A un poil près. [Intrigue personnelle de Quinlan Fitzsimmons]

03/01/2007

Le loup de ?

Intrigue personnelle : Quinlan C. Fitzsimmons

Le 24 mars 1997.

Alphonso déambulait joyeusement dans les larges couloirs éclairés, les épaules néanmoins affaissées sous l’épuisement et l’agitation. Un contraste étrange à considérer aux yeux de ses collègues et des quelques patients ayant l’autorisation de se mouvoir. C’était sans compter le sourire éclatant qui refusait de quitter son visage, depuis qu’il avait la certitude de voir Quinlan.

Ce vieux camarade savait suffisamment de choses pour que les choses évoluent. En mieux. Forcément. Trop de leurs pairs avaient profité du désintérêt de la hiérarchie pour s’autoriser des écarts intolérables. Or, depuis les attentats... L’ordre des choses avait été particulièrement bousculé.

Le ministère de la magie s’était senti attaqué en plein cœur. Du coup, un grand nombre de dispositifs avaient été déployés dans les locaux dans les premières semaines de mars. La surveillance accrue, les collaborateurs aux comportements indécents avaient été facilement repérés. Puis remerciés sans aucun état d’âme par leurs supérieurs hiérarchiques.

Un sacré nettoyage.

Ce soir-là, le service était calme. Les cas les plus urgents étaient gérés par sa nouvelle collègue. Une nordique plus forte qu’un ours. Bref. Il avait du temps et une bonne nouvelle à fêter. Alors, avec une avance considérable, Alphonso se laissa choir dans la cafétéria de la clinique. Il ne manquait plus que Fitzsimmons.

D’ailleurs, n’était-ce pas ce dernier qui venait d’entrer ? « Bonsoir Quinlan ! »

Quinlan n’avait pas eu l’impression d’avoir beaucoup d’alliés pendant ses années à batailler contre ses collègues à l’éthique critiquable, mais s’il devait en citer un, ce serait bien Alphonso. Il avait été surpris de recevoir sa lettre, mais avait beaucoup apprécié ce geste. C’est vrai que les choses changeaient, un peu trop même, alors verser dans la nostalgie en se remémorant le passé, bon ou mauvais, c’était un peu comme se glisser dans de vieilles pantoufles confortables.

Et un peu puantes aussi. En arrivant à Ste Mangouste, Quinlan se souvint du terrible samedi soir qu’il y avait passé il y a un peu plus d’un mois, quand il avait accompagné Megan et Skyler après les attentats d’Avalon. Avant qu’il ne puisse les refouler, Quinn fut assailli par les images de cette soirée qu’il aurait préféré oublier. Il ne savait pas ce qui le rendait plus malade en fait : la honte, ou l’excitation.

Heureusement, la vue d’Alphonso lui passa son envie de vomir. Ça aurait fait un peu tache d’accueillir un vieil ami avec une quiche, quand même. Un sourire, c’était bien mieux. Il n’était pas aussi charmeur qu’il l’aurait voulu, mais disons que pour Alphonso, ça devait bien suffire.

— Bonsoir ! Comment ça va ?

Quinlan s’assit en face de lui, visiblement flatté d’avoir été choisi comme pseudo-mentor. Il ne voyait pas trop ce qu’il pouvait bien lui apporter au niveau professionnel, mais il aimait trop se sentir utile et important pour décliner tout à fait l’offre. Il faudrait juste qu’Alphonso se souvienne que ses conseils n’étaient pas parole d’évangile.

— Alors, ça a pas mal bougé ici, d’après ce que tu m’as dit…? Flagg et Bateman ne sont plus là ?

C’était le couple d’amants dont Quinlan avait eu une sainte horreur, et qui l’avaient un peu poussé à donner sa démission. D’autant plus qu’il avait fini par faire le rapprochement entre les paris, le jeune joueur de Quidditch grièvement blessé et Clemens. Ça l’avait foutu dans une colère noire, et il espérait bien que les soignants indignes avaient été foutus dehors avec un bon coup de pied dans le cul.

03/01/2007

Le loup de ?

