La flèche ou la cible: choisir sa voie.

La réponse évasive de Megan me rassure quand même un peu. Je me doute que ce qu’elle a vécu continue de la hanter — je suis plutôt bien placé à ce niveau-là — mais sa réaction me laisse penser qu’elle ne s’avoue pas vaincue si facilement. Tant mieux. J’en profite pour passer à une autre situation : après son couplet sur le mensonge, je suis curieux de connaître sa réaction quand c’est le patient qui ment, peu importe ses raisons.

Je hoche la tête silencieusement à ses deux premiers réflexes. Le secret médical est toujours bon à rappeler, et effectivement, la menace de mourir simplement par excès de pudeur est généralement efficace aussi. La suite me fait rire, par contre. La torture, le véritaserum et la légilimancie ? Vraiment ? Je hausse les sourcils, riant de bon cœur.

— C’est pas très déontologique tout ça ! Plutôt invasif même. Bon pour la torture, je me doute que tu n’es pas sérieuse mais…

Je la regarde dans les yeux, et j’essaie de lui faire prendre le problème par un autre angle, tout en calmant mon hilarité.

— À ton avis, pourquoi un patient mentirait ?

Je me recule en écartant les mains, comme si la solution au problème était aussi simple que ça. En réalité, le souci n’était pas que le patient mente, mais bien de savoir pourquoi il se sentait obligé de cacher la vérité. Bon, à part si on a en face de nous un mythomane patenté, mais ça n’arrive pas bien souvent.

— Ne t’inquiète pas, le rassurer sur le secret et tout, ça peut marcher, mais ça dépend vraiment de la raison qui pousse ton patient à mentir.

Pour moi, c’est clair que la façon de s’adresser au patient dépend de la raison pour laquelle il ment — ou de la raison pour laquelle je pense qu’il ment. J’attends de voir quelles possibilités Megan peut envisager avant de lui donner davantage d’indices.

Elle n’a pas tort : ses méthodes sont efficaces, c’est juste qu’elles sont beaucoup trop agressives pour que ça puisse fonctionner à long terme. Je suis urgentiste et généralement mes patients ne me revoient plus jamais une fois que je me suis occupé d’eux, mais je pense qu’il y a quand même des limites à ne pas franchir, des choses à ne pas faire, ne serait-ce que pour ne pas aggraver un traumatisme déjà présent. Je ris parce que ça me paraît absurde et un peu simpliste ce que Megan me dit, mais surtout parce que dans le fond, elle a une réaction que beaucoup peuvent avoir. Guérir la machine, sans prendre en compte le reste de l’environnement. Hors, la médicomagie, pour moi, ce n’est pas que de l’anatomie. Sinon, je serais un mécanicien moldu.

Mon sourire me quitte, et je reprends une expression de professeur sérieux pour lui expliquer en quoi ses mauvaises idées sont effectivement mauvaises. Je sais qu’elle en a l’intuition, mais je doute qu’on le lui ait déjà dit clairement pourquoi ce n’était pas la meilleure chose à faire.

— Oui mais ça ne va pas t’attirer la sympathie du patient, ni l’aider à se calmer. Souviens-toi, le faire paniquer peut faire pire que mieux.

J’attends ensuite que Megan me dise à quoi elle pense quand je lui dis que le patient ment. Elle évoque pas mal de choses auxquelles je m’attendais, signe qu’elle est un cas moins désespéré qu’elle ne veut bien l’imaginer. J’essaie de faire le tri dans ce qu’elle me dit, en prenant chaque cas un par un.

— Bon, si c’est quelque chose d’illégal, qu’est-ce que tu peux faire ? Mettons, il s’est blessé alors qu’il agressait quelqu’un d’autre, tu réagis comment ?

Je marque une pause, avant de passer à un autre cas de figure.

— Mais s’il ne veut pas que sa famille l’apprenne… Comment tu peux faire pour éloigner la famille ? Que ce soit pour les protéger eux, ou se protéger lui-même, hein.

Et le dernier cas qu’elle a évoqué :

— Si c’est par honte, pareil, tu fais quoi ?

