant...

Malgré les douces remontrances de la sorcière, Eleonora se risquait à continuer sa liste inachevée. Et, même si Saphire s’amusait de cette réaction, elle se demandait aussi comment pouvait-on autant fêtarde et obsédée par l’envie de faire des soirées.
L’idée de la lettre au professeur Chourave, qui était impérative, d’ailleurs, pour que la serre puisse être accordée.

De toute manière, leur directrice de maison était une personne tolérante et agréable, et il était rare, qu’elle refuse quelque chose à ses élèves, quand la demande était censée. Car, bien que conciliante, la meneuse des jaunes et noirs n’était pas laxiste non plus.

Alors, sous les plaintes dolentes de la plume endommagée, appartenant à Eleonora, Saphire, penchant sa tête de côté, demanda doucement :

-Je te conseille, de ne pas inviter toutes les cinquièmes années. Si je ne me trompe, tu as des problèmes avec les Serpentards, notamment Alycia Mcwood, non ?

Les rumeurs parcouraient biens vite les oreilles attentives, avides d’en apprendre davantage tant qu’on pouvait utiliser les informations pour nuire. Monde avide, personnes avides. Le cycle d’un perpétuel mouvement, ne cessera que quand l’apogée de la vie elle-même se déclarera. Cruelle sentence monotone qui ne s’inflige qu’aux hommes. Mais, quelqu’un a, bien dût décider de ce jugement.

-J’espère bien ma chère, tu me verrais outrée de ne pouvoir y participer !

Les iris océans de la rousse défilèrent sur les courbes planaires du papier. Une belle calligraphie l’ornait, et se délectait de sa douceur. Les mots étaient justes, sans trop être familiers, mais on ne pouvait dire qu’ils étaient aristocrates. Alors, sa compagne blonde lui proposa de l’accompagner à l’antre des oiseaux.

-Oui, avec plaisir, nous n’avons qu’à aller la déposer sur la patte d’un hibou, pour ensuite revenir ici ! Qu’en dis-tu ?

24/02/2016

Validée par Saphire. Cela rassurait Eleonora. La lettre était convenable, factuelle et polie. Il n'était pas toujours évident de demander un soutien à un adulte. Mais dans ce cas précis, Elo n'avait pas le choix. Elle ne pouvait pas se permettre d'organiser une soirée secrète et interdite. Et elle ne souhaitait pas la limiter aux seuls Poufsouffles. Enfin, elle espérait vraiment avoir du matériel et un local sympa pour la fête.
Un instant, elle se demanda si elles devaient utiliser un hibou ou aller voir le professeur Chourave directement. Mais elle préféra laisser du temps à la directrice, de réfléchir à leur proposition. Un tête-à-tête était trop intrusif dans ces conditions. Va pour la volière.

Attends-moi, je vais vite chercher mes affaires !
Elle prit sa cape (il faisait toujours frais dans la volière) et alla chercher de quoi fixer le papier sur la patte d'un hibou, une poignée de croquettes au mulot, ainsi qu'une paire de gants en cuir. Elle avait eu suffisamment de mauvaises expériences, avec les rapaces, pour se méfier maintenant.
Elo avait entendu parlé par des amies, des notes de service du Ministère de la Magie et se demandait pourquoi les jeunes sorciers de Poudlard, n’apprenaient pas à en lancer. Ce serait quand même plus pratique, que de monter dans la volière, d’esquiver les fientes et de soigner les griffures et morsures.

De retour dans la salle commune, elle sourit à Saphire.
C’est bon ? Tu es prête ?
Elle prit son amie sous le bras et partit en sa compagnie vers la volière.

Une dizaine de minutes plus tard, elles étaient de retour, sans mal. Elo rouvrit son livre d’arithmancie et faire enfin le devoir entamé plus tôt…
Allez, finissons-en avec les devoirs.
Elle avait besoin de s’occuper, pour oublier son impatience à avoir une réponse de la professeur de botanique.

La volière était remplie de hiboux. Certains appartenaient à l’école, d’autres, qui majoritairement étaient plus dociles, élisaient domicile dans des familles fixes. De nombreuses plumes jonchaient le sol ainsi que les murs de pierres de la pièce. Saphire vit Eleonora se diriger vers une d’entre elles, et y accrocher le bout de papier, avant de lui ordonner de l’apporter au professeur Chourave.
Ensuite, elle se tourna vers la rousse, qui, toujours, attendait patiemment à l’entrée de la tour, quelques mois plus tôt, la première enneigée. Les deux adolescentes, repartirent bras-dessus dessous dans leur salle commune.

Quand elles y arrivèrent, et à la grande surprise de Saphire, Eleonora se remit au travail. Les sourcils arqués, accompagnés de yeux interloqués se transformèrent ensuite en fierté. Après tout, même si la préfète était fêtarde, elle savait se concentrer quand la situation le demandait.

Par exemple, comme la fois où elle était intervenue dans la salle commune des jaunes et noirs, pour y retirer le gros problème causé par une sorte de fumée envahissante. Et maintenant, elle était ici, concentrée sur ses morceaux de parchemins, qui avec les secondes qui passaient, devenait bien moins vierge.

Avec un soupir las, la sixième année, qui prévoyait d’aller faire un tour dans le parc de l’école, s’assied une dernière fois en face de sa cadette et déclara :

-Bon, je dois te laisser ma belle, je vais aller faire un tour. Pour la date et l’heure de la fête, tu n’as qu’à me laisser un mot sur mon lit, ou demander à Aaron ou Lucy de me le faire parvenir, à plus tard !

Se dirigeant vers la sortie de la salle commune, la sorcière se ravisa et déposa un baiser sur le front d’Eleonora. Voilà, c’était mieux. Elle partit donc vers les extérieurs aujourd’hui chaleureux de Poudlard, après avoir jeté sa cape aux couleurs de sa maison. Où allait-elle aller ? Le Lac, le bord de la forêt Interdite ? Bonne question. Elle verrait quand elle y serait après tout !