Winterfell

Malva se posa en douceur sur la pelouse vert tendre et descendit de son Eclair de Feu avec légèreté.
Elle regarda autour d'elle et sourit avec mélancolie.
Toute son enfance était là, dans cette grande forêt, dans ces ruines abandonnées qui autrefois avaient été un imposant château de pierre froide. Les rebelles avaient tué tout le monde, sauf elle. Elle serra les poings.
Oh! elle les haïssait, elle les haïssait tous jusqu'au dernier! Ils avaient tout détruit, semé la panique, tout tué, tout brûlé.
Malva sursauta.
Et si...
N'écoutant que son coeur, elle se précipita dans la forêt. Le soleil passait au travers des branchages et donnaient à la forêt une luminosité magnifique. Mais la jeune fille n'y fit guère attention.
Elle arriva enfin à son but et leva la tête pour contempler la tour. Elle eut un demi-sourire.
Toi non plus tu n'es pas morte...
En effet, la tour avait été épargnée aux flammes des rebelles. Les corneilles étaient toujours là, comme si elles attendaient que Bran vienne leur donner des miettes de pain.
Bran...Elle sentit son coeur se serrer. Elle avait toujours adoré son cousin, âgé de deux ans de plus qu'elle. A l'époque il avait sept ans quand s'était produite l'attaque des rebelles, tandis que Malva n'en avait que cinq.
Bran qui adorait l'escalade, et surtout monter tout en haut de cette tour.
"Là-haut, il n'y a plus personne...rien que toi et la liberté." lui disait-il souvent.
Bran qui aimait tellement grimper qu'un jour oncle Eddard lui avait dit en riant:
"Tu n'es pas mon fils, mais un écureuil."
Et tante Catelyn qui avait ordonné que l'on façonne un Bran en glaise, et de jeter la potiche du haut de la tour pour lui faire comprendre le danger, mais lui s'était contenté d'éclater de rire en voyant son image se casser en mille morceaux et de dire:
"D'abord, je ne suis pas en glaise, et ensuite, je ne tombe jamais."
Bran qui cependant est un jour tombé...Bran qui a frôlé la mort de près, Bran qui a survit par miracle, Bran qui est devenu infirme et n'a plus jamais put grimper...
Bran qui s'est finalement fait tuer par les rebelles.
Malva se mit à pleurer, par petits sanglots muets.
Rickon, qui n'avait que trois ans, Arya, âgée de neuf ans qui aimait tant l'escrime, Sansa, onze ans, qui fesait le bonheur de la vieille Mordane, Robb, ainsi que Jon surnommé Snow, tous deux âgés de quatorze ans et tous deux d'un courage exceptionnel...tous avaient étés massacrés sans pitié par ces chiens de rebelles.
Malva reporta son regard sur la tour. Soudain, la voix de Bran résonna dans son esprit, comme un écho:
"Je ne tombe jamais, je ne tombe jamais...jamais...jamais..."
La jeune fille sursauta
Bran!
Maintenant elle le savait, plus aucun doute. Elle serra les poings rageusement.
Bran n'est pas tombé de lui-même...C'est quelqu'un qui l'a poussé!

Bran revenait enfin à Winterfell. Il pensait les blessures du passé cicatrisées, et se sentait prêt à revoir son ancienne demeure. Cela faisait tellement longtemps...Il avait erré douze ans durant. Il renifla l'air, et se lécha les babines. Il trouvait ce lapin succulent. Il s'approcha de la tour, mais découvrit qu'une jeune personne s'y trouvait déjà.
Il retroussa ses babines et se mit à grogner, menaçant. Douze ans passés sour la forme d'Eté lui avait donné les habitudes d'un loup, et un loup était un animal sauvage, un être qui n'était pas habitué à la présence humaine. Humain...Il l'avait jadis été. Et il aurait tellement aimé le redevenir. Mais s'il était là, sous cette forme, c'était déjà grâce à Eté.
#Je devrais être mort# songea-t-il.
Puis il repporta son attention sur la jeune fille. Il n'allait certes pas la manger, bien que certains loups mangent les hommes, il n'oubliait pas qu'il avait été humain, et quoi qu'il arrive, il n'était pas cannibale, ah mais sûrement pas!
Puis il croisa le regard de la jeune humaine. Des yeux verts...si verts...il avait déjà vu ce regard quelque part. Et des cheveux d'un noir de jais, longs, bouclés, ébourriffés...Un physique digne d'une Stark.
#Mais les Stark ne sont plus...#
La jeune fille semblait ne pas l'avoir vue. Soudain, elle prononça son nom. Bran...un nom qui n'avait pas été prononcé devant lui depuis douze ans. Cette jeune personne le connaissait-elle?
Il s'approcha d'elle, en cessant de montrer les crocs, mais toujours prudemment, l'oeil aux aguets.