J’espère que je suis assez clair et que je ne l’ennuie pas avec ma façon de faire, parce que je ne vois vraiment pas comment le lui faire comprendre autrement que comme ça. Il y a même pas dix minutes, elle hochait la tête en disant qu’il fallait s’adapter au patient, mais là, finalement, c’est le même problème.

— Amener un patient à arrêter de mentir dépend beaucoup de la raison pour laquelle il ment. La méthode ne sera pas la même. J’ai aucun état d’âme à envoyer péter un patient qui ment juste pour sauver son cul et je devrais pas dire ça, mais s’il ment pour ça et qu’il y a des complications, j’en ai un peu rien à foutre. Tu vois, moi non plus je suis pas parfait et je déteste qu’on me fasse perdre mon temps.
Mais si le patient te ment à cause de sa famille ou autre… Là c’est différent. Je me dis qu’il cherche pas forcément à me prendre pour un con, donc je suis pas agressif dans ces cas-là.

Ça me paraît logique et bidon, mais je me dis que pour Megan ce n’est peut-être pas inutile de le formuler clairement. Après tout, si son réflexe c’est de torturer le premier patient qui passe… Elle n’allait pas avoir une très longue carrière !

La première réaction me semble être pas mal, alors je hoche la tête. Effectivement, rappeler qu’on n’est pas là pour juger peut-être pas mal. La pensée me fait sourire intérieurement : je ne me prive pas pour juger moi, mais bon c’est du détail. Bref, pour le cas du patient ayant quelque chose à se reprocher, c’est ok.

Pour la deuxième situation, je suis un peu plus perplexe. Ça dépend de quel est le lien de parenté, et de l’âge du patient bien évidemment, mais quelques scènes me reviennent en tête. Cette fois je ne pose pas de question : l’idée est de donner à Megan le plus d’éléments pour faire face.

— Parfois, les parents ou les proches refuseront. Parce que c’est un enfant, parce que c’est ma femme que je l’aime et qu’elle peut tout me dire… Bref, certains seront plus difficiles à virer que d’autres. Donc là aussi, sortir un mensonge peut simplifier les choses. “J’ai des examens à faire”, par exemple, en sous-entendant que pour préserver la dignité du patient, il est mieux qu’ils débarrassent le plancher. C’est dans ce genre de cas que t’apprends que le patient n’a pas eu un simple accident en concoctant une potion mais qu’on lui a balancé à la tronche et que le coupable est juste derrière la porte.

Je marque un temps d’arrêt. Bien sûr que c’est du vécu, et dans ces moments là, un sort d’insonorisation est très pratique. Parce que ce n’est pas la peine de s’échiner à guérir quelqu’un qui vous reviendra dans le même état, si ce n’est pire, dans quelques jours.

La dernière situation, Megan la rapproche de la première et j’avoue que là je ne suis pas d’accord. Mes sourcils se froncent un peu contre ma volonté, alors que je la laisse poser sa question. Rappeler que le mensonge peut entraver la guérison ? Oui, ça peut mais…

— La formulation est culpabilisante. “Tu mens, donc tu vas mourir”, sous-entendu “tu l’as mérité”. Je comprends l’idée derrière, mais si tu as quelqu’un en face de toi qui a honte de ses blessures, et qui est persuadé qu’effectivement, il les mérite, ça ne t’avancera à rien. Quelque chose comme “tu peux tout me dire” passerait sûrement mieux : tu ne le traites pas de menteur, juste de quelqu’un qui n’ose pas dire les choses.

Mais je conçois qu’il soit difficile de faire la différence entre le premier et le dernier cas… J’ai des exemples bien précis en tête, mais pour Megan ça doit être flou. Je soupire.

— Savoir quoi dire à qui, ça viendra avec l’expérience. Mais au moins tu sais qu’y aller frontalement n’est pas toujours la solution. Même si parfois, on en a vraiment envie, j’avoue.

Je souris doucement. Je pense qu’on a plus ou moins fait le tour, désormais.

— Des questions ? Au pire, tu peux m’envoyer un hibou, si quelque chose te tracasse mais que je ne suis pas dans les parages.