Intrigue personnelle : Quinlan C. Fitzsimmons

« Ça roule parfaitement, comme tu peux le voir ! » Alphonso avait accompagné sa réponse d’un vif mouvement de la main, les yeux brillants d’un intérêt réel pour son ancien collègue. « Bon, par contre, je crois que le goût du café n’a toujours pas changé. » A mi-voix, il lâcha un bref « Il est encore infecte. »

Et il souriait de toutes ses dents, soulignant à quel point ses nouvelles responsabilités lui conféraient un grand nombre de soucis. Et des rides.

« Oui, beaucoup de choses ont changé... C’est peu de le dire. » Le médicomage s’esclaffait brusquement, bercé par un semblant de soulagement. D’ironie ? « Ils ont installé des mécanismes magiques pour surveiller les allées et venues. Parfois, je me dis qu’ils se prendraient moins la tête à directement installer des caméras... Sauf que bon, employer des installations moldues, ils ont pas l’air d’être prêts à franchir le pas. Alors que ça marche du tonnerre. »

Non loin d’eux, une agitation soudaine gagna le couloir. Une urgence qui provenait de l’extérieur, directement prise en charge par la nordique du service. Celle ayant la musculature d’une valkyrie. À la chevelure blonde et à la voix... douce. L’espace de quelques secondes, Alphonso eut l’air complètement absorbé par cette distraction usuelle. « … Flagg a dégagé. Bateman est encore là, par contre. Seulement, il est sur la limite. Tous mes supérieurs l’ont à l’œil... Et moi avec. »

Il secoua la tête pour reprendre ses esprits, tandis que le patient tout juste arrivé – et inconscient, de loin – était mené en toute hâte vers une salle libre, à droite. « Ce qu’ils faisaient... Je souhaite vraiment que ça ne se fasse plus. Alors, j’essaie de leur inculquer des notions de respect et d’éthique. Des conseils ? »

La plaisanterie de ton ancien collègue te fait rire doucement. Il y avait des choses qui ne changeaient jamais, et la qualité du café de Sainte Mangouste rejoignait donc joyeusement cette catégorie. Tu te dis que c’est quand même rassurant. Ce n’est pas grand chose, mais l’espace d’un instant, ça prouve que le monde n’a pas totalement basculé. Il a été bouleversé pourtant, ton monde. De fond en comble, ne serait-ce que parce que tu ne travailles plus ici, et ce depuis un temps qui ne t’a jamais paru aussi long. Tu ne regrettes pas vraiment, tu n’estimes pas avoir perdu au change, mais les choses qui t’avaient fait fuir ne sont plus. Alphonso t’en donne la confirmation, à commencer par la surveillance des lieux.

— Je peux comprendre qu’ils soient frileux à l’idée d’utiliser du matos moldu… Les enchantements fonctionnent bien ?

Tu ne penses pas que ce soit judicieux de le dire, mais tu n’aimes pas l’idée que Ste Mangouste soit surveillance, même après ce qu’il s’est passé en février. Les attentats ont porté un grand coup à l’hôpital et l’onde de choc s’était fracassée contre l’Angleterre sorcière toute entière. Une ombre passe sur ton visage, mais tu recouvres bien vite ton sourire. Tu n’es pas venu ici pour t’apitoyer sur le sort du monde.

Ton esprit est de toute façon distrait par le barouf soudain qui éclate dans le couloir. Tu te tournes vers le bruit, cherchant son origine, curieux de voir ce qu’il se passe. Tu as beau faire, tu restes un urgentiste, prêt à bondir en cas de souci. Tu aperçois une nouvelle soignante, au physique pas très avenant, mais qui avait l’air d’avoir les choses bien en main. Te tournant de nouveau vers Alphonso, tu remarques qu’il est passablement distrait par ce spectacle qui pourtant devait être habituel ici. Tu lui aurais bien posé quelques questions, mais il enchaîne déjà sur les changements de line-up dans l’équipe. Flagg a été remerciée, même si Bateman est toujours là. Ta bouche esquisse un sourire inversé, l’air de dire ‘pas mal’.

— Il était temps, si tu veux tout savoir. Je suis content que vous ayez enfin pris le problème à bras-le-corps.

Quant à la question d’Alphonso… Elle te prend au dépourvu. Tu ne t’attends pas à ce qu’on te demande ton avis à toi, qui est parti depuis plus de six mois pour enseigner plutôt que pour soigner. Toi qui a déserté le champ de bataille plutôt que d’essayer de trouver une solution. Pourquoi l’aurais-tu désormais ? Tu hausses les épaules, ne voulant pas faire de fausse joie à ton ami.

