Le Deal du moment : -19%
Aspirateur balai Dyson V15 Detect Absolute (2023)
Voir le deal
649 €

 

 L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 12:04

C’était la première fois qu’il se rendait au jardin anglais. Il l’avait souvent contourné, peut-être même traversé une fois, depuis son arrivée à Haveirson, mais il n’avait jamais pris la peine de le visiter véritablement. Le choix de ce lieu pour un rendez-vous ne manquait pas de surprendre, néanmoins. En plein mois de décembre, qui plus est en soirée, les allées étaient plongées dans la nuit et le froid ne manquait pas de lui rougir les joues. Cependant, Clemens ne se sentait pas de rester enfermé. Il avait envie de marcher, de se sentir libre, c’était comme un moyen d’évacuer la frustration et les sentiments qui pesaient sur son âme depuis trop longtemps. De plus, il ne doutait pas que l’endroit serait désert… Voir Quinlan en public, mais sans yeux indiscrets. C’était comme couper la poire en deux. De toute façon, ils avaient trop à se dire. Tant, qu’il ne savait même pas ce qu’il pourrait dire.

L’étudiant avait revêtu son trench-coat et son chapeau avant de descendre errer dans les allées. Aucun point de rendez-vous exact n’avait été décidé dans leurs lettres, mais il faisait trop froid pour se tenir immobile dans la neige. Silhouette sombre dans la pénombre, Clemens se promenait en silence, le regard vif, à la recherche d’un corps qui viendrait à sa rencontre. Il avait volontairement chasser tout souvenir du Danemark de son esprit, dans un effort de les cloisonner assez loin pour qu’ils ne surgissent pas durant sa conversation avec Quinlan. Leurs retrouvailles se promettaient délicates à plusieurs points de vue, et il y avait des points de son absence qu’il préférait ne pas aborder. Du moins, pas maintenant. Si c’était possible, il était encore plus embrouillé dans sa relation au guérisseur qu’avant de quitter l’académie.

Les mains dans les poches, il regrettait de n’avoir pas pris de gants. Mais il ne serait rentré pour rien au monde. Le guérisseur avait déjà du l’attendre sans but, perdant tout espoir de le voir surgir, et il ne voulait pas que cette situation se reproduisse. Il se contenta donc de rouspeter en silence sur son propre empressement à sortir. Le calme du jardin et le froid qui ne manqua pas de lui agresser le visage eut au moins le mérite de l’apaiser. C’était paradoxal, mais il sentait que ce lieu inconnu, dans une ambiance cotonneuse, les aiderait à renouer le contact. Dans l’appartement du guérisseur, il craignait qu’ils soient submergés par leurs propres ardeurs, par une passion destructrice et peut-être même, par de vieilles blessures. Le moment était trop délicat pour se laisser aller à la spontanéité, pour une fois, un peu de mise en scène ne leur ferait peut-être pas de mal.

Un bruit de neige qui crissait le fit s’arrêter et se retourner. Dans le noir, il ne pouvait distinguer le visage de cette ombre qui descendait l’allée. Dans le doute, Clemens décida de rester silencieux, immobile et attentif en travers du chemin. Il ne voulait pas dévoiler qui il attendait réellement, avant de savoir qui était cet anonyme qui venait à sa rencontre. Les chances de voir un promeneur surgir en ce lieu et à cet heure était évident faibles, mais… Quinlan l’avait lui-même souligné dans sa lettre, ils se devaient de rester prudents. Pour une fois.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 12:38

Il n’avait pu répondre que favorablement à cette invitation, mais elle l’avait quand même surpris. Quinlan ne s’était pas attendu à ce que Clemens lui donne rendez-vous dans un endroit public et neutre, plutôt que de simplement débarquer à l’improviste chez lui maintenant qu’il le pouvait. Le voir apparaître au beau milieu de la nuit, ou pendant qu’il travaillait… C’était une idée qui avait tellement plu à Quinn qu’elle l’avait empêché de dormir et de bosser correctement. Alors quand cette lettre était arrivée, avec une heure et un lieu précis, il tiqua une fraction de seconde avant de se concentrer sur la véritable nouvelle : Clemens était de retour.

Après lui avoir répondu, sûrement un peu maladroitement, Quinlan s’était laissé à imaginer l’état dans lequel pouvait se trouver le Sinistros, à la fois physiquement et mentalement. C’était peut-être parce que lui-même n’avait pas l’impression d’être rentré entier du Pérou qu’il se disait qu’il était possible qu’il soit arrivé quelque chose à Clemens et qu’il ne se soit pas risqué à le dire dans une lettre. Ou alors était-ce sa formation de guérisseur qui le rendait particulièrement sensible à ce genre de questionnements ? Et si le choix d’un endroit neutre était précisément parce que quelque chose n’allait pas…? Non. Quinn se refusait à penser de façon si négative, surtout après avoir lu entre les lignes des missives de Clemens. L’Allemand cachait peut-être des blessures pour ne pas inquiéter Quinlan, mais il n’irait pas jusqu’à mentir. Pas à propos de ce genre de choses.

Quinn eut bien du mal à faire taire son cerveau ce soir-là, et la journée suivante aussi. Anxieux plus que de nature en journée, il appréhendait en même temps qu’il avait hâte que la nuit tombe enfin. Une partie de lui ne pouvait s’empêcher de trouver toute son attitude parfaitement ridicule, et indigne de lui, mais quand la glace a fondu il est impossible d’empêcher l’eau de faire des vagues. Professionnel jusqu’au bout, il fit de son mieux pour mettre de côté ses états d’âme, attendant la fin de sa permanence à l’infirmerie pour retirer sa blouse et courir jusque chez lui. Un bain, un repas pris sur le pouce et une tenue choisie avec un peu trop de soin plus tard, il se rendit dans le jardin anglais.

Il ne fréquentait pas trop les extérieurs d’Haveirson, sûrement à tort. Même en hiver, il était plutôt réceptif à la beauté de l’endroit, quand bien même il n’était pas un passionné de la nature comme son frère. La neige rendait l’endroit plutôt intime malgré son ouverture, et le froid ne le dérangeait pas le moins du monde. Quinlan avait adoré voyager en Scandinavie, et le suédois était d’ailleurs la seule langue étrangère qui avait su éveiller son intérêt… Jusqu’à l’apparition de Clemens et de ses origines germaniques. Bref, la neige et la glace, il connaissait et le froid ne l’a jamais dérangé, de toute façon.

Avançant à pas de loup, emmitouflé dans sa robe de sorcier hivernale. Longue, tellement pleine de tissu qu’on aurait cru que Fitzsimmons père avait utilisé un rouleau de laine entier, il avait en plus rabattu le capuchon sur sa tête, lui donnant l’air d’un spectre. Pourtant, lorsqu’il approcha cette silhouette qu’il avait aperçue au loin et qui avait rendu ses battements de cœur bien trop rapides, il redressa la tête et laissa un sourire éclairer son visage.

— Bonsoir.

Et maintenant… il faisait quoi ? Devait-il s’avancer et l’embrasser ? Le prendre dans ses bras et lui faire un câlin ? Rester planté là comme un con ? Déjà, il s’efforça — en vain — de virer le sourire niais qui lui collait au visage, et fit son possible pour aligner une phrase cohérente :

— Tu vas bien…?

Apparemment, il n’avait pas l’air blessé et c’était bien ça le principal. Quinlan s’était fait un sang d’encre en apprenant qu’il avait dû partir pour une urgence familiale, et il ne se rendait compte du poids de son inquiétude que maintenant qu’elle commençait à disparaître.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 13:19

Evidemment, la silhouette qui s’approchait était Quinlan. Sans doute aurait-il du le reconnaître, mais dans ce contexte si différent, seulement éclairé par la lueur de la lune, il n’avait pas voulu faire confiance à son instinct. Quand il s’agissait du guérisseur, il n’était de toute façon jamais sur de rien. Clemens le laissa approcher en silence, traversé d’une sensation qui s’apparentait à une douche chaude immédiatement suivie d’une douche froide. Maintenant qu’ils étaient là, réunis face à face, il n’avait aucune idée de comment réagir. De comment agir, simplement. Leurs lettres avaient été univoques, chacun se languissant de la présence de l’autre, comme si leur relation avait été toute naturelle. Sauf qu’en réalité, ils n’avaient vécu qu’un assemblage de hasard bien ficelés sans que la raison ou la réflexion ne vienne jouer un rôle quelconque dans leur drôle de lien. A présent, il ne leur restait que l’hésitation.

