Labyrinthe : aventure et mésaventure.

18/12/2005

Le banquet se termina dans une bonne ambiance festive, l'approche des fêtes de Noël ayant plongées la majorité des élèves dans une humeur mielleuse. Megan était plus calme qu'à l'ordinaire, ses dernières semaines ayant étés éprouvante pour elle. La jeune femme avait enfin entreprit de commencer le deuil de son frère jumeau, grâce à un déclic violent. La blessure par balle d'Emmalynn avait réveillée en elle de douloureux souvenirs, et les reproches du professeur Fitzsimmons avaient étés le coup de grâce. Il pouvait bien se contrefoutre du passé de Megan, puisque cette dernière se contrefoutait de ce qu'il pouvait bien penser. Ce jour là seule la balle mordoré qu'elle avait eu entre les doigts avait eu une véritable importance pour elle.

Dans une cacophonie générale, les élèves se levèrent afin de regagner leurs salles communes respectives. Megan suivit le mouvement et se dirigea vers le salon commun, ou d'autres élèves se rendaient. C'était une grande et magnifique salle pittoresque qui était égal aux châteaux d'antan. Cette salle était probablement la plus conviviale du domaine pour les étudiants de l'école, à une exception près : L'espèce de tête de caribou empaillé au dessus de la grande cheminée en face de l'entrée. Megan la trouvait vraiment flippante et se demandait bien comment le comte pouvait laisser cet espèce de truc empaillé recouverte avec le temps de petites particules de poussières et de cendres. La jeune femme alla jusqu'à la table billard, elle affectionnait beaucoup ce-jeu là et c'était toujours un plaisir d'y jouer, du moment qu'elle ne perdait pas ! Deux étudiants s'apprêtait à faire une partie, l'Abraxane en profita pour se mêler à eux et pour agrémenter leur partie, l'un deux qui au passage aurait bien eu besoin d'une bonne épilation intégrale à la cire vue la pilosité qu'il se trimbalait et dévoilait aux yeux de tous.

-On se joue un paquet de dragées surprises ?

Megan acquiesça d'un signe de tête, elle en avait dans sa chambre, si elle perdait, elle ferait l'aller retour. L'autre homme acquiesça aussi, et les trois commencèrent leur partie. Visiblement, John (le gars à la forte pilosité) était plutôt doué au billard, ce qui n'était pas trop le cas de Frank qui faisait plus pensé à un débutant. Finalement la partie de termina avec la victoire de Megan. L'homme demanda une revanche, ce que la jeune femme accepta. Elle finit deuxième ce qui la froissa un peu. Décider à faire la belle, Megan finit par l'emporter, non sans l'aide de Frank qui déconcentra volontairement John.

La partie finit, Megan repéra alors Clemens, un sinistros qu'elle avait qualifié d'ami. Elle s'était un peu inquiété pour lui, sachant qu'il était parti précipitamment et qu'il n'avait pas donner de nouvelles de lui. Certes, il ne lui devait rien, mais par les temps sombres qui courraient dehors, Megan avait fini par s'inquiéter plus que de raison. Elle salua ses deux compagnons de jeu et se dirigea vers Clemens. Elle fut d'ailleurs apostrophée par Jason, la faisant s'arrêter quelques secondes.

-Tu veux une bière ? Lui proposa-t-il en souriant tout en ouvrant une avec un décapsuleur avant de la donner à son voisin.

Il réitéra le geste alors que Megan lui répondit à la négative. Elle finit par achever sa course jusqu'à Clemens ou elle le salua calmement, non sans une pointe d'inquiétude dans sa voix.

-Hey Clemens, comment vas-tu ?

Elle hésita à lui parler de sa disparition soudaine, puisque d'un côté, cela ne la regardait pas. Préférant s'abstenir et attendre qu'il amène lui-même ce sujet de conversation sur le tapis, elle préféra porter la conversation sur quelque chose qui lui tenait à cœur et dont elle préférait ne pas le faire seule.

-Dis moi, je sais que c'est déplacé de te demander quelque chose, mais... J'aurai besoin de ton aide...

Elle avait fini sa phrase sur un ton plus bas, ne voulant pas non plus attirer les regards sur eux. Elle entraîna Clemens vers le fond ou ils s'installèrent sur un canapé. Megan en profita pour se blottir dans une couverture chauffée magiquement et de lui exposer son idée.

-Voilà, j'ai entendu dire qu'il se tramait quelque chose d'étrange dans les sous sols. Je crois que c'est vers la chaufferie. J'aimerai vraiment aller voir ce qui se trame, seulement... L'idée de m'aventurer en terrain inconnu et seule ne me paraît pas être une très bonne idée. Ça te dirait un peu d'aventure ?

Bien entendu, elle s'abstint de lui révéler qu'elle tentait de percer les secrets de l'école et notamment, de dénicher ce foutu comte que personne n'avait vu depuis la création de l'académie. Elle ne comptait pas le lui cacher, mais elle attendait le moment propice pour cela. Fort heureusement, Clemens accepta ! Megan lui demanda donc de le retrouver d'ici une demi-heure dans le hall, afin qu'elle puisse aller chercher quelques affaires pour cette expédition dans les souterrains du château.

Elle rassembla dans son sac en bandoulière bien abîmé par le temps et probablement par d'autres expéditions de ce genre, des objets dont le rôle utilitaire n'était plus à prouver depuis le temps. De l'eau et quelques barres énergétiques au cas ou ils se perdraient, des compresses et de quoi désinfectés des plaies éventuelles, des fioles de premiers soins, ainsi que des potions d'attaques ou de diversions, ses préférées. Sa baguette solidement attaché à son poignet, elle était prête à partir après avoir enfiler son pull. Elle fourra même ses dragées gagnés dans le sac, juste au cas ou ils auraient besoin de faire un remake du petit Poucet...

Megan finit par retrouver le Sinistros qui l'attendait dans le hall. Il semblait lui aussi avoir prévu quelques affaires pour cette expédition dans les profondeurs du domaine.

-Allez, en avant !

Les deux camarades prirent donc la direction des sous-sols. Ils y étaient tous deux déjà allés, mais ils s'étaient arrêtés aux cuisines, du moins c'était le cas pour Megan, elle ignorait si Clemens s'était aventurer plus loin. Les souterrains étaient faiblement éclairés et les zones d'ombres nombreuses. En s'enfonçant dans les entrailles, Megan n'était plus tout à fait certaine que son idée était bonne. Elle marchait juste devant Clemens et lui murmura sans même se rendre compte qu'elle parlait à voix basse.

-Je peux te faire un aveu... En fait, je cherche des infos sur le comte... et les souterrains sont les seuls endroits que je n'ai pas encore explorés...

Voilà c'était dit, même si ce n'était pas vraiment le moment propice, elle avait été honnête, certes tardivement, mais la volonté était là. Alors qu'elle avançait doucement, son pied heurta quelque chose de dur, lui faisant faire un bon en arrière, bousculant le sinistros au passage.

-Y a un truc bizarre... Je crois que... c'est un corps.... Un corps humain...

La voix de Megan était à peine audible alors qu'elle resta juste à côté de Clemens. Elle leva le bras le pointant au dessus du-dit corps et marmonna un Lumos. Sa baguette bien que la pointe était l 'extrémité de sa manche éclaira une grande partie du couloir. À leur pied, le corps du professeur Fitzsimmons se trouvait là dans une posture qui avait de quoi désarçonner quiconque le trouverait ainsi.

Un filet de bave s'était visiblement échappé de sa bouche ouverte. Ses jambes former un O et il tenait dans sa main gauche une fourchette et dans l'autre une banane à moitié déchiquetée et dont Megan soupçonné le premier objet d'être l'arme du crime. était-il mort ? Soumis à un sort de stupéfaxion ? Ou bien...

Elle ne put émettre la moindre hypothèse, qu'un grognement s'échappa de la bouche de leur professeur alors que celui-ci commença à s'agiter. Elle s'approcha légèrement de lui lorsque ce qu'elle identifia comme étant un fauve, vint se planter sur le professeur, face au deux élèves. Le Docteur. Ce dernier se tenait presque assit sur le visage de son maître, comme pour le protéger, les fesses en plein sur le nez de Quinlan. Megan ne put s'empêcher de se mettre à rire en se tournant vers Clemens. Sans le savoir, ce matou venait d'accorder à Megan une espèce de vengeance satisfaisante. D'ailleurs, il n'en fallu pas plus pour que Quinlan se réveille d'un bond, probablement dérangé par ll'odeur ?

