Labyrinthe : aventure et mésaventure.

Quinlan ne savait pas ce que c’était que cette histoire de clocher, mais il n’était pas sûr de vouloir savoir. Il était aussi étonné de voir que Megan n’avait pas eu de mésaventures avec des portes uniquement avec lui. Bref, ce genre de chasse aux infos pourrait très bien attendre qu’ils soient sortis sains et saufs de cet effroyable endroit. Après, la remarque de la jeune femme n’était pas idiote : peut-être que Quinn essayait de se faire peur tout seul… Ou peut-être voulait-il simplement exposer toutes les possibilités. Ce n’était pas en faisant l’autruche qu’ils allaient avancer. Il comprenait que les deux étudiants soient extrêmement nerveux — et il l’était aussi — mais tous avaient besoin de rester calmes et lucides. Pour l’instant, Quinlan trouvait qu’ils ne se débrouillaient pas si mal.

Megan dit alors qu’elle avait déjà fait des recherches sur le Comte et sur Haveirson, sans résultat tangible. Quinlan nota tout de même mentalement le fait que la dernière trace d’un Comte dans le coin remontait à plus d’un siècle, sans que ledit Comte n’ait de descendance. Après tout, personne n’avait dit qu’il était mort, si ? Ce ne serait pas le premier à courir après l’immortalité, ou à être simplement un vampire. Le Comte, un vampire. La pensée aurait presque fait rire Quinlan, tant c’était cliché. Sauf que l’ambiance n’était vraiment pas à la fête.

En réalité, Quinn préférait rester silencieux. Il n’avait pas grand-chose à répondre aux étudiants, et n’en savait pas plus qu’eux sur le Comte ou l’Académie. Spéculer ne leur servirait à rien pour le moment, si ce n’est à faire davantage grimper leur stress tout en détournant leur attention. Enfin même sans ça, ils n’auraient pu prévoir le brouillard, le son de la pluie et le tic tac de l’horloge. Et encore moins l’ombre — qui n’en était pas une si ses pas étaient audibles — qui surgit des ténèbres pour étrangler Megan, la menacer et repartir d’où elle était venue.

Quinlan avait à peine eu le temps de lancer un sort, et il s’en voulait un peu. Il laissa le Docteur chasser l’ombre, comptant sur son odorat pour qu’il puisse les retrouver plus tard, et alla voir Megan. Agenouillé près d’elle et de Clemens, il vérifia qu’elle allait bien avec une sincérité dépourvue de toute hostilité ou ironie. La rhétorique de Clemens le toucha autant qu’elle l’inquiéta : tous trois étaient morts de peur. Cherchant le regard de Clemens, il tenta de le rassurer mais sa voix était blanchie par la terreur.

— Mais qu’est-ce qu’on peut, si ce n’est avancer ?

Ils devaient rester sur leurs gardes, c’était évident. Lui connaissait quelques sorts de protection, mais rien de bien efficace sur un groupe ou sur la durée. Il s’agissait plutôt de boucliers à lancer pour contrer une attaque. Pour le coup, Quinn se serait presque senti inutile.

Puis il revint à lui en voyant le Docteur revenir en courant. Il avait l’air aussi apeuré que son humain, mais tentait comme lui de se garder contenance. Il miaula alors violemment, et donna un coup de tête affectueux sur Megan. Étrange. Très étrange.

— Bon, plus longtemps on restera ici, et plus on sera vulnérables.

Quinlan réentendit le tic tac de l’horloge dans sa tête. Il n’aimait pas ça, pas du tout même. Ce rappel du temps qui passe… Et s’ils étaient hors du temps, justement ? Et si à l’extérieur, le temps défilait à une autre vitesse qu’ici ? Il se souvint violemment des contes de la Samhain, de la légende de Jack O’Lantern, et de tous les ‘héros’ lovecraftiens perdus dans le temps et l’espace. L’angoisse lui serra le cœur : prions pour que Howard Phillip n’ait pas été sorcier.