Face à face dans le noir, l’Allemand essayait de distinguer les traits de son aîné, résistant à l’appel d’un pas en avant et d’une main sur le visage. Il pensait discerner un sourire dans l’ombre dansante de ses traits, mais il ne pouvait jurer qu’il ne s’agissait d’un rictus. Leur confiance bien établie dans la correspondance s’était perdue dans le ciel de leur désir et, à présent réunis, il leur semblait nécessaire de tout reconstruire. Après une vague salutation, le silence s’établit entre eux, pesant et inconfortable, témoin hurlant du manque de naturel que leur inspirait la situation. Clemens trouva à peine la présence d’esprit de souffler une réponse.

“Bonsoir Quinlan.”

Que dire d’autre ? Je suis content que tu sois venu. Evidemment, il l’avait confirmé par courrier. Tu m’as manqué ? C’était vrai, et en même temps, il ne se sentait pas de le dire. J’ai une nouvelle théorie à partager ? Vrai à nouveau, mais le jardin plongé dans le noir était-il vraiment l’endroit pour travailler ? L’étudiant avait suggéré cet endroit sur un coup de tête, cherchant inconsciemment une alternative à l’intimité de l’appartement. Il ne se sentait pas prêt à saluer Quinlan comme un vieil ami ou comme son compagnon, car il n’était aucun des deux. Pas encore. Et peut-être jamais. Pour lui dont la répartie ne se tarissait jamais, être dans l’incapacité de trouver un trait d’esprit, ou même une phrase banale, qui pouvait convenir à la situation lui fit l’effet d’une torture. Il se sentait à la fois ridicule et hésitant, surpuissant et plein de fougue, sans qu’un de ces état d’âme ne parvienne à prendre le pas sur l’autre. Finalement, le guérisseur rompit le silence et Clemens laissa échapper un rire.

“Outre la fatigue, la frustration, l’impression d’avoir été inutile et d’avoir perdu mon temps, on peut dire que oui. Je suis content d’être de retour, sans pour autant pouvoir regretter d’être parti. C’est… compliqué encore.”


Comment en dire beaucoup sans ne rien dire. Ses paroles étaient bourrées de contre-sens, mais il les avait prononcées avant de s’en rendre compte. Ses yeux étaient figés sur Quinlan, à la recherche d’un quelconque indice dans son attitude qui pourrait lui révéler comment lui, était sensé se comporter. Peine perdue.

“Enfin, j’imagine que ma dernière lettre a du te donner un aperçu du bordel que j’ai traversé ces dernières semaines.”

Le fait de parler lui allégeait progressivement le cœur. Entendre sa voix combler la distance lui donnait l’impression de la réduire physiquement également. Il fallait retrouver des codes, une complicité dans cet endroit neutre et inconnu. Le choc des retrouvailles passé, il réalisait aussi qu’il recommençait à mourir de froid.

“Viens, on va geler sur place si on reste plantés là.”

Clemens fit un signe de tête vers une allée perpendiculaire qui menait vers le centre du jardin. Le sentier s’enfonçait dans les ombres entre des buissons dénudés couverts d’une fine pélicule de neige immaculée.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 14:05

Jamais Quinlan n’aurait imaginé de retrouver Clemens dans une situation aussi glaciale et inconfortable, et pourtant. Il ne savait pas quoi dire ou faire, et se contenta simplement de sourire en lui demandant s’il allait bien. Pour lui, c’était ça le plus important. La réponse un peu bancale de l’Allemand lui arracha un petit rire qui le détendit un peu. Assez pour virer cette capuche qui lui donnait un faux air de méchant Disney.

— J’imagine oui. Je ne m’attendais pas à cette quantité de détails, même si je sais quel était le but réel de cette apparente diarhée verbale.

Encore une fois, il était trop soulagé pour s’empêcher de rire à sa propre ânerie. Même s’il avait raison : certaines méthodes de chiffrement demandaient plus de place que d’autres, et celle de Clemens était plutôt… verbovore. Mais voilà, à nouveau il ne savait que dire, et hocha simplement la tête quand le Sinistros lui proposa de marcher un peu.

Ils devaient avoir l’air de deux fantômes perdus au milieu du jardin, mais peu importait Quinlan. L’endroit était plus tranquille qu’il ne l’aurait cru au premier abord, et puis, en levant les yeux il y avait les étoiles. Enfin, il y aurait les étoiles s’il n’y avait pas autant de nuages. Ça n’aurait pas dérangé Quinlan de marcher en silence, mais ils avaient bien trop de choses à se dire pour se murer dans le mutisme. Mais que dire sans répéter ce qu’il avait déjà dit dans ses lettres ? Il ouvrit la bouche, mais son esprit était complètement vide. Aucune phrase ne lui venait, comme si les mots le désertaient soudain. De plus en plus désemparé par la situation qui n’était vraiment pas celle à laquelle il s’était attendu, il se rapprocha de Clemens tout en marchant à ses côtés, frôlant sa main de la sienne sans pour autant oser la saisir. Il avait seulement besoin d’un contact, de quelque chose, pour bien prouver qu’il était là et que ce n’était pas une hallucination.

— Je suis content que tu sois revenu en un seul morceau…

Par pitié, ça sonnait tellement mièvre ! Comme si Clemens était fait de sucre et qu’il était incapable de voyager sans mettre sa vie en danger ! Seulement, en sachant pourquoi il était parti si précipitamment, Quinlan ne pouvait pas s’en vouloir de s’être inquiété. L’ironie, c’était qu’il avait lui aussi quitté le territoire britannique, pour aller bien loin dans un endroit bien plus dangereux… Le tout sur un coup de tête provoqué par un chagrin sans objet. Il aurait pu crever, tout ça pour un malentendu. D’ailleurs, il n’était pas vraiment revenu intact, mais ça, il ne savait pas comment l’annoncer à Clemens, pas sans l’inquiéter outre mesure ou lui donner l’impression qu’il était le coupable dans l’affaire. Ce n’était pas urgent de toute façon, à moins qu’il ne trébuche sur une plaque de verglas cachée par la neige. En y pensant, Quinlan se fit soudainement beaucoup plus précautionneux.

Il avait tellement de questions à poser, mais elles étaient toutes pleine d’un pessimisme au bord du désespoir qu’il ne savait pas s’il devait vraiment ouvrir la bouche. Quinn préféra garder son sourire et se satisfaire que Clemens soit présent avec lui, plutôt que de pourrir l’ambiance avec des interrogations peut-être un peu trop sérieuses. Son cœur se serra rien qu’à y songer, et il se dit, non sans une pointe d’humour acide, que c’était exactement pour éviter ce genre d’épanchements qu’il avait vécu si longtemps dans une forteresse dénuée de sentiments.

— Et maintenant…?

Il ne s’était pas tout de suite rendu compte qu’il avait effectivement prononcé ces mots, et qu’ils n’étaient pas restés sagement dans sa tête. Cette petite question n’avait rien d’anodin, et maintenant qu’elle avait traversé ses lèvres, Quinlan se demandait s’il avait vraiment envie d’entendre la réponse.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 15:14

Voir Quinlan tomber la capuche lui fit plaisir. Sous la mince lumière que la lune leur offrait, il pouvait enfin redessiner ces traits familiers, gravés au fond de son esprit. Néanmoins, la sensation ne dura qu’un trop court instant. La réponse de son aîné fit grimper une forme de crispation dans ses muscles, symptôme trop régulier d’un Quinlan qui voulait faire un trait d’humour sur une des cordes sensibles de Clemens. La réponse de l’Allemand ne fut, à nouveau, qu’un murmure dépourvu de chaleur.

“ Le porteur du message est parfois tout aussi important que le message lui-même.”

L’étudiant ne parlait que rarement de sa famille, de son intimité, tout simplement. C’était un de ses rares sujets tabous. Il détestait évoquer la branche moldue de sa famille, tant pour se protéger lui-même que pour les protéger eux. Aucun de ses amis n’avait eu l’opportunité de les rencontrer, et la seule personne qui pouvait vraiment se targuer de connaître la situation familiale de Clemens était Isolde. Même Rowan, pourtant son confident régulier depuis plusieurs mois, restait dans le flou. Cette lettre, même si elle était porteuse d’un double message, avait été une main tendue. Un aveu de confiance. Bafoué ou mal compris, peut-être… mais néanmoins mis à mal.

