Emily Evan-Verres, "Tout se résout par une équation."

Été 1986, près d'un orphelinat de Londres dans une rue mal famée.

Une jeune femme s'avançait dans les rues sombres de Londres, en pleine nuit. Le bruit des voitures était presque inaudible, un silence complet était installé. Seules quelques gouttes d'eau tombaient du ciel, le temps semblant au rendez-vous pour ce que la femme allait faire.

Dans une sorte de panier-berceau, elle déposa un petit être blond qu'elle recouvra d'un fin tissu pour ne pas que la pluie soit directement sur lui. Elle toqua trois fois à la porte et appuya sur la sonnette, puis s'enfuit en courant à travers la rue. Cette personne n'interviendra jamais plus dans l'histoire. Personne n'a jamais su qui elle était, ni pourquoi avait-elle fait ça, mais elle semblait être la mère de cette petite fille encore bébé.

La porte s'ouvrit sur un visage fatigué. Une autre femme, les traits tirés et semblant plus vieille que la précédente, prit le panier et soupira de surprise en entendant des pleurs commencer à emplir la pièce.

Emily avait un an.

Hiver 1988, Foundling Hospital.

C'est encore une journée ensoleillée, à croire que la météo voulait contredire la position relative de la Terre avec le Soleil en cette période.

C'était ce que pensait Thomas Evan-Verres, jeune physicien ayant déjà pourtant une certaine renommée auprès du monde scientifique. Lui et sa compagne, Sophia Evan-Verres née Horrocks, se dirigeaient vers un orphelinat qui ne devait pas être très loin de leur habitation. Entrant dans ce dernier avec un sourire non dissimulé en voyant le chandelier digne des plus hautes maisons bourgeoises des anciens temps, le couple se heurta à un premier obstacle qui fut une file d'attente.

Ils se regardèrent quelques instants, se demandant comment on pouvait monétiser et banaliser à ce point l'adoption. Mme. Verres attendit alors son tour en compagnie de son époux, songeant à différentes hypothèses pour le contredire sur la valorisation de l'insémination artificielle.

"C'est artificiel, Thomas. Juste le nom t'informe sur le fait que ça ne soit pas naturel..." Commença-t-elle.

"On ne va pas recommencer, on a fait notre choix, enfin, j'ai suivi le tien, non ? J'ai beau être partisan du progrès scientifique en la matière, si tu n'es pas d'accord, on ne fera rien du genre. Alors arrête d'essayer de me convaincre !" Répondit le scientifique avec un léger sourire en coin.

Leur tour arriva assez vite, et ils furent confrontés à une femme aux traits tirés, mais avec un sourire bienveillant. La même qui recueillit deux années auparavant la jeune Emily. La discussion banale sur les origines des deux personnes, sur leurs aptitudes à élever un enfant, tout cela ne sera pas raconté ici. C'est lorsque la femme aux traits tirés reprit la parole pour les amener sur le côté que l'histoire commença.

"Vous vouliez une fille, c'est bien ça...? Celle-ci est blonde, et a trois ans. Elle a fêté son anniversaire le 25 novembre dernier, date à laquelle nous avons décidé de fixer son anniversaire... Elle s'appelle Emily." Dit-elle d'un seul coup en amenant avec elle une petite fille, semblant timide, mais néanmoins avec le nez scotché sur un livre pour enfant.

A cette vue, le professeur Verres ne put s'empêcher de sourire. Il s'accroupit devant la fille, et lui parla avec tendresse.

"Hey, Emily... Que dirais-tu de venir avec nous, dans notre maison ?" Proposa-t-il.

La petite fille d'abord se cacha derrière la directrice de l'orphelinat, puis hocha la tête vigoureusement pour dire oui, gardant son livre contre elle.

Été 1996, résidence des Evan-Verres.

Le professeur allait sortir de chez lui, lorsqu'il trouva une lettre sur le paillasson, avec un sceau rouge qui empêchait son ouverture. Il défit le sceau facilement, et commença à lire le contenu, qui lui fit s'envoler son sourcil. Il fit marche arrière et se dirigea vers la chambre de sa fille, en cognant distinctement trois fois.

"Tu peux entrer, Papa." Répondit la jeune fille, reconnaissant les trois coups distincts de son père qui prenait son temps entre chaque coup. Elle était à son bureau, semblant écrire vigoureusement. Elle se leva, déposant son stylo sur le côté et regarda son père en croisant les bras.

"Lis plutôt." Lui conseilla son père.

Emily fronça les sourcils, ne s'attendant pas à recevoir une lettre. Dans quel Univers pouvait-elle recevoir une lettre, de n'importe qui, alors que la technologie permettait déjà d'envoyer beaucoup plus rapidement et facilement des informations, et de façon plus sûre ? Il fallait que ce soit quelqu'un qui ne puisse pas envoyer de mail. Soit c'était une personne assez pauvre, soit quelqu'un n'ayant pas accès à la technologie. Elle ne connaissait personne du premier cas, ni du deuxième. C'était donc un inconnu ne connaissant pas la technologie ou n'y ayant pas accès.

Plus, la lettre était en parchemin, ce qui ne se faisait plus depuis longtemps. A moins d'un voyage dans le temps, rien ne pouvait justifier cela, à moins que...

"Est-ce une lettre venant des sorciers ?" Demanda-t-elle subitement, avant d'avoir commencé à lire. Elle avait entendu parler e ce genre de cas depuis que le secret magique avait été brisé. Son père se mit à sourire en coin et lui tapota sur la tête.

'Lis." Demanda-t-il à nouveau.

C'est ce qu'elle fit sans attendre. Elle aussi se mit à sourire en coin en voyant que sa déduction n'était pas totalement fausse, puis haussa les épaules.

"La magie n'a rien de scientifique, pourquoi moi... J'aurai des aptitudes certaines à manier une forme d'énergie intangible ?"

Le père soupira à nouveau et sortit simplement de la chambre en lâchant un "A toi de décider si tu veux t'y essayer ou non, Evan-Verres."