Maison des O'Neill - Colorado Springs - Colorado - USA.

Temporaire.

Ce mot commençait par me taper sérieusement sur le système, tellement je l’avais entendu ses trois dernières semaines. « C’est temporaire » me disait-on à tout va. « Vous remarcherez, n’ayez crainte, la paralysie n’est que temporaire.», «  Vous aurez besoin d’aide pour les gestes du quotidien, mais c’est temporaire… » et maintenant, mon père s’y était lui aussi mit, « Tu veux que j’t’installe ta chambre dans le bureau pour ne pas que tu ai à transplaner tout le temps au premier ? Temporairement   », « Je sais que tu ne veux pas être dépendante alors temporairement on pourrait… » Je n’ai rien répondu, parce que la seule chose qui m’a effleuré l’esprit à ce moment là, c’est pas «  merci papa », mais plutôt « MERDE », et comme j’ai pas envie de m’engueuler avec mon père, je préfère jouer au roi du silence,   temporairement bien sur.

J’ai préféré rentrer aux Etats-Unis dés que les médicomages m’ont autorisé à quitter Ste Mangouste. J’avais besoin d’air et surtout de retrouver Kylian et Hugo. Mon père avait tout organisé pour mon retour et avait fait, tous les jours des aller et retour entre les Etats-Unis et l’Angleterre pour me voir, ayant pris un congé auprès de sa base ou il était un des hauts-gradés. J’avais beau eu lui dire que ce n’était pas nécessaire, il l’avait quand même fait. Et voilà que depuis six jours, nous cohabitions sous le même toit et le moins que l’on pouvait dire, c’est que ce n’était pas une mince affaire. Mon père et moi n’avions plus vécu ensemble depuis mes huit ans, et nos deux caractères étant similaires, c’est parfois explosif. Comme l’as dit mon grand-père, « mettez deux fortes têtes ensemble comme vous, et j’suis pas sur que la maison soit toujours debout la semaine prochaine. » Il n’a pas totalement tort, on a bien failli faire exploser deux ou trois fois la maison déjà, et ça ne fait pas une semaine qu’on vit sous le même toit.

La maison est grande, fort heureusement. On peut donc s’éviter durant quelques heures le temps que les tensions redescendent.  J’aime cet endroit. Ce n’est pas la maison ou Charlie est mort, mais l’une des anciennes maisons que mes grands-parents paternels – décédés d’ailleurs -  on fait construire quelques années avant leurs morts. Mon père en a hérité et ça lui a permis de s’éloigner de la maison on le drame s’est produit. Ce n’est pas plus mal. La maison se trouve dans un quartier résidentiel de Colorado Springs, elle est simple, grande et fonctionnelle. Une maison typiquement américaine. Mon père y vit la plupart du temps depuis qu’il s’occupe de mes jumeaux, et de temps en temps il part au chalet, son havre de paix comme il l’appelle.

La grande bâtisse, puisqu’elle n’est pas petite est sur une structure en pierre, puis en bois, blanche qui possède deux étages en plus du rez-de chaussé.

Maison des O'Neill:

Mon père à réaménagé le grenier en fait, mais il interdit à tout le monde d’y pénétrer. C’est d’ailleurs pour ça que j’y ai accidentellement transplané. J’ai rapidement compris pourquoi.  Hormis son téléscope, et ses livres sur l’astronomie, il y a surtout un coffre-fort ou… j’ai accidentellement lancé un alohomora dessus. Le gros avantage que je pensais avoir sur mon père, c’est qu’il vit tellement à la moldu que j’étais persuadé qu’il avait oublié qu’il était sorcier. En ouvrant le coffre-fort, j’ai découvert qu’il y rangeait son arme de service et j’ai compris. Il nous interdit de monter au grenier parce qu’il a peur que l’histoire se répète. J’ai juste eu le temps de soupirer que mon père, - qui était d’ailleurs censé être en courses à cette heure-ci – m’a  attrapé et m’a fait transplaner au salon directement avant de repartir vers le grenier. Il avait pas mis d’alarme sur le coffre, mais juste une alarme anti-intrusion dans la pièce…. Je vous laisse imaginer la suite…

Bref, tout ça pour dire que je suis aujourd’hui, chez mon père cloué dans un fauteuil roulant – Il ne faut pas oublier que je suis dans un quartier résidentiel moldu – et je suis dans le jardin avec mes deux garçons qui  prennent leur goûter sur la table de jardin en bois sous mon regard attendrit. Parce que bon, même si ce n’est pas tout rose en ce moment pour moi, ils me donnent quand même la force de me battre et je peux qu’apprécier ces moments là, et je souris en aidant l’aîné à ouvrir son jus de fruit…

Les jumeaux ne se ressemblaient pas beaucoup. Quoi de plus normal quand on savait que ce n’était pas des jumeaux ?  Mais pour ceux qui l’ignoraient – c'est-à-dire tout le monde à part moi et Severus -  cela paressait étrange à leur yeux que des vrais jumeaux aient autant de différence l’un envers l’autre.  Cela n’avait pas d’importance à mes yeux, il n’y avait pour moi, aucune différence entre Kylian et Hugo, je les aimais tout autant l’un que l’autre.

Les Jumeaux:

Et puis… mon père est allé ouvrir la porte d’entrée, puisque la sonnette venait de retentir…

Dean venait de passer plusieurs jours au chevet d'Aliénor. Ses jours n'étaient vraisemblablement plus en danger. Ce n'était pourtant pas gagné considérant la situation dans laquelle elle s'était retrouvée, sans parler de son état physique lorsqu'il l'avait revue. Mais tout avait plutôt bien fini. Seulement quelques égratignures pour lui, un peu plus pour Aliénor. Pour cette raison pour rattraper le temps perdu, il était resté dans la maison de la française afin de veiller sur elle. Et, malgré les blessures, cela avait été de super jours passés en sa compagnie. Ils avaient beaucoup discuté, rigolé, ils s'étaient baladés. Bref ils étaient toujours ces deux amis de Beauxbatons, le temps n'ayant pas réellement atténué quoi que ce soit entre eux.

Il n'était pas pressé de retourner en Europe. Rien d'urgent ne l'y attendait. Il allait donc profiter de sa présence aux Amériques pour voir des amis. Il avait donc commencé avec ses amis du village amérindien dans lequel il avait passé un an. Il aurait souhaité profiter de leur compagnie plus longtemps. Mais il y avait une personne, qu'il savait pour sûr ici, qu'il devait aller voir. Il n'avait donc passé que deux nuits dans le village, qui se trouvait sur sa route, entre la maison d'Aliénor et celle ... de Megan. Car oui, tant qu'à être de l'autre côté de l'Atlantique, il allait profiter pour aller la voir. Elle n'était toujours pas réveillée de son coma lorsqu'il avait du quitter le Royaume-Uni pour le Québec et il n'avait pu la revoir depuis. Il avait quand même été prévenu qu'elle rentrait chez elle, aux Etats-Unis. Ils avaient besoin de parler. Lui tout du moins. Il était persuadé qu'ils avaient encore des choses à se dire. Il redoutait quand même le moment où ils en viendraient à parler de choses sérieuses, d'eux notamment. Il savait d'avance que le ton de la discussion monterait. Connaissant Megan, il ne pouvait en être autrement. Mais il n'avait pas dit son dernier mot, que ce soit pour leur couple ou pour sa volonté de l'aider, et il essaierait tant qu'elle voudrait de lui.

Il était donc revenu à Montréal pour prendre un Portoloin pour les Etats-Unis. Il avait du trajet à faire et ça aurait vraiment été trop long sur un balai. Même s'il avait récemment investi dans un meilleur balai, il fallait avouer que ce n'était pas toujours le moyen de transport le plus agréable et le plus rapide. Mais c'était, certes, le plus économique. En l'occurrence, la distance était vraiment longue à parcourir en balai et il n'avait pas vraiment le courage de le faire. Il préférait dépenser une partie de ce qu'il lui restait pour rejoindre Megan plus rapidement.

Il venait de prendre le dernier Portoloin. Pour ce qu'il restait, il le ferait en grande partie en balai. La dernière partie se fera à pied, pour éviter de révéler leur existence aux Moldus, tout juste replonger dans le Secret. Il sortit donc son balai de son sac magique, l'enjamba et décolla. Il savait qu'il en aurait pour une petite heure à partir d'ici. La protection d'invisibilité s'activa rapidement et il pouvait ainsi voyager tranquillement, sans être vu des Moldus.

Après 45 bonnes minutes, il se trouvait au dessus de Colorado Springs. Il diminua son altitude tout en restant invisible. Il cherchait la maison de sa camarade des Abraxans. Du moins, il cherchait l'adresse qu'il avait pu trouver. Il utilisa une boussole magique, ce qui lui permit de trouver son chemin plus rapidement. Cet objet magique était l'équivalent du GPS moldu, mais ne fonctionnait qu'à plus courte portée. Hélas pour le jeune homme, il n'avait jamais véritablement appris à vivre parmi les moldus, à utiliser leurs objets, etc.

Il se posa dans une zone plus lointaine, le quartier résidentiel lui semblant trop risqué pour atterrir sans être vu, surtout à cette heure de la journée. Il rangea rapidement son balai et ne garda que la boussole dans sa main gauche. Il gardait sa main droite libre pour pouvoir saisir sa baguette. Il n'était pas serein et il n'avait jamais mis les pieds dans ce pays. Il marcha quelques temps avant d'arriver devant la maison de la famille O'Neill. Il était enfin arrivé. Il n'avait plus qu'à franchir les quelques mètres qui restaient. Il rangea sa boussole et alla jusqu'à la porte. Il chercha un heurtoir sur la porte mais n'en trouvait pas. Il resta quelques instants devant la porte à chercher comment montrer sa présence. Comment les Moldus faisaient donc ? Il remarqua un petit bouton sur le côté de la porte et se dit que ce pouvait être ça. Il appuya dessus et entendit un son à l'intérieur. Il devait avoir deviné juste.

Une personne vînt lui ouvrir la porte. Il s'agissait d'un homme, droit, qui avait l'âge pour être le père de Megan. Il considéra comme acquis qu'il devait l'être, sauf s'il s'était trompé d'adresse. Le jeune homme prit la parole :

- Bonjour Monsieur O'Neill. Je m'appelle Dean Watkins. Je m'excusez de vous importuner en cet après-midi mais : Est-ce que Megan est ici ? Je suis un de ses amis et j'aimerais voir comment elle va.