Clemens continua à marcher, écoutant distraitement le bruit de leurs pas sur la neige, frissonnant de temps en temps quand un hibou particulièrement farouche leur signifiait sa présence dans les arbres. La caresse timide contre sa main ne le fit pas réagir, mais il ne se déroba pas non plus. Il se doutait, encore une fois, que la maladresse de Quinlan était tout sauf une intention volontaire de le blesser. Si il avait bien appris quelque chose de leur après-midi intime, c’est qu’ils s’atteignaient beaucoup trop facilement sur des remarques légères et des terrains qu’ils pensaient neutres. Pour autant, il ne précisa pas plus sa pensée. Inutile de repartir dans une dispute incompréhensible. Il garda son amertume pour lui, tout en levant un regard profond vers son aîné quand il lui fit part de son plaisir de le savoir sain et sauf. Un vague sourire flotta sur son visage avant de disparaître.

“ J’ai pris des risques inconsidérés pour quelque chose d’aussi dérisoire. Mais objectivement, je n’ai jamais vraiment été en danger. Sauf peut-être celui de ma propre stupidité.”


A nouveau, il lâcha un rire sans joie. Son humour n’était décidément pas au beau-fixe et son amertume était encore trop présente pour ne pas poindre dans la moindre réflexion. Il soupira. Avant qu’il ne puisse s’excuser d’être de mauvaise compagnie, ou du moins, qu’il ne trouve les mots pour le faire, Quinlan brisa le silence. Et maintenant ? Et maintenant quoi ?

Le sous-entendu était trop clair. Pourtant, l’étudiant se sentait parti pour faire sa forte tête et faire semblant de ne pas comprendre. Il n’en savait rien ! Comme si un voyage de plus d’un mois dans des contrées inconnues sur la piste d’une mère disparue mais pas vraiment l’avait aidé à voir plus clair sur sa situation. Sur ses sentiments. Sur la vie. Sérieusement. Clemens continua à marcher pendant presque une minute, muré dans le silence, tentant vainement de comprendre la sensation qui lui serrait la gorge. Il était tendu, maladroit, mal-à-l’aise, mais il n’arrivait pas à déterminer si c’était positif ou négatif.

Finalement, il haussa les épaules.

“Tu n’as pas changé. Toujours empressé de connaître ce qui reste sans réponse.”

Sa voix s’était enfin radoucie. Quinlan devait être aussi tendu que lui. Paumés dans leurs incompréhensions, déstabilisés par une absence trop longue, ils n’avaient de toute évidence pas le mêmes attentes. Clemens aurait simplement souhaité une discussion banale, l’évocation de quelques souvenirs, laissant le temps de se rapprocher et de s’habituer à nouveau à cette proximité qui avait été si sauvage et si brutale la première fois. Les idées allaient et venaient dans sa tête, sans qu’il ne parvienne à trouver l’équilibre entre ses propres envies et la compréhension de son aîné.

Il s’arrêta et se tourna vers le guérisseur. Pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés, Clemens chercha ce regard noisette qui l’avait tant fait frémir et s’y ancra. A la fois interrogateur et défiant, il se souvint des mots reçus la veille au soir pour sceller ce rendez-vous nocturne. Ce manque trainait entre eux, et même s’ils le partageaient, il ne semblait pas suffisant pour combler la distance. Les attentes étaient à la fois trop hautes et trop empreintes de désillusion. Une part de lui frémissait de poser une main sur le torse de Quinlan, de lover sa tête dans son cou et de rester là, en oubliant le monde et ses conséquences. Une autre huissait comme un faucon blessé cherchant à chasser un charognard, comme pour préserver sa propre intégrité. Paralysé par sa tension, l’Allemand laissa son regard détailler les ombres autour d’eux, comme pour s’assurer qu’ils n’étaient pas suivi, avant de murmurer :

“ C’est pour sa stabilité que je suis content d’être de retour à Haveirson. Tu sais, laisser venir les choses comme elles viennent, sans être perdu au milieu de nulle part.”


Dernière édition par Clemens Neubach le Dim 9 Aoû 2015 - 16:05, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 16:02

À l’intonation sèche et aux paroles de Clemens, Quinn comprit qu’il avait encore dit une connerie. La famille n’était pas un sujet tabou pour les Fitzsimmons, et involontairement il avait pensé que ce n’était là que du badinage sans grand intérêt. Cela dit, il mentirait s’il disait que ça ne l’avait pas touché que Clemens s’ouvre ainsi. Il avait envie de lui dire qu’il voulait tout savoir de lui, qu’il était avide de le connaître… Mais par peur de le froisser à nouveau, Quinlan resta silencieux.

Ce vide qui s’installa entre eux lui paraissait si infranchissable soudain. Trop occupé à essayer d’endiguer la trou noir qui lui bouffait les entrailles à l’idée que Clemens lui refusait même le contact de ses doigts, Quinlan releva à peine l’aveu des risques que l’étudiant avait pris pour venir en aide à sa famille. Encore une fois, il avait envie de dire ‘c’est normal, c’est ta famille’, mais qu’en savait-il après tout ? Si le sujet était sensible, c’est bien qu’il y avait une raison. Les Fitzsimmons étaient unis et s’entendaient bien, mais Quinn savait aussi que parfois, on partageait le sang de ceux qu’on haïssait.

Ce n’était pas une solution de ne plus rien dire, mais acculé comme une bête blessée, Quinlan essayait de gagner du temps pour réfléchir à quelque chose de plus intelligent à dire. Il n’avait jamais été doué pour le bavardage anodin, et il n’avait pas spécialement envie de raconter ce qui s’était passé au Pérou. Il ne savait même pas s’il en avait l’autorisation, mais il en doutait. De plus, ça n’aurait fait qu’inquiéter davantage Clemens. Oh, il finirait bien par lui exposer le problème, mais il préférait attendre que l’atmosphère se détende un peu. Même si plus le temps passait et plus il doutait que cela arrive.

Évidemment, sa phrase n’était pas passée inaperçu. Il aurait bien voulu ne pas l’avoir dite, mais c’était trop tard et Clemens était déjà en train de le rabrouer, certes d’une voix douce mais tout de même. Quinn avait presque envie de lui répondre qu’il n’avait pas changé non plus, toujours à se couper au moindre mot qu’il prononçait, alors que lui peinait à s’exprimer. Alors, quand Clemens se tourna enfin vers lui pour dire qu’Haveirson était comme une ancre pour lui, Quinlan abandonna.

— Tu as bien de la chance de pouvoir encore y trouver de la stabilité.

Les mots sortirent avec un peu trop de violence à son goût, mais il n’en pouvait plus de se reprendre la moindre parole prononcée dans la figure. Ses yeux se remplirent de larmes, bien contre son gré : il détestait pleurer devant témoins, et se frotta rageusement les yeux avant que ça n’arrive.

— Laisser les choses venir naturellement, c’est beau sur le papier, mais c’est le meilleur moyen de nous blesser.

Quinlan avait désespérément besoin de savoir à quoi s’en tenir, même s’il pouvait comprendre que Clemens ne savait pas trop où il en était. L’idée d’avoir un compagnon de Schrödinger — existe-t-il ou non ? — était insupportable pour Quinn. Il détestait le flou, surtout quand ça concernait une relation qui lui était aussi importante. Cela dit, il savait aussi qu’il ne pouvait pas forcer la main à Clemens… Si ce dernier ne se sentait pas perdu à Haveirson, Quinn avait la sensation d’être égaré depuis qu’il avait posé les yeux sur lui.

Il réalisa soudain. Clemens n’avait aucune idée du pouvoir qu’il avait sur lui, de ce que Quinlan était prêt à faire ou à ne pas faire pour lui. Foncer tête baissée à l’autre bout du monde sur une supposition d’abandon. Vivre comme un zombie simplement parce qu’il avait été contrarié de ne pas avoir été prévenu par le premier concerné. Pleurer comme un gamin à la lecture de quelques mots dissimulés dans une lettre, qu’il ne pensait même pas mériter. Et maintenant, on lui avait retiré son seul exutoire. Il était persuadé que son cœur devait lui faire physiquement mal. Mais il n’en était pas certain.

