Chambre d'Amaranthe Aislinn & Megan O'Neill

L'agacement me tiraillait. Amaranthe était vraiment bornée et aveuglée par la perte de Bentley. Dans un sens, je la comprenais. La vengeance avait un goût désirable, mais lorsqu'elle se terminait, il restait toujours le goût de l'amertume, la sensation de ne pas être apaisé pour autant, bien au contraire. La vengeance, c'était s'abaisser au même niveau que ceux qui vous avez fait du mal, seulement après, il fallait accepté de vivre avec ça sur la conscience et ça restait le plus difficile.

-Et tu acceptes aussi le fait de t'être rabaisser à leur niveau? De vivre avec ça sur la conscience?

J'avais dis cela beaucoup plus calmement. Si elle y parvenait c'est que soit, elle était comme eux, soit... elle n'avait pas encore réalisé. Dans un sens, je ne sais pas ce qui était le pire, j'espèrais seulement qu'elle parviendrait à surmonter ça.

-Je ne te juge pas Amaranthe, bien au contraire, j'essaie juste de t'aider. soupirai-je

Mon passé chaotique, et mon besoin de vengeance m'avait précipité droit en enfer en quelque sorte. A vrai, dire, j'ai eu la chance d'être secouru avant d'atteindre le point de non-retour, mais Ama? Aurait-elle la même chance?

Lorsque le sujet aborda le don d'ubiquité d'Amaranthe, là encore j'étais beaucoup plus réservée qu'Amaranthe ou Dean, même si je comprenais leur point de vue. le problème restait le même, ce don, tant qu'il n'était pas contrôler était plus un facteur à risque qu'une bénédiction. Le contact de Dean dans mon dos, des douces caresses ne suffirent pas à me rassurer pour autant. Si le don d'Amaranthe était dévoilé au grand jour, les risques qu'on s'en prenne à elle se déculperait. J'avais vu les mangemorts usés de nombreux stratagèmes pour forcer des gens à utiliser leur don à mauvais escient, et le risque que cela se produise avec Amaranthe était aussi, elevé, si ce n'est plus. Je regardai Amaranthe, puis Dean.

-Je n'ai jamais dis qu'elle devait renier son don et de toute façon ce n'est pas comme si elle avait le choix. Je parle des missions pour l'ordre et de tout les risques qu'elle prend! fis-je agressive malgré moi. Et avec un soupire de frustration je tournai les talons.

Je ne pouvais pas mentionner mes craintes, sans parler de mon vécu, et je ne pouvais me résoudre à étaler mon passé comme ça. Je me contentai donc de capituler et je veillerai sur Amaranthe de loin en espèrant qu'elle puisse contrôler son don rapidement.

Je me retrouvai dans ma chambre, et j'allais jusqu'à mon lit ou Orion, mon gros matou aux habitudes solitaires vint me rejoindre, voyant bien mon état. C'était d'ailleurs les rares moments ou il venait quémander des câlins, comme s'il voulait me faire oublier ma mauvaise humeur. je me callais contre un de mes oreillers, assise en long sur le lit et Orion vint se poser sur mes jambes, plantant ses griffes dans mon jean. Je réfléchissais à tout ça. Pour Amaranthe, il allait falloir passé à l'action, et le plus tôt serait le mieux...

Le jeune homme ne comprenait rien de ce qu'il se passait. Les deux colocataires s'engueulaient pour des avis divergents, ce qui l'étonnait beaucoup. Il avait sûrement loupé un chapitre. De quel arsenal parlait-elle ? A quel attentat faisait-elle allusion ? De quoi parlait-elle donc ? C'était invraisemblable. Tous ces détails qui étaient balancés et qu'il devait analyser alors qu'ils étaient un choc en soi. Il ne savait plus où donner de la tête. Il avait beau cherché, il n'arrivait pas à comprendre. Y avait-il vraiment eu une mission de l'Ordre qui visait à détruire un arsenal d'armes moldues ? Non, ce n'était pas possible. L'Ordre avait pour unique but de combattre l'ascension du Seigneur des Ténèbres, c'était leur seul objectif. Ils devaient juste le combattre, lui et ses Mangemorts. C'était déjà une lourde tâche en soi, et dans laquelle leurs avancées se faisaient à peine sentir dans le climat actuel, alors pourquoi diable commenceraient-ils une lutte contre les groupuscules moldus ? Décidemment, quelque chose clochait dans cette histoire. A moins qu'Amaranthe n'ait fait cela sur son temps libre, durant son absence de l'académie ? Non, il ne la croyait pas capable de faire une chose pareille.

