Chambre d'Amaranthe Aislinn & Megan O'Neill

Ils était revenus de leur promenade dans le bois, trempés et frigorifiés. Leur rencontre avec l'hippogriffe avait tellement tétanisée la jeune femme que pour la protéger, Dean l'avait poussé dans la rivière gelée.
 Leurs corps étaient collés l'un à l'autre, l'eau brûlante ruisselant sur leurs peaux rougis par la chaleur. Les multiples cicatrices de Megan ne ressortait que plus clairement. A l'abdomen sa blessure par balle, bien visible comme un éclat blanc, dans le dos quelques autres cicatrices, des traits pour la plupart, souvenirs douloureux d'enfance, vestige d'un passé révolu. Entre quelques caresses, quelques baisers échangés, Megan lui demanda dans un murmure.

-Dean, j'ai besoin de ton aide... Pour régler un problème avec Amaranthe...

Elle se cala dans ses bras, contre son torse nu appréciant se délectant une fois de plus de ce contact. Elle ne savait pas si Dean allait accepté de l'aider, mais si c'était pour le bien d'Ama, peut-être que cela pourrait le convaincre.

-Elle se laisse aller depuis la mort de Bentley au point de... se mettre sérieusement en danger. J'ai entendu une rumeur qui courait sur lui et... j'aimerai la vérifiée. Je dois trouvé une preuve qu'il n'était pas aussi blanc qu'il a voulu le faire croire à Ama... C'est triste mais... Si c'est la seule solution pour qu'elle arrête cette histoire de vengeance... Alors...

Megan plongea son regard azuré dans celui de Dean avant de se mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser avec douceur avant de lui demander avec des yeux de cocker.

-Tu veux bien m'aider?

L'eau ruisselait toujours sur eux, sous la douche. Megan tendait quelques fois l'oreille pour s'assurer qu'Amaranthe n'était pas rentrée, oubliant même les vêtements qu'ils avaient semés par terre jusqu'à la salle de bain. Les instants de tendresses qu'ils partageaient tout les deux finirent finalement par lui faire oublier ce détail...

Cette douche chaude était vraiment géniale après l'eau glaciale de la rivière. Ils n'avaient pas vraiment choisi de s'y baigner, du moins l'hippogriffe leur avait un peu forcer la main. Ils auraient pu s'en sortir autrement mais l'eau restait tout de même un endroit sûr pour se protéger d'eux. Tout du moins, quand ils attaquaient, ce qui n'était pas le cas si on ne leur manquait pas de respect. Mais dans leur cas, la peur de Megan leur avait joué des tours. Mais Dean ne lui en voulait pas. Ils étaient sains et saufs, sans égratignures, et c'était tout ce qui comptait. Et il fallait avouer que la récompense de cette mésaventure valait vraiment le détour.

Ils étaient tous deux sous la douche, savourant leur présence, ainsi que celle de l'eau chaude ruisselant le long de leurs corps en tenue d'Eve et d'Adam. La passion les avait dévoré, l'excitation avait débordé. Maintenant, ils savouraient juste le temps passé ensemble. Les mains du jeune homme se baladaient sur le corps de sa compagne, dessinant chaque forme, chaque contour, chaque cicatrice, chaque parcelle de peau. Il savourait l'instant. Entre deux baisers, Megan lui demanda tout de même un service. Elle vînt d'ailleurs se coller contre lui, dans ses bras, et plongea son regard dans le sien. Elle voulait qu'il l'aide à trouver des preuves inculpant le comportement de feu Bentley Cricklewood. Si la demande ne lui plaisait pas de base, elle précisa que c'était pour le bien d'Amaranthe. Apporter une telle preuve mettrait fin à la vendetta qu'elle avait, semblait-il, décidé de mener pour le venger. Ce comportement étonnait Dean pour Amaranthe, mais il expliquait tellement de choses. Il faudra qu'il essaye d'en savoir plus. Cette histoire l'intriguait. Et Ama était une amie proche, à qui il tenait beaucoup. Il était tiraillé mais ne pouvait décemment refuser cette demande, surtout avec les yeux que lui faisaient Megan. Il lui répondit :

- D'accord, mais seulement si tu m'en dis plus sur cette histoire de vengeance et de danger dans lequel s'est mise Ama. Mais d'abord ...