Tant de questions se bousculaient dans sa tête, des questions qu’il se refusait à poser parce qu’elles seraient autant d’attaques frontales à Clemens, et qu’il ne voulait pas devenir le bourreau dans l’affaire. Parce que Clemens méritait mieux que ça. Il méritait mieux qu’un handicapé social comme lui.

Se prenant le visage dans les mains, Quinlan fondit subitement en larmes.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 16:40

La réponse, claquée avec violence surprit Clemens et lui fit froncer les sourcils. Malgré ses efforts pour adoucir son ton, les mots choisis n’avaient pas été les bons, sans qu’il ne puisse comprendre pourquoi. C’était comme un aveu que lui, il perdait pieds. Aux dernières nouvelles, Haveirson avait été un nouveau départ pour lui, un moyen de se fixer ailleurs, dans un cadre clair, aux côtés de son frère. Si l’académie était devenue un lieu de perdition pour Quinlan, il devait s’être passé quelque chose durant son absence. Enfin… Outre son absence en elle-même. Mais comment diable pouvait-il deviner de quoi parlait le guérisseur ? Clemens resta pantois, une expression perplexe ouvertement dessinée sur le visage, alors qu’il attendait la suite.

Elle ne l’aida pas. Que faire d’autre, que de laisser venir les choses naturellement ? Leurs liens étaient basés sur des hasards, des développements que rien n’aurait cru possible, dégagés de toute évolution rationnelle. Ils s’étaient abandonnés à leur spontanéité, et maintenant, Quinlan prétendait que c’était le meilleur moyen de les blesser ? Certes, ils s’étaient atteints, blessés. Et plusieurs fois même. Néanmoins, c’était ça qui leur avait fait comprendre que malgré les apparences, il flottait autre chose entre eux qu’un simple partenariat entre un professeur et un élève. L’Allemand ne comprenait pas ce que son aîné pouvait bien attendre de lui, connu pourtant pour être si sanguin et spontané. Contrôler ses émotions, décider de ses actes à l’avance était quelque chose dont il était incapable, et Quinlan aurait du le savoir. Et puis de toute façon, si on chassait le naturel, il voulait faire quoi ? Signer un contrat ?

Si la détresse n’avait pas été si clairement visiblement chez le guérisseur, Clemens aurait sans doute lâché une remarque sarcastique. Là, il reconnaissait cependant la faille déjà entrevue plusieurs fois, et qui invariablement soufflait toute trace d’agressivité en lui. Il ne savait pas dans quelle plaie il avait encore bien pu mettre la main, mais avant qu’il puisse le déterminer, et contre toute attente, Quinlan fondit en larmes.

Si une attitude pouvait bien le surprendre, c’était celle-là. Il s’était attendu à des retrouvailles un peu délicates, après un après-midi intense et passionné, suivi de seulement quelques courriers et quelques regards échangés au détour d’un couloir. Ils ne savaient presque rien l’un de l’autre, ils n’avaient pas eu le temps de se forger quelques habitudes, ni même de décider quelle attitude adopter après leur… aventure ? Si seulement ils s’étaient revus dans l’intervalle, la situation aurait déjà été toute différente… Perdu, Clemens laissa passer quelques secondes le temps de retrouver ses esprits.

Et puis soudain, dans cette atmosphère cotonneuse et silencieuse, il s’avança vers Quinlan, comme on flotte dans un rêve. Ses bras se glissèrent autour des épaules de son aîné, une main dans ses cheveux, il posa sa tête contre la sienne. Il était incapable de prononcer le moindre mot, incapable de comprendre ce qui venait de se jouer, et de se briser dans ces dix minutes sous la lune. Quatre semaines séparaient les derniers moments qu’ils avaient passés ensemble et de toute évidence, leur lien flamboyant était encore trop fragile pour ne pas en avoir souffert. La seule chose qu’il savait, c’est que si il restait une flamme à entretenir, il la protégerait.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 17:30

Mais qu’est-ce qu’il était en train de faire, sérieusement ? D’où ça lui prenait de s’effondrer comme ça, comme un gamin ? Il voulait s’arrêter, reprendre contenance, mais il n’arrivait pas à stopper le flot des larmes. Il était en train de craquer, totalement. Il perçut à peine Clemens s’approcher pour venir le prendre dans ses bras, mais ne le repoussa pas le moins du monde. Au contraire, il avait désespérément besoin de ça. Ses sanglots redoublèrent pendant quelques secondes, alors qu’il passait ses bras autour de Clemens. Puis, l’averse sembla se calmer un peu.

Lentement, Quinlan releva la tête, évitant pourtant le regard de Clemens tant il se sentait honteux. Il essuya ses larmes, même s’il était encore secoué de spasmes, et bredouilla quelques excuses.

— Pardon, je… Je ne sais pas ce qu’il se passe…

Comment pouvait-il se sentir si heureux et malheureux à la fois ? Clemens était revenu, il était là, bien présent, et apparemment en bonne santé. Mais pour le reste, c’était le flou artistique. Quinlan aurait dû être aux anges, mais il n’y arrivait pas. Sa volonté de toujours vouloir plus, couplé au fait qu’il se considérait déjà comme trop gâté et indigne d’en avoir autant. Sa tendance à l’autoflagellation était en train de lui pourrir la vie.

— Je suis si fatigué de te blesser à chaque fois que je dis quelque chose… Je ne sais jamais quoi dire ou faire, tout ce dont je suis capable c’est de m’excuser une fois que c’est trop tard. La vérité, c’est que je n’arrive pas à concevoir que je puisse manquer à quelqu’un.

Finalement, c’était peut-être ça le cœur du problème. Comment accepter l’affection quand on se détestait à ce point ? Évidemment, il y avait Neal, mais c’était différent. Il faisait partie de sa famille et ils ne s’étaient pas vraiment choisis. Là, c’est comme si Clemens et lui s’étaient regardés dans les yeux et s’étaient dits ‘Oui, toi tu auras le droit de me pourrir la vie autant que tu veux et le pire, c’est que j’en redemanderai’. Jusque là, ils ne s’étaient pas trop mal démerdés de ce côté-là.

— J’ai cru que tu étais parti à cause de moi.

Il s’était juré de ne pas le lui dire, de ne pas l’accabler davantage avec ses petits soucis persos, mais là encore, c’était sorti tout seul. Et ce n’était peut-être pas un mal non plus. Cette fois, il eut le courage de le regarder dans les yeux.

— J’ai cru que tu me fuyais, et ça m’a bouffé. Je suis parti à l’autre bout du monde sur un coup de tête, et je ne sais pas comment ni pourquoi… Mais je ne ressens plus la douleur.

Il marqua une pause, réalisant soudain à qui il s’adressait : quelqu’un qui n’aspirait qu’à être débarrassé de la sienne. Quinlan baissa un instant les yeux en signe d’excuses, avant de continuer.

— Je ne vais pas bien.

C’était pas forcément le bon moment pour le lui dire, mais Quinn commençait à douter de la pertinence du terme ‘bon moment’ avec eux. Plongeant de nouveau ses yeux dans les siens à la recherche de la vérité, il lui demanda à nouveau :

— Est-ce que tu vas bien ?

Il avait besoin d’être rassuré, au moins à ce niveau. Se dire qu’il serait le seul à avoir payé le prix fort pour ne pas avoir supporté l’absence et le silence. Puis, soupirant et effaçant les dernières traces de larmes sur ses joues, il pris Clemens dans ses bras et lui murmura une phrase qui n’avait pas tout à fait le même sens quand elle était prononcée que quand elle était écrite, une phrase dont il comprenait chaque mot et lui donnait le poids qu’il méritait.

— Tu m’as manqué.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 18:35

Sans un mot, Clemens continua à serrer Quinlan contre lui. On lui avait dit un jour que la présence et la force avec laquelle on pouvait serrer quelqu’un avait un effet particulier sur les nerfs. Par une drôle de réaction, le corps interprétait ce geste comme une source de calme, plus efficace que les mots rassurants. Les bras que son aîné glissa autour de lui eurent le mérite de soulager la tension qui l’envahissait également face à ces retrouvailles qui dérapaient complètement. Ainsi enlacés, desespérés dans la nuit, Clemens ne put que chasser d’un murmure la tentative d’excuses de Quinlan. On avait tous besoin de craquer parfois. Et avec qui pourrait-il le faire, sinon ? Avec Neal, certes. Mais quelque chose lui disait que si Neal avait été là, à sa place, le guérisseur ne se serait pas effondré.