— Je ne sais pas trop. J’en parle à mes étudiants dès que je peux, mais pour les vieux de la vieille déjà bien installés, je me demande si c’est même possible de leur faire changer de point de vue. Tu peux toujours mettre sur pied des conférences et des débats sur la prise en charge des patients, juste comme une piqûre de rappel pour leur dire ‘hé, vous ne réparez pas des machines, vous soignez des êtres humains’, mais rien ne dit que c’est efficace. De toute façon, on a tous besoin de lâcher du lest, de se défouler. J’ai juste trouvé un moyen qui ne soit pas aux dépens de mes patients, c’est tout.

Dans le fond, tu n’es pas beaucoup mieux qu’eux. Ils pariaient sur les chances de guérison de certains patients, pendant que toi tu jouais au justicier, quand tu n’étais pas à l’étage du Panic! en très bonne et très nombreuse compagnie. Tu aurais bien aimé te dire que tu ne faisais de mal à personne, mais ce n’était pas tout à fait le cas.

Le sujet te met un peu mal à l’aise en vérité, c’est pourquoi tu en profites pour donner à la discussion une nouvelle direction, non sans sourire au passage.

— Qui est la nouvelle ? La grande, celle que tu regardais tout à l’heure… Un crush ?

Ton sourire s’élargit, le tout sans aucune moquerie. Son physique avait beau être spécial, ça ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas plaire. Et puis, pour être honnête, tu ne te souviens pas des goûts d’Alphonso. Enfin, pas dans le détail. Tu sais juste qu’il n’a rien contre les bruns barbus aux yeux noisette faisant dans le mètre quatre-vingt.

03/01/2007

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Intrigue personnelle : Quinlan C. Fitzsimmons

« C’est vrai... Je comprends aussi, tu me diras. » Alphonso se refusa à perdre de son éclat et de sa joie, tant bien même qu’un soupir lui échappait avec lourdeur. Lui, un énième Sang-mêlé, fort de deux cultures bouillonnantes d’idées. « Oui, le système fonctionne même un peu trop bien. » Il voulut ajouter quelque chose, mais un instinct particulièrement attentif le retint de justesse.

Tant pis. Le guérisseur préféra s’abandonner au rire, pour le coup. « Lundi dernier, deux stagiaires n’ont pas été reconnues par les enchantements. Ça a provoqué une sacré pagaille, cris d’animaux compris. » En un lent mouvement, il s’essuya le bord des yeux et leva sa baguette. « Paraît qu’ils ont renouvelé le stock de thé, je t’en paie un coup ? »

De nouveau, il souriait jusqu’aux oreilles. Trop heureux de revoir ce bon vieux Fitzsimmons. « Ce sera toujours mieux que le café. » Sans se presser, Alphonso incantait un sortilège suffisant à réaliser son souhait : faire bouillir de l’eau. « J’en suis pas mécontent non plus, tu sais. Ces choses-là, ça m’a toujours énervé. J’étais juste pas assez à l’aise, avant, pour oser m’y confronter. »

Et, derrière ses propres mots, brûlait la certitude qu’il avait été – aussi – trop idiot pour y réagir concrètement à l’époque. « Une conférence là-dessus, c’est vraiment une bonne idée. Je note. » De sa position, il dirigeait avec amusement les préparatifs de leurs deux tasses. « Je préfère toujours essayer, même si ça nous semble être une voie difficile. J’ai... J’ai trop longtemps laissé les choses bouger sans intervenir. »

Dans le couloir, quelques chuchotements indistincts. Pressés. Inquiets. « Bref. Je... » La question de son ancien collègue le désarçonna, alors que sa férule hésitait entre le thé vert et le thé noir. « … Ilfhild ? » Ses joues s’encombrèrent de rouge. « Elle est avec nous depuis le début du mois, et... Bon, je la trouve... Atypique quoi. » Il grimaçait de gêne, surtout face à une qualification aussi peu positive. « … Elle est très agréable avec nous en... »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Quelqu’un hurla vers la droite du couloir, au-delà du confort de la cafétéria. Terrifié. Puis d’autres cris déchirèrent la quiétude de l’établissement, jusqu’à ce que l’agitation devint réelle : des gens fuyaient.

