[Botanique générale] Botanique, billes et bleusaille [Complet][En cours]

Alors qu'il s'affairait à quelques ablutions matinales, l'ancien Serpentard se remémora les allégations de son colocataire, quelques nuits auparavant. Il connaissait Luuna depuis plusieurs années, maintenant, et il arrivait plus ou moins à cerner les élans imprécis de Clemens à son sujet. Pourtant, ce n'était pas cette histoire qui le travaillait régulièrement ces derniers jours. Mais plutôt ce qu'il avait eu le malheur de comprendre dans les propos de son ami.

Était-ce important à ce point, ce bout de puzzle, cette information manquante à son répertoire ? Non. Assurément. Toutefois, Rowan ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Qu'est-ce qui pouvait bien relier Heath, Clemens et Luuna ?

Son regard se perdit sur quelques fiches et programmes qui traînaient de ça et là. Un cours de botanique avait lieu dans moins d'une heure. Était-ce une opportunité à saisir ? Tout du moins, il pouvait espérer y croiser mademoiselle Greenleaf. En quelques propos judicieusement appuyés, il pourrait bien obtenir les réponses qui lui faisaient défaut. Au pire, il se concentrerait sur le cours, en emportant les affaires nécessaires à ce dernier.

Non sans une certaine curiosité, tant vis-à-vis d'une matière qui lui rappelait quelques souvenirs, que sa mission du jour, loin d'être anodine à son sens, il se dirigea vers les serres. Ancré dans une nonchalance guindée, il se glissa entre quelques étudiants pour accéder à la porte, puis entrer dans la salle. Une fois dedans, il alla se trouver une place, non loin de Nathanael. Avec une courtoisie toute maîtrisée, il le salua en inclinant le visage avant de se concentrer sur ce qui le préoccupait.

Vérifiant une énième fois son sac, l'ancien Gryffondor ne put s'empêcher de constater l'état de son matériel de botanique, preuve de leur longue vie, et de leur efficacité. Cours généraliste, certes, mais rien ne l'empêchait de prévoir un minimum de matériel, en cas de besoin. Et quel état. Tout ces objets étaient usés, mais entretenus avec une méticulosité qui frisait l'obsession, trait qui pourrait, selon le moment, être observé chez leur propriétaire, derrière sa façade de neutralité.

Botanique. L'un des rares cours qu'il ne trouvait pas rébarbatif. De par le travail de son père, le grand blond avait passé la majorité de ses vacances hors des zones civilisées, et avait appris plus vite à reconnaitre les types de plantes que les maillots des équipes nationales de Quidditch en plein tournoi international, alors lorsqu'on avait proposé des cours généraux de botanique ... Son sang n'avait fait qu'un tour.

Avant de redescendre. Des cours généraux ... Sans doute de la remise à niveau. Les bases à revoir, avec une lenteur ineffable, probablement accompagnées de notes, voire de copies de cours ... Moins passionnant que d'esquiver les branches d'un saule cogneur, définitivement. Sa fierté grattait passablement à la porte de sa paresse, lui indiquant, pourtant, avec force grognements, que ces cours auraient le mérite de l'intéresser un minimum.

Ce fut dans un de ces grognements, léger, mais bien présent, qu'il ouvrit la porte de la serre, et entra dans ce bâtiment, havre des plantes et végétaux, et désormais salle de cours qu'il allait fréquenter. Traversant d'un pas étonnamment léger la distance qui le séparait des tables, le regard de Theodore passait d'une plante à l'autre, reconnaissant çà et là telle ou telle plante, lui faisant, fugacement, esquisser un bref, mais bien présent sourire... Qui s'effaça aussitôt alors qu'il se laissait tomber sur sa chaise, saluant les personnes présentes d'un signe de tête.

Isolde s'était levée de très bonne humeur ce matin-là, enjouée à l'idée de rencontrer son nouveau professeur de botanique. Le précédent avait un caractère sympathique mais taciturne, aussi espérait-elle un nouveau titulaire plus affable. Le cours était à une heure précoce mais Isolde était matinale, et toujours motivée pour l'étude des plantes. Elle glissa son matériel, soigneusement emballé dans une pochette en cuir, dans son sac, enfila une paire de bottes à toutes épreuves qui ne craignaient pas la terre des serres et une veste chaude pour se protéger du vent vivifiant de novembre. Avant de partir, comme presque tous les matins, elle accorda quelques minutes de câlin à son petit félin étiré paresseusement sur son lit. Elle lui donna une petite friandise et quitta rapidement sa chambre, le laissant retomber dans les bras de Morphée.