La tirade suivante le surprit assez pour qu’il s’écarte un peu, sans briser leur étreinte néanmoins. Ses yeux bleus, à la fois perplexe et brillants d’une sorte de colère sourde cherchèrent le regard de Quinlan, sans parvenir à le trouver. Les mots lui manquaient pour exprimer les idées conflictuelles qui se bousculaient dans son esprit. D’un côté, il en voulait au guérisseur de toujours considérer que son naturel correspondait au naturel de tout le monde. Il se savait différent, en marge des conventions, mais semblait n’en avoir cure quand il s’agissait de la sensibilité des autres. Il semblait avoir vécu si longtemps à l’extérieur de tous sentiments, sans se préoccuper de qui il pourrait blesser que c’était devenu un simple automatisme dont il ne pouvait plus se dévêtir. D’un autre côté, Clemens n’était pas rancunier et avait promis de ne pas chercher à le changer. Quinlan était une brute. Peut-être apprendrait-il à se contrôler, au bout d’un moment, mais jamais l’étudiant n’exigerait-il cela de lui. Ils se blessaient car ils étaient devenus trop proches, trop soudainement. Si seulement ils avaient pris la peine d’aller boire un café comme deux élèves de Poudlard, ils auraient déjà réglé un paquet de problèmes. Et ça, ça lui mettait les nerfs en pelote.

Cependant, ce qui le mettait le plus hors de lui, c’était sa conviction qu’il ne valait rien. Quinlan continuait à s’écraser et à se dévaloriser comme si c’était toujours Roxane qu’il avait en face de lui et devait se conformer à un partenaire tyrannique dont le passe-temps favori était de le faire se sentir coupable. Clemens ne pouvait même pas concevoir pour quelle raison il aurait fuit Haveirson, et qui serait liée au guérisseur. Ca lui semblait tellement invraisemblable, surréaliste même, que ça ne lui serait jamais venu à l’esprit. Il avait craint n’être qu’un jouet, qu’une aventure, un amusement rapide qu’un homme expérimenté et joueur comme Quinlan aurait eut tôt fait de jeter à la poubelle par lassitude. Il n’aurait jamais pu concevoir avoir pris une telle importance dans la vie du guérisseur.

Les révélations tombaient les unes derrière les autres, comme des coups de poings à l’estomac. Les blessures de son aîné l’atteignait car il en était la source sans même le vouloir. Il n’avait rien à se reprocher, et ne s’excuserait pas. Néanmoins, ça ne l’empêchait pas de se reprocher son manque de clairvoyance. Peut-être aurait-il du percevoir ce qu’il revêtait déjà pour Quinlan. Sauf qu’il n’avait perçut qu’un jeu léger, presque du badinage. Les échanges de courriers, les coups d’oeil complices dans les couloirs… Son regard s’adoucissait de seconde en seconde, sans perdre néanmoins de sa flamme.

Il glissa une main le long de la mâchoire de Quinlan et lui redressa le visage.

“ Pour quelle raison est-ce que je t’aurais fuit ? Je te bouffe quand tu m’avoues une attirance déraisonnable et que tu essaies de me dégager, puis au milieu de nulle part, sans raison et sans dispute, j’aurais abandonné la vie que je venais de me reconstruire, mes amis les plus chers, une émulation parfaite et des avancées dans mes recherches… Pourquoi !?”

Ses mots étaient violents, mais de cette violence révoltée qu’on déployait pour se battre en faveur d’une bonne cause. Sous le coup de sang, il ne réalisait même pas que ces mots pouvaient potentiellement agraver les choses. Tout ce qui lui importait était de faire comprendre à Quinlan qu’il ne fuirait pas. Il ne voulait plus fuir ses échecs, plus maintenant. Surtout quand il n’en avait pas subit. La déferlante d’informations avait été soudaine et intense, tant qu’il ne pouvait décemment pas traiter tous les sujets en même temps. L’aveu sur la douleur l’inquiéta, mais il la relégua au deuxième plan pour un moment. Une petite voix au fond de sa tête lui disait qu’il était lié à une histoire bien plus longue, et que le guérisseur n’était pas en état de la raconter maintenant.

“ Je suis fatigué, frustré, j’ai une tonne de cours à rattraper et beaucoup trop de choses en tête. Techniquement, c’est pas pire que d’habitude.”


Évidement, ce n’était pas lui qui avait du subir une absence. Il savait que Quinlan finirait par être au courant des raisons de sa disparition, et les seules lettres qui avaient fait naître une sorte d’inquiétude chez lui, il ne les avait découvert que la veille. Comme aucun courrier ne lui était parvenu, il ne savait rien de ce qui s’était joué à Haveirson. Heureux et apaisés sont les ignorants. Savoir que le guérisseur était parti au bout du monde et — il n’en doutait pas, s’était mis en danger — parce qu’il s’était cru abandonné était en soi une source suffisante pour faire naître une certaine forme de peur. Sauf qu’il y avait plus urgent et qu’une phrase murmurée au creux de son oreille occulta tout le reste.

Clemens appuya son front contre celui de son aîné, son regard plongé dans ses yeux noisettes.

“Il ne s’est pas passé un jour sans que je n’ai souhaité pousser ta porte.”

Ça n’avait été qu’un murmure. Pour quelqu’un qui, comme Clemens, retenait toute expression de ses sentiments par les mots, c’était déjà énorme. Tant dans l’aveu que dans la spontanéité. Accompagnant ses mots, ses bras s’étaient refermés un peu plus fort autour de Quinlan.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 19:20

Bien sûr que Clemens n’avait rien à se reprocher, et Quinlan le savait bien. Il ne rejetait pas la faute sur lui, il avait simplement besoin d’extérioriser. Le fait que l’étudiant puisse prendre ses paroles comme une attaque avait convaincu Quinn de ne pas aborder ces sujets, avant que sa frustration et que le silence n’en décident autrement. Clemens n’aurait jamais pu savoir que Quinlan ne prenait jamais la peine d’écrire à ses aventures, ni même de les tolérer dans son espace personnel alors qu’il était en train de travailler. Le Docteur lui-même était hautement indifférent à ce qu’il percevait comme étant de simples étrangers, des humains de passage. Or, Clemens avait tout de suite été le centre de l’attention à peine eut-il mis le pied chez Quinlan. Ce dernier avait bien tenté de l’expliquer dans une de ses lettres, mais il avait sûrement été trop cryptique.

Bref, Clemens n’avait pas compris qu’il était loin d’être le genre de mouchoir qu’on jette une fois qu’on l’a souillé. Tout comme Quinlan n’avait pas compris que l’étudiant n’avait aucune raison de fuir Haveirson de façon définitive. Ce qu’il disait aurait pu aggraver les choses oui, mais Quinn comprenait. Du moins, il le pensait. Il haussa les épaules, avant de répondre simplement :

— J’ai du mal à te suivre, alors quand je ne sais pas ce qu’il se passe, j’ai tendance à imaginer le pire.

Oui, le pire, c’était ça pour lui. C’était un aveu pitoyable de sa part de dire qu’il ne comprenait pas Clemens, mais au moins c’était honnête. Et puis, ça lui évitait de penser au fait que pour l’étudiant, il ne semblait se résumer qu’à un partenaire de recherches. Il l’était, bien sûr, mais il avait parfois l’impression de n’être que ça. C’était une impression irrationnelle, que Quinlan savait fausse, mais il voulait tellement être plus que ça… Il ne s’en était même pas rendu compte. Il n’avait pas réalisé à quelle vitesse il s’était impliqué.

Il fut alors rassuré quand Clemens lui confirma qu’il n’allait pas spécialement plus mal que d’habitude. Assez pour esquisser un sourire : il avait oublié de parler de cette théorie qu’il voulait partager, mais ils y reviendraient bien vite. De toute façon, ils n’allaient sûrement pas travailler à cette heure-ci, dans le jardin, et en plein hiver.

À la place, Quinlan serra de nouveau Clemens contre lui, lui avouant à quel point son absence l’avait atteint. La réponse de l’étudiant, front contre front et yeux dans les yeux, manqua de lui faire faire un arrêt cardiaque. C’était idiot de le réaliser seulement maintenant, mais oui, Quinn, c’était bien réel. Avant même qu’il ne s’en rende compte, ses lèvres s’étaient posées sur les siennes et ses doigts se perdaient dans ses cheveux.

