Gust Of Wind (PV Lanalia)

Il n'a pas répondu à ma question mais a plutôt continué de m'entraîner vers je ne savais où en resserrant son étreinte sur ma main. Je pensais qu'il allait me guider vers le château ou alors vers Avalon, mais il n'en fit rien, m'emmenant plutôt toujours plus profondément dans la végétation. J'ai pas posé d'autres questions, me contentant de fixer mes pieds laisser leur trace dans la neige.

On a fini par déboucher dans ce qui semblait être une clairière. Enfin j'espérais que c'était le cas, parce qu'en hiver, il est un peu trop facile de mélanger les lacs et les clairières. Cependant, les quelques touffes d'herbe qui se firent visibles sous mes traces de pas confirmèrent que le sol était digne de confiance. Je dis ça parce qu'une fois, j'ai fait un feu de camp dans une clairière qui était en fait un lac et le résultat était plutôt désastreux. Bref, passons.

Anton s'est arrêté au milieu de l'espace dégagé et il a fait venir à lui un triangle de tissu qui était la preuve qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Mon visage s'est éclairé d'un large sourire alors que je reconnaissais là la tente dans laquelle on avait passé déjà pas mal de temps ces dernières années. Elle s'est plantée et montée toute seule avant qu'il écarte un pan de l'entrée pour me laisser entrer.

Quand j'ai mis le bout du nez dans la tente, la chaleur dégagée par le feu qui crépitait m'a tout de suite donné l'impression d'un refuge agréable et apaisant. Il est entré à ma suite et, évitant mon regard, a mentionné qu'il espérait que ça me plaisait. J'ai levé les yeux vers lui, qui était pas mal plus grand que moi, et j'ai souri d'un air espiègle avant d'adopter une attitude faussement blasée.

- Oh, tu sais... ça peut faire. Je pensais qu'avec le temps tu aurais développé des goûts plus raffinés, mais bon... Au moins il fait chaud, ici...

En réalité, je trouvais que c'était la meilleure idée qu'il aurait pu avoir. J'avais que de bons souvenirs dans cet endroit et alors que la nuit tombait sur le domaine enneigé de l'Académie, le contraste entre le froid qui régnait à l'extérieur et la douce chaleur qui régnait ici ne faisait que rendre l'endroit encore plus magique. Rieuse, je me suis retournée vers lui pour lui donner une poussée sur le torse.

- Je rigole, c'est absolument parfait ! ai-je dit en riant, avant de retirer mes mitaines, mon foulard, ma tuque et mon manteau et de déposer tout ça sur un coffre près de l'entrée.

Plus à l'aise, maintenant simplement vêtue de mon jean bleu pâle et d'un t-shirt blanc à manches longues ajusté et épousant mes formes, je suis direct allée me laisser tomber sur un pouf devant le feu, mes pieds dirigés vers la chaleur.

- Maintenant il faut me nourriiiiir sivouplait ! ai-je gémi en prenant une petite voix et en lui faisant des yeux de chat suppliant.

Voyons voir jusqu'où je pourrais l'amener à me servir et à me faire plaisir ce soir...

Anton se laissa tomber dans un pouf, en face de celui de Lanalia. Il sourit doucement à la remarque de la jeune femme. Il savait reconnaître du sarcasme quand il en entendait et il savait que la belle blonde ne pensait pas ce qu'elle disait. Ils avaient toujours été ravis de pouvoir s'échapper des formules de politesse et des rires discrets des mondanités environnantes. Il préféraient venir boire un bon coup ici en rigolant franchement.

Le feu crépitant dans la cheminée redonna des sensations dans les orteils d'Anton qui remarquait à présent à quel point il avait pu avoir froid dehors. Sortir prendre l'air en soirée au mois de janvier dans les jardins enneigés n'étaient donc peut-être pas la solution rêvée pour profiter de son temps libre. Cependant, cela lui avait permis de tomber sur Lanalia Winslow et ce n'était pas mal non plus.

- Oui, c'était une fausse question... c'est à prendre ou à laisser...Sourit-il à sa comparse.

La tente était plus qu'agréable. Elle était savaient décoré de quelques tableaux et autres affiches d'évènements sorciers et entre les poufs, canapés et fauteuils, le confort ne manquait pas. Cette tente, qui avait appartenu à son oncle, qui lui-même l'avait cédée à Anton faisait la taille d'une petite maison de campagne avec deux chambres, une salle à manger, une cuisine et un salon. Pour ceux qui la voyaient de l'extérieur, elle ressemblait à une pauvre tente défraichie et rafistolée à plusieurs reprises. Mais c'était un des endroits préférés de l'Abraxan sur cette terre.

- Quoi ? C'est à toi de t'en occuper ! Moi j'ai fourni le lieu...

Il se leva et alla remettre une buche dans l'âtre frémissant. Il savait qu'à cette heure-ci, tous les élèves regagnaient leurs dortoirs où s'en allaient à l'extérieur du château pour visiter le monde sorcier. Personne ne restait jamais très tard dans les jardins, surtout pas avec ces températures. Il se rassit dans le pouf et sourit à Lanalia. Il avait beau savoir être gentleman, il ne céderait pas sur ce coup, malgré toutes les tentatives qu'elle entreprendra. Car il le savait, elle allait bientôt commencer à négocier leur futur repas.