Apparemment, Megan s’était remise assez vite du choc d’être agressée par une ombre armée de ciseaux rouillés. Maintenant que Quinlan y pensait… Pourquoi des ciseaux ? Il doutait qu’aucun des bruits qu’ils avaient entendus ni qu’aucune des choses qu’ils avaient vues n’aient été là par hasard. Ce labyrinthe voulait certes leur mort, mais il devait avoir une logique interne. Forcément.

Tous les trois se remirent debout, animés d’une nouvelle force. Cette fois, ils étaient sûrs et certains que l’endroit était dangereux, et qu’il leur fallait être sur leurs gardes. Sa baguette d’aubépine toujours fermement tenue dans sa main, Quinlan allait prendre les devants quand Megan le prit de cours. Remontée, la jeune femme était toute pétrie d’une hargne que pour une fois, le guérisseur ne pouvait — et n’allait pas — critiquer. Il fut cependant étonné de voir le Docteur accompagner Megan et se positionner à l’avant-garde du groupe, à quelques dizaines de centimètres de la jeune femme.

Quant à lui, il laissa passer Clemens pour fermer le groupe. Protéger par l’avant ou par l’arrière, au final, ça n’avait pas grande importance, tant qu’il se sentait utile. Et puis, c’était typiquement le genre de choses qui indifféraient Quinlan. Jetant un œil derrière lui, il lança un sort pour marquer l’endroit comme ayant déjà été visité, et griffonna ce qu’il connaissait du labyrinthe pour le moment sur le parchemin, qu’il remit rapidement en poche ensuite. L’idée de Clemens de lancer un sort d’alarme n’était pas mauvaise, mais Quinlan était plutôt en train de passer en revue ses boucliers, ses sorts de répulsion, ses sorts de soin. En espérant qu’il n’en auraient pas besoin. L’image d’une Megan pissant le sang à moitié morte le gênait à peine, mais si c’était Clemens…

Heureusement, ce dernier le sortit de son pessimisme naturel pour lui demander ce qu’il pensait du labyrinthe. Pour l’instant, honnêtement, pas grand-chose. Mais il était heureux qu’il utilise quand même son prénom, quitte à rendre Megan un peu plus paranoïaque.

— Je n’en sais trop rien. Vu l’hallucination collective qu’on vient d’avoir — je m’auto-persuade, ça pouvait très bien être réel — je pense que cet endroit va nous baiser bien comme il faut.

Il n’avait pas à leur dire d’être vigilants : ils l’étaient déjà et c’était une excellente chose. Hésitant, Quinlan posa une main sur le mur à sa droite, le longeant tout en vérifiant régulièrement qu’il n’y avait rien derrière eux. Au bout d’un moment, il se décida à marcher en crabe ou presque. Sa main caressant toujours le mur, il était toujours à moitié convaincu qu’il y avait des cadavres là-dedans.

Non, son « matou » n’était pas bizarre. Du moins, pas plus que d’habitude. Quinlan haussa un sourcil à la question de Megan :

— J’en doute. Personne ne voudrait du Docteur en hôte, crois-moi. S’il te colle… C’est soit qu’il t’aime bien…

Le Docteur râla bruyamment.

— … Ou qu’il préfère simplement être devant.

Après tout, ce n’était pas idiot de sa part : le félin était plus rapide et avait l’œil plus vif que les trois humains qu’il accompagnait. Mais Megan ne démordait pas, et parlait maintenant d’exorcisme. C’était là que Quinlan traçait la limite.

— Si quelqu’un touche au Docteur, je le crame. C’est clair ?

Mais bientôt, ils n’eurent plus le loisir de s’occuper du cas du Maine Coon un peu chelou de Quinlan : le décor changea autour d’eux, le labyrinthe laissant la place à l’entrée d’un château en ruines. Ce château, Quinlan le reconnut avec un frisson d’effroi. L’Académie. La pluie battante glaça les os de Quinn en quelques secondes, renforçant l’idée que le réel et l’illusion se mêlaient de façon inquiétante dans ces sous-sols démoniaques. Le portail fantomatique grinça quand Clemens le poussa, révélant derrière lui une piscine abandonnée. L’eau était tellement croupie qu’elle en était devenue presque solide, et à sa surface flottaient des corps enflés par la décomposition. L’odeur de mort piqua le nez du guérisseur qui eut un haut-le-cœur, malgré son estomac généralement bien accroché.