Tu sais qu’Alphonso a juste voulu faire une plaisanterie d’un événement mineur qui s’était passé il y a peu, mais tu ne peux pas t’empêcher d’être méfiant. Tu es même devenu pas loin d’être parano en entrant à l’Ordre. Tu fronces les sourcils à la mention des deux stagiaires que les enchantements n’ont pas reconnues, chose qu’Alphonso balayait d’un revers de la main comme si ce n’était pas très important. Tu acceptes le thé tout de même, continuant à cogiter sur ce “petit” incident. Le système fonctionnait, non ?

— Votre système de protection filtre les trucs du genre polynectar, j’espère ?

Loin de toi l’idée de remettre en question les décisions des dirigeants de Ste Mangouste, mais là comme ça, quand on te parle d’un dysfonctionnement, tu ne peux pas t’empêcher de penser à un fonctionnement justement trop perfectionné pour l’œil désespérément humain d’un sorcier. Et s’ils s’étaient fait avoir ? Tu gardes une mine sérieuse dont tu ne te défais pas alors que tu évoques les éventuelles solutions au cruel manque de déontologie parmi le corps soignant. Tu n’es pas un expert pourtant, et tu te demandes si c’est bien judicieux de te demander conseil à toi. Tu ne peux que saluer la volonté d’Alphonso de faire changer les choses, même s’il ne sait pas trop comment s’y prendre. Tu ne peux pas lui en vouloir.

— Tu peux commencer par là oui, faire de l’information, de la prévention… Je doute que ça suffise, mais ça fait un bon début.

Et puis tu évoques la nouvelle, la nordique au physique un peu spécial, non sans taquiner Alphonso au passage. Il te donne son nom, commence à parler d’elle, mais cette fois le bruit dans le couloir est trop fort pour ne pas être suspect. Avec un regard sérieux et entendu, tu sors ta baguette en te levant. Les gens se carapataient en criant… Quelque chose n’allait pas.

— Viens !

Tu n’hésites pas. Tu te diriges vers le couloir en brandissant ta baguette, prêt à lancer un Protego ou quelque chose de plus violent, aurais-tu l’origine de ces cris devant toi. Tu t’attends à des terroristes, à un patient hors de contrôle, à un accident de métamorphose ayant très très mal tourné. Ça arrivait parfois. Tout ce qui comptait, c’était de régler le problème le plus vite possible.

03/01/2007

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Intrigue personnelle : Quinlan C. Fitzsimmons

« Les potions sont comprises dedans. Surtout depuis... Enfin, c’est vraiment sophistiqué leur système. » Alphonso esquissait un sourire étrangement plus pâle que les autres – bercé par les souvenirs vivaces et sanglants des attentats orchestrés contre Sainte-Mangouste. Ceux qui collaient toujours à sa peau ; autant qu’à celles de ses pairs. Tous se remémoraient aisément les corps amoncelés au-devant de la bâtisse. Les couteaux aux éclats aveuglants. Les armes à feu et leurs tirs saccadés.

Et les cris. Tristement semblables aux braillements qui déchiraient désormais les couloirs. Des ondées sonores aiguës et insupportables. Fuyantes.

Est-ce que ça recommençait ? Le médicomage serra les dents, dégaina sa baguette et se rendit à la suite de Quinlan. Le cœur battant à tout rompre sous les coups malavisés de la crainte et de l’adrénaline. Ils gagnèrent l’espace à découvert ; et se retrouvèrent nez-à-nez avec la dénommée Ilfhild. Les joues rouges et le regard effrayé, comme si elle avait vu celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom en personne. « On évacue le rez-de-chaussée ! »

Ses mains faisaient de grands gestes, permettant aux patients et au personnel de prendre la direction des issues de secours. « Il se passe quoi ? » Malgré la gêne évidente qui faisait rougeoyer ses pommettes, Alphonso s’échinait à ordonner ses pensées. Et à ne pas paraître trop obnubilé par les formes guerrières de sa collègue. « Cas de lycanthropie avérée. Les aurors vont arriver d’un instant à l’autre. »

Au même instant, un long hurlement animal secoua les tréfonds du bâtiment ; accentuant l’effroi des fuyards autour du petit groupe de guérisseurs. « On doit vraiment dégager, les gars ! » Au loin, le bruit d’une porte que l’on défonce avec ardeur raisonna.

