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 Douce promenade

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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyJeu 25 Juin 2015 - 16:17

Dès lors que leurs yeux se lièrent de nouveau, en une caresse aussi attentive que fascinante, Rowan s'émerveilla de l'immensité du sentiment qui le submergeait désormais. Il avait la curieuse impression que cette étreinte se soustrayait aux rouages du temps, et que ce dernier avait même cessé d'exister concrètement autour d'eux. C'était à peine si la colonne de lumière, qui transperçait les frondaisons faméliques du bois, rejaillissait suffisamment pour témoigner d'une quelconque temporalité. Définitivement indéterminable.

Incapable de voiler ses émotions, ni de soumettre son corps à des directives raisonnées, l'ancien Serpentard se sentait presque mis à nu face à sa camarade de Phénix. Il n'avait jamais été aussi authentique, que ce soit avec lui-même ou avec un de ses proches. En vérité, de toute sa vie, aucune occasion semblable ne s'était présentée.

Tandis qu'il se plaisait à contempler les traits délicats de la petite Française, il perçut l'attention de cette dernière qui s'attachait à lui. Comment résister à de telles observations, loin d'être anodines ? Impossible. Plus rien ne pouvait se targuer de le retenir. Ni les conventions, ni les inquiétudes. Et quitte à s'abandonner à son humanité, autant que ce soit auprès d'elle.

Elle qui, tout à la fois, le brisait en un milliers d'éclats avant de le bercer d'une allégresse délicieuse. De le rendre homme comme il ne l'avait jamais été, jusqu'à être capable de s'affirmer en tant que tel. Et de l'affronter sans tarder dans un combat perdu d'avance.

De ses doigts fins, précautionneux, il effleura la joue d'Anna avec une infinie douceur. Tout en lui rayonnait. Son regard pétillait d'une tendresse profonde, en parfait écho avec son corps, irradiant d'une chaleur passionnée qu'aucun tissu ne pouvait espérer étouffer. Et qu'importe, si le désir se mêlait ardemment à l'espoir et à l'attachement.

Ce partage auquel il aspirait de plus en plus, se ferait sans condition ni retenue. Quoi qu'il advienne.

Les martèlements frénétiques de son cœur s'accentuèrent, gagnant de leur chant guerrier ses oreilles. Et il ne douta plus que tout son corps accompagnait la folie doucereuse de son esprit. Que craignait-il à se laisser guider par la soif nouvelle qui vrillait sa gorge ? Plus rien. L'effleurement devint alors une caresse plus affirmée et lente. Il se délecta du frisson de sa camarade, espérant être à l'origine d'un vertige aussi exquis, et il ne manqua pas de s'éblouir ensuite de ce besoin lancinant de s'abandonner à elle.

Il s'était à peine captivé de ce fait qu'elle vint à lui aussitôt. Leurs souffles se rencontrèrent l'espace de quelques secondes, puis s’effacèrent derrière l'étau des lèvres d'Anna. Cette fois-ci, c'est lui qui frémit jusqu'à s'en crisper les reins. S'appuyant sur un instinct qu'il méprisait ordinairement, Rowan intensifia la prise de sa main dans le dos de la petite Française, l'invitant à se serrer d'autant plus fort contre lui. Il désira âprement lui transmettre tout le bien qu'elle lui faisait, et la sentir brûler entre ses bras de la même fantaisie. Jusqu'à s'en consumer tous les deux.

Il laissa derrière lui le monde, pour se concentrer uniquement sur elle. Et lui rendre ce baiser qui manquait de l'étourdir tant il l'obsédait. Il alla aussi à sa rencontre, tout en douceur, prenant le temps de glisser leurs bouches l'une contre l'autre. De la découvrir autrement et sans la brusquer, à la fois enivré de hardiesse et craintif de la blesser. Tant pis si son souffle lui manquait et que tout son être tremblait d'euphorie. Tant pis si son corps prenait des libertés évidentes. Tout ce qu'il voulait, c'était Anna.

Un tourbillon de sensations l'animait de toutes parts, sans commune mesure avec ce qu'il avait déjà vécu. Et il n'escomptait pas s'arrêter en si bon chemin. Sa main gauche se faufila dans le cou de la jeune femme, osant y déposer une légère caresse, alors qu'il s'adonnait à des embrassades davantage passionnées. Dans l'espoir que ses lèvres parviendraient à la conduire au plus près de ce feu, diablement ravivé par sa seule existence à ses côtés. Il ne quitta pas un seul instant sa proximité, se grisant sans cesse de pouvoir accéder à ces ornements ondulés, de les étreindre et de les louer par divers mouvements de sa propre bouche.

Le seul écart qu'il s'autorisa, à bout de souffle et chancelant, fût celui de remplir ses poumons d'un air nouveau.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyVen 26 Juin 2015 - 0:58

Lorsque ses lèvres vinrent chercher les siennes, elle le sentit trembler. Puis il répondit à son appel, elle sentit la pression de son bras augmenter, la serrant ainsi plus contre lui encore. Elle-même passa ses bras autour de son cou, l’obligeant à se rapprocher d’elle un peu plus.

Puis elle le laissa les diriger, elle s’effaça sous ce baiser. Il n’était pas pour elle, elle lui offrait complètement. Elle se perdit à son profit, le laissant rayonner dans un moment qu’elle lui destinait. Elle sut un peu plus qu’elle se perdait. Que lui donnait-elle avec ce baiser ? Personne n’aurait su le dire réellement. Elle avait juste sentit que c’était ce qu’il fallait qu’elle fasse. Quelque chose la poussait indéniablement vers lui, cette même chose qu’il l’avait retenu de le briser quelques minutes auparavant, où ils avaient manqué de peu la fin totale de toutes sortes de relations entre eux. Anna n’expliquait ce besoin de vouloir le sauver de lui-même. C’était un rôle qu’elle endossait régulièrement pour d’autres aussi. Néanmoins la volonté qu’il avait de prévenir chacun de ses gestes, sa douceur et ces mots qui étaient venus changeaient tout ce qu’elle avait connu jusque lors. Personne ne l’avait vu aussi hideuse, pas à ce point, et pourtant il était resté. Il avait tenu bon et même avait continué à s’avancer comme si tout cela n’avait pas d’importance. Elle l’avait vu blessé par elle, pourtant il avait persisté, elle n’avait pas eu la force de l’achever, elle l’avait rattrapé.

Désormais il était là, elle le sentait plus près d’elle qu’il ne l’avait jamais été. Sa bouche lui répondit enfin, avec sa prévenance habituelle il resta doux mais en même temps plus pressant. Sa main se glissa dans son cou, et sans qu’elle est prévu cette réaction de son corps, elle sentit une chaleur montée en elle. Subitement elle se surprit à prier qu’il ne la retire jamais. Son souffle à elle aussi s’accéléra. Elle oublia quelques instants les douleurs qui ne manqueraient pas de venir, balaya le futur, l’envoyant valser et ne garda avec elle que le moment présent. Ce moment où il était entier et à elle. Un sentiment de grandeur la saisit, c’était elle qui le sortait de ses éternels schémas qui l’empêchaient de profiter simplement des moments et des choses.

