Le taxi s'arrête, ses roues grinçant sur la chaussée humide. Nora attrape sa valise posée sur la banquette arrière, paye le chauffeur et le remercie d'un sourire. Il est le seul à avoir bien voulu l'emmener aussi loin de la gare à cette heure-ci, après tout. Elle soupire en réalisant qu'il pleut encore. À peine quelques gouttes, mais assez pour qu'elle soit mouillée bien avant d'arriver au château. Elle remonte la capuche de sa veste et boutonne celle-ci jusqu'en haut dans une vaine tentative pour se protéger du froid. Elle embrasse d'un regard le domaine tel qu'il est visible depuis la route, mais il commence à faire trop sombre pour qu'elle discerne plus que la silhouette du château et la forme des arbres.
Nora baisse la tête, rentre les épaules, et s'aventure sur le chemin qui la ramène à ses études avec une détermination renouvelée. Le domaine est magnifique, presque autant que celui de Poudlard, bien qu'elle ressente une certaine déception qu'il n'y ait pas de lac - mais la rivière devrait convenir aux baignades nocturnes.
Elle se fige à quelques dizaines de mètres du château, relève le nez pour en apprécier l'architecture. Elle sent une curieuse nostalgie l'atteindre. N'est-ce pas cette exacte sensation qu'elle a ressenti son premier jour à Poudlard ? Un mélange d'émerveillement et d'excitation unique en son genre. L'impression qu'un millier de possibilités s'ouvraient devant elle et qu'enfin, elle serait libre d'être qui elle désirait. Seulement, ça n'avait été qu'un doux mensonge, puisqu'au final elle n'avait pas pu - pas su ? - suivre ses aspirations. Peut-être que cette fois serait différente ?
Elle rejette ces pensées pleines de doutes pour pousser la porte d'Haveirson. Le hall d'entrée dans toute sa splendeur l'accueille, et comme des années plus tôt elle se sent soudain minuscule, insignifiante. D'autant qu'il est vide à cette heure-ci, déserté des élèves sûrement tous déjà dans leurs salles communes. Elle sort de sa poche la lettre qu'elle a reçu du Comte. «
Vous intégrerez, lors de votre première année d'études, la Confrérie Phénix ! Celle-ci se trouve dans l'aile ouest du château. » Un panneau d'affichage attire son attention, et elle se penche sur la carte du domaine qui s'y trouve. L'aile ouest...
Une vingtaine de minutes plus tard et après s'être perdue trois fois, elle finit finalement par trouver la porte sur laquelle est gravée «
SALLE COMMUNE - CONFRÉRIE PHENIX ». Un bruit de musique et de voix s'en échappe, ainsi qu'une agréable chaleur. Elle ouvre la porte en marquant une légère hésitation, ne s'étant pas vraiment attendue à ce que des étudiants soient encore debout...
La porte entrouverte, la main sur la poignée, elle se fige. Ses yeux s'agrandissent de surprise quand elle voit la foule d'étudiants rassemblés, visiblement en pleine festivités. C'est un véritable florilège de robes de soirée et autres tenues chic, de verres à la main et d'éclats de rire. La salle en elle-même démontre un faste impressionnant qui laisse Nora perplexe. Même Poudlard ne lui paraissait pas si luxueux. Habituée des appartements rongés par l'humidité et mal meublés, elle se sent soudain moins à sa place qu'un rat dans un cours de potion. Voyant que certains ont remarqué sa présence, elle lâche la porte derrière elle et tente de reprendre contenance. Soudain, les trous dans sa veste en cuir et les tâches sur son jean lui paraissent beaucoup plus gênants. Arrêtes tes idioties, tu t'en fiches. C'est juste des fringues, tâche-t-elle de se convaincre. Depuis quand le regard des autres t'importe tant ?
Elle s'éclaircit la voix, avant de demander un peu à la cantonade : «
Dites, vous pourriez m'indiquer les dortoirs de Phénix ? » Elle se rend compte un peu tardivement qu'elle ne s'est même pas présentée, et rajoute avec une expression contrite : «
Je suis Nora Randall, je viens d'arriver en première année de Vétérimagie. Désolée si je... casse un peu l'ambiance. Il y a une fête ou c'est comme ça tous les soirs ? » Sans qu'elle le veuille, le sarcasme s'est glissé dans sa voix. Elle n'a qu'une envie, là maintenant, c'est de prendre une douche... Et de mettre quelque chose de sec, prie-t-elle en sentant l'eau couler de ses cheveux jusque dans son dos.
- Résumé:
Nora arrive dans la salle commune une valise à la main et l'air trempée. Elle demande où se trouvent les chambres.