L'homme ne semblait pas savoir ou il se trouvait, ce qui amena Megan à penser qu'il s'était peut-être fait moucher par un étudiant avec qu'il s'était montré aussi agréable qu'avec elle. Dans tous les cas, elle avait trouvée cette situation très drôle.

Un léger bruit, au-loin dans les couloirs se fit entendre, provoquant alors un écho dans tous les souterrains, faisant frisonner la jeune femme. Elle était inquiète. Chacunes des fibres de son corps lui disait de prendre ses jambes à son cou et de regagner sa salle commune. C'était probablement le plus sur, mais Megan n'était pas une grande fan de sécurité, et sa curiosité la poussait un peu plus à découvrir ce que cachait les profondeurs d'Haveirson. Alors que le professeur peinait à reprendre ses esprits, Megan se tourna vers Clemens, indifférente au sort de Fitzsimmons (ce qui entre-nous, n'est pas vraiment digne d'une futur médicomage !:P).

-Laissons-le là, il finira par retrouver ses esprits et rentrera dans ses appartements...

Oui, Megan était du genre rancunière et les paroles que Quinlan avait eu à son égard avaient étées dures. Il n'avait fait preuve d'aucune compassion envers elle et Megan n'avait aucune envie d'en faire preuve aujourd'hui, vis-à-vis de lui. C'était sans compter sur Clemens qui ne semblait pas vraiment de son avis...

24/02/2007

Clemens avait décidé de s’adonner à une activité devenue rare depuis son retour à Haveirson : la sociabilisation. Entre l’attention que lui demandait Rowan, ses cours à rattraper et ses rencontres nocturnes avec Quinlan, il avait à peine eu le temps de voir ses amis. Cependant, ce soir-là, il avait tout de même abandonné toute idée de travailler : les études et tout le reste pouvait attendre, il avait envie de voir du monde ! Il s’était donc installé dans le salon commun, un lieu qu’il fréquentait somme toute plutôt rarement, et avait emmené avec lui un paquet de cartes et quelques dés. Il devait bien y avoir quelques autres étudiants qui se laisseraient attirer par l’adrénaline d’une partie de poker ou de quelques paris, non ?

Il ne fut pas déçu. Il n’était installé à une table que depuis dix minutes, quand deux étudiants inconnus l’approchèrent. L’avoir vu battre les cartes, le regard vif à l’affut dans la salle, avait attisé leur curiosité. Malheureusement pour l’Allemand, mais heureusement pour eux, aucun ne maîtrisait le poker, et il ne se sentait pas l’humeur à le leur apprendre. Ils retombèrent donc sur une belote à trois, plus simple et moins jouissive de son propre avis, mais ça suffirait pour passer une soirée tranquille… Et Merlin savait qu’il en avait drôlement besoin !

Néanmoins, le destin en avait décidé autrement. La première partie était à peine finie qu’une jeune femme vint l’aborder. Clemens leva des yeux à la fois surpris et contents vers Megan, qu’il ne s’attendait pas vraiment à voir dans un lieu si rempli d’étudiants. Il se retint une pique concernant sa sociabilité - il comprenait en partie son sens de la paranoïa, maintenant qu’il la connaissait mieux, et la suivit sagement vers un coin de la salle. Comme d’habitude, une conversation et qui plus est une escapade avec l’Abraxan promettait une aventure plein de rebondissements. Si il avait été raisonnable, l’étudiant aurait refusé, mais sa curiosité avait été trop attisée et il ne pût s’empêcher de sauter sur ses pieds une fois le rendez-vous fixé. Les yeux brillants, il fila vers la salle commune de Sinistros pour récupérer sa baguette magique, sa cape - ils se rendaient dans les sous-sol, après tout - et quelques objets divers qu’il rangea dans un sac. Quelques plumes, un bocal, un rouleau de parchemin. L’avantage d’être un spécialiste en métamorphose, c’était qu’on pouvait faire de tout, avec n’importe quoi et généralement, c’était beaucoup moins lourd à porter.

Ensuite, il redescendit dans le hall où il trépigna d’impatience pendant quelques minutes qui lui parurent bien longues avant que Megan ne le rejoigne. Clemens avait l’impression de partir en exploration, comme au temps de Poudlard où il avait passé des nuits innombrables à la recherche de passages secrets. Contrairement à sa camarade, il ne voyait pas vraiment le danger qu’il pourrait y avoir au château. Malgré les mystères qui entouraient l’ouverture de l’université, il n’avait jamais songé que certaines parties de l’académie puisse être ouvertement dangereuses… Sauf si. Les explications de l’Abraxan eurent le double effet d’augmenter sa curiosité et sa tension. En fait, il serait sur ses gardes.

“Je n’ai pas encore été plus loin que les cuisines, moi non plus. Allons-y, comte ou pas comte, je suis sur qu’on y trouvera quelque chose !”

L’étudiant emboita le pas à sa camarade vers les sous-sols, sa baguette déjà prête sous sa manche. Ses yeux étudiaient les murs et les tapisseries autour d’eux, à la recherche d’un quelconque passage ou d’un détail bizarre, quand la voix inquiète de Megan le fit sursauter. Un corps, ici ? Danger d’accord, mais là, c’était un peu fort… Il s’approcha avec circonception et reconnut l’homme étendu avant la jeune femme. A vrai dire, il reconnut le félin qui le protégeait, et en déduit de qui il s’agissait. Clemens resta coi. Comment expliquer ou s’expliquer la présence de Quinlan, étendu au milieu d’un couloir au sous-sol ? Son coeur manqua un battement alors que l’inquiétude lui montait à la gorge. Sans plus faire attention à Megan, il s’agenouilla auprès du guérisseur. Il tendit une main vers le Docteur qui l’accueillit avec un ronronnement et vint se frotter contre lui pour réclamer un câlin. L’Allemand le poussa distraitement sur le côté sans manquer de lui faire quelques gratouilles sur les oreilles, puis il se saisit de la banane et de la fourchette et les écarta.

“Attends Megan, on ne peut quand même pas le laisser comme ça.”

Clemens avait parlé d’une voix douce, mais ferme, de laquelle il avait chassé toutes traces d’inquiétude. Quinlan semblait reprendre ses esprits, et même s’il ne portait aucune blessure visible, l’étudiant avait de quoi s’inquiéter. Avec son insensibilité à la douleur, leur professeur pouvait en réalité couver des blessures internes extrêmement grave. Par chance, sa camarade était là pour compenser sa propre incompétence en médicomagie… même si pour l’instant, elle était surtout préoccupée par des bruits au fond du couloir, auxquels il était lui-même complètement hermétique. Un éclair de lucidité lui donna cependant une idée pour faire revenir la jeune femme sur ses pas.

“Si ça se trouve, il a lui aussi voulu aller plus loin dans le couloir et il s’est fait attaquer. Il a peut-être vu quelque chose. Si il a des informations, mieux vaudrait les connaître avant de continuer à avancer, tu ne crois pas ?”

Quinlan avait mille choses à faire, et rien n’avançait comme il le voulait. Ses recherches personnelles lui auraient demandé un peu plus de logistique et sûrement un déplacement plus ou moins long à Londres ou dans la campagne écossaise, où il avait eu vent de rassemblements de loups-garous. Rien de certain, uniquement des rumeurs mais colportées à la fois par les moldus et les sorciers. Il devait forcément y avoir un fond de vérité, seulement Quinlan rechignait à s’absenter d’Haveirson de nouveau, si tôt après son escapade au Pérou.

À ce propos, il avait potassé un peu la magie telle qu’on la pratiquait dans ce pays avant l’arrivée des colons et de leurs baguettes : ce n’était pas forcément facile, compte tenu du peu d’ouvrages sur le sujet. La bibliothèque d’Haveirson avait une collection tout à fait honorable, mais combien d’étudiants se seraient intéressés aux rituels péruviens et à la mythologie inca, réellement ? De toute façon, rien ne collait. Quinlan avait la sensation diffuse de faire fausse route quoi qu’il lise ou qu’il prenne en note, et décida de se défaire de cette frustration en se penchant sur des problèmes plus concrets et plus pressants.

C’est en se réveillant d’un rêve embrumé avec une fourchette et une banane à la main qu’il sut qu’il avait encore une fois respiré les vapeurs de cuisson de sa potion d’Endormissement. Il le savait pourtant, que cette potion avait de sérieux effets secondaires, et pas seulement pour la personne qui l’ingérerait. Ouvrant les yeux, il ne s’attendait vraiment pas à les poser sur… Clemens ? Il dormait encore ou quoi ? Et puis il était où ? Et à qui le Sinistros parlait-il ?