Il vînt à nouveau capturer ses douces lèvres. Le moment qu'ils partageaient était magique et n'avait pas besoin d'être interrompu plus longtemps. L'eau continuait de couler, d'arroser leur corps, d'humidifier leur environnement, il fallait profiter de cet instant, ne pas gaspiller ce qui leur était offert. Ils se devaient de profiter de ce moment ensemble, ils auraient tout le temps de discuter de cela plus tard. La jeune femme avait bien fait de réduire l'espace entre eux, et cette proximité ne serait pas vaine. Leur passion était tout aussi chaude que l'eau qui ruisselaient sur leurs corps excités.

Ils pouvaient être surpris à tout instant. Et pourtant, le jeune homme s'en fichait. La seule personne qui pouvait les surprendre, c'était Amaranthe, et il avait confiance en elle pour garder le secret de leur relation pour elle. Et, de ce que Megan lui avait raconté, sa colocataire l'évitait, donc ça augmentait les chances que l'irlandaise ne sache rien de sa présence ici, même si ses vêtements sur le sol de la chambre jusqu'à la salle de bain pouvaient lui mettre la puce à l'oreille. Mais il n'y prêtait pas attention. L'excitation envahissait son corps et il ne pouvait réfléchir de la sorte à autre chose que ce qu'il faisait.

Mais que faisait-il au juste ? Vous voulez vraiment savoir, hein ? Il profitait de l'instant auprès de Megan. Tout simplement. Il était libre de l'aimer et d'être avec elle, et il n'allait pas s'en priver. Il aimerait tellement pouvoir profiter de cette relation au grand jour. Hélas, ils avaient décidé que non, et pour de bonnes raisons. Et ils mettaient un point d'honneur à ce que les gens ne puissent se douter de rien. De façon publique, ils n'étaient pas plus ensemble que ce qu'ils l'étaient avant. Qui pourrait soupçonner le changement radical qu'il y a eu dans leur relation ?



Les deux jeunes chevaux ailés terminèrent leur toilette et sortirent de la douche avant de s'habiller. Il n'était pas encore bien tard. Le jeune s'approcha de sa bien-aimée et demanda :

- Tu peux m'en dire plus maintenant ?

Il s'assit sur le lit, l'attirant contre lui. Elle de bout, lui assis, ils étaient proches l'un de l'autre et partageaient une douce étreinte, ils se câlinaient.

Ce qui s'était passé dans la douche ne concernait qu'eux, comme leur histoire. Le plaisir puis l'extase, la douceur et la passion. C'était inommable. Il n'y avait pas de mot pour décrire le bien être qui entouré la jeune femme à ce moment là, libre de tout tracas.

Habillés après cette douche exquise,  les deux amants se retrouvèrent dans la chambre. Dean s'assit sur le rebord du lit alors que Megan, debout, vint de se poster devant lui. Les gestes tendre entre eux étaient nombreux et l'abraxane en profita pour passer ses mains dans les cheveux soyeux du français. C'est à ce moment précis que la porte s'ouvrit, laissant apparaître la silhouette familière d'Amaranthe qui resta quelques secondes immobile à contempler le couple clandestin. Megan la regarda, un peu surprise de la voir rentrer de bonne heure.

Si Amaranthe ne prononça pas le moindre mot, son regard trahi sa pensée, faisant froncer les sourcils de Megan aussitôt méfiante face à sa colocataire. La jeune femme alla dans la salle de bain sous le regard des deux autres présents, et bien décidé à crever l'abcés, Megan jeta un regard vers Dean avant de lui poser un doux baiser

-Attends moi...

Elle prononça ses quelques mots avant de se diriger vers la salle de bain. La jeune femme ouvrit la porte et s'accouda sous la charpente, regardant Ama devant le lavabo.