Lorsqu’il se recula pour reprendre le souffle qui leur manquait, elle posa sa main droite sur son cœur et l’empêcha d’avancer encore. Elle le regarda une fois de plus, il était toujours là, plus que jamais. Elle dévora ses pétillements qui dansaient au fond de ses yeux, ses joues rosies, ses lèvres qu’elle venait de rougir. Puis elle sourit enfin pour la première fois depuis qu’elle était rentrée dans la clairière, son sourir fit ainsi disparaître les dernières traces d’eau qui pouvait encore s’y trouver. Puis elle lâcha :

-Rowan Westminbrok, je ne sais pas qui vous êtes exactement mais je veux le savoir, tant que je n’estimerais pas que je vous connais assez, vous devrez me supporter. Et enfin, combien de filles avant moi on eut la même chance ? Elles doivent regretter de vous avoir laissé filer si elles y ont goûté.

Elle devait bien avouer qu’elle avait apprécié ce moment plus qu’elle ne l’aurait dû.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyVen 26 Juin 2015 - 17:32

Cette étreinte puissante et douce le possédait de toute part, et ce même après qu'il se soit légèrement écarté pour reprendre sa respiration. L'ancien Serpentard sentait encore la chaleur de sa camarade contre lui, imprégnant l'étoffe de ses vêtements aussi bien que le grain de sa peau. A peine comparable à une brise fugace et enflammée, dont le souffle bienvenue quittait peu à peu son épiderme.

Ses yeux opalescents caressèrent les traits du visage d'Anna, avec une prévenance discrète mais réelle. De la même manière, il s'émerveilla sans retenue pour le sourire qui s'y afficha progressivement. Emporté par l'attachement qu'il lui manifestait ostensiblement, il ne chercha pas à se maîtriser ni à altérer la sincérité de ses émotions. Tout lui venait sans filtre, d'une immensité doucereuse et exaltante, et son corps lui-même s'accordait des suggestions évidentes quant à son inclination.

Face à elle, tant que son cœur pouvait scander la mélopée de son âme, il lui importait peu de s'occuper du reste.

Rowan porta lentement ses doigts libres sur ceux de la petite Française, jusqu'à les lier contre son torse. Il chérissait sa proximité et escomptait bien le lui montrer aussi longtemps qu'il en serait capable. Toutes ces sensations éprouvées ne fonctionnaient que dans une perspective de partage, du moins, selon son appréciation un brin désuète et trop romantique.

Malgré la mise à distance que sa camarade tentait d'instaurer entre eux, il éprouvait toujours le besoin de venir à sa rencontre et de la découvrir inlassablement. Comme si l'étau qu'ils avaient partagé quelques instants plus tôt en appelaient d'autres. Naturellement. Cette fantaisie le fascinait autant qu'elle l’enivrait, faisant appel à des pans de sa personnalité qu'il avait négligé par le passé.

Il perçut l'intonation singulière dans les mots de la jeune femme, et il s'en égaya. Que répondre à de telles interrogations ? La vérité dans son plus simple appareil. Celle d'un aristocrate ayant fuit les femmes et les émois pendant vingt longues années. Jusqu'à elle. La première. L'unique. Son regard devint d'une infinie douceur, alors qu'il s'apprêtait à lui répondre. Franc et affectueux. « Tu es la seule, Anna. »

S'en suivit une courte pause, durant laquelle il se décida à braver son périmètre de sécurité. Le temps de déposer les lèvres sur son front et de lui glisser quelques mots. « Tu es mon exception. » Avant de l'entraîner délicatement derrière lui, ses doigts fermement entrelacés à ceux de la Phénix. « J'ai grande hâte de te supporter de façon plus intensive. » A ces termes, il eût une drôle de pensée qu'il se garda bien de poursuivre sous peine de s'empourprer davantage. « Je dois te montrer quelque chose. »

D'un pas lent et jovialement déterminé, il fît le tour du pommier jusqu'à arriver devant un enfoncement dans le tronc de ce dernier. De sa main inoccupée, il récupéra sa baguette et formula le sortilège. Un panier, certainement invisible jusque là, se dévoila à leurs yeux. Le col d'une bouteille en dépassait... Une couverture et quelques ouvrages aussi. Inutile de dire qu'il considérait désormais tous ces objets... Autrement. A sa décharge, il ne pouvait pas présager de la suite quand il s'en était occupé le matin même.

Le Sinistros se tourna vers la petite Française, une vive étincelle dans le regard. « J'espère rendre suffisamment hommage à tes contrées. »
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyVen 26 Juin 2015 - 23:25

Sa main se joignit à la sienne, les entremêlant tandis qu’elle sentait les pulsations de son cœur cogner contre sa poitrine. Rythme affolé et rassurant, la promesse d’un être humain face à elle, sensible comme tous les autres aux événements de la vie. Elle fut sûre qu’il était là et bien là, ancré face à elle. Un peu rassurée de voir qu’effectivement ses barrières pouvaient être descendues au moins pour un temps.
Leurs sourires se répondirent, elle fut presque soufflée par sa beauté. Elle s’en délectait encore pendant qu’il lui répondit. Elle ne put s’empêcher de s’étonner : était-elle vraiment la première ou lui mentait-il ? Son regard clair ne semblait rien lui cacher, mais elle avait du mal à y croire. Comment avait-elle pu être la seule ? Que lui avait-il trouvé pour l’accepter elle plutôt qu’une autre ? Penser qu’il lui cachait d’autres aventures l’aurait déçue, il avait pourtant l’air si sincère.
C’est à peine le temps qu’il lui laissa pour ses réflexions avant venir l’embrasser sur le front d’un geste tendre. Au contact de ses lèvres sur sa peau elle ferma les yeux et entendit ces mots. Elle fondit sous eux, laissant échapper un soupir. Le jeune homme allait devoir s’arrêter, elle lui avait intérieurement prié de ne pas la briser et voilà qu’il se jouait déjà d’elle, sans expérience réellement ? Si c’était le cas, il était alors incroyablement doué. Néanmoins elle se permit d’y croire quelques secondes, elle imagina effectivement qu’elle pouvait réellement lui plaire, elle si petite, avec ses kilos, son visage banal, sa gaucherie et ses manières grossières. La phénix se berça de l’idée qu’il pouvait la trouver aussi jolie que toutes les jeunes femmes si bien éduquées et avec la finesse qui seyait à leur milieu.
Quand il s’éloigna d’elle, elle se retint de l’arrêter, désirant prolonger le rêve quelques secondes de plus mais elle s’obligea à reprendre pied avec la réalité et le suivit. Puis la curiosité prit le dessus, lui avait-il donc bien préparé une surprise ? Ils tournèrent autour de l’arbre passant de l’autre côté. Tournant la tête pour mieux voir, elle ne distingua rien au premier abord. C’était un arbre comme les autres.

- Qu’y a-t-il…

Avant qu’elle est pu finir sa phrase, il sorti sa baguette et par un enchantement fit apparaître un panier rempli. Lorsqu’il fit référence à sa terre natale, elle eut une illumination.

- Ce n’est pas… ? Non ! Si, du cidre !