À moi de m'en occuper? J'ai fait une petite moue d'enfant triste et je l'ai regardé en battant un peu des cils, avant de m'esclaffer devant son absence de réaction. Ok ok, je trouverais un autre moyen. Je me suis langoureusement étirée sur le pouf en faisant exprès de mettre en valeur mes formes tout en dégageant un air de fille qui s'en rend pas compte, et je me suis levée.

- Oh, de toute façon, j'avais pas vraiment faim, ai-je mentionné en lui souriant. Un peu soif, par contre.

Je connaissais l'endroit comme le fond de ma poche. Je me demandais parfois combien de filles il avait pu inviter dans sa fameuse tente, son endroit secret, son refuge... Si d'autres, comme moi, savaient que le champagne se trouvait dans l'armoire en bois vieilli derrière le canapé gris foncé. Si elles savaient où trouver les flûtes de cristal. Si elles croyaient à chaque fois être les seules à partager cet endroit presque sacré avec lui. Il avait cette façon de me faire sentir si unique, si spéciale parfois... mais je ne me leurrais pas. Quelqu'un d'habile à ce jeu est quelqu'un qui s'est souvent pratiqué.

J'ai refermé l'armoire d'un coup de hanche indolent après avoir sorti une bouteille de champagne. Il n'était pas aussi froid qu'il aurait dû, mais tant pis. En ne cessant pas de le regarder, j'ai fait popper la bouteille en retirant le bouchon avec ma main, et j'ai versé les bulles dans les deux flûtes que j'avais sorties. Je me suis approchée de lui pour lui tendre la sienne, laissant la mienne sur le dessus du meuble, un regard toujours séducteur, un sourire mystérieux aux lèvres. Puis, mes mouvements se faisant toujours aussi lascifs, je me suis lentement penchée sur lui en ne le quittant pas du regard, approchant mon visage du sien... toujours plus près... Jusqu'à ce que j'atteigne le seau qui était posé derrière lui sur une petite table. Un clin d'oeil, et me voilà déjà loin, à moitié sortie hors de la tente, remplissant le seau de neige fraiche et poudreuse.

Une fois la bouteille de champagne reposant dans le seau et ma coupe à la main, je suis retournée m'asseoir sur le pouf et j'ai levé un toast.

- À mon cuisiner préféré, qui ne laissera jamais une innocente jeune fille le ventre vide...

N'est-ce pas ? Et j'ai bu.

Anton regarda Lanalia se mouvoir autour de la tente qu'elle devait commencer à connaître aussi bien que lui. Il n'avait utilisé celle-ci qu'à la fin de sa scolarité à Poudlard, lorsque son oncle bienveillant la lui avait offerte comme cadeau de graduation. Seulement quelques personnes en connaissait donc l'existence. Il la suivit du regard, en constant l'éclair de malice qui s'était installé dans ses grands yeux. Il ne fut donc pas étonné lorsqu'elle vint se rapprocher de lui, dans une énième tentative de manipulation par l'attitude. Il lui sourit, charmeur en retour mais ne céda pas lorsqu'elle rapprocha son visage à moins de dix centimètres du sien. Il commençait à avoir l'habitude de ces techniques à peine dissimuler mais il se faisait un malin plaisir de les contourner pour faire tourner la belle blonde en bourique.

- Mmhhh dommage...

Il attrapa la coupe que lui tendait l'étudiante et trinqua avec elle en soufflant un "santé" dans un petit sourire. Il se rassit dans son pouf si confortable que l'on aurait pu croire qu'il était fait pour sa morphologie et soupira doucement. Il devait avouer qu'il était épuisé de sa première semaine de cours et ses cauchemars à répétitions n'arrangeaient en rien l'état psychologique du jeune homme. Il appréciait donc particulièrement de pouvoir partager un moment de détente dans la bonne humeur. Il se leva et se dirigea dans la cuisine, sans ajouter un mot à celle qui continuait de siroter son champagne tranquillement.

- Vraiment dommage...

Dans ce qui constituait son réfrigérateur, Anton sortit une pizza immense qu'il fit réchauffer en la tapotant du bout de sa baguette ainsi qu'un gâteau au chocolat qui aurait pu nourrir dix personnes. Il revint et posa le tout sur la table basse en regardant Lanalia d'un air de défi.

- J'imagine que je vais devoir manger tout seul...

Il savait pertinemment que tout cela se trouvait dans la tente depuis le début, mais à quoi bon la renseigner, s'il pouvait s'amuser un peu de sa comparse. Il se pencha vers Lanalia, exactement de la même manière qu'elle avait fait quelques instants plus tôt... pour attraper le couteau qui trônait sur la desserte juste derrière elle. Il sourit doucement, sachant pertinamment qu'il ne laissait pas la jeune fille indifférente - tout comme la réciproque était viable.

Je l'ai regardé se lever et se diriger vers la cuisine, non sans baisser ostensiblement mon regard jusqu'à son derrière. J'avais gagné cette bataille, apparemment, parce qu'il ramenait déjà une immense pizza et un gâteau au chocolat jusqu'à la table basse encerclée par les places assises. J'ai cru qu'il allait se rassoir, mais avant, il s'est penché vers moi... pour attraper un ustensile qui traînait derrière. J'ai vaguement eu envie de poser mes mains sur sa nuque pour l'attirer à moi et l'embrasser passionnément, mais je n'en ai rien fait, d'une part parce que ça s'est passé trop vite mais aussi parce que je savais que c'était exactement la réaction qu'il voulait provoquer chez moi. À la place, donc, j'ai trempé mes lèvres dans le champagne.