Alphonso a juste le temps de te rassurer sur les critères pris en compte par les nouvelles mesures de sécurité de Ste Mangouste avant que n’éclate une rixe dans le couloir. Ce qui t’aurait travaillé le cerveau en temps normal est balayé d’un revers de la main : tu n’as pas le temps de te torturer les neurones à savoir pourquoi l’alarme s’était déclenchée, soit-disant à tort. Il y a bien plus pressant, plus hurlant, qui se meut tout près de toi et nul doute que les baguettes ne seraient pas de trop.

Tu dégaines, et tu enjoins à Alphonso de te suivre dans le couloir. Vous y retrouvez Ilfhild, la grande scandinave dont la superbe se retrouve égratignée par la terreur qu’on lit sur ses traits. Et quand Alphonso lui demande ce qu’il se passe, tu arques un sourcil. Tu essaies en vain de jeter un coup d’œil par une fenêtre inexistante pour vérifier si oui ou non, cette nuit est une nuit de pleine lune mais dans le fond, tu n’en as pas besoin. Le hurlement que tu entends te suffit amplement à croire Ilfhild sans chercher à négocier. Par contre, évacuer en attendant les Aurors ?

— Combien de temps mettront-ils à venir ? Il faut garder le loup-garou dans ces murs le plus de temps possible, s’il s’enfuit, c’est fini.

Un loup-garou en plein cœur de Londres. Les cinéphiles ont comme une impression de déjà vu. Cette pensée étonnamment légère ne te fait pas vraiment sourire alors que tu gardes ta baguette prête à lancer des sorts. Elle en frémit presque dans ses mains, le bois devenant de plus en plus impatient. Tu travailles sur les lycanthropes depuis si longtemps que tu te sens traversé d’une curiosité malsaine & dangereuse. Tu sais que derrière ce hurlement ne se cache qu’un être humain qui n’a rien demandé à personne, et qui est tout autant victime que les corps que la bête se languit de déchiqueter.

— On peut pas tenter un homomorphus et en profiter pour le sédater en attendant ?

En attendant quoi, d’ailleurs ? Tu fronces de nouveau les sourcils.

— Et que vont faire les Aurors, de toute façon ?

Tu as bien une idée : blesser le loup-garou, le ligoter, l’emmener dans une geôle, attendre qu’il repasse sous sa forme humaine, et le ficher comme un criminel. Évacuer les lieux n’était pas une idée stupide, tant qu’il y avait encore des soignants dans le secteur pour faire leur boulot. C’est un regard noir que tu lances à Ilfhild alors que tu te diriges vers les hurlements. Tu te tiens prêt, tu connais l’homomorphus pour l’avoir travaillé et étudié lors de tes recherches, et même si tu connais ses limitations, tu préfères essayer plutôt que de fuir.

03/01/2007

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Intrigue personnelle : Quinlan C. Fitzsimmons

À la soudaine question de Quinlan, la nordique haussa les épaules dans un large geste d’impuissance. « Je n’en ai aucune idée. Les dispositifs de défense ont déjà du transmettre l’alerte. » Avec fermeté, elle continua néanmoins d’aiguiller les patients vers la sortie la plus proche. « J’espère seulement qu’ils vont arriver rapidement. »

Derrière l’assurance de ses traits blonds et guerriers : la peur. Réelle. Tangible. Si perceptible que même Alphonso sembla s’en rendre compte. « Tu devrais accompagner les derniers en sécurité. On va s’en occuper. » Et elle, étrangement, de s’offusquer d’une pareille proposition. Les lèvres scellées en une moue réprobatrice. « Je ne suis pas en paille, merci. Je peux aussi faire quelque chose. »

Aussitôt, la guérisseuse levait sa baguette. Quoi que son bras tremblait légèrement. « On peut tenter tout ce qui est possible pour le ralentir. » Essayer, du moins. Car, au loin, la porte venait de sauter. Un bruit sourd ; annonciateurs de problèmes. « Les Aurors ne risquent pas de le tuer ? » Le médicomage s’interrogea à haute voix, les yeux tournés vers son ancien collègue. Incertain de la marche à tenir.