Ce contact lui avait tellement manqué, lui qui contre toute attente n’avait même pas eu à lutter contre sa libido pendant l’absence de Clemens. Elle avait tout simplement plié bagages, comme si elle était partie avec lui. Quinlan en avait été le premier surpris, lui qui était persuadé de ne pas pouvoir se passer de flirt et de threesome de temps à autres. En fait, il venait de se rendre compte que ça faisait plusieurs années qu’il n’avait pas été abstinent si longtemps. Il n’allait pas le dire à Clemens, du moins, pas maintenant, et n’allait sûrement pas demander des cookies et des félicitations, mais c’était quand même un fait assez exceptionnel pour être noté. Aussi exceptionnel qu’un Quinlan amoureux, en fait.

Le baiser dura moins longtemps qu’il n’en eut l’air, mais il fut suffisant pour remettre un sourire sur le visage de Quinlan. Ce qu’ils pouvaient être bêtes, quand même !

— Et elle est toujours ouverte pour toi… À vrai dire, je m’attendais presque à me réveiller un jour et à te voir dormir à mes côtés. Je ne désespère pas, cela dit.

Il haussa les épaules et détourna le regard. Sous la lumière de la lune, on aurait presque pu voir qu’il rougissait.

— J’ai encore du mal à me faire à l’idée mais… Serais-je un romantique refoulé ?

Quinn eut un petit rire amusé. Un poids venait de s’envoler de son cœur, en espérant que ce qu’il disait n’allait pas encore déclenché l’apocalypse. Il avait tellement aucune idée de ce qu’il se passait dans la tête de Clemens que même à cet instant, il redoutait un retour de flammes.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 20:16

La réflexion lui arracha un petit rire. Il était épuisant et difficile à suivre, ça, il l’avait suffisament entendu. Mais si Quinlan était trop fier pour lever un petit drapeau blanc et demander une pause pour signifier qu’il n’avait pas compris, ils n’étaient pas prêts de régler leurs problèmes de communication. D’un autre côté, Clemens pourrait aussi apprendre à prendre le temps de se faire comprendre. Après tout, il pouvait être tellement sanguin et distrait qu’il n’écoutait même pas toujours les réponses aux questions qu’il posait. Et c’était plutôt ridicule de sa part. Par conséquent, demander au guérisseur de simplement poser la question quand il était perdu quelque part paraissait à la fois grotesque et mal placé. Tanpis, il ramènerait le sujet sur le tapis plus tard. De toute façon, il faudrait bien qu’ils en parlent.

Le plus important pour le moment était de rassurer Quinlan et de faire taîre cet accès de panique qui le terassait sur base d’inquiétudes irraisonnnées. Clemens allait aussi bien que faire se peut dans de telles circonstances, il n’aurait sans doute pas souffert autant d’une absence du guérisser, mais simplement car il n’aurait pas été imaginer un scénario de fin du monde, et surtout : le manque était présent chez lui aussi. Front contre front, plongé dans les yeux de son aîné, il avait senti le baiser venir sans vouloir cependant l’initier. Sentir ces bras se resserer autour de lui, ces doigts qui venaient sauvagement fouailler dans ses cheveux, son chapeau qui tombait dans la neige et la tendresse partagée de quelques secondes. Les yeux fermés, il savoura ce moment autant qu’il le rendit, et afficha une moue vaguement déçue quand il prit fin. Un sourire la remplaça rapidement.

“ J’ai hésité, à vrai dire. Mais quand je suis rentré, que j’ai vu les lettres que tu m’avais envoyées et qui étaient restées sans réponses… J’ai compris que les raisons de mon absence n’étaient pas arrivées jusqu’à toi aussi rapidement que je ne l’avais espéré. Je suis parti très rapidement, en ne laissant qu’un mot griffonné dans notre chambre.”

Il se tut un instant, le temps de choisir ses mots.

“J’ai eu peur que me voir débarquer chez toi sans prévenir soit interprété comme une provocation.” Il fit une nouvelle pause, hésitant, avant d’ajouter à voix basse. “Sans compter la perspective de te trouver dans les bras de quelqu’un d’autre en arrivant à l’improviste.”

C’était drôle de dire ça, alors que Quinlan parlait justement de romantisme lors d’une embrassade nocturne sous les étoiles — ou ce qu’on en voyait, du moins. Maintenant qu’il était lancé, Clemens s’était trouvé une veine expressive qu’il comptait bien exploiter: ça arrivait bien trop rarement pour ne pas en profiter, et puis surtout, ils avaient encore tellement à dire avant de cesser de maltraiter leurs sensibilités respectives sans le vouloir… Néanmoins, le sujet était sensible, et le moment était mal choisi pour en parler. L’Allemand savait pertinemment que Quinlan n’était pas un maître dans le respect des conventions sociétales dont dérivait la monogamie. Indirectement, il l’avait accepté en promettant à son aîné qu’il n’essaierait pas de le changer.

Avant de laisser au guérisseur le temps de répondre à ce qu’il venait de dire, il plongea à nouveau sur lui pour l’embrasser avec plus de fougue que ce qu’ils ne venaient de faire. Le contact à présent renoué, il réalisait combien il s’en était languit durant son absence. Pour autant, il interrompit le baiser après quelques secondes seulement, un sourire amusé sur les lèvres, une lueur espiègle dans les yeux. A nouveau lui-même, il se baissa pour ramasser son chapeau puis il attrapa la main de Quinlan et l’entraîna à sa suite dans l’allée, s’enfonçant dans les ombres.

“Je peux gérer le romantisme, tant que tu n’installes pas des pétales de rose dans ton lit, avec pour ambiance la musique d’une fille à la voix haut-perchée qui vante son amour. Sinon, je te promets que tu ne me garderas jamais dans ton lit jusqu’au matin.”

Il se retourna vers son aîné, affichant le sourire carnassier que ses propres mots avaient généré sur son visage.

“Enfin, si jamais tu essaies, je pourrais toujours leur faire pousser des pattes et voir si le Docteur a des talents de chat de berger.”
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyLun 10 Aoû 2015 - 6:49


En réalité, pour Quinlan ne pas lever le drapeau blanc quand il ne comprenait pas bien Clemens était moins un problème de fierté que de respect envers lui. Il n’avait pas envie de le forcer à s’expliquer, à se justifier à chaque fois qu’il se sentait blessé, parce que Quinn pensait, peut-être à tort, que ça ne ferait que le blesser davantage. Bon, ils auraient certainement tout le temps d’en parler plus tard, effectivement. S’ils arrivaient à parler calmement plus de cinq minutes.

Et pour l’instant, ils semblaient plutôt bien partis. Quinlan avait commencé à s’ouvrir un peu, lui disant qu’il s’était presque attendu à le voir débarquer à l’improviste, et Clemens en profita pour s’expliquer. Aux oreilles du guérisseur, cela sonnait un peu comme une justification quant au choix du jardin anglais pour leur premier vrai rendez-vous. Mais en même temps, Clemens n’avait pas tort non plus… Quinn comprenait. C’est vrai qu’il avait des mœurs bien particulières et il n’allait pas le nier : entrer chez lui sans prévenir, c’était prendre le risque de le voir à poil et en plus ou moins bonne compagnie. Plus ou moins nombreuse aussi. Quinlan ne pouvait cependant pas être indifférent au ton de Clemens.

— C’est vrai, tu ne pouvais pas savoir…

Quinn esquissa un petit sourire presque embarrassé.

— Il n’y a eu personne depuis que tu es parti. Mais je comprends mieux. Ça t’aurait sûrement blessé…

Ce n’était pas une question. Dans le fond, si Clemens avait évité de se trouver dans une telle situation, c’était qu’elle l’aurait atteint. Se sentant soudainement penaud malgré qu’il sache qu’il n’avait pas à s’excuser d’être ce qu’il était, Quinlan détourna le regard.