L'odeur de la nourriture a fait gronder mon estomac et je pouvais maintenant plus faire semblant que je n'avais pas faim. Ce qui, heureusement, n'était pas mon but non plus.

- T'es fou, on sait tous les deux que je mentais quand je disais que j'avais pas faim !! ai-je dit, de retour à l'attitude de gamine, rangeant la séductrice au placard.

J'ai rapproché mon pouf de la table basse en restant penchée, en l'agrippant par derrière et en faisant de petits pas qui m'ont donné l'air un peu ridicule, mais ça m'était égal. Je savais que j'avais pas besoin d'être parfaite avec lui. J'avais juste besoin d'être moi-même... en un peu plus joueuse.

Je me suis servi une énorme part de pizza que j'ai gardée dans ma mes mains pour en prendre une bouchée. La pizza a cela de parfait que même dans sa version la plus ordinaire, elle reste délicieuse. Et encore plus heureusement pour nous, celle-là était loin d'être ordinaire. Alors que je mangeais avec appétit, j'ai laissé de côté un peu le flirt pour m'intéresser davantage à Anton, qui, je devais l'avouer, m'avait manqué pendant tout ce temps.

- Alors, comment s'est passé ta première semaine ici? Comment sont tes profs?

Question on ne peut moins innocente s'il en est, car je connaissais très bien l'un de ses professeurs, Quinlan Fitzsimmons, après avoir passé la nuit avec lui quelques semaines plus tôt... Mais pour ma défense, je m'intéressait encore davantage à la façon dont Anton vivait sa rentrée scolaire, car je n'avais pu m'empêcher de notifier la présence d'ombrages bleutés sous ses yeux, signe que tout ne se passait pas exactement comme prévu pour lui.

Anton regarda Lanalia littéralement plonger sur une part de pizza qui se tenait devant elle. Il sourit en voyant qu'elle prenait plaisir à manger de la sorte. Il savait qu'elle considérait avoir gagner ce duel mais pour le jeune homme, rien ne valait de mourir de faim. Il prit une part à son tour et grogna de plaisir en mordant dans la pâte, un délice ! Il adorait manger de bonnes choses simples, mais chez lui, les repas étaient souvent à l'image de sa famille, sophistiqués et sans saveurs. Bien sur, il était inutile de précise que sa mère ne savait absolument pas cuisiner et que leur elfe de maison se tuait à la tâche pour sortir des mets délicieux qui ne convenaient jamais à la vieille hypocrite qui lui servait de mère. Lui, appréciait les repas que leur elfe ne concoctait que pour lui. Ils étaient toujours gouteux à souhait et simple à réaliser. Il reprit une nouvelle part et se redressa sur son pouf.

- Le mot serait... éprouvant. Répondit-il en se frottant les mains pour éliminer les dernières traces de pizza.

Il était vrai qu'il ne s'était pas attendu à cela en s'inscrivant à Haveirson. Certes il était arrivé avec près de quatre mois de retard mais selon lui ce n'était rien d'insurmontable. En revanche, c'était plutôt l'ambiance qui régnait au sein du château qui avait rendu l'intégration difficile. Très peu d'élèves s'étaient proposé de l'aider pour faire un tour de repérage du château ses premiers jours. Il avait fini par l'effectuer seul, considérant que l'on n'était jamais mieux servis que par soi-même. Il avait eu un entretient avec le professeur Fitzsimmons, le responsable de la formation en médicomagie, qui l'avait assumé de questions et de pistes à suivre pour effectuer sa thèse, qui n'était qu'un fardeau de plus sur les épaules d'Anton.

A cela, il fallait ajouter que l'étudiant ne dormait jamais plus de trois ou quatre heures par nuit, hanté par des cauchemars dont il ne parvenait jamais à se souvenir. Il savait juste qu'il se réveillait trempé, le corps couvert de sueur et le visage couvert de larmes. Sans jamais savoir pour qui elles avaient coulées. Il en savait pas s'il devait parler de tout cela à Lanalia. Ce n'était peut-être pas une bonne idée. Il savait que quelque chose clochait avec lui mais il ne voulait pas que quelqu'un le sache. Il considérait cela comme une faiblesse, un talon d'Achille trop facilement utilisable par quiconque le voulait.
Anton sourit doucement à la belle blonde et se contenta de répondre à la question posée directement.

- Je n'ai eu à faire qu'à Fitzsimmons, hum Quinlan je crois... Et autant te dire que ce n'est pas ma personne préférée à l'Académie...

Certes, elle devait à présent savoir qu'Anton n'appréciait pas grand monde. Mais quand même. Il n'extrapolerait pas sur le thé infâme, l'atmosphère lourde et le caractère déprimant du professeur. Peut-être que Lanalia l'appréciait ou le connaissait et il ne souhaitait pas s'étaler sur le sujet sans y être invité. Anton bu une nouvelle gorgée de champagne en scrutant les réaction de l'étudiante en face de lui. Lanalia avait cet avantage d'avoir un visage relativement expressif où les expressions apparaissaient très rapidement pour qui savait les décoder.