Quinlan ignora sa prédisposition aux vertiges et se redressa d’un coup, bien qu’il restât assis sur le sol. Sérieusement, cette journée pouvait difficilement être plus pourrie qu’elle ne l’était déjà, mais Megan ? Il leva les yeux au plafond en soupirant dans une mimique exagérée, tout en se retenant de hurler. Megan était l’amie de Clemens, et il était ok avec ça. C’était avec tout le reste qu’il n’était pas d’accord.

— Qu’est-ce que vous foutez là ?

Son intonation était sûrement un peu sèche, la faute à cette série de cul-de-sac dans lesquels il s’obstinait à tomber. Pour finir par croiser sa némésis médicale dans une posture pas spécialement à son avantage. Encore heureux qu’il était habillé, d’ailleurs ! Lui qui avait l’habitude de dormir à poil avait certainement dû s’effondrer dans son canapé en rentrant dans ses appartements avec ses stocks de potions. Il portait la même tenue qu’alors : un t-shirt aux manches longues et au col V rouge violacé, assez ample, et un simple jean, par-dessus lesquels il avait passé une simple robe de sorcier noire doublée d’argent. Casual, mais pas trop non plus.

— Oh et avant que vous me posiez la question : oui je suis somnambule et non c’est pas de ma faute. Je me suis foiré en faisant une potion.

Sa voix se fit plus douce à mesure qu’il parlait et qu’il s’était tourné vers Clemens. Il se releva enfin, et lui frôla le bras dans un geste qui voulait doux.

— Ne t’inquiète pas pour moi.

Ce n’était qu’un murmure. Il savait bien qu’il ne pourrait pas empêcher Clemens de se préoccuper de lui, surtout pas avec ce qu’il savait. S’était-il blessé pendant son escapade ensommeillée ? Il l’ignorait totalement. Encore une fois, comme dans la salle de musique, il eut le réflexe de porter sa main vers son cou, où pourtant rien n’était visible. Ses doigts eurent la même hallucination tactile, et puis plus rien. Allez, reprends-toi…!

Il se souvint alors des interrogations de Clemens, à propos du couloir et d’une éventuelle attaque. Seulement, il dormait alors…

— Je ne sais pas ce que je faisais là, donc je ne sais pas s’il y a quelque chose de dangereux là-dedans. Le contraire m’étonnerait, cela dit.

Puis, dans un geste peut-être un peu trop théâtral, il dégaina sa baguette et regarda tour à tour Megan et Clemens. Il était hors de question qu’il laisse le Sinistros dans les mains de celle qu’il considérait comme la sorcière la plus dangereuse d’Haveirson, de une. Et de deux, il ne l’avouerait pas, mais il était diablement curieux aussi. C’était quoi cet endroit ?

— Mais si vous y allez, je vous suis.

Le Docteur émit un long miaulement enthousiaste, presque comme un cri de ralliement, tout en continuant à se frotter à Clemens et en ignorant royalement Megan. Non mais franchement, il était chelou ce chat.

18/12/2005

Megan aurait pu s'en douter, Clemens n'était pas vraiment du genre à laisser derrière lui quelqu'un de vulnérable. Vulnérable, c'était bien le mot adéquat pour désigner le professeur Fitzsimmons lorsqu'ils l'avaient trouvé. Megan n'aurait pas eu de remords à laisser Quinlan derrière elle, même si elle l'aurait peut-être regretter (ou pas, s'il n'en avait rien su). Alors qu'elle s'apprêtait à rétorquer à Clemens « et pourquoi pas », il la devança en lui disant qu'il avait peut-être était attaqué par quelque chose. Megan ne put s'empêcher de ricaner.

-Je n'en doute pas, à ton avis par la fourchette ou par la banane ? A moins que ce ne soit les deux... Ça a du être un spectacle sanglant...

Elle prit un air horrifiée, avant de ricaner à nouveau. Toutefois elle revint se poster aux côtés de Clemens, regardant avec un certain ennui Quinlan se relever. Ce dernier leur annonça que du fait de son somnambulisme, il n'avait aucun souvenir d'une éventuelle agression. Bref, il était complètement inutile à l'instant.

-On se promène, histoire de se filer un peu les chocottes avant d'aller dormir...

Oui, elle aurait pu trouver mieux à répondre à Quinlan et à son « qu'est-ce que vous foutez là », mais elle avait fait preuve d'une honnêteté fracassante, bien que très sarcastique. Rien à faire, la présence de Quinlan rendait la jeune femme extrêmement méfiante et de surcroît, sarcastique au possible. Une fois que Quinlan eut prouvé par ses paroles qu'il ne leur serait d'aucune utilité, Megan s'apprêtait à reprendre son chemin lorsqu'il annonça qu'il se joignait à eux. La jeune femme se figea nette et se retourna doucement dans la direction des garçons et fronça les sourcils. Elle jeta un regard appuyé à Clemens, pour qu'il dise quelque chose.

-Pourquoi ?

La question était tombée bien malgré elle. Megan avait reporté son attention sur Quin et elle le dévisageait d'un air méfiant, comme s'il s'apprêtait à lui jeter un avada ou s'il lui préparait un mauvais coup, la paranoïa de Megan revenait soudainement lui faire un petit coucou.

24/02/2007

Clemens jeta un regard de travers à Quinlan. C’était vraiment lui qui demandait ce que eux, foutaient là, alors qu’il était étendu au sol avec une fourchette et une banane, sans aucune idée de comment il était arrivé là ? Si la situation n’avait pas eu des relents dramatiques, le Sinistros se serait pris un bon fou rire. Cependant, la remarque sarcastique de Megan continua de mettre à mal son sérieux. Au début, il avait eu du mal avec son humour noir, dont il avait sérieusement fait les frais lors de leurs premières rencontres. Maintenant qu’il s’y était habitué, il y répondait volontiers avec la même désinvolture. C’était un peu grâce à ça qu’ils avaient réussis à passer au-dessus de leurs propres barrières et qu’ils s’étaient rapprochés. Néanmoins, l’attitude agressive de la jeune femme envers le professeur qui aurait dû être son mentor ne manqua pas de l’étonner. Son regard sauta de l’un à l’autre pendant quelques secondes, que Quinlan mis à profit pour le rassurer. Il ne réagit pas au contact sur son bras. En présence de Megan, il restait trop méfiant pour passer au dessus de l’indifférence d’une relation professeur-étudiant.

“Vous ne vous souvenez vraiment de rien ?”

Le ton persifleur de sa camarade couvrit un peu ses propres paroles. Clemens leva un regard amusé vers elle, car au fond, c’était une réponse tout à fait honnête qu’elle venait de produire. Ils n’avaient pas vraiment de but, ni d’indices pour se rendre dans les sous-sol. C’était une simple hypothèse tirées de nulle part qui les envoyaient enquêter dans ce lieu inconnu et dans un sous-sol, on trouvait toujours des occasions de se faire peur. Soit pour se moquer de l’autre… soit parce que les choses tournaient mal. L’étudiant frémit à cette pensée. Leur escapade dans le cimetière, deux mois plus tôt, avait commencé exactement de la même façon. Pour un peu, le parallélisme aurait été effrayant, mais il préféra chasser cette pensée de son esprit.

L’Allemand sonda le visage de Quinlan pendant quelques secondes. Cette volonté de les accompagner l’avait un peu surpris, mais essentiellement parce qu’il ne parvenait pas à en déterminer la raison. La curiosité pouvait l’expliquer, mais Clemens aurait tout autant pu parier sur une certaine attirance pour le danger ou même, un besoin de le protéger, lui. Dans le doute, il s’ancra dans sa nonchalance et se releva avec un haussement d’épaules destiné à Megan. Au fond de lui, il était content que le guérisseur propose de les accompagner, mais il était hors de question de le laisser paraître.

“J’ai rien contre. Si on doit vraiment se fourrer dans la gueule du loup, mieux vaut le faire à trois qu’à deux.”

Première phrase pour Megan, le ton calme et détaché. Il se détourna ensuite d’elle pour s’adresser au guérisseur.

“Mais cette expédition n’a rien à voir avec les cours. Si vous tenez à venir alors, c’est sans votre hiérarchie. Oh, et gardez la fourchette, ça pourrait toujours nous être utile.”

Une lueur espiègle passa dans ses yeux bleus, alors qu’il tournait le dos à sa camarade. Depuis son retour à Haveirson, Quinlan et lui n’avaient affiché rien d’autre qu’une attitude strictement professionnelle l’un envers l’autre, cependant, ils étaient trop proches pour maintenir la mascarade dans une aventure qui se promettait… intense. Clemens préférait se trouver des excuses avant de déraper. Il prit le bras de Megan et l’entraîna avec lui, alors qu’il continuait à s’enfoncer dans les sous-sols. Il se pencha vers elle et lui souffla à l’oreille.