C’était aussi pour ça — en fait, c’était uniquement pour ça — que Quinn voulait qu’ils mettent certaines choses au clair avant de laisser parler le naturel. Ce qui était naturel pour l’un ne l’était pas forcément pour l’autre et ça finirait par les blesser. Ils n’avaient sûrement pas la même définition du mot ‘couple’ ni les mêmes limites pour ce qui était d’être acceptable ou non. Le guérisseur se promit de ramener ce sujet sur le tapis, tout en se disant qu’il ferait tout pour ne pas forcer la main de Clemens. En attendant, il préférait plaisanter, surtout que pour une fois, la vanne avait vraiment été prise comme telle.

Comme ce baiser lui faisait du bien à lui aussi...! Retrouver le Sinistros avec le sourire aux lèvres et la fougue de sa jeunesse faisait perdre totalement pied à Quinn. Tant et si bien que si cet échange s'était prolongé, ils auraient pu finir nus dans la neige. Mais Clemens interrompit le baiser, ramassa le pauvre chapeau que Quinlan avait fait tomber un peu plus tôt, et reprit sa marche. Le suivant dans l’allée sombre et retrouvant un semblant de légèreté, Quinlan ne put s’empêcher de rire à la mention d’un Docteur gardien de troupeau de pétales de rose. Sérieusement, il aimerait bien voir ça !

— Je tiens trop à mes draps pour claquer des pétales de roses partout… Mais je veux bien que tu leur fasses pousser des pattes, ça pourrait être vraiment drôle ! Ou je sais pas, faire un combat de chandeliers ! Le Docteur serait fou, ce serait génial !

Quant à la musique… Il en avait bien quelques unes en tête, mais aucune n’impliquait une chanteuse de variété. Celle qu’il avait à l’esprit en ce moment était plutôt dans le genre balade rock, et espérait que Clemens avait les mêmes goûts que lui de ce côté-là.

— Tiens, maintenant que j’y pense… C’est quoi ton style de musique préférée ?


Damned, ça ressemblait tellement à ce genre de questions débiles qu’on pose sur lors d’un premier rendez-vous autour d’un café et que Quinlan avait toujours pensé détester ! Là, c’était d’autant plus ridicule qu’il se sentait beaucoup trop proche pour demander des trucs pareils. Ou alors, c’était seulement son aveu de méconnaissance qui le rendait honteux. Bientôt, il lui demanderait sa couleur et son plat préféré, et lui proposerait d’aller au cinéma. En fait, le plus terrible pour Quinn c’était qu’il mourait d’envie de les poser, ces questions, alors même qu’il les avait toujours trouvées totalement vaines et creuses. Oh, et puis grillé pour grillé… !

— Et si je te propose une soirée Star Wars / pizza / bière, c’est gérable niveau romantisme ?

C’était tellement con qu’il ne put s’empêcher de rire de sa propre proposition, pourtant loin d’adhérer au concept communément admis du ‘romantisme’. Pourtant, la perspective d’une telle soirée, tranquille et posée, l’enthousiasmait plus qu’il ne l’aurait cru.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyLun 10 Aoû 2015 - 11:23

Clemens hocha la tête sans faire de commentaires. A la place, il se contenta d’exercer une pression sur la main de Quinlan l’espace d’une seconde. En un sens, il était flatté qu’il n’ait pas eu le besoin ou l’envie de se détendre dans les bras de quelqu’un d’autre durant son absence. D’un autre côté, l’étudiant craignait aussi que ce soit un signe de mal-être chez son aîné. Qu’il se soit retenu ou senti coupable n’était pas pour lui faire plaisir. Pas après ce que le guérisseur lui avait raconté à propos de Roxane et de l’emprise qu’elle avait eu sur lui. Le souvenir de cette discussion était toujours brûlant chez lui et le simple fait d’y penser l’emplissait déjà d’un douloureux sentiment de révolte.

Cependant, en dehors de la perspective raisonnée, il devait avouer que ça l’aurait blessé. S’il devait établir quelque chose avec Quinlan, il n’avait aucune idée des limites qui s’imposeraient à eux et dans quelle mesure ils pourraient concilier leurs visions. Clemens s’accrochait à cette promesse de ne pas chercher à le changer. C’était vrai pour tout le monde, mais il savait, inconsciemment, que ce serait plus difficile avec lui qu’avec n’importe lequel de ses amis. Sans vivre ces situations inédites, il ne pouvait pas juger de sa propre tolérance, de ce qu’il serait capable d’accepter et de … Et à quel moment il regarderait son aîné, le regard blessé, faisant non de la tête avant de partir en silence pour ne jamais revenir. Une fois n’est pas coutume, il fut profondément soulagé que Quinlan ne pose pas la question. Il ne savait vraiment, vraiment pas ce qu’il aurait pu y répondre.

Heureusement, leur échange de baiser et la reprise de la promenade allégea la situation en même temps que de provoquer un changement de sujets. C’était mieux pour eux deux; se rappeler de ce qui les avait fait vibrer la première fois avant de se lancer dans une conversation difficile sur les compromis qu’on pourrait faire pour préserver l’alchimie. Son sourire se transforma en un rire franc et léger face à l’enthousiasme de son aîné. Des combats de chandeliers, sérieusement… C’est une idée qu’il aurait pu — du ? — avoir.

“ Méfie-toi Quinlan, tu commences à raisonner comme moi… Si on commence déjà dans ces travers-là, le Docteur ne va pas tarder à aller se réfugier chez ton frère ! D’autant que vu le bordel qui règne dans ton appartement, on peut potentiellement faire des combats et des troupeaux de pas mal de trucs avant de se lasser…”

Sous son chapeau, Clemens leva un regard en coin vers Quinlan. Petite pique amusée. C’était à la fois tellement bizarre et tellement agréable de se promener avec lui, dans la neige, à Haveirson. Comme si tout était normal. Comme si tout était simple.

“Mon style de musique ? Le swing ! Et le jazz, forcément, au sens large. J’ai des affinités avec la culture assez… décalées.”

Bon, c’était un peu une exagération, il n’était pas non plus complètement vieux-jeu. Il appréciait plus qu’à son tour d’aller se poser dans un bar avec une bière pour avant d’aller faire le fou sur un morceau rock ou punk. Une fois qu’il était un peu saoul, en tout cas. Mais rien ne remplacerait jamais une vraie soirée swing, comme celle, complètement déjantée qu’il avait vécu à Berlin… Rien que d’y penser, il en frémissait encore. Avant qu’il ne puisse l’évoquer comme exemple, Quinlan était déjà parti sur une autre question. Pour une fois que c’était lui qui prenait Clemens de court avec ses questions, d’ailleurs. C’était rafraîchissant.

“Je n’ai rien contre les pizzas et la bière… Même si je préfère le vin rouge et les cocktails, honnêtement. Par contre, Star Wars…”

L’Allemand jeta un regard amusé à son aîné et haussa les épaules comme pour dire ‘aucune idée de quoi tu parles’. Bon, il avait déjà entendu le nom, et il pensait bien que c’était un film… Mais il n’en était même pas sur. Quant au reste, il avait grandit dans un bar au centre de Londres. Il avait gouté, testé, analysé beaucoup trop de boissons tordues pour finir par se satisfaire d’un choix aussi banal et commun que la bière. C’était peut-être le seul point de sa personnalité sur lequel il n’était pas profondément germanique, d’ailleurs.

“Ma conception de la soirée idéale, c’est plutôt je sais où et quand je commence. Et c’est tout. Je n’aime pas les plans fixes et précis. J’imagine que ça ne te surprendra pas des masses.”

Enfin, pour faire une vraie soirée idéale, il faudrait aussi un poker, mais il préféra s’abstenir de faire cette précision-là.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyLun 10 Aoû 2015 - 12:12

Si Quinlan n’avait pas posé de question à propos de ses mœurs différentes et des dommages collatéraux qu’elles pourraient causer, c’est surtout parce qu’il avait peur de la réponse. Il se doutait bien que c’était une de ces interrogations qui restaient encore insolubles pour Clemens, ce qui était une raison de plus pour ne pas s’attarder sur le sujet. Pas encore. Et pas quand l’atmosphère s’allégeait enfin, après des minutes de malaise et de craquages divers.

Remarquez, ils continuaient un peu de craquer alors que Quinlan avouait qu’il aimerait bien voir des combats de chandeliers. Et encore, ce n’était que le début. Clemens rit et le prévint, chose à laquelle Quinn répondit par des yeux pleins de défi. Il avait bien compris le sous-entendu de l’étudiant et ne comptait pas laisser passer une perche aussi grosse et aussi bien tendue.