Jonathan O’Neill n’était pas un  homme très accueillant aux premiers abords.  Il fallait dire que la vie avait été particulièrement difficile avec lui. L’homme avait des cheveux couleurs poivres, un regard chocolat, et un physique plutôt banal, bien qu’athlétique pour son âge. Rien de bien surprenant vu son métier, un militaire dans toute sa splendeur.  Megan avait hérité du physique gracieux de sa mère, quant-à son caractère, on pouvait dire que les chiens ne faisait pas les chats ou bien tel père, tel fille dans cette situation. Jonathan O’Neill avait un fort caractère. Il maniait aussi bien le sarcasme que l’agressivité, il était autoritaire, têtu à la limite de l’obstination et froid. Mais il n’en était pas moins humain, et s’il y avait bien quelque chose qu’on ne pouvait pas lui reprocher, c’était son côté protecteur, surtout depuis que Megan était revenu dans sa vie.

Le père de Megan:

Il y avait quelque chose qu’il recherchait constamment, c’était des réponses. Autant sur la vie de Megan durant ses années d’absences que sur l’identité du père de ses enfants. Parce que s’il y avait bien une chose que Jonathan n’aimait pas, c’était bien les hommes incapables d’assumer leurs actes et de laisser une jeune fille – En l’occurrence la sienne – se débrouiller seule pour élevé deux enfants en bas-âge. Après, il aimait son rôle de grand-père, même s’il ne s’était pas attendu à l’être si rapidement, mais il rêvait quand même de choper le paternel de ses petits-enfants et de lui faire passer l’envie  de recommencer avec une autre. Enfin, il gardait ses intentions bien au chaud pour lui, parce que les rares discussions qu’il avait eu avec sa fille, il avait fait chou blanc. Soit elle se murait dans le silence dés qu’il l’interrogeait sur le géniteur, soit elle s’énervait, l’envoyait bouler ou partait faire un tour. Alors lorsque Jonathan O’Neill ouvrit la porte cet après-midi là, il en resta quelques secondes interdit.

Il était face à… Un de ses don Juan jeune, beau et athlétique qui devait probablement avoir du succès auprès des filles. Mais s’il y a bien quelque chose qui lui frappa aux yeux, c’était surtout sa chevelure blonde et ses yeux bleus.  Il avait toujours trouvé étrange que les jumeaux n’est  que des traits communs avec leur mère. Il n’avait jamais pensé à l’éventualité que si les jumeaux était tout deux blonds  aux yeux bleus – Sauf Hugo qui a les yeux marrons -  avait autant de similitude avec leur mère parce que leur père pouvait être aussi blond aux yeux bleus. Et là, se tenait devant lui le parfait candidat pour ça. Par conséquent, Dean fut accueillis par le visage froid et grognon, peu amène à la discussion de Jack O’Neill.

«-Un ami hein ? Voyez-vous ça ? » Grogna-t-il, «  rentrez! » ordonna-t-il sur un ton sans appel.

Loin de lui l’idée de le faire fuir alors qu’il tenait enfin peut-être le géniteur des jumeaux. Et il avait bien la ferme intention de lui faire comprendre son point de vue après s’être assuré qu’il était bien celui qu’il croyait.  Pour cela, il n’avait pas le choix, il devait confronter Megan et cet homme afin de jauger leur réaction et d’agir en conséquence.

« Vous connaissez ma fille depuis longtemps ? » Demanda Jack sur un ton dur afin d'en savoir un peu plus, tout en marchant dans le couloir menant à la cuisine, ou la porte donnant directement sur le jardin, se trouvait.

S'il y avait bien une chose à laquelle ne se serait pas attendu en venant chez Megan, c'était bien à un tel accueil de son père. On ne pouvait, en effet, pas dire qu'il était le plus accueillant des hommes. Et bien qu'il eut l'autorisation de rentrer, le français n'était vraiment pas en confiance. Pourquoi le patriarche O'Neill était-il ainsi ? Que pouvait-il bien penser sur lui pour le dévisager de la sorte ? Il ne connaissait pas l'homme et Megan ne lui avait jamais donné un quelconque indice sur ce qu'elle lui racontait. L'Abraxan était donc bien perdu dans tout cela. Il ne savait guère quoi penser, ni même comment réagir face à de telles hostilités. Il analysait absolument tout ce qu'il pouvait histoire de démêler tout ça et comprendre enfin quelque chose. Il refusait de croire que le père de Megan se comportait ainsi au quotidien. Il cherchait donc un sens à tous les mots qui pouvaient sortir de la bouche du plus âgé. Et, hormis l'animosité, il n'arrivait à percevoir quoi que ce soit qui vaille. Il allait devoir faire autrement.

Dean prêtait un œil au décor de la maison qui s'offrait à lui. C'était une charmante maison américaine comme tout un chacun pouvait se l'imaginer, la parfaite maison américaine bien ancrée dans l'imaginaire collectif. Il avançait, suivant le père de Megan dans le couloir qui, il l'espérait, le mènerait jusqu'à la belle blonde qu'il était venue voir. Lorsqu'il entendit la question provenant de l'américain, il s'arrêta. Décidément, il y avait bien quelque chose. Il subissait un interrogatoire. Tout se déroulait, depuis qu'il avait appuyé sur ce petit bouton bizarre à l'entrée, comme dans une enquête policière : c'était comme s'il était suspecté de quelque chose de mal et qu'il était maintenant interrogé pour découvrir ses pensées, ses actes. Le français n'était pas du tout en confiance. Il craignait de ce qui pouvait arriver à tout instant. Et il était persuadé qu'il lui manquait une ou plusieurs informations capitales pour comprendre le comportement de l'homme. Il répondit :

- Cinq ans, depuis mon arrivée à Poudlard en fait. Je ne connaissais pas grand monde mais j'ai aidé votre fille à se sortir d'une mauvaise situation dans laquelle elle s'était retrouvée. Après, j'ai surtout veillé, avec une autre jeune fille, sur elle pour éviter que cela n'arrive à nouveau. Cela dit, nous nous sommes véritablement rapprochés depuis la rentrée à Haveirson.

Il n'en ajouta pas plus. Il n'osa pas lui demander pourquoi toutes ces questions, pourquoi était-il si suspicieux envers lui alors qu'il devrait être content de voir que quelqu'un se soucie à ce point de sa fille. Que pouvait-il donc bien s'imaginer ? Cette petite visite commençait décidément bien mal, très loin de ce qu'il avait pu imaginer. Et encore, ce n'était pas gagné. Si le père agissait ainsi, il redoutait de comment réagirait la fille. Après tout, elle avait bien rompu avec lui et il ne savait pas si elle souhaitait le voir auprès d'elle. Pourtant, il espérait qu'elle avait lu sa lettre et qu'elle avait compris ce qu'il ressentait pour elle. Au fond de lui, il espérait qu'il en soit de même pour elle. Il restait persuadé qu'elle n'avait pas rompu avec lui parce qu'elle ne l'aimait pas, mais pour une toute autre raison, et il comptait bien la découvrir. Et l'autre raison pour laquelle il redoutait de la voir était le sujet qu'ils aborderaient. Il savait que ce serait un sujet assez agité entre eux, qu'il y avait de fortes chances qu'ils s'engueulent, mais ils passeraient par là. Les choses ne pouvaient pas continuer ainsi. Il ne pouvait rester les bras croisés en regardant Megan courir à sa propre perte, chose inévitable à ses yeux si elle continuait sur ce chemin. Il fallait qu'il l'aide à vaincre ses démons du passé !

Si Megan et Jonathan avait bien quelque chose en commun, c’était bien leur caractère. Tout deux avaient érigés une véritable muraille afin de cacher leurs sentiments et faire face aux épreuves. Toutefois, si Jack était aussi peu accueillant envers un « ami » de Megan, c’était bien parce qu’il ne l’avait jamais protégé comme il aurait du le faire, trop occupé à fuir et à se lamenter sur la perte de son fils pour se rendre compte que sa fille avait eu besoin de lui. Et maintenant que Megan était revenue dans sa vie, il avait bien l’intention de veiller sur elle comme elle le méritait, et si cet homme était le père des jumeaux de Megan, il allait passé un sale quart d’heure. Les questions le font réfléchir, et il s’arrête. Jack s’arrête en retour et se tourne vers lui encore plus grognon de constater qu’il ne peut pas faire deux choses en même temps.

« Avancez, elle est dehors dans le jardin »

L’interrogatoire, puisque c’était tout comme, était lancé et les réponses étaient loin de convenir au patriarche O’Neill. Alors qu’il pénétrait dans la cuisine au style purement américain, Dean entreprit de lui répondre. Jack ouvrit la porte menant au jardin laissant passé Dean en premier. Sauf qu’une fois dehors et ayant obtenu fait le rapprochement entre le temps qu’il connaissait Megan, le physique et sa présence ici, il l’attrapa par le haut de son T-Shirt le tirant fermement et l’obligeant à se retourner pour lui faire face. « Alors c’est vous ? » gronda-t-il prêt à lui remettre les idées en place. Sérieusement il l’avait aidé en la mettant enceinte ? Dire que Jonathan O’Neill songeait à lui faire bouffer ses testicules étaient un euphémisme.

Seulement voila, ils étaient dehors, et donc Megan réagit comme elle put…

J’étais occupé avec les jumeaux, comme à chaque fois que je venais aux Etats-Unis. Hugo me raconter ce qu’il avait fait chez son oncle Logan alors que Kylian se contenter de mangeait silencieusement son goûter, poser sur mes genoux. Hugo était plus grand que Kylian en taille et aussi plus extraverti et bavard. Kylian moins démonstratif était plus calme et plus réservé que son frère. Je caressais les cheveux du plus jeune assis sur mes genoux – Pratique quand même ce fauteuil roulant – tout en écoutant le plus grand parler de ses mots simples. C’est un cadre agréable, et je me sens revivre avec eux. Du moins reposant jusqu’à ce que des cris me parviennent et que je réalise que Dean est là, agressé par mon père. J’écarquille les yeux de stupeur avant de tourner mon fauteuil vers eux.

« -Papa ! Lâche-le ! Non mais t’es malade ! »

Je ne comprends pas trop ce qui a mené mon père à agresser Dean de la sorte et je ne doute pas des capacités de Dean à se défendre mais… les jumeaux ont tout vus et je ne veux pas qu’ils aient à regarder une scène de violence, surtout venant de leur grand-père. Par chance, mon père réagit à mes paroles et lâche Dean, sans pour autant avoir un autre regard pour lui que du mépris et je n’y comprends rien.

«- C’est lui le père ?! » Me demande-t-il.

Et merde.
Bon.
Récapitulons.

