Things happen but you don't really know why - Jasper.

« L'innocence sauve du désespoir »
André Rochette

Assise à même le sol, contemplant le vide, Hope regardait fixement devant elle, le regard triste et les yeux rougis d'avoir trop pleuré. Elle était calme, pourtant, stoïque, mais ses joues étaient néanmoins trempées par les larmes silencieuses qu'elle versait. En vérité, elle n'aurait véritablement su dire depuis combien de temps elle se trouvait là, dans cette rue de Pré-au-Lard, mais il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'elle avait quitté le château de Poudlard. Pourtant, les élèves n'avaient pas encore tous été évacués. Il en restait en effet encore plusieurs qui arrivaient par vagues successives, à mesure qu'ils traversaient le passage secret depuis la statue de la sorcière borgne. Hope faisait partie des tous premiers élèves à avoir été évacués. Et puis, Eleonora avait décidé de faire demi tour. Elle voulait aider... elle voulait retrouver Lilianor. Mais y arriverait-elle seulement ? Hope avait traversé le passage secret en tenant fermement la main de Cataleya Galvão, sa toute petite Cataleya. Elle l'avait attrapée au vol, in extremis, alors qu'elle s'apprêtait encore à faire une bêtise avec son ami Rouge et Or, Nathan Saunterton.

A présent, Cataleya était partie un peu plus loin, et Hope avait voulu s'isoler. A côté d'elle se trouvait Hugin, son petit chat blanc qui ne l'avait pas quittée. Elle l'avait gardé fermement dans ses bras tout le long, pour être sûre qu'il la suive. Et puis, juste à côté d'eux, il y avait le fléreur que Perséphone Rosenwood lui avait confié. Bien caché au fond du sac de la Serdaigle, Hugin l'embêtait. Il miaulait et grattait le sac pour savoir ce qui se trouvait à l'intérieur, intrigué par cette petite boule de poils. Mais le jeune fléreur n'osait pas sortir. Hope avait pourtant laissé le sac grand ouvert, mais il s'était mis en boule et ne bougeait pas. En observant ce tout petit animal, elle se souvenait de ce qu'elle avait promis à Perséphone, juste avant de partir : elle devait retrouver Alexandre Wojcinska. Elle avait promis de le chercher partout et de ne pas le quitter. C'était notamment pour cette raison qu'elle s'était installée là, tout près de la sortie du passage secret : pour voir s'il arrivait. Elle avait essayé de le chercher avant de quitter Poudlard, mais en vain. Hope ne l'avait pas encore vu et, du plus profond de son coeur, elle espérait qu'il allait bien.

Les élèves continuaient d'arriver par vagues, les uns après les autres, alors que Hope continuait d'observer fixement la sortie du passage secret. Et puis, soudain, elle reconnu une silhouette qui ne lui était pas étrangère. Elle écarquilla alors les yeux et se leva d'un bond. Jasper. Il venait tout juste d'arriver à Pré-au-Lard. Alors, Hope referma le sac de Perséphone, afin que le petit fléreur ne s'échappe pas. « Jasper ! », criait-elle presque. Et elle courut jusqu'à lui, aussi vite qu'elle le pouvait, et une fois arrivée à sa hauteur, elle se jeta dans ses bras. Hope le serrait si fort contre elle que l'on aurait presque pu penser qu'elle craignait qu'il ne la laisse. Elle tremblait comme une feuille et, le visage enfouie dans son cou, elle s'était remise à pleurer. Il lui fallut en vérité quelques minutes pour se reprendre, mais là, contre lui, elle se sentait rassurée. « Pardon, excuse-moi, je... Je suis désolée... », murmurait-elle.

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Jasper, dans le couloir, déambulait d'une marche étrangement mécanique, comme un automate déréglé. Tout lui semblait si irréel. La joie, les pleurs, les cris, les rires s'entremêlaient dans un mélange confus où le jeune homme ne distinguait plus le moment où la scène entière avait bousculé dans le chaos. Où le bonheur avait sombré et que les ténèbres, masquées et encapuchonnées étaient apparus. Il aurait aimé se battre, ne serait-ce que pour retrouver Daphné, aider Cyril, rassurer Alycia, être sûr qu'aucun jeune ne soit resté en arrière. A la place, on l'avait évacué. Ils s'étaient rendus avec les autres élèves jusqu'au tableau, jusqu'au passage qui s'entrouvrait et laissait passer l'espoir de sortir vivant de la bataille qui faisait déjà rage. En cet instant, les premiers morts tombaient peut-être. Il avait eu la bêtise de croire qu'il était en sécurité ici, à Poudlard mais la Grande Salle s'était ouverte et des ombres avaient surgi du tréfonds des Enfers. Les Mangemorts inspiraient plus de dégoût au jeune Lion que de crainte mais la peur de se retrouver tous sous l'emprise de Voldemort régnait sur les troupes. Main dans la main avec une première année Gryffondor tremblant de peur et de froid, il tenait sa baguette de l'autre, son œil épiant les moindres mouvement, scrutant le moindre coin, tous ses sens en éveil. L'angoisse pointait dans son coeur mais ne le submergeait pas, bien au contraire. Quelque chose de plus puissant, de plus féroce déferlait dans son coeur. L'adrénaline nourrissait chacun de ses mouvements, chacune de ses pensées. Jasper ne pleurait pas et ne pleurerait pas. Il n'avait pas la larme facile et la maison Rouge et Or n'était pas connu pour se défiler.