Malva sursauta en entendant du bruit et se retourna, en écarquillant les yeux. Devant elle se trouvait...un loup. Elle recula, lentement. Mais ce dernier n'avait pas l'air d'avoir de mauvaises intentions. Il semblait méfiant, tout comme elle. Malva s'agrippa à la roche de la tour, comme pour se rassurer par la présence de cette dernière. Un loup...symbole des Stark. A Winterfell, demeure des Stark...De plus, ce loup n'avait pas l'air d'avoir l'intention de l'attaquer. Malva regarda ses yeux et sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Seule les Stark avaient des yeux comme ça. Seul les Stark avaient des yeux si verts...
(Mais les Stark ne sont plus...Je suis la dernière Stark.)
Ce loup lui rappelait vaguement quelque chose. Jadis, le même, exactement le même, sans compter les yeux, jouait avec Nymeria, s'entendait bien avec elle, tandis que leurs maîtres s'amusaient gaiement. Malva déglutit, et regarda le loup.
E...Eté?
Elle fronça les sourcils. Eté était exactement comme ça, sans compter les yeux. Seuls les Stark avaient ces yeux...

Eté. Elle avait prononcé le nom d'Eté. C'était une Stark. Mais qui? qui? Sansa? Non, si Sansa était toujours en vie, elle aurait 23 ans, et cette jeune fille ne faisait pas cet âge là.
Arya alors? Non plus...Bran avait retrouvé le corp d'Arya, et cette dernière était morte.
Ou peut-être...Malva? Oui, oui c'était bien possible. Bran n'avait jamais retrouvé le corp de Malva, et si sa cousine était toujours en vie, elle aurait 17 ans. Quoique cette fille était un peu frêle pour son âge, Bran était convaincu qu'elle avait 17 ans, convaincu que c'était sa chère Malva.
Il s'approcha d'elle et la regarda. Comment faire pour qu'elle, elle le reconnaisse?
Il poussa un petit gémissement plaintif, et lui lécha la main de sa langue rapeuse. Soudain, il s'aperçut que cette main n'était pas en chair, mais en acier.
#Mais qu'est-ce que c'est que ça?#
Mais une autre question lui trottait dans la tête: comment faire comprendre à sa cousine qui il était. Soudain, il leva les yeux vers la tour. Les corneilles étaient toujours là. Ils pensa avec un sourire intérieur:
#Les loups ne montent pas aux tours, ni à rien d'ailleurs. C'est bien connu mon pauvre vieux!#
#Oui, mais les humains si. Toi, en particulier...#
Une idée frappa soudain le loup. Il attira l'attention de Malva en se dressant sur ses pattes arrière, et en posant celles d'avant sur la pierre. Comme s'il voulait escalader.

Malva sursauta quand le loup lui lécha sa main en acier. Il avait cessé d'être méfiant. Comme si il la connaissait. Alors il s'agissait vraiment...? Non, Eté n'avait pas ces yeux...ces yeux...les yeux des Stark.
Soudain, les loup se dressa sur ses pattes arrières et posa celles d'avant sur le mur de la tour. Mis dans cette position, il était plus grand qu'elle. Il aurait put se jeter sur elle et la dévorer en un rien de temps. Elle frissona à cette pensée. Non, ce loup avait un comportement étrange envers elle, il n'était pas menaçant, il était...amical. Oui, c'était le mot. Amical.
Le loup semblait vouloir...Non, c'était insensé voyons, un loup n'escaladait pas. De toute façon, eut-il été humzin, seul Bran avait jamais réussit à monter au sommet de la tour à mains nues.
Et ce loup voulait monter? Ce loup aux yeux des Stark? Broutilles, voyons!...Broutilles? Peut être pas...On aurait crut que le loup essayait de lui faire comprendre quelque chose. Soudain, une idée lui traversa l'esprit. C'était tellement insensé! Mais ça valait la peine d'essayer. Elle s'en rapprocha et murmura d'une voix hésitante, pleine d'émotion:
Bran...Brandon...Brandon Stark...?