“Je sais que tu n’aimes pas faire confiance, mais si tu te méfies de lui, vois le côté positif des choses. Mieux vaut l’avoir à l’oeil avec nous que de savoir qu’il traîne dans le château alors qu’il sait où on va.”

Bien sûr, se promener dans les sous-sols, comme ça, pour le fun. Quinlan n’y croyait pas une seule seconde, et commença à être soupçonneux. Enfin, aussi soupçonneux qu’on puisse paraître avec une fourchette et une banane en guise d’armes. Il allait les ranger dans une des poches de sa robe de sorcier quand il entendit Clemens s’adresser à lui. Paie ton coup de poignard métaphorique. Ok, il savait qu’il y avait Megan et qu’il fallait garder certaines apparences, mais ça n’empêchait pas le ‘vous’ de frapper exactement là où ça faisait mal. Réprimant un regard noir en détournant simplement les yeux, il eut plus de mal à camoufler la contrariété dans sa voix.

— Non, je ne me souviens de rien, je dormais.

Et du coup il était frais et dispos, tout prêt à les suivre dans les sous-sols. Évidemment, ça ne pouvait pas être si simple que ça : quand il annonça qu’il restait avec eux, Megan ne put s’empêcher de demander pourquoi. Clemens le devança, sans pour autant toucher le fond du problème. Et toujours avec ce ton que Quinn lui détestait.

— Sinon, vous n’avez pas oublié que je suis le seul guérisseur diplômé du coin et que vous allez à deux clampins dans un endroit qui pourrait être dangereux ? Ce serait criminel de vous laisser partir seuls. Surtout si Megan tombe sur une porte qui pourrait lui renvoyer son sort de magie noire à la tronche.

Il essayait de camoufler le fait qu’il restait bien pour protéger Clemens : non seulement ça n’aurait pas plu au Sinistros mais en plus ça aurait été sous-entendre que Megan n’était pas fiable. Ce qui était vrai, du point de Quinlan mais bon… Meg et Clem étaient amis. Alors bon.

La réflexion sur la hiérarchie ne lui plut pas des masses, même si là aussi il pouvait comprendre ce qui poussait Clemens à balancer une connerie pareille. Quinlan soupira, et essaya de ne pas être trop dur avec lui. Enfin, façon de parler.

— Oh, c’est vrai qu’on pourrait tomber sur quelqu’un à énucléer. J’ai toujours rêvé de faire ça à la fourchette. Je sabrerai le champagne le jour où j'y arriverai, c'est un rêve d'enfance.

Il souffla. Trêve de sarcasmes.

— Marché conclu : pas de hiérarchie. Donc pas de vouvoiement non plus. Et pas de stupéfix injustifiés, hein, Megan ?

Décidément, il avait beau faire, il n’aimait pas voir Clemens traîner avec Megan, surtout si c’était pour faire des messes basses. De là où il était, il n’entendait pas ce qu'il disait et se prit à le regretter. Pourtant, il ne se considérait pas le dernier quand il s’agissait de laisser de l’espace aux autres : à chacun ses fréquentations, après tout ! Les amis de mes amis ne sont pas forcément mes amis, et c’est pas la fin du monde. Sauf que là, non. Il regardait Megan comme si elle allait bouffer Clemens, tant et si bien qu’il tourna la tête pour regarder ailleurs.

Le couloir se prolongeait, mais rien ne disait qu’il n’allait pas se diviser à un moment. Pris d’une bouffée de claustrophobie, Quinlan se dit qu’ils pourraient bien se perdre s’ils n’étaient pas vigilants.

— Je suppose que vous n’avez pas le plan des lieux, si tant est qu’il existe… Vous avez un parchemin et une plume ?

Pas de plan ? Pas grave, on pouvait le dessiner. Et au pire, il y avait autre chose à faire : d’un sort lancé silencieusement, Quinlan marqua le mur à leur droite. Une flèche luit un instant, avant de s’estomper. Elle ne serait visible qu’avec un sort similaire de révélation.

Heureusement qu’il y avait un cerveau dans l’équipe, hein.

18/12/2005

Megan connaissait bien le somnambulisme. Son oncle faisait des crises de somnambulisme assez fréquemment. Mais elle n'aurait jamais pensé que Quinlan l'était. Dans tout les cas, s'il faisait des crises de somnambulisme, il n'avait pas été des plus intelligent, il aurait pu s'enfermer dans ses appartements pour ne pas se retrouver à déambuler dans les couloirs ou pire, les sous-sols. Niveau intelligence, on y repassera ! De toute façon, s'il voulait se réveiller un beau matin dans les couloirs d'Haveirson à poil, c'était son problème, pas celui de Megan. Celui de Megan a l'instant même, c'était que Clemens venait de convier de façon implicite Quinlan à se joindre à eux. Elle se reteint de hurler son désespoir, elle allait devoir faire avec.

Clemens suggéra à Quinlan de garder la fourchette au cas ou. Megan se mordit la lèvre inférieur, se retenant d'éclater de rire. L'idée de mettre le statut de professeur aux oubliettes était toutefois bien trouvé. Malgré cela, Megan n'arrivait simplement pas a accepter la présence de Quinlan, sachant pertinemment qu'elle risquait de lui jeter un sort dans les dix minutes qui allait suivre, tellement elle le trouvait insupportable. D'ailleurs, elle se demanda pourquoi Clemens avait accepté qu'il les accompagne. N'avait-il aucune confiance en elle ? Au même moment, la réplique de Quinlan vis à vis d'elle, lui fit serrer les poings.

-Mes sorts risque d’atterrir dans une tronche, mais ce ne sera pas forcément la mienne...

La voix glaciale de Megan retentit dans les cachots sans la moindre once d'émotion. Heureusement que Clemens était là, c'était probablement grâce à lui que Megan n'avait pas provoqué de duel. Les sarcasmes de Quinlan la firent regarder Clemens avec un regard très expressif qui voulait dire quelque chose comme « je peux l'énucléer lui ? Ça te dérange pas, c'est juste pour la recherche... ». Puis, Fitzsimmons lui tendit une perche. Pas de stupéfix injustifiés ?

-Faut pas me demander de miracle là....

Un sourire en coin s'afficha sur ses lèvres alors que Clemens l'entraîna par le bras en avant, lui exposant son idée. Ça ne l'enchanté guère de faire équipe avec quelqu'un dont elle se méfier comme de Dumbledore, mais Clemens semblait vouloir de sa présence.

-On pourrait lui jeter deux trois sorts et le planter là aussi... souffla-t-elle en marchant avec Clemens devant. M'enfin, si tu tiens vraiment à ce qu'il vienne, je ferai un effort...par contre, il passe devant... Je vais certainement pas tourner le dos à quelqu'un en qui j'ai pas confiance....

voilà qui était dit. Megan s'abstint de dire, qu'en même temps, s'il se faisait attaquer, Quinlan serait donc en première ligne pour servir de bouclier humain... Elle s'arrêta donc et se mit sur le côté, avec Clemens.

-Puisque vous tenez à avoir votre part d'aventure, passez donc devant...

Un léger sourire narquois vint se figer sur le visage de Megan. Malgré la faible lueur des torches magiques, nul doute que son sourire n'avait échappé à personne. Megan n'avait pas renoncer au vouvoiement avec Quin. Ce n'était pas par respect loin de là, Megan n'accepter le tutoiement qu'envers les personnes qu'elle jugeait proches d'elle ou digne de confiance et aux dernières nouvelles, elle n'avait pas élever des hippogriffes avec Quinlan pour se permettre ce genre de familiarité. C'est à ce moment que Quin leur demanda s'ils avaient les plans des souterrains, ou du moins de quoi en dessiner un pour ne pas se perdre.

-Nan, mais si vous voulez on peut jouer au petit poucet...

Elle dit cela en sortant un paquet de dragées surprises de berthie crochue tout en les agitants dans sa main l'oeil moqueur.

24/02/2007

Le ton sec et contrarié ne passa pas inaperçu. Clemens se doutait que son petit jeu devait en être à l’origine, même si se faire découvrir dans une position aussi ridicule par deux de ses étudiants pouvait jouer sur la mauvaise humeur du guérisseur. Ils avaient tous été surpris de se rencontrer dans un endroit aussi peu fréquenté du château, et la méfiance déployée tant par sa camarade que par son amant en était palpable. Lui se tenait au milieu en proie à une tension très désagréable, mais pour des raisons bien différentes. Il faisait raisonnablement confiance à ses deux partenaires du soir, mais pas suffisamment pour s’étendre sur les détails de leurs relations. Megan n’avait pas besoin de savoir qu’il avait une liaison avec leur professeur, et Quinlan n’était pas au courant des nombreuses péripéties qui entouraient son amitié avec la jeune femme. Se retrouver dans cette situation si délicate rappelait à l’étudiant qu’il avait encore quelques problèmes à régler avec lui-même, et c’était loin de lui plaire.