Le cortège continuait son périple dans le goulot éclairé par quelques rares torches. C'était un tunnel creusé à même la pierre, humide, des filets d'eau traçant des sillons argentés sur la pierre par endroit. Enfin, l'obscurité fut percé par un raie lumineux. La fameuse lumière au bout du tunnel. Et l'ange qui allait avec. Hope sauta dans ses bras alors que ses yeux s'accoutumaient douloureusement à la lumière du soir, après cinq bonnes minutes passées dans une caverne étroite et sombre. Il reconnaissait son parfum et la texture de ses cheveux, de sa peau et… le goût de ses larmes. Car elle pleurait. C'était évident. Il l'avait cherché partout mais il ne l'avait trouvé nul part. Plus jeune que lui, elle avait été obligatoirement évacué et Hope n'était pas du genre à braver les règles, surtout celles édictées pour son bien, et se lancer au coeur d'une bataille aussi dangereuse. Il avait espéré la voir après et son vœu avait été exaucé. Il soupira de soulagement à sa vue, malgré l'état d'extrême angoisse dans laquelle elle était. D'un doigt, replaquant les cheveux de Hope derrière sa nuque, afin de voir son visage, plaqué sur son torse, il la souleva délicatement et lui dit : « Hope, c'est bon… Tout va bien se passer, on est sorti, les autres vont arriver d'une minute à l'autre, il y a pas de quoi s'inquiéter. Dumbledore est là, je l'ai croisé, Harry, Ron, Hermione aussi. Ils savent ce qu'ils font, ils savent. On a plus rien à craindre, je te promets… Calme-toi. » Il essayait de la rassurer, en vain, les sanglots de Hope ne semblant vouloir cesser. « Je suis là maintenant. Je suis là… Avec toi. »

« L'innocence sauve du désespoir »
André Rochette

Jasper était enfin avec elle, et malgré la panique qu'il y avait, elle se sentait déjà plus rassurée. En vérité, dès le moment où elle l'avait vu, elle n'avait pas réfléchis, bien trop heureuse et soulagée de le savoir en sécurité ici, à Pré-au-Lard. De plus, elle pouvait calmer les craintes qu'elle avait ainsi que ses appréhensions ; cela pouvait paraître tellement égoïste, mais elle ne voulait pas être seule, elle avait peur de rester seule. « Je suis tellement soulagée que tu n'aies rien », lui dit alors qu'elle fermait un instant les yeux contre lui. Et, sans attendre, elle s'était jetée dans ses bras, bien trop heureuse de le savoir avec elle. « Reste-t-il beaucoup de monde à évacuer encore ? ». Cela faisait un moment que les élèves arrivaient par vagues, et plus le temps passait, et plus elle s'inquiétait de l'absence de ses amis. Et, alors qu'elle restait contre lui, il tentait de la rassurer. Un sourire triste apparut sur son visage alors qu'elle se dégageait de ses bras.

Hope le regarda un instant, lui sourit tristement et soupira. Tout ne se passerait pas bien et elle le savait parfaitement. « Tu te trompes, Jasper, pas tout le monde ne va nous rejoindre. C'est Lilianor qui m'a prévenue. Elle... elle se bat au côté des ombres », dit-elle d'un air triste et presque lugubre. Les allégeances nouvelles de son amie étaient inattendues et, plus encore, elle ne parvenait pas à la comprendre. « Alors elle ne nous rejoindra pas, comme tant d'autres, je pense ». Pourtant, malgré tout, elle tentait de ne pas penser à cela pour le moment, mais c'était plus fort qu'elle. Il fallait qu'elle lui raconte tout, il fallait qu'elle lui dise ce qu'elle avait vécu. « Jasper, est-ce que tu te rends compte ? Des élèves. Il y avait des élèves, comme toi et moi, qui étaient au courant pour l'attaque des Ténèbres. Des élèves qui n'ont absolument rien dit à personne ! Ils étaient d'accord pour se battre aux côtés des forces obscures, mais plus encore pour nous mettre en danger ! ». Hope, secouée par l'émotion et bouleversée par la peur, eu du mal à terminer sa phrase, qui s'estompa dans un murmure, la voix brisée par un sanglot. « Comment est-ce possible ? Comment a-t-on pu en arriver là ? Ce n'est que pure folie ! ».