Il n’avait encore jamais fréquenté de loup-garou. « Ils ne vont certainement pas lui offrir du thé, ça, c’est assuré. »

Soudain, de nouveaux hurlements inhumains. Et un cri effroyable. Accompagné d’un crissement insupportable. D’un déchirement immonde ; impossible à définir. Quelques secondes de silence. Un semblant de vacillement, comme s’ils évoluaient dans une autre dimension. Ni réalité. Ni cauchemars.

Puis le noir. Immédiatement transpercé par les générateurs magiques d’urgence, tandis que la bête fuyait dans les couloirs... Vraisemblablement à l’opposé de leur direction.

Tu sens tes sourcils se lever malgré toi alors qu’Ilfhild avoue ne pas savoir combien de temps mettront les Aurors à arriver sur place. Les protections étaient récentes, mais ce n’est vraiment une excuse. Pas une bonne en tout cas : c’est bien beau d’avoir de quoi alerter les gens s’ils ne rappliquaient pas directement ! Tu te prends à penser, sous le coup de la rage, que Ste Mangouste aurait bien fait d’embaucher des Aurors à plein temps pour surveiller l’endroit. Quitte à fliquer les gens, n’est-ce pas…

Enfin, tu sais bien que tu n’es pas vraiment dans ton état normal. L’endroit te rappelle trop de souvenirs, la présence d’Alphonso également, et puis, il avait fallu que ce soit un loup-garou. Pourquoi pas une licorne ou un vampire, enfin, quelque chose qui ne t’aurait pas autant touché, alors même que, paradoxalement, tu n’as aucune foutue raison de l’être. Tu as déjà croisé des patients qui avaient été attaqués car soupçonnés d’être lycanthropes, mais c’était arrivé à tout le monde à Ste Mangouste et surtout, ce n’était pas le pire de cas que tu avais pu voir. Ta sensibilité particulièrement grande pour la question lycane a toujours été un mystère : il y a des gens qui se préoccupent de la faim dans le monde, d’autres du palu, et d’autres encore du SIDA. Toi, ton truc, c’est les lycans. Pourquoi pas.

Tu ne suis qu’à peine les échanges entre Alphonso et Ilfhild. Tu captes plus ou moins qu’il lui a dit quelque chose qui lui a déplu, mais c’est tout. Ce que tu retiens, c’est que les Aurors essaieront forcément de tuer le loup-garou, indifférents à l’être humain qui se cachait encore à l’intérieur; et au mieux l’ajouteraient-ils à leur long fichage de tout ce qui n’était pas assez humain à leurs yeux. Tu es idéaliste, tu le sais, mais tu ne peux pas t’empêcher de penser que leurs méthodes sont moins la solution qu’une partie du problème.

Cela dit, ce n’est pas le temps de philosopher. Un grand bruit retentit et les hurlements de la bête s’éloignent.

— Il va nous échapper !

Et c’est là vraiment la pire des solutions : que le loup-garou puisse s’enfuir et errer librement dans Londres. Tu es idéaliste oui, mais pas stupide. Tu n’ignores pas la dangerosité d’un lycanthrope, alors même si l’idée de le tuer sans sommation te donne légèrement envie de vomir dans la bouche, tu es bien conscient qu’il faut au moins restreindre ses mouvements.

Sans attendre, tu te mets à courir. Tu te fous bien de savoir si on te suit : tu fonces tête baissée comme un bélier, tu prends des risques inconsidérés comme tu l’as déjà fait. Tu te répètes en boucle les sorts qui pourraient t’être utiles, une fois face à la bête. Mais dans ton for intérieur, tu ne peux pas ignorer la petite voix espère que tu n’en verras que le dos.

03/01/2007

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Intrigue personnelle : Quinlan C. Fitzsimmons

Alors que les deux collègues se toisent et s’échangent des banalités, Quinlan a le bon réflexe de partir en chasse de la bête. Il distance aisément ses comparses, restés littéralement sur le cul de le voir foncer aussi vite en direction du danger. Même s’ils essaient, ils ne parviennent pas vraiment à le rattraper ; et plusieurs mètres marquent la séparation entre eux et Fitzsimmons.

Après quelques instants de battements et de course, la lumière habituelle revient tandis que les générateurs magiques s’astreignent au silence. Déchiré par des plaintes animales. Des frayeurs profondément instinctives.