Quoi qu'il en soit, le sujet était brûlant et source d'animosité entre les deux jeunes femmes. Mais que pouvait-il faire ? Sans plus de détails sur le fond de la dispute, il ne pouvait pas intervenir, ni prendre parti. Il était coincé entre les deux, ne sachant comment réagir dans cette situation. Pourquoi se disputaient-elles vraiment ? Cette mission, qu'elle soit de l'Ordre ou personnelle, et ses conséquences valaient-elles vraiment le coup de disputer de la sorte ?

Amaranthe lui dit qu'elle n'hésiterait pas à l'appeler en cas de besoin. Il acquiesça d'un signe de tête. C'était normal de vouloir l'aider, c'était son amie, une amie proche même, et il espérait qu'elle réagisse de même s'il avait besoin d'elle. Il sourit à la jeune femme. Mais ce sourire se dissipa bien vite quand la dispute reprit. Mais ce ne fut pour vraiment longtemps. Megan y coupa court en allant se réfugier sur son lit avec son chat. L'irlandaise lui dit de retourner auprès de la blonde, qu'elle allait, pour sa part, faire un tour histoire de se changer les idées. Elle avait déjà quitté la pièce qu'il était toujours dans la salle de bain, le regard béant. Il ne revenait toujours pas de la dispute à laquelle il venait d'assister. Il resta quelques secondes comme ça avant de se ressaisir et d'aller près de l'américaine. Il s'assit sur le bord du lit d'Amaranthe, en face d'elle, et lui demanda :

- Le danger qu'elle a connu, c'est cette histoire de destruction d'arsenal ? Pourquoi a-t-elle fait ça ? Ce n'est pas l'Ordre qui l'a envoyée faire ça, si ? Et tu voulais que l'on fasse quoi à propos de Bentley ? Tu m'avais parlé d'une vengeance d'Ama à son sujet ...

En prononçant cette dernière phrase, cela fit tilt. Il commençait à comprendre de quoi retournait toute cette histoire d'assaut sur un groupuscule moldu. Il s'agissait d'une vendetta de la part de la rouquine. C'était incroyable, c'était invraisemblable, il ne pouvait pas croire cela. Il avait besoin que Megan le lui confirme. Avait-il raison ? Il ne l'espérait pas.

Le déni. Amaranthe ne se rendait donc pas compte qu'elle était à la dérive? Heuresement que j'avais décidé de couper court, les mots auraient pu dépassés nos pensées. La seule façon de la convaincre d'oublier ça vendetta, c'était de montrer Bentley sous un autre jour. Certes, c'était peu loyal et pas franchement engageant de remuer les secrets d'un mort, mais Bentley était la raison de la détresse d'Amaranthe, il fallait donc la secouer. J'avais réussi à faire délier les langues de certains étudiants, et je savais que Bentley avait été vu, à quelques reprises sortant de la chaumière avec une professeur, et j'avais appris par un étudiant qui avait eu, lui aussi un rendez-vous secret avec, que généralement, ce qui se passait dans la chaumière était loin d'être quelque chose de très catholique. Ce même étudiant m'avait appris qu'il n'avait pas renoué l'expérience avec elle puisqu'il avait découvert qu'elle cachait un appareil photo magique et photographier quelques scènes de leurs ébats, et qu'il n'avait pas été le seul dans ce cas. La croqueuse d'homme avait peut-être laisser les preuves à la chaumière, lieu des rencontres passionnelles. J'allais y faire un tour, et pas plus tard qu'aujourd'hui.

Amaranthe quitta la pièce alors que je la regardai prendre son violon, d'un air peu amène. J'étais vraiment furieuse qu'elle n'en fasse qu'à sa tête, toutefois, étant aussi têtue qu'elle, c'était stupide de lui en vouloir, mais j'étais particulièrement de mauvaise foi sur ce sujet.