Dean n’était pas au courant de l’existence des jumeaux. Il vient de le découvrir d’une façon assez… brutale. J’en suis navrée pour lui. Mais là, je dois d’abord raisonner mon père avant qu’il ne décide de le tuer. En vrai, mon père et moi nous nous disputons toujours sur le même sujet. Le père des jumeaux. Personne ne connait son identité, et c’est bien volontaire. Mais mon père ne supporte pas d’être laisser dans l’ignorance, et ça en devient problématique, surtout s’il soupçonnera tous les mecs avec qu’il me verra parler.

« Non, Dean n’est pas le père des jumeaux. » Lui dis-je froidement, « Maintenant laisse-le, il t’a rien fait ! » ajoutai-je sur la défensive.

Mon père regarde Dean, et il a visiblement du mal à croire à ce que je dis. Je ne réalise pas à quel point les similitudes physiques entre les jumeaux et moi, mais également Dean peuvent porter à confusion.

Je reste planté là sur mon fauteuil – c’est pas comme si je pouvais me lever et aller me promener de tout façon – et je regarde Dean en restant silencieuse un moment. Puis je me tourne vers Hugo qui a arrêté de manger, tétaniser par la peur de voir son grand-père s’emporter ainsi. Je reste calme malgré l’envie d’exploser mon père.

« Mes bébés, si vous allez jouer encore un peu dans l’eau ? » leur proposai-je.

Une petite piscine gonflable se trouve quelques mètres plus loin, non loin du toboggan. Si Hugo ne bouge pas, Kylian me regarde de ses grands yeux durant quelques secondes avant de sauter sur ses petites jambes et d’aller prendre son frère par la main pour le traîner avec lui dans la petite piscine sous mes yeux attentifs.

Je laisse Dean et mon père venir jusqu’à moi ne pouvant pas me déplacer aussi aisément qu’eux.

«Papa, laisse-nous s’il te plait… »

« Mais si c’est pas lui… »

« Il était même pas au courant de leur existence papa ! et non tu ne sauras pas qui c’est » grondais-je.

Je vois bien que mon père bout et qu’il a envie d’exploser. Mais il a bien vu combien ça a choqué ses petits enfants, alors je sais qu’il va se contenir tant que les jumeaux sont dans les parages. Grognon, je le vois repartir vers la maison. Il s'en remettra. Je soupire avant de regarder enfin Dean.

« Salut Dean, » soufflais-je, « Je suis désolé, j’aurai préféré que tu l’apprennes… autrement que comme ça… »

Je n'avais pas honte de mes enfants, loin de là et je ne m'en voulais pas non plus d'avoir caché leur existence au reste du monde puisque c'était dans l'unique but de les protéger, mais j'aurai préféré que Dean ne soit pas mis sur le fait accompli comme là, aujourd'hui.

Dean prêtait autant d'attention à la maison qu'au père de Megan. Déformation professionnelle sûrement. Durant les formations et les missions de l'Ordre du Phénix, il avait appris à prendre rapidement connaissance des dispositions d'un lieu afin de s'en servir plus tard si besoin était. Pourquoi le faisait-il à l'instant ? Il n'y avait pas vraiment de raison autre que le danger que reflétait la situation, ou plutôt le comportement du patriarche O'Neill. Lorsque ce dernier lui ordonna de continuer à marcher, le français s'exécuta. Il n'était pas rassuré, pas rassuré du tout même, mais il continuait de le suivre. Il finirait bien par comprendre le pourquoi du comment de cet étrange comportement.

Le jeune homme commença à répondre à l'interrogatoire du plus âgé, ne trouvant toujours pas de source à cette méfiance qui était dirigée vers lui. Le père de Megan ouvrit la porte du jardin et le laissa passer. Dean s'exécuta et put alors voir la chevelure blonde de celle qu'il était venu voir. Il se mit à sourire, content de voir qu'elle était sortie du coma, qu'elle revivait. Certes elle était en fauteuil, mais il s'en fichait pour l'instant. L'important était qu'elle soit sortie du coma, qu'elle aille mieux. Ce fut devant cette belle scène qu'il sentit très rapidement les choses bouger autour de lui. Qu'était-ce ? Quand sa vision de stabilisa un minimum, il comprit que l'américain l'avait attrapé par le col et cherchait à lui faire avouer quelque chose. Mais quoi donc ? Qu'avait-il fait par Merlin ? Il entendit la voix de Megan résonner dans l'air environnant et dans la cuisine devant lui. Très rapidement, l'emprise de l'américain se fit moins ferme et il s'écarta d'un pas de l'homme qui venait de l'agresser. Il l'avait pris en traître, il ne se laisserait pas avoir une deuxième fois. Il ne savait pas ce qu'il avait contre lui, mais il n'allait pas se laisser agresser de la sorte !

Les mots que la fille et le père échangèrent étaient incompréhensibles pour le français. Ce dernier restait toujours face au plus âgé pour se prévenir d'une autre attaque physique. Quelques indices de plus ne seraient pas de refus dans cette situation. Il prêtait grande attention aux mots qui étaient utilisés. Etait-il le père ? Mais de qui ? Avec qui ? Il ne comprenait pas de quoi l'accusait-on au juste. Ce furent véritablement les deux phrases suivantes, prononcées par la douce voix de l'américaine, qui l'éclairèrent davantage. Il comprit qu'il n'était pas le père des jumeaux - d'ailleurs, il n'était le père de qui que ce soit de ce qu'il savait - qui étaient, semblait-il, ceux de Megan. Elle était donc mère. A son âge ? Il prit le risque de se retourner. Il vit les deux enfants. Ils étaient jeunes mais pas si jeunes que ça non plus. Connaissant l'âge de la blonde, il était même très étonné, voire même choqué, de savoir qu'elle était mère d'enfants de 4 ou 5 ans. Comment cela se faisait-il qu'elle ait eu des enfants à 13 ans ? Il n'en revenait pas.

Alors que les deux enfants s'éloignaient, les deux hommes se rapprochèrent de la jeune femme. Cette dernière demanda à son père de les laisser tous les deux. Il protesta mais elle l'envoya dans les roses. Il semblait énervé mais il s'éloigna vers la cuisine. Il porta alors pleinement son attention sur celle qui faisait battre son cœur. Il plongea son regard dans le sien, vraiment content de la revoir. Il l'écouta s'excuser qu'il l'apprenne ainsi. Il sourit et prit sa main de la sienne. Il s'en fichait de l'apprendre de la sorte, il se fichait même qu'elle le lui ait caché. Ce qui comptait à ses yeux pour l'instant, c'était qu'elle soit en vie et bien portante. Il prit la parole :

- C'est pas grave. Je suis content de voir que tu vas bien, que tu te portes bien. Cela dit, ton père semble légèrement ... sensible, sur le sujet.

Il marqua une pause. Il ne savait pas par où commencer. Il y avait tellement de questions qui lui venaient en tête à l'instant présent. Il devait structurer sa pensée pour ne pas l'embrouiller, ni pour s'embrouiller lui-même. Quelle question allait-il poser en premier ? Et quelles seraient les suivantes ? Il réfléchissait. De manière évidente, les questions qui se bousculaient le plus étaient celles au sujet des enfants de Megan. Cependant, il allait lui parler d'elle tout d'abord. L'important était de s'assurer qu'elle allait bien, qu'elle irait bien, qu'elle irait mieux.

- Tu vas bien ? Que t'ont dit les médecins à propos de ton état ? Ça va s'améliorer ? Je ... Je suis désolé de n'avoir pu rester plus longtemps à tes côtés. Crois moi, je l'aurais vraiment souhaité et ce n'était pas par plaisir que j'ai quitté ton chevet. Heureusement, j'ai pu me tenir informé de ton état pendant que j'étais loin.

Elle lui avait tellement manqué. Être si loin d'elle alors qu'il savait dans quel état elle se trouvait, c'était vraiment pas insupportable. Et pourtant, Aliénor avait vraiment eu besoin de lui. S'il n'était pas venu, s'il n'avait pas intervenu, elle serait probablement morte à l'heure qu'il était. Il caressait sa main, le regard toujours plongé dans le sien. Il était tellement content de la revoir. Mais sa curiosité était trop grande et les questions se bousculaient trop dans sa tête. Il ne put s'empêcher de rapidement reprendre en désignant les jumeaux d'un signe de la tête :

- Qui est leur père ? Je ... C'était de ça dont tu n'as pas osé me parler quand tu as rompu. Tu ... Tu aurais pu ... On aurait pu en parler, tu sais. Je sais que tu as eu une enfance troublée et je veux t'aider Megan. Peu importe de quoi il s'agit, tu peux avoir confiance en moi. Je ne te trahirai pas. Je suis là, je veux t'aider à passer ces difficultés. Tu n'es pas toute seule. Je t'aime, Megan. Je veux t'aider, je veux faire parti de ta vie.

Il gardait son regard plongé dans le sien. Il décidait de ne pas aborder tout de suite ce qu'il s'était passé durant la Bataille de Poudlard. Il savait que c'était un sujet bouillant et il voulait la retrouver comme il se devait. Ils aborderaient ce sujet sensible plus tard. Ils auraient du temps de discuter, de s'engueuler à propos de ça. Mais, c'était une évidence aux yeux du jeune homme, ils devraient y passer. Il ne pourrait supporter pleinement de vivre avec elle si elle était capable de tels actes de sang froid, sans remord. La magie noire n'était pas une solution, ce n'était jamais une solution. Il fallait toujours neutraliser sa cible, ne pas la tuer. Toute vie humaine a un coût inestimable, on ne peut l'ôter sans conséquence. Toute vie humaine est sacrée, quelle qu'elle soit. Cela pouvait poser des questions d'éthique, notamment face à de tels monstres comme Voldemort - pouvait-on d'ailleurs encore le considérer comme humain ? -, mais cela restait une réalité.

Mais l'heure n'était pas à ces questions. L'heure était aux retrouvailles. Il voulait profiter de ces instants qu'il avait auprès d'elle, de ces instants qu'il pouvait partager avec elle. Les sujets houleux attendraient pour plus tard, quand ils se seraient pleinement retrouvés, quand elle irait mieux, quand ils auraient à nouveau passé du temps ensemble.

Mon père étant parti se défouler ailleurs, Dean était à présent tranquille.