Tout à coup, Hugin, le petit chat de Hope qui était toujours en liberté, vint se frotter contre ses pieds. Il était apeuré par le bruit et la foule qu'il y avait autour d'eux, et tentait désespérément d'obtenir l'attention de sa maîtresse en posant ses coussinets sur ses jambes. Elle se décala alors de Jasper et prit son énorme chat blanc dans ses bras. « Tu as peur, toi... n'est-ce pas ? », dit-elle en lui gratouillant le cou. Le pauvre avait l'air terrifié. Il se blottissait contre Hope, enfouissant sa petite tête dans son cou. Elle sourit alors doucement, et repensa au sac qu'elle avait laissé un peu plus loin, à l'écart de l'agitation. Alors, elle s'éloigna de Jasper pour aller retrouver le sac de Perséphone. Là, accroupie à côté, elle l'ouvrit afin de voir comment se portait le petit fléreur ; il semblait endormi. « Madame Pomfresh nous a aidé à quitter Poudlard et au moment où tout a été lancé, je me trouvais avec Perséphone Rosenwood, je lui expliquais ce qui se passait... ce que Lilianor m'avait confié ». Triste et toujours au bord des larmes, elle n'avait de cesse de penser au sort de la jeune fille. Allait-elle bien ? « Elle est restée dans le hall de l'école, elle voulait se battre... son petit fléreur est avec moi, elle me l'a confié ». Hope ouvrit alors le sac pour montrer le petit animal endormi à Jasper.

La présence de Jasper l'apaisait, c'était indéniable. En vérité, il était certainement l'une des rares personnes à parvenir à calmer ses craintes et ses angoisses, et le fait qu'il se trouvait là, tout près d'elle, lui faisait énormément de bien. Elle s'assit alors là, tout près du sac où dormait l'animal de Perséphone, son gros chat blanc et plein de poils sur ses genoux. « As-tu croisé quelqu'un ? Daphné ? Orion, Gabrielle... Stanislas ? Où sont-ils ? Ont-ils également décidé de se battre ? Et quant à Alycia, je pensais que peut-être elle était avec toi ». Hope avait attendu de la voir arriver à Pré-au-Lard, mais elle n'avait jamais traversé le passage secret ; elle était encore à Poudlard. « Cataleya a traversé en même temps que moi, je lui tenais la main tout le long du trajet », ajouta-t-elle.

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Les effluves du parfum de Hope s'insinuaient doucement dans les narines de Jasper, l'apaisant par les odeurs qu'il dégageait. Le contact chaud de sa peau contre la sienne, la sensation soyeuse de ses cheveux bruns venant caresser de leurs douces pointes les mains du jeune Greengrass, apaisaient ce dernier. Il était dans l'incompréhension totale. Il prenait son repas dans la Grande Salle, rassurant ses amis sur les BUSE puis la peur avait déferlé sur le château entier. Il avait perdu le contact avec eux et quelques secondes plus tard, il sortait de ce goulot étroit et ténébreux. Le rouge, le vert, le jaune et le bleu des capes de ses camarades battaient l'air autour de lui mais mis à part celui de Hope, il ne reconnaissait aucun visage. Ce n'était que des inconnus, des regardes vides et angoissants qui rappelait ceux des Mangemorts derrière leur masque morbide. « Je me suis inquiété, je ne te voyais nulle part. J'ai failli rebrousser chemin pour te chercher... » Il l'aurait fait si deux Gryffondors ne l'avait saisi à bras-le-corps, poussé dans le tunnel et confié la garde et la sécurité d'une élève plus jeune. Et pendant toute la traversée du passage, le visage de Hope et la possibilité de l'avoir abandonné le taraudait. Chaque pas résonnait de sa lâcheté sur les pierres grises et humides. « Je ne crois pas. Je faisais partie des derniers à être évacué, j'ai un peu traîné parce que je trouvais personne que je connaissais et j'ai insisté pour… Pour défendre mes proches et Poudlard. » Hope n'était qu'un nom sur la liste des nombreuses personnes que Jasper espérait retrouver à Pré-Au-Lard. Cyril, Daphné, Astoria, Alycia, Flora, Hestia, Andrew, Charlie, Lilianor… Sa famille et ses amis ne pouvait, ne devait pas être resté au château. Il sentait, dans l'air, il sentait… Sa présence. A lui, à Celui Dont On Ne Prononce Pas Le Nom, au Seigneur des Ténèbres. Un mélange de souffre, d'angoisse, de promesses de souffrance et de morts…

Les mots résonnèrent quelques instants dans l'esprit de Jasper alors que comme une guillotine atrocement effilée, ses pensées étaient coupés net par cette dernière phrase. Et comme une évidence alors, il comprit la raison de bien des choses. « Hope… Alycia, c'est de la folie. Elle doit y être aussi. Avec les cagoulés, là. Elle se bat du côté des Ténèbres… Je lui avais dit que c'était horrible mais l'Aristocratie baigne dedans depuis des millénaires. Je lui ai dit : « Aly chérie, c'est de la folie, le Seigneur des Ténèbres ne pardonne rien, n'attend rien, il tue. C'est son plaisir à lui. C'est de la folie… » Elle ne m'écoutait pas, je le voyais à ses yeux, à son regard. Elle était comme distraite. » Elle savait. Pour l'attaque. Pour lui, pour elle, pour Hope, pour Lili. Elle savait qu'ils seraient en danger, tous, et elle ne lui avait rien dit. Une colère froide s'empara de lui. « Ils ont choisi la peur plutôt que l'espoir, l'obscurité plutôt que la lumière. Ils se sont laissé berner par de fausses promesses. J'espère simplement qu'il ne leur arrivera rien mais on ne les reverra sans doute plus jamais au sein de Poudlard, Hope. Leur prochain foyer sera sans doute Azkaban, s'ils survivent... »

Le chat de Hope était avec elle, se frottant de jambe en jambe, zigzaguant entre les élèves bien qu'apeuré. Il emmenait un peu de douceur alors que des flammes commençaient à lécher la façade du château et la lisière de la forêt alors qu'une énorme masse sombre s'y agitait. « Un putain de géant. » Si Jasper devait reconnaître une chose de bien chez Lord Voldemort, c'était le goût prononcé que ce dernier avait pour le spectaculaire et le sensationnel. A ce niveau-là, Dumbledore n'était pas en reste, cependant et le jeune Lion le comprit bien vite quand il vit une seconde énorme masse sombre foncer sur la première en criant quelque chose entre le prénom et le rôt. Graupppp ! Hope lui raconta tout. Percy… Jasper tenait à elle, c'était indéniable. Ils avaient partagé tant de chose. Si une seule personne avait une chance de s'en sortir en un seul morceau, le jeune Greengrass aurait parié sur elle. Après Alastor Maugrey et Dumby, parce que idoles oblige, nanmého ! « Perséphone est incroyable. Elle va s'en sortir, elle a quelque chose en plus que nous tous, une puissance, une aura magique qu'elle dégage. Son fléreur la reverra bientôt, j'en suis persuadé. » Ce ne pouvait être autrement… Ils partageaient les mêmes passions et tout deux se sentaient à part. Perdre Percy, c'était se perdre lui-même.
Il tourna vers elle son regard. Des larmes commençaient à faire briller leurs quatre yeux. La pomme d'Adam de Jasper roulait à chaque fois qu'il tentait d'avaler sa salive alors que la lèvre de Hope tremblotait légèrement. Elle savait ce qu'il allait dire et elle en avait peur. Il savait ce qu'il allait dire et il en était terrifié…

« Personne. Ils sont tous partis se battre. »

« L'innocence sauve du désespoir »
André Rochette

Bien que les paroles et la présence de Jasper l'apaisaient indéniablement, les mots qu'il prononça ensuite lui firent un véritable choc et eurent pour effet de la faire se braquer complètement. Comment pouvait-il dire cela sur Alycia ? C'était insensé ! Jamais elle ne pourrait faire cela, jamais elle ne pourrait rejoindre les Ténébres... Evidemment, elle avait eu vent de quelques rumeurs durant l'année scolaire, mais elle s'était toujours appliquée à ne pas tenir compte des ragots. Non, définitivement, Alycia ne pouvait pas avoir fait cela... ou du moins, c'était ce que Hope pensait. Douce et naïve petite Hope. Alors, lorsque Jasper avait prononcé ces quelques mots, elle avait immédiatement froncé les sourcils. «Que dis-tu ? Cela n'a aucun sens Jasper. Tu dis n'importe quoi », lui dit-elle. Elle avait parlé de façon assez dure après s'être dégagée de lui, tandis que ses yeux bleus étaient alors plus froids que d'habitude et le regardaient un peu trop sévèrement. Hope était décidément bien naïve et elle avait encore bien des choses à apprendre. « Je connais Alycia, et j'ai également eu connaissance des rumeurs qui couraient sur elle, mais tu sais à quel point je déteste donner de l'importance aux ragots », ajouta-t-elle.