J'ai tout de suite eu l'impression qu'il se passait bien davantage de choses dans sa tête qu'il ne m'en disait. Son regard s'est fait légèrement soucieux et je n'ai pas pu m'empêcher de noter un tout petit pli entre ses sourcils froncés. Mais je n'ai pas posé davantage de questions... Ma curiosité était parfois difficile à brider, mais je savais aussi respecter le droit des gens à leur sphère privée. J'ai voulu lui dire que j'espérais pour lui que les choses allaient s'améliorer, mais il a poursuivi en répondant à la question concernant ses profs. Quand il a mentionné Quinlan, je me suis sentie rougir et j'ai baissé le regard. Je n'avais pas à avoir honte de ce qui s'était déroulé entre nous... n'est-ce pas? Bon, il était un prof et moi une étudiante, mais il n'était pas mon prof... Et puis nous étions tous deux adultes, consentants et libres de toutes entraves... Alors non, pas de quoi me changer en cette pivoine que je me sentais devenir.

C'est juste... repenser à tout ça alors que j'étais en compagnie d'Anton, ça me faisait bizarre. Mais après tout, j'étais celle qui avait posé la question, alors je l'avais bien cherché. Faisant immédiatement comme si tout était parfaitement normal, j'ai relevé les yeux vers lui, j'ai souri et j'ai bu un peu de champagne.

- Oh, je sais pas, je le connais pas beaucoup... ai-je mentionné, sachant pertinemment qu'il saurait que je mentais.

Me faisant à nouveau un peu plus enjôleuse, j'ai ajouté :

- J'espère que je suis en lice pour ce titre de personne préférée, alors... Et si c'est le cas, je me demande bien ce que je devrais faire pour le remporter.  

Et sans plus tarder, ayant terminé ma part de pizza, je me suis portée volontaire pour goûter à ce gâteau au chocolat qui me faisait de l'oeil depuis tout à l'heure. J'ai pris un ustensile, en ai coupé une part et l'ai prise entre mes doigts avant de me lever, de me diriger vers le pouf sur lequel Anton était assis, et de m'asseoir à califourchon sur ses cuisses. J'ai goûté au gâteau et il était aussi délicieux que je m'y attendais... déchirant un petit bout avec mes doigts, j'ai ensuite attendu qu'il ouvre la bouche pour le nourrir. Mon attitude enfantine et naturelle combinée à mes gestes lascifs et érotiques créaient un contraste pour le moins troublant, mais je ne m'en rendais même pas compte.

Anton sentait les pupilles claires de Lana posées sur lui comme un spectre à détecteur de mensonges. Il ne savait plus bien s'il était devenu excellent en matière de mensonges ou si elle avait choisi d'ignorer celui-ci pour ne pas le froisser. En tous les cas, il parvenait à s'en sortir sans avoir à raconter les épreuves que constituaient à présent le fait de devoir fermer les yeux dans la pénombre de sa chambre. Mais il savait qu'un jour ou l'autre elle lui poserait la question s'il continuait à avoir cette mauvaise mine, lui dessinant deux traits sombres sous ses yeux déjà sombres.

Lorsqu'il aborda le sujet de son professeur, Anton fut surpris d'apercevoir des tâches rosées se dessiner sur les joues de celle qui dévorait des yeux le gâteau au chocolat posé sur la table. Il connaissait suffisamment Lana à présent pour savoir que c'était sa réaction lorsqu'elle appréciait - beaucoup - un garçon, mais qu'elle tentait de le cacher. Pour le coup, c'était loupé. Anton ne pu s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie devant la réaction si mal dissimulée de la belle blonde. Depuis le temps, il pensait qu'elle aurait quand même réussi à s'améliorer sur ce point. D'un côté, cela lui permettait de lire plus facilement ses expressions. Les filles étaient parfois si compliquées, que cela lui donnait un léger avantage. Autant le garder. Il ne répondit pas lorsque Lanalia lui mentit à nouveau en lui disant qu'elle ne connaissait pas ce prof, et se contenta de sourire légèrement en baissant la tête vers la cheminée qui crépitait joyeusement.

Citation :

- J'espère que je suis en lice pour ce titre de personne préférée, alors... Et si c'est le cas, je me demande bien ce que je devrais faire pour le remporter.

Anton eu à peine le temps de penser sa réponse que la jeune femme se retrouvait assise à califourchon sur lui. Position quelque peu suggestive qui mit légèrement Anton mal à l'aise, tant c'était la première fois depuis qu'il se connaissaient que la proximité entre eux était si importante. Certes, il y avait ces jeux de regards et de provocation, mais là, Anton considéra - silencieusement - que leur relation venait de franchir un nouveau cap. Ce qui fut vite confirmé lorsqu'elle glissa un bout de gâteau au chocolat dans sa bouche, le regard rivé dans le sien.

Anton sourit en gardant ses yeux si sombres dans le regard clair de Lana. Il se redressa dans son fauteuil de manière à se tenir droit et à hauteur du visage de la belle étudiante. Son sourire en coin ne le quitta pas lorsqu'il parvint enfin à répondre, son sans un léger rire :

- Je pense que tu es sur la bonne voie... Quoique, il faudrait confirmation.