Après le départ d'Amaranthe, j'avais sérieusement besoin de me calmer. Dean vint me rejoindre, s'assayant sur le bord du lit d'Amaranthe, à une certaine distance de moi. Amaranthe ne voulait pas que je me mêle de ses affaires et pensait que je la jugeais? Mais qu'avait-elle fait quand elle nous avait surpris Dean et Moi ensemble dans la chambre? C'était clairement le fantôme qui se foutait de la mort. Le français me posa alors quelques questions, et je savais que même si Amaranthe ne voulait pas que ça se sache, je devais lui en parler. Il était ami avec elle après tout, et n'étaient-ils pas proches? Et si Amaranthe était si fière de ce qu'elle avait fait, alors pourquoi ne devais-je pas en parler? Elle n'avait qu'à assumer.

-L'Ordre n'a rien à voir la dedans Dean, Après la mort de Cricklewood, Amaranthe a totalement changé et a quitté Haveirson. J'aurai du me douter de la raison de son départ, j'ai juste pensé que... qu'elle n'était pas comme moi, que ce n'était pas dans son caractère la vengeance...

Non j'avais été aveuglé parce que je l'avais voulu. La vengeance ne faisait pas partie du caractère d'Amaranthe auparavant, mais j'avais oublié que la vengeance n'était pas un trait de caractère inée. Au contraire, la vengeance apparaissait par la souffrance. Ma stupidité avait laissé Amaranthe prendre un chemin dangereux sans que je ne veuille le voir, et réagir maintenant... Etait-ce déjà trop tard?

-Elle a infiltré un groupuscule extrêmiste moldu, mais n'a pas réussi à atteindre son but, ils l'ont démasqués avant. Ama a eu de la chance d'en réchapper et elle a détruit leur arsenal, mais elle s'obstine à penser qu'elle a bien fait. Elle a risqué ça vie, et a été blessée. Elle aurait pu mourir Dean! Et personne n'en aurait rien su parce qu'elle est partie dans sa vendetta sans même prévenir quelqu'un.

Ma gorge se noua à ce constat. J'étais dépassée par le changement d'attitude d'Amaranthe qui avait toujours été si raisonnable. Je regardais Dean, et je finis par me calmer un peu. J'étais désolé pour Dean d'avoir assisté à une nouvelle dispute entre Amaranthe et moi. Il n'avait vraiment pas eu de chance, et j'avais l'impression de l'avoir mis malgré lui, entre deux feux. Mais il n'avait pas eu besoin de beaucoup d'explications, il avait vite fait de faire le lien entre la vengeance d'Amaranthe par rapport à Bentley et le groupuscule moldu.

- J'ai découvert quelques possibles petits secrets de Bentley et je suis quasiment sur qu'Ama n'est pas au courant. Je sais que c'est particulièrement déplacé ce que je veux faire mais... Si Amaranthe persiste dans cette voix, elle va s'en sortir complètement détruite... à supposé qu'elle s'en sorte... Je veux l'aider, et... tant pis si je dois pointer du doigt les méfaits d'un mort.

Je regardais Dean, ignorant si mes paroles et mes intentions avaient pu le choquer. Je pense qu'il pouvait peut-être s'y attendre, car malgré tout, je me suis toujours montrer déterminée pour arriver à mes fins.

-J'ai découvert que Bentley avait quelques vices. Je dois juste trouver les preuves, et je pense que je peux trouver ça à la chaumière.

Je ne regardais plus Dean, mais Orion, que je caressais doucement, au niveau des oreilles. Ce chat aussi paresseux qu'il était, se trouvait être une source de réconfort étrange. Lorsque je relevais la tête, je plongeais mon regard azuré dans celui tout aussi bleu de Dean.

-Est-ce que tu veux venir avec moi?

Je me levais en douceur, repoussant ainsi Orion qui mécontent cracha avant d'aller se rouler en boule sur son coussin. Je comptais y aller de ce pas. Il fallait trouver un moyen pour faire réagir Amaranthe et tant pis si cela consisté à lui faire de la peine. Elle cesserait au moins de se mettre en danger pour un mort.