Moi, j’étais quand même surprise de le voir ici puisque je n’avais parlé à personne de mon domicile aux Etats-Unis.  Même si ce n’était pas un secret que j’avais de la famille en Amérique, Dean avait probablement du faire quelques recherches pour mettre la main sur mon adresse. D’ailleurs, je m’interrogeais sur la façon dont il s’y était pris. Il m’avait pourtant semblé qu’il  était sang-mêlé et de ce que j’en savais, il n’avait pas grandi parmi les moldus – Du moins c’est ce que j’avais cru comprendre lorsque nous étions à Poudlard -. Enfin ce n’était qu’une question parmi tant d’autres. Je me demandais aussi ce qu’il avait fait après la bataille ? J’avais eu sa lettre, et bien qu’elle m’avait touché, je m’étais à de nombreuses reprises questionné sur ce qu’il avait eu d’urgent à faire.

Dean vint se poster à mes côtés, et d’un geste doucereux, me prit mes mains pour les y loger dans les siennes. J’étais gênée par la situation, même si je le cachais du mieux que je pouvais. Je m’en voulais de lui révéler l’existence des jumeaux ainsi. Il ne méritait pas d’être mis sur le fait accompli, mais il ne semblait pas m’en tenir rigueur, plus incroyable encore, il ne me jugeait pas. Il avait une véritable ouverture d’esprit et ne gardait aucune rancœur, ce qui le rendait vraiment exceptionnel. Et je devais reconnaître que le sérieux qu’avait pris notre relation m’avait effrayée, notamment par rapport à Kylian et Hugo. Au début je ne lui avait rien dit parce que je ne savais pas ou aller nous mener cette histoire, et au fil des semaines sur les trois mois ou nous avons été ensemble, mes sentiments pour lui n’avait que grandi, et j’avais eu peur. Peur du jour ou je ne pourrais plus lui cacher les jumeaux. Peur de la sécurité des enfants. Peur d’être rejetée… C’était peut-être qu’un prétexte parce que les sentiments que j’avais pour lui m’avaient effrayée ? Non, c’était tout simplement un mélange de tout ça.

Dean me questionnait alors aussitôt sur mon état de santé, même si j’avais bien remarqué qu’il était choqué d’apprendre l’existence des jumeaux. Il me fait remarquer que mon père est bien plus sensible que lui et je laisse un sourire triste apparaitre sur mon visage.

-Moui, il fait une fixation sur ça… Mais il s’en remettra…

Je regardais Dean droit dans les yeux. Son regard m’avait manqué, même si c’était moi qui était partie. Et même si je regrette, je ne pouvais pas lui imposer ma vie, comme ça. Je soupire.

-Me porter bien ? J’ai connu mieux… soufflai-je de dépit.

J’avais du mal à supporter d’être cloué dans un fauteuil et d’être dépendante des autres. J’avais du mal à accepter de rester immobile même si c’était que provisoire. Et Dean qui s’excuse d’être parti. Il est tellement doux. Il oublie qu’il me doit rien et qu’il n’était pas obligé de rester à mes côtés, surtout vu la façon ou j’ai mis un terme à notre histoire.

-Dean, tu n’as pas à t’excuser, tu n’as aucune raison de te justifier, et tu n’as pas la moindre obligation envers moi, lui dis-je en lui souriant avec douceur tout en faisant une légère pression de ma main dans la sienne. Quant-aux médicomages, ils m’ont dit que ce n’était que temporaire, qu’il fallait attendre que les hématomes liés aux flagellums dégonflent et cessent de faire pression sur les nerfs, bref ça peut prendre quelques jours comme quelques semaines mais avec du temps et de la rééducation, je ne devrais pas garder la moindre séquelle… Enfin si ce n’est quelques cicatrices dans le dos, pour ça, ils n’ont pas de remède miracle. Rockwood m’a apparemment pas loupé… soufflai-je doucement, mais évite d’en parler en présence de  mon père, c’est un sujet extrêmement sensible aussi… La bataille…

Mon père n’a jamais compris pourquoi je ressentais le besoin de me battre. Il a tenté à plusieurs reprises de me convaincre de venir m’installer définitivement aux Etats-Unis, mais je n’ai jamais pu me résoudre  à fuir.  J’ai mis mes fils en sécurité mais je ressentais le besoin de me battre, peut-être parce que j’ai été trop longtemps mêlé à tout ça ? J’en sais rien en fait, et je n’ai pas trop envie de m’interroger la dessus.

Et puis Dean me pose LA question. Celle que tous ceux qui sont au courant de l’existence des jumeaux se posent. Et je soupire doucement. Je ne lui en veux pas, loin de là, mais je ne peux pas lui dire.  Mon regard se pose instantanément sur les garçons, et même si ça ne se voit pas, sur Kylian en particulier et je fini par lui répondre.

- Je ne peux pas répondre à cette question Dean, pas maintenant… je suis désolé. dis-je sur un ton sans appel, malgré une certaine note de tristesse. J’aimerai lui dire, vraiment. Mais ça ne concerne pas que moi, et c’est une décision qui n’est pas sans conséquence si je reviens à lui en parler. J'aimerai je t'assure et ce n'est pas un problème de confiance, car tu as acquise la mienne. C'est juste que... c'est particulièrement compliqué et ça ne dépends pas que de moi. Et il fait aussitôt le rapprochement de notre rupture et des jumeaux. Je laisse échapper un sourire triste. Oui, c’est… en parti pour ça. Parce que j’ai réalisé que… mes sentiments pour toi étaient devenus forts, ça m’a effrayée aussi, et le fait que tu ignorais l’existence des jumeaux rendaient les choses encore plus difficile. J’ai… j’ai eu peur… Alors j'ai opté pour la solution la plus facile, admis-je à mi-voix, gênée.

Avais-je bien révéler que j’avais eu peur ? Je n’en revenais pas moi-même. J’avais réussi à mettre ma fierté de côté pour lui dire réellement ce qu’il en était.

- Non Dean, je ne sais pas justement. C’est facile à dire maintenant, mais… Ce n’est pas quelque chose d’anodin. Tu me voyais t’annoncer ‘’Au fait, j’suis tombée enceinte à quinze ans et j’ai deux petits garçons adorable !’’ c’est pas quelque chose de simple à dire… En particulier lorsqu’on s’est attaché à quelqu’un et qu’on se rend compte qu’on va lui donner un coup de massue sur la tête … dis-je avec une pointe de sarcasme.

J’étais sur la défensive.  A vrai dire, j’avais tellement peur de ce qui pouvait en résulter que j’en oubliais que je pouvais laisser tomber les sarcasmes. Dean n’était pas un ennemi, et je n’avais pas besoin de me défendre. C’était vrai, mais c’était tout ce que je savais faire dans ses cas là.

J’étais touché par ses paroles. Beaucoup même. Voir même peut-être trop. Je sentais ma sensibilité être titiller, alors que mes yeux s’embuèrent de larmes. Oh non, je n’allais quand même pas pleurer maintenant ? Et Dean qui me disait qu’il m’aimait malgré tout ce qu’il venait de découvrir, et malgré l’accueil glacial de mon père… Cet homme était fou, et Merlin que j’en étais amoureuse. Je le regardai en me mordant la lèvre inférieure. Sans même que je ne m’en rende compte – ou peut-être m’en étais-je que trop rendu compte -

-Je t’aime Dean.

Je l’avais dis.

Pour la première fois, j’avais dis ses mots.

C’était tellement étrange d’entendre ces mots là. Ils sortaient de ma bouche, et je ne rêvais pas.

Oh bien sur, ce n’était pas un beau discours. J’avais résumé tout ce que je ressentais pour lui en trois mots, mais des mots qui voulaient tout dire. Je détourne le regard me sentant rougir et j’en profite pour regarder les jumeaux qui barbotent. L’excuse parfaite pour cacher ma gêne d’avoir ainsi dévoilé mes sentiment a défaut de pouvoir m’enfuir à toutes jambes.

Il avait eu du mal à trouver l'adresse de Megan. Ce n'était pas un secret. Dean avait grandi au sein de la communauté magique, vivant même dans un de ces villages purement sorciers, et n'avait donc jamais appris à utiliser les technologies moldues. Il ne connaissait même pas vraiment leurs manières de vivre pour tout dire. Et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir un esprit ouvert et curieux. Alors, pour trouver l'adresse de Megan, ou plutôt celle de son père, haut gradé de l'armée américaine qui plus est, n'avait pas été une mince affaire. Il avait eu beaucoup de chance de tomber sur une moldue armée d'une incroyable patience qui l'a aidé à trouver l'information qu'il recherchait. C'était ainsi qu'il avait pu arriver ici et subir ces chocs, physiques comme émotionnels. Entre la découverte des enfants cachés de Megan et son père qui avait souhaité le brutaliser - le prenant pour le fautif qui avait infligé cela à Megan, il avait été servi. Jamais il n'aurait cru que rendre une visite surprise à sa chère et tendre serait aussi ... sportif.

Cependant, il avait réussi, non sans l'aide de celle qu'il était venu voir, à se sortir de cette situation indemne et presque sans encombre. Il se tenait maintenant auprès d'elle, lui caressant les mains et l'harcelant de questions en tout genre. Ils ne s'étaient pas vus depuis un certain temps, du moins lorsque Megan était consciente, et ils avaient beaucoup de choses à se raconter, à rattraper. Sans parler des questions qui concernaient les récentes révélations sur la vie de l'américaine. Il l'avait donc interrogé sur son état de santé et sur l'avis des médicomages quant à celui-ci, avant de s'excuser de l'avoir laissée à Sainte-Mangouste. Il n'avait vraiment pas aimé partir comme cela, en la laissant sur son lit d'hôpital, dans le coma. Merlin savait à quel point il aurait souhaité rester auprès d'elle, à son chevet, à veiller sur elle. Mais Aliénor était en grand danger et le temps jouait contre lui, il n'avait eu guère d'autre choix que de partir la secourir. Cela dit, c'était en soi une aubaine puisque ça l'avait rapproché de son point d'arrivée : la résidence des O'Neill.

Il sourit à la réponse de Megan. Il aurait pu parier qu'elle dirait cela, il aurait même presque pu parier sur les mots qu'elle utiliserait. Il commençait à bien la connaître, après toutes ces années, notamment la dernière écoulée et ces cinq derniers mois plus particulièrement. Il savait qu'elle avait besoin de bouger, de faire quelque chose. Cela devait la tuer de devoir rester clouée sur ce fauteuil. Surtout, qu'en plus, elle détestait être dépendante des autres. Avant même qu'elle n'aborde le propos des médicomages à son sujet, il répondit au fait qu'il n'avait pas à lui rendre de compte :

- Au contraire. Nous deux, ce n'est pas fini et j'estime donc tout à fait normal de m'excuser de n'avoir pas pu être présent à ton chevet quand tu avais besoin de moi. Si Aliénor n'avait pas été en tel danger, crois moi, je n'aurai en aucun cas bouger de ta chambre à Sainte-Mangouste. Je serai rester auprès de toi sans hésitation.