Souffla t-il doucement, son visage à quelques centimètres de celui de Lana. Dans cette position, il serait facile pour l'un des deux de céder à ce qu'ils cherchaient depuis des mois l'un de l'autre. La capitulation. Mais Anton n'allait pas plier aussi facilement. Il le pourrait. Approcher son visage et oublier la distance entre eux, caresser sa joue du revers de la main et finalement l'embrasser. Mais il ne le fit pas et se contenta de bloquer ses mains dans le bas du dos de sa comparse, pour lui faire oublier l'envie de quitter la position dans laquelle elle était à présent. Il ne lui restait plus qu'un choix, assumer ses actes.

Nos visages étaient plus proches l'un de l'autre qu'ils ne l'avaient jamais été. Même lors de nos moments d'ivresses, nos jeux n'avaient toujours été qu'oeillades et sous-entendus. Même que la plupart du temps, au lieu du flirt, nous parlions de nos vies, nous discutions de nos rêves, de l'avenir, de l'actualité, de la perruque ridicule de tel ou tel baron ou de l'attitude pincée de telle femme de politicien. J'aimais son sens de l'humour et le regard acéré qu'il portait sur la société, même si parfois, je le trouvais plutôt sévère dans ses jugements. Moi, j'apportais les nuances, je le tempérais même un peu. On se complétait plutôt bien. Mais avant tout, on riait toujours  beaucoup.

Là, je ne riais plus. Mon visage avait repris des traits plus sérieux alors que je me rendais compte de la proximité que j'avais créée entre nous. Était-ce bien sage? Nous nous acharnions à résister depuis si longtemps que céder aurait sans-doute un goût doux-amer ; parfois le mystère rend les choses encore plus excitantes.

Il était néanmoins trop tard pour reculer, pour le moment. Je sentais ses mains sur le bas de mon dos imposer une douce pression m'empêchant de m'éloigner de lui. Il a répondu à ma question en affirmant qu'il faudrait une confirmation. Un léger sourire en coin a étiré mes lèvres et j'ai soutenu son regard en avalant la dernière bouchée de gâteau au chocolat que je tenais entre mes doigts. Sans le quitter des yeux, j'ai ensuite léché et mes doigts pour les nettoyer, haussant en même temps les sourcils dans une expression ingénue mais suggestive.

Mes mains se sont ensuite posées de chaque côté de son visage et mes pouces ont caressé ses lèvres alors que je mordillais les miennes à force de réprimer mon désir d'y goûter. Peu d'hommes me faisaient l'effet qu'il me faisait. Chaque trait de son visage m'apparaissait absolument parfait, comme s'il avait été modelé exprès pour me plaire. Je ne me lassais pas de le regarder. Ce faisant, j'ai remarqué qu'une miette de gâteau au chocolat était restée sur sa lèvre d'en bas.

Oups... ai-je murmuré, sachant que c'était sans-doute dû à la manière un peu improvisée dont je l'avais nourri.

Il fallait que je corrige mes erreurs, non?. Lentement, très lentement, j'ai approché mon visage du sien jusqu'à ce que, du bout de la langue, je lèche sa lèvre pour récupérer la miette. Puis, je me suis reculée, alors que mes mains descendaient de son visage jusqu'à son torse. Je sentais son coeur battre à travers ses vêtements et je vous assure que le mien battait à toute vitesse. Sentant le rouge me monter aux joues, comme si j'étais soudainement intimidée par la proximité que j'avais moi-même instaurée, j'ai fui son regard et je me suis raclé la gorge.

- Ça y est, j'ai chaud ! ai-je lancé en souriant franchement, un peu pour détendre l'atmosphère que je sentais tout à coup électrique.

Et j'ai bougé dans le but de me relever et de retourner sagement sur mon pouf, l'autre côté de la table basse. Je me suis vaguement demandé s'il me retiendrait ou m'empêcherait de me relever, où s'il me laisserait m'éloigner. Je m'étais plutôt commise avec ces gestes que je venais de poser. Mon désir envers lui, dont il pouvait croire en l'existence depuis un bon moment déjà, venait de passer du statut de "fortement possible" à "carrément manifeste" et s'il n'osait pas le même genre de commission envers moi, j'allais croire que mon désir n'était pas partagé et j'allais possiblement en mourir de honte. Néanmoins, je savais bien comme il aimait me frustrer. Je pense que ça lui plaisait de voir mes sourcils se froncer quand je n'obtenais pas ce que je voulais. Bref, dans cette seconde où j'ai entamé mon mouvement pour m'éloigner de lui, j'ai eu l'impression que le temps se suspendait dans l'attente de la direction qu'il choisirait de prendre pour la suite de la soirée.    

Anton fut surpris de constater que Lanalia poussa la provocation encore plus loin. Il ne la lâcha pas du regard pendant tout son petit manège lascif et fut surpris de souhaiter qu'elle continue dans son rôle provocateur encore un peu plus longtemps. Mais il ne savait plus trop comment réagir face à tout cela. Il connaissait le caractère séducteur de la belle blonde et savait, à présent de source sure, qu'elle n'en était pas à son coup d'essai à Haveirson. En même temps, qui aurait pu être assez fou pour résister à une jeune femme aussi belle. Ses traits, si proches de lui se dessinaient encore plus finement. Ses yeux clairs laissaient entrevoir des reflets inattendus à la lueur des flammes de la cheminée qui continuait, elle aussi, sa danse lascive dans l'âtre.