Une chose était sure, les règles d’étiquette étaient belles et bien mises au placard. Les sarcasmes volaient des deux côtés, riches en tournures idiomatiques et témoins d’une agressivité qui n’était déjà plus latente. Clemens n’avait aucune idée de ce qui avait pu se passer entre ces deux-là, mais dire qu’ils ne s’appréciaient pas aurait été un sacré euphémisme. Il s’apprêtait à prendre la parole pour essayer de calmer le jeu, quand Quinlan lui renvoya sa propre suggestion en plein visage. Sa main se crispa en un spasme involontaire autour de sa baguette et il dut se faire violence pour ne pas démontrer de quelles manières il était capable de détourner l’utilisation d’une fourchette. Il se contenta de maintenir le regard du guérisseur et de commenter d’une voix qu’il voulait légère.

“Je me doutais bien qu’il devait y avoir une sorte de perversité sanglante derrière le rôle de guérisseur statutaire.”

La hiérarchie abolie, Clemens se détendit un peu. Plus que le danger au devant duquel il avançait, c’était de réveler une part de son intimité devant une Megan qui serait encore trop méfiante et perspicace qui l’inquiétait. A présent, il avait une bonne excuse pour tutoyer Quinlan et se montrer plus familier avec lui. Pour ce qui était du reste, la situation ne se prêtait pas vraiment aux câlins, donc ils n’avaient théoriquement pas de soucis à se faire à ce niveau-là.

La joute verbale continuait, mais le Sinistros choisit de ne plus y prêter attention outre mesure. Il nota simplement l’allusion au Stupéfix injustifié et se promit de questionner Quinlan à ce sujet. Une petite voix au fond de sa tête lui disait que malgré leurs promesses de confiance et d’honnêteté, la complexité de leur réseau de non-dits avaient de quoi faire pâlir un origami. D’ailleurs, il aurait sans doute lui aussi à se justifier de son attitude si froide et distante… L’idée lui avait semblé bonne de prime abord; il avait réagi à chaud dans une volonté de protéger leur complicité naissante et encore indéfinie. La réaction du guérisseur infirmait cependant cette première intuition. Alors que Megan intimait au professeur de passer devant eux, Clemens en profita pour faire une courte halte et le rejoindre.

“ On est plus préparés que tu ne le crois.”

Sa voix était plus douce à présent, et il avait accompagné sa phrase d’un sourire. Il sortit de son sac une des plumes et un morceau de parchemin qu’il avait emporté et les déposa dans les mains de Quinlan, non sans en profiter pour laisser traîner une caresse discrète sur son poignet. L’algorithme de leurs sentiments étaient encore trop compliqué pour lui, mais il ne voulait pas faire croire à son aîné qu’il avait honte de leur lien. L’étudiant plongea à nouveau la main dans son sac et en sortit un bocal, qu’il ouvrit avant d’y pointer sa baguette. Quelques murmures plus tard, et le contenant de verre à présent rempli d’un joyeux feu follet virevoltait devant eux, éclairant les pavés auparavant plongés dans l’ombre. Au moins, ils n’auraient pas à garder leurs baguettes constamment pointées pour y voir quelque chose. Lumière automatique, double système de cartographie, si ce n’était pas une véritable grappe d’innovations, ça…

“C’est étrange, une porte au milieu d’un couloir.”

A quelques pas devant eux, un lourd panneau de bois leur barrait le chemin. Clemens s’en approcha lentement, à la fois méfiant et curieux devant cette porte qui ne semblait mener à rien si ce n’est au reste du couloir. La baguette pointée devant lui, il l’observa quelques secondes sans trouver d’indices ou d’inscriptions particulières alors il posa simplement la main dessus. Sans qu’il doive forcer, la porte s’ouvrit lentement devant lui, tandis que quelques notes de musique venaient troubler son esprit. Il laissa retomber sa main le long de son corps, plus intéressé par la pièce qui se révélait devant eux que par la porte en elle-même, et la musique s’interrompit. Soudainement curieux, il appuya sa paume contre la porte à nouveau, et écouta avec plus d’attention. Le rythme était diffus dans sa tête, mais lui rappelait étrangement Tipe-X, un groupe largement inconnu qu’un de ses anciens coéquipiers originaire de Nouvelle-Zélande lui avait fait découvrir. Le Sinistros se tourna vers Quinlan et Megan.

“J’entends quelque chose quand je touche la porte… Comme un morceau de musique.”

Il s’écarta un peu pour les laisser approcher, tout en jetant un oeil dans la pièce suivante, à présent faiblement éclairée par son bocal ensorcelé. Pour autant qu’il pouvait le voir, il s’agissait d’un espace assez vaste, qui s’étendait vers leur gauche. Il ne pouvait pas distinguer les murs, seulement le plafond dont la hauteur semblait diminuer régulièrement, comme sous une mansarde. Soit le sol était en pente légère lui aussi, et descendait dans les profondeurs du château, soit… soit c’était très bizarre.

“Et le plafond de la pièce suivante est étrangement irrégulier, aussi.”

Quinlan avait beau être le roi du mensonge quand il s’y mettait, sa mauvaise humeur affectait sa capacité à garder les apparences. Peut-être simplement parce qu’il ne savait pas exactement pourquoi Clemens y tenait ? C’était facile de faire semblant de rien, pour protéger la vie privée d’un coup d’un soir auquel on ne tenait pas particulièrement, mais cet exercice-là… Il s’avérait bien plus complexe et douloureux. Autant diriger sa rage contre quelqu’un qui s’y attendrait, du coup. Les sarcasmes pleuvèrent donc sur Megan, qui ne manquait pas de répartie elle-même.

Il avait bien deux ou trois trucs à répondre, comme ‘j’espère que votre pote ne s’en prendra pas un au passage’ ou encore ‘touchez-moi et avant même que je puisse faire un geste, vous aurez un chat monstrueux vous lacérant la gueule’, mais il se retint. Par égard pour Clemens. Ça lui était déjà arrivé de se retrouver pris entre deux feux, à apprécier deux personnes qui elles, ne pouvaient pas se sentir. Il savait à quel point ça pouvait faire mal, sans oublier que c’était particulièrement difficile à gérer.

Soulagé que Clemens ne lui en veuille pas plus que ça et que le vouvoiement soit enfin banni, Quinlan s’accrocha à sa vanne comme un naufragé à une planche de bois.

— Quand t’es guérisseur, tu finis toujours par tripoter des organes encore vivants et mettre du sang partout. Ça doit jouer. Au pire, tu pourras changer la fourchette en kalashnikov ou un truc du genre.

Mais passons enfin aux choses sérieuses : l’organisation de ce groupe improvisé. Megan pensait l’ennuyer ou se moquer de lui en lui intimant de passer devant, mais c’était exactement ce qu’il comptait faire. Avec un sourire, il ne put s’empêcher de lui répondre :

— Je n’avais pas besoin de toi pour me le dire. Je dois être celui qui connaît les sorts de protection les plus efficaces et puis je m’occuperais du plan.

Il lança son sort de repérage, tout en récupérant le parchemin et la plume de Clemens. Jamais il n’aurait cru pouvoir être aussi sensible à un simple frôlement, mais ce dernier le rassura. Megan avait pensé à prendre des dragées, une idée pas forcément idiote… si ce n’était la présence du Docteur, qui ne manquerait pas de les bouffer s’ils touchaient le sol. Le chat était resté plutôt stoïque pendant cette première joute verbale, comptant les points d’un air blasé, et restant dans les pattes de Clemens. Pour l’instant, c’était encore cet humain-là le moins con.

Désormais éclairés par une sorte de lanterne magique, ils avancèrent jusqu’à une porte. Quinn regarda Clemens la toucher, baguette à la main, prêt à lancer un sort si jamais la porte se défendait. Si Quinlan avait appris un truc, c’était qu’il fallait se méfier des portes dans ce château. Il fronça les sourcils, mais se garda bien de toucher la porte. Il croyait Clemens sur parole. Et puis, la pièce derrière était bien plus intéressante.