Il avait alors écouté ce que les médicomages lui avaient expliqué. Sa paralysie ne serait que temporaire, Merlin soit loué. Elle n'aurait même aucune séquelle de cela après une rééducation propre et bien menée. Cependant, elle garderait les traces - les lacérations pour être plus précis - qu'avait laissées le maléfice de Rockwood. C'était donc lui le monstre qui lui avait infligé cela !? La prison à perpétuité ne semblait plus une punition si cruelle que cela finalement aux yeux du jeune homme. Le fait que ce soit Megan qui soit concernée jouait très certainement, mais être capable d'infliger de tels dégâts physiques à une personne, et à plusieurs reprises qui plus est, ne méritait aucune miséricorde, ni remise de peine. Comment un tel être pourrait véritablement se repentir de tels actes ? Décidément, les Mangemorts étaient des êtres humains - pour ceux qui n'avaient pas atteint le point de monstre - à l'esprit torturé. Quelle cause justifiait de telles atrocités ? Il lui dit :

- Ce n'est rien. Je les aime bien tes cicatrices. Chacune d'elle me rappelle à quel point j'ai de la chance que tu sois en vie, que le sort ait décidé de te sauver, de te ramener auprès de moi, car j'ai besoin de toi, Megan. Et puis, c'est une preuve indéniable du sacrifice que tu es prête à faire pour un monde plus juste. De toute façon, tu es belle et tu le seras toujours à mes yeux, peu importe les cicatrices, le handicap ou les séquelles.

Il fit un signe de la tête montrant qu'il avait compris qu'il ne devait pas aborder ce sujet épineux avec le patriarche O'Neill. En fait, il évitait même d'aborder l'évènement avec qui que ce soit. Non pas qu'il ne s'en rappelait pas, tout au contraire. Mais il était bien trop triste à l'idée de toutes les vies qui ont été ôtées ce soir là, sans parler de tous les dégâts qui ont été causés, que ce soit à Poudlard ou, surtout, aux personnes. Il n'oublierait jamais la peur qu'il avait ressentie pour lui, comme pour les élèves et ses alliés d'ailleurs, notamment lorsqu'il avait affronté le Seigneur des Ténèbres. Jamais il n'oublierait non plus qu'il devait la vie à Jonathan Carwood. L'ancien chef du Bureau des Aurors avait violemment propulsé Voldemort au loin alors que ce dernier levait sa baguette pour répandre, une fois de plus, la haine et la mort sur le monde.

Ils abordèrent alors LE sujet du jour. Les jumeaux. Dean voulait savoir un certain nombre de choses dessus. Il était curieux d'en connaître plus sur les deux enfants de Megan. Naturellement, il aurait souhaité, comme bon nombre sûrement, découvrir l'identité du père, mais l'américaine ne lâcherait rien à ce propos. Pas tout de suite tout du moins. Il comprenait que c'était compliqué et était content qu'elle ait confiance en lui. Il lui fit ressentir cette gratification et cette compréhension en caressant ses mains et en souriant. Pas besoin de mots dans ce genre de cas. Les gestes suffisaient. Et après la déclaration qu'il venait de lui faire, il était content d'apprendre ce qu'elle ressentait. Lorsqu'elle eut fini, il répondit :

- Je comprends parfaitement. Mais j'aurais compris, et je l'aurais accepté, tout comme je l'accepte maintenant. Certes, le choc aurait été aussi puissant qu'il l'est actuellement, mais je peux dépasser cela, et je le ferai ... pour toi. La vie n'a pas été tendre avec toi durant ton enfance et cette grossesse a sûrement été une difficile épreuve de plus à traverser, mais maintenant tu n'es plus seule. Je ne te quitterai pas, pas pour ce que la vie t'a fait enduré.

Rien n'était aussi beau, aussi puissant que l'instant présent. Son regard dans le sien, elle avait prononcé les trois fameux mots. Ce fut un choc de plus mais quel agréable choc. Il n'en revenait pas qu'elle, Megan O'Neill, lui dise cela. Ce n'était tellement pas elle de laisser transparaître ses sentiments. Il ne pouvait s'empêcher de sourire. Ces trois mots étaient un véritable bonheur pour lui. Il la vit détourner le visage, probablement gênée de cette révélation si personnelle, et si étrange pour elle. Il alla chercher son menton de sa main gauche et tourna délicatement le visage de la jeune femme pour venir capturer à nouveau son regard. Il s'approcha alors et vînt déposer un tendre baiser sur les lèvres de la jeune femme.

Je suis heureuse que Dean soit là, j’étais loin d’imaginer qu’il débarquerait ici, comme ça, comme il l’a fait quelques minutes auparavant. Mais c’est une bonne surprise, et je suis soulagée aussi. J’aurai préféré lui annoncé l’existence des jumeaux plus raisonnablement et pas le mettre comme ça, sous le fait accompli, mais tant pis. Au moins, il n’y aura pas eu de place au doute, c’est déjà ça.

Mes soucis de santé sont secondaires, même si je commence à avoir pas mal de cicatrice avec toutes ses batailles. Pas que j’en ai honte, c’est même une petite fierté au finale, de me dire que oui, j’ai souffert, mais j’ai participé à des batailles qui me tenait à cœur, que j’ai défendu mes idéaux et que j’ai protégé l’avenir de mes enfants.

« Nous deux ce n’est pas fini. » Avais-je bien entendu ? Je le regarde pas sur de tout comprendre. Mais il est là, face à moi et plus sérieux que jamais. Pour le coup, je reste bouche-bée et je mets quelques secondes avant de connecté mes neurones. Il est fou. Il a pourtant bien vue que je suis une mère de dix-neuf ans, bientôt vingt, et pas que d’un seul enfant, mais de deux.  Je ne peux pas lui imposer une vie de famille alors qu’il est jeune, ce serait tellement injuste pour lui.

-Dean, j’ai deux enfants…  lui fis-je remarqué pensant qu’il ne réalisait pas lui-même.

Mais je m’arrête aussitôt. Qui est Aliénor ? Je le regarde en fronçant les sourcils, sans comprendre. Je ne suis pas de nature jalouse, mais je m’interroge quand même un peu là. Non. Sérieusement, c’est pas le moment de me poser ce genre de question, après tout, Dean est homme libre de faire ses choix, nous ne sommes plus ensemble et surtout… J’suis mal placé pour lui faire une crise de jalousie.

Je ne dis plus rien pendant un instant, refreinant ma curiosité. Malgré mon état physique, il parvient quand même à me faire rire la dessus. Mon corps gardera les stigmates de la bataille, c’est certain.  Et même si j’en suis pas non plus ravie, les paroles de Dean me font sourire tellement elles sont douces et réconfortantes. J’ai eu une chance inouïe de le rencontrer et tout ce qu’il me dit, je peine à croire que c’est réel. Il avait besoin de moi ? Et que devrais-je dire alors ? S’il savait à quel point sa présence à mes côtés m’était important. S’il savait à quel point il m’avait aidé sans le savoir. J’avais eu de nombreux coups de blues cette année, entre le deuil de mon frère jumeau et l’éloignement. Dean avait été celui qui m’avait aidé à garder la tête hors de l’eau, sans le savoir. Si lui avait besoin de moi, que devrai-je dire ?

Tout les compliments de Dean me vont droit au cœur, tellement que j’en ai la gorge nouée et malgré moi, je me sens légèrement rougir, alors je détourne le regard une nouvelle fois, pour le porter sur les jumeaux qui s’amusent à s’éclabousser.

-Je ne doute pas de ta sincérité Dean, mais ce n’est pas facile d’aborder le sujet. Je ne pouvais pas deviner ta réaction et puis… Il a été décidé, d’un commun accord avec le père des jumeaux, qu’on ne parlerait d’eux à personne dans le monde magique tant que… la menace de Voldemort n’était pas écartée. Et… A vrai dire, je pensais avant tout à eux, et à leur sécurité… avouais-je doucement en regardant les petits dans leur mini-piscine gonflable.

Je venais d’avouer à Dean que le père des jumeaux connaissaient leur existence et avait lui aussi souhaité les voir en sécurité. Je ne me rendais pas compte à quel point ce que j’avais dis donner comme indice au jeune homme. S’il cherchait bien il pouvait comprendre non seulement que j’étais en contact avec lui, mais que le père savait que Voldemort n’était pas mort ce 31 Octobre 81. Et par déduction, il pouvait donc en déduire que le père des jumeaux faisaient parti de l’Ordre du Phenix, les rares sorciers à être certains que Voldemort reviendraient.

Je restais pensive aux paroles de Dean, tout en regardant les enfants jouer. Non, la vie ne m’avait pas fait beaucoup de cadeau, mais à qui en avait-elle fait vraiment ? Et puis j’avais eu la chance d’avoir les jumeaux, et je ne le regrettais pour rien au monde. Un fin sourire s’étira sur mon visage alors que je plongeais mon regard dans celui de Dean.

-La grossesse en elle-même n’a pas été une épreuve, j’ai fais un déni de grossesse et c’est Pomfresh qui s’en est rendu compte après que j’ai eu mon malaise en plein match de quidditch. Réalisé c’était autre chose… Mais… Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette grossesse et les jumeaux sont la meilleure chose qu’y est pu m’arriver. Sans eux, je ne sais pas si je me serai battu comme je l’ai fais…

Parce que oui, j’avais souvent songé à abandonner. A jeter la plume et à renoncer. Mais ils avaient étés ma raison de me battre, ma raison de tenir bon et de lutter. Ma raison d’être.

Je n’étais pas habitué à exposer mes sentiments comme je venais de le faire. A vrai dire, Dean était le premier homme à qui je disais ses mots. Ce n’était pour moi, pas quelque chose d’anodin, et  j’espérais sincèrement que Dean comprendrait dans ses trois mots, tout ce que je n’étais pas capable de lui dire avec des phrases. Ce qui semblait d’ailleurs être le cas puisqu’il semblait lui aussi touché par mes mots. Il se pencha doucement vers moi et nos lèvres s’effleurèrent doucement. Un doux baiser. Les yeux clos, mes doigts glissèrent dans la chevelure de Dean pour aller se loger derrière sa tête, et je fis une légère pression pour approfondir notre baiser. La douceur de ses lèvres m’avaient manquées.