-Un soucis?

Demanda Megan la voix posée en croisant les bras sous sa poitrine, désireuse de savoir ce qui, cette fois-ci, n'allait pas avec Amaranthe.

C'était bien une chose à laquelle il ne s'attendait pas. S'il n'entendait pas distinctement tous les mots prononcés par Amaranthe, il l'entendait parler avec Megan dans la salle de bain de leur chambre. Et pourtant, la rouquine se retrouva devant lui et lui posant une question très personnelle. Cette apparition s'était avérée presque fantomatique. Le jeune homme n'en revenait toujours pas. Venait-il d'halluciner ? Venait-il vraiment de voir Amaranthe apparaître devant lui, lui parler, et disparaître ensuite de la même manière qu'elle était apparue ? Tout en sachant qu'elle n'avait pas transplané. Ca c'était une certitude ! Il n'y avait pas eu le son caractéristique du transport sorcier. Très pratique sur courtes et moyennes distances, le transplanage s'avérait très dangereux et coûteux énergiquement sur les longues distances. Mais peu importe la distance concernée, il y avait toujours un bruit particulier qui accompagnait l'apparition et la disparition du sorcier. Et là, il ne l'avait pas entendu.

De plus, Amaranthe venait de mettre le doigt sur un sujet sensible. Même si tout ceci remontait à un mois maintenant, cela restait très critique, sensible et, il fallait l'avouer, troublant. Techniquement, il avait trompé Jessica. Si les circonstances étaient plutôt atténuantes dans son cas, le silence de la mexicaine en disant long pour le français face à l'ultimatum qu'il lui avait posé. Mais, quoi qu'il puisse dire pour se justifier, il avait fauté, tout comme elle. Il ne pouvait le nier. Les circonstances étaient bien différentes mais, officiellement, ils étaient toujours ensemble lorsqu'il s'est laissé emporter par ses émotions et avait embrassé Megan. Mais uniquement officiellement. Dans les faits, le long silence face à l'ultimatum était suffisamment explicite. Il n'y avait pas à tergiverser là-dessus. Les choses n'étaient pas dites, mais les faits étaient là ! Dean était conciliant mais pas stupide. Si Jessica avait besoin d'autant de temps pour réfléchir, c'était qu'elle n'était pas sûre de vouloir ce qu'elle affirmait vouloir. Et rien que ça, ça voulait déjà dire beaucoup. Et puisqu'il avait perdu confiance en elle, il avait finalement décidé d'envoyer une lettre et de couper court à la réflexion de la phénix. Le tromper avec Skylar lui avait fait mal, d'où le fait de se sentir complètement perdu sentimentalement au moment du bal organisé par le Comte, mais cela lui avait ouvert les yeux. Les chimères étaient bien des éléments du passé, il ne servait donc à rien de chercher à les rendre présentes. Il s'en voulait de ne pas avoir fait les choses correctement avec Jessica, de ne pas avoir rompu avant d'embrasser Megan, d'avoir été trop faible face aux élans de son cœur pour lutter le temps de clarifier la situation. Mais ce qui était fait était fait. Il ne pouvait revenir dessus. Et il ne le voulait pas.

La question d'Amaranthe le troublait vraiment. Que pouvait-il vraiment répondre ? Il savait que l'abraxane était proche du dossier, que Jessica avait l'habitude de se confier à elle. Et il ne savait pas ce qu'elle savait du sujet, il ne savait pas ce que son ancienne petite-amie avait pu lui raconter. Mais une chose était sûre : il avait commencé à fréquenter Megan après que les choses aient été fixées avec la mexicaine, après qu'il ait reçu la lettre incendiaire qui le rendait fautif de tous les maux de leur relation brinquebalante. Il se leva et avança vers les deux filles. Il ne savait pas comment Amaranthe avait communiqué de la sorte avec lui, il n'avait donc moyen que de les rejoindre, de s'incruster dans leur discussion. Une fois aux côtés de Megan, il parla d'un ton calme, posé et appuyé par le geste de ses mains :

- Ne t'en fais pas Ama, ce qu'il se passe entre Megan et moi n'a débuté qu'après le bal du Comte, qu'après que Jessica m'ait incendié dans sa lettre de réponse à ma lettre de rupture. Je ne suis pas aussi blanc que je l'aimerais dans cette histoire, mais je ne mérite pas la réaction de Jessica. Quoi qu'il en soit, je ne veux plus en parler. C'est fini avec Jessica, les choses sont plutôt claires de ce côté là.