— Je raisonne comme toi ? J’vais prendre ça comme un compliment alors… Et t’inquiète pas, avec tout ce qu’il y a chez moi, c’est des armées qu’on va pouvoir lever, avec infanterie, cavalerie et soutien aérien.

Dommage qu’il soit si pourri en métamorphose, parce qu’à l’idée de recréer des armées Warhammer avec des bibelots — appelons-les comme ça — Quinlan était soudain motivé par des cours de rattrapage. À moins que Clemens puisse les animer et lui les contrôler ensuite. Ou pas. Ce serait drôle de voir une nuée de capotes volantes sauvages s’abattre et exploser littéralement sur une première ligne de chaussettes qui avaient été enrôlées de force dans une guerre qui les dépassait totalement. Ok, il s’emportait un peu là.

Repensant à la référence à la musique qu’avait faite Clemens, Quinlan en profita pour lui demander ce qu’il écoutait. La réponse le surpris, mais pas forcément en mal. C’était plutôt original, même s’il devait avouer qu’il n’y connaissait rien dans ce genre là.

— Ah ok. Moi j’ai été élevé dans le rock et la soul…

Il n’ajouta rien, principalement parce qu’il ne voyait pas quoi dire de plus. Ils avaient le droit d’avoir des goûts différents, même si Quinn aurait vraiment voulu buller dans un bain avec Clemens et Metallica en fond sonore.

Et en parlant de buller, quid d’une soirée ‘romantique’ façon Quinlan ? Là aussi, la réponse surprit le guérisseur, le confortant dans l’idée que vraiment, il ne savait rien de Clemens en fait.

— Ah tu connais pas ? Au pire, tu choisiras le film, je suis pas difficile côté ciné. Et pour le vin… C’est pas trop mon truc, surtout le rouge. Je suis resté sur les cocktails basiques et l’Irish Stout.

Le guérisseur serra la main de Clemens dans la sienne, se rapprochant de lui alors que l’étudiant lui livrait sa version d’une soirée réussie. Évidemment, il aurait dû s’en douter : aucun plan, tout fait à l’arrache. Quand ça concernait autre chose qu’un plan cul, Quinlan n’était pas fan du manque d’organisation, mais quelque chose lui disait qu’avec un électron libre comme Clemens, il valait mieux se taire et se laisser guider. Il devait vraiment apprendre à lâcher prise avec lui. Être plus… naturel ?

— Bah un film… On sait quand il commence, mais pas comment on va finir.

Ça lui été déjà arrivé de ne pas voir la fin d’un film ou de louper toute une partie à cause d’affaires bien plus pressantes. Ce n’était pas spécialement gênant pour lui : même bon, un film reste un film, et il pourrait toujours le regarder une autre fois, seul, s’il voulait vraiment savoir la fin.

— Du coup je suppose que les sorties ciné c’est pas trop ton truc ?

Un nouveau film d’horreur avait été annoncé il y a quelques temps, et Quinlan mourait d’envie d’aller le voir. Il y aurait bien été avec Clemens, mais il commençait à douter que l’étudiant soit du genre à rester tranquille pendant deux heures. Soit. Quinn haussa les épaules et avec un sourire, il leva la main qu’il tenait dans la sienne jusqu’à ses lèvres. Il ne savait pas pourquoi ça lui prenait, mais il avait envie de caresser ces doigts de ses baisers.

— Sinon une bonne grosse bataille navale dans ma baignoire sera plus qu’assez pour me rendre heureux. On s’en fout que le Docteur aille demander l’asile politique chez Neal après ça !

Affichant un sourire totalement stupide, Quinlan était trop heureux pour se soucier d’avoir l’air con. Clemens avait ce don de le faire revenir à un stade adolescent, avec tout ce que ça comportait de bon et de mauvais.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] EmptyLun 10 Aoû 2015 - 18:25

Clemens accueillit le regard de défi de Quinlan avec un sourire en coin. Evidemment, il avait mordu à l’hameçon. Peut-être qu’il commençait peu à peu à se comprendre, en fait. L’étudiant n’avait pas douté que son sous-entendu serait compris et repris au quart de tour. Il s’en amusait, car la perspective lui plaisait assez. C’était un peu comme redevenir un enfant et jouer aux petits soldats. Mais qui n’en avait pas besoin de temps en temps ? Clemens se comportait constamment comme un adolescent insolent et ne ressortait sa maturité que dans les situations de crise de toute façon. Qui était-il pour ne pas accepter un Stratego géant doublé d’une débauche de sortilèges d’Animation… ? Ce genre de perspectives, ça le faisait plutôt frémir dans le sens positif du terme. Ils auraient tout le temps de développer l’idée une fois qu’ils seraient repartis dans… leur intimité.

Quinlan était occupé avec les questions bateau, de celles que l’on pose pendant un premier rencard à quinze ans, dans la file pour le cinéma. C’était étrange, mais en même temps, terriblement compréhension au vu de la vitesse à laquelle ils s’étaient rapprochés. Ils se croyaient intimes pour s’être confiés leurs vices et leurs peurs, mais cela ne signifiait toujours pas qu’ils se connaissaient, pas vraiment. La preuve en était le regard surpris et la réaction vaguement déçue du guérisseur lorsque son étudiant lui révéla ses goûts musicaux. Clemens sourit, compréhensif.

“On ne peut pas passer son adolescence à notre époque en restant complètement étranger au rock… Je ne dirais pas que je n’aime pas ça, il y a même beaucoup de choses que j’apprécie. Mais rien ne me fera frémir comme Django Reinhardt.”


Evidement, Quinlan n’aurait aucune idée de qui Django pouvait bien être. Tout comme Clemens ne savait pas vraiment ce qu’était Star Wars. Un monde complet les séparait, et paradoxalement, c’était bien ça qui les avait rapprochés. Ils s’étaient crus aux antipodes l’un de l’autre avant de découvrir par la plus grande surprise qu’ils partageaient beaucoup que visible de prime abord. Selon Clemens, c’était sur de telles bases qu’on construisait des amitiés. De leurs différences étaient née son amitié improbable avec Rowan… Et sans son colocataire guindé et si éloigné de lui à tous points de vue, l’étudiant se demandait bien à quoi aurait ressemblé ses premiers mois à Haveirson. Sa curiosité insatiable ne se lassait jamais de découvrir le monde de l’autre, même si les découvertes ne lui plaisaient pas toujours. Du pouce, il caressa la main de Quinlan.

“J’ai grandi derrière un comptoir de bar. J’ai appris à aimer les boissons sophistiquées. Parfois, je me dis que c’est aussi à cause de ça que je ne tiens pas en place. Je n’ai jamais vu mes parents s’installer quelque part et être oisifs. Ca ne veut pas dire que j’ai quelque chose contre les soirées calmes, cela dit… Mais de prime abord, ça me parle moins.


Sans parler du fait que le cinéma, c’était surtout une affaire de moldu et qu’en dehors de ses vacances d’été, il n’avait jamais trop eu l’occasion de vivre comme un moldu. D’ailleurs, la dernière fois qu’il s’était installé dans une salle de cinéma, c’était sans doute aux alentours de ses dix-sept ans. Si il avait bonne mémoire, c’était pour ‘Swing Kids’, un film qui — étonnement — faisait partie de ses préférés.

Son regard brillant suivi sa main lorsque Quinlan la tira vers sa bouche. Les baisers et la respiration chaude de son aîné contrastait violemment avec le froid pincant de la soirée et lui arrachèrent un sourire. L’expression du guérisseur, à la fois niaise et amusée, couplée à l’évocation de la bataille navale contrastait tant avec l’image dure et froide du personnage qu’il jouait habituellement, que Clemens ne put s’empêcher d’éclater de rire. Un rire dans lequel perçait néanmoins une nuance d’affection.

“Tu parles, le jour où ton chat se barre vraiment, je suis sur que ça va être un coup dur.”

Il avait dit cela d’une voix douce, mais au vu du lien qui semblait unir le chat et le maître, il ne doutait pas que l’absence du Docteur serait une épreuve pour Quinlan. Il était un peu comme son frère au final, en plus poilu.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Tell me who you are...
L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty
MessageSujet: Re: L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan]   L'axiome d'une alchimie [1er post Quinlan] Empty

Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 3Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant

MMHP :: Boîte à Souvenirs-
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser