Meet me at the club and dance all night. [Megan & James]

Je n’étais pourtant pas quelqu’un qui faisait la fête tous les soirs, c’était même plutôt l’inverse puisque je passais visiblement trop de temps à étudier en oubliant de prendre du plaisir dixit mon professeur principal. Certes, n’empêche que j’étais souvent fourré au Dark Night. Fallait dire que je m’étais durant un certain temps, rendu là pour y retrouver le ténébreux, le gérant de l’endroit. En femme libérée, je m’étais octroyé du bon temps avec lui, sans même vouloir connaître son nom. Nous nous étions trouvés des surnoms et nous ne savions rien l’un de l’autre. Enfin… Si, j’en savais bien plus à son sujet qu’il n’en savait sur moi, et c’était d’ailleurs bien volontaire.

Même s’il était parti, je venais souvent là, pour décompresser. Les employés me connaissaient de vue, mais je n’avais jamais donné mon identité. Je n’y tenais pas particulièrement, plus par volonté d’être tranquille que par soucis d’anonymat. Bien entendu, les employés avaient compris ce qui s’était tramé entre le ténébreux et moi, puisque nous disparaissions souvent par la porte de derrière donnant au bureau puis à l’appartement du propriétaire, mais aucun ne m’avait fait le moindre commentaire.

Aujourd’hui et après une semaine difficile, je m’octroyais une pause que je m’estimais méritée. Me rendant au Dark Night, je m’avançais vers le comptoir, auquel je m’appuyais avant de demander au barman

« Une bouteille d’eau pétillante , s’il vous plait »

Oui, je ne prenais aucun risque. Il fallait dire que les rares fois ou j’avais bu, le résultat s’était révélé catastrophique et je préférais éviter le pire, même si j’avais juste prévu de m’amuser un peu. Le barman acquiesça et je regardais autour de moi en attendant qu’il m’apporte ma commande. Je me posais sur le premier tabouret de libre à côté d’un homme entrain de se saouler. Enfin non, c’était porter un jugement hâtif. Il buvait juste un verre de whisky à première vu. Il semblait pas vraiment dans son assiette et je cru le reconnaître. Je ne lui avais jamais parlé en fait, mais j’étais certain de l’avoir croisé dans les couloirs d’Haveirson. C’était un professeur, mais je ne me souvenais pas de sa matière. Métamorphose peut-être ? Runes ? En tout cas, il avait une tête d’intello.

Le barman me déposa mon verre d’eau pétillante en grande fille sage que j’étais et je bus quelques gorgées tout en essayant de me rappeler, ou plutôt deviner la matière qu’enseignait l’homme, tout en le regardant par moment dans l’espoir que ça m’aide à trouver.

Affalé comme il l’était au comptoir, et l’aspect peu soigneux qu’il dégageait actuellement ne lui donnait pas du tout l’air d’être un professeur. Il suffisait de voir ses cheveux en vrac, partant dans tous les sens pour le penser ivrogne à ses heures perdues. Enfin, cela étant, j’étais persuadé de l’avoir déjà croisé à plusieurs reprises à l’académie, même s’il était plus soigné là-bas.
Bref, même s’il ne semblait pas être en grande forme aux premiers abords, je ne m’en préoccupais pas plus que ça, ne souhaitant – pour une fois – ne pas m’occuper de ce qui ne me regardait pas.

J’otais ma petite veste pour la laisser reposer sur mes genoux et je me concentrais sur la musique. Je n’étais pas une grande fan de musique, mais j’étais assez ouverte à tous les genres et de ce fait, je ne rechignais pas à écouter des morceaux qui ne me plaisait pas forcément. Alors que je regardais mon verre en me vidant l’esprit, l’homme installé à côté me parla. Je relevais mes yeux pour les ancrés dans les siens alors qu’il se présentait. Professeur de Psychomagie ? Je me retins d’éclater de rire. Jamais j’aurai cru qu’il était un expert dans ce domaine, les apparences étant vraiment trompeuses, et contre lui ce soir.