Je m’étire, mais je ne me relève pas pour autant. Un moment de silence passe, pendant lequel je me demande bien comment je vais pouvoir formuler ma prochaine question. Elle n’a rien à voir avec le cours à rattraper, et c’est bien ça le problème. Je m’éclaircis la gorge, un peu gêné, et je me lance enfin :

— Tu te souviens de notre arrangement ?

Ça me ferait un peu chier de le lui rappeler dans son entièreté mais je sais mieux que quiconque que la mémoire est un outil faillible et fragile.

Bien sûr, Megan devrait s’entraîner. Je ne sais pas comment, mais je me dis qu’elle trouvera bien un moyen. Au pire, je lui ferais quelques piqûres de rappel à propos de ce dont on vient de parler, si jamais elle faisait des faux-pas. Elle en ferait, ça ne fait pas de doute. On ne change pas ses habitudes aussi rapidement. Bref, maintenant que j’annonce qu’elle a rattrapé le cours et que c’est tout pour aujourd’hui, j’en profite pour lui rappeler qu’elle peut m’envoyer des lettres quand elle le veut. Évidemment, tout ce dont elle se souvient, ce sont de mes tribulations intestinales. J’éclate de rire.

— Ça va, merci de t’en préoccuper. Oh, et merci pour le string mais je confirme, Clemens n’en veut pas. À ce propos, si tu veux qu’on reparle de cette histoire de lingerie…

Je ne suis pas sérieux, et ça se voit. C’est bien pour ça que je ne continue pas ma phrase. À vrai dire, même pour moi, imaginer Megan à poil, c’était bizarre. Elle était plutôt bien faite, ce n’était pas ça la question mais… Non. Pas elle. Peut-être à cause de la clause clemensienne “pas mes proches” ? Sûrement. Ou peut-être juste parce qu’elle avait vraiment un caractère avec lequel j’avais beaucoup trop de mal. Ça la rendait moins sexy à mes yeux. Enfin, c’était sûrement le cadet de ses soucis.

Non, ce qui m’avait poussé à venir ici, dans la salle de duel, c’était cette histoire d’échange de sorts. Megan s’en souvenait elle aussi, et me posa la question sans détour.

— Si tu t’en sens capable, oui. Et… Je ne sais pas quel genre de sort je cherche exactement. Peut-être quelque chose de bien handicapant et de quasi-imparable. Ou alors quelque chose de plus propre qu’un Diffindo.

J’esquisse un sourire, me rendant bien compte que je l’avais passablement choquée avec la façon dont j’utilisais ce sort. Généralement, les gens s’en servaient pour ouvrir des murs, pas des gens. Chacun son truc. Enfin… Je soupire, et je me rappelle que c’est un échange.

— Et toi ? Un sort que tu voudrais apprendre ?

C’est quand même étrange de me retrouver là, comme ça, seul avec Megan, sans qu’aucun d’entre nous ne veuille sauter à la gorge de l’autre. C’est pas désagréable. Limite, ça devrait arriver plus souvent…

J’ai bien envie de taquiner Megan sur le fait que Clemens est bien plus sexy en boxer tout simple et que, de toute façon, le string est trop petit pour lui. Mais non, je me retiens. Pas par égard pour elle, ni même pour Clems, c’est juste que… L’endroit est trop étrange et les circonstances un peu trop graves pour que je me laisse vraiment aller. Elle aussi, puisque même si elle me taquine par courrier à propos de lingerie, elle fait moins la maligne quand elle est directement concernée. Je souris, mais je préfère attendre que les choses sérieuses débutent.

On n’est clairement pas là pour parler de lingerie, et le cours à rattraper n’était qu’un prétexte pour moi. Ce qui m’intéresse, c’est le répertoire de sorts de Megan. Elle me parle de celui qu’elle a lancé dans la Cabane Hurlante, que je ne connais pas du tout. Je suis surpris qu’elle me demande si je sais comment fonctionne ce genre de sorts. Que veut-elle dire par là ? Je fronce les sourcils, perplexe.

— C’est-à-dire ? Tu les lances et voilà, ou alors il y a autre chose à savoir ?