Il ne s'éternisa pas plus sur le sujet. Cela ne servait à rien de remuer quelconque couteau dans la plaie. Celle-ci était cicatrisée, il avait compris, il était passé à autre chose. Plus facilement qu'il ne l'aurait pensé - il devait sûrement ça à la longue période de froid et de dispute qu'il avait connu avec Jess les deux derniers mois avant leur rupture - mais c'était fait. Il était heureux avec Megan. Malgré le secret, leur couple allait bien et commençait à battre des ailes.

Il décida de changer de sujet. Proche comme il l'était avec Ama, il savait qu'ils auraient d'autres occasions de parler de ça, quand la situation sera moins gênante. Dean se voyait mal parler vraiment de ce sujet devant Megan. Il trouvait vraiment ça gênant, ça ne se faisait pas pour elle en plus. Il demanda à l'irlandaise :

- Et c'était quoi ça, ce que tu as fait dans la chambre ? Tu peux te téléporter sans transplaner, sans le fameux pop-crack des transplanages ? Je ... C'était quoi ?, demandait-il à la fois curieux et inquiet.

La situation aurait pu être gênante. Si Amaranthe était arrivée quelques minutes avant, elle aurait pu nous surprendre en plein ébat sous la douche.  Pourtant, je n'avais pas à être gênée, ni à subir une quelconque remarque de ce qui se passait entre Dean et moi. Nous n'avions rien fait de mal, et même, nous avions également pris la décision de nous cacher, pour nous mais aussi pour Jessica, lui évitant ainsi une nouvelle humiliation. Je regardais ma colocataire, toujours les bras croisés, attendant patiemment qu'elle s'exprime. Si le ton d' Amaranthe était en rien le ton de reproche, je trouvais tout de même que ça y ressemblait et je lui répondis honnêtement.

- C'est l'impression que tu donnes.

J'employais un ton dégagé, comme à mon habitude lorsqu'il y avait des tensions, tentant de prendre un peu de recul par rapport à ça. La question d'Amaranthe me fit arquer un sourcil. Je m'attendais pas à ce qu'elle me pose cette question, mais je lui répondit sincèrement.

-Ton absence n'est pas passé inaperçue, je n'ai pas eu besoin de lui en parler. Si tu veux parler de ce que tu as fais, rassure-toi, il sait juste que nous n'avons pas la même opinion sur ton absence.

J'omis seulement de lui dire que j'avais révélé à Dean qu'elle s'était mise en danger. Toutefois, ce petit détail n'était pas si important, surtout que Dean ne savait rien d'autre à ce sujet.

-Mais en quoi ça poserait problème qu'il en sache plus ?  Du moins si comme tu le dis, ton entreprise est légitime.

Je la regarde droit dans les yeux, un peu plus sèche qu'à l'ordinaire. Mais son regard sombre dans une sorte d'absence. Elle ne réagit et ma patience en prend un coup. Sauf que j'entends la voix d'Ama s'élever derrière moi, alors qu'elle est juste en face. Ne comprenant rien, je me retourne et je vois quelque chose d'hallucinant. Le corps d'Ama est face a Dean !  C'est quoi ce truc ?  Je n'ai même pas le temps de réagir que la Amaranthe en face de Dean se... Dématérialise sous nos yeux. Dématérialise, c'est le mot, car ce n'est clairement pas du transplanage surtout que le corps d'Ama dans la salle de bain n'a pas bouger d'un pouce.