Et en face, un mouvement de plus en plus net se mue dans l’étroitesse d’un petit couloir. Le supposé lycanthrope ; les oreilles vraisemblablement couchées en arrière et les griffes tentant vainement de déchirer la fenêtre du Rez-de-Chaussée. Pour fuir.

Il n’a pas encore repéré son observateur, mais s’il persiste, il pourrait bien finir par défoncer le verre.

Tu n’es pas du genre à tortiller du cul pendant cent sept ans alors qu’un loup-garou menace d’aller semer la terreur dans les rues de Londres, non. Tu n’y penses pas consciemment, mais c’est peut-être ce qu’attendent les extrémistes moldus pour finir d’être convaincus que le monde sorcier, c’était vraiment de la merde et qu’ils étaient tous dangereux & fous à lier. Tu en as le vague sentiment, l’impression diffuse que tu pouvais faire la différence aujourd’hui, comme tu l’avais faite cet été avec Hazel. Qu’aujourd’hui, tu pouvais faire les bons choix, prendre les bonnes décisions, & te sentir fier de tes actions ensuite. C’est idiot de la part d’un guérisseur, mais ça ne t’arrive pas souvent, non.

Tu cours, tu voles à travers les couloirs qui soudainement s’illuminent de nouveau de leur lumière habituelle. Tu suis les cris de la bête qui a pris possession du rez-de-chaussée, tournant quand ton ouïe t’intime de le faire. Tu finis fatalement par te retrouver devant le lycanthrope. Il ne t’a pas vu, il est trop occupé à geindre & à rager contre une fenêtre, mû par le désir de liberté. Tu ne réalises pas tout de suite que c’est la première fois que tu vois un loup-garou sous sa forme animale. Ton cerveau est si focalisé sur l’instant présent que tu ne sais pas si tu es encore capable de réfléchir. Tu n’es plus que réflexes : brandissant ta baguette d’aubépine, tu te décides à lancer ce sort que tu ne connais qu’en théorie :

— Homomorphus !

Tu ignores si cela va fonctionner, mais tu es décidé à ne pas avoir recours aux sorts les plus violents. Tu es plus indulgent avec cette pauvre âme qui ne sait pas ce qu’elle fait qu’avec un otage qui vend son savoir à des gens qui l’utiliseront de manière abjecte. Tu trouves des excuses à une bête en panique, des excuses auxquels des humains ayant fait leurs propres choix n’ont pas droit.

03/01/2007

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La créature aux couinement plaintifs et exaspérés, s’échinait à griffer la fenêtre du Rez-de-Chaussée. Toutes ses forces étaient déployées vers cette direction ; cet échappatoire. Le verre commençait même à s’abîmer sous les coups répétés, excédés et un brin désespérés. Le loup-garou n’avait pas vraiment le choix, de toute façon. Il répondait à un instinct millénaire et impérieux, apte à lui soutirer des hardiesses insoupçonnées.

Il s’épuisait toujours contre la vitre, lorsque le médicomage se positionna dans son dos. Baguette levée. Le sortilège eut à peine le temps de quitter les lèvres de Quinlan, que la bête se tourna vivement dans sa direction. L’humanité de son agresseur, rayonnante sous l’emploi d’un langage civilisé, l’avait interpellé. Brusqué. Mordu aussi fort qu’une gueule pleine de crocs acérés.

Pourtant, le lycanthrope ne parvint pas à répliquer. Les effets de l’Homomorphus se montrèrent plus rapides à s’imposer que sa rage soudaine ; et un long hurlement de douleur et de frustration mêlées fusa de sa gorge. La malédiction semblait vaciller sur sa chair autant que dans ses yeux.

Au même instant, Alphonso et Ilfhild déboulaient aux côtés de leur ancien collègue, le souffle court et leurs férules dirigées vers l’ennemi. Un « Petrificus Totalus ! » quitta même les lèvres de la nordique terrifiée, atteignant sans mal l’immense créature. Celle qui gesticulait en de petits gémissements aiguës, avant de s’effondrer sur elle-même sous le sortilège rigide.

Le pelage sombre s’estompa au profit d’un épiderme au grain tout aussi foncé ; et dans la chute, un pendentif étincelant à l’allure inhabituelle brilla sur l’épaule de l’individu. Puis plus rien. Si ce n’est le silence. Et le loup-garou, de plus en plus homme, maîtrisé.