Malva jeta un dernier regard à l'effigie d'Eddard Stark, son oncle décédé, puis quitta la crypte obscure. Elle remonta les étroits escaliers en colimaçon, et déboucha sur la cour.
Elle jeta un coup d'oeil à la tour Est du château: pour le moment, c'était la seule partie que Brandon et Malva avaient amenagée, mais c'était suffisant pour qu'ils puissent y vivre. Ils avaient juré de s'occuper du reste plus tard. La jeune femme se dirigea vers les écuries, et y entra. Deux chevaux étaient dans leur boxes. L'un était noir, l'autre alezan. Malva prit le seau qui contenait les granulés pour les chevaux, et en distribua une ration à chacun, en leur flattant l'encolure.
Puis elle se dirigea vers le coin de l'écurie où étaient rangées deux selles, ainsi qu'une cravache. Elle se saisit de la cravache, puis prit une selle et revint vers les chevaux
Alors...lequel de vous deux vais-je monter aujourd'hui?
Les chevaux l'écoutaient attentivement, un peu comme si ils comprenaient ses paroles. Elle sourit
Non, pas toi Danseuse, désolée! dit-elle en s'adressant à la jument noire.
Je t'ai déjà chevauchée hier, chacun son tour!
Puis elle se tourna vers le fougueux étalon alezan
Allez mon beau Blagueur, à ton tour!
Elle le sella, lui mit les mors, puis passa les rennes autour de son cou.
Tout doux, mon beau, tout doux...
Elle le sortit de son boxe, puis mit son pied gauche dans l'étrier et, prenant son élan, passa sa jambe droite par-dessus et l'enfourcha aisémment. La vue de Bran affolait les chevaux, mais ce dernier était partit chasser, il n'y avait donc pas de meilleur moment pour une petite séance d'équitation.
Elle le mit d'abord au pas, pour l'échauffer. Ils firent deux fois le tour de la cour, puis elle pressa légèrement l'allure et le mit au trot, tout en se soulevant régulièremment de sa selle pour se rasseoir, comme elle l'avait appris.
A dix-sept ans, Malva était une cavalière née. Elle avait apris à trois ans, et chevauchait avec beaucoup d'aisance et de grâce.
Puis elle mit Blagueur au galop, et sourit. Elle adorait cette impression de légèreté que lui donnait cette allure rapide.
Soudain, elle arrêta son cheval en tirant sur les rennes, voyant au loin quelque chose...ou plutôt quelqu'un.

Lorsque David se réveilla ce matin là, le soleil filtrait à travers la fenêtre et les rideaux de la chambre du jeune homme. Aujourd'hui, il avait décidé de rendre une petite visite à Malva, car cela faisait à présent trois jours qu'il ne l'avait pas vu. C'était beaucoup pour lui ! David prit le temps de prendre un bain chaud, puis il s'habilla, avant de prendre son petit déjeuner. Vers onze heures, David quitta sa maison, et transplana. Il arriva dans une très grande plaine. Au loin, on pouvait apercevoir un magnifique château. C'était la demeure de Malva. Par contre, il paraissait un peu à l'abandon... David avança alors vers le château, en cueillant quelques petites fleurs qu'il pouvait trouver sur cette plaine. Plus à plus qu'il avançait, le jeune homme remarqua que les fleurs qu'il avait cueillit n’étaient pas suffisantes pour faire un joli bouquet. Après quelques instants de réflexion, il utilisa un sortilège, et de magnifiques roses apparurent.