L'histoire de quelques secondes, j'imite à la perfection le poisson rouge hors de son bocal, me demandant même si je ne suis pas victime d'hallucinations.  Devant mon mutisme et mon manque de réaction, Dean en profite pour venir se poster à mes côtés, répondant à la question que le sosie d'Ama lui a poser. Visiblement je ne suis pas la seule à avoir vue ça, mais dans ce cas là, la réponse de Dean est franchement le cadet de mes soucis.

- C'était quoi... Ça ?!

Demandais-je complètement paumée, et estomaquée. Dean lui demanda la même chose, et nous restâmes plantés là, face a Amaranthe, attendant une explication à ce qui venait de se produire.

Dean s'expliqua face à la question - bien qu'indiscrète - d'Amaranthe. Non, il n'avait pas trompé Jessica, ou du moins pas vraiment. Enfin là n'était pas la question. Ce n'était pas lui qui avait fauté et c'était passé maintenant. Cela faisait plus d'un mois que c'était terminé avec Jessica et il n'allait pas revenir sur cette décision. Il était très bien depuis qu'il était avec Megan, ils ne s'entredéchiraient pas au moins. Et plus, il fallait avouer que les dernières heures passées ensemble étaient juste merveilleuses, un véritable morceau de paradis. Si l'on retirait le passage de l'hippogriffe et de l'eau glacée bien sûr. Il était heureux avec la jeune femme, et plus le temps passait auprès d'elle, plus il l'était.

Mais il fallait revenir sur ce qu'il venait de se passer. En effet, comment pouvait-il ne pas faire attention à l'apparition que venait de faire Amaranthe ? Cela n'avait rien d'un transplanage. C'était très particulier. L'apparition s'était faite comme fantomatique. Elle s'était matérialisée et dématérialisée devant lui sans vraiment prendre forme pour autant. Il n'en revenait toujours pas de ce qu'il venait de voir. Mais il n'était pas le seul dans ce cas a priori. Megan semblait tout aussi choquée que lui sur la magie que venait de produire l'irlandaise. Il n'y avait absolument rien d'habituel là-dedans. Il n'avait jamais vu une telle forme de magie, et pourtant il était curieux et avait même voyagé. Mais jamais rien n'avait ressemblé à ça.

Les deux amants, dont la relation venait d'être révélée malgré eux à leur amie, attendaient impatiemment une réponse de la rousse. Ils avaient besoin de comprendre ce qui s'était passé, ce qu'elle venait de faire. Après lui avoir adressé un sourire qui lui signifiait qu'elle le croyait, elle prit la parole pour leur expliquer qu'il s'agissait d'un don familial. Un don magique qui ne se manifestait que très rarement dans la famille, c'était même plus que rare. Chaque septième première née donnera naissance à celle ou celui qui possèdera ce don. Celui-ci ne se manifestant qu'à l'âge de vingt-et-un ans d'ailleurs. Autant dire que ce don était effectivement très rare, même au sein de sa famille. Il s'agissait du don d'ubiquité, c'est-à-dire qu'elle avait la capacité de se trouver à deux endroits au même instant.

C'était une sacrée révélation. Son amie lui paraissait d'autant plus unique, d'autant plus impressionnante après cet aveu. Elle leur expliqua qu'elle ne le maîtrisait pas, qu'elle n'arrivait pas à contrôler ses manifestations. Son don n'en faisait qu'à sa tête et ne se manifestait que quand elle ressentait une émotion si forte qu'elle ne pouvait la canaliser. Cela expliquait pourquoi l'apparition précédente n'avait pas parfaitement pris forme. Il jeta un coup d'œil à l'américaine. Celle-ci semblait tout aussi surprise que lui. Mais quoi de plus normal face à ce qu'ils venaient d'apprendre. Ce n'était pas tous les jours qu'on entendait parler du don d'ubiquité. Le français ne savait pas que celui-ci existait avant qu'Amaranthe ne leur en parle quelques secondes auparavant. Il demanda :

- Ça fait longtemps qu'il se manifeste ? T'as des pistes pour le maîtriser ? C'est incroyable ! Tu te rends compte du don dont tu as hérité ?

