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 « Never let me down again, Anna. »

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MessageSujet: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyMar 1 Sep 2015 - 20:56

HRP - Précision:



Jeudi 19 Décembre 1996.


Le premier semestre venait de se clôturer dans l’anxiété des examens et l’appréhension du contexte extérieur, et ce, malgré la vaillante arrivée des festivités de fin d’année. De ce fait, l’atmosphère des derniers jours avait été particulièrement pesante pour les étudiants des différents cursus. Rowan n’échappait pas à la règle. Il avait travaillé tardivement à la bibliothèque en prévision des épreuves de début janvier, sans dépasser l’horaire tant redouté du nouveau règlement. Être rappelé à l’ordre aussi vulgairement par le Comte, des semaines après l’excursion dans les cuisines, avait attisé son agacement. Et exacerbé son obéissance déjà trop stricte des lois.

Après avoir quitté son repaire de livre et de poussière, le jeune homme avait été se coucher le plus rapidement possible. En dépit des apparences, il ne fuyait pas son colocataire. Mais il devait essayer de récupérer un peu de sommeil pour ne pas ressembler davantage à un pauvre hère, que seule une précieuse et singulière mixture préservait de l’évidence cinglante d’un mal être latent.

Vendredi 20 Décembre 1996.


Ce matin-là, l’ancien Serpentard resta soigneusement étendu dans ses draps, ne cherchant même pas à se lever en compagnie de Clemens. La nuit avait été encore une fois éprouvante – une habitude désormais si affligeante qu’il ne s’étonnait plus de remuer comme un beau diable au moindre rêve – et particulièrement stressante. Contrairement à ce que l’on pouvait croire, il ne s’agissait pas des cauchemars incisifs qui l’avaient tourmenté quelques mois plus tôt. Les moldus et les mangemorts lui paraissaient être des menaces trop lointaines.

Pas Anna.

Vers midi, heure cruellement indécente pour n’importe quel aristocrate, Rowan s’extirpa des étoffes de son lit. Avec une langueur presque maladive, il s’assit sur le bord de ce dernier et se prit la tête entre les mains. Quelle était cette folie qui l’avait poussé à emprunter un chemin encore plus tortueux que celui de départ ? A moins d’un mètre, le précipice bardé d’aiguillons l’attendait sereinement, lui promettant une fin aussi abominable que longue. Il allait très certainement mourir comme il avait vécu. En monstre.

Celui qu’il voyait briller dans le regard de ses camarades et dans les yeux de son ancienne fiancée. Celui qu’il craignait d’être avec la petite Française.

Pourquoi avoir accepté de jouer une énième comédie, encore plus périlleuse et dantesque ? Ce n’était pas comme si Daphné lui avait laissé le choix. Il aurait pu refuser purement et simplement sa proposition, l’abandonnant là à un destin obscure et cruel. Un frémissement de la mâchoire vint à trahir sa lugubre nervosité. Non. Ça ne lui ressemblait pas d’agir de la sorte.



Un violent frisson de dégoût remonta le long de sa colonne, le poussant à se précipiter dans la salle d’eau. Il manqua presque de rendre de la bile, à défaut d’un quelconque repas. Ces pensées étaient ignobles, et il ne pouvait décemment pas tolérer de telles choses. Jamais. Jamais il ne se laisserait faire une telle... Ignominie. Jamais. Sur aucun être vivant.

Tout en évitant sciemment de fixer son reflet sur les vitres de la douche, les miroirs ayant tous été recouverts à la suite d’une malencontreuse déconvenue quelques jours auparavant, Rowan s’abandonna à la moiteur de son ablution. Il ferma les yeux tout en serrant ardemment les dents, profitant de cet instant humide pour tenter vainement de reprendre le contrôle de son esprit. L’aliénation la plus absolue le guettait et pour survivre au néant, il s’accrocha à l’image douce et épineuse de la jeune phénix. Dans les ténèbres qui l’entouraient, Elle lui avait offert une alternative. Une lumière.

Soudainement, il fut percuté par ce fait. Mot à mot, la longue missive qu’il avait reçu de sa main délicate apparaissait très nettement à sa mémoire. Vivre. Se battre jusqu’à la fin. Garder le cœur ouvert.

Dès lors, il quitta la salle de bain sans se retourner et sans se vêtir. Il retrouva la lettre non sans mal, et se perdit plusieurs heures dans sa lecture. Un espoir maladroit commença à s’insinuer dans sa poitrine, lui permettant de baigner dans une quiétude fébrile et temporaire jusqu’à une trentaine de minutes avant leur rendez-vous.
***


L’ancien Serpentard ferma d’une main pressée son épaisse cape noire de sorcier, avant de se retourner vers la table de nuit qui bordait son lit. Avec une hésitation toute nouvelle, il ouvrit un tiroir et en retira une fiole. Celle contenant la potion qu’il buvait habituellement deux fois par jour depuis quelques semaines. Celle stabilisant son état de fatigue et ses émotions. Celle lui permettant tout simplement de tricher.

Il extirpa le bouchon de liège, prêt à avaler le liquide blanchâtre, lorsque son bras s’immobilisa brusquement. Non. Quitte à se battre sur une frontière indistincte, autant le faire avec toutes les armes disponibles. Et avec honneur. Il assumerait ses faiblesses et ses forces sans lâcher prise, car sa quête désespérée ne pouvait se solder que par une réussite triomphante. Ou un échec cuisant. Les possibilités intermédiaires lui semblaient encore trop vagues pour le moment.

Rowan reposa le flacon puis quitta la pièce.

Malgré la cadence exagérément hâtive de ses pas, il arriva une à deux minutes en retard. Il allait repartir en quelques grognements intellectuels contre lui-même quand, au coin du jardin, un mouvement attira son attention. Anna. Toute sa contenance aristocratique menaça de l’abandonner face à celle qui transformait les battements contrôlés de son cœur en des martèlements inconsidérément forts.

Il s’appuya sur sa démarche féline, à la fois silencieuse et noble, pour s’approcher au plus près d’elle par l’arrière. Ses yeux, d’un pâle doux et chancelant, glissèrent le long de la chevelure brune de sa camarade, s’imaginant la caresser de ses doigts affectueux. Tout comme l’abondance des vêtements épais et lourds lui donnait l’envie d’une étreinte calme et raisonnée.

Le jeune homme resta un court moment à l’observer de la sorte, jusqu’à imprimer fermement cette silhouette de dos dans son âme. Puis, en un mouvement prudent et lent, il se décala sur le côté et la rejoignit. Il s’immobilisa à un mètre de la petite Française. Le gouffre précédemment craint lui paru alors bien peu terrifiant, tant il éprouva du bonheur à pouvoir enfin croiser la route de son regard. Sans crainte ni nonchalance, il chercha à lier ce dernier au sien.

Sa voix s’éleva avec douceur, aussi chaude que caressante. La joie qui lui transperçait le corps s’y sentait. « Bonjour, Anna. » Une pause habituelle. « Toutes mes excuses, je ne pensais pas te rejoindre avec autant de retard. Veux-tu bien me pardonner ? »

Un sourire gagna ses lèvres et s’étendit presque à tout son visage. Le monde, le mariage, les mangemorts. Juste ces quelques secondes, intimes et volées aux regards curieux, tout était loin d’eux. Tout, si ce n’est l’amour qu’il éprouvait pour elle.


Dernière édition par Rowan P. Westminbrook le Mar 8 Sep 2015 - 7:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyMar 1 Sep 2015 - 23:11

Toute la journée d’Anna s’était déroulée dans un état quasi-second. Son cours du matin avait à la fois semblé se dérouler pendant une éternité et une demi-seconde. On lui aurait annoncé que la journée avait durée plus de vingt-quatre heure et moins de trois que ça ne l’aurait pas plus étonnée que ça. Un mélange de peur et d’excitation la suivait partout où elle allait depuis des semaines et cela n'avait pas été en s'arrangeant depuis la missive de Rowan pour atteindre son apogée à cette date précise. Elle avait à la fois hâte d’être face à lui et à la fois si elle avait pu fuir encore une fois elle l’aurait fait.

Elle profita du début d’après-midi pour finir sa valise commencée la veille, un seul paquet restait sur son lit, celui qu’elle emporterait tout à l’heure. Une heure avant son rendez-vous elle alla à la salle de bain. Elle prit plus de temps qu’à son habitude, elle hésita sur un rouge-à-lèvre. Elle se demanda s’il serait de trop. Elle le mit, puis l’enleva. Elle se parfuma, posa sur son visage sa poudre habituelle, cacha les cernes sous ses yeux et enfila une jupe droite en laine noire et grise avec un pull bleu. Enfin elle mit ses bottes fourrées qui lui éviteraient d’avoir trop froid. Elle était en avance car par peur d’être en retard elle avait vu trop large. Elle patienta quelques minutes dans sa chambre, en fit le tour encore une fois pour être sûre de ne rien oublier. Elle devait partir tôt le lendemain matin. Puis un quart d’heure avant ce qui avait été convenu elle sortit couverte de son gros manteau bleu roi et sa capuche en fourrure embarquant avec elle le sachet laissé de côté. Elle ne mit pas longtemps à atteindre le jardin japonais. Elle avait maintes fois repéré les lieux, sa fâcheuse habitude à être en retard par son sens de l’orientation défaillant ne devait plus être. Rowan l’avait déjà trop attendu.

Elle pénétra au milieu des bambous et bonsaïs appréciant la quiétude du lieu qui tranchait avec son désordre intérieur. Elle avança jusqu’au point d’eau pour y apercevoir les carpes qui l’occupaient. Il n’était visiblement pas encore arrivé. Elle resta là à admirer les poissons, profitant de leur calme. Quelques instants son esprit sembla gagner par le doux battement de leur queue qui venait à peine troubler l’eau. Puis elle hésita à partir comme elle était venue. Finalement était-elle obligée de faire cette chose qui la mettait si mal à l’aise ? Puis le poids du paquet dans ses mains lui rappela qu’il aurait été dommage de repartir maintenant. Elle devait au moins lui remettre celui-ci. Elle patienta. Il viendrait, il l’avait promis et Rowan ne trahissait jamais une de ses promesses, elle en était certaine.

Quelques minutes après l’heure fixée elle finit par entendre sa voix sur sa droite. Elle se retourna vers le son. Elle le regarda. Après des semaines d’éloignement ils étaient enfin là, l’un en face de l’autre. Son corps s’affola, allait-il s’approcher plus qu’il ne l’était déjà et… l’embrasser ? Que devait-elle faire alors ? Lui répondre ? Il ne le fit pas préférant s’excuser de son retard. Cela était-il de la timidité ou bien devait-elle se préparer à entendre ce qu’elle avait craint depuis des semaines ?

Un léger sourire apparu sur son visage, était-ce là aussi une politesse ou bien était réellement content de la voir ? Elle l’avait laissé pendant presque un mois. Il avait toutes les raisons de s’être lassé. Malgré les propos d’Isolde et surtout de Clemens, Anna ne put s’empêcher de penser qu’ils avaient tords. Elle l’observa sans rien dire quelques secondes, plissant les yeux pour mieux le distinguer dans la pénombre de l’hiver, d’ici une heure, deux au maximum la nuit serait totalement tombée. Sa cape cachait une bonne partie de lui, restait son visage blanc comme à son habitude. Elle discerna les traces annoncées par son colocataire, effectivement il avait l’air fatigué.

- Ne t’inquiète pas, d’habitude c’est moi qui suis en retard, je ne peux donc pas t’en vouloir. En plus tu ne me fais pas autant attendre que moi je peux le faire. Comment… vas-tu ? Bien ?

Elle avait buté sur sa dernière question révélant ainsi sa réelle et profonde inquiétude, accompagnée de son malaise. Ils n’auraient pas dû attendre si longtemps avant de se rencontrer de nouveau, mais elle avait tout fait pour que ça n’arrive pas plus tôt. Elle s’était inquiétée de comment il prendrait la chose, de savoir s’il allait bien, mais elle avait l’impression de ne plus avoir le droit de poser cette question après tant de temps. Avait-elle-même le droit de se trouver devant lui ici et de parler comme si de rien n’était ? Décontenancée face à son regard, elle rougit légèrement et pour cacher son trouble elle lui tendit ce qu’elle avait emporté.

- Tiens ! C’est pour toi. C’est pour ce que tu m’as envoyé et pour Noël aussi. Ne t’inquiète pas, j’ai suivi ta demande, je n’ai encore rien ouvert, c’est dans ma valise, ça attendra le 24 au soir !

Elle avait parlé relativement vite. Décidément elle n’arrivait pas à se défaire de sa gêne. C’était signe qu’elle savait qu’elle avait mal agit, mais Anna avait dû mal à s’excuser, surtout quand elle ne savait pas bien pourquoi.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyMer 2 Sep 2015 - 15:46

Ces dernières semaines, il n’avait pas eu une seule fois l’occasion de la croiser et de profiter de sa présence. Oui, elle le fuyait ardemment. Allant jusqu’à user de sournois stratagèmes, cruels et absurdes à ses yeux. Au début, il s’était dressé seul face à la tourmente, ayant la sotte croyance de survivre à l’inconnu sans encombre. Il avait eu diablement tort. Très vite, l’accumulation des nouvelles affligeantes, de l’absence de son colocataire et de la distance barbare imposée par la petite Française, avait eu raison de l’équilibre précaire de ses forces physiques. Et mentales. Rowan s’était senti progressivement dévoré par la fatigue et une certaine forme de désespoir, au point qu’il alla chercher son salut dans une extravagante potion. A défaut de lui soigner l’âme et le corps de façon concrète, cette dernière dissimulait son mal être assez finement pour que rien ne le trahisse auprès de ses camarades et de ses professeurs.

Or, depuis la veille, il avait tout simplement cessé d’en prendre. Et l’illusion commençait déjà à s’estomper.

Depuis qu’ils étaient face à face, le jeune homme n’avait pas bougé d’un pouce. Craignait-il de se montrer trop brusque ? Lui-même ne le savait pas. Il se contentait simplement de la fixer avec une douceur patiente et pondérée. À peine plus qu’un pâle reflet de la puissante ondée de délicatesse et d’affection qui le traversait de haut en bas. Sans compter le plaisir, démesuré, qui lui venait à l’unique vue de la petite Française. Malgré la pénombre grandissante et le froid hivernal du jardin, elle semblait capter toute la lumière des lieux et réchauffer le sang dans ses mains par sa seule proximité.

Alors qu’elle osait enfin lui répondre, l’ancien Serpentard pencha faiblement le visage sur le côté. Un intense éclat de fascination traversa son regard épuisé. D’une parole, d’un sourire, elle faisait basculer sa vie des portes du tartare aux prémices des cieux. À chaque fois. Et en dépit de toute la souffrance accumulée sordidement par sa fuite, il ne ressentait plus que l’envie de rendre les armes et de se plier à sa volonté. Nulle colère, nulle sévérité ne changea en lui cette réalité doucereuse. Cette défaite qu’il acceptait jusqu’au sacrifice.

« Je te remercie de ne pas m’en tenir rigueur. » Sa voix se fit davantage caressante et fragile sur les derniers mots. La question qui s’échappa ensuite des lèvres fascinantes d’Anna, lui piqua la chair. En parfait écho avec cette souffrance des profondeurs, ses épaules frémirent et divulguèrent un premier pan de sa faiblesse. « Je dois t’avouer que j’ai déjà connu mieux. » Espérait-il être assez convainquant avec un tel mensonge ? Difficile à dire. Il préférait plutôt éviter le sujet. De toute façon, elle se rendrait compte assez rapidement de l’étendu du problème.

C’est à cet instant que la petite Française lui tendit un paquetage. Un cadeau, même.

Les traits ciselés et tendus de son visage se parèrent d’un carmin bien trop visible. Le contraste entre sa peau excessivement cireuse et ses joues vivement rougies était d’un lugubre à la fois gothique et fantasque. Traître. Avait-elle voulu lui rendre la pareille ? Qu’importe. La surprise fulgurante passée, Rowan sentit son cœur redoubler d’effort pour entonner son chant guerrier et soupirant. « Anna... »

D’un geste hésitant, il récupéra le présent offert par sa camarade et le serra contre lui avec un ravissement craintif. « Tu n’étais pas obligée, mais... Je t'en remercie. Vraiment. » Ses doigts fins frôlèrent la précieuse offrande avec une vigilance exacerbée et émerveillée. En cet instant, il était à des lieux de l’héritier froid et distant qu’il se devait de jouer devant les autres.

Puis, en usant de lenteur et de prudence, il leva un regard éperdu d’affection vers son interlocutrice. « Anna, tu m’as manqué. » Il marqua une courte pause pour lui accorder un triste sourire. « J’avais la crainte terrible et insidieuse que tu refuse même de me revoir... Sans que je sache pourquoi. Sans que je puisse corriger ne serait-ce qu’une lamentable erreur de ma part. » Si seulement il pouvait la toucher, la prendre dans ses bras... Et lui transmettre cette douceur qui dominait son corps et sa voix. « Si je suis responsable d’un quelconque mal à ton égard... Pardonne-moi. Pardonne-moi et ne me quitte plus ainsi. » Nous avons bien d'autres soucis à régler.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyMer 2 Sep 2015 - 19:52

Elle ne sut pas vraiment si elle était soulagée qu’il n’approche pas plus ou si la distante qu’il gardait l’inquiétait d’avantage. Son mouvement d’épaule à sa question sur sa santé, sa réponse. Rien n’était rassurant. Pour qu’il admette une faiblesse c’est bien que celle-ci était grande, pire encore, le connaissant il la minimisait. Qu’arrivait-il ? Si elle s’était dit que son angoisse ne pouvait pas être plus grande, désormais elle l’était. Tout en elle se serrait, se tordait, la laissant prise par ses tourments sans fin. Si elle n’avait pas su que seule la vérité sur la situation était maintenant la seule chose qui pouvait la libérer ne serait-ce qu’un peu, elle aurait détourné le regard. Là elle ne pouvait quitter Rowan des yeux, cherchant dans tous les mots qu’il taisait une fois encore le moindre signe, la moindre réponse.

Son geste et son présent eurent au moins l’effet de casser en lui ce qu’elle n’arrivait pas à saisir. La surprise s’y lut, ses joues reprirent même un peu de couleur. Si elle avait su qu’un simple présent pouvait lui redonner un peu de vie, elle en aurait acheté des milliers, peut-être alors aurait-il retrouvé une attitude parfaite.

- Ce n’est pas grand-chose. Il y a un livre à l’intérieur, tu t’en doute sûrement déjà à la forme du paquet. Il est dans ma langue, si tu ne saisis pas certains passages je te les expliquerais. J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi.

Un appel d’air se fit lorsqu’elle vit ses bras serrer le paquet, sa voix semblait plus hésitante, plus vraie, moins mécanique. Lorsque ses yeux quittèrent le paquet et croisèrent les siens de nouveau, son cœur loupa un battement, puis un deuxième à ses mots. Bizarrement, maintenant qu’il était face à elle, elle réalisait qu’il lui avait manqué aussi. Si elle avait répondu à ses instincts et à ses yeux, elle se serrait jeter dans ses bras et aurait lâché toutes les frustrations, les heures de sommeil manquées, son soulagement de le voir la présent devant elle et de réaliser qu’elle comptait assez pour qu’il souffre qu’elle soit loin. Elle aurait pleuré dans ses bras à ne plus en pouvoir et à presque s’endormir là. Elle se retint. Sa prudence longuement travaillée depuis des années lui rappela qu’il avait une chose à lui dire, et une chose qui était trop importante pour être dite dans une lettre, mais elle doutait au vue des mots utilisés que cela soit plaisant à entendre.

A la suite de sa phrase, la culpabilité qu’elle ressentait s’accrut encore et paradoxalement elle lui en voulut de lui renvoyer son mal-être sans même lui reprocher quoique ce soit vraiment, sans être en colère. Il n’y avait que de la souffrance dans sa voix, elle ne supporta pas d’en être la seule auteure.

- Tu n’as fait aucune erreur. Ma lettre te l’a déjà dit. Je… Rowan, je suis désolée. Tout ça est si nouveau, tes sentiments soudainement apparu, moi acceptant ce moment que nous avons partagé, l’appréciant même. Je suis désolée, vraiment. Je ne sais pas gérer tout ça. Ne m’en veux pas. Je n’ai pas voulu être blessante, j’ai eu peur de l’être plus encore en te voyant. J’ai préféré fuir un peu. Mais je t’ai dit aussi que je serais là pour toi, si tu as besoin je viens. Enfin j’essaierai de ne plus m’absenter aussi longtemps.

Sa voix avait été plus dure qu’elle ne l’aurait voulu, toujours le même vieux démon qui sommeillait depuis leur échange dans la forêt. Pour tenter de radoucir ses mots elle fit un mouvement vers lui, tendit sa main vers la sienne et hésita avant de la ramener à sa place initiale.

Elle laissa son souffle faire quelques voluptes de fumée puis elle reprit d’une voix bien plus douce cette fois-ci.

- Qu’avais-tu à me dire ? Dois-je m’attendre à ce que ce soit toi qui parte ?

Ils étaient là pour ça au fond, rien ne servait de tergiverser, plus vite elle saurait, plus vite elle pourrait affronter la réalité. Elle frotta ses mains entre elles, en passa une dans ses cheveux, signe de son anxiété. Qu’il la quitte et qu’on en finisse.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyJeu 3 Sep 2015 - 2:17

Ses mains serraient toujours délicatement le présent qu’elle venait de lui offrir, avec une délicatesse troublante et timide. Comment définir autrement le sentiment d’allégresse qui le parcourait alors ? Il trouvait ce retour à la fois si inattendu et merveilleux que toute son armature mentale ployait sous le poids d’une encombrante humanité. Touché en plein cœur par un acte pourtant si simple et insignifiant aux yeux des autres. Pas pour les siens.

Depuis qu’il avait osé relever son regard vers la petite Française, Rowan n’avait pas cessé de l’observer affectueusement. Sans s’encombrer de crainte, il venait quérir un éclat, un trouble, n’importe quelle empreinte de vie qui pouvait lui signifier quelque chose. Ou rien. Elle était d’une beauté à se damner devant l’éternel, quel qu’il soit. Et s’abandonner à cette seule contemplation suffisait à ajouter une agréable confusion à son esprit exténué.

Le jeune homme acquiesça lentement aux précisions de sa camarade, s’en berçant comme d’une lueur égarée dans la nuit la plus obscure possible. Il tenta de se raccrocher à tout ce qui venait d’elle, loin du monde qu’il savait prêt à les dévorer et les déchirer de sa gueule béante de haine. « Cela peut te paraître étrange, mais pour moi ils ont une valeur inestimable. » Puisque qu’ils viennent de toi. « Je suis curieux de connaître l’ouvrage en question. » Un bref égayement passa sur son visage éreinté. « L’attente jusqu’à Noël va être difficile, toutefois je m’y tiendrai fermement. Sinon ce ne serait pas équitable. »

Le Sinistros voulut s’avancer dans sa direction, cependant il se ravisa fermement avant de laisser ne serait-ce qu’un indice échapper de sa posture. A regrets, il fallait qu’il conserve les idées limpides pour des sujets malencontreusement peu réjouissants. Sans compter qu’il gardait en mémoire la violence extrême de sa première approche dans les bois, cuisante et douloureuse. Lui réservait-elle un sort similaire après plusieurs semaines de fuite ? De toute façon, il finirait par en prendre le risque, consciemment ou non.

Elle avait trop manqué à sa chair et à son âme.

Pourquoi devait-il s’imaginer des choses trop justes ? Si aisément devinables ? À l’instant ou elle ouvrit la bouche, il sentit que ses inquiétudes ne reposaient pas que sur du vent. De l’expression de ses traits au ton de sa voix, la petite Française sa montra péniblement incisive. Rowan éprouva de la difficulté à cerner le « pourquoi » d’une telle agitation, et à comprendre le véritable sens des propos tenus. Ils étaient contradictoires. Emmêlés. Ils ne menaient à rien. Certainement pas à une réponse.

Certes, sa poitrine se gonfla de plaisir à la discrète mention de leur précédente embrassade. Hélas, l’accumulation des excuses tendaient à indiquer un rejet voilé. Souhaité sans être confirmé, faute de courage. Malgré le mouvement préoccupant d’une anxiété interne et grandissante, il se força à décortiquer chaque phrase sans parvenir à un résultat concluant. Il ne s’agissait pas d’un commentaire de texte littéraire, encore moins d’une analyse politique. Il n’existait aucune logique à déduire. Clemens le lui avait diablement précisé lors de leur dernière conversation.

En ce cas, l’ancien Serpentard devait l’admettre humblement. Il y perdait son latin. Cela incluait-il de renoncer à l’espoir ? Non. Il accepterait toute la souffrance et bien plus encore tant qu’il en conserverait une part de cet artefact de l’amour au fond de lui. Comme un autre en son temps, il dissimulerait la meilleure part de lui-même aux autres. Pour la préserver dans le plus grand secret.

Du coin de l’œil, Rowan repéra le vague mouvement de la Phénix avant que cette dernière lance l’épineux sujet de sa convocation.

Il inspira et expira en silence, prenant tout le temps nécessaire à rassembler ses pensées, puiser dans les dernières braises de son énergie et se montrer doux. Plus qu’il ne l’avait jamais été, selon lui. Plus qu’il ne pourrait jamais l’être à moins de s’abandonner davantage à sa passion. Fragile et puissant à la fois. Des contraires qui se liaient à sa peau avec une facilité déconcertante.

Quand il fut persuadé d’être le maître de son auditoire, sa voix s’éleva entre eux. « Mon statut est à la fois un avantage précaire et un cruel fardeau, tel que tu as été capable de le voir sans t’arrêter aux premières impressions. » Il marqua une pause, plus pour lui laisser le temps de se préparer que par hésitation. « En l’occurrence, mon père à décidé de me rappeler à mes devoirs d’aristocrate. Il m’a trouvé une fiancée. »

Le jeune homme porta une main libre et maladroite à son front, espérant se donner un peu de contenance alors... Que ses yeux brillèrent d’une détermination inébranlable. « Autrefois, je me serais plié de bonne grâce à une telle demande. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. » La petite Française avait bousculé trop de choses en lui pour qu’il se laisse ainsi faire. « On m’a conseillé de vivre comme j’en avais envie et de suivre ce que me dictait mon cœur, selon ma propre volonté. » Il se souvenait suffisamment de la lettre pour la citer brièvement.

« Si je daigne bien jouer temporairement la comédie pour maintenir la cohésion familiale, je ne compte certainement pas me marier avec celle que l’on m’a désigné. » Une froide détermination gagna les derniers mots prononcés. De toute façon, ni lui ni Daphné ne souhaitent faire perdurer un ballet si burlesque. Dès qu’elle serait hors de portée, les tractations seraient rompues.

A défaut de ses mains, Rowan caressa le visage de son amie avec ses yeux, doux et assurés. « Je suis surpris qu’une telle idée sorte de mon esprit, mais j’ai changé depuis quelques mois. En vérité, c’est toi qui m’a changé, Anna. Tu m’as rendu meilleur. » Du plus profond de son âme, il sentit une pulsation chaude l’envahir et le rasséréner en prévision de la tempête. Imminente ? Tant pis. Pour elle, il tiendrait encore une fois le cape de la folie. « Je vais faire échouer ce mariage, selon mes règles et mes principes, en usant de finesse. Je n’en veux définitivement pas. » Il allait le détruire, l’anéantir et le bannir de son existence. Avec adresse et élégance. Assez pour préserver son actuelle fiancée.

Il se tut quelques secondes, avant d’achever. « Car si je devais épouser une seule femme en ce monde, ce serait toi, Anna. Aucune autre. »
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyVen 4 Sep 2015 - 19:37

- J’espère surtout que tu ne l’auras pas déjà lu. J’espère bien que tu sauras attendre jusque-là, effectivement ce ne serait pas équitable.

Elle lui sourit. Au milieu de tout ce dont ils avaient pu parler avant et maintenant, c’étaient la première fois depuis longtemps qu’ils avaient une conversation si légère, presque complice. C’était même étonnant qu’ils arrivent à se parler ainsi au vu de leur passif commun récent. Si la situation n’avait pas été ce qu’elle était, la française l’aurait taquiné plus loin, le fait était qu’elle n’arrivait plus à savoir comment s’exprimer face à lui. Elle l’avait blessé et avait agi stupidement depuis le début, brouillonne et les entrainant tous deux dans une spirale infernale que rien ne semblait arrêter à présent. Elle avait voulu le sauver, à ses dépens, elle n’avait rien arrangé. Elle avait juste mis les pieds dans le plats, foutu le bazar et était repartie. Désormais elle était là, face à lui, elle culpabilisait énormément en plus de lui en vouloir pour sa douceur qu’il prenait avec elle. Comment pouvait-il la regarder avec cette douceur infinie ? S’il n’avait pas paru aller si mal, aurait-elle osé être égoïste au point de se réfugier dans ses bras ? Ces dernières semaines elle avait eu l’impression que rien n’allait, elle non plus n’allait pas le mieux du monde.

Elle s’impatientait de rentrer et de retrouver la sérénité de sa maison. Encore que là aussi elle craignait de la trouver changée. De nouvelles mesures avaient été prises et son séjour avait été signalé, elle avait un chemin bien précis et certains codes à faire avant de pouvoir réellement rentrer. Deux semaines auparavant quelques moldus avaient trouvés drôle de s’introduire sur leur propriété et faire des tags les visant. Rien de grave, mais on avait préféré renforcer la sécurité.

Enfin tout ça n’avait pas d’importance en cet instant. Ses mots lancés elle constata le mal qu’ils avaient encore fait. Rowan prit une fois de plus sur lui, refoulant et cachant rapidement l’éclat qu’elle avait vu paraitre en lui. Il ne lui répondit pas tout de suite à la question qui suivit.

Quand il consentit enfin à reprendre la parole, elle mit un temps à saisir le sens de ses paroles, se demandant où il voulait en venir. Puis la confirmation tomba. Il allait effectivement partir. Elle recula d’un pas malgré elle, sonnée par le choc. Elle s’y attendait, mais l’entendre de sa bouche ne fut pour autant pas plus facile. Une lame froide la traversa de part en part. Ses oreilles bourdonnaient, elle vacilla légèrement avant de s’obliger à se reprendre. Elle se força à écouter la suite qu’elle ne saisit que longtemps après qu’il se soit tût.

Elle le regarda, essayant de comprendre le sens de tout ça. Il ne désirait pas de ce mariage, il partait mais ne voulait qu’elle. Il allait briser ses chaînes, et détruire ce qu’on lui imposait mais devait pourtant les accepter. Enfin elle pensa à la fille qui était concernée. Si elle se sentait flouée dans l’affaire, elle se dit qu’elle n’était pas la seule, et ça elle le refusait. Qu’il la fuit elle, ça la déchirait, mais qu’une autre innocente en face les frais, c’était inacceptable. Surtout si elle en était la cause.

- Tu ne peux pas dire ce genre de chose comme si ça allait être fait. Rowan je ne comprends pas tout. Mais ce que j’en saisis me fait peur. Je ne veux pas jouer ce rôle. As-tu pensé à cette fiancée ? Ce n’est pas un bête engagement. Depuis quand le sais-tu ? Etais-tu déjà avec elle quand nous avons… Quand…

Elle n’arriva pas à prononcer la suite. Elle l’avait prié de ne pas lui faire de mal. Elle lui avait dit de faire attention. Elle se détesta d’avoir voulu jouer avec le feu. Elle connaissait les règles, elle avait su qu’il n’était pas pour elle s’en savoir qu’il était déjà pris. Mais elle s’était quand même risquée. Pourquoi avait-elle fait ça ? Qu’est-ce qui lui avait pris de croire un seul instant à tout ça ?

Voilà qu’elle était en rage, elle eut du mal à respirer. Fiancé. Il était fiancé. Comment avait-elle été si bête ? Comment avait-il pu ? Comment pouvait-il continuer à lui dire tout ça ? Et ses cadeaux ? Etait-ce une forme d’excuses ? Et sa lettre ?

- Rowan…

Et voilà, elle sentait les larmes monter de nouveau. Elle ne dit rien de plus, se concentrant pour les contenir. Elle en avait marre de pleurer, de pleurer pour lui. Elle détourna le regard. Des douleurs nouvelles, de nouvelles blessures s’ouvraient, se répandaient. Elle pensait avoir tout vu de ce côté, visiblement elle s’était trompée. Elle pensa à Clemens qui l’avait poussé. Elle le haït en cet instant. Il le savait. Plusieurs fois elle l’avait vu s’interrompre sans comprendre pourquoi, désormais si. Il savait et il lui avait quand même soutenue de se lancer. Pourquoi ? Que lui avait-elle fait ? Avait-elle dit quelque chose qu’elle n’aurait pas dû ?

- Pourquoi Clemens a-t-il accepté ton jeu ? Pourquoi vous être mis à deux ? Me déteste-t-il de t’avoir faire souffrir ? Je suis désolée… Je te l’ai dit plusieurs fois. Pourquoi un coup pareil ?

Elle ne put plus retenir ses larmes plus longtemps. Elle voulait rentrer, partir d’ici. Même ceux qu’elle avait imaginé lui être favorable, la rejetait-il ? Elle pleura à gros brouillon. Mais cette fois-ci elle ne s’en excusa pas. La petite française n’avait plus à s’excuser, elle l’avait déjà trop fait et elle ne méritait pas un tel traitement.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyVen 4 Sep 2015 - 23:35

HRP:

Ses dernières paroles s’effritèrent petit à petit dans le silence du jardin, jusqu’à cesser même d’exister. Avaient-elles seulement été prononcées ici bas ? Les secondes qui suivirent s’écoulèrent avec lenteur. Creuses. Insipides. Mornes. Elles présageaient du pire à venir, semblable à la quiétude alarmante avant le déchaînement de la tempête. Celle qu’il devinait monter entre eux, malgré toute la prévenance qu’il s’exténuait à déployer, et qui s’apprêtait à exploser.

Il la vit dans le regard de la petite Française et son chancellement. Bien avant qu’elle n’ose ouvrir la bouche pour lancer les hostilités. Seulement, encore une fois, Rowan allait refuser de se battre contre la tourmente. Il avait l’espoir fou de survivre à l’assaut implacable qui se profilait, en se dressant devant lui avec toute sa force.

Il se sur-estimait irrémédiablement.

La voix d’Anna s’éleva et tonna dans l’air froid du vingtième jour de décembre. Les reproches et l’incompréhension percèrent dans le moindre de ses propos, s’alignant jusqu’à buter sur le souvenir de leurs baisers. Il y eut un vide et son prénom prononcé avec une telle peine qu’il s’obligea à fermer les yeux.

Une vague de dégoût gagna sa bouche et lui fit serrer les dents. Il avait été de nouveau incapable de lui transmettre de ce qu’il souhaitait. Il avait échoué. Il se détesta jusqu’au limites les plus infimes de son être. Les pleurs qui succédèrent à son absence de réponse finirent par entamer sa résistance difficilement tenue.

Rowan garda le silence jusqu’à la fin, jusqu’au dernier coup frappé contre son armature brisée. Comment tenait-il encore debout ? Il ne le savait pas. Il ne se l’expliquait pas. Tout était à la fois vide de sens et débordant de folie. Lui qui voulait la sauver, la préserver des tractations aristocratiques et des dangers, semblait sur le point de la perdre.

Les sanglots lui déchirèrent davantage le cœur et la conscience dès lors qu’ils s’accentuèrent.

L’ancien Serpentard cilla légèrement tandis que des larmes furtives glissaient sur ses joues livides, ayant la cuisante impression que les dernières ardeurs de son corps s’essoufflaient. Son énergie s’était dissoute dans la claque retentissante que la Phénix lui avait asséné. Il avait eu tort de se penser capable d’encaisser une telle inversion de temporalité. De logique. Le monde était sans dessus-dessous, hors et dans sa tête.

Un court instant, il hésita. Avait-il le droit ? Non. A dire vrai, il ne méritait pas même d’y penser. Alors le faire ? Pourtant, en dépit de tous les sinistres avertissements de son esprit, il céda. Entièrement. La psyché capitulait avant le corps.

Après avoir déposé le cadeau sur un banc à proximité, Rowan quitta sa zone de sécurité. Il franchit le mètre détestable qui les séparait. Et, sans prévenir, il l’attira fermement dans ses bras. Il la serra suffisamment pour qu’elle ne puisse pas lui échapper. Qu’importe le risque inconsidéré de son acte insensé. Qu’importe la prise frissonnante de ses mains contre les vêtements épais de la Française.

Lentement, il pencha son visage contre l’oreille de sa camarade. Sa voix, toujours douce et aimante, tremblait. « Anna, lorsque je t’ai embrassé, je ne savais rien des tractations de mon père. Je ne me serais jamais permis un tel affront à ton égard. Tu... Tu m’es trop précieuse. » L’ancien Serpentard éprouva de la difficulté à restreindre la douleur qui le dominait. « Je n’ai été prévenu que récemment. La fiancée choisie par mes aînés est une amie d’enfance que je considère comme... Une sœur. De ce fait, elle ne veut pas non plus du mariage... En vérité, elle rêve d’être libérée de tout engagement pour poursuivre ses rêves. Autant que moi. » Il se tut, essayant de retenir les gouttes d’eau salée qui perlaient à ses yeux. « Je te le jure sur ma vie, Anna. Je ne t’ai jamais trompé, ni dans mes propos ni dans mes intentions. Et je ne compte pas me détourner de toi demain pour faire plaisir à ma famille. »

A bout de force, Rowan prit sur lui de déposer un baiser dans la chevelure de la jeune femme. Les battements désordonnés et épuisés de son cœur gagnèrent encore en intensité pour ce seul geste. Celui qu’il craignait de regretter face à une rage tonitruante et agressive. Néanmoins, il persista une dernière fois. « S’il te plaît, Anna, accroche-toi à mes mots plutôt qu’à ces faux semblants. Je ne veux pas... Te perdre. »

Il refusa la simple idée de la relâcher. Elle lui était intolérable. « S’il te plaît. » Sa voix s’effondra complètement sur ces derniers mots.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptySam 5 Sep 2015 - 18:55

Lorsqu’elle le sentit la tirer vers lui, elle résista faiblement. Une fois contre lui, elle tenta même de la frapper sans grand succès. Il ne la lâcha pas. Elle eut même l’impression qu’il raffermissait sa prise à ses mouvements. Puis toujours secouée par les sanglots, elle saisit les pans de sa cape et s’y accrocha fermement. A cet instant rien au monde ne lui aurait fait lâcher prise. Elle se laissa aller contre lui, elle se moquait des larmes. Elle voulait sentir sa présence contre elle, détruire ce sentiment de solitude qui avait pris des proportions trop grandes ces dernières semaines pour rester supportable. Le retenir encore et toujours. Malgré tout ce qu’elle avait dit, pensé, malgré son rejet. Elle réalisait entre ses bras que c’était la place qu’elle voulait. Pas celle qu’elle était en droit d’espérer, pas celle à laquelle elle était même autorisée à rêver mais celle qu’elle ne voulait pourtant pas lâcher. Le destin lui avait fait goûter à ce qu’elle n’aurait jamais dû même toucher doigt et maintenant que l’échantillon semblait s’effriter, elle tentait d’en économiser chaque parcelle afin qu’il dure le plus longtemps possible.

Était-ce cela que Clemens avait voulu lui expliquer sans réussir à l’exprimer totalement ? Ce n’était pas une chose qui se définissait avec des mots, aucun n’aurait été assez fins, précis ou complet pour décrire ce qu’elle ressentait. La peur était toujours présente, la colère aussi bien que soudainement moins importante, relayée au second plan, mais une lumière semblait s’éclairer, comme une place trouvée, retrouvée ?

Sa voix proche de son oreille lui jura qu’ils s’étaient trouvés avant qu’il ne soit engagé, lui demanda de ne croire que lui. Mais ses mots semblaient irrationnels, irréels. Elle préférait s’accrocher à sa voix, à son odeur, à ses battements son cœurs, à leurs tressauts lorsqu’il vint déposer un baiser dans ses cheveux. A ces derniers mots elle le sentit et l’entendit flancher. Elle desserra les points et glissa l’entoura, le serra contre elle.

Elle ne sut pas combien de temps leur étreinte dura, ce dernier ne comptait plus. Puis lorsque ses larmes furent calmées, elle ferma les yeux et attendit que son souffle eut reprit un rythme normal. Elle était vidée. Pourtant il restait une chose à faire, une chose qui allait lui demander plus de force qu’elle n’en avait. Il allait falloir le laisser partir. Elle se recula légèrement, reposa ses mains, mais à plat cette fois, sur son torse et le regarda. Les sillons de ses larmes lui déchirèrent le cœur.

- Tu ne peux pas prédire tout cela Rowan. Les sentiments changent si vite. Il y a un mois à peine je n’aurais pas prédit que je me trouverais dans tes bras à pleurer et à rêver que le temps ne se soit pas arrêté dans cette clairière. Elle ne t’aime pas maintenant et j’ai envie de croire que tu m’aimes. Plus que je ne le devrais et sans vraiment comprendre comment une telle chose a pu se produire. Mais elle pourrait très bien développer des sentiments pour toi et toi pour elle. Tu te seras engagé et je serais l’autre.

A ces mots, une fois encore des larmes perlèrent. Elle n’aurait pas cru que la vérité soit si dure. Mais elle était là. Rowan n’était pas pour elle, mais pour une autre. Elle la détesta qui quelle soit pour la chance qu’elle avait. Au fond il avait toujours pris soin d’elle sans l’obliger à rien, il la protégeait, la laissant libre, l’acceptant telle qu’elle était. Il avait préservé leurs secrets comme elle l’avait fait pour le sien. Et puis il y avait cette chose qu’elle n’expliquait pas, ces signes diffus. Grumpy qui le laissait s’approcher, sa fureur qui avait trouvé une limite, son regard au moment de leur premier baiser, cette sensation plus tard près de l’arbre quand ils avaient été plus fougueux. La jalousie naissait en elle, elle allait devoir laisser sa place à une autre et pour une fois elle n’en avait aucune envie. Elle voulait continuer à être la seule à avoir le droit à ce regard, continuer à voir son sourire, son vrai sourire. Elle voulait ses yeux changeants et leurs expressions qui disaient tout ce que ses mots taisaient. Elle voulait ses après-midis ensoleillés par ses attentions pour lui faire retrouver sa nation. Elle voulait le voir encore et toujours.

Elle pensa au cadeau qu’elle lui avait fait. Il serait désormais presque inutile. Mais peut-être un jour en aurait-il besoin, serait-elle encore là pour y répondre ? Elle voulut se promettre que oui, mais elle ne le put pas.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyDim 6 Sep 2015 - 1:36

En dépit des vaines protestations de la jeune femme, de ses tentatives ratées de lui échapper et de ses sanglots intensifiés, il parvint à résister plus qu’il ne l’aurait cru initialement. La force chancelante de ses bras se stabilisa avec la férocité du désespoir contre les vêtements de celle qui lacérait les lambeaux de son âme. Cette ténacité impromptue semblait lui venir de puissances lointaines et mystiques, que la compassion poussait à le soutenir dans ces instants qui lui rappelaient douloureusement d’autres. Ceux que le temps avait cicatrisé avec les années et la patience d’une grand-mère dévouée. D’un père aimant. Sans pour autant effacer leur existence du fond de sa mémoire.

Quand Rowan sentit que la Phénix s’abandonnait enfin à ses bras, il poussa un long soupir. Plus pour lui même, espérant alléger le cruel fardeau qui pesait sur ses épaules, que pour autre chose. La quiétude gagna de nouveau les abords du jardin japonais, à peine perturbé par quelques tristes extravagances entre les deux jeunes gens.

Sans s’intéresser davantage aux minutes qui filèrent entre leurs doigts, à l’image de frêles grains de sables vifs et perdus, il porta son attention sur la respiration de la petite Française. Celle courte et chaude qui glissait le long de sa gorge à un rythme régulier. Silencieusement, il en profita. Cet écueil agréable, hors de la courbe du temps et de la raison, était semblable aux rêves moites et inquiétants qui envahissaient ses nuits les plus obscures.

Lorsque sa voix se brisa littéralement sous l’émotion et que son corps accusa un énième coup, Rowan perçut un mouvement auprès de lui. Anna. Les mains de cette dernière s’affirmèrent et lui rendirent son étreinte. Douce et épineuse. Priée tant de fois dans la douleur et la solitude qu’il hésita à se croire fou.

Le monde cessa alors de tourner. Ils furent laissés seuls en ces lieux, étrangement éloignés de l’agitation étudiante, du soleil couchant, des tracas aristocratiques et des dangers insidieux. Ils étaient, tout simplement. Et ça leur suffisait. Pourtant, la réalité ne tarda guère à reprendre ses droits, usant d'une cruauté si endiablée qu'il en frémit avec violence.

Le regard presque éteint, il l’écouta une nouvelle fois. Un à un, il assimila les mots qu’elle lâchait de haut, pleine d’une résignation qui le blessa encore une fois jusqu’au sang. Avait-il été si évasif qu’elle doutait encore de l’authenticité de ses sentiments ? Qu’elle se refusa à le croire incapable de fidélité ? De loyauté ?

Rowan vacilla, tenta d’encaisser mais n’y parvint pas complètement. L’armature qu’il portait autrefois s’était brisée de haut en bas, dévoilant sa chair à nue et ses faiblesses. Face à l’océan de douleur, immense et indescriptible, il éprouva une détresse telle qu’une vague de chaleur insupportable le gagna l’instant d’après. Était-ce la faute à l’épuisement ? À l'aliénation qui le dévorait ? Au contenu de la fiole satinée ?

Soudainement, il eut l’impression de manquer d’air. Ce qui le surprit avec une vigueur terrible et insoupçonnée. « Anna... » Sans mal, il devina aussi la panique fulgurante qui s’étendait à l’ensemble de son corps fiévreux. Dans cette équation imprévue, il lui manquait trop d’éléments pour qu’il s’en sorte indemne. Il le savait pertinemment.

Le jeune homme leva ses doigts fins et tremblants pour frôler ceux de la petite Française, en un mouvement d’une tendresse prévenante et affligée. Puis, progressivement, il fit remonter sa main jusqu’à la joue humide de celle qu’il estimait plus importante que sa propre vie. Il s’osa à la caresser malgré la maladresse maladive qui trahissait le point de rupture de ses forces, proche et ricanant.

À voix basse, il souffla quelques mots. « Je t’ai attendu pendant vingt ans, Anna. Je ne peux pas me résoudre à te perdre alors que je t’ai enfin trouvé. » Une courte pause. Défaillante de souffrance. « Jamais. » Il se pencha vers elle. « Je ne veux que toi. Seulement toi, Anna. » Même si tu refuses de me croire.

Et il se risqua à déposer ses lèvres contre les siennes.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyDim 6 Sep 2015 - 21:39

A chaque vacillement de Rowan, Anna sentait son cœur se déchirer un peu plus. Contre lui, elle sentait ses soupirs qui changeaient en fonction des moments. Son long soulagement quand elle avait cessé de lutter. Son écroulement aux derniers mots qu’il avait prononcé à son oreille ce qui avait comme réponse automatique son soutient physique par ses bras l’entourant. Une manière de le soutenir de la seule façon qu’elle connaissait. Elle serait là, toujours, pour répondre à ses chutes, tant qu’elle pourrait. Elle lui avait demandé de la laisser voir ses faiblesses, elle l’avait face à lui. Plus détruit qu’elle ne l’était elle-même.

C’est pourquoi les mots qui étaient sortis de sa bouche avaient été aussi difficiles à dire. Surtout qu’en cet instant précis elle n’avait aucune envie qu’il ne parte. Mais elle le devait. Il devait être libre. Quand elle vit l’impact que cela eut chez lui, elle se trouva pour la première fois depuis longtemps face à une douleur qu’elle ne savait pas comment réduire. Elle allait devoir tenir bon, mais elle flanchait déjà.

Sa panique à lui la gagna, elle s’affola et le scruta à la recherche d’une porte de sortie inexistante. Ne voyait-il pas qu’elle tentait de les empêcher d’aller plus loin dans cette folie ? Lorsque ses doigts effleurèrent sa joue, elle frissonna. Elle le pria intérieurement de s’arrêter, mais n’en dit rien. Pusi sa main suivit. Elle se pria alors elle de tenir bon. Elle aussi l’avait attendu. Jamais. A ce moment précis elle lui appartenait. Il était proche, beaucoup trop proche pour qu’elle puisse résister à son assaut. « Arrête… » Mais même sa prière n’eut pas l’air sincère.

Lorsqu’il franchit les dernières barrières qui étaient encore levées entre eux et que ses lèvres rejoignirent les siennes, Anna abandonna la partie. Elle le laissa resserrer son étreinte tandis que ses mains remontait jusqu’à son cou. Cette fois-ci sa bouche avait un goût légèrement salé par leurs larmes. Son baiser n’en fut pas moins agréable que le premier, bien que teinté une fois encore d’un goût de rareté et d’interdit. La douleur dans sa poitrine paru paradoxalement diminuer et s’agrandir. La fatigue accumulée par les nuits trop courtes, les repas manqués et ses pleurs se joignirent aux sensations et l’étourdir. Elle perdit pied, basculant avec lui dans ce monde où rien d’autre n’existait à par leurs sens en émois. Les battements affolés de son cœur par tout ce qui s’était déroulé et se déroulait encore, lui donnaient l’impression qu’il allait lâcher à tout moment. Elle se colla un peu plus à lui. Arrivait-il à sentir sa chaleur à travers leurs épais manteaux ? Ses mains n’étaient pas trop froides ? Dans le doute elle pressa plus fortement ses lèvres contre les siennes, les entrouvris pour saisir sa supérieur, avant de les refermer pour l’emprisonner avant de la relâcher. Dans un souffle et avant de n’y retourner à nouveau, un mot glissa. « Jamais ». Ce moment leur appartiendrait à jamais, personne ne pourrait leur retirer. Même si un jour on venait à leur effacer leurs souvenirs, il aurait existé que cela plaise ou non. Ils auraient vécu.

Enfin ils reprirent leurs souffles. Elle tenta de reprendre ses esprits, lui vint alors une question parfaitement idiote et impromptue.

- Tu repars quand ? Quand cela doit-il être annoncé ? Qui ?

La première était purement informative, les deux autres étaient pour être prête et parce que si elle devait supporter tout ça elle voulait toute la vérité. Elle voulait savoir ce qu’elle allait devoir faire. Devait-elle disparaître maintenant, ou bien souhaitait-il qu'elle reste là pour le soutenir? Dans ce cas de quelle façon? Mais maintenant qu'elle avait cédé, cette douleur devait disparaître de son visage. Elle ne supporterait pas une seconde de plus de voir ce regard dans ses yeux.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyLun 7 Sep 2015 - 12:21

Si son enveloppe charnelle avait été un temple grec, aux fondations millénaires et aux voilages occultes, maintenu par des colonnades d’un marbre albâtre et robuste au point de réussir à survivre aux siècles et aux tempêtes... La jeune Française avait été le cataclysme capable d’en fracasser les hauteurs sculptées et les fondations réputées indestructibles. Il n’en restait alors que des ruines, crayeuses et éparpillées aux alentours, que le monde ne tarderait pas à engloutir dans son ventre insatiable et terreux.

Lorsque la fièvre le gagna aux tempes, amorce évidente d’un effondrement à double tranchant, il s’adonna à un geste insensé et déraisonnable. À ce moment précis, Rowan pensa sombrement que ce serait le dernier. Vertigineux. Extravagant. Fou. Il escomptait y laisser toute sa force puis s’éteindre petit à petit, telle la flamme vacillante et éphémère d’une bougie, que le manque d’oxygène finissait par tuer.

Pourtant, la jeune femme ne sembla pas s’opposer à son approche gauche et harassée. Le terme indécis qu’elle employa à cet instant fébrile, d’une contestation faible et dérisoire, se révéla si peu assuré qu’il décida de s’en affranchir. Était-ce mal ? Peut être. Néanmoins, il n’avait plus ni le temps ni la force de se contenir. Les convenances ne le sauveraient pas.

S’il devait se noyer dans un océan de souffrance, celui qui tapissait le fond de ses yeux pâles et meurtris, il préférait encore tenter cet acte démentiel vers lequel tout son corps exténué se tendait. Quitte à regretter plus tard la faiblesse narquoise de son humanité et la fureur passionnelle qui l’enflammait, même dans les derniers instants de sa conscience, à l’égard de sa camarade.

La détresse de son mouvement ne manqua pas de le trahir une nouvelle fois. Mais il n’y prêta guère attention. Pas plus qu’au feu maladif qui le consumait. L’étincelle de volonté qui l’habitait encore se pencha toute entière sur le visage de sa captive tant affectionnée. Quelques larmes affolées roulèrent lentement sur ses joues, tandis que ses lèvres venaient cueillir celles d’Anna. Comme la première fois, une ardeur douce et sibylline s’éveilla au creux de son ventre, s’étendant progressivement à toutes les extrémités de son corps frémissant. Le sentiment doucereux qui le berçait avec soudaineté, lui fit presque oublier toute la douleur encaissée lors des dernières minutes.

Rowan accentua ensuite l’étreinte de leurs deux corps, en puisant dans une tendresse conquérante qui lui revenait, sans pour autant pallier à la chute vertigineuse qui s’approchait nonchalamment de sa lucidité vacillante. Il n’allait pas pouvoir tenir longtemps. Il le savait. Trop de choses s’étaient accumulées contre lui. Pourtant, il ne put s’empêcher de s’abandonner à ce vive embrasement, porté qu’il était par l’inclination dévouée de son cœur.

Au bout d’un moment, ils s’accordèrent à rompre le contact de leurs bouches. Le temps de récupérer un peu d’air pour elle. Et de limiter la négligence de son équilibre pour lui. Ses mains, tremblantes et moites, quittèrent alors les vêtements de la petite Française pour venir chercher les siennes. Il l’entendit poser quelques questions nécessaires et désagréables. Assurément. Rien ne pouvait éviter la précision et l’approfondissement de ce sujet.

Toutefois, le jeune homme estima judicieux de se mouvoir vers son salut avant de s’occuper à cela. Choix perspicace et sage. Lorsqu’il entraîna Anna à sa suite, il perçut la défaillance s’aviver et piquer les nerfs de ses jambes. Par chance – ou par une force insoupçonnée – ses pas le menèrent rapidement au banc à proximité. Celui sur lequel trônait précautionneusement le cadeau qu’elle lui avait offert.

Rowan se laissa tomber contre l’étoffe de la banquette, si livide et ébranlé que l’on pouvait aisément deviner le malaise qui l’avait guetté de sa faim cruelle. Et que dire de la violente chaleur qui lui mordait l’épiderme ? Il avait besoin de frais. D’air. Sans s’encombrer de détails, certainement trop éprouvé pour s’en faire la simple réflexion, l’ancien Serpentard ouvrit son étouffante cape noire. Il écarta le tissu aussi épais que coûteux de sa tenue journalière, avant de faire de même avec sa chemise. Le col, pour parvenir enfin à respirer. Le bras droit. Le bras gau... Non. Pas ce bras. Il n’y toucha pas.

Son regard céruléen et ému revint vers la jeune femme, tout comme ses doigts, qui l’attirèrent à lui avec une douceur infinie. La même qui perça si facilement dans le ton de sa voix, basse et toujours frissonnante. «  Je ne pars pas vraiment d’ici, pour ces vacances. » Personne ne l’attendait dans la vieille demeure familiale, si ce n’est son père. Qu’il préférait éviter. « Ma sœur passe Noël à Poudlard, je pense me rendre là-bas avec l’accord de Dumbledore, ne serait-ce que pour la voir un peu, tout en préparant le terrain pour faire annuler ce mariage. » De toute façon, il avait entendu quelques rumeurs sur une proposition plus officielle du vieux sorcier, quant aux étudiants esseulés de l’académie pour le réveillon. Si cela se révélait vrai, il n’aurait pas besoin de mandater une demande exceptionnelle pour s’y rendre.

Il prit une courte inspiration, le temps de se remémorer les deux autres interrogations. Bon sang. « De ce que je sais, mon père veut l’annoncer officiellement le vingt-quatre décembre... » Il marqua une pause tout en gardant ses yeux ancrés dans ceux de la française. Dans le même temps, ses lèvres allèrent quérir le réconfort des doigts graciles de cette dernière. Rowan haïssait ce sujet de toutes ses forces. De toute son âme encore chancelante. « Et elle s’appelle Daphné Greengrass. » Une pointe de dégoût le submergea sur les deux derniers mots. Son père était fou de croire qu’une telle union serait profitable à leurs deux familles. Cet arrangement était bien trop... Incestueux. Il chérissait Daphné comme un frère. Pas comme un mari. Alors qu’Anna...

Une pauvre supplique lui vint, si inquiète et si douloureuse qu’il en oublia la sueur qui perlait dangereusement sur son front. « Anna... » Il scuta ses traits, empêtré dans des émotions si diverses, si cuisantes et si passionnées qu'il en perdait la cohérence de ses pensées. « J’ai si peur de te perdre. » C'était sans compter la fragilité apparente de son corps.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyMar 8 Sep 2015 - 2:25

Laissée chancelante par le baiser teinté d’un mélange de passion et de désespoir qu’ils venaient d’échanger, elle attendait néanmoins des réponses précises aux questions qu’elle venait de poser. Elle le laissa lui saisir les mains et l’observa avec patience les conduire près du banc. Il paraissait toujours chancelant et elle le laissa s’asseoir face à lui. Elle espérait que le temps lui permette de reprendre ses esprits. Il la lâcha d’ailleurs pour ouvrir ses vêtements. L’air était frais et cela ne lui parut pas la meilleure idée, néanmoins elle le laissa faire. Il était évident pour n’importe qui se serait trouvé là que son compagnon n’était plus très loin du malaise. Anna se demanda même si elle ne devait pas cesser leur entrevue pour l’amener à l’infirmerie mais leur discussion pouvait difficilement attendre et au vue de son départ le lendemain matin il paraissait impossible de le reporter. Tandis qu’il dévoilait son cou et son bras droit, l’observatrice qu’elle était ne put s’empêcher qu’il ne le fit pas avec son bras gauche. Elle nota l’information et se promit d’y revenir dès qu’il aurait enfin répondu à ses premières interrogations.

Quand il reprit ses mains pour l’attirer doucement à lui, une vague en elle fut tentée de retrouver la proximité échangée quelques minutes auparavant. Elle s’en délecta quelques instants, laissant son cœur bondir vers lui et s’étonnant qu’une telle sensation s’immisce en elle et que de telles idées apparaissent dans son esprit pour un homme qu’elle pouvait en cet instant atteindre. Elle garda tout cet émoi en elle, le cachant pour se concentrer sur ses paroles. Sa voix était douce comme à son habitude, bien qu’elle la trouva toujours faible. Son visage pâle l’inquiétait toujours autant. D’une oreille attentive, elle l’écouta lui confié qu’il ne rentrerait pas durant ces vacances. Elle prit aussi note de la présence d’une petite sœur. Elle l’imagina en grand frère aimant, ce qui au son de sa voix et à ce qu’il comptait faire, il devait être.

-Tu vas passer Noël seul avec ta sœur ? Et tes parents ? Tes grands-parents ?

Son ton avait été étonné et il en ressortait une sorte de compassion. Cela devait être plus compliqué que cela ne devait paraître chez les Westminbrook. Un mariage arrangé ne se faisait pas dans n’importe quelle famille et généralement cela était signe de relations déjà particulières. Enfin elle saisissait là peut-être une des raisons des barrières de Rowan. Elle se demanda vaguement si le jeune homme n’avait pas lui aussi en partie subit une solitude pesante.

Elle s’interrogea sur ce que Poudlard pourrait apporter dans l’annulation potentielle de ce mariage grotesque. Puis vint l’annonce de la date, elle avait beau avoir tenté de s’y préparer elle n’avait pas réalisé que tout ça arriverait si vite.

- Le 24 ? Si vite ?

Elle fut si soufflée par la rapidité des choses qu’elle remarqua à peine le baiser déposée délicatement sur sa main. Noël était demain, et il serait officiellement fiancé à ce moment-là. Il lui révéla ensuite le nom de sa promise. Au nom et au fait qu’on ait trouvé bon d’allier les deux familles elle se douta qu’elle devait être de noble naissance, mais ce fut tout. Anna Delflandre n’avait jamais été de ce milieu, ainsi elle en ignorait les noms importants déjà en France, alors au Royaume-Uni…

Perdue dans ses pensées, elle tentait d’assimiler toutes les informations. Elles les classaient et les analysaient. Il la ramena à eux quand elle entendit son ton la supplier et son prénom revenir à ses lèvres. Sa dernière phrase l’agaça, ne venait-il pas de lui refuser qu’elle s’en aille et de la forcer à lui promettre qu’elle serait là ? Pourquoi alors revenir sur cette peur ? Il ne leur laissait pas le choix, il l’obligeait à rester bien que ce choix ne soit pas raisonnable. Rien ne l’était dans cette affaire. Elle prenait d’ailleurs conscience qu’en acceptant de se lier à lui, elle avait aussi justement accepté que la raison ne fasse pas parti de leur relation. Elle s’assit à ses côtés d’un geste rapide et prit ses mains entre les siennes, les emprisonnant.