Je finis par mettre doucement un terme au baiser, regardant d’abord les jumeaux. Si Hugo ne faisait pas attention à nous et continuer de jouer dans l’eau, Kylian nous regarder complètement perdu avant de faire une moue boudeuse en direction de Dean. Je lui fis un sourire rassurant avant de tourner la tête vers la maison. Mon père était à la fenêtre, et  j’étais prête à parier qu’il avait tout vu.

-C’est pas gagné… soufflai-je avant de me mettre légèrement à rire.

-Ecoute Dean, je… je dois parler avec le père des jumeaux. J’aimerai vraiment te mettre dans la confidence, mais… ça ne va pas être simple de le convaincre… Alors juste… sois patient… Et… je veux juste que tu saches, que … Le jour ou je te révélerais son identité, tu risques … de… comment dire… D’être choqué ? suggérai-je en cherchant mes mots.

Et encore, le mot choqué était relativement faible, mais pour le moment il avait eu assez de surprise comme ça… Au moins je préparais le terrain pour pas que ce soit à ce point catastrophique. Et puis, si pour lui ce n’était pas fini, cela voulait dire qu’on allait se redonner une chance, n’est-ce pas ? Mais avant toute chose, je devais m’assurer du bien être des jumeaux et par conséquent, ne pas partir sur une histoire qui ne mènerait nulle part.

-Dean… Avant de prendre une décision sur notre couple, je veux que tu réfléchisses à ce que ça implique. Je veux dire… J’ai des jumeaux, ils font partis de ma vie et ils ont besoin d’un équilibre.  Je ne veux pas t’imposer quelque chose que tu regretteras par la suite, mais si tu veux vraiment qu’on se donne une chance alors il faudra prendre en compte les jumeaux…

Ce que je voulais surtout dire, c’est que si nous nous remettions ensemble, il fallait partir du principe que ce n’était pas du temporaire et qu’ils allaient devoir agir comme deux adultes responsables. Du moins faire face aux difficultés ensemble, sans baisser les bras aux premiers obstacles.  Je ne doutais pas que Dean était capable d’être sérieux. Il avait des réactions bien plus mature que la plupart des jeunes adultes de son âge, mais en tant que jeune maman, je ressentais le besoin de préserver mes fils et moi-même par la même occasion. – Bon ok, c’est moi qui est rompu avec lui la première fois, mais bon j’avais des circonstances atténuantes ! -

Alors que je regardais Dean, je sentis une main venir se poser sur mon bras. Kylian me regardait sans comprendre et jetait des regards un peu boudeur à Dean avant de tendre les bras dans ma direction pour que je le soulève et que je le prenne dans les bras. Okay, ca commençait bien, une crise de jalousie de la part du fiston. Je le pris dans mes bras  alors qu'il tenait sa serviette autour de lui pour se couvrir et je le posais sur mes genoux alors qu'il se cala contre moi.

-Kylian, je te présente Dean... Tu dis bonjour?

Mais le petit resta muet, dévisageant Dean de ses grands yeux bleus alors que je passais une main dans ses cheveux blonds.

-Désolé, il est... timide? suggérais-je pas vraiment habitué à voir Kylian comme ça.

Je regardais Dean en lui faisant un sourire penaud alors qu'Hugo s'approcha à son tour...

- Maman, j'ai froiiid, grelotta le petit alors qu'il était encore tout mouillé.

- Ta serviette et sur le banc Hugo, derrière toi...

Et le petit la pris maladroitement avant de s'enrouler dedans.

-Hugo, je te présente Dean, dis bonjour... lui présentai-je en espérant que ça se passerait mieux


-Bonjour! t'es l'amoureux de maman? demanda-le petit garçon blond aux yeux marrons sur un ton tout joyeux.

Je rougis malgré moi, gênée par ses mots d'enfants tous doux et innocents

Alors qu'il tentait d'expliquer à la blonde à quel point il l'aimait, que pour lui ce n'était pas fini, elle lui rétorqua qu'elle avait deux enfants, avant de froncer le sourcil à la notion du prénom d'Aliénor. Elle pouvait effectivement se méprendre sur la situation. Il avait tout de même quitter son chevet pour aller voir cette Aliénor. Ce n'était pas forcément ce à quoi elle aurait pu s'attendre. Pourtant, quand elle saurait tout de cette situation d'urgence dans laquelle il avait du se plonger, elle ne le jugerait pas de la même manière. Ils étaient fait de la même graine tous les deux. Si Dean n'avait absolument rien d'un Gryffondor, ils défendaient tout de même tous les deux la veuve et l'orphelin s'ils jugent que c'est important et même si cela signifie mettre leur propre vie en danger. Ils sont ainsi. Leur vie n'a que peu de valeur à leurs yeux s'ils ne font pas ce qu'ils jugent juste. Il répondit à sa courte phrase :

- Je ne vois pas le soucis, Meg'. Je ne peux pas te dire que je ne suis pas choqué de l'apprendre, mais ça ne change pas grand chose pour moi. La peinture sera juste différente de celle que j'avais pu m'imaginer, mais ça ne fait rien, tant qu'on est ensemble. Et si cela signifie avoir une famille, même si ce ne sont pas mes propres enfants, qu'il en soit ainsi.

C'était la pure vérité. Il n'avait jamais planifié d'être embarqué dans l'aventure familiale si tôt et il se serait plutôt vu embarqué dans cette formidable aventure par sa propre descendance, mais la vie était pleine de surprises, non ? Pourquoi s'en faire véritablement ? Cela lui serait arrivé tôt ou tard. Et de toute façon, il aimait Megan plus que tout. Par dessus le marché, il ne voyait pas les jumeaux comme une imposition ou un sacrifice quelconque. Au contraire, il s'agissait d'une aventure, d'un défi que la vie lui proposait et il allait le relever. Les jumeaux ne seront jamais ses enfants mais il pouvait très bien faire office de figure paternelle, celle-ci même qu'ils n'avaient jamais connue. Enfin quoi que ...

Il écoutait attentivement les propos de Megan. Il pouvait bien comprendre en quoi cette situation avait pu être difficile pour elle et à quel point la décision de lui en parler ou non avait pu être difficile elle aussi. Avec les temps qui couraient au Royaume-Uni, ce n'était effectivement pas le moment de prendre de risque, quel qu'il soit, en terme de sécurité de sa propre famille. Dean le comprenait parfaitement. Il ne comptait plus le nombre de soirées qu'il avait passées à s'inquiéter pour sa famille. Si jamais il était capturé, ou pire tué, par le camp adverse, que serait-il advenu de ses parents ? Merlin sait de quoi ses monstres étaient capables. Et puis, même le simple fait d'être reconnu, ou plutôt identifié, était quelque chose à ne pas prendre à la légère. Chaque mission, chaque implication dans l'Ordre du Phénix le mettait toujours plus, lui et sa famille, en danger. Alors il comprenait parfaitement ce que Megan avait pu ressentir à ce sujet. Il n'était que naturel de vouloir protéger ses proches en tant de ... guerre, disons-le. Appelons un chien, un chien. Il lui sourit.

Mais ses paroles allaient bien plus loin. Elle venait de lui donner de cruciales informations à propos du père des deux enfants qui s'amusaient encore dans la piscine gonflable. Non seulement, il était au courant de leur existence mais le spectre des candidats était très réduit par ce qu'elle venait de dire. Les jumeaux étaient suffisamment âgés pour être nés avant le retour officiel du mage noir sur les spectres médiatiques. Du moins, l'étaient-ils vraiment ? Car s'ils l'étaient et que Megan et le mystérieux père avaient décidé de cacher leur existence au reste du monde depuis la naissance des deux enfants, cela ne pourrait signifier qu'une seule chose. Le père était membre de l'Ordre du Phénix. Quels autres sorciers étaient aussi sceptiques quant au retour du mage noir ? Certes, il devait forcément y en avoir, il y avait toujours des sceptiques. Mais étant donné l'entourage de Megan, c'était presque sûr que c'était un membre de l'Ordre, si les jumeaux étaient effectivement suffisamment âgés. Dean demanda donc, intrigué :

- Quel âge ont les jumeaux au juste ? Depuis combien de temps vous les cachez aux yeux du monde avec le père ?

Il ne savait pas si elle répondrait à ces questions si curieuses. Peut-être se douterait-elle du fond de sa pensée, qu'elle lui en avait déjà trop dit alors qu'elle souhaitait continuer de garder le secret. Mais avec un peu de chance, il en apprendrait plus. De toute façon, il ne trahirait pas le secret de Megan. Pas même sous la torture. Il l'emporterait dans sa tombe. Mais il était vraiment curieux, d'autant plus à cet instant où il avait reçu ces précieuses informations.

Il l'écouta parler de sa grossesse, mais ses pensées étaient bien trop occupées à penser aux jumeaux. Il ne pouvait s'en empêcher. Tout son esprit était tourné vers cette nouvelle énigme. Il faisait le tour des candidats possibles. Il n'y avait en avait pas tant que ça, la liste était vite faite. Et certaines possibilités étaient vraiment choquantes à tel point qu'il s'en voulait de les envisager. Pourtant il était rigoureux et avait appris qu'il fallait des preuves pour discréditer une hypothèse. Son intuition ou sa morale n'avaient pas de rôle à jouer dans une quelconque enquête logique.

Cependant, ses pensées furent rapidement détournées de leurs interrogations. Les trois mots prononcés par Megan avaient l'effet d'un ouragan en lui. Tout son être était secoué par cette révélation, par cette déclaration si douce et si belle à entendre. C'était la première fois qu'elle prononçait les trois fameux mots. Et elle ne pouvait pas savoir à quel point il était heureux de les entendre. C'était la preuve finale, la pièce manquante au puzzle pour affirmer qu'ils seraient toujours ensemble en fin de compte, que cette rupture n'en était pas vraiment une. Il vînt déposer un baiser sur les lèvres de la jeune femme, baiser qu'elle prit pour initiative d'approfondir. Cela faisait tellement longtemps que leurs lèvres ne s'étaient pas rencontrées. Il savoura ce doux baiser qu'ils échangeaient, probablement sous le regard courroucé du patriarche O'Neill. Tant pis ! Il l'aurait appris d'une manière ou d'une autre. De toute façon, il aurait pu s'en douter. Combien d'amis se déplacent sur de telles distances, aussi gentils soient-ils ? Il avait forcément une raison supplémentaire pour avoir fait tout ce chemin.