« -Megan O’Neill. Effectivement, j’suis étudiante à Haveirson, et je suis là pour… me détendre. Je suppose qu’on peut dire la même chose pour vous, n’est-ce pas ? »

Je lorgnais un rapide coup d’œil vers son verre de Whisky pour lui faire comprendre pourquoi je pensais cela. En général, l’alcool servait à ça pour la plupart des gens. Bien sûr, c’était qu’une partie de la population et quant-à moi, si je ne m’abandonnais pas à ces boissons, c’était surtout pour être certaine de garder le contrôle de mes actes et de mes paroles.

« -On dirait que vous êtes au bout de votre vie… » commentais-je calmement en gardant mon regard dardé sur lui.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, je comprenais parfaitement le sentiment que ressentait James. Toutefois, la monotonie chez moi n’en était pas vraiment une. Certes, je passais énormément de temps à étudier pour compenser mes absences, notamment lorsque je m’absentais pour les missions de l’ordre. Pour moi, risquer ma vie et participer à toutes sortes de mission en était devenu monotone au point d’en être lassée. Il y avait bien l’adrénaline dans les affrontements, mais même cela me paraissait beaucoup plus fade à présent et j’avais aussi le sentiment de n’être qu’un pantin, sauf que moi, je connaissais mon marionnettiste ; Dumbledore.

« -Au fond ce n’est pas ce qu’on est ? Des marionnettes ? » Dis-je doucement, d’un ton presque fataliste.

Je portais mon verre à mes lèvres après avoir croisés mes jambes l’une sur l’autre. Finalement, je comprenais son besoin de boire pour se changer les idées, et s’il tenait l’alcool, tant mieux pour lui, autant qu’il puisse ne profiter.

« -Tant que vous vous mettez pas à geindre, » commentais-je amusée.

Il n’avait pas franchement l’air de se lamenter, il avait juste mis les mots sur son ressentiment. Mais son allure négligée donnait pourtant l'impression du contraire. Après un coup d’œil autour de nous, mon regard se posa à nouveau sur lui et je lui demandais.

« -Pourquoi ne pas faire en sorte de sortir de votre monotonie plutôt que de la subir ? Je veux dire, ce n’est pas les occasions, ni les idées qui manquent non ? »

Après tout, en tant que professeur, il pouvait se permettre des choses que les étudiants ne pouvaient pas – mais qu’ils faisaient quand même – et j’avais bien deux trois idées en tête à lui conseiller s’il voulait mettre un peu de piquant dans sa triste vie ?

« Si vous voulez un peu d’action, aventurez-vous dans les sous-sols de l’académie, vous y trouverez de quoi apprécier votre monotonie quotidienne ! » Dis-je un peu moqueuse.

Le Labyrinthe avait été un véritable enfer à vivre et à subir. Je m’y étais rendu deux fois, mais je ne tenais pas vraiment à y retourner. Je préférais encore me retrouver en tête à tête avec Voldemort pour un dîner romantiquement-incorrect que de me retrouver une fois de plus là-bas.

Mes yeux restaient posés sur mon interlocuteur alors qu’il avait pris ma remarque sur les marionnettes comme une intention philosophique, du moins me semblait-il. Je n’étais pas vraiment venu ici dans le but de débattre de ce sujet, surtout que chacun avait son propre point de vue et son propre vécu. De ses paroles, je ne retins que le fait qu’il semblait penser qu’on avait le choix et là encore, je n’étais pas franchement d’accord. Certains n’avait pas le choix enfin, si, mais choisir entre mourir et subir, c’était un choix plutôt drastique.

« - Entre mourir et se laisser guider par quelqu’un qu’on méprise, vous parlez d’un choix. » dis-je doucement en cessant de le regarder.