Tandis qu’elle avait prononcé ses mots, elle avait lâché sa main pour s’approcher précipitamment du panier. Elle rit en saisissant la bouteille et en la brandissant. Une bouteille de cidre brut, le meilleur.

- ça fait tellement longtemps ! Dommage que je n’ai pas emporté une tarte aux pommes avec ça aurait été parfait. Qu’est-ce que c’est que ça ? Oh ! Baudelaire !

Elle s’était accroupie et avait soulevé la couverture, elle avait aperçu le livre et s’en était saisie. Elle feuilletait les textes, se délectant des mots si bien ficelés, appréciant de retrouver sa langue maternelle en Ecosse. Elle se tourna vers lui. Il avait vraiment eu envie de la contenter, elle devait reconnaître ses efforts. Malgré tout un point semblait lui avoir échappé. Elle tourna vers lui un regard légèrement moqueur.

- Rowan on est en novembre, pour le pique-nique et la sieste au soleil, ça va être loupé, j’en ai peur.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptySam 27 Juin 2015 - 15:27

La phrase de sa camarade s'éteignit dès lors qu'elle constata la présence du panier, apprêté pour son seul contentement. Sans s'en cacher, Rowan esquissa spontanément un sourire aux accents espiègles. Indubitablement fier de sa surprise. Il lui plaisait de contempler l'ébahissement visible sur  le visage d'Anna, la rendant si rayonnante à ses yeux. Elle qui était si splendide, pleinement comparable à une parfaite héroïne de conte, dont les traits graciles avait amadoué le cœur de plus d'un monstre...

Tandis qu'elle s'éloignait de lui, le Sinistros se remémora leurs premiers échanges dans le donjon. Comment ne pas s'en souvenir ? Tout cela lui paraissait à la fois si proche et si lointain. Très éloigné de ses ambitions initiales. Très éloigné de ce à quoi il s'attendait en venant à Haveirson. En la croisant par le plus grand des hasards, il y a deux mois, son monde avait radicalement évolué.

Non. Rien ne pouvait se targuer d'être à ce point une coïncidence. Le sentiment qui l'envahissait depuis leur étreinte, témoignait pour lui du contraire absolu. Il dépassait son entendement et leurs simples vies. Sans explication. Sans logique. Il transcendait les siècles par sa simple existence. Il devançait la vitesse de la lumière. Il brisait la barrière des matières et des dimensions. Et s'affranchissait des lois de la physique et du temps. Qu'importe si toutes ces choses abstraites se révélaient insaisissables. Cette émotion, cette intuition, cet attachement avaient un nom qu'il n'osait encore prononcer. Mais que Clemens bien avant lui avait deviné.

Quoi qu'il en soit, dans cette vie, elle était la première.

Le rire de la petite Française enveloppa ses pensées d'une chaleur doucereuse. Pouvait-il espérer la combler davantage ? Il avait l'envie de s'y essayer. De l'entendre se réjouir, se gausser et vivre sans retenue. Avec l'espoir fou de l'accompagner dans ces fantaisies. Et de tout lui partager, jusqu'à s'en brûler les ailes s'il le fallait.

Jusqu'à s'en damner.

Elle se tourna dans sa direction, captant de ce fait toute son attention. La moquerie ne lui échappa guère, bien qu'il ne s'en formalisa pas. Tout était prévu. Ou presque.

« Nous avons, à défaut, toujours une couverture à exploiter. »
Rowan s'approcha du panier, et y récupéra l'épais tissu de sa main libre. Celle tenant sa férule d'orme s'agita légèrement vers le sol devant-lui. « Sécheresse. » L'humidité quitta peu à peu l'espace visé, non sans quelques volutes de fumées. Le jeune homme enchaîna ensuite avec un sortilège d'agrandissement, augmentant considérablement la taille de ladite couverture avant de la placer sur la terre. Il s'occupa ensuite d'installer le panier sur cette dernière, avant de s'y poser également.

Il prit quelques secondes avant d'élever la voix, lente et éthérée, tout en la fixant droit dans les yeux. « La poésie est le souffle et l'esprit le plus noble de tout savoir. Elle est immortelle comme l'est le cœur humain. » Une pause. « J'ai pris l'initiative d'inviter ce cher William Wordsworth avec Ronsard et Yeats, pour tenir compagnie à Baudelaire. J'espère seulement que cela te convient. » Il savait ce rassemblement risqué, toutefois... Rien ne permettait d'affirmer que leurs cultures respectives étaient incompatibles. Pas plus que leurs âmes.

En attendant qu'Anna se décide à le rejoindre, l'ancien Serpentard lança quelques sortilèges qui se traduisirent par une volée d'oiseaux translucides. Ils se mirent à virevolter gaiement autour d'eux, parfois un peu brusques sans être menaçants. De quoi distraire les regards de la jeune fille, pendant que lui l'admirait jusqu'à en rougir.

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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptySam 27 Juin 2015 - 23:46

Elle se mordit les lèvres quand il se saisit de la couverture en lui rappelant qu'ils étaient sorciers. Il connaissait bien évidemment un sort pour parer à ce problème. Simplement elle avait encore pensé comme une moldue, un jour ses habitudes la trahiraient. Elle ne s’étonnait pas de la magie, elle était née avec et son père avait fait en sorte qu’elle connaisse aussi bien les habitudes des sorciers que celles plus communes qu’ils utilisaient dans leur vie de tous les jours. Mais justement elle avait instinctivement pris le pan de n’utiliser sa baguette que lorsqu’elle jugeait qu’elle y était obligée, pas par refus de pratiquer, juste pour ne pas se sentir en décalage avec sa mère. Son père faisait de même, ça l’aidait dans ses recherches et ainsi les Delflandre n’avaient jamais l’impression d’être différent. En contrepartie Marie Delflandre ne s’étonnait jamais de voir apparaître des hiboux, elle les jugeait même très pratique, ou de voir des miroirs s’agiter pour laisser apparaitre un collègue à M.Delflandre ou un ami à Anna.
Elle le laissa s’occuper de leur faire une place sèche dans l’herbe humide. Il installa la couverture à ses pieds et y déplaça le panier avant de s’y asseoir. Puis il cita vraisemblablement un des auteurs qu’il avait apporté. Elle élimina Ronsard, elle connaissait peu, mais l’imaginait mal être l’auteur de ce genre de phrase, ce n’était pas Baudelaire non plus, restait Wordsworth ou Yeats.

-Je ne connais que peu les trois autres, mais je suis sûre que tu auras bien choisi !

Elle repartit à feuilleter l’ouvrage qu’elle avait entre les mains et tomba sur le texte qu’elle cherchait.

- Invitation au voyage, te voilà ! Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. C’est ce que tu as voulu reproduire ici, n’est-ce pas ? On a un peu loupé le début je crois, rit-elle avant de se rendre compte que sa plaisanterie n’était pas du meilleur goût. Excuse-moi, je ne devrais pas en rire… Ce n’est pas ce que j’aurais dû dire, pardon.

Elle se maudit de faire preuve de si peu de tact. Elle avait besoin de prendre tout ça à la légère pour se dire que ça n’avait pas d’importance et qu’ils l’oublieraient vite. Tout le monde n’était pas comme elle.
Elle releva la tête juste au moment où un oiseau fondit sur elle. Elle lâcha un cri de surprise et recula. Son pied cogna contre un caillou et la déstabilisa. Elle se sentie partir en arrière, prête à tomber elle se rattrapa de justesse.