En vérité, Hope n'était peut-être pas très objective, car elle aimait énormément Alycia. La jeune serpentard ne voulait tout simplement pas croire ce que lui disait Jasper et à présent, elle le regardait tristement, un peu perdue à cause de ce qu'il lui confiait. Hope ne voulait pas voir la réalité, elle ne voulait pas croire que les personnes qu'elle aimait et qu'elle estimait aient choisi de suivre les ombres. Pourtant, elle devait bien se rendre à l'évidence. Elle baissa la tête, ses cheveux devant ses yeux. « Tu es certain qu'Alycia a choisi cette voie ? », les mots étaient douloureux, un sanglot lui bloquait la gorge. Elle soupira, aussi. « Je n'aurais pas dû réagir ainsi ». Et sa voix avait des accents d'excuses. « Je sais que tu as raison. Et bien qu'elle m'ait aidée, Lilianor m'a également prouvé qu'il y avait de bien sombres secrets entre les murs de Poudlard. C'est juste que... je n'arrive pas à réaliser que je connaissais si mal mes amis ». Et là, si elle n'était pas déjà si triste, elle aurait été en colère.

Hope fut tirée de ses pensées par Hugin, son petit chat, qui était tout apeuré de voir autant de monde ; aussi devait-il ressentir la peur et l'anxiété des élèves. Depuis les allées de Pré-au-Lard, les élèves pouvaient deviner la bataille qui faisait rage à Poudlard ; ils voyaient quelques lumières et quelques sorts fuser, et puis un géant, aussi, qui avait pris part à la bataille. Et pendant ce temps, Hope continua de tout lui expliquer, avant de retourner près du fléreur de Perséphone. Elle s'assit à même le sol, et commença à carresser doucement le petit animal. C'est alors qu'au loin, un bruit effrayant se fit entendre, le bruit des pierres tombant en fracas le long de la falaise ; la Grande Salle tombait dans le lac noir. « Qu'est-ce que c'était ? » demanda-t-elle, terrifiée. Mais de là où ils étaient, ils ne pouvaient pas tout voir. Hope tremblait de peur pour tous ses amis.

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Le regard de Hope s'était métamorphosé en un instant. Son sourire s'était bloqué en un rictus et ses sourcils s'étaient froncés. Ses yeux étaient devenus durs alors qu'ils se plantaient dans Jasper. Elle s'était braqué. La dernière chose auquel il se serait attendu en ce moment, c'était que Hope mette en doute sa parole. Qu'elle lui fasse morale. Lui, qui sortait avec celle qui se battait actuellement aux côtés des mages noirs encagoulés, aux côtés du camps des mauvais, aux côtés du mauvais camp. Celui des traîtres, des lâches, des avides de pouvoir... Jasper sentit la colère bouillir en lui, déferler dans son corps et opprimer ses poumons, étouffer son cerveau, ankyloser ses bras. Son poing se resserra et ses articulations craquèrent. En même temps que ses nerfs. La colère aigre se mêlant au goût salé des larmes qui venaient humidifier ses joues, il commença :

« Elle me l'a dit. Elle m'a tout dit. Si j'ai pu m'enfuir de cette foutue Grande Salle et que je suis pas déjà un des cadavres qui tapisse Poudlard, c'est parce qu'elle savait tout depuis le début ! Elle savait le jour, l'heure, ce qui allait se passer et ce qu'elle devait faire. Elle n'a pas la marque mais la brune que j'aime, la brune avec lequel je suis sorti. Pas toi, Hope, tu ne connais pas toutes ces choses qu'elle m'a dit ces moments où on était seul. Pas toi, Hope, qui l'a embrassé tous les jours, lui a tenu la main, l'a pris dans tes bras, s'est confié à elle sans se douter un seul instant que ta petite copine était une putain de Mangemort ! Pas toi ! Parce que c'est moi qui suis entrain de le vivre là, maintenant ! Alors tes ragots, ... »

Il s'était tu, ne voulant pas continuer plus loin, de peur d'aller justement trop loin. Alycia l'avait trahi, il n'avait été qu'un pion, un petit soldat, un petit chien qu'on envoyait à sa guise, selon les ordres de sa maîtresse. Il avait perdu Alycia cette nuit-là, pour la première fois. Cette pensée s'inscrivit dans son crâne et à ce moment-là, Jasper ne se doutait pas qu'il perdrait celle qui avait su s'accaparer son coeur une deuxième fois. Au profit d'Aaron. Et une troisième fois. Définitivement. Lorsque la faux de la Mort viendrait projeter son ombre sur la Grande Salle qui s'effondrerait.