Complètement irrégulière, elle semblait s’enfoncer dans les profondeurs. Quinlan n’en avait pas lu suffisamment pour tenir une dissertation dessus, mais il ne put empêcher son cerveau de lui hurler ‘La maison de la sorcière’. Une nouvelle de Lovecraft. En soi, ce n’était pas bon signe, surtout quand on savait que la maison de la sorcière avait un grenier aux dimensions bizarres principalement parce que les murs et le plafond étaient remplis de cadavres. Quinlan espérait aussi ne pas croiser de rat de la taille d’un chien, avec un visage humain. Ni d’aller faire coucou à Azatoth, le Grand Ancien pote de Cthulhu. Il y a des lectures comme ça qui vous marquent.

Levant les yeux vers le plafond et soudainement pris d’une paranoïa toute lovecraftienne, il chercha à voir les arêtes et les coins de cette pièce, histoire de voir si cette architecture était bien euclidienne. On ne sait jamais.

— Vous croyez qu’il peut y avoir quelque chose dans les murs ?

Il s’avança dans la pièce, cherchant à y voir un peu plus et surtout à jouer son rôle de bouclier humain. Quitte à ce qu’il y ait un piège, il préférait encore que ce soit lui qui se le prenne. Oh, et il marqua le sol de son sort, y dessinant un rond. Il ferait une croix quand ils auront fini d’explorer cet endroit étrange. Intrépide, le Docteur s'était avancé lui aussi, restant toujours à moins d'un mètre de Quinlan.

18/12/2005

Alors que Megan s'était mise sur le côté en entraînant Clemens avec elle afin de laisser passer le professeur Fitzsimmons devant, Quinlan fit une réflexion qui manqua de faire hurler de rire Megan. Ce n'était pas parce qu'il était professeur à Haveirson qu'il était forcément le meilleur dans tout les domaines. Si c'était le cas pour la médicomagie, Megan elle, excellé dans les sorts de magie noire dont il n'avait même pas idée de la puissance. Bon certes, elle n'allait pas se vanter d'être une quiche en sort de magie blanche, et c'était préférable qu'il n'en sache rien.

-Huum !

Un petit bruit avec un sourire moqueur, montrant bien qu'elle avait de sérieux doutes sur la capacité de ses sorts.
Quelques secondes plus tard, alors que Quin était passé devant eux, Clemens l'apostropha et alla se placer à sa hauteur sous le regard intrigué de Megan. Elle n'entendit pas les paroles du sinistros, mais elle trouvait la proximité entre les deux hommes vraiment troublante. Étaient-ils amis ? Était-ce pour cette raison que Clemens avait paru si inquiet lors de la découverte du corps endormi de Quinlan quelques minutes plus tôt ? A bien y réfléchir, la réaction de Clemens de se jeter précipitamment aux côtés de Quinlan était disproportionnée par rapport au lien étudiant-professeur qu'ils devaient avoir. Et Megan savait par expérience que voir un corps avait tendance à provoquer des réactions inverses, sauf pour les membres d'une famille ou pour des couples. Et ses regards entre eux ? Ils étaient furtifs certes, mais chargés de quelque chose de fort que Megan n'arrivait pas à déchiffrer. Décidément, le doute s'insinua en elle comme un serpent pouvait fondre sur sa proie. Non ! Elle devait surtout se faire des films ! Sa paranoïa refaisait juste des siennes, voilà tout ! Clemens ne pouvait pas s'être amouracher d'un connard de première, il n'était pas du genre à faire ça... Quoi-qu’après tout, Megan ne le connaissait pas suffisamment pour en avoir la certitude que Clemens ne ferait rien de ce genre-là. De toute façon, elle s'en foutait un peu de qui pouvait fréquenter l'ancien serdaigle, du moment que c'était pas la personne qu'elle pouvait le moins se blairer en portrait de tout le château : Quinlan.

Les yeux posés sur les garçons, Megan observa leur manège, tentant de déceler le moindre geste qui pouvait confirmer ou infirmer ses doutes. Rien de bien affriolant mis à part la voix étonnement douce qu'avait eu Clemens à l'égard de Quin. Juste un échange de plumes et de parchemins... Clemens y avait donc penser ? Et PAF ! Dans les quenottes Fitz-machin ! Voilà que tout avait une explication ! Ou pas... Bref, la paranoïa rechuta d'un cran, laissant le cerveau de Megan soufflait un peu.

Clemens profita de la même occasion pour bidouiller une lanterne magique leur permettant de libérer leur baguette des sorts de Lumos. Une idée brillante que Megan ne manqua pas de féliciter. Elle jeta un regard narquois à Quinlan qui ressemblait surtout à « Tellement brillant que vous êtes, vous n'avez même pas eu cette idée... Retournez donc jouer à la dinette...». Oui, Megan pouvait retranscrire tout ça dans un seul regard, quand bien même on comprenait le langage des yeux (Un langage très difficile à comprendre, sauf pour les adeptes de serial-eyes-killers, bref, nous nous égarons, revenons donc à nos strangulots...). La lanterne éclaira suffisamment le corridor froid pour que nos trois sorciers puissent apercevoir un morceau de bois. Un morceau de bois qui s'avéra d'ailleurs être une porte. Clemens fut le premier à s'aventurer vers la porte et ne résista pas à la tentation de l'ouvrir sans même prendre de précaution. Enfin, c'était ce que penser Megan qui resta désarçonner par ce geste fou. Elle n'avait pas vu qu'en réalité, la porte s'était ouverte quasiment toute seule, et ce n'était pas compliqué à s'en rendre compte, sinon elle aurait hurler au piège, au complot et à merlin en string et qu'il fallait déguerpir au plus vite. Au lieu de ça, elle suivit stupidement les deux garçons qui étaient entrés dans la pièce.

Elle remarqua que la pièce semblait étrangement agencée. Elle franchit la porte à la suite de Clemens et Quinlan afin de voir ce qu'il en était quand soudain, la porte se claqua dans un bruit sec, et disparu aussitôt. L'inquiétude et la paranoïa de Megan la pousser à se mettre aussitôt en position de riposte. Elle relâcha brusquement les sangles qui entourés son avant bras afin de libérer sa baguette et la porter à ses mains, fermement. Elle repoussa ses cheveux en arrière et se plaça à côté des garçons, tout en maudissant les portes d'Haveirson avec qui elle semblait avoir un léger problème.

-La porte a disparue.. Bordel une porte ça ne disparaît pas comme ça... marmonna-t-elle entre ses dents sans penser au fait, que d'un simple sort, elle avait autrefois réduit une porte en cendre, Quelqu'un à une idée ? C'est quoi cette pièce ?

Les murs semblaient peu larges, en réalité on aurait juste dit un chemin plutôt qu'une pièce de château. Ne voyant aucune issue là ou ils étaient, la seule solution était d'emprunter le seul chemin qui s'offraient à leur yeux. Le soupir de Megan ne passa pas inaperçu. Des situations comme celles-là commencer à l'exaspérée, mais cette fois-ci, elle n'était pas la seule embarqué dans cette pagaille. Elle jeta un regard désolé vers Clemens. Elle regrettait de l'avoir entraîner la dedans. Un fin sourire désolé sur ses lèvres envers son camarade de sinistros, et Megan annonça d'une voix étrangement calme et sans sarcasme.

-Allons par là, ce n'est plus comme si nous avions le choix...

Et la jeune femme entreprit donc de s'enfoncer dans ce qui lui apparut très vite être un labyrinthe. Forcé de refaire des demi-tour à peine les deux premiers virages franchis, la jeune femme grimaça.

-J'espère que vous n'êtes pas attendus quelque part.

La tentative de blague pour détendre l'atmosphère inquiétante, lui paru bien fade... toujours sa baguette à la main, elle avança avec les garçons dans une nouvelle direction...

24/02/2007

Sa baguette pointée en alternance vers les murs et le plafond, Clemens ne put retenir un sursaut quand il sentit la présence du Docteur entre ses mollets. Ce chat était décidément trop bizarre pour lui, et il doutait que son errance silencieuse soit un véritable avantage pour eux. Si il avait été un tantinet plus inquiet, il lui aurait peut-être même jeté un sort avant de se rendre compte qu’il ne s’agissait que d’un innocent félin. Enfin, sauf qu’avec cet animal-là, on n’était jamais sur de rien. Il était beaucoup trop malin.

D’ailleurs, son intervention avait été suffisante pour le distraire des mouvements de Megan et Quinlan. Quand le son de leurs voix retentit, l’étudiant redressa la tête avec curiosité, comme si il avait soudainement oublié dans quelle misère ils s’étaient fourrs. Malheureusement, le souvenir le frappa au visage très rapidement. D’une part, parce que le guérisseur venait de formuler une hypothèse tout à fait glauque, et d’autre part, parce qu’ils étaient à présent enfermés. Clemens jeta un regard torve à sa camarade d’Abraxan. Il était secoué d’un rire nerveux. Non seulement, se retrouver dans des situations délicates était une constante avec elle, mais si en plus, ils étaient à chaque fois les victimes d’une porte ensorcelée…

“Bon Megan, la dernière fois, c’est moi qui ai trouvé la solution. Je te laisse l’honneur, cette fois.”