David sonna à la porte. Personne ne répondit. Peut-être était-elle dans la cour. Le jeune homme fit alors le tour du château, et aperçu Malva qui faisait du cheval. Apparemment, celle-ci venait de le remarquer. Le jeune homme s'avança vers elle, et une fois qu'elle fut descendu de son cheval, David l'embrassa.

"Salut Malva! Tiens c'est pour toi!" Dit-il en lui tendant le bouquet de fleur avec un grand sourire.

Elle fronça les sourcils. La "chose" au loin se rapprochait. Blagueur frémit, Malva le sentait stressé. Pour le calmer, elle lui flatta l'encolure, en lui murmurant des mots doux.
Son cheval couchait les oreilles en arrière, signe qu'il était méfiant. Malva se mordilla la lèvre inférieure. Il était très nerveux, voilà pourquoi, même en étant une cavalière confirmée, il la faisait réguliéremment tomber...
Puis il y eut un bruissement. Le cheval hennit. Malva se sentit paniquer. Puis soudain, un corbeau s'envola d'une branche de l'arbre près duquel elle se trouvait.
Elle soupira. C'était donc la raison de l'énervement de l'étalon ! Pffff ! Gentiment mais fermement, elle lui dit:
Regardes-toi, gros malin ! Un vrai froussard ! Tu n'es plus un poulain ! Avoir peur d'un simple corbeau, à ton âge ! Pffff !!!
Elle lui donna un petit coup de cravache dans les flancs, pour qu'il reprenne son allure rapide, et il obtempéra.
Le galop reprit, vif et régulier.
Tout à coup, le cheval hennit et fit un écard brutal. Malva se cramponna à la crinière.
Holà, tout doux...tout doux...
Mais Blagueur, refusant de se calmer, fit une ruade, et Malva, sans comprendre la raison de son affolement, fut secouée, et tomba en arrière. Heureusement, elle eut le réflexe de mettre ses mains derrière sa tête, pour se protéger. Elle avait juste eu le temps de deviner qu'une personne avait effrayé Blagueur.
Sans se soucier de connaître l'identité de cette personne, elle se dirigea vers son cheval pour le récupérer et le calmer, tout en s'adressant à la personne, sans la regarder.
NON MAIS CA VA PAS LA TETE !!! MAIS VOUS ETES COMPLETEMENT MALADE !!! IMAGINEZ UN SEUL INSTANT QUE JE ME SOIS BRISE LES CERVICALES !!! C' EST MA MORT QUE VOUS VOULEZ ???
Elle attrapa son cheval par les rênes, et se retourna pour faire face à son interlocuteur.
Quand elle vit qui était là, elle rougit aussitôt d'avoir crié aussi fort, surtout sur une personne qu'elle aimait autant.
D'un ton affreusement gêné, elle lui dit:
Oh euh...salut David. Désolée, je...je...Si j'avais su, je...je n'aurais pas...enfin, tu comprends, mon cheval est assez nerveux et...
Mais visiblement, le jeune homme ne lui en voulait pas, car il l'attira contre lui et l'embrassa.
Elle sourit, et celui-ci lui tendit un bouquet de roses magnifiques. Elle le regarda un long instant, étonnée, puis son teint s'empourpra pour devenir écarlate, pour s'associer à la couleur des fleurs.
Ben oui, c'était pas tous les jours qu'on lui offrait des fleurs !
Elle prit les bouquet qu'il lui tendait et le porta timidement à son nez, pour en sentir le parfum délicat.
Elle lui sourit.
Oh, c'est vraiment trop gentil, il ne fallait pas, je...
Elle déposa un baiser sur sa joue, avant de sourire à nouveau.
Alors dis-moi, qu'est-ce qui te fais sortir de ta magnifique demeure avec je-ne-sais combien de piscines et une infinité de domestiques, pour venir dans ce trou perdu ?
Elle se dit que sa séance d'équitation est, bien évidemment terminée. A pieds, elle se dirigea donc vers les écuries, en compagnie du jeune homme. Elle aurait bien voulut prendre sa main, mais avec les rênes dans une main, et le bouquet dans l'autre, c'était plutôt difficile !