Les propos de Megan le consternaient. Comment Amaranthe avait-elle pu se laisser emporter de la sorte ? Elle qui semblait si réfléchie d'habitude, elle avait franchi un pas non négligeable. Il comprenait qu'elle soit triste de la disparition de Bentley, il comprenait qu'elle veuille que justice soit rendue, mais il ne comprenait pas qu'elle ait décidé de rendre justice par elle-même en se laissant dans une vendetta personnelle. Certes le malheur et le chagrin pouvaient entraîner de vives réactions, mais à ce point ? Il en était vraiment étonné. Ce coureur de jupons signifiait-il tant aux yeux de la rousse ? Il ne l'aurait jamais pensé.

Et Megan semblait se rendre responsable de cette vendetta engagée par leur amie. Mais pourquoi ? Comment aurait-elle pu prévoir ? Personne n'aurait pu anticiper une telle réaction de l'irlandaise. Oui le chagrin pouvait rendre les gens capables de beaucoup, mais seul un très bon devin aurait pu présager cette réaction de l'Abraxane. Il ne savait pas qui était au courant dans l'entourage de la rouquine, mais il était persuadé qu'aucun d'entre eux ne serait pas choqué à la découverte de cette histoire. Maintenant qu'elle était rentrée, il fallait garder un œil sur elle. S'il avait été habitué à porter une surveillance discrète et ponctuelle de l'américaine pour la protéger d'elle-même, il n'aurait jamais imaginé devoir en faire de même avec l'irlandaise, elle aussi habituée à ne pas perdre de vue trop longtemps les agissements de Megan à Poudlard.

Dean écoutait la jeune femme en face de lui avec attention, buvant ses paroles, plongeant son regard rassurant dans le sien. Elle ne devait pas se sentir coupable de ne pas avoir prévu les actes d'Amaranthe, personne n'aurait pu. Mais que pouvaient-ils vraiment faire ? Ils n'allaient pas jouer les baby-sitters à longueur de journée. Ils avaient des études à poursuivre. Maintenant que l'irlandaise était de retour à l'académie, ils devaient juste garder un œil sur elle et veiller à ce qu'elle ne reparte pas de la sorte. C'était leur amie et ils devaient l'aider dans cette passe difficile, mais être toujours sur son dos n'aiderait en rien la situation. Ils se tiendraient juste régulièrement au courant de l'état de la rousse, garder une relation amicale avec elle, mais ils ne devaient pas la surveiller constamment. Qui supporterait cela ?

Le français ne s'attendait pas à une telle proposition provenant de sa petite-amie. Il voulait aider leur amie commune lui aussi, mais il ne pensait pas qu'elle lui proposerait d'aller fouiller dans les secrets de leur défunt camarade. C'était effectivement déplacé. Déranger les morts dans leur repos éternel n'était pas quelque chose de bien vu dans leur société, et remuer leurs secrets encore moins. Il n'y avait que Rita Skeeter et son lectorat que cela amusait. Devaient-ils vraiment en arriver là pour aider Amaranthe ? C'était tout de même quelque chose de grave ce qu'elle envisageait. Il lui demanda :

- T'es sûre qu'il n'y a pas d'autres solutions ? Je veux dire que .... tu sais qu'il n'aimera pas ça. Et, tu l'as dit toi même, c'est déplacé.

Ces secrets seraient cachés dans la chaumière ? Quelle drôle de cachette ! Nombreuses étaient les personnes qui se rendaient dans ce lieu mis à leur disposition par le Comte. Y cacher quelque chose était culotté, mais surtout stupide. N'importe qui pouvait tomber dessus à n'importe quel instant par mégarde. Megan lui demanda de venir avec elle. Son regard plongé dans le sien, il ne savait pas comment lui dire non. Il ne quitta pas ses yeux des siens :

- Si tu penses qu'il n'y a pas d'autre moyen que d'aider Ama, je veux bien t'accompagner à la chaumière. Mais sache que ça ne me plaît pas de remuer les secrets d'un mort, même si c'est pour aider une amie proche.