« Certain. Tu as raison, il y a des trucs dans cette école... Dangereux mais fascinants secrets. Je regrette de ne pas rester toute ma vie à Poudlard pour en découvrir toutes ses facettes. »

Les sanglots de Jasper s'étaient calmés. Son coeur battait la chamade, ses yeux étaient embués de larmes et il sentit le besoin irrépressible de s'asseoir avant de défaillir. C'en était trop. Alycia, les Mangemorts, Poudlard en ruines... Le lendemain serait sans doute encore plus effrayant que ce soir-là car à la lueur du jour, les ombres des cadavres et des cauchemars ne disparaissent pas pour autant. Le genre d'ombre que Jasper avait cru voir tomber lors de la chute de la Grande Salle, pourvue de cheveux noirs qui lui avait semblé étrangement familier, si bien qu'il pensait pouvoir inspirer ce parfum si entêtant, si enivrant. Mais non, c'était la fatigue qui lui jouait des tours.

« Je ne sais pas, je ne sais plus rien. Je veux juste que ça se finisse, qu'on retrouve Daphné, Cyril, Cha', Lili et Aly tous ensemble et qu'on aille coucher, c'est tout. »

Malheureusement, pour deux d'entre eux, le prochain sommeil qu'ils atteindraient était éternel...

« L'innocence sauve du désespoir »
André Rochette

Les quelques heures qui venaient de s'écouler avaient été éprouvantes pour tout le monde, et Hope ne faisait malheureusement pas exception à la règle. La jeune serpentard était fatiguée et angoissée, surtout, et elle s'inquiétait tellement pour tout le monde que tout cela l'épuisait. Alors elle avait remis en doute les paroles de Jasper, parce qu'elle ne voulait pas y croire, parce que la réalité était sans doute trop dure à supporter, dans un moment pareil. Elle ne parvenait pas à croire tout ce qu'il lui disait sur Alycia McWood, mais après tout, si Lilianor faisait partie des partisans du Seigneur des Ténèbres, pourquoi pas elle également. La réaction de Jasper ne tarda par ailleurs pas. La tirade qu'il prononça surpris Hope au plus haut point car elle n'imaginait pas qu'il lui dise de telles choses. Ainsi, elle s'était trompée depuis le début. Sur tout le monde. Hope avait été assez aveugle pour ne rien voir de tout ce qui se passait dans la salle commune de Serpentard depuis des mois sans doute.

Mais malgré tout, elle refusait que Jasper se permette de réagir d'une telle façon avec elle. « Calme-toi, Jasper », lui demanda-t-elle d'un ton doux, mais ferme, toutefois. Tout cela énervait son ami, c'était normal, et peut-être que Hope n'était pas non plus très délicate dans sa façon de parler. « Alycia t'a fait comprendre tout cela ? Quand ? Dis-toi qu'au moins, toi, tu as eu de la chance qu'elle t'en parle. C'est Lilianor qui m'a prévenue à la dernière minute. Et je me dis que si elle avait décidé de ne pas parler et bien personne n'aurait... ». Elle baissa le regard. « Personne ne m'aurait prévenue ». Sa voix sembla se briser. Hope attendit quelques instants, sans rien dire, tandis qu'elle tentait de retenir les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Elle releva ensuite le menton et attrapa le poignet de Jasper, qu'elle serra doucement. « Mais si elle t'a caché des choses, si elle a décidé de ne rien te dire... tu n'es responsable en rien, Jasper ». Hope craignait qu'il s'en veuille. « Et t'énerver contre moi ne changera rien au problème. Si les choses sont difficiles à supporter pour toi, ce n'est pas en prenant comme prétexte les quelques paroles malheureuses que je viens d'avoir que tu te sentiras mieux. Et puis... ». Hope soupira et marqua une courte pause avant d'enchaîner. « Si Alycia t'a déçu, moi, je n'y suis pour rien du tout ».

Evidemment, Hope comprenait le Gryffondor, elle se doutait d'à quel point tout cela pouvait être difficile pour lui également. « J'espère que nous pourrons au moins revenir à l'école l'an prochain », ajouta-t-elle, inquiète, tandis que la bataille continuait de faire rage au château. A ses pieds, le petit chat de Hope continuait de s'agiter. La jeune fille le prit dans ses bras et tenta alors de le rassurer, mais l'animal devait bien sentir à quel point Hope était inquiète.