La serre était déjà occupée par d'autres étudiants, au bonheur d'Isolde qui ne pensait pas que la botanique attirerait les foules. La serre lui paraissait toujours aussi accueillante, avec ses odeurs riches et un peu entêtantes et ses plantes magnifiques ou bizarres. Elle observa le professeur un instant. Il était plus jeune que le précédant, et plutôt agréable à regarder, pensa-t-elle avec un sourire intérieur. L'expression sur son visage était légèrement tendue, ce qui n'avait rien d'étonnant pour un premier cours. Elle pensa à son futur premier cours qu'elle assurerait bientôt à Poudlard. Elle pourrait sûrement lui demander des conseils à ce sujet.

Plusieurs visages lui étaient encore inconnus,  et elle se rapprocha au hasard d'une jeune femme aux magnifiques cheveux roux, occupée à regrouper ses mèches en un haut chignon. La vue des graines colorées lui arracha un sourire enthousiaste, et elle lui adressa la parole gaiement en oubliant même de se présenter.

"J'ai hâte de commencer ! Tu connais ces graines ? Qu'est-ce que c'est, à ton avis ?"

La jeune femme rousse adressa un sourire engageant à Isolde lorsqu'elle s'assit sur la chaise libre à ses côtés. Cette dernière n'avait pas plus d'idées que la jeune Phénix sur l'identité et l'utilité des petites graines. Isolde sourit. Le professeur cherchait à les étonner et à mettre du piment dans son cours dès le départ. C'était là, d'après elle, la différence majeure avec Poudlard. La plupart des cours de l'académie étaient libres d'accès, et les professeurs devaient redoubler d'inventivité pour attirer les élèves et aiguiser l'intérêt pour leur matière. De plus, l'école était nouvelle, et elle supposait qu'ils devaient faire leurs preuves pour obtenir leur titularisation. Ce qui expliquait le niveau élevé des cours jusqu'à maintenant. A Poudlard, au contraire, les professeurs et les habitudes étaient bien installés et rodés, et l'imprévu plutôt absent, mis à part pour le cours de Défense contre les Forces du Mal. La qualité était au rendez-vous également, mais la dynamique scolaire était singulièrement différente. Le contraste plaisait à Isolde en tout cas. La plupart des élèves avaient une vingtaine d'années et leur proposer des cours magistraux tels qu'on les trouvait à Poudlard serait un peu déplacé et peu pertinent.

La jeune fille à ses côtés lui paraissait douce et sympathique. Isolde prit l'initiative de se présenter.

"Je ne t'ai même pas dit mon nom ! Je m'appelle Isolde, et toi ? Tu es dans quelle maison ? Je ne crois pas t'avoir déjà rencontrée, je me souviendrais de tes cheveux, ils sont magnifiques !"

L'inconnue n'eut pas le temps de répondre que le professeur s'adressa soudain à ses élèves, réagissant à la question d'Isolde. Il la fixa quelques instant avant de répondre, apparemment content de voir une élève aussi enthousiaste.

Les indices qu'il divulgua au sujet des graines ne firent qu'accroître la curiosité de la jeune allemande. Suivant ses instructions, elle enfila ses gants (qui commençaient à être un peu usés d'ailleurs, il lui en faudrait bientôt de nouveaux) et approcha prudemment un doigt de la graine posée devant elle. Elle essaya de la pousser légèrement, attentive à ne pas la faire tomber de la table. A sa grande surprise, la petite boule se révéla bien plus lourde qu'elle en avait l'air. Elle la poussa plus fortement et elle bougea finalement, roulant lentement sur la table et permettant à Isolde de l'observer sous toutes ses coutures. Elle fouilla frénétiquement sa mémoire à la recherche d'indices laissés par une ancienne lecture. Elle passa en revue les graines qu'elle connaissait sans réussir à trouver un lien avec celles posées sur la table. Leur couleur et leur forme étaient semblables à beaucoup mais leur poids ne correspondait à aucune autre en sa connaissance. Loin de la frustrer, cette plante inconnue était comme un trésor à explorer et Isolde releva la tête, ravie, pour croiser directement le regard du professeur.

Son air aimable et ses tentatives de détendre l'atmosphère le rendaient de plus en plus sympathique aux yeux de la jeune femme. Elle faisait un pas dans sa direction lorsqu'une tête connue arriva dans son champ de vision.