Il n'en revenait toujours pas. Ce don semblait tellement puissant à ses yeux. C'était à peine croyable. Elle pourrait faire des choses formidables avec ce pouvoir, notamment pendant leurs missions avec l'Ordre. Du moins, il fallait encore savoir comment il s'appliquait, quels effets il avait, dans quelle limite le double était-il vulnérable. Il était curieux de savoir de quoi retournait vraiment ce dédoublement magique dont avait hérité la jeune femme.

Je regardais Amaranthe me dire qu'elle avait juste été surprise. Non, j'étais persuadée qu'elle n'était pas contente du tout, et j'étais certaine que c'était lié à ce qu'elle avait vu entre Dean et moi. Si elle était choquée par un simple contact tendre, heureusement qu'elle n'était pas rentrée quelques minutes plus tôt dans la salle de bain. Je jetai un coup d'oeil vers la douche ou quelques minutes plus tôt, Dean et moi nous nous étions abandonnés l'un à l'autre et se mordit la lèvre inférieur pour ne pas rire. Ce n'était absolument pas le moment.
Dean vint se poster à mes côtés, répondant à la question d'Amaranthe, toutefois, vue ce qu'il venait de se passer, je trouvais qu'il y avait quand même plus important que ça à dire. Et le sujet de son absence revint sur le tapis Son besoin de vengeance la guider sur la mauvaise pente, et je savais parfaitement de quoi je parlais. Je ne pouvais pas permettre à Amaranthe de risquer sa vie pour ça, elle vallait beaucoup mieux. Malgré la présence de Dean j'ajoutais.

-Tu crois que la vengeance t'apportera du réconfort? te soulageras? Mais tu te trompes ! La vengeance, c'est comme un venin et ça ne t'apportera rien de bon et fuir cette discussion non plus.

J'étais fatiguée. Cette journée avait été intense et je n'avais aucune envie de me disputer avec elle encore une fois. Je savais qu'elle était libre de mener sa vie comme elle le souhaitait et je ne la jugeais pas, je voulais seulement lui donner quelques conseils et sur ce point là j'étais vraiment bien placé. Mais là encore, ce sujet était devenu que secondaire. l'apparition d'un don d'ubiquité était inquiétante, même si c'était, semble-t-il, un héritage de famille. Contrairement à moi qui ne voyait pas sa d'un bon oeil, Dean paraissait bien plus enthousiaste et je le regardais comme s'il avait perdu la tête.

-Attends, tu n'es pas sérieux là? C'est surtout dangereux! Lui dis-je sur un ton de reproche en le regardant. Je fini par me tourner vers Amaranthe avant d'ajouter, lorsque tu te dédoubles, est-ce que ton ... corps astral peut-être blessé? Et puis, ça veut dire que ton corps premier ne répond pas et reste sans défense? Si c'est le cas, il faut vraiment éviter de te mettre dans des situations sujets aux fortes émotions tant que tu ne contrôles pas ça. Dis-je en portant ma main gauche à mes lèvres, tout en réfléchissant.

Ce don pouvait être autant une bénédiction qu'une malédiction, et j'étais surtout inquiète pour sa sécurité. Pourtant, j'étais loin d'être quelqu'un de particulièrement attentionnée avec ceux qui me laissaient indifférente. J'avais vraiment beaucoup d'attachement pour Amaranthe pour me comporter ainsi avec elle.

