Clemens Neubach - Boîte aux lettres

Clemens,

Je suis sorti ce matin pour aller chercher un nouveau lit. Je me suis dit que ce serait la meilleure chose à faire. Je me suis rendu à l’évidence qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. J’veux pas me réveiller encore avec ces cauchemars… Sérieusement, je pense que cette mascarade a assez duré et qu’il va falloir s’occuper du Comte. Un excès de prudence ne nuit jamais, mais il me donne envie de prendre des risques. On ne peut vraiment pas rester dans cette situation où il peut faire absolument ce qu’il veut. Des idées, je n’en ai pas trop malheureusement. Mes draps, mon lit me manquent. Ils restent froids car le message est resté sur le miroir malgré tout ce que j’ai pu faire. Les pauvres petits, désertés, à cause de ma propre imprudence. Je déteste vraiment dormir seul mais je ne peux décemment pas te demander de continuer à camper dans le salon. On va finir tout courbaturés avec ces conneries, sérieusement. Enfin, tout ça pour dire que mes appartements sont de nouveau prêt à t’accueillir. Rêve, si tu pensais que j’allais te laisser croupir à Sinistros chaque nuit !

Hé, tu manques beaucoup au Docteur. Ce chat est un peu cinglé, je sais… Mais il court partout et il est intenable ! Je suis sûr que quand je dors il doit se demander où tu es. Imagine le se dire, “Ben je vais me coucher et Clemens n’est pas là ?” ! Je crois qu’il doit s’ennuyer ferme quand tu n’es pas là, en fait. Malgré sa bougonnerie, il te kiffe les fesses, un peu comme moi, tu sais à quel point j’aime te regarder dans les… Yeux.

Et je me disais, rien à voir mais… Tu le vois comment quand tu es sous forme… différente ? Je me demande, ton point de vue doit être sérieusement changé. Ça m’a bien fait sourire de te voir réussir, mais du coup j’aimerais vraiment en savoir plus. Comment ça fait, de pouvoir en un instant devenir si différent… Hé, tu m’en as bouché un coin, je dois l’avouer, même si j’ai toujours cru en toi. Tes talents de sorcier n’ont de secret pour personne ! Les yeux du cœur peuvent parler, et tu pourras dire que je te complimente en étant peu objectif… Mais sérieusement, qui peut encore dire que tu es là par dépit ? Et même Haveirson s’embrase un peu trop pour toi et (pardon pour cette blague) toi pour lui. Ouais, c’est un peu de mauvais goût, je sais mais mieux vaut en rire qu’en pleurer. C’est tout ce que je désire, qu’on mette ça derrière nous.

Et toi dis-moi, j’espère que je ne te ‘manque’ pas trop ? Veux-tu m’accompagner en soirée de temps en temps, histoire de se détendre ? Ou de danser un peu aussi ! Tu ne te promènes pas assez selon moi, l’air frais ça fait du bien ! Voir du monde, sentir le vent frais de la mer… Je ne serais pas contre une petite balade hivernale sur la plage. Qu’est-ce que t’en penses dis moi ? La semaine prochaine je suis disponible alors… Que dirais-tu d’une sortie, rien qu’à deux ? Oh, tu pourras choisir la destination, je ne suis pas difficile. Et de te le rappeler est un même un peu insultant j’avoue. Ah, cette lettre glisse vraiment sur la mauvaise pente. L’inspiration me manque, et entre nous je ne sais pas si c’est une mauvaise chose. J’ai d’autres trucs à faire, mes cours ne sont toujours pas préparés, et je me suis promis de me remettre au sport. J’ai du mal à supporter mes cuisses en ce moment, elles ont trop grossi.

Ta journée s’est bien passée de ton côté ? La peau de ton épaule n’a pas trop souffert pendant le match ? Elle était chaude, un peu trop, juste après le tournoi… Je suis pas contre le fait que tu remontes sur un balai mais je m’inquiète un peu. T’arrives à bien gérer la douleur, j’espère ? J’ai du mal avec la mienne, principalement parce qu’elle n’est toujours pas revenue. Je me suis promis de voir ça avec mon frère, mais je n’ai pas encore eu le temps parce qu’il est trop occupé à refaire le stock de bains moussants. Senteurs florales nouvelles, qu’il m’a dit ! C’était épicé plutôt qu’autre chose, mais c’est pas un mal non plus. J’en ai qui me donnent un peu mal à la tête mais ça passera. Comme d’habitude, Neal me surprend avec ses idées bizarres. Je l’adore mais il fait parfois des trucs chelous. Du style à vraiment le perdre en chemin. Il est habitué depuis le temps, là. Tête de pioche comme il est.

Et l’impatience d’être à cette fête de Saint-Valentin que j’ai organisé avec Rupert, Isolde et Daphné, une élève de Poudlard ! C’est elle qui s’est occupée de trouver l’endroit, Isolde a pas mal bossé aussi ! Et moi je me suis contenté de gérer ce qu’on y trouverait à manger. Le but c’est qu’on traverse pas la ligne blanche. Tu sais, je m’en suis fait un combat personnel et j’espère que tout se passera bien. J’ai hâte de voir ces ados bouillonner d’amour entre eux ! Mes mains en trembleraient presque ! Les veines de ces gamins doivent être pleines de guimauve fondue à l’approche du 14… J’ai hâte et j’espère bien que tu m’accorderas une danse, voire plusieurs ! Je ne me raidis pas avec l’âge, contrairement à ce qu’on pourrait penser… Je pense aussi faire mon petit solo de danse irlandaise, et je me demande si Neal sera là pour m’accompagner. On adore cette danse, genre, corps et âme, tu vois.