Megan n’est pas très explicite sur ce coup, et ça ne m’aide pas beaucoup. Enfin, ce sectumsempra pourrait être un bon début, du moment que c’était un peu moins amateur qu’un pauvre Diffindo. Si j’utilisais ces sorts, ce serait dans des situations extrêmes : il fallait que je sois sûr de pouvoir les lancer et de réussir. Je peux être un étudiant très appliqué, quand j’ai une bonne raison de l’être.

Et côté magie blanche, elle m’avoue qu’elle a du mal ne serait-ce qu’à lancer un sort de base comme un Impédimenta. Ok, je vois le souci. Il s’agit moins d’un problème de répertoire qu’une aptitude personnelle. Je hoche la tête.

— Ok, on va s’entraîner. À noter que lors de notre première rencontre, tu ne l’avais pas loupé, ton Stupéfix.

Je ricane, mais cet incident me reste quand même en travers de la gorge. Je comprends mieux sa méfiance désormais, mais sa réaction avait été clairement disproportionnée, dépourvue de toute subtilité. Et s’il y a bien un sort que je déteste, c’est bien celui-là. Ne pas pouvoir bouger, à la merci de quelqu’un qu’à l’époque je ne connaissais pas… Le souvenir me donne un frisson, et pour un peu, j’en bouillonnerais de nouveau de rage. Il valait mieux revenir à ce qui nous amène aujourd’hui. Je soupire.

— Comment je peux m’entraîner cela dit…?

Ah bah oui, je n’y avais pas pensé. Comme j’utilise principalement de la magie blanche, la plupart de mes entraînements ne sont pas bien dangereux et je peux utiliser un cobaye. Là, si c’était un genre de Diffindo, il valait mieux éviter de le lancer sur le premier venu.

Megan rit. J’ai dû dire quelque chose de drôle, sûrement, mais il faut bien avouer que si je lance des Diffindo pour dégommer des gens, c’est bien parce que les sorts offensifs ne sont pas mon point fort. Je suis doué en sortilèges, j’en ai même créé quelques uns, mais ils restent dans le domaine du mineur, du gentil, du mignon. La plupart du temps, c’est surtout pour rigoler avec mon frère, les sorts ne sont pas utiles en soi. Bref, je ne me considère pas comme étant un mauvais lanceur de sort, et qu’elle me demande si je savais comment en lancer un m’avait pris au dépourvu.

Et puis les explications viennent et je comprends un peu mieux. Comment motiver le sort, canaliser la magie vers l’objectif voulu. La colère, la rancœur… Ces sentiments ne me sont pas étrangers, mais sont-ils assez forts pour que je les utilise ? Je n’en sais rien. Sérieux, je laisse Megan parler et je l’écoute, notant mentalement ce qui pourrait m’être le plus utile. Sa conclusion efface tout le reste. Des souvenirs douloureux…? Quelle ironie, je me noie encore dedans. Si la douleur pouvait fonctionner pour lancer un sort, tout comme elle pouvait amener une bête blessée à se défendre jusqu’à la mort, alors je pense que je serais un excellent mage noir.

J’évoque la maîtrise de Megan en terme de magie blanche, peut-être mal à propos, peut-être pour retarder mon premier vrai contact avec une magie que, jusque là, je trouvais superflue et trop dangereuse pour être une véritable option. Évidemment, évoquer son stupéfix la gêne un peu. Je doute qu’elle s’en veuille cela dit, puisque notre relation n’a pas été cordiale depuis. Mais c’était quand même la honte d’accuser de mangemortisme un membre de l’Ordre. Rien que ça… Enfin, on a un problème plus urgent. Comment je vais faire pour m’entraîner ?

Les réponses de Megan ne tardent pas à fuser. Les objets, oui, mais pour les sorts de torture… Elle se propose en cobaye ? J’écarquille les yeux sous la surprise, ne m’attendant pas vraiment à une telle proposition. Je ne peux pas lui en vouloir, je suis le premier à offrir mon corps à la science quand il s’agit de s’entraîner, mais là on parlait de sorts vraiment violents… Cela dit, je ne peux pas questionner son consentement. Elle est parfaitement au courant de ce que ces sorts impliquent, et elle est pleine possession de ses facultés. Pourtant…

— Non Megan. C’est hors de question.