Il perçu son froncement de sourcil lorsqu'elle marqua une légère pause en attendant probablement sa réaction. Il aurait été inconvenant de sa part de laisser languir de la sorte et lorsqu'elle approcha son visage du sien, il déposa un léger baiser au coin de sa bouche, en se redressant assez pour que leur corps soient en contact. Suffisamment bien placé pour qu'elle se questionne sur la signification réelle de son geste. Après tout, elle avait misé sur le charme et la provocation, et il ne faisait que répondre en attendant de voir si elle irait jusqu'au bout de son projet. De là, c'était à elle de décider si elle voulait pousser la chose plus loin ou s'arrêter là. Il savait pertinemment que dans leur jeu du chat et de la souris, il y avait de fortes chances pour qu'elle le laisse ainsi, et continue la soirée en agissant comme si de rien n'était. Même si les probabilités pour que cela se produise s'amincissaient proportionnellement au temps qu'elle restait là, assise à califourchon sur Anton.

Il pouvait la voir rougir sous ses cheveux blonds et en fut flatté. Lana souhaitait donc probablement que tout ceci, qui aurait pu avoir l'air d'une mascarade à bien des égards, prenne une note plus sérieuse. Du moins, c'est ce qu'il traduisait de sa réaction. Il relâcha la pression qu'il apposa à présent depuis quelques secondes dans son dos pour lui faire comprendre qu'elle était libre de ses choix et qu'il ne l'obligerait à rien. Bien sur, il souhaitait qu'elle reste ici, et lui renvoi la pareille. Mais Anton serait bien trop fier pour l'admettre.

Il sourit en retour à Lanalia qui semblait perdre ses moyens au fur et à mesure que les secondes défilaient mais ne répondit pas. Principalement parce qu'il ne savait pas quoi dire à cet instant. Anton fut quelques peu surpris étant donné qu'il considérait la jeune femme comme la plus charmeuse qu'il ait jamais rencontré, elle lui parlait souvent de cibles potentielle au début de l'après-midi et lui faisait signe d'un clin d'oeil pas plus de deux heures plus tard que l'affaire était dans le sac. Elle était une prédatrice redoutable qui, il avait l'impression, perdait de son assurance légendaire dans cette tente si familière.

Il ne m'a pas retenue. Quand j'ai commencé à vouloir me relever, j'ai senti la légère pression dans mon dos se relâcher, signifiant qu'il me laissait libre de mes mouvements. Je suis sûre que j'ai perdu mon sourire à ce moment-là, au profit d'un froncement de sourcil exprimant l'insatisfaction et la frustration. J'ai poussé un profond soupire en quittant ses cuisses pour me relever debout. Je trouvais que j'avais pris assez d'initiatives et le fait qu'il n'y ait pas répondu avec autant de ferveur que je l'aurais voulu pouvait signifier deux choses ; soit il souhaitait vraiment me pousser à bout pour que je finisse par craquer et lui sauter dessus, soit il n'était juste pas aussi intéressé que moi à pousser notre flirt à la case supérieure. Peut-être qu'il préférait que nos jeux se maintiennent à ce niveau. Les deux options généraient chez moi un sentiment de frustration qui me donnait envie de criser comme une gamine. Je n'en fit rien, bien entendu, mais je détestais qu'on me dise non en général.

Je lui ai donc tourné le dos et j'ai attrapé ma flûte de cristal avant de tirer la bouteille de champagne de son cocon de neige pour remplir mon verre. Je l'ai presque tout bu avant de le remplir à nouveau et de me diriger, la flûte à la main, vers un meuble antique dans le coin de la pièce qui contenait un tourne-disque et une grande collection de vinyles. J'ai choisi un vieil album de Bing Crosby et j'ai déplacé l'aiguille sur la face A. L'une de mes chansons préférées, sa version de Don't Fence Me In avec les Andrews Sisters, a ampli la pièce de ses cuivres, ses harmonies et son rythme mi-lent.


J'avais fait tout ça sans lui accorder ne serait-ce qu'un coup d'oeil, mais j'ai fini par me retourner vers lui en appuyant mes fesses sur le meuble antique et en croisant les bras, la flute de champagne toujours à la main.

- Peut-être que je ne suis pas ta préférée, après tout, ai-je dit en plongeant mon regard dans ses sombres iris.

Et j'ai souri d'un air un peu triste, surtout résigné.

Anton sourit doucement en voyant Lanalia partir en boudant. Car c'est ce qu'il considérait être la situation, on aurait pu croire voir une enfant, privée en un instant de son jouet préféré, qui aurait fait les gros yeux pour pouvoir le récupérer sans réellement le demander. Car c'est la sensation qu'il avait souvent avec la jeune femme, celui d'être un passe-temps, un autre homme dans son chemin. Car il avait su, à l'instant où il avait cité le nom du professeur Fitzsimmons, que Lanalia et lui avaient eu quelque chose. Peut-être était-ce insignifiant. Mais cela prouvait bien une chose, la belle blonde faisait des ravages dans l'école, et il ne savait pas si elle aurait souhaité s'arrêter.
S'il avait peu de principes, celui de mettre les choses à égalité paraissait, en cet instant, important. Rien ne disait qu'Anton ne suivrait pas le même chemin que Lanalia, séduire à tout va (c'est comme ça que lui percevait la chose, peut-être par jalousie), après tout l'Université était vaste et les élèves nombreuses. Il sourit doucement à cette pensée et se leva de son fauteuil pour attraper la bouteille de champagne, et le peu d'alcool encore présent dans la bouteille. Il la finit d'une gorgée et la reposa sur la table avant de rejoindre Lanalia vers le meuble où elle s'était appuyée.