Au loin, pourtant, un bruit plus terrible déchira la quiétude imprévue et trop récente de leur environnement. Des portes violemment claquées ; des ordres offerts par une voix stridente. Les aurors arrivaient.

Tu as lancé le sort, tu le sais efficace contre les loups-garous, et tu te doutes un peu de son effet. Ça ne t’empêche pas de sentir une pointe de remords te transpercer le cœur quand tu réalises que le lycan hurle de douleur. Heureusement, Ilfhild & Alphonso ne sont pas loin derrière toi, et la médicomage ne tarde pas à lancer un sort d’entrave sur la bête qui revient peu à peu sous sa forme humaine. Sans hésiter, tu t’approches, assez vigilant pour garder ta baguette près de toi, mais assez pour évaluer l’état de santé du lycanthrope. Tu relèves tes manches par réflexe, surpris de voir ton dragon, aujourd’hui d’un doré éclatant, s’enrouler, toutes griffes dehors, autour de ton avant-bras droit.

Tu enregistres l’information, avant de passer à quelque chose de beaucoup plus pressant. Du bruit monte des couloirs, signe que les Aurors n’allaient pas tarder à débarquer. Pour ce qu’ils se sont montrés utiles, c’est vrai…! Une pointe de colère fait frémir ton tatouage, rend son scintillement presque aveuglant. Tu te relèves lentement, et tu jettes un coup d’œil aux médicomages.

— Laissez-moi leur parler. Je bosse pas ici, ils pourront pas me menacer de me faire virer.

Bon, ta légimité à l’ouvrir en prend aussi un coup, mais tu t’en fous totalement. Tu marches vers les Aurors, déterminé. T’as la rage, et tu comptes bien pousser une sacrée gueulante.

— C’est maintenant que vous arrivez !? Il aurait pu s’échapper deux ou trois fois le temps que vous soyez sur place !

Sans oublier que tu sais pertinemment ce qu’ils auraient faits ou pas… Tu as tellement envie de leur hurler dessus que même toi, ça te surprend, toi qui est généralement calme & détaché quand on vient à parler de ce genre de sujet délicat. Mais là, non, rien à faire. C’est l’adrénaline qui parle, et tant pis pour la suite.

03/01/2007

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Intrigue personnelle : Quinlan C. Fitzsimmons

Autour de Quinlan, un silence tempéré par l’angoisse des dernières minutes se fit maître des lieux. Et même s’il se trouva bousculé par les déplacements véhéments des Aurors, au loin, il s’échinait à persister au creux du couloir. Teinté de la souffrance éclatante d’un être contaminé – malgré lui – par un mal millénaire. Doublement contenue, pour l’heure ; par deux sortilèges opportuns mais efficaces.

« D... D’accord. » Alphonso articula difficilement, un peu hébété. Cependant, il ne resta pas bien longtemps dans cette position tendue et troublée. Car, une fois la constatation inévitable passée – leur supposé ennemi n’était rien de plus qu’une pauvre victime – le médicomage en lui prit le dessus.

Tout en conservant une distance suffisante – la même que celle adoptée par son brave collègue, il s’occupa du lycanthrope humanisé avec Ilfhild.

C’est à cet instant que les Aurors tournèrent à l’angle d’une intersection.

En face, quatre sorciers déboulaient à vive allure, tous équipés de protections magiques luisantes et sophistiquées. Leur chef, à l’air exaspéré prononcé, immobilisa brièvement ses troupiers d’une main quand ils arrivèrent à la hauteur de Quinlan. « Hé. » Contre toute attente, il prêta scrupuleusement attention aux propos de son interlocuteur. En apparence, seulement.

Il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Puis, c’était mieux d’ignorer ce type trop brave pour son propre bien ; il risquait de gêner ses rapports.

Parallèlement, d’un léger mouvement du pouce, il indiqua à ses affiliés la forme allongée sur le sol. Au-delà du guérisseur un brin furieux. « Par Morgane, vous l’avez contenu ? Félicitations. Bien courageux tout ça. » Il souriait. À demi. « Au moins, c’est immobilisé. On va s’en occuper. Vous pouvez filer. » Dégager.