-Qu’est-ce que…

Puis elle remarqua leur drôle de couleur translucide et elle comprit.

-Rowan ! S’exclama-t-elle, faussement indignée avant de rire. J’aurais pu tomber. Comment as-tu fait ça ? Je ne t’ai même pas vu lancer ton sort.

Elle décida enfin de se laisser tomber sur la couverture sur laquelle elle s’étendit pour observer les drôles de petits êtres volant qui tournait autour d’eux. Elle repensa à ce baiser échangé un peu plus tôt, se demanda ce qu’elle était en train de faire. Tout sauf ce qu’elle aurait dû si on y pensait logiquement. Simplement elle n’avait pas pu le repousser. C’est ce moment que choisi Grumpy pour venir faire savoir qu’il était encore là. Il glissa ses moustaches dans son cou, elle le caressa négligemment. Puis elle finit par se redresser sur un bras, elle se poserait ces questions plus tard, maintenant qu’ils en étaient là, elle se dit qu’elle pouvait bien profiter de ce moment. « Tu recules pour mieux sauter, ma belle. », se dit-elle avant de s’adresser à lui. Tant pis, elle allait en baver bientôt mais pour une fois elle eut envie de se laisser aller et de croire un peu qu’elle avait le droit elle-aussi à ce bonheur.

-Tu nous l’ouvres cette bouteille ? Qu’elle ne soit pas là pour rien. Tu as pensé aux verres ? Et parle-moi un peu de ces livres. Commençons par celui-ci.

Elle saisit Yeats, refoula ses peurs qui l’assaillaient de toutes parts en menaçants de reprendre leur droit à tout moment. Il était trop tard pour faire marche arrière maintenant, elle devrait mettre tout ça au clair, mais en la présente elle était incapable d’entendre de lui ce qu’elle redoutait. Il faudrait qu’elle ait le courage, mais plus tard, elle avait désormais besoin de lui, au moins pendant quelques temps, ceux qui lui faudrait pour qu’elle soit assez forte pour affronter le vide qui viendrait.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyDim 28 Juin 2015 - 15:32

Bien trop absorbé par la mise en place de la couverture, Rowan ne prêta guère attention à la contrariété éphémère de sa camarade. Comment pouvait-il seulement se douter d'une telle tourmente ? Lui qui frôlait de ses doigts un rêve autrefois si insaisissable, que rien n'avait laissé présager en ce début d'après-midi. Tout lui semblait si rayonnant et enchanteur qu'il était à mille lieux d'imaginer la moindre menace. La moindre agonie.

Le jeune homme récupéra l'un des ouvrages d'un geste précautionneux, comme s'il s'agissait d'une relique millénaire. Le nom de l'auteur luisait sur l'épaisse couverture de cuir usé, en de grandes lettres cramoisies. William Butler Yeats. Tant d'apothéose contenue en si peu de vers. Il se souvenait parfaitement du jour ou les premiers mots avaient quitté la page au profit du méandre de ses pensées.

Cette lointaine réminiscence était désormais une bien pâle exaltation en comparaison de ce qu'il venait de vivre. Et d'elle.

« Ils sont de bonne compagnie, tu verras. » Il posa le recueil à côté de lui, tout en écoutant les allégations de la petite Française. Sans être capable de le définir concrètement, un vague et frêle tressaillement remua au fond de lui. Il l'étouffa vigoureusement. Son cœur préférait s'enivrer de poésie plutôt que de réflexions inutiles.

Conservant le même ton, lent et intemporel, le Sinistros s'amusa à lui répondre en français, poursuivant la citation de Baudelaire. « Vois sur ces canaux dormir ces vaisseaux, dont l'humeur est vagabonde. C'est pour assouvir ton moindre désir qu'ils viennent du bout du monde. » C'était sa manière de la détourner de ses remords et de tenter de l'ancrer dans le présent. Leur réalité.

S'en suivit le cri stupéfait de sa camarade, auquel il réagit presque instantanément. En vain. A peine s'était-il levé qu'elle parvenait à stabiliser son équilibre. Bien. « Toutes mes excuses, Anna. Il s'agit d'un sortilège que je lance assez régulièrement. C'est l'un de mes privilégiés, bien qu'il soit simple à incanter et à contrôler. » Une oscillation. Son regard pâle et caressant s'arrêta une énième fois sur le visage de la Phénix. « Ne trouves-tu pas qu'il est d'une splendeur remarquable ? » De la même manière qu'elle.

Sans se presser, Rowan s'installa à côté de la jeune femme. Et en silence, il la contempla. Sa main hésita à se perdre de nouveau auprès d'elle et de sa chaleur, dans l'espoir de l'attirer encore à lui. Cependant, il immobilisa son geste en la voyant se relever. La bouteille ? Soit. Il agita sa baguette avec un petit sortilège pour leur faire parvenir deux verres depuis le panier, dont la facture témoignait d'un alliage admirable, avant de s'occuper magiquement dudit cidre.  

« Yeats était un poète irlandais, il a vécu de la fin du dix-neuvième au début du vingtième siècle. » Il marqua une courte pause, cherchant le regard d'Anna.

« I did the dragon's will until you came
Because I had fancied love a casual
Improvisation, or a settled game
That followed if I let the kerchief fall:
Those deeds were best that gave the minute wings
And heavenly music if they gave it wit;
And then you stood among the dragon-rings.
I mocked, being crazy, but you mastered it
And broke the chain and set my ankles free,
Saint George or else a pagan Perseus;
And now we stare astonished at the sea,
And a miraculous strange bird shrieks at us. »


Traduction et référence:
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyDim 28 Juin 2015 - 21:23

-Ils sont magnifiques oui, lui répondit-elle avant de s’allonger et se perdre dans ses pensées.

Lorsqu’elle se releva et lui proposa d’entamer la bouteille qu’il avait emmenée, il s’exécuta de bonne grâce. Le verre qu’il lui tendit était remarquable, une orfèvrerie de qualité. Elle nota qu’elle devrait faire extrêmement attention lorsqu’elle l’utiliserait.

-Quelle maison l’a fabriqué ? demanda-t-elle curieuse. Santé !

Puis elle porta la boisson à ses lèvres, laissant la pomme pétillée à son palais et l’amertume gagnée peu à peu avant de l’avaler. Un goût de nostalgie descendit en même temps que le cidre, avalant avec lui les midis ensoleillés d’été où l’on sortait la bouteille pour accompagner les galettes. Tandis qu’elle se délectait, elle écouta ses vers. C’était beau, romanesque et épique. Si elle comprenait bien ça parlait d’amour. Fallait-il y voir un lien entre eux et le texte ? A son regard accrochant le sien il entendait en tout cas à lui transmettre quelque chose un message. Rowan allait trop loin, les emmenant sur un terrain hostile. Mais elle avait accepté de le suivre et elle était trop avancée à présent pour faire simplement marche arrière, le voulait-elle de toute façon ? Elle se régalait de sa voix, elle avait envie d’en savoir plus, toujours plus sur lui, sur ces textes, sur ce qu’ils voulaient dire.

