Quand ta blague se retourne contre toi || Loukkia

Elle avait besoin d'un peu de divertissement, avait offert la vile Serdaigle à la Serpentard, quelques jours auparavant, dans la lumière artificielle des couloirs, tandis que la pression des examens de fin d'année arrivait à sa fin. Elle entendait encore le vrombissement des déplacements emmêlés des escaliers dans sa tête, telle une effroyable mélodie. Charlie n'avait même pas eu le temps d'expliquer à sa digne camarade - elle prendrait la relève lorsqu'elle partira, elle n'en doutait jamais - l'étendu de son plan machiavélique qui visait le directeur des serpents ; les élèves, ayant des requêtes toutes aussi barbantes, s'étaient jetés sur elle tel des affamés sur un buffet à volonté. Alors elle avait requis sa présence par l'écriture d'une lettre, la veille ; elle l'avait reçue, bien évidemment.

Et elle serait présente en cette fin d'année scolaire, pour mettre en rogne, même s'il n'en montrait jamais la moindre émotion, Severus Rogue. Son directeur de maison bien aimé.

Mais franchement agaçant. Charlie avait encore, coincé dans sa gorge, la terrible envie de vengeance face aux retenues offertes & les points de maison perdus par cette personne, suite à sa mauvaise décision de circuler déchirée au milieu d'un couloir, après le couvre-feu, en pleine nuit. Et c'était une chose vaine d'essayer de justifier la présence de l'homme habillé de noir, à trois - quatre ? - heures du matin, vivant & animé, alors que le reste du château était plongé dans un sommeil réparateur.

C'était à peu près la même situation dans laquelle se trouvait la blonde ; mâchant activement un chewing-gum, vêtue entièrement de noir, ses cheveux remontés en une queue de cheval stricte, coincée dans un ensemble tee-shirt à manches longues & jean banal, telle une véritable ninja. Elle quitta pour la cinquième fois sa cachette pour se faufiler à l'abri des regards lorsqu'un Préfet un peu trop curieux s'approcha dangereusement d'elle. Loukkia devait bientôt arriver. Normalement. Alors elle attendait patiemment sa venue, guettant le moindre bruit suspect, la moindre ombre mouvante. Puis elle arriva, silencieuse. Charlie lui sourit, le regard agité par l'amusement. « Prête ? » annonça-t-elle vivement, affirmant la lueur d'amusement dans ses iris couleur terre. Elle lui tendit le paquet de chewing-gum à la cerise - elle l'avait piqué à Steven, il en raffolait - la pressant de s'en emparé d'un. Puis d'un pas tranquille, elle lui indiqua de la suivre, vers le bureau du professeur de Potions. Elle voulait garde le secret de sa gaminerie jusqu'au bon moment. « Comment vas-tu ? ; tes examens se sont bien passés ? » demanda-t-elle, curieuse. Et un peu soucieuse du bien être de son amie ; elles auraient besoin de toute leur concentration pour parvenir à leur fin.

« Ça va. » murmura-t-elle dans la pénombre du château – si elle pouvait éviter de se faire attraper pour quelques paroles prononcées trop fort, ce serait vraiment parfait. Lors de l'amusement procuré en compagnie de la Serdaigle, elle omettait parfois qu'elle était issue de l'aristocratie ; que ses parents en attendaient toujours beaucoup de sa part, et que ses prouesses scolaires n'en devaient être que régulières. « Ma mère s'en fout un peu, de mes résultats. Et puis elle était un peu comme moi, à mon âge. Le strict nécessaire nous a toujours suffi &, tant que j'ai mon année, tout baigne. Mon père, et bien écoute, je lui demanderai la prochaine fois que je lui rendrai visite, au cimetière. » plaisanta-t-elle, réfrénant son rire lorsqu'elle croisa le regard de Loukkia, bouche bée. Roh, si on pouvait plus rigoler de ses morts sérieusement. « Plus sérieusement, j'ai assuré, vraiment. Karkaroff va s'en mordre les doigts. »

« Ses parents » ne regroupaient que son père & sa mère biologiques ; Osborn n'entrait pas en compte même quand elle désignait sa famille. Elle ne le désignait jamais. Ne lui adressait plus le moindre regard et répondait par un geste pas très conventionnel lorsqu'il daignait lui adresser la parole de sa voix de velours. Il avait trahi sa confiance ce jour-là, embarquant sa mère, la jolie Johanna, dans son cercle vicieux ampli de mensonges.