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La vie est une rose dont il faut accepter les épines. Quand bien même celles-ci vous blessent, vous détruisent, annihilent un par un tous vos espoirs de leurs pointes crochues et voraces, vous devez l'accepter. Parce que la plupart du temps, vous n'en avez juste pas le choix. Jasper sentait son coeur se faire lacérer de toutes parts, par les révélations d'Alycia, par les doutes de Hope, par l'angoisse de savoir Daphné, Cyril et les autres là-bas, dans cette parodie féroce d'enfer humain. Il le sentait marteler sa cage thoracique, de plus en plus violemment alors qu'une chaleur diffuse mais violente se propager dans tout son corps et qu'il voyait ses mains commençaient à trembler de rage. Le jeune Greengrass n'était pas d'un naturel optimiste, le monde ne lui tombait pas vraiment sur la tête à cet instant, comme les autres en avaient l'impression. Le fardeau qu'il devait se traîner chaque jour était juste plus difficile à supporter. La trahison de Lilianor et de sa bien-aimée le rendait fou, fou de rage. Mais plus encore, elle le blessait au plus profond de son âme, comme si une marque cuisante était venu se déposer sur son dos après le poignard qu'elles venaient toutes deux de lui enfoncer en traître. Tout était en train d'imploser, rien n'allait plus. Sa vue se brouillait, ses nerfs lâchaient, sa voix se faisait d'un coup tremblante, de l'autre dure et caverneuse. Jasper, en cet instant, n'était que le fantôme de lui-même, car son esprit ne cessait de vagabonder jusqu'au château pour chercher son âme soeur.

« Je n'y arrive pas, je ne peux pas. C'est trop d'un coup, là ! Je peux pas supporter qu'elles fassent partie de ces enfoirés... » Il éclata en sanglots. Il avait été si naïf, si crédule, pauvre petite marionnette enfantine qui croyait tout savoir, tout connaitre mais ne se rendait compte que maintenant des mensonges qu'on lui faisait croire pour qu'il trouve le sommeil. « J'ai été complètement aveugle. Je ne voyais qu'elle et ce qu'elle voulait me faire voir même quand elle me disait ces trucs-là... Comme quoi, elle avait des cours avec un mec avec un masque, je sais pas trop, elle y faisait allusion rarement mais j'ai compris que ce type-là, il lui apprenait pas le genre de trucs qu'il y a dans nos manuels. Elle l'appelait avec un nom chelou. Myrtille ou Mysthip, quelque chose comme ça. Elle n'était jamais d'accord avec moi sur Voldemort mais je m'étais convaincu que c'était son côté aristocrate Sang-Pur qui parlait. Qu'est-ce que j'étais con... » Il prit sa respiration, alors qu'il sentait des larmes couler sur sa joue. Jasper craquait, comme jamais auparavant. Il avait toujours su se montrer à la hauteur, rester de marbre quand bien même cela le touchait, le vexait, etc. Là, c'était juste impossible pour lui d'arborer le masque triomphant qui l'étouffait quotidiennement. « Je ne me doutais rien et puis quand je suis sorti ce soir pour aller manger, elle m'attendait. Je sentais que quelque chose la préoccupait. Son sourire était crispée, elle était tendue. Elle m'a tout avoué. Depuis le début. La Grande Salle, la forêt, leurs plans, comment ils l'avaient recruté. Ces mecs étaient préparés comme on ne le sera jamais. C'était censé être un putain de raid éclair et ça m'étonne même qu'il reste des gens pour se battre, quelque chose a dû capoter dans leur soupe. Enfin, bref, toi t'étais déjà descendu, elle t'avait cherché partout dans votre salle commune mais tout le monde t'avait vu partir pour la Grande Salle. Hope, j'ai tellement flippé. J'ai voulu venir te chercher, te prendre et qu'on se sauve mais Alycia... Elle... Elle a dit que si tu y étais, c'était déjà trop tard, que tout était fini... Je l'ai cru, j'étais tellement choqué que je me suis persuadé que t'étais morte. J'ai marché comme un zombie alors que des images de ta dépouille inanimée sur le sol faisait écho dès qu'une pensée faisait irruption dans ma tête. C'était horrible, je pensais t'avoir perdu à jamais... » Il la prit à la taille et l'enlaça alors que des larmes qui avaient coulé précédemment, seul restait les sillons humides tracés sur sa joue.

« Désolé Hope... J'ai eu si peur de te perdre, si peur, si peur... » Il tremblait dans ses bras mais la chaleur qu'elle dégageait et le parfum qu'elle portait était agréable. Elle serait toujours là pour lui, même dans les pires épreuves. Il le savait, elle le savait, le monde ne manquerait pas de le savoir. Ils étaient bien plus que des amis. Ils pouvaient tout se dire, qu'importe la guerre qui éclaterait le lendemain, rien ne changerait pour eux d'eux.