-Comment l’as-tu découvert ? Qu’est-ce que je devrais aimer chez lui ? Parle-moi de lui ?

Elle l’aurait bien questionné encore plus, mais ce n’était pas encore le moment. Mais elle sentait une minuterie inexorable qui s’était déclenchée lorsqu’elle avait pris la décision de casser le doute qui persistait entre eux. En l’embrassant elle avait répondu à son besoin, lui offrant à lui un moment où il pouvait se révéler sans se cacher, mais elle avait aussi brisé le flottement qui régnait dans leur relation. Si le temps des explications n’était pas arrivé, il viendrait. Elle devrait alors affronter la triste réalité, elle et son incapacité à s’aimer, à se pardonner. Comment pouvait-elle lui demander de l’aimer alors qu’elle-même ne pouvait le faire ?

« Mon dieu ! Laissez-le moi, encore un peu, mon amoureux… », les paroles de la chanson s’était imposée à elle. Elle avait été écrite dans un autre contexte, mais aujourd’hui elles lui faisaient échos. La mélodie s’était faite douce au début, désormais elle éclatait dans le cerveau d’Anna. Les mots raisonnaient en elle, promesse des jours pluvieux à venir.
Elle les laissa s’échapper à travers ses lèvres, espérant que sa prière ne fut pas veine. Anna ne croyait pas en un Dieu, mais aujourd’hui elle en venait à se dire que s’il se pouvait qu’il existe, elle aimerait qu’il soit miséricordieux avec ces deux êtres qui venaient de commettre une erreur qui bien qu’elle les remplisse d’un doux sentiment de bien-être, ferait savoir bientôt qu’on ne s’approche pas du ciel impunément.

-Mêm’ si j’ai tort, laissez le moi encor !

Puis elle se tut, et se rallongea pour ne pas voir ses yeux. Elle avait loupé des notes. Mais elle n’en était plus là. Comment allait-il interpréter tout cela ? En réalité elle ne voulait pas l'entendre, pas encore. Elle n'était pas prête.

-Rowan, prends mon chant comme un cadeau, les interprétations viendrons plus tard tu veux bien ?

Néanmoins, elle se prépara à sa réponse, quoiqu'elle soit il faudrait bien l'affronter.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyLun 29 Juin 2015 - 15:00

Ses yeux se levèrent avec lenteur vers les volatiles opalescents, dont le ramage à peine audible se perdait dans la clairière. Assurément, il trouvait leurs plumages d'une splendeur inhabituelle. A croire qu'ils parvenaient à ajouter la quiétude qui manquait au charme fragile de ces lieux. Et cela l'égaya sincèrement quand la petite Française confirma son impression.

« Je ne peux que me permettre de formuler une hypothèse, quant à l'origine de cette verrerie. » Il désigna d'un vague geste du nez les deux pièces finement ouvragées. Au contraire du philanthrope qui leur avait offert l'académie, Rowan jugea possible de mettre un nom sur ce qu'il avait emprunté à la salle commune de Sinistros. « Il s'agit sûrement d'une collection restreinte de chez Harrods. Ils ont une immense boutique dans le quartier de Knightsbridge à Londres. » Il resta un moment à détailler du regard ladite réalisation, avant de goûter le cidre du bout des lèvres.

Le jeune homme prit le temps de se faire au pétillant de la boisson et à sa saveur très prononcée. Celle de la pomme. De la France de l'Ouest. Des iris d'Anna. D'ordinaire, il n'était guère friand des breuvages alcoolisés, à l'exception du champagne. Toutefois, il avait souhaité satisfaire sa camarade par cette surprise... Pouvait-il espérer que ce soit le cas ?

Pendant qu'il finissait son propre verre, elle s'attachait à lui poser plusieurs questions. Un souvenir lointain en profita alors pour le frôler, jusqu'à ce qu'il se décide à ranger sa coupe et la bouteille dans le panier. « Ma mère me lisait ses poètes préférés, lorsque nous nous enfermions dans le cabinet de lecture. Elle s'émerveillait continuellement de Yeats, et moi avec. » Quelques vieux poèmes murmurèrent à son esprit, aussitôt emportés par la brise des derniers jours de novembre. « Je chéris sa maîtrise des vers, autant que les thèmes qu'il aborde. » A demi-mots, presque dans un souffle, il enchaîna avec un sourire énigmatique « J'ai parfois l'impression que ces écrits me parlent plus qu'ils ne le devraient. »

A peine venait-il de finir sa phrase, qu'un chant singulier monta de la gorge d'Anna. La mélopée, basse et grave, déchirait la féerie des bois en une plainte accablée. Une angoisse terrible. L'ancien Serpentard appréhenda chacun des mots, assimilant l'information en silence sans parvenir à identifier l'auteur ni à comprendre ce nouveau revirement. Il était déstabilisé par l'implacable décalage auquel il faisait face. Quelle était cette souffrance aiguë, difficilement concevable et imprévue ? Impossible que ce soit un simple cantique.

Rowan assista, impuissant et perdu, à des paroles dont la douleur le dépassait. Jusqu'à cette étincelle de conscience, ce lien avec les pleurs précédents.Certes, il lui manquait des bribes et des clés, mais il ne pouvait décemment pas fermer les yeux sur le mal être de sa camarade. Pas plus qu'il acceptait de la laisser fuir et se noyer dans son chagrin.

Sa promesse n'était pas creuse. Ni ses sentiments.

« Anna. » Il la héla d'une voix douce et rassurante, avant de s'approcher précautionneusement d'elle. Ses doigts hésitants vinrent effleurer le front de la jeune femme, puis ses paupières et ses joues, tandis qu'il se risquait à se serrer de profil contre le corps de cette dernière. Tout juste appuyé sur un coude pour la surplomber. Ses gestes se révélèrent tendres et prévenants, cherchant à lui transmettre chaleur et confiance, jusqu'à lier encore leurs mains. Entrelacer leurs présences. « Je ne crains ni les ténèbres ni les ombres, pas plus que les fantômes du passé et les chimères du futur. » Son regard glissa sur le visage de la petite Française, tout comme son souffle. Caressant. « Je te protégerais.» Qu'importe le monde. Qu'importe les lois.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyLun 29 Juin 2015 - 21:38

- Harrods ? Probable oui… Un jour il faudra que j’aille à Londres d’ailleurs.

Anna avait un goût singulier pour la verrerie, pas qu’elle soit une spécialiste loin de là. Mais contrairement à d’autre elle savait reconnaître la finesse d’un tel ouvrage. Harrods n’était pas Longwy ou Daum, c’était plus commun, mais c’était des produits de qualité. Il fallait aussi s’avouer qu’Anna n’aurait jamais bu dans un Daum, c’était des pièces d’art pas des objets utiles. Son désir d'aller à la capitale n'était pas temps pour voir la célèbre boutique, mais plus parce que l’évocation de la ville lui avait fait réaliser qu'elle n'y avait jamais mis les pieds. Elle avait mis le pied au Royaume-Uni, il aurait été dommage qu'elle le quitte sans être aller profité des pubs et de l'ambiance londonienne.