- ça suffit, tu m’engages dans cette histoire de fou, maintenant si tu ne veux pas me perdre comme tu dis, tu as plutôt intérêt d’être sûr de toi ! Rowan, j’espère que tu sais ce que tu fais car moi pas du tout.

L’heure n’était plus aux hésitations, elle savait qu’elle allait regretter un jour d’avoir céder si vite à sa demande. Mais qu’aurait-elle pu faire d’autre si c’était la seule chose qui le soulageait rien qu’un peu ? Enfin elle saisit le bras gauche, le tendit devant eux et le regarda droit dans les yeux. Aucune hésitation ne perlait ni dans la voix qu’elle utilisa ni dans son regard.

- Qu’y a-t-il là-dessous pour que tu le caches ? Et pourquoi tu as l’air d’être à la limite de l’évanouissement ? Je veux bien que tu sois fatigué et que ces derniers temps n’ont pas dû être facile, mais quand même. Tu n’as pas mangé depuis quand ?

Si le jeune sinistros s’imaginait qu’il allait s’échapper rien qu’un peu de certaines explications, c’était mal la connaître. Il la voulait à ses côtés, très bien, mais il allait devoir accepter qu’elle l’aide alors et pour ça elle avait besoin de savoir contre quoi elle se battait exactement. Elle posa les doigts sur le bouton qui retenait la manche comme si elle allait l’ouvrir.

-Que vais-je trouver si je dévoile ce bras ? ou est-ce le poignet?
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyMar 8 Sep 2015 - 13:50

La mélancolie passagère et maladive qui se lisait si aisément en lui, semblait teinter la plupart de ses gestes d’une inflexion indolente. Ou était-ce l’épuisement des dernières semaines qui retombait petit à petit sur ses épaules ? Les événements, déchaînés et incompréhensibles, s’étaient bousculés d’une telle force que la plupart de ses choix et de ses actes, avec le court recul dont il profitait, lui paraissaient flous et obscures. Pouvait-il seulement saisir la logique de sa démarche dans un état si abstrait ?

La petite française continua sur sa lancée, s’intéressant à des pans de sa vie qu’il préférait d’habitude garder loin des regards indiscrets. Non pas qu’il craignait de trahir ses petits secrets – quoi que l’idée ne manquait pas de le hanter dès lors qu’il eut l’impertinence d’y réfléchir – ni d’évoquer des éléments potentiellement compromettants. Toutefois, Rowan considérait que ses camarades perdraient du temps à se plonger dans sa généalogie et le contexte houleux de sa famille. « En tout cas, j’espère en avoir l’occasion. » La question sur ses aînés et leurs aïeux piqua légèrement sa gêne, le poussant à se concentrer. « Les relations avec mon père sont... Complexes. Étant donné la situation, mieux vaut que je reste hors de sa portée, et ce, même pour Noël. » Au risque qu’il devine mes plans. « Quant à ma mère, elle doit certainement prier Morgane pour que je rentre en France au moins quelques jours. » Il récupéra l’une de ses mains pour se la passer sur le visage, avec une lenteur qui laissait sous-entendre beaucoup de choses. La langueur. L’exaspération. La complexité d’une dynamique familiale baignée dans le sang et l’or.

Tout était si étriqué et dangereux qu’un seul mauvais pas menaçait de le conduire aux affres les plus terribles. Que ce soit avec ses parents comme ses amis. Bon sang. À quoi jouait-il ? Parfois, il se le demandait avec agacement. Rien de tout ceci ne s’apparentait à une quête raisonnable.

Au contraire.

Ses pensées s’exaspèrent de la date annoncée. Le vingt quatre. Dans quatre jours, il serait officiellement fiancée. Encore une fois. S’il avait été plus disposé, un rire nerveux et sibyllin lui aurait sans aucun doute échappé. Dans le cas présent, il se contenta seulement de soupirer. Au moins, avec l’héritière Avery, il n’avait pas eu besoin de négocier avec son paternel pour lui faire entendre raison. Cette aristocrate aux cheveux bariolés de couleurs sordides, vaine et égocentrique, correspondait si peu à l’idéal que l’on se faisait d’une épouse... Que toutes ses connaissances avaient soupiré d’aise en apprenant sa fuite.

La situation était beaucoup plus délicate avec Daphné.

Ces quelques réflexions écartées, le Sinistros avait adressé une courte – et malheureuse – supplique à l’attention de sa camarade. Un écart si implorant, si déroutant, si bas... Qu’il en récolta aussitôt un mépris justifié. Et le mouvement qui suivit, vif et aérien au point de lui arracher une érubescence, le plongea dans une scène aussi burlesque que dépaysante. Un brin agaçante pour son ego. En dépit de cette impression cuisante et désagréable, il savait parfaitement qu’elle avait raison.

Il ressemblait davantage à un pauvre chaton, à l’assurance fragile et aux miaulement plaintifs, qu’au félin féroce, nonchalant et impitoyable qu’il se devait d’être. Nul doute que poussé dans l’arène sous cette image geignarde et indécente, il finirait déchiqueté par quelques matous plus avisés que lui. Autant s’en passer. Pour toute réponse, il acquiesça.

Alors que Rowan entreprenait de se redresser, la fièvre s’éteignant progressivement depuis qu’il n’avait plus besoin de se tenir sur ses jambes, il fut surpris par le geste soudain et imprévu de son interlocutrice. Guidés par un réflexe de survie plus que par l’effroi, ses muscles se tendirent sans pour autant résister. Dans le fond, il ne se sentait aucunement menacé. Pas par elle. Pas pour ça. Alors, ses yeux aimants et doux se posèrent tour à tour sur la main gracile et les traits déterminés de la jeune femme. Un émoi, plus brûlant et plus fou, s’anima dans les tréfonds de son corps. Elle était diablement ravissante dans cette ambiance de clair-obscur, à la limite du crépuscule et de la damnation du monde. Envoûtante. Captivante. Presque trop charmante pour leur propre bien.

À l’énième série d’interrogations qui filtrèrent dans la quiétude du jardin, il ne répondit qu’à la dernière. « Je n’ai pas véritablement mangé depuis trop longtemps, je dois bien te l’avouer. »

Sans se presser, l’ancien Serpentard récupéra nonchalamment ses doigts libres, venant frôler ceux qui emprisonnaient sa manche. C’est à cet instant précis qu’il ancra son regard céruléen dans l’éclat auburn de sa compagne, avec une force intense, brûlante et insoupçonnée quelques secondes auparavant. Son enveloppe charnelle lui semblait écartelée entre une exténuation considérable et une ardeur nouvelle, celle qui lui insufflait assez d’énergie pour faire pencher leur proximité en sa direction.

Son esprit s’enivra de cette intervention impromptue, autant que de la lucidité éphémère qu’elle lui conféra. Vraisemblablement, il avait été trahi par un de ses gestes, trop précautionneux qu’il était avec ce genre d’éléments. Tant pis. Il ne pouvait guère se dérober à la vérité. Il projeta donc d’assumer sa part d’ombre auprès de celle pour qui il avait – très justement – vendu son âme.

D’un geste audacieux et suave, Rowan glissa ses doigts entre ceux de la petite Française. Il la guida en silence jusqu’à ce qu’elle parvienne à ouvrir ce bouton intriguant. Jusqu’à briser cette dernière barrière qui se dressait entre eux. Puis, se laissant porter par une indicible douceur, il déposa la fine main d’Anna contre l’épiderme de son bras. La peau d’albâtre, nue et chaude, qui titillait tant sa pétillante curiosité.

Ce contact nouvellement intime l’électrisa de part en part. Au point d’attiser, avec une fureur ostensible, l’étincelle d’affection et d’éros dans ses yeux autrefois sérieux. Plus affirmé que jamais en façade, il se préparait intérieurement à lire l’horreur et le dégoût dans les iris de sa belle, à la seule vue de son plus grand forfait. Cependant, de telles expressions ne gagnèrent jamais le regard de cette dernière. Le jeune homme percuta alors, avec une soudaineté désobligeante, le détail salutaire qui venait de le sauver. Ou de le tuer.

L’image de la fluette potion se risqua à son esprit. Elle ne camouflait pas seulement son mal être et l’état déplorable de son organisme. À dire vrai, ses effets s’étendaient bien au-delà. Jusqu’aux ornements. Jusqu’au sceau de la félonie. Bon sang. Il le savait pertinemment. Pourquoi l’avait-il oublié ici bas ?

Loin des ondées impénétrables de son esprit, un sourire énigmatique et tendre se dessina sur ses lèvres. Si ce n’était pas aujourd’hui, une autre occasion se présenterait à lui. Et encore. Était-elle assez ouverte d’esprit pour voir le monstre en lui sans en prendre ombrage ?

D’une main fébrile et invisible, il écarta toutes les intrusions épineuses de sa conscience. Au profit de l’affection, de la ferveur et de l’exaltation conquérante. Sa voix se teinta de toutes ces émotions doucereuses et caressantes. « Anna. À quel point es-tu prête à me faire confiance ? » Son souffle taquin trahissait toujours des battements irréguliers et puissants.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyJeu 10 Sep 2015 - 0:45

Rowan resta évasif en répondant à ses questions qui portaient sur sa famille. Anna se demanda si c’était par pudeur, par manque d’intérêt ou bien pour cacher certaines choses. Elle releva cependant une information qui vint éclairer certaines questions qu’elle s’était posée lors de leur première rencontre.

- Ta mère vit en France ! C’est pour ça que tu ne sembles jamais réellement étonné de mes attitudes ou habitude ? Tu y as vécu aussi ?