« L'innocence sauve du désespoir »
André Rochette

Jasper avait raison. Tout cela, c'était beaucoup trop d'un seul coup. Hope pensait la même chose que lui et ressentait les mêmes choses également ( quoi que peut-être de façon différente ). Elle se sentait tellement mal et désespérée... Mais elle se rendait à présent compte de comment Jasper se sentait, lui, alors elle tentait de ne pas craquer - même si cela était tout sauf facile à faire. « Ce n'est pas de notre faute, Jasper, ce n'est pas de ta faute. Nous n'y sommes pour rien... On ne pouvait pas savoir... ». Quelque part, Hope se demanda si elle-même croyait en toutes ces paroles qu'elle prononçait ou si c'était juste une façon d'apaiser Jasper. « Alycia et Lilianor ont choisi leur voie et... nous n'y pouvons rien. Même si tu étais intervenu, Alycia n'aurait sans doute pas abandonné ses idées... ». Hope se sentait tellement impuissante face à la détresse de Jasper. Elle ne savait pas comment l'aider, encore moins comment l'apaiser et pourtant elle mourrait d'envie de le soulager de ce poids. Hope posa ses deux mains pâles sur les joues de Jasper. Elle tenta de relever doucement son visage et de lui sourire, mais elle n'y parvint pas. Alors, du bout des doigts elle tentait de faire disparaître les traces des larmes de son ami, comme pour tenter de l'apaiser. Tout doucement elle passait les mains sur son visage, puis dans ses cheveux, pour essayer de l'aider.

Mais tandis que son ami continuait de lui parler, quelque chose attira l'attention de Hope, quelque chose qui commençait réellement à l'inquiéter. « Un homme masqué, tu dis ? ». Ainsi donc, quelqu'un donnait des cours à Alycia depuis des semaines - voire peut-être même des mois - et personne ne l'avait su... « Mais cette personne masquée... Je suppose qu'il ne faisait pas partie du personnel de Poudlard, alors... Comment Alycia pouvait-elle prendre des cours avec quelqu'un d'étranger à l'école alors que Poudlard était en quarantaine ? C'est insensé ! ». Hope réfléchissait à toute vitesse, pour savoir de qui il était question et comment tout cela pouvait être possible. « Es-tu sûr qu'il ne s'agissait pas d'un élève dont elle aurait voulu taire le nom ? ». Peut-être pour protéger son anonymat. Mais quoi qu'il en soit, tout ceci n'inspirait rien de bon à Hope.

Mais en vérité, tout ceci importait bien peu à Hope, pour le moment, en comparaison de Jasper. Il était dans un tel état... si triste, si malheureux... tellement fatigué et coupable, aussi. Cela lui faisait tellement mal au coeur. « Chut... », murmurait-elle doucement en passant encore la main dans ses cheveux pour l'apaiser. Mais elle n'était toutefois pas certaine que cela fonctionne réellement. Elle ne savait plus quoi dire. Et ce fut alors à son tour de prendre Jasper dans ses bras, et de le serrer contre elle aussi fort qu'elle le pouvait. Presque à l'en étouffer. Il commença ensuite à lui expliquer comment tout s'était passé, comment il avait été mis au courant de la bataille et de l'implication d'Alycia. « Jasper je te l'ai déjà dit, et je te le redis encore. Et je continuerai de te le dire tant que tu n'en seras pas persuadé. Rien de tout cela n'est de ta faute, tu n'y es pour rien, tu ne pouvais pas savoir... Alycia et Lilianor auraient dû nous prévenir bien plus tôt... ».

Et puis il parla d'elle, de Hope, de ce qu'il avait imaginé, pensé et compris, de ce qu'Alycia lui avait dit... et cela lui glaça les os immédiatement. Hope se raidit, pâlit aussi, énormément. Sa mine déjà défaite se déconfit encore plus alors qu'elle s'imaginait être restée dans la Grande Salle. Elle imaginait la bataille, ce qu'elle aurait indéniablement vu. Et elle tremblait alors comme une feuille. Fort heureusement, Jasper la prit par la taille et la serra à son tour contre lui. Elle l'enlaça de ses bras, heureuse de trouver une nouvelle fois du réconfort au près de lui. « Moi aussi, j'ai eu tellement peur de ne plus te revoir ». Et tout contre Jasper, elle pleurait à son tour, encore et encore, réalisant qu'elle aurait pu ne plus être là, qu'il aurait pu ne plus être là... « Je suis tellement heureuse et... et soulagée que tu sois là, Jasper. Avec moi. Je suis là, et on restere ensemble, maintenant. N'est-ce pas ? », mumurait-elle contre lui.