Cette lettre est trop longue mais dans un moment d’égarement je me suis dit que j’allais t’écrire. Un ‘petit’ message de temps à autres, ça ne fait pas de mal, non ? Un sursaut de romantisme avec un soupçon de mystère, et surtout… Une lettre de plus à déchiffrer. J’espère te faire plaisir avec ces quelques mots. Du moins, autant que je peux le faire avec le reste de ma personne. Il ne reste que des murmures des moments que nous passons, des souvenirs, aussi agréables soient-ils. Les mots demeurent, et avec eux ton image me revient plus facilement. Je prends plaisir à lire ton nom, griffonné en bas de tes lettres, en me rappelant à quel point j’ai la chance de te connaître et ce, chaque jour.

Quinn.

Missive de février 1997 a écrit:

À Clemens,

J’ai beau avoir été stupéfait devant les angelots et leurs accoutrements, je te suis infiniment reconnaissant pour cette missive.

Tu es le premier de tous mes proches à m’adresser de si douces pensées. De ce fait, je m’estime très chanceux et honoré de t’avoir à mes côtés. J’espère pouvoir te rendre prochainement la pareille.

Bien à toi et ton lit, décoré avec faste et roseraies pour l’occasion,

Ton dévoué et aimant,
Rowan Westminbrook.

Cadeau:

Freya a écrit:

Clem,

J’aurais aimé pouvoir passer plus de temps avec toi, moi aussi. J’étais bien présente à Avalon, et à part quelques coupures, rien de grave ne m’est arrivé, ne t’en fais pas. On en parlera la prochaine fois que l’on se verra, si tu veux, mais je t’assure que tout va bien.

Je t’avoue que, jusqu’à notre conversation, je ne m’étais pas spécialement penchée sur cet aspect de la potion ; c’est sans doute pour ça que je ne parvenais pas à la réaliser, d’ailleurs. Je dirais que la différence réside dans les gènes. Les données sont très peu nombreuses malheureusement, ce qui empêche de faire une véritable généralité, mais on ne naît pas loup-garou d’après ce que j’ai pu lire. Cela ne se transmet pas, contrairement aux gènes de vélane et de géants ; la différence doit résider ici, et c’est vraisemblablement parce que la transformation ne s’inscrit pas dans le code génétique que l’on peut la bloquer. Bien entendu, cela reste des conjectures : les enfants de loups-garous sont extrêmement rares, étant donné leur espérance de vie raccourcie, mais surtout parce qu’ils ne se déclarent pas volontiers… Je ne peux pas leur en vouloir.

L’aconit est utilisé ici pour empoisonner le loup ; je pense que c’est le fait de la coupler avec la valériane qui permet d’éviter que cela ne déborde sur la personne humaine. C’est assez fascinant, en réalité, car cette potion ne peut pas être faite à l’instinct ; elle doit absolument être équilibrée à la goutte près pour éviter que le poison ne se répande au-delà du côté lycanthrope. Le choix d’utiliser la corne de licorne en poudre comme catalyseur est assez génial, car c’est un ingrédient très volatile et difficile à utiliser, mais je pense que c’est lui qui permet de bloquer le poison avant qu’il ne parvienne à la partie humaine.

Je ne sais pas si ce que je viens de te dire te sera très utile, cela dit. Certaines expériences ont été menées sur des individus « sains », et la potion Tue Loup n’avait strictement aucun effet lorsqu’elle était bien préparée. Comme dit plus tôt, je pense que ces potions ne peuvent avoir un effet que lorsqu’elles ne touchent pas à la nature de l’être en elle-même ; si le Polynectar est contre-indiqué pour des métamorphoses animales, c’est justement parce que les quelques expériences qui ont été menées ont donné des résultats assez dramatiques. Dans le meilleur des cas, on arrivait à une espèce d’hybride, et il fallait pas mal de temps pour réussir à refaire surgir la partie humaine. Je pense qu’on touche ici à une des limites de la magie, et je ne vois pas (pour l’instant) de façon de la contourner via les potions. La seule façon de faire qui me paraisse accessible est celle des animagus, mais je sors de mon domaine d’expertise.

Je ne connais pas d’autres potions similaires, non. Quelques expériences ont été faites pour tenter d’imiter le clair de lune et de permettre la transformation d’un loup-garou alors que ce n’est pas la pleine lune, mais elles n’ont pas vraiment marché. Je reste pourtant persuadée que c’est possible, pourtant. Il ne s’agirait que de recréer les conditions nécessaires à une transformation. Certaines potions comme le Baiser de St Jean permettent de créer un « masque », de dissimuler la vérité, mais cela ne touche pas au problème (souvent une faiblesse physique avec ce genre de potions) en lui-même : il est toujours là, même s’il est dissimulé.

Enfin, bref, pour répondre à ta question sans trop de bla bla : il est rare qu’une seule plante en elle-même ait une action aussi importante. Il s’agit habituellement de phénomènes créés grâce à l’interactions de plusieurs éléments et du choix du catalyseur approprié. La belladone entre à la fois dans la composition de poisons et dans des philtres d’Illusion, bien plus inoffensifs, même si très addictifs (quoi que ce n’est pas la faute de la belladone, pour le coup).

Bon, je ne suis pas certaine d’avoir tout à fait répondu à ta question, mais j’y réfléchis toujours à vrai dire. Je te dirai si jamais je fais des avancées !

Toi aussi, Clem. N’hésite pas si jamais tu as besoin de quoi que ce soit.

Amitiés,
Freya

PS - Désolée, ma lettre est vraiment longue, et je n'ai pas de véritable réponse à te donner. Je vais y réfléchir, promis.