- Oh... je te sens toute contrariée... lança t-il d'un air moqueur en s'appuyant à son tour à côté de la jeune femme.

Il savait qu'elle aurait voulu être prise en pitié, si l'on pouvait dire cela. Car la pitié n'était pas le premier sentiment qui venait à l'esprit en voyant une aussi jolie jeune femme, heureuse de vivre la majorité du temps. Mais Anton ne comptait pas faciliter la vie de la Sinistros. Il comptait la tenter, la provoquer et jouer de sa personne jusqu'à ce que ce soit elle qui craque et non l'inverse. Il savait à présent quel effet il lui faisait réellement et cela ne faisait que gonfler son égo. Il fit un quart de tour et se retrouva nez à nez avec l'étudiante qui affichait toujours une moue boudeuse, qu'elle tenta de remplacer par un sourire, tout sauf joyeux. Il ne doutait pas que cette technique en aurait fait faillir plus d'un preu chevalier en armure. Mais lui était tout sauf cela. Il pouvait être cruel et apathique, il jugeait vite les gens et les rangeait dans des catégories allant d'idiot de base à crétin fini, sur un large panel de haine à peine dissimulé pour ses comparses sorciers.

- Je te sens déçue... souffla t-il à quelques centimètres de l'oreille de Lana, ses deux bras placés de chaque côté de la jeune femme. Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour améliorer ça ?

Il lui afficha un sourire charmeur, tirant sur aguicheur. Ses derniers mots avaient été dit dans un questionnement rhétorique. Evidemment il savait quoi faire. Mais il voulait se l'entendre dire. Il voulait l'entendre perdre à leur petit jeu. Mais il avait peut-être sous-estimé son adversaire. Ou peut-être pas...?

HJ:

Ma tentative de chantage émotif avait lamentablement échoué. Il ne s'était pas tellement attendri et n'avait pas du tout acheté mon jeu de bouderie. J'en ai été extrêmement frustrée. J'ai presque regretté d'avoir créé la proximité entre nous quelques minutes auparavant, parce que maintenant que mon désir envers lui était clair et explicite, il savait qu'il avait "le gros bout du bâton", l'avantage, en quelque sorte. Et tous mes efforts ne suffisaient pas à le faire craquer.

Quand il s'est approché de moi et a posé ses mains sur le meuble de chaque côté de mon corps, j'ai senti un frisson de désir traverser ma colonne vertébrale et se répandre dans mon corps en causant ce fameux phénomène de chair de poule au passage. J'ai avalé ma salive alors qu'il chuchotait dans mon oreille et franchement, ça m'a pris une bonne dose de contrôle de moi-même pour ne pas lui sauter dessus immédiatement. Ce qui m'en a empêché, évidemment, ça a été mon orgueil. Puis, sa question réthorique et son sourire charmeur m'ont à la fois frustrée et séduite. Je me suis sentie rougir et j'ai gentiment grogné de frustration en posant une main sur son torse pour le repousser et m'écarter de lui.

- Raaah tu me rends complètement folle! ai-je laissé échapper, spontanément. Arrête de me séduire si t'as pas l'intention de...

De quoi, au juste? De conclure? De passer de la parole aux actes? Je me suis retournée vers lui et j'ai rougi encore davantage. Je mordillais ma lèvre inférieure tellement fort que j'ai commencé à goûter le sang dans ma bouche. J'étais plongée dans un dilemme presque intolérable entre le désir inassouvi que je ressentais envers lui depuis tellement longtemps et que j'avais envie de satisfaire, mais la frustration liée au fait qu'il m'échappait et que je n'arrivais pas à faire en sorte que le premier pas vienne de lui. Sachez une chose à mon sujet : je dé-teste me faire dire non. Mais je déteste encore davantage supplier. Et je ne pouvais me résoudre à le laisser gagner. J'avais envie de sentir qu'il me désirait autant que je le désirais. Et que ça lui devienne tellement insoutenable qu'il ne puisse plus me refuser. Et là, c'était pas le cas, apparemment.

Je me suis approchée de lui jusqu'à ce que quelques centimètres seulement ne séparent nos visages et je me suis hissée sur la pointe des pieds pour approcher mes lèvres de son oreille.

- Tu me connais, Anton, tu sais que la séduction est un jeu qui me plaît... Mais ne me lasse pas, je t'en prie. Car je finirai par saisir l'instant présent... avec quelqu'un d'autre.

Comment il me poussait dans mes retranchements pour que j'en vienne à utiliser la menace pour le gagner ! C'était définitivement ma dernière tentative. Je verrais bien l'effet que ça aurait, mais en même temps, j'étais très sérieuse. J'aimais séduire, mais tout l'art de la séduction résidait dans l'habileté à ne jamais dépasser le seuil intolérable de frustration. Et là, je m'en sentais très proche. Du reste, Haveirson regorgeait de possibilités, autant pour moi que pour lui d'ailleurs...  