Il aurait voulu qu’ils ne s’approchent pas, que l’illusion se défasse d’elle-même, mais ç’aurait été trop demander. Avant même qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, Quinn voit Clemens projeté en avant dans cette soupe humaine, ce bouillon infâme de corps moisis. Un instant paralysé par la surprise, le guérisseur ne peut que regarder le Sinistros sombrer dans le liquide noirâtre à la consistance visqueuse, sans pouvoir l’aider. L’adrénaline trouva enfin ses muscles, et lui rendit alors la vie.

— CLEMENS !!!

Les yeux exorbités, il se précipita vers la piscine, prêt à plonger au milieu de corps, dont certains lui paraissaient étrangement familiers. Mais qu’il le veuille ou non, il avait trop tardé : Clemens posa enfin la main sur le rebord, faisant s’évanouir une illusion qui aurait bien pu lui coûter la vie. Faisant fi de ce que penserait Megan — il l’avait complètement oubliée — Quinlan s’agenouilla près de Clemens et lui retint les cheveux pendant qu’il vomissait, dans un geste de prévenance parfaitement inutile.

Se relevant en même temps que lui, Quinlan passa une main dans ses cheveux, soufflant comme pour expirer sa terreur. En vain. Clemens était en vie, Megan aussi, mais pour combien de temps ? Qu’est-ce qu’il y avait dans ces sous-sols, exactement ? Allaient-ils seulement réussir à en sortir indemnes, ou au moins vivants ? Quinn lança un regard à Clemens, réprimant difficilement son envie de le prendre dans ses bras. Il se souvenait que l’étudiant n’aimait pas qu’on veuille le protéger, même si les circonstances étaient pour le moins spéciales. Et puis, il y avait Megan aussi… Quinlan baissa la tête, s’apprêtant à reprendre leur expédition. Il devait se faire une raison, se retenir d’être trop pressant, trop présent, trop démonstratif.
Oh et puis merde !

Quinlan se retourna vers Clemens et le serra dans ses bras. Rien à foutre de Megan ou de ce qu’elle penserait, et rien à foutre de la petite fierté du Sinistros. Il tremblait comme une feuille, et si le guérisseur pouvait l’aider à retrouver un peu de son calme, il le ferait. D’autant plus qu’il était en rage. Plus que la peur, c’était désormais une fureur sans nom qui animait son regard. Il ignorait qui était le Comte, mais cette espèce de cinglé allait le payer. Très cher.

L’étreinte ne dura pas très longtemps, mais elle fut tout de même assez longue et intime pour les trahir tous les deux. Tant pis. Megan penserait ce qu’elle voudrait. Ne disant rien, Quinn lança un regard plein d’excuses à Clemens, où venaient s’entremêler des lueurs de vengeance. Maintenant que les deux étudiants avaient été attaqués par cette ombre mystérieuse, la suite était logique. C’était désormais au tour de Quinlan. Ce dernier se fit à l’idée lentement, se demandant bien si le labyrinthe s’adaptait à leurs peurs profondes, ou si c’était quelque chose de plus générique. Il espérait vraiment que ce soit la deuxième solution. Il y avait des démons dans son passé qu’il préférait ne pas avoir à affronter de nouveau.

Prépare-toi, Quinlan. L’ombre arrive.

Comment combattre une ombre ? Effectivement c’était un problème épineux. Il n’y avait rien qu’ils puissent faire, si ce n’était subir les assauts réguliers des illusions de cette dernière. Megan en avait fait les frais, et après elle, Clemens. Et puisqu’ils étaient incapables de faire la différence entre le réel et l’irréel, qu’ils n’avaient aucune garantie que ces illusions ne pouvaient pas les tuer, Quinn ne put se retenir de montrer à Clemens qu’il avait eu peur pour lui. Après tout, il avait eu de l’eau dans les poumons : il aurait très bien pu crever comme ça, stupidement, piégé par un sort qu’ils ne pouvaient combattre. Quinlan savait que le prochain sur la liste, c’était lui, mais honnêtement, l’ombre n’aurait pas à se casser le cul pour trouver sa plus grande peur. Il était déjà en plein dedans. Il ne pouvait rien faire.