J’ai à peine noté le couplet sur le fait que le sectumsempra était un sort inventé par Rogue — mon cerveau doit l’avoir remisé dans un coin cependant — tant la perspective de lui lancer un sort mortel est surréaliste pour moi.

— Je suis peut-être guérisseur mais je ne fais pas de miracles. S’il t’arrivait quelque chose…

Oh, je ne serais pas triste, pas à un niveau personnel. Mais je connais au moins une personne qui m’en voudrait à mort. Et c’est hors de question de le perdre aussi bêtement.

— En fait, ma demande était stupide. J’apprendrai sur le tas pendant les missions. J’ai pas le choix. Alors à moins qu’il y ait un geste particulier…

Merde, je me rends compte que je suis dans une impasse, et que je ne peux que reculer. Soit j’utilise vraiment Megan comme cobaye, au risque qu’elle me claque dans les pattes, soit je me contente de la théorie en espérant que Roxanne soit ma meilleure alliée en situation réelle. Un soupir de grognement traverse mes lèvres, alors que je détourne le regard.

— Laisse, pour aujourd’hui on va s’en tenir à la théorie. T’es déjà pas complètement guérie, je me vois mal en rajouter.

Et encore, c’est partir du principe que les sorts que je lancerai fonctionneraient. Et c’est loin d’être assuré. Cette histoire d’échange s’avère bien plus compliquée que je ne l’aurais cru.

Je ne m’attends vraiment pas à une telle réaction. Megan qui me fout une tarte mentale en appuyant qu’elle a confiance en moi et qu’elle est convaincue que je saurais la soigner ensuite… Oui, je connais le contresort, mais quand même. Je soupire longuement, essayant de me faire à l’idée. Je sais qu’elle a raison, que d’apprendre sur le tas pouvait être extrêmement dangereux mais j’aurais l’air de quoi si elle me claque dans les pattes. Je dirais quoi ? ‘Oh désolé, je voulais juste devenir mage noir, j’ai pas fait exprès ?’ Non, il vaut mieux ne pas y penser.

Je serre les dents, et je me plie au conseil de Megan. Laisser les émotions prendre le dessus… C’est pas vraiment dans mes habitudes. Je sais que j’ai un énorme problème avec le contrôle, surtout quand je ne l’ai pas. Je déteste le perdre, et ce que je m’apprête à faire nécessite de lâcher la bride, ne serait-ce qu’un peu. Putain… Tout peut arriver.

Elle enfonce le clou et je hoche la tête en bon disciple. La théorie ne sert à rien : elle insiste pour que je lui lance un sort. Elle veut ce qui va lui arriver, alors je ne devrais pas avoir mauvaise conscience, si ? À sa place, j’aurais sûrement eu la même réflexion, les mêmes réactions. On n’est pas si différents, elle et moi. C’est peut-être pour ça que j’ai tant de mal à l’apprécier.

Et là, la réplique de trop. Quelque part, dans le fond de mon esprit, je me doute que c’est calculé. Que ce n’est qu’une provocation pour me mettre hors de moi, que je laisse la rage reprendre le dessus. Évoquer Neal en ma présence en disant qu’elle allait s’entraîner sur lui, dans le fond, ça n’avait aucun sens — d’autant plus qu’il est bien meilleur duelliste que moi. Mais c’est aussi exactement ce que j’attendais. Je mets ma conscience en berne, je la vois telle qu’elle m’est apparue ce jour où j’ai eu envie de l’étrangler pour son insolence et parce que je déteste qu’on se fout de ma gueule.

Le contrôle. Je dois le laisser sur le côté, l’abandonner, sans savoir si je serais capable de le regagner ensuite. Plonger, en espérant réussir à refaire surface. Plonger, et prier pour ne pas me noyer. Je ferme les yeux. Je respire. Je les rouvre, fixant Megan avec toute la rage dont je suis capable. Je plonge.

— Sectumsempra !

La baguette pointée vers Megan, je reste là, tremblant sous le coup de l’adrénaline. Je déteste cette sensation, j’essaie de respirer à nouveau, de garder mon calme… Et quelque part, j’espère que mon sort a échoué.