Puis il répondit à ses questions. Il évoqua sa mère et les mots avec lesquels il décrivit la scène montrèrent une proximité particulière. Elle aurait voulu qu’il lui parle d’elle encore un peu plus mais il revint sur le sens du poème. Son explication vint renforcer la mélodie de la jeune fille. Il souhaitait réellement qu’il en parle ? Pourtant il ne s’osa pas à poser la question. Elle laissa donc parler Piaf à sa place.

Quand elle eut finit et suite son souhait il y eut un temps, un temps infini. Elle crut même qu'il allait laisser les choses telle qu'elle l'avait demandé. Puis son nom à elle, s’en suivit un mouvement, puis une caresse légère avant que sa main ne vienne chercher la sienne, entrelaçant leurs doigts, sa pression se fit forte et instinctivement elle s’y accrocha. Au même instant de ce contact elle ouvrit les yeux et se retrouva à quelques centimètres des siens, penchés vers elle. Elle s’y perdit.

- De quoi as-tu peur alors ? Je ne crains pas ton passé non plus.

Elle s’arrêta là. Comment la protègerait-il d’un mal intérieur, d’une peur irrationnelle ? Pourtant elle était là, sous le laser de ses pupilles, passée au crible et sans aucun moyen den se dérober. Non seulement par cette main qui la retenait fermement et l’empêchait de s’échapper. Mais aussi par son regard qui la sondait. Elle se laissa s’y perdre, se laissant voguer malgré l’anxiété. Anna avait comme une vague à l’intérieur d’elle. Une confiance absolue la submergeait parfois la poussant vers lui, recouvrant les murs comme les châteaux de sables, puis elle repartait laissant une plage de doute et d’ancienne amertume. Puis inlassablement elle revenait et repartait. Elle laissait l’égarée ballotée, secouée, comme une effusion d’écume d’une eau trop remuée.

- Et Ronsard ? Quelle est le poème de Ronsard que tu avais prévu ?

Elle le savait minutieux, il avait tout préparé dans les moindres détails, quadrillant chaque chose. Mais ils n’étaient pas des choses, ils étaient des êtres, et ça il n’avait pas pu tout anticiper. Par sa question, plus que le poème de Ronsard qu’elle se réjouissait à l’avance d’entendre, c’était sa rassurante inflexibilité qu'elle cherchait. Elle lui permettait ainsi de reprendre pied sur des terres qu'il connaissait puisqu'il les avait lui même labouré. En même temps elle s'offrait à elle un refuge inébranlable face aux tempêtes, quoiqu’il arrive rien ne bougerait jamais. Il serait là comme le rocher contre lequel vient se jeter la vague forte, tentant de le désarçonner mais qui ne flanchait pas. Elle resserra sans s’en rendre compte ses doigts autour des siens. Un phare dans la nuit.  
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyMar 30 Juin 2015 - 15:53

En guise de réponse, le jeune homme acquiesça brièvement aux propos de sa camarade. D'autant plus qu'il remarquait avec ravissement que les ouvrages raffinés ne lui étaient pas inconnus. Était-ce lié au milieu de vie de la petite Française ou à un intérêt plus personnel pour la verrerie ? Qu'importe. Son souhait de se rendre à Londres n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. A dire vrai, l'information se révélait trop belle pour s'en priver...

Les instants qui suivirent l'amenèrent de nouveau à la proximité de la jeune femme. Il se mit à la veiller, présent et prévenant dans le moindre de ses gestes, dans le seul but de lui partager toute la tendresse qu'il avait pour elle. Son regard osait s'insinuer jusqu'aux profondeurs des iris d'Anna, en quête de caresses à prodiguer aux âmes affolées. Sans jamais s'en détourner. Sans jamais faillir. Comme s'il savait instinctivement que la force de ses yeux pouvait l'arracher aux méandres du Styx.

Quel Orphée si peu conventionnel pouvait s'atteler à une pareille mission ?

Rowan sut plus qu'il ne le comprit vraiment, combien ils étaient prêts du naufrage en ces eaux troubles. Il lui incombait de tenir le cap coûte que coûte, quitte à braver la fronde latente et tempétueuse de la Phénix. Celle qu'il avait perçu tantôt, sans y être suffisamment préparé. Celle contre laquelle il se risquait désormais à naviguer. Pour la sauver.

Et que lui répondre ? Son cœur lui hurlait d'être honnête, d'avouer qu'il craignait sa disparition, la perte de ses yeux dans le noir des cieux et la paresses des jours sans sa tendresse. Les mots lui brûlaient les lèvres et embrasaient sa gorge. Rien ne lui paraissait plus terrible, pas même les supplices sanguinolents et les bras d'Autumn. Toutefois... Était-il prêt à désigner son angoisse ? A l'affronter sans détours ?

Trop tôt, malgré le feu qui dévorait toujours son corps sans vergogne. Sa voix, douce et lente, se voila d'une inclination qu'il ne souhaitait plus dissimuler. « Si tu es à mes côtés, je ne crains plus rien, Anna. C'est suffisant. »

Le Sinistros marqua une courte pause avant de reprendre la parole, adoptant un ton énigmatique qui lui plaisait tant dans la récitation des poèmes. Son seul écart lyrique fut les insidieux sentiments qui s'invitèrent dans les derniers vers. D'une sincérité délicate et sous-jacente.
« Vu que tu es plus blanche que le lis,
Qui t’a rougi ta lèvre vermeillette
D’un si beau teint ? Qui est-ce qui t’a mis
Sur ton beau sein cette couleur rougette ?
Qui t’a noirci les arcs de tes sourcils ?
Qui t’a bruni tes beaux yeux, ma maîtresse ?
Ô grand beauté remplie de soucis,
Ô grand beauté pleine de grand liesse !
Ô douce, belle, honnête cruauté,
Qui doucement me contraint de te suivre,
Ô fière, ingrate, et fâcheuse beauté,
Avecque toi je veux mourir et vivre. »


Son souffle, chaud et caressant, glissa jusqu'au sien. Il n'hésita plus à se mêler à elle, à renforcer l'étau de leurs doigts, à la rassurer de sa présence. De son pouce, il caressa la paume de la petite Française, usant de toute la douceur dont il était capable. Sans pour autant la lâcher une seule fois, ni de sa poigne ni du regard.

Bien au-delà de leurs consciences, la lumière quitta peu à peu le ciel au profit des ténèbres.

HRP et référence:
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyMar 30 Juin 2015 - 22:09

Retenue par le bleu de ses yeux et leur constance, Anna s’y accrocha fermement. Malgré les promesses qui firent resurgir en elle le démon qui était survenu plus tôt, elle tint bon en ne le lâchant de regard. Leurs mains accrochées lui rappelaient leurs présence et elle ne dit rien bien qu’elle eut diablement envie de lui crier qu’il aurait dû se méfier, qu’il ne jetait que des mots en l’air sans savoir de quoi il parlait et qu’attendre de l’autre autant allait faire de lui, non pas un être plus fort, mais bel et bien un plus faible. Une fois que l’on avait permis à l’autre d’entrer et qu’on avait accroché son bonheur à sa vie, alors l’on perdait le contrôle, et les douleurs paraissaient plus dures, plus à vif.