"Oh, salut Autumn, je ne savais pas que tu t'intéressais aussi à la botanique ! Tu m'excuses, je reviens tout de suite, je voulais dire un mot au prof."

Elle ne pouvait pas dire si elle était contente ou non de voir débarquer la jeune fille. Leur première rencontre avait été particulièrement mouvementée et Isolde était bien en peine de se faire une opinion sur Autumn.

Accordant un sourire à sa voisine, elle s'avança vivement vers le professeur, resté près de son bureau. Elle s'arrêta devant lui et le salua avec un sourire.

"Bonjour monsieur, je suis Isolde Mayer, je suis inscrite au cursus de spécialiste de la flore magique.

Elle ne savait pas comment présenter sa demande, aussi décida-t-elle de commencer par répondre aux questions qu'il leur avait posé.

- Je m'intéresse aux plantes depuis que je suis petite, j'ai toujours aimé les observer. C'était ma matière de prédilection à Poudlard, et Mme Chourave m'a encouragée à continuer sur cette voie. Je voyage aussi beaucoup, et chaque balade est une occasion de découvrir des nouvelles espèces. Vous vous êtes un peu promené dans les environs de l'académie ? Il y a des spécimens très intéressants, et quelques uns assez rares. Je les ai croqués dans un carnet pour ne pas les arracher à leur environnement, je pourrai vous les montrer si vous êtes intéressé.

Elle marqua une courte pause puis se résolu à poser sa question.

- Je voulais vous demander si vous accepteriez de me donner des conseils. Je vais bientôt commencer un stage comme assistante de Mme Chourave et je vais devoir assurer des cours. J'ai quelques idées, mais j'aurais besoin d'aide. Mme Chourave m'a déjà bien aiguillée, mais j'avoue être plutôt adepte des cours plus... dynamiques et interactifs ! Je ne vous prendrai pas beaucoup de temps, quelques minutes à la fin d'un cours si ça ne vous dérange pas ?"

Réveil, stress, panique. Gueule sèche, aride. Douleur tête, poitrine. Remontées acides. Putain, on est déjà demain : faut que j'm'active. J'm'habille. J’boirais bien deux-trois litres. J’me traîne jusqu’à la salle de bain. J’ai des flashs de la veille. Tout c'que j’me rappelle, c’est d’avoir trop tisé. J’ai l'impression de pisser de l'eau de Javel. [...]J'ai des trous dans la tête. Des trous dans la tête. Des trous dans la tête. Des trous dans la tête...

Putain, grosse soirée encore. Et aucun souvenir. Un regard rapide à son lit. Ouf, il avait passé la nuit seul. Bon, c'était quoi le programme... Botanique? Bota... Nique... Le seul fait de rire à cette vanne pourrie lui retourna l'estomac. Rofl... Ca allait être coton cette histoire.

Finalement, après s'être rendu à peu près présentable ou du moins moins cadavérique (et s'être endormi deux ou trois fois sous la douche), il partit pour le cours, les mains dans les poches. D'un pas traînant, il pénétra la serre, vêtu de son pantalon sombre et de sa chemise urbaine bleu roi. Clairement, il n'était pas dans le ton du cours de botanique. Mais peu importait, Gareth n'avait pu se résoudre à privilégier le pratique à l'esthétique. Parce bon, après tout, "un cours de jardinage, c'était forcément un cours avec de la femme quoi".

Bref, un rapide coup d'oeil permit à Gareth d'appréhender les forces en présences. Côté filles d'abord. Isolde et la furie du bal, qui avait surgit de nulle part pour agresser Rowan. Rowan qui était d'ailleurs là, seul à sa table. Le reste, deux jeunes hommes qu'il ne connaissait pas, et plus intéressant, deux filles qu'il n'avait jamais vu non plus. Une asiat' et une rouquine. Pas mal! Elles ne devaient pas être de Phénix ou il les aurait déjà croisées. Une remontée acide. Alerte. Ouais bon, c'était peut-être pas le bon moment pour penser à la gent féminine... Autant aller comater auprès de la seule présence masculine qui ne lui était pas inconnue. Les pieds parvenant non sans quelques difficultés à décoller du sol, Gareth se dirigea lentement, mais sûrement vers Rowan pour le saluer.

_ Salut Rowan.

Au diable le formalisme, il avait fait l'effort au bal mais il était temps de revenir sur terre. Et puis il n'avait clairement pas d'humeur pour toutes ces samala... lamasa... Salamalecs quoi.