Elle réfléchit rapidement aux implications d’une telle information. Il venait d’avouer à demi-mot que ses parents ne vivaient pas ensemble. Cela le peinait-il ou bien considérait-il que ça n’avait pas d’importance ? Dans ce genre de famille une séparation avait-elle un impact quelconque ? Elle hésita sur la façon dont elle devait agir avec lui. Puis elle décida qu’elle avait toujours demandé et dit ce qu’elle avait voulu dire avec lui, le laissant juge de ce qu’il jugeait inapproprié ou non, et qu’ainsi elle ferait de même sur ce point. S’il avait envie de lui parler de ce qui était, il le ferait, sinon il ferait comme pour la plupart des questions qu’elle lui posait, il serait vague et la laisserait avec ses suppositions.

- Tes parents sont séparés. Dois-je partir du principe que ça n’a pas d’importance pour toi ou bien est-ce qu’au contraire cela t’atteint d’une façon ou d’une autre ?

Ce qui l’intéressait au fond était la façon dont il vivait la situation, pour le reste elle se moquait bien des répercussions que cela pouvait avoir en dehors de lui. Cela n’avait aucune importance si ça n’en avait pas pour lui. Elle le regarda passer sa main sur son visage comme s’il voulait effacer le sujet. S’il n’avait pas paru si mal, elle en aurait souri et se serait gentiment moquée pour lui faire comprendre qu’on n’effaçait pas ce genre de chose. Il soupira. Puis elle vit dans son regard un étonnement suivit d’une forme de vexation. Elle le sentit se tendre sous ses gestes et peut-être ses questions. Elle n’avait que faire de son ego mal-placé selon son jugement. Il lui paraissait au bord de l’évanouissement, sa peau plus blanche encore qu’à son habitude trahissait un manque flagrant d’énergie, elle n'avait que faire qu’il soit un héros insensible, elle le préférait même ainsi avec ses faiblesses, quand elle pouvait percevoir un peu de son âme.

Ses yeux étaient d’ailleurs d’une douceur qui la touchait bien plus que les rares fois où elle l’avait vu dans toute sa splendeur lors des réceptions ou divers événements qu’ils avaient pu partager depuis le début de l’année. La petite française venait de céder à ses billes bleues qui n’avaient l’air de voir qu’elle et qui semblaient si près de s’éteindre si elle n’avait eu ne serait-ce que l’audace de s’éloigner de quelques mètres. Le sinistros confirma néanmoins ses suppositions et ne put même pas lui révéler à quelle date il avait mangé pour la dernière fois.

Alors qu’Anna se sentait plus ou moins maître de la situation, Rowan en plongeant son regard dans le sien rejoignit sa main et ensemble ils défirent le bouton de sa chemise. Troublée, elle n’osa pas le quitter des yeux pour regarder le poignet de ce dernier. Il vint l’obliger à poser sa main sur l’objet de son questionnement mais en dehors de l’irrésistible sensation de trouble et d’une autre moins définissable qui grimpait en elle au fil des secondes, elle ne sentit rien. Interloquée, elle le lui transmit par son expression, mais ne prononça aucun mot. En réalité elle en aurait été incapable. Elle se sentait prise dans un piège qu’elle n’avait aucune envie de fuir. Effrayée plus par elle-même et ce que ce simple geste provoquait dans son corps, elle était tentée de reculer, de lâcher son bras. Mais une sorte de jeu la poussait à n’en rien faire, elle avait envie savoir. Plus exactement elle devait savoir où soudainement il avait envie de les amener. Dans une volonté de ne pas lui donner complètement la main, elle tint bon et ne répondit pas à son sourire, tentant de garder un peu de la détermination qu’elle avait eu juste avant en osant poser ses doigts sur ce bouton. D'ailleurs elle les replia légèrement dans une caresse gracile et presque imperceptible, juste assez pour qu’il en ait conscience. Mais si elle devait être totalement honnête, en plus du jeu, elle avait voulu voir si les multiples nerfs sensitifs qu’elle avait tout au bout des doigts étaient capables de détecter quelque chose que sa paume n’ait pas pu déjà sentir.

Il ne s’arrêta pas pour autant visiblement moins effrayé, ou touché, qu’elle par ce soudain rapprochement, et dans un souffle lui glissa une demande qui était à la fois surprenante et habituelle de sa part. Le cœur au bord de l’explosion et l’air raréfié, elle s’obligea à garder une certaine assurance.

- La question ne se pose pas, tu possèdes bien des choses sur moi. Des choses que je ne souhaitais pas que tu vois, pourtant je te fais assez confiance pour ne pas les utiliser à de mauvais escients. Que crains-tu ? De nous deux tu as eu plus souvent que moi des raisons de fuir. Je veux savoir ce qu’il y a là-dessous et je veux que ce soit toi qui me le dises.

Et à ce moment-là précisément elle choisit de basculer sa main vers l’extérieur de son poignet laissant seulement son pouce caresser les veines bleutées du bras de Rowan. Elle aussi pouvait se montrer joueuse et persuasive. Cependant elle avait profondément pensé chacun des mots qu’elle venait de prononcer, quoiqu’il s’agisse et même si elle en était choquée, elle devrait l’accepter. Comme il l’avait acceptée elle malgré tout ce qui s’était passé depuis leur excursion.
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MessageSujet: Re: « Never let me down again, Anna. »   « Never let me down again, Anna. » EmptyJeu 10 Sep 2015 - 14:42

La franche exclamation de la petite Française sembla percer, quelques instants, la brume morose et insipide qui taraudait son esprit. Ne lisait-il pas dans ses traits quelques contentements sincères ? Cette pensée indulgente le gagna peu à peu, poussant son entendement à renoncer à l’agacement au profit d’un élan davantage doucereux. « À dire vrai, j’y ai essentiellement séjourné pendant la saison estivale. » Ce plongeon dans des souvenirs éloignés et élimés par le temps, à la veille de Noël, éveilla en lui quelques vieux émois. « Ma mère apprécie énormément la France et sa population, alors... Je suis habitué aux manières de tes compatriotes. Nous pouvons le dire ainsi, oui. » Quoi qu’aucun d’eux n’était jamais parvenu à la bousculer jusqu’aux limites de son armature. Anna se trouvait en être la seule capable. Cela tenait sûrement de son caractère plutôt que de sa nationalité.

Les secondes suivantes, il la vit se perdre en diverses réflexions, sans pouvoir discerner la cause d’une telle agitation intellectuelle. Quels plans échafaudait-elle sur les maigres propos qu’il lui avait servi ? La réponse ne tarda guère à prendre forme en de nouvelles questions. Ressentait-elle à ce point de l’intérêt pour sa parenté ?

La séparation de ses parents. Un spectre lointain et abstrait. Certes, ce fait ne le laissait pas indifférent – ce serait se mentir à lui-même et aux autres – pour autant, il ne le guidait pas vers des langueurs mélancoliques. « En toute franchise, je ne sais pas comment répondre à une telle question. » Il profita d’une respiration plus conséquente pour mettre un peu de sens dans ce qui n’en possédait guère. « Leur éloignement a eu lieu avant mon départ pour Poudlard. » Il y a dix ans. « Avec le recul, je considère que je me suis plutôt bien adapté à la situation. Je n’en souffre pas. » Et ce, même si ses aînés avaient longtemps ambitionné, chacun, de le mener vers des chemins... Particuliers. D’ailleurs, comment allait réagir sa mère, si jamais Ranulf venait à vendre l’information pour lui infliger quelques tourments ? Non. C’était une donnée trop sensible pour s’en servir sous cet angle. Son géniteur avait suffisamment de finesse pour préserver la chose loin des impertinences de son humeur.

Lorsque Rowan osa enfin abandonner ces considérations éreintantes, il s’adonna avec sa camarade à des actes vifs et non prémédités, qui chamboulèrent la stabilité de leur environnement. Brisèrent l’équilibre précaire de leur position. En vérité, le rapport de force qui les unissaient sur ce banc et les séparaient du monde extérieur, ne cessait pas de tourner en faveur de l’un ou de l’autre. Au point de cristalliser la totalité de leur perception sur cet échange à plusieurs niveaux.

Sans s’en inquiéter, le jeune homme s’était laissé guider par des instincts imprévus et licencieux, mêlés à une tendresse aussi profonde que considérable. Pourquoi y résister ? Mieux valait être emporté par une déferlante de l’éros plutôt que de sombrer dans les abîmes de l’inconscience. Surtout en présence de son amie. Si splendide et … Ravissante.

Désormais, une énergie véhémente et grisante pulsait dans ses veines, à un rythme effréné et ostensible. Que restait-il de sa raison, piètre protectrice des convenances et des mœurs ? Presque rien. Les rares lambeaux qui avaient subsisté au chancellement, persistaient avec désespoir en s’appuyant sur une ultime pulsion de survie. Celle, vindicative, qui l’invitait à la prudence et à la méfiance face à la curiosité d’Anna. Celle, mourante, qui luttait de toutes ses maigres forces contre la dangereuse idée d’un aveu de trop.

Au-delà de ces considérations psychiques, infimes et complexes, leur proximité se trouva encore intensifiée.

Une caresse, subtile et enivrante, s’était glissée dans le mouvement de repli de la jeune femme. De ce fait, le contact éthéré se révéla plus fourbe que ce qu’il laissait présager, faisant réagir l’épiderme de l’ancien Serpentard avec une vivacité peu coutumière. Il ne manqua pas de s’en empourprer légèrement, redonnant un peu de couleur à son teint pâle.

Encore une fois, Rowan écouta patiemment les propos tenus par sa camarade, non sans un éclat sibyllin dans le regard. Que connaissait-il vraiment d’elle et de ses secrets ? Sûrement les pans obscures et solitaires de son âme. Accompagnés de quelques fragments perdus d’une histoire qu’il ne parvenait pas à reconstituer. Pour le reste... Il n’avait jamais été incisif et interrogateur. Il se contentait plutôt d’accueillir en lui ce qu’elle daignait partager, pour ne pas la brusquer.

Alors qu’il s’apprêtait à lui répondre, il sentit les doigts graciles et féminins venir de nouveau à la rencontre de sa peau. Une tension prodigieuse et brûlante se répandit alors dans son sang, ne manquant pas d’électriser ses membres. La chaleur timide et suave des dernières minutes se mua en une ardeur flamboyante. Exacerbée. Passionnelle.



Pour autant, cela ne l’empêcha pas d’approcher son visage du sien, sans jamais cesser de la fixer. S’il le pouvait, il se serait donné sans retenu à ces yeux pétillants et troublés. Jusqu’à l’os. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de lui. Pas même une trace de son existence.

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