Anton recula pour regarder Lanalia. Elle paraissait sérieuse, presque trop à son goût. Il ne l'avait jamais connu ainsi et la ride qui se dessinait lorsqu'elle fronçait les sourcils ne lui disait rien qui vaille. Jamais il n'avait considérer que leur relation prendrait un tel tournant. Biensur, les relations amicales homme-femme était souvent entremêlées de tensions autres mais l'étudiant avait toujours considérer normal leur petit jeu de séduction. Ainsi, quand les choses avait prit un aspect plus sérieux, Anton s'était retrouvé un peu pris au dépourvu.
Il ne s'était jamais réellement dit que les regards en coins et les sourires échangés dans le passé auraient pu déboucher sur la situation dans laquelle ils étaient à l'instant même. Anton était toujours appuyé contre le buffet, mais à distance raisonnable de la Sinistros qui l'avait tout juste repoussé.

Que devait-il comprendre ? Le jeune homme, comme tout bon jeune homme qui se respecte, était perdu dans le langage cryptée que lui déroulait la belle blonde. Voulait-elle plus ? Ou moins ? Voulait-elle qu'il la laisse en paix ou au contraire...?

Comme si elle avait pu lire dans ses pensées, elle lui glissa quelques mots à l'oreille, qui résonnèrent comme un ultimatum à peine dissimulé. Alors c'était aussi facile que cela ? Le cerveau d'Anton bouillonnait sous ses boucles brunes. Jamais il n'avait considéré une relation avec Lanalia, cela aurait signifié que l'un d'entre eux s'était décidé à perdre le duel. Il n'avait jamais envisagé l'un des deux arrêter leur jeux. Mais la jeune femme paraissait à la fois triste et résignée dans sa manière de s'adresser au grand brun. Alors, en avait-elle assez de lui et de ses tentations ? Car il le savait, cet ultimatum n'était pas à prendre à la légère; Il connaissait assez Lanalia Winslow pour savoir que dès qu'elle se serait lassée de lui, elle irait courtiser un autre membre de la gente masculine, histoire de ne pas s'ennuyer.

Et Anton n'était à l'Académie que depuis une semaine. Tout cela promettait...

Anton réfléchit vite. Puis s'arrêta. Il prit une longue respiration puis deux. Il se rapprocha de la jeune femme et prit son visage entre ses mains.

- Je crois que tu as gagné cette manche...

Puis il l'embrassa doucement, rapprochant le corps frêle et délicat de la belle blonde vers lui. Cette manche oui, elle l'avait gagné. Mais le jeu était loin d'être fini. Il se recula lentement, tentant d'imaginer qu'elle pourrait être la réaction de la jeune femme.

J'avais presque totalement perdu espoir de remporter cette bataille quand il a finalement fait quelques pas vers moi, a posé ses mains de chaque côté de mon visage, a murmuré quelques mots et m'a finalement embrassée. Quand ses lèvres se sont posées sur les miennes, j'ai senti mon désir pour lui s'intensifier en même temps que la satisfaction d'enfin avoir gagné. Il m'a attirée à lui et j'ai collé mon corps contre le sien alors que notre baiser se faisait doux et agréable. Pendant un instant, un court instant, j'ai tout oublié et je me suis laissée transporter par notre étreinte. Je sais pas si c'est parce que je m'étais souvent imaginé cet instant ou tout simplement parce que nous avions tous les deux pas mal d'expérience, mais je crois que c'était parmi les meilleurs baisers que j'avais échangés dans ma vie. Peut-être étions-nous tout simplement un bon match!

Quand il a mis fin à notre étreinte et s'est éloigné un peu, j'ai fixé mon regard couleur émeraude sur lui, les lèvres entrouvertes par le désir et les joues rougies par l'émotion. J'en voulais encore. Alors je me suis servie, comme une enfant gâtée à qui tout serait dû. J'ai parcouru la courte distance qui nous séparait et je l'ai embrassé à mon tour en me hissant sur la pointe des pieds et en enroulant mes bras autour de sa nuque, m'amusant à goûter ses lèvres, à les mordiller et à agrémenter notre baiser de petits coups de langue. C'était passionné, enflammé, et j'exprimais à travers mon corps tout le désir que je pouvais avoir pour lui. J'avais envie d'aller plus loin, j'avais envie de cesser de penser et de me laisser complètement aller à cette luxure qui m'habitait et que je peinais parfois à refouler... Mais après quelques instants qui m'ont paru trop courts, je me suis détachée de lui et lui ai lancé un sourire espiègle.

- Tu vois, c'était pas si difficile...

Je voulais prendre le temps de savourer cette victoire. Ne pas tout conclure aujourd'hui. Poursuivre notre relation comme elle l'était, en continuant notre jeu, en se faisant languir. Continuer d'être amis, aussi. Je n'avais pas l'intention de me caser avec qui que ce soit et je n'avais pas envie que notre relation ne devienne qu'une histoire d'un soir. Maintenant que j'avais eu la confirmation qu'il me désirait aussi d'une certaine façon et maintenant que nous avions échangé ces baisers, la frustration que je ressentais tout à l'heure s'était assoupie et je me sentais de nouveau prête à tolérer le jeu.

Je l'ai regardé encore un moment, souriant toujours, avant de me retourner pour aller enfiler mon manteau.

- Merci pour la pizza, et pour le champagne... Et pour le reste, ai-je dit en lançant un clin d'oeil. À bientôt j'espère...

Et je suis sortie dans la neige, satisfaite.