_ Oh la place est libre.

Ce n'était pas une question. Gareth s'écroula quasiment à côté du guindé Rowan. Puis, il jeta un coup d'oeil à ce que leur avait préparé le professeur sur leur plan de travail. Il avait pas prévu une potion contre la gueule de bois des fois? Son regard tomba finalement sur les intrigantes graines. Intrigantes? Pas pour Gareth.

_ Ah top, ils ont prévu le petit déj'!

Megan avait passée une nuit agitée, peuplé de ses cauchemars. D'humeur massacrante, elle s'était levée et avait filée à la douche histoire de mettre de côté sa colère, en vain. Cette période de l'année était vraiment difficile pour elle. Car c'était en début novembre que la vie de Megan avait basculée, devant un enfer peu enviable. Elle s'habilla chaudement, et alla prendre son petit déjeuner. Elle prit bien soin de rester à distance de ses camarades pour le petit déjeuner, et partie rapidement pour le premier cours du matin : Botanique. Elle attendit quelques minutes devant avant que les premiers élèves n'arrivent, elle rentra avec eux et se mit à l'écart des autres, feuilletant son livre de plantes servant dans les antidotes de poisons, ce qui pouvait lui être utile !

Le professeur parla de « ses petites merveilles » dont Megan prit bien soin de rester loin. Après tout, quelqu'un de mal intentionné aurait très bien pu les dresser à attaquer Megan non ? (Un peu parano, je vous l'accorde:Evil:), bref, botanique n'avait jamais été sa matière préférée, loin de là ! Elle se plaisait même plus à écouter les délires de Trelawney plutôt que de savoir quoique ce soit sur ses plantes louches et dangereuses.

La mine aussi fatiguée que Gareth qui venait d'arriver, le visage fermé pour ne pas laisser entrevoir sa vulnérabilité en ce jour, Megan attendit patiemment que le temps passe, et que le cours commence et se termine aussi vite...

Tandis que son esprit affûté inspectait scrupuleusement les diverses manœuvres à adopter, vis-à-vis de mademoiselle Greenleaf, d'autres étudiants affluèrent progressivement à l'intérieur de la salle. Le cours ne commençant pas immédiatement, il lui semblait opportun de réfléchir à sa technique d'approche avant de pleinement se concentrer sur la matière enseignée ici-bas.

L'ancien Serpentard porta la main à son menton, distraitement, apercevant du coin de l’œil les arrivants. La plupart des visages se révélèrent familiers, bien qu'ils appartenaient prioritairement à la confrérie Abraxan. Cela dit, il salua avec une grande courtoisie ses différents camarades, inclinant élégamment le visage à ceux qui prenaient le temps de le fixer ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Politesse oblige.

Dès lors que l'enseignant commença à parler, Rowan chassa les encombrements douteux qui parasitaient ses pensées. Il canalisa toute son attention autour des allégations de messire Fitzsimmons, prenant en note la moindre des informations avancées. Il savait à quel point ce genre de détails pouvaient faire la différence, surtout lorsque l'on en prenait conscience. Après avoir reporté sur son carnet ce qui l'intéressait, le jeune homme profita de la prise de parole d'Isolde pour enfiler ses gants.

Autant suivre les instructions à la lettre. Comme autrefois.

L'instant suivant, sire Frost, son partenaire de cursus, se présenta au cours dans un état pour le moins... Instable ? Chancelant ? Difficile à dire. Il avait l'air d'avoir passé une nuit éprouvante, comme d'autres participants, installés à l'écart du groupe.

« Bonjour Gareth. »

Sans rien laisser transparaître, le jeune homme jaugea le comportement un brin trop spontané du Phénix. Sans s'en offusquer. Il parvenait petit à petit à l'apprécier... Lui et son caractère festif. Fêtard ? Dévergondé, indubitablement. En tout cas, quelque chose qui lui rappelait constamment Clemens.

En suivant le regard de son camarade, qui se dirigeait vers les graines, puis sa remarque, Rowan eut une drôle d'appréhension. D'un geste lent et maniéré, il croisa les bras. L'une de ses mains venant effleurer la poignée de sa baguette d'orme. Au cas où.

« Ne soyez pas si hardi, mon ami. Ces graines, je le crains, ne sont pas comestibles. » Et il insista tout particulièrement sur le dernier mot, en ayant parlé d'une voix lente et détachée, largement compréhensible.