Mais une sensation faisait taire la logique de son cerveau. Sa main dans la sienne était ferme et inflexible, Anna eut la sensation que Rowan à sa façon la domptait tel qu’il l’aurait fait avec un félin sauvage. Il le faisait sans désirer l’asservir, juste lui montrer qu’elle se devait d’être enfin calme et l’obliger à voir qu’aucun réel danger ne menaçait. Elle ne sut pas si cela était fait intentionnellement, mais elle sut qu’il ne reculerait pas, pas cette fois. Elle avait loupé le coche en lui montrant qu’elle n’était pas si inflexible qu’elle se pensait. Elle-même avait enfin vu une limite à sa fureur.

Son poème avec son accent anglais dans une langue qu’elle chérissait puisqu’elle était la première qu’elle avait prononcé, montrait qu’il entrait dans son monde. Elle ne sut pas s’il lui avait demandé l’autorisation d’entrer et si elle l’y avait autorisé mais il y était. Elle se demanda s’il l’avait choisi pour elle. Les mots résonnaient, profonds et l’a aussi elle dû céder mais plein de sens. S’il se pouvait qu’en déclamant ces vers ce soit d’elle dont il parle, elle eut du mal à s’y reconnaître. De ce texte ne lui firent échos que les mots cruelle et ingrate. Ce n’était pas les termes que les gens prenaient pour parler d’elle, même quand ils évoquaient ses défauts. Ils auraient dû.

S’en suivit une autre sensation : l’impression à la fin que ses mots tremblaient parfois, la diction ralentie. Elle fut troublée, les rimes en paraissaient plus profondes, plus saccadé. Les mots s’éteignirent. Elle pressentit qu’il allait revenir à elle. Effectivement il approcha. Son corps se tendit, mais cette tension ne lui parut pas désagréable. Elle allait fermer les yeux, leurs souffles saccadés presque rejoints complètement. Mais rien ne vint. Elle rouvrit les yeux, et lui lança un regard interrogateur. Elle sentait le filet d’air entre eux, comme un appel. Une sorte de frustration inexplicable monta en elle. Elle hésita à franchir l’espace restant encore une fois, mais se retint. Elle ne prendrait pas la décision, pas cette fois. Une envie certaine s’insinuait dans son esprit. Qu’attendait-il ? Allait-il finalement repartir comme il était venu ? Le cerveau d’Anna semblait croire que oui, son rythme cardiaque qui s’était encore accélérer paraissait souhaiter le contraire, mélangeant la peur et le désir. La française ne sut plus bien ce dont elle avait réellement envie ou besoin. Elle lâcha malgré elle.

- Décide-toi.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyMer 1 Juil 2015 - 13:31

Avant de s'abandonner à une nouvelle folie, à la fois semblable dans l'acte et diablement différente dans la symbolique de leur première étreinte, le jeune homme se stabilisa tant bien que mal à une courte distance du visage d'Anna. Il contempla le trouble furtif qui passa sur les traits de cette dernière, puis la capitulation de ses paupières face à leurs souffles entremêlés. Il s'avisa que le fléchissement manifeste de la Phénix lui plaisait, au point où il en vint à espérer que cette accalmie témoignait de la confiance qu'elle lui accordait désormais.

De son regard pâle et caressant, Rowan s'enivra de cette vision. Celle d'une petite Française à l'éclatante délicatesse, étendue au milieu des bois obscurs avec pour seule protection une cape vermeille. Un maigre rempart contre l'ombre languissante qui s'apprêtait à la recouvrir, à l'emporter et à l'emprisonner tendrement dans les ténèbres.

Lorsqu'elle quitta le calme serein de la reddition, il perçut dans ses yeux quelques interrogations dansantes. Puis une autre lueur, qu'il ne lui connaissait pas habituellement. Une attente indescriptible et vive, presque brûlante. En parfait écho avec leurs respirations, chaudes et irrégulières. Tout le suppliait de céder. Même elle.

Le Sinistros entendit distinctement les deux mots qu'Anna se décida à lâcher. Et quelque chose en lui s'en enorgueillit instinctivement. Comment résister à une telle supplique ? A une prière à peine voilée ? Sous la requête, il distingua pourtant une provocation fragile et inattendue. L'ordre formulé lui soufflait quelques sensations imprévues et exaltantes, assurément piquantes, poussant son esprit à considérer d'autres paramètres. La tension dans son corps s'accentua, et il se décida enfin à s'engager dans la tempête.

Sa voix sonna plus affirmée qu'auparavant, à la fois sincère et implacablement résolue. « J'avais déjà décidé, Anna. » Rien ne pouvait l'écarter de sa visée.

Rowan se pencha au plus près d'elle et de son corps, jusqu'à frôler l'ourlet de ses lèvres avant de les étreindre. Il se laissa gagner par un sentiment démesuré, qui vrillait ses veines d'une puissance sans nom... Et s'ajoutait à tout ce qui l'envahissait depuis qu'elle s'était jointe à lui. Sa bouche se révéla plus confiante, partageant sans filtre l'évidence de son affection, tandis qu'il guidait avec douceur leurs mains entrelacées, de l'autre côté du visage de la petite Française. Cela lui permit d'affirmer sa présence et de la dominer de toute sa force tranquille. Prévenante.

Petit à petit, la pourpre du manteau s'effaça sous l'étoffe charbonneuse.

L'ancien Serpentard s'osa à l'embrasser plus passionnément, se laissant guider par l'envie et l'instinct. Leurs lèvres liées dans un contact hors du temps, ferme et doux. Inlassablement, il chercha à lui transmettre l'ardeur de ses émotions... Et surtout l'importance qu'elle avait pour lui. Quitte à effleurer des limites interdites. Quitte à se perdre avec elle dans un baiser trop équivoque. Quitte à oublier les cieux qui se chargeaient au-dessus d'eux.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyMer 1 Juil 2015 - 17:22

Les mots d'Anna n'auraient pas été entendus si une tierce personne s'était tenue à quelques distances d'eux, même proches. Mais la proximité des deux êtres étendus sur cette couverture au milieu d'une clairière humide au mois de Novembre ne permit pas à Rowan d'en louper une syllabe. Si on réfléchissait logiquement le temps aurait pu paraître froid, mais la logique venait de quitter complètement la Française. Elle avait sa chaleur à lui, et elle lui suffisait pour ne pas trembler. Ou alors si, elle trembla, mais d'un autre facteur.
 
L'agitation interne de la jeune femme sembla être renforcée quand il lui répondit fermement qu'aucune décision n'était plus à prendre. Soudainement elle le trouva légèrement changé et elle comprenait enfin précisément ce qu'elle avait saisi un peu plus tôt déjà. Effectivement il prenait petit à petit le pouvoir face à elle, impuissante. Il avait toujours paru incertain à son encontre, semblant hésiter toujours. Elle avait presque l'impression de l'effrayer, au début elle avait pensé que c'était de lui qu'il avait peur, comme elle avait peur d'elle-même. Puis elle avait dû se rendre à l'évidence que les autres semblait être la cause de ses émois. Quand elle l'avait obligé à tomber le masque, elle avait espéré voir disparaître l'appréhension en même temps, il n'en avait rien été. Même cela avait semblé être renforcer, le voyant chavirer et perdu comme jamais.
 