Malgré son rire, Clemens était tout sauf amusé. C’était simplement une façon de relâcher la tension qui venait d’atteindre un nouveau palier et de la chasser afin de se reconcentrer. A défaut de pouvoir immédiatement cherche une solution pour la sortie, il enchaîna sur les suppositions de Quinlan et s’approcha des murs avec circonception. Dans un château aussi vieux, il y avait sans doute tout un tas de choses derrière les moellons. Cependant, ils ne se trouvaient même pas dans les anciennes geôles… L’Allemand haussa les épaules, alors qu’il emboitait le pas de Megan qui déjà, s’enfonçait dans un nouveau couloir.

“Je suppose qu’il pourrait y avoir quelque chose dans les murs… Mais au bout d’un couloir dans un endroit qui a l’air de n’avoir servi à rien, je me demande bien ce qu’on pourrait y cacher et pourquoi.”

Sans cette interrogation, ce ne serait néanmoins pas ce qu’on appelle un mystère. Pour l’heure, ils avaient trop peu d’informations sur ce qu’était ce lieu actuellement et ce qu’il avait été dans le passé. Si ils avaient connu l’existence d’un labyrinthe au milieu de ces couloirs, la meilleure marche à suivre aurait été de faire quelques recherches historiques à la bibliothèque avant de se lancer à l’aveuglette. A présent, c’était trop tard, la découverte se ferait au rythme de leur chance. Autant dire que c’était mal embarqué. Alors qu’il venait de faire demi-tour pour la deuxième fois, Clemens interpella ses camarades.

“On ferait peut-être mieux d’avancer de manière plus systématique, en suivant toujours le mur droit, par exemple. Si le labyrinthe ne se modifie pas magiquement autour de nous, on progressera au moins de manière régulière. Et s’il n’est pas trop grand, on est sûrs d’atteindre la sortie.”

Evidemment, il se doutait que le lieu devait être magique d’une manière ou d’une autre, mais ça ne signifiait pas qu’il allait se mouvoir autour d’eux pour les perdre… et dans tous les cas, avancer aléatoirement comme ils étaient en train de le faire n’allaient les mener à rien. D’ailleurs, le Sinistros ne savait même pas ce qu’ils cherchaient exactement. Dans le feu de l’action, la promesse d’une aventure avait été suffisante pour qu’il donne son accord à Megan. Partir à la recherche d’indices sur le Comte dans une partie inexplorée du château lui avait semblé sensé, mais à présent qu’ils erraient dans un couloir sombre et aux murs vierges, il n’en était plus tant convaincu.

“Dis, tu cherches quelque chose de particulier ici ? Un indice te pousse à croire que le Comte aurait laissé des traces de lui dans les sous-sols ?”

C’était un cauchemar, il n’y avait pas d’autre solution : à peine avaient-ils passé la porte qu’elle disparut derrière eux, comme le fit remarquer Megan. Elle était maudite des portes ou quoi ? En tout cas, c’était décidé, Quinlan ne mettrait plus jamais les pieds dans un endroit avec une seule porte en sa compagnie. Trop dangereux. Le rire nerveux de Clemens ne rassura pas Quinn, qui garda une mine extrêmement sérieuse. À ses pieds, le Docteur était revenu, sérieux lui aussi. Ce n’était pas le moment de réclamer des câlins en ronronnant, et même lui savait.

Megan parti en éclaireur avant même que Quinn ne la prévienne que ce n’était pas très prudent : les couloirs pouvaient très bien être piégés. Mais elle revint bien vite, en grimaçant.

— Ok, on est coincés ici.

Quinlan poussa un long soupir. Il était encore une fois bloqué avec elle, et cette fois dans un endroit bien moins accueillant que la salle des travaux pratiques. La réflexion de Clemens ne le rassura pas non plus, mais il essaya de ne pas le montrer. Passer en mode machine, c’était la meilleure chose à faire. Alors, ce qu’il pouvait y avoir dans les murs ? Plein de trucs.

— Des archives. Des dossiers. Des cadavres. Peut-être même pas tout à fait morts. On n’en sait rien.

À partir de maintenant, Quinlan partirait du principe que cet endroit voulait les tuer : peut-être que ça leur permettrait de rester en vie. La paranoïa n’avait pas que des désavantages. Et le guérisseur était heureux de savoir que même dans des situations pareilles, Clemens ne perdait pas son cerveau. Il hocha la tête à sa proposition, tout en décidant mentalement de continuer à marquer les murs droits, histoire de savoir si justement le labyrinthe bougeait autour d’eux, ou s’ils tournaient en rond.

Silencieux, il attendit également la réponse de Megan à l’interrogation de son ami : des indices sur le Comte ? C’était donc ça le but premier de leur escapade dans les sous-sols ? Quinlan s’était dit qu’il enquêterait lui aussi quand il en aurait le temps et le loisir, mais il ne pensait pas se retrouver propulsé dans une chasse aux indices qui pourrait les enterrer vivants dans un labyrinthe démoniaque.

Sentant la peur de son humain grimper, le Docteur miaula fortement et lui griffa à moitié la jambe. Quinn, une fois la surprise passée, esquissa un sourire amusé et hocha la tête en tapotant la tête de son chat. C’était sa manière de lui dire de se reprendre, et ça marchait pas mal. Il aurait un peu l’air con s’il avait peur alors que son chat se montrait intrépide, non ?

18/12/2005

La jeune femme était dépitée. Depuis qu'elle était rentrée à l'académie, les portes semblaient vouloir devenir son ennemi numéro un. Elle commençait sincèrement à se dire que si les portes semblaient lui jouer des tours, c'était pour une bonne raison. Peut-être se rapprochait-elle doucement du comte sans le savoir et que ce dernier mettait volontairement des barrières entre eux. C'était une supposition tirée par les cheveux, mais il fallait reconnaître qu'elle faisait preuve de beaucoup de malchance avec les portes, et surtout, elle recherchait activement des informations sur le comte. Non pas qu'elle s'en souciait plus que ça de savoir à quoi il ressemblait, elle voulait surtout savoir chez qui elle se trouvait pour les années à venir. Vivre dans le château d'un hypothétique mangemort ne la réjouissait pas vraiment et risquer de se faire tuer dés qu'elle aurait les yeux fermés ne lui disait rien non plus. Paranoïa ou pas, elle était bien décidé à le savoir.

Le rire nerveux de Clemens la rendit un peu plus mal. Elle commençait à regretter de l'avoir entraîner la dedans alors qu'il n'avait rien demandé. Mais Clemens avait un certain toupet de demander à Megan de les sortir de là toute seule, tout en mentionnant la dernière fois. Megan ne put s'empêcher de faire une remarque ironique pour masquer sa gêne.

-La dernière fois, il y avait une porte, bloquée certes, mais une porte quand même...

Mieux valait le lui rappeler au cas où, car la situation était aujourd'hui, totalement différente. La jeune femme acquiesça à l'idée de Clemens, de toute façon, il fallait avancer, c'était pour le moment la seule solution pour trouver une sortie, quand bien même s'il y en avait une. La baguette au point, Megan avait revêtu son masque impassible comme elle en avait l'habitude dans les situations dramatiques.

-Vois le bon côté des choses Clemens, aujourd'hui, il n'y a pas l'air d'avoir de mangemorts... Heureusement, car on a plus de clocher pour nous aider cette fois...

Et toc Clemens, quitte à se rappeler des bons souvenirs comme Clemens le souhaitait, autant se rappeler de tous. Leur première rencontre depuis poudlard avait d'ailleurs été très marquante. La jeune femme prit le chemin de droite calmement les garçons sur ses talons. Elle n'était pas rassurée certes, mais elle avait connu pire. Ce n'était pas un petit labyrinthe de rien du tout qui allait l'effrayer, ni même l'idée des garçons.

-Des trucs dans les murs ? Vous essayez de vous faire peur tout seuls ou quoi ?

Megan ne voulait pas croire à cette supposition, sachant que si quelque chose se trouvait dans les murs, ce n'était pas de bonne augure. Elle regarda le mur du couloir avant de s'engager un peu plus loin afin de tenter d'y déceler une possible menace. Clemens en profita pour lui demander alors ce qu'ils le faisaient ici et pourquoi Megan l'avait entraîner avec lui dans le sol. Megan s'arrêta quelques instants, dos aux garçons avant de se retourner doucement vers eux.