Dans ce court temps mort où il s’était abandonné à ses émotions, Quinlan avait étreint Clemens et espérait que personne ne ferait de commentaire. Au moins une chose positive dans ces sous-sols mortels : personne n’en fit. Ce n’était vraiment pas le moment de s’épancher sur la vie sentimentale de Quinn ou de Clem, de toute façon. Et puis, ils n’eurent pas vraiment le temps de respirer que l’ombre était déjà de retour.

La cave se transforma en une forêt, haute et dans laquelle ils n’avaient aucun repère, chaque arbre étant un fantôme parmi tant d’autres. En elle-même, cette forêt était déjà bien flippante, mais ce qui suivit glaça le sang de Quinlan. Il savait que c’était pour lui, il le savait… Il savait aussi que ce n’était qu’une illusion, rien que du fake, quelque chose qui ne pouvait pas être. Un cri presque inhumain perça l’air jusqu’à lui vriller les tympans et lui secouer les neurones. À tel point qu’il ne reconnut pas tout de suite la voix. À qui l’ombre se serait-elle attaquée pour faire mal à Quinn si ce n’était…? Mais c’était impossible ! Le guérisseur tourna la tête vers Clemens : il était bien là.

Qui était alors la silhouette aux traits méconnaissables qui s’agitait devant eux ? Et qu’est-ce qu’on lui avait fait pour qu’elle soit dans un état si terrible ? Quinlan était de plus en plus perdu.

Puis vinrent les mots. Impossible de dire d’où le son provenait, mais cette fois Quinlan se rendit compte de sa méprise. Cette voix n’était pas celle de Clemens mais celle de son propre frère. Il l’avait presque oublié, et cette pensée à elle seule le remplit d’effroi. Paralysé, il voulut courir, se répétant pourtant que ce n’était qu’une illusion, que Neal n’avait rien à voir dans cette histoire, qu’il n’était même pas à l’Académie en ce moment et qu’il se débrouillait très bien sans Quinn pour lui traîner dans les pattes comme le boulet qu’il avait toujours été, plus ou moins… Et si les illusions de l’ombre étaient des résonances temporelles ? L’idée s’imposa à Quinn sans réellement se former complètement mais… Si Clemens avait vu le passé, peut-être que Megan avait vu le futur et lui… le présent ? Et si, quelque part dans le monde, Neal avait vraiment besoin de lui et était incapable de le lui dire ?

Des liens le retinrent soudainement. Ils s’enroulèrent autour de ses chevilles, grimpant le long de ses jambes, s’accrochèrent à ses poignets, se lovèrent dans son cou jusqu’à lui masquer la bouche et à l’aveugler. Ces cheveux noirs, il pouvait presque mettre un nom dessus. Cette illusion qui n’en était pas une, cette sensation d’être totalement impuissant, ce n’était pas quelque chose de nouveau pour Quinlan et c’était bien pour ça que ça le terrorisait. Ses yeux s’écarquillèrent alors qu’il paniquait, son cœur s’emballant dangereusement, ses membres se débattant sans aucun succès. Il était dans l’incapacité totale de bouger.

Et en face de lui, la silhouette de Neal ou son écho temporel peut-être, se tut soudainement et tomba. Il ne fallait pas être un génie pour savoir ce que ça signifiait : l’impuissance de Quinlan avait tué son frère. Sentant la rage lui comprimer la poitrine et les larmes se bousculer derrière ses yeux, il hurla un peu plus mentalement jusqu’à ce que l’ombre ne se tourne vers lui et ne le projette sur le mur derrière lui.

L’illusion avait disparu, laissant de nouveau place au labyrinthe. Quinn resta un moment pantelant sur le sol, assez pour que Megan et Clemens viennent le voir, inquiets. Même Megan quoi. Sans attendre, Quinlan hocha la tête. Il tenta de reprendre son souffle, tout en se levant. Bien sûr, le guérisseur avait compris pourquoi Clemens avait l’air si préoccupé, et le plus naturellement possible, Quinlan roula des épaules et vérifia rapidement que rien n’était cassé. Apparemment, ça n’allait pas trop mal.