Il sourit lorsqu'elle fit la remarque sur eux et sur son père. Non ce n'était pas gagné. Mais quel goût aurait la vie si tout était servi sur un plateau d'argent ? Il fallait relever les challenges qui se présentaient à eux et continuer d'avancer. Rien n'était simple, surtout en ce qui concernait la vie, le monde. Et tout leur séjour sur Terre était une acclimatation et une confrontation à ces difficultés. L'apprentissage pouvait être plus ou moins douloureux et compliqué, mais en fin de compte il en valait vraiment la peine. Il écouta attentivement ses mots puis lui répondit :

- Pas de soucis, je comprends. Prend tout ton temps. Prenez le temps de discuter. Je saurai être patient.

Le fait qu'elle le prévienne qu'il serait choqué par l'identité du père ne le rassurait clairement pas. Cela ne faisait que le tourner vers les hypothèses choquantes qu'il avait pu émettre plus tôt et qu'il aurait voulu écarter. Il n'arrivait pas à comprendre comment une telle situation avait pu arriver. Et, surtout, il n'avait aucune connaissance sur un quelconque lien particulier et fort entre Megan et un autre membre de l'Ordre du Phénix. Enfin si, il y avait bien Rogue qui la traitait toujours gentiment, bien mieux qu'il ne les avait jamais traités. Mais ce ne pouvait être lui. A moins que ... Non, il ne pouvait s'accommoder à cette idée. C'était dégoutant. Non seulement la différence d'âges, mais il était son enseignant à l'époque. Et il ne croyait pas Rogue capable d'enfreindre le code d'honneur de l'enseignement. Mais tout cela avait un sens. C'était une bonne explication à l'exception que Rogue avait dans son comportement pour Megan. Il s'apprêtait à lui demander s'il s'agissait de lui mais se retînt. Il ne voulait pas se montrer trop insistant sur le sujet alors qu'elle venait de lui dire qu'elle allait essayer de convaincre le père pour qu'elle puisse lui dire la vérité. La seconde raison était qu'elle reprenait la parole. Il répondit, convaincu :

- C'est déjà tout réfléchi, Megan. Je ne m'attendais pas à une telle situation, je suis bien d'accord là dessus, mais je sais ce que je veux. Toi. Je veux être avec toi. Et si cela signifie être une famille, aussi éloignée soit-elle du modèle parfait que tout le monde peint, qu'il en soit ainsi. Je t'aime Megan. Fonder une famille avec toi n'est que la suite logique de ce fait. On est jeune, c'est sûr, mais on relèvera les défis que la vie mettra sur notre chemin.

L'amour qu'il ressentait pour elle l'aveuglait peut-être ou troublait sa vision des choses, mais il était conscient de l'engagement que cela demandait, de l'engagement qu'elle lui demandait. Il aurait souhaité que ce genre de responsabilités ne lui arrivent pas avant d'être plus âgé, d'avoir une situation plus stable, plus tranquille, mais qu'il en soit ainsi. La vie avait accéléré ses plans, il ferait avec. Ce n'était pas si dramatique. Et il était persuadé de pouvoir compter sur sa famille en terme de soutien. Il sourit à Megan. Il voulait qu'elle sache qu'il savait ce qu'il faisait, qu'il était conscient des sacrifices que cela demanderait.

Mais leur petit moment à deux était terminé. Les enfants venaient de rejoindre leur mère, qui l'introduisit proprement à eux. Si le petit Kyllian, bien blottit dans les bras de sa mère, était trop timide pour lui parler, il n'en était pas de même du petit Hugo. Dean rigola presque à sa manière de voir les choses. Les enfants avaient toujours des mots plus justes que les adultes pour décrire les choses. Ils ne cachaient pas les choses derrière des artifices. Le français lui répondit d'une voix douce et amusée :

- Oui, on ne peut rien te cacher à toi.

Je regardai Dean avec douceur. Il était tellement compréhensif et tolérant que je me demandais parfois si je ne rêvais pas. J’avais tellement de chance de l’avoir rencontré, et encore plus d’avoir vu en lui, plus que l’ami qu’il était auparavant. J’étais chanceuse et j’en avais bien conscience. Dean semblait parfait, en tout point et c’était aussi effrayant, en un sens. Parce que ses défauts, j’avais beau cherché, je n’en voyais aucun. Nous étions un peu comme la belle et la bête, sauf que les rôles étaient inversés. Je lui souris tendrement.

-Pour quelqu’un de choqué, tu réagis plutôt bien ! plaisantais-je avec un léger sourire amusé.

En réalité, je ne m’étais jamais risqué à imaginer comment Dean réagirait en apprenant l’existence des jumeaux. J’étais réaliste- pour ne pas dire pessimiste - et je préférais voir les réactions plutôt que de me les imaginer. Mais nul ne doute que si je m’étais prêté au jeu, j’aurai imaginé au moins cent scénarios différents et aucun n’aurait donné ce genre de résultat. Alors finalement, ce n’était pas plus mal !
Dean me questionna sur les jumeaux, une question légitime d’ailleurs, même s’il se doutait que je les avais eu vraiment jeune. Je n’allais certainement pas nié la vérité, alors en tout honnêteté, je lui répondis :

-Ils ont un peu plus de trois ans, et on les a toujours cachés aux yeux du monde, même avant leur naissance. Je n’ai pas pu cacher entièrement ma grossesse puisque je suis tombé enceinte à Poudlard. Au niveau des enseignants, les directeurs des quatre maisons étaient au courant, l’infirmière et Dumbledore, je tenais à cacher ma grossesse alors ils m’ont aidés à masquer mon ventre quand il était trop imposant. J’ai quitté Poudlard pour accoucher, et jamais personne n’a vu les jumeaux… C’était plus prudent compte tenu de mon… passé… résumais-je doucement.

Je souris à Dean, s’il savait, j’étais prête à parier qu’il préférerait recevoir un sort d’amnésie pour oublier ! Mais moi-même je n’en menais pas large. J’allais devoir avouer à Severus, que je fréquentais Dean et qu’il avait rencontré les jumeaux. J’allais me faire littéralement incendier. Severus n’avait vu ses enfants qu’une seule fois et de loin, ne voulant pas risquer de mettre son rôle d’espion en danger, alors lui dire que Dean leur avait parlé… En fait, je n’étais plus certaine d’avoir envie de le lui dire…

-Tu es tellement adorable Dean, c’est moi ou tu es… parfait ? souris-je amusée mais sincère.

J’allais poursuivre, en disant que je voulais être aussi à ses côtés, mais les jumeaux arrivèrent et la question d’Hugo, aussi enfantine qu’innocent nous fit tous deux sourires, même si j’étais un peu gênée. Kylian lui fixait Dean comme s’il était une bête curieuse, non sans froncer les sourcils pas tellement d’accord pour partager sa maman.

-C'est pour ça que tu lui as fait un bisou? demanda Hugo de sa petite voix fluette alors que Kylian restait silencieux a fixer jalousement Dean.

-As-tu des nouvelles d’Amaranthe ? demandai-je alors inquiète pour mon amie.

En fait, j’étais persuadé qu’Amaranthe ne voulait plus me voir après la bataille. Après tout, j’avais usé de sorts particulièrement sombre et dévastateur et je me demandais si elle n’avait pas, à présent, peur de moi. Peut-être que Dean en savait un peu plus à ce sujet, alors je me risquais à le lui demander tout en caressant les cheveux de Kylian.

Megan n'avait pas tort. Il réagissait extrêmement bien pour quelqu'un de choqué. Il lui sourit. C'était en effet assez bizarre mais la joie de la retrouver surpassait tout ça. Certes, il ne s'attendait clairement pas à ça, à être plongé dans une famille à son âge, mais il surmonterait ces obstacles. Il s'en fichait, du moment qu'il était avec elle. Il ne pouvait l'expliquer, c'était comme ça. Il allait falloir qu'il apprenne avec cette nouvelle composante dans sa vie, mais il n'avait pas peur. C'était très particulier comme situation, mais il n'allait pas reculer devant. Il avait besoin d'elle. Il n'imaginait pas sa vie sans elle. Et, très certainement, elle ne devait pas imaginer sa vie sans ses enfants. Alors il en serait de même pour lui. Il espérait que Megan l'aimait autant que lui l'aimait.

Ses pensées étaient tournées vers les jumeaux et les informations que l'américaine venait de lui révéler. Ce n'était pas rien. Il pouvait potentiellement deviner l'identité du père des enfants. Il ne devrait certainement pas aller plus loin, et attendre que Megan le lui annonce elle-même, mais c'était plus fort que lui. Son esprit était curieux, très curieux même, et il ne pouvait s'empêcher de penser, de réfléchir, d'analyser. Et les confirmations que Megan apportait n'allaient pas dans le sens du meilleur des scénarios. Bien au contraire. Étant donné l'âge des jumeaux, il n'y avait plus beaucoup de possibilité quant au géniteur. Aux yeux de Dean, seuls deux hommes de l'Ordre du Phénix se trouvaient là à ce moment-là : Severus Rogue et Albus Dumbledore. Il ne pouvait se résoudre que ce soit l'un ou l'autre. Et pour plusieurs raisons. D'abord, il les pensait suffisamment intègres et bons pour ne pas avoir ce genre d'affaires avec une de leurs élèves. Et ensuite, il ne pouvait se résoudre à penser que Megan avait eu une attraction physique à ce point pour l'un ou pour l'autre des deux sorciers. Mais, avec le comportement dont Rogue a pu faire preuve au cours des derniers mois, cela devenait pourtant logique que ce soit lui. Le français se demandait tout de même comment elle avait fait pour ... faire cela avec lui. Ce point restait encore obscur dans son raisonnement.

- Et vous avez bien eu raison de les cacher ainsi. Merlin sait ce qui aurait pu leur arriver s'il en avait été autrement.

Le sujet du père, d'autant plus avec les informations qu'il venait d'obtenir, restait brûlant. Il ne l'aborderait pas tout de suite, pas devant le père et les jumeaux qui pouvaient entendre. Mais il le ferait, tôt ou tard mais il le ferait. Il avait besoin de savoir le pourquoi du comment, de savoir les raisons qui ont coordonné tout ça. Il avait besoin de savoir comment Megan avait pu être attirée par Rogue. Et ... La phrase qu'elle prononça le sortit de ses pensées et le fit sourire de plus belle. C'était tellement mignon. Il répondit en rigolant :

- Non, personne ne l'est. On peut être quelqu'un de bien, mais on n'est jamais parfait. Ou alors, on n'est pas humain, finit-il en riant.

Et avant qu'ils n'aient le temps de dire quoi que ce soit de plus, les jumeaux avaient fait irruption. D'ailleurs, les paroles du petit Hugo étaient des plus attendrissantes. Ses mots d'enfant étaient tellement mignons, tellement différents et tellement purs de tout artifice derrière lesquels se cacheraient les adultes. Les enfants étaient tellement plus simples dans leur façon de penser, c'en était presque un modèle.