Je ne faisais pas vraiment allusion à moi, même si en effet, c’était un peu le choix qui s’offrait à moi. Mais je n’étais pas la seul dans cette situation. Nombreux étaient ceux qui étaient devenus les pantins de Voldemort ou de Dumbledore par soucis de survie et non par véritable choix.

La discussion ayant dévié sur le labyrinthe, je fronçais les sourcils. Parlait-on du même labyrinthe ? Je n’avais pas le souvenir d’avoir affronté mes pires peurs, ni celles de mes acolytes du moment d’ailleurs, juste des évènements effrayants et imprévisibles, mais rien que je ne redoutais clairement. Avait-il eu affaire à ses propres craintes ?

«- Attendez ? Vous vous y êtes aventurer et ce sont vos pires craintes qui se sont dévoilés à vous ? » demandais-je vivement en le coupant, tout à fait intéressé par cette nouvelle.

Je réfléchis à toute vitesse aux possibilités qu’apportait cette trouvaille, en regardant fixement un point invisible. Si c’était le cas, pourquoi ma pire crainte ne s’était pas dévoilée ? Ni celles de Quinlan, de Clemens ou Rowan ? C’était pas vraiment logique. A moins qu’il s’y était aventuré seul ? Peut-être que le labyrinthe ne pouvait pas définir les pires craintes s’il y avait plus d’une personne ? J'en oubliais carrément le reste de sa phrase qui aurait pu lui permettre de se divertir un peu.

Je perdais presque mon entrain lorsqu’il m’avouait ne jamais s’y être aventuré. Ce n’était simplement que dés faits qu’on lui avait relaté. Toutefois, connaître l’identité de cette personne pouvait peut-être m’être avantageux. Il me suffirait de l’interroger pour en savoir plus sur son vécu dans le labyrinthe afin de rassembler les pièces du puzzle et résoudre enfin ce fameux mystère.

« - Pouvez-vous me révéler l’identité de l’étudiante qui vous en a parlé ? J’aimerai m’entretenir avec elle à ce sujet prochainement ? » Lui demandais-je d’une voix posée.

Puisqu’il ne s’y était encore jamais aventurer, il valait peut-être mieux pour lui que ça reste comme ça, au moins ça lui éviterait des nuits bercées au rythme de cauchemars récurrents comme ce fut le cas pour beaucoup de ceux qui s’y était aventuré.
Je le regardais un peu sceptique à la suite de cette question. L’alcool avait-il déjà commencé à faire son effet ? La réponse était pourtant évidente non ? Si je lui avais suggéré le labyrinthe et si je m’y intéressais autant, il ne faisait aucun doute que je m’y étais déjà aventuré, n’est-ce pas ? Visiblement, ce n’était pas si évident que cela puisque le professeur Dewitt me posait la question. J’acquiesçais d’un signe de tête, doucement avant de répondre à sa question.

« -Oui, j’y suis déjà allé. Et ce qu’on y trouve ? Bah ça dépends. Un peu de tout. Des piscines de cadavres, des colosses qui essaie de nous étrangler, du brouillard, des ombres avec des poignards, bien réel eux. Et ce foutu tic-tac qui retentit, ça met dans l’ambiance de suite ! » Résumais-je un peu pour lui donner une idée.

Je le regardais avant de laisser un sourire en coin se figer sur mon visage.

«- Ce qui est sur, c’est que pour casser la monotonie, y a pas mieux. Et puis, ça peut être marrant parfois… » dis-je en songeant à y piéger Anton Costello pour ses manières déplorables.

Je n’avais rien contre le professeur Dewitt, il m’apparaissait même sympathique, du moins plus sympathique que la plupart de ses confrères. En fait, je n’avais pas un bon feeling avec la majorité des professeurs, je pense que mon côté un peu rebelle et déterminé à n’en faire qu’à ma tête n’aide pas vraiment à instaurer un bon lien avec eux. Quant-à discuter du labyrinthe, nous pourrions certes, mais j’ai la conviction que seul ceux qui s’y sont aventurés peuvent comprendre cette discussion. C’est loin d’être une banalité, et l’ambiance qui règne là-bas est juste… indescriptible.