Le Sinistros n’avait vraiment pas tort par contre : que pouvaient-ils faire ? Quelque part, c’était comme si Quinn n’avait jamais quitté sa propre illusion de terreur personnelle. Il était aux prises avec quelque chose dont ils ne pouvaient pas se défendre, le tout avec une des personnes qui comptaient déjà le plus pour lui. Bordel, que s’était-il passé ces dernières semaines ? C’était comme si Clemens s’était infiltré sous sa peau sans qu’il ne rende compte. Désormais, il était trop tard : impossible de le retirer sans l’écorcher vif. Se concentrant sur ce qu’il disait plutôt sur ce qu’il était, Quinlan ne put s’empêcher de paraître défaitiste au possible.

— Et si c’était réel…? Mais dans une autre dimension temporelle ?

Ce ne serait pas la première fois que la sorcellerie touchait à la ligne de temps. En espérant que, si c’était le cas, ils avaient une bonne protection contre les paradoxes.

HRP:

Quinlan hocha la tête quand Megan revint vers lui et Clemens, et les aida à se relever. Elle avait raison : il fallait bouger et il se trouvait qu’il en était tout à fait capable. Après tout, ce n’était pas la douleur qui allait le ralentir ! Ah ah, très drôle, tout ça.

Megan ne manquait pas d’idées, mais le problème était dans la capacité de les mettre en pratique… Ça faisait mal à Quinlan de le reconnaître — sans mauvais jeu de mots — mais jusque là, ils avaient beau se préparer à lancer des sorts, ils n’en avaient jamais le temps.

— À moins de faire brûler les sous-sols et le château qui va avec, je vois pas comment on pourrait être assez rapides pour envoyer de la lumière à la tronche de cette ombre. Ton idée est excellente, mais on n’a jamais le temps de rien faire…

Et puis, Clemens avait un feu follet en bocal, une source de lumière magique qui n’empêchait pas l’ombre de sévir. Un goût amer se répandit dans la bouche de Quinn. Ouais, c’était bien ça : de la frustration.

Quant au fait de trouver les faiblesses des trois sorciers paumés dans le labyrinthe, Quinlan ne put s’empêcher de ricaner. Elle ne s’était pas adressée à lui directement, ce qu’il nota, mais ça ne l’empêcha pas de répliquer.

— Je pense qu’elle les a déjà trouvées en ce qui me concerne, et je ne parle même pas de Clemens.

Entendre son frère en détresse et ne pouvoir absolument rien faire… Voir Clemens se noyer ou presque sous ses yeux et ne pas avoir le temps de réagir : on pouvait difficilement faire pire pour Quinlan. Pourtant, il était relativement blindé. Quelque part, il savait que ce n’était pas réel, il s’accrochait à cette idée qui était celle de Clemens et Megan en espérant avoir tort concernant les univers parallèles et les déformations temporelles. Lui faire peur avec Neal, c’était lui rappeler que son frère n’était pas avec lui en ce moment. Et il ne savait que trop bien ce qu’il se passait lorsque son cadet était absent.

L’hypothèse de Clemens n’était pas idiote même si l’ombre aurait déjà pu facilement parvenir à ses fins.

— Si elle voulait nous séparer, elle nous aurait envoyé dans trois illusions différentes en même temps, non ?

Quant au fait de faire front, Quinlan voulait bien mais ne savait pas vraiment comment ils le pourraient si l’ombre les prenait toujours de court, les empêchant de répliquer à temps. Un miaulement se fit entendre. Le Docteur revint des ténèbres d’un couloir, comme s’il voulait leur montrer le chemin. De l’équipée, seul le félin semblait indemne…

Quinlan tiqua mais s’avança derrière son chat, le suivant de quelques pas mesurés, le tout sans perdre Megan et Clemens de vue. Peut-être que les sous-sols étaient différents au-delà de ce coin de couloir, après tout… Il pouvait bien jeter un coup d’œil, non ?