Si elle avait trouvé cette prévenance attachante, mais elle devait avouer que ce regard tout d'un coup si sur, créa en elle une pulsion. Ce fut pire encore quand il finit enfin de les faire languir, il lui attrapa les lèvres, elle avait fini par croire que cela ne viendrait jamais. La frustration qui s'était accumulée se relâchait d'un coup et si ses lèvres n'avaient pas été occupées elles auraient certainement émit une expression de soulagement. Incapable de mettre un terme, ou même de faire un parallèle avec quoique ce soit sur ce qu'elle ressentait à ce moment là, elle se laissa couler sous lui, le laissant mener leur danse.
 
Elle sentit leurs mains jointes descendre près de son visage. Elle était sa merci complète, prisonnière de son affection incompréhensible et pour la première fois de sa vie elle s'en moqua. Si elle avait dû être tout à fait honnête, elle aurait même été obligée d'avouer que cela lui plaisait. La chaleur dégagée par leurs corps, les sensations de caresses, les nerfs au bout de ses doigts qui répondaient à chaque stimulation, elle aurait eu presque l'impression de mourir si toutes ses émois n'avaient pas été si agréables. Alors c'était ça? Elle avait toujours désiré savoir pourquoi les gens courraient derrière ses plaisirs charnels. Au vue des réactions que lui procurait leur étreinte, elle comprenait mieux. Elle venait de sentir ce haut-le-cœur significatif qu'elle cherchait dans ces manèges qu'elle aimait tant. Ce court moment où l’adrénaline se mélangeait à une réaction physique pour libérer tout l'être aux seules réactions sensorielles. Sauf que ce moment semblait durer bien plus longtemps et se maintenait. Les mises en garde que lui lançait son esprit semblaient si lointaines, Anna les entendait mais elle refusa de les écouter, pas maintenant alors que tout son enveloppe corporelle semblait pris dans cet ouragan de sensations enivrantes.
 
Dans tout cela elle distingua une légère sensation d'humidité sur sa peau découverte, puis une autre. Elle finit par en identifier l'origine, de fines gouttes de pluie tombaient désormais, ce qui pour le moment était loin de gêner une normande, elle en sourit même à moitié dans une heureuse nostalgie.
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MessageSujet: Re: Douce promenade   Douce promenade - Page 2 EmptyMer 1 Juil 2015 - 23:18

Malgré l'assurance profonde de sa nouvelle étreinte, Rowan se sentait bercé par une infinie douceur. Elle s'étendait jusqu'aux extrêmes limites de son être, conquérant même ses pensées les plus rationnelles. Face à la proximité de sa camarade et au sentiment si puissant qui lui vrillait le cœur, sa raison l'avait abandonné au sort vénéneux de la passion et de la tendresse. Autrefois et en d'autres circonstances, il se serait offusqué d'une telle faiblesse dans son comportement. N'était-ce pas un véritable maléfice qui menaçait de le décimer au moindre rictus du destin ?

Et pourtant. Il venait d'écarter ces possibilités d'un geste mental implacable, car il savait dorénavant à quel point la douceur d'une ode si chantante lui était indispensable pour vivre. Cette épineuse symphonie qui rythmait les battements de son cœur, c'était Anna. Aucun doute possible. Si le monde autour d'eux s'écroulait, si le temps cessait sa course folle, il espérait pouvoir trouver un sanctuaire auprès d'elle.

La pensée d'un tel refuge anima sa respiration d'un vague trouble, à peine perceptible dans leurs souffles toujours plus saccadés.

L'ancien Serpentard s'attacha davantage à l'entourer de son affection, plutôt qu'a se perdre en quelques vaines réflexions. Ces dernières attendraient sagement le lieu clos de sa chambre. Il chérissait diablement cet instant sans fin, dans lequel leurs lèvres se liaient en un ballet enflammé, semblable à un bien pâle écho de toute l'ardeur dont son corps brûlait. L'étau de leurs doigts enlacés ne fit que se renforcer au fur et à mesure que ses baisers se muaient en une dévotion ferme et éprise. L'instinct primitif qui grondait dans ses reins, guida sa bouche à honorer plus intensément celle de la petite Française.

L'exaltation lui était si éprouvante que son corps trembla de quelques assauts imprévus. Rien ne pouvait les dissimuler. Pas même la pluie qui commença à tomber sur eux. D'abord en quelques gouttes, distantes et éparses, avant de s'exacerber en une averse froide et pénétrante.

A regrets, il quitta délicatement la proximité enivrante de la Phénix pour se redresser tant bien que mal, légèrement chancelant. D'une main, il l'aida à se relever sous les intempéries abondantes. Sans s'encombrer de détails, le Sinistros récupéra tous les objets qui traînaient autour d'eux, couverture comprise, pour les placer dans le panier. Une maigre sauvegarde.

Il lança un regard presque rieur à Anna, tant les précipitations se muèrent en un âpre déluge. Leurs tenues allaient trahir leurs corps en s'imprégnant d'eau, et lui avait plus à craindre qu'elle d'une telle révélation. Alors, lorsque ses doigts vinrent chercher ceux de la petite Français, il murmura quelque chose en latin que le bruit de la pluie couvrit entièrement.

Puis il l'entraîna à sa suite, vers le chemin qu'ils avaient emprunté en venant. Il veilla scrupuleusement à éviter les ronces acérées, tout en se rangeant ensuite à la difficile réalité qu'ils ne rentreraient pas indemnes à Haveirson. Les cieux sombres, bas et lourds, ne permettaient pas de savoir l'horaire exacte de leur déroute. A dire vrai, les ténèbres semblaient être inévitables.

Sans compter le temps ni leur course, entièrement trempés, ils arrivèrent à l'aune des bois. Rowan s'arrêta un court instant, essayant de calmer l'incommensurable chaleur qui irradiait à travers ses vêtements. Lorsqu'il tourna son visage vers sa camarade, partagé entre l'égaiement et l'inquiétude, il fut percuté de plein fouet par la splendeur de ses traits mouillés... Et de sa silhouette qu'il contemplait pour la première fois sous cet angle. Les formes se devinaient si aisément que son sang s'agita, lui tirant un frisson aussi imprécis que terrible.

Il recula d'un pas, son dos rencontrant le tronc d'un arbre familier. Celui derrière lequel il se dissimulait dans l'attente de son arrivée au rendez-vous, plus tôt dans l'après-midi. La tendresse de son inclination se mêlait alors à une fureur inconnue qu'il eût du mal à contenir, tant le sujet de ses émois paraissait sublime. Il ne comprenait pas tout ce qui se déroulait en lui, même si certains détails revenaient à sa connaissance.

Il s'agissait d'un démon alarmant, à la faim guère évidente à cerner et à contrôler. Cela dit, il redoutait l'académie plus que lui-même. Cruelle certitude qui l’agaça. Celle de la séparation. Autant profiter encore un peu de leur proximité. Leurs mains toujours jointes, le jeune homme prit le risque de l'attirer dans ses bras, pour confronter leurs regards et se rappeler à une réalité qui risquait de se dérober à lui.
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