«-Vous aventurez seul dans le labyrinthe pour une première fois, je vous le déconseille effectivement de vous y aventurer seul, même si après réflexion, je pense que s’y aventurer seul pourrait ouvrir d’autres possibilités d’hypothèses ou d’éclaircissement sur certains points. »

Je fronçais les sourcils à la description de James. Déjà, c’était une fille. Ça éliminer la moitié des étudiants. Sachant qu’elle suivait le cursus de psychomagie, cela devait encore mieux réduire les possiblités. Toutefois, sans la liste des étudiants en psychomagie, je n’irai pas bien loin. Je me promis donc de regarder ladite liste, plus tard.

« Pour le moment personne n’est mort. Enfin officiellement… C’est vrai qu’il y a quelques étudiants ou professeur qui ont disparus de la circulation mais rien qui ne soit lié au labyrinthe… Du moins je crois. » Dis-je lorsqu’il fit référence à sa tête séparer de son corps.

J’étais qu’à moitié sérieuse lorsque je prononçais cette phrase. En réalité, je n’avais jamais fait le rapprochement entre le départ soudain d’élèves ou de professeurs et le labyrinthe. Toutefois, maintenant que j’y pensais, ça pouvait avoir un lien entre eux.
Et là, contre toute attente, je vois le professeur Dewitt se lever pour danser. Je reste incrédule quelques secondes. Il était sérieux ? Bon maintenant qu’il était debout j’allais pas lui coller un vent – même si l’idée sadique m’était apparue à l’esprit une fraction seconde -, après un court instant de méfiance, j’acceptais en mettant ma main dans la sienne. Après tout, c’était juste pour s’amuser un peu et lui comme moi avions bien besoin de nous détendre un peu.

« Pourquoi pas, avec plaisir ! »

Une fois debout nous parcourûmes quelques pas pour aller sur la piste de danse…

{je te laisse choisir quel type de danse tu veux XD}

La discussion autour du labyrinthe prit fin. Non pas que le sujet n’était pas intéressant, mais le professeur Dewitt n’avait visiblement aucune véritable connaissance de ce qui s’y passer là-bas et ne pouvait donc rien m’apprendre de nouveau. De plus si nous avions désertés Haveirson, ce n’était pas pour en parler toute la soirée. Nous étions venus au Dark Night en priorité pour nous changer les idées.

J’avais accepté la proposition du professeur à mon plus grand étonnement. J’étais pourtant pas du genre à accepter la proximité d’inconnus, ni même de personne que je connaissais un peu d’ailleurs. La musique à une résonnance latine. Je ne comprends pas les mots, mais ce n’est pas bien important. Je le laisse me guider, même si je me rends compte que ce n’est pas une danse latine. Ce n’est pas bien grave, je m’adapte. Et puis, il reconnait qu’il n’est pas un excellent danseur. Je ne dirai pas ça. Il danse très bien, il ne connait juste, pas toutes les différentes danses qu’il existe. Ce qui est normal, et totalement humain.

« Vous vous débrouillez bien, pourtant, certes ce n'est pas la danse qu'il convient de danser sur cette chanson, mais c'est pas choquant pour autant.» admis-je en suivant le rythme qu’il m’imposait.

En danse, je me débrouillais. Je n’étais pas une as, donc c’était bien pour ça que je ne me permettais pas le moindre commentaire, mais je savais suivre un rythme. C’était bien l’un des rares avantages qu’il y avait à être une femme. Si nous étions mauvaises danseuses, nous pouvions accuser notre partenaire de danse d’être celui qui nous enduit en erreur !

« Je peux vous posez une question ? Si vous êtes psychomage, pourquoi avoir choisi de venir à Haveirson ? » demandai-je à un moment où nous étions proches l’un de l’autre pour qu’il m’entende malgré la musique.