-J'ai fouillé le château, malgré quelques agencements étranges, je n'ai rien trouvé. Le seul endroit que je n'avais pas encore explorés en entier, c'était les souterrains. Et j'ai eu des échos que certaines personne qui s'y sont aventurer ont été choquée par ce qu'elles ont vus, mais n'ont pas réussi à définir ce que c'était... J'ai donc voulu voir ce qu'il en était... L'idée de ne pas savoir qui est le comte m'insupporte ! Et si c'était un mangemort, ou j'sais pas moi, le Lord noir qui a tout manigancer... Je préfère savoir chez qui je suis, et si je peux dormir tranquille...

Bon d'accord. La paranoïa de Megan était visiblement rentrée à nouveau en éruption, mais comme elle aimait le rappeler, sa paranoïa l'avait sauvée plus d'une fois donc elle ne la blâmerait pas de se méfier. Ayant entraîner Clemens avec elle, la jeune femme opta pour lui dire le peu d'information qu'elle avait, même si elle regrettait de devoir le faire devant Quinlan et son matou.

-J'ai fais des recherches ici, à la bibliothèque. Je n'ai rien trouvé de concluant, en revanche, j'ai noté quelque chose d'étrange en allant à la bibliothèque municipale d'Avalon et à la grande bibliothèque magique de Londres. Le dernier comte du château a avoir été recensé remonte à il y a plus d'un siècle. Je n'ai rien trouvé sur une possible descendance en revanche...

Megan n'avait pas faiblit dans ses recherches, loin de là, elle avait même entraîné son ancienne camarade de chambre, et même son ex, qui l'aider dans ses recherches. C'était plus fort que Megan, elle voulait savoir et son obstination paierait un jour ou l'autre, elle en était certaine. Alors qu'elle parlait avec son camarade et son professeur, Megan avait légèrement baisser sa vigilance, tournant le dos à un grand espace vide et inconnu...

03/01/2007

Le Labyrinthe maudit

Du brouillard.
Le son de la pluie qui tombe à verse, au loin. Un tic-tac d'horloge, et autour, du silence, un silence vide, mortuaire.
Le brouillard s'épaissit, jusqu'à ne plus pouvoir aperçevoir les alentours, ni ce qui les entoure. Un brouillard lourd, étouffant, presque acide. Et puis finalement, il disparaît, laissant place à un sombre couloir d'une école délabrée.
Toujours ce silence et cette horloge. Aucune lumière ne perce par les fenêtres, elles ressemblent à des décorations animées, impossibles à ouvrir, ne laissant voir qu'un ciel noir et menaçant, et la pluie tapant sur les carreaux.

L'obscurité empêche de voir bien loin, des planches se sont détachées du plafond et jonchent le sol, certaines sont même dangereusement rongées par l'humidité et le temps et risquent de craquer à tout moment...

Et puis tout d'un coup, des bruits de pas, derrière le groupe d'étudiants malencontreusement perdus dans les méandres de ce monde à part qu'est le Labyrinthe.
Une planche qui craque. Une ombre qui file dans le couloir et vient saisir la jeune fille blonde à la gorge, avec une force surhumaine.

L'ombre, silhouette humanoïde non-identifiable, resserre son emprise, et brandit une paire de longs et grands ciseaux rouillés, pour venir frôler sa joue de la pointe de l'instrument, comme une menace, sans rien dire, sans un mot, dans le silence le plus total.

Et puis elle disparaît dans le couloir aussi vite qu'elle est apparue, emportant son arme avec elle, pour laisser le petit groupe dans cet univers sombre et délabré, livré à lui-même.

24/02/2007

Dans l’absolu, être coincé dans une pièce avec Quinlan et Megan n’était pas le pire cauchemar que Clemens aurait pu s’imaginer. Il appréciait les deux, et même s’ils avaient une attitude ouvertement féroce l’un envers l’autre, l’étudiant avait confiance en ses capacités de conciliation. Cependant, leur environnement n’était pas propice à l’apaisement de tensions. Entre les piques qu’ils continuaient à s’envoyer et les hypothèses, plus glauques les unes que les autres, développées au fur et à mesure de leurs réflexions, ils allaient devoir faire un choix. Soit ils s’imposaient la confiance pour la durée de cette aventure, soit ils continuaient à se surveiller et ils prendraient le risque de ne pas suffisamment faire front devant leurs obstacles. Pour lui, c’était simple : on se serrait les coudes et on réglerait les problèmes ensuite.

“Certes Megan, mais dans le pire des cas, on doit pouvoir faire une avalanche avec un pan de mur, non ?”

La réplique de sa camarade lui avait arraché un nouveau sourire. Son regard restait néanmoins sombre, car sa blague n’en était pas vraiment une. Un peu d’ingénuosité leur avait suffit pour sortir de la salle des travaux pratiques sans avoir pris aucuns risques. Ces sous-sols par contre étaient une véritable prison, et Clemens ne serait pas surpris d’y rester jusqu’au matin. Avec un peu d’espoir, les pièges qui commençaient à se refermer sur eux n’étaient pas directement liés au Comte et à leurs recherches… Le Sinistros écoutait avec attention les détails que Megan leur livrait, comprenant peu à peu l’ampleur de leur tâche. Un certaine bague de désespoir le cueillit à la gorge : si l’Abraxan n’avait rien trouvé après tant d’assiduité, la chasse aux indices se promettaient d’être aussi aisées que de donner la becquée à un troll.

“En gros, on doit compter sur notre chance et espérer que le Comte aient des intentions protectrices envers les étudiants, histoire que son château ne nous emmure pas vivants dans son sous-sol. Vu comme ça, je comprends bien pourquoi tu tiens tant à découvrir son identité… Quelque chose me dit qu’on est soit sur une bonne piste, soit sur une très mauvaise.”

Pour lui, c’était la seule explication possible. Un couloir ne prenait pas l’initiative d’enfermer des visiteurs si il n’y avait rien à protéger… donc à trouver. Un peu pensif, même si il tenait toujours sa baguette prête devant lui, il allait reprendre sa marche quand l’ambiance sonore changea brusquement. Ce bruit de pluie et d’horloge détonnait tant avec le silence que Clemens eut soudainement l’impression de devenir sourd. Il n’avait pas réalisé à quel point le calme avait été oppressant jusque là. Le regard inquiet, il chercha l’origine de ce qui ne pouvait qu’être une illusion. Une brume fantasmagorique les enveloppaient déjà et avant qu’aucun d’eux n’aient pu réagir, quelques bruits de pas, lui évoquant plus les bruits de sabots d'un sombral, retentirent derrière Megan.

Le Sinistros pointa sa baguette à la recherche d’une cible, mais sa lanterne enchantée dont les lueurs faisaient danser des ombres cabalistiques sur les murs, ne l’aidait pas à distinguer le réel de l’irréel. Quand, enfin, une forme humaine se fit plus nette, il était déjà trop tard. Saisissant Megan avec force, leur agresseur se tenait trop prêt de la jeune femme pour qu’il puisse agir sans risquer de blesser sa camarade. La scène ne dura qu’une seconde, trop courte pour leur laisser le temps de trouver une solution plus appropriée et moins risquée. Clemens se précipita vers elle.

“Megan ! Tout va bien ?”

Il allait s’en vouloir d’avoir été tétanisé par l’attaque, mais la priorité était de savoir si Megan n’avait pas été blessée. Il posa une main sur son épaule, détaillant son visage, dont le teint prenait une légère couleur vert concombre. Peur ou fureur, difficile à dire, mais ce qui était sur à présent, c’était qu’ils se trouvaient en territoire hostile et ils allaient devoir se battre. Le Sinistros se tourna ensuite vers Quinlan, cherchant ses yeux noisettes qui pouvaient tant l’apaiser. Peu importe ce qu’il avait pu en penser au début, il était à présent rassuré de le savoir là, avec toute son expérience et sa maturité. On n’était pas urgentiste sans savoir trier ses émotions et agir vite, et c’était probablement d’un tel leader dont ils avaient besoin de sortir vivant du labyrinthe. Tous les souvenirs libidineux de la veille au soir s’étaient échappés, à présent. Les nerfs tendus, et la respiration un peu courte, Clemens cherchait sa maîtrise de lui-même.

“On vient de se faire couper l’herbe sous le pied. Le labyrinthe est bel et bien vivant, magique et il nous en veut. Il est temps de nous aussi nous montrer plus agressif, et de se bouger les miches pour avoir nos solutions avant de se faire solutionner. Si vous voulez mon avis.”

De toute évidence, c’était ses propres sangs qu’il essayait de fouetter en premier.