- Oui, j'aime ta maman, c'est pour ça.

La question de Megan était bien plus sérieuse que celle de son fils. Dean en perdit presque son sourire. Il n'avait pas eu de nouvelles d'Amaranthe depuis qu'ils s'étaient vus à Ste-Mangouste. Tout comme c'était le cas de nombreux membres de l'Ordre du Phénix et étudiants d'Haveirson présents à Poudlard lors de la Bataille. Tout le monde souhaitait prendre des nouvelles et les médicomages n'autorisaient pas tout le monde pour les visites, ce qui paraissait normal face à l'influence. Le jeune homme se demandait d'ailleurs comment allait leur amie commune.

- Je n'ai pas de nouvelles après avoir quitté Ste-Mangouste. Elle a fait partie de tes visites lorsque tu étais dans le coma. Elle ne t'a pas écrit ? Après, tu sais, elle est peut-être très occupée avec son installation à Salem.

Il ne savait pas. Non, il ne pouvait pas savoir à quel point ses paroles étaient vraies. A quel point il avait été primordial de caché l’existence des « jumeaux » au reste du monde. Je n’osais même pas imaginé qu’il en est été autrement, ni les conséquences qui auraient découlées si nous les avons exposés. Moi, la traitresse. Celle qui avait été élevée et surentraînée pour devenir une mage noire puissante et insensible et leur père, espion de Dumbledore, infiltré depuis des années chez les mangemorts. Non de loin il aurait été suicidaire de les exposés sans compter que ça aurait ruiné la couverture de Severus. Définitivement pas une bonne idée, et même maintenant il fallait les garder à distance. Tant de mangemorts étaient encore en liberté, ayant fuis après la chute du Lord Noir.

Je souris tristement à Dean. Oui, j’avais caché mes enfants, mais ce n’était pas non plus par gaieté de cœur. Vivre loin d’eux toute l’année était un vrai supplice, et j’avais beau faire des allers et retours chaque semaine, j’avais l’impression de ne pas les voir grandir. Toutefois, maintenant que Dean connaissait l’existence des jumeaux, il fallait surtout que je m’assure qu’il n’en parle à personne.

-Dean, lorsqu’on sera à Haveirson, il faudra garder le secret. Personne ne doit apprendre l’existence des jumeaux, d’accord ?

Je ne doutais pas que Dean comprendrait ma position et il n’y avait aucune raison de penser qu’il n’arriverait pas à tenir sa langue. Mais savait-on jamais. Mentionner les jumeaux là-bas était risqué, car il était bien connu que les murs avaient des oreilles. Il était préférable de rester prudent à ce sujet.

Je ne pus m’empêcher de rire avec lui. S’il n’était pas parfait, il se rapprochait énormément de la perfection, mais je m’abstins bien de le lui dire, tout en lui faisant un clin d’œil. Dean semblait à l’aise avec Hugo, c’était d’ailleurs agréable à voir, même si Hugo était le jumeau le plus extraverti des deux. Le petit acquiesça d’ailleurs de la tête, l’air satisfait de la réponse de Dean, me faisant rire par la même occasion. Il finit par repartir jouer dans la petite piscine alors que Kylian restait caler dans mes bras, possessif.

Le sujet de discussion qui s’ensuivit fut plus délicat. Il concernait Amaranthe. L’amitié que nous partagions avait connu quelques turbulences dernièrement, notamment lorsqu’elle avait perdu pied après la mort de Ben. J’ignorais pourquoi je ne l’avais pas vu, surtout si elle avait fait partie de mes visites lorsque j’étais dans le coma. Je trouvais ça étrange de ne pas avoir de nouvelles, sauf si elle avait été choquée par mes sorts. Mais de là a ne pas me le dire en face… ou par lettre. Et puis, c’était quoi cette histoire d’installation à Salem ? J’étais un peu perdue…

-Non je ne l’ai pas vu. Je croyais qu’elle n’avait pas envie de me voir en ce moment, mais comme je ne l’ai pas revu depuis la bataille… Et c’est quoi cette histoire d’installation à Salem ? m’enquis-je aussitôt.

J’ignorai si Dean avait eu vent des sorts que j’avais utilisé. Je n’en étais pas fière, mais dans cette bataille, j’avais agis par instinct de survie et utiliser des sorts que je maîtrisais totalement plutôt que des sorts inoffensifs que je n’arrivais pas forcément à réussir du premier coup. Du coup, j’évitais d’aborder le sujet, préférant garder sous silence mes réflexes loin d’être normaux aux yeux des autres.

La discussion tournait autour des jumeaux. Il n'avait pas fallu longtemps au jeune homme pour deviner l'identité du père des jumeaux avec les indices qui lui avaient été laissés. Et même s'il ne voulait pas y croire, il n'arrivait pas à trouver de faille dans le raisonnement logique qui l'avait amené à cette conclusion. Cependant, il se garda bien de chercher une quelconque confirmation, pas pour l'instant. Il avait promis à Megan d'attendre et c'était ce qu'il ferait. Il attendrait qu'elle ait l'autorisation du père génétique pour le lui dire. Ils discutaient de l'importance qu'il y avait eu de conserver les jumeaux à l'abri du monde extérieur. Il n'y avait pas d'autre choix possible qui aurait pu se présenter à eux. Déjà en connaissant le passé de Megan, c'était tout à fait naturel de cacher les enfants, mais, s'il ne se trompait pas, la situation du père était encore plus tendue. Décidément Megan avait le chic pour se mettre dans des situations pas possibles. Elle lui demanda, une fois qu'il serait de retour à Haveirson, de garder le secret quant aux jumeaux. Dean acquiesça :

- Bien sûr, je comprends. Moi-même, je ne devrais pas être au courant alors je n'irai pas le crier sous les toits. Je te promet de ne rien dire à qui que ce soit, Megan.

Les paroles de l'américaine étaient si douces à ses oreilles. Même s'il ne pouvait accepter le compliment, il était flatté et même content d'entendre la belle penser ça de lui. Il sourit à son clin d'œil. Les jumeaux étaient alors arrivés. Ils étaient tous mignons avec leur innocence d'enfant. Le petit Hugo posa des questions auxquelles répondit Dean avant de retourner jouer dans la piscine. Cependant, le petit Kylian ne quittait pas les bras de sa mère. Il avait pris position et commençait à creuser les tranchées. C'était mignon de voir cet enfant vouloir garder sa mère pour lui tout seul. S'il savait à quel point l'amour d'une mère pour ses enfants était grand. Il était trop petit pour le savoir bien sûr, mais jamais Dean ne pourrait prendre sa place dans le cœur de Megan. Dean sourit. Du moins, jusqu'à ce qu'ils abordent le sujet de leur amie commune. Il semblerait que l'américaine n'ait pas eu de nouvelles de sa colocataire depuis la Bataille. Voilà un autre sujet qu'ils aborderaient plus tard. Très prochainement, dès qu'elle irait mieux, dès qu'elle aura retrouvé ses capacités physiques. Il ne pouvait garder ce poids plus longtemps. Ce qui comptait en priorité, c'était qu'elle aille mieux, mais elle devait se débarrasser de ses mauvaises habitudes qui lui ont été enseignées durant son enfance. Dean avait sa petite idée en tête quant au processus à suivre, mais encore faudrait-il convaincre l'intéressée. Et ça, Merlin savait à quel point ce n'était pas gagné. Mais il le fera. Il ne pouvait voir sa chère et tendre contaminée ainsi par ce mal qui la rongeait depuis son enfance et qui était, probablement, à la source de tous ses maux.

- Bien sûr qu'elle aurait envie de te voir. Elle est même venue te voir à Sainte-Mangouste. Je l'ai croisée et on a discuté. C'est là que j'ai appris qu'elle partait s'installer à Salem, pour aller travailler avec Christopher, son ami et mentor. C'est ce qu'elle veut vraiment, c'est cool qu'elle soit heureuse, non ?

J’étais soulagée que Dean accepte de garder le secret. Je ne doutais pas de ses capacités à rester silencieux, mais je savais à quel point cela pouvait être difficile et pesant de garder un secret aussi grand. Je lui aurais volontiers accordé un baiser de remerciement, mais la présence de Kylian dans mes bras m’empêcher de me pencher pour le lui donner et mon fils ne semblait pas vouloir se décoller de moi d’un cheveu. Je tentais toutefois de lui demander.

- Kylian, tu ne veux pas aller jouer avec ton frère ? Demandai-je doucement.

La réponse fut aussitôt négative alors qu’il s’accrochait à mon bras. D’accord, j’étais forcé de constaté qu’il était jaloux et malgré moi, cela me faisait un peu sourire. Des deux garçons, Kylian était pourtant le moins démonstratif des deux alors j’en étais pas moins surprise. J’usais donc de patience avec le petit garçon, tout en me concentrant à nouveau sur un sujet de conversation assez brulant : Amaranthe.
Si ce que Dean me disait était vrai, alors pourquoi je n’avais pas vue la rouquine une seule fois depuis mon réveil ? Pourquoi n’avais-je reçue aucune lettre d’elle ? Je n’avais pas osé lui en envoyer une, pensant qu’elle avait besoin de temps après ce qui s’était passé durant la bataille. L’usage des sorts de magie noire que j’avais utilisé avait très certainement pu la déboussolé, voir même la choquée. D’ailleurs, si elle avait parlé à Dean, je me demandais si elle ne lui avait pas fait parts des violences du hall, et celles que j’avais moi-même réalisé à l’encontre d’un mangemort et d’une acromentule, dans ce dernier cas pour sauver Amaranthe.

-Vous avez parler ? Elle… allait bien ? Je veux dire après la bataille elle devait être un peu sous le choc non ?

Je n’osais pas tellement parlé de ce que j’avais pu faire. La discussion que j’avais eu avec Rowan avait suffit pour laisser venir à moi des remords. Mais le choc était à présent pour moi. Amaranthe déménageait ? Je le regardai, surpris et un peu perdue par cette annonce.

-Mais… comment ça elle déménage ? Et ses études ? Balbutiais-je sans vraiment comprendre.

Elle était heureuse ? je peinais à le croire puisqu’elle partait vivre à l’autre bout d’un océan, et juste après la fin de la guerre. Cela me paraissait bizarre et je répondis d’une voix pensive.

-Je ne sais pas, c’est un peu prématuré non ? Je veux dire… Tu n’as pas l’impression qu’elle fuit ?