Traversant les vastes couloirs dans une ambiance tranquille, l'impatience des deux jeunes filles se faisaient ressentir. Elles marchaient d'un pas assuré, leur chevelure dorée se balançant au rythme de leur avancement. La porte massive du bureau de Severus Rogue trônait devant eux, et Charlie arrêta le cheminement de l'autre blonde en passant un bras tendu devant elle. Elle déposa un doigt sur ses lèvres recouvertes d'un rouge à lèvres sombre, intimant silencieusement de faire le moins de bruits possible, puis colla son oreille droite ornée d'un brillant discret pour écouter attentivement les bruits de l'autre côté, pendant ce qu'il sembla être une éternité. Sans qu'elle n'eut besoin de lui demander, Shafiq se posta dans un coin et fit le guet. Bien.

« Okay, c'est bon. La voie est libre. » elle dégaina sa baguette de Frêne, puis la pointa vers la serrure « Alohomora. » et un clic retentit, alors que la porte s'ouvrait dans un crissement horriblement long. Putain. Pour la discrétion, on repassera. « Viens ! » murmura-t-elle fort – ce qui, en fin de compte, la fit parler normalement – et pénétra dans la pièce sombre à l'image de son directeur de maison. Y trônaient quelques fioles dont le contenu était particulièrement bizarres & certainement pas inoffensifs, et en son centre reposait un bureau aux nombreux tiroirs. Satisfaite, elle sourit de plus belle et déposa ses mains vernies sur ses hanches. Elle traversa la distance qui la séparait du bois de la table, et s'assied dessus pour finalement y déposer son chewing-gum gluant. « Alors alors.. » elle posa un doigt sur son menton, faisant mine de réfléchir, faisant languir au maximum la belle Loukkia. « Donc ! voilà le plan ; on va foutre du chewing-gum dans tout le bureau de Roro. »

Elle était satisfaite de son effet sur la Serdaigle, qui semblait totalement désemparée face à la bêtise de la soirée. Oui, elle faisait cette effet-là à tout le monde. Loukkia, après des centaines de coups tordus exécutés avec la vipère devrait connaître son goût pour la surprise, non ?

« Aurais-tu peur de te faire prendre, Shafiq ? » déclara-t-elle, vicieuse. A quoi pensait-elle, au juste ? Les deux jeunes filles n'allaient pas passer leur soirée dans le bureau lugubre de leur professeur de Potions, tout de même. « Evidemment qu'on va utiliser un sortilège. » continua alors Charlie, lasse de devoir toujours tout lui expliquer, tout en se dirigeant d'un pas assuré vers la porte de bois. Elle la referma à clefs, peu enthousiaste à l'idée de se faire prendre par la future victime de leur plan machiavélique. « même s'il y aurait plus de mérite à le faire sans magie, je te l'accorde. »

Puis, elle dégaina sa baguette de Frêne, amusée, sautillant comme un lutin de Cornouailles. « Alors.. Par où vais-je commencer. » C'était à la fois excitant & terriblement dangereux de se trouver ici ; il y avait toutes sortes de liquides reposant dans des fioles sur les étagères de bois, ainsi que des ingrédients plus ou moins mystérieux dans les tiroirs de son directeur de maison. Elle en prit quelques-uns – quoi ? autant en profiter une fois qu'on y était – qui serviraient certainement à alimenter son coffret offert par les deux autres mousquetaires. Au cas où, elle le planquait toujours dans son tableau à double dimensions, ne voulant vraiment pas se le faire voler par n'importe qui ; ou n'importe quoi.

Enfin, qui serait assez fou pour vouloir voler quelque chose appartenant à Charlie, ça, c'était une bonne question.

Elle fit rouler la branche dans ses mains, jouant avec la matière de ses ongles vernis, réfléchissant. Puis, elle se dit qu'elle allait commencer par le splendide bureau, qui était présent au centre de la pièce. Il était sculpté par endroit, et l'on pouvait très facilement y deviner quelques dessins de feuilles et de branches qui donnaient une sensation de vie intrigante. & assez déstabilisante, il fallait l'avouer. Elle pointa d'assez loin le chewing-gum, encore sur le bureau du professeur, peu confiante quand au résultat que son sortilège donnerait.
« Amplificatum ! » Puis sa magie d'un vert brillant jaillit ; le bonbon grossit, grossit encore, & recouvra presque toute la table, presque indiscernable sous la masse imposante de la matière rose qui dégoulinait sur le par terre.

« Okay, ça marche, nickel ! » annonça-t-elle un peu fort. Et c'était un peu dégueu, alors c'était génial. « vas-yyyy, essaie ! » s'amusa-t-elle à demander à son acolyte. Totalement impatiente d'admirer le résultat.

Oh, elles allaient bien s'amuser.