Dean ne comprenait rien à l'histoire dont parlaient les deux jeunes femmes. Néanmoins, leur points de vue différaient, c'était une certitude. Cela avait-il un rapport avec les propos que Megan lui avait tenu plus tôt dans la journée ? Amaranthe s'était mise en danger et il semblait que leurs divergences portaient effectivement sur cette aventure. Dean ne savait pas ce qu'avait fait l'irlandaise lorsqu'elle était loin de l'académie, et écouter les deux abraxanes se disputer lui faisait craindre de savoir. Qu'avait-elle donc fait durant cette absence ? Ses propos impliquaient le défunt Cricklewood. Le français comprenait en cet instant à quel point son amie avait été proche du cavaleur. Il ne voulait pas savoir ce qu'elle avait fait pour atténuer sa souffrance, pour venger celui qu'elle portait dans son cœur. Il ne la savait pas capable de quelque chose d'inconsidéré au point sous-entendu par les filles, mais il pouvait comprendre que la peine ait pu la pousser à agir autrement qu'elle ne l'aurait fait en temps normal. Les sentiments étaient quelque chose de fort chez les gens, il était plus que difficile de lutter contre. A moins d'être sociopathe.

Il aborderait peut-être à nouveau le sujet avec la rouquine plus tard. Il entait bien que ce sujet tendait la situation, qui avait plutôt besoin d'être attisée. Il préférait qu'ils s'attardent sur le don de la jeune Aislinn. Elle ne le maîtrisait peut-être pas pour l'instant, mais ça ne retirait rien au côté passionnant qu'avait cette force magique. Il l'écouta apporter les réponses à ses questions. Son don se manifestait depuis novembre dernier, d'abord partiellement, maintenant plus consistant. Un autre corps que le sien pouvait maintenant apparaître. Il était clair que l'apparition qu'elle leur avait donnée quelques minutes auparavant n'était pas consistante, n'était pas parfaite. Mais elle avait énormément de potentiel avec ce don. Cette manifestation magique était fascinante aux yeux du jeune homme. Le fait que ce don puisse leur être utile pour l'Ordre n'était qu'un détail. Il était bien plus émerveillé devant de telles capacités, devant une telle puissance magique. Il était maintenant habitué à ce que la magie ait son lot de mystères, mais comment ne pas s'extasier devant une telle prouesse ? Il s'intéresserait à cette puissance dont faisait preuve son amie, c'était une certitude.

Elle expliqua de plus qu'elle travaillait à la maîtrise de ce don, notamment à l'aide d'un vieil ouvrage sur le sujet que lui avait offert Bentley pour Noël. Elle avait également ainsi prouvé à ses proches que la légende familiale était vraie, que le don était bel et bien dans leur sang. Quoi qu'il en soit, Megan n'abordait pas du tout la même réaction que lui. Elle s'inquiétait des conséquences qui pouvaient se répercuter sur elle si son double subissait la moindre violence. Cette inquiétude était légitime, surtout dans le cadre de leurs activités au sein de l'Ordre du Phénix, mais la jeune femme répondit qu'elle apprenait à le maîtriser. Certes son don se manifestait lorsqu'elle ressentait une émotion forte, mais ses ressentis au cours d'une mission ou d'un affrontement faisaient-ils partis de ce cas ? Elle les rassura sur le fait que sa projection ne risquait rien, que ce n'était pas une partie d'elle, rien qu'une projection. Cela dit, elle ne savait pas si elle pouvait réussir à contrôler son corps originel en plus de la projection lorsque celle-ci existait. Et il ne s'agissait pas d'un détail négligeable. Si elle devait rester sans défense, inerte tant que la projection existait, c'était effectivement très dangereux pour elle. Mais seule sa pratique pourrait leur dire si cela était possible ou non.

Il ne pouvait que la rejoindre sur le fait que ce don était quelque chose de béni, qu'elle ne devait pas le renier. Il coulait dans son sang, c'était une partie intégrale de son être qu'elle ne devait en aucun cas renier. Comprendre et maîtriser cette projection allaient sûrement demander beaucoup d'efforts et de travail mais elle devait le faire, elle ne devait pas refuser ce don. L'abraxan répondit à tout cela :

- Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Fais juste attention à toi lorsque tu pratiques. Il passa sa main dans le dos de Megan et la caressa entre les épaules. Ne t'en fais pas, Ama sait ce qu'elle fait. On veillera sur elle en mission. Mais elle ne peut pas renier une telle bénédiction, ce don magique est une aubaine.