Soirée de bienvenue

Deux mois, que les étudiants de Haveirson étaient bloqués ici. Deux mois que chacun se réunissait en petit groupe pour trouver un moyen de sortir de là. Ou du moins comprendre ce qui se passe. Mais les recherches ne sont pas tellement fructueuses, puisqu’on est début septembre, et que les étudiants sont toujours bloqués. Et pire encore, ceux qui avait eu la chance de quitter Haveirson en temps et en heure, venait d’arriver pour ce premier jour de rentrée, sans savoir qu’ils venaient de faire l’erreur de leur vie. Une fois entré, il était impossible d’en ressortir ! Mais ça ils l’avaient appris qu’une fois franchis les portes d’Haveirson et c’était bien évidemment trop tard…
 
Maintenant qu’ils étaient là, il fallait bien reprendre les cours. Après tout, pourquoi ne pas en profiter de cet enfermement pour continuer à  apprendre et surtout cela permettrait de continuer les recherches avec les nouveaux arrivants et enfin trouver un moyen de sortir de là.

En parlant de rentrée, tout le monde, y compris les anciens étudiants, avaient été repartis une nouvelle fois. Jessica ne savait pas trop pourquoi. Mais au final elle se fichait un peu puisqu’elle était encore une fois envoyée chez les Phénix. Comme quoi elle était faite pour cette confrérie. Ce fut le même cas pour Isolde, sa copine de soirée comme elle l’appelait. Mais certains, donc elle ne citerait pas de nom, avait été changé de confrérie. Aussi les deux jolies phénix avaient décidé d’organiser une petite soirée dans la salle commune des Phénix. Déjà pour accueillir les nouveaux arrivants et surtout pour mettre un peu de baume au cœur, en ces temps sombres.

Une affiche avait été faite par la jolie Isolde et afficher sur le panneau d’afficher. Et les deux jeunes filles avaient mises de côté les problèmes pour organiser une petite soirée. Elles avaient réussi à trouver de la nourriture et un peu de boissons. La soirée était prévue pour le 04 septembre au soir, à partir de 19h30 dans la salle commune. La présidente de la confrérie avait aussi envoyé un petit mot à tous les habitants de la maison des Phénix. Jessica espérait qu’ils seraient nombreux à y participer.

Le jour J était arrivé. Jess s’était préparé avant de descendre dans la salle commune et vérifier que tout était prêt. Le buffet était bien installé, une petite musique sonore apportait une ambiance chaleureuse. La mexicaine vit Isolde arrivé. Elle s’approcha d’elle

- Tu crois que tout est bon ?

Oui elle était stressée, comme avant chaque fête qu’elle organisait avec son amie. Elle jeta un vers la porte d’entrée de la salle commune, guettant l’arrivée des autres Phénix…

Isolde était sur le point de craquer. Elle ne supportait plus l’enfermement, l’absence totale d’information concernant le monde extérieur - qu’était-il arrivé après la chute de Voldemort ? Comment avaient réagi les Moldus ? Le doute lui était insupportable. Elle passait de plus en plus de temps dans la salle aux miroirs, allongée dans l’herbe illusoire qu’elle lui offrait, suppliant en pensée ce foutu “Comte”, quel qu’il soit de lui montrer ses amis, de lui permettre de leur parler. Ils avaient dû se rendre compte de sa disparition depuis un moment… Mais la chercheraient-ils à Haveirson ? Elle était censée être partie en voyage, en randonnée Merlin seul savait où, et pas coincée dans cette école. Partie avec Novenka et Chris qui plus est, cloîtrés ici comme elle, et donc incapables de rassurer qui que ce soit. Est-ce qu’on l’avait déclarée perdue ? Est-ce que ses proches la croyaient morte ? L’idée de leur causer de l’inquiétude la minait ; et parfois, la faisait rager et crier de colère contre l’Académie toute entière qui jouait avec eux comme des marionnettes dans une maison de poupées. C’était bien ce qu’ils étaient ; des jouets soumis à la volonté absurde et fantaisiste d’un être dérangé, qui prenait sûrement plaisir à lire les dégâts que provoquait l’enfermement dans leurs esprits. Elle s’était mise à détester ce comte, ce directeur, cette entité, comme elle avait rarement détesté quelqu’un. Elle oscillait en permanence entre le désespoir et la colère, et sa volonté de sortir en était décuplée - mais différente du mois dernier. Son esprit prompt à dénouer les énigmes était presque vaincu, épuisé par le manque de résultats. Les devinettes et obstacles du genre avaient auparavant toujours constitué un jeu pour elle, quand ils avaient pour enjeu le plus élevé de rentrer dans la tour de Serdaigle ou d’obtenir une bonne note. Mais cette fois-ci, son mental déjà affaibli par le choc de l’attaque de Poudlard s’était mis en mode survie, et petit à petit, elle avait eu de plus en plus de mal à se concentrer ; son esprit n’était simplement plus disponible pour ce jeu cruel. Elle était constamment aux aguets, guettant la moindre faille dans leur piège ; restait affable mais plus renfermée et discrète qu’auparavant, les traits tirés et fatigués par ses insomnies à répétition, le visage parfois éteint et la voix douce mais tendue.

Pour couronner le tout, le “Comte” prenait un malin plaisir à bouleverser des choses de manière qui leur semblait aléatoire ; ainsi certains élèves avaient dû changer de confrérie sans aucune explication. Isolde ne savait pas si elle gardait ou non son titre de Présidente de confrérie, mais il lui avait semblé normal d’accueillir ces nouveaux étudiants. La préparation de la fête lui avait fourni une distraction bienvenue, même si elle ne pensait pas réussir à se détendre suffisamment pour en profiter. Elle avait été soulagée de voir que son amie Jessica était restée à Phénix elle aussi - elle constituait au moins un repère rassurant dans tout ce chamboulement.

La fête avait été rendue possible par une trouvaille étrange - encore une - faite par les deux jeunes filles un jour plus tôt : une réserve de nourriture amassée par un.e inconnu.e au détour d’un couloir. Les deux Phénix avaient remonté tout ce qui était encore mangeable (Merlin seul savait depuis combien de temps c’était stocké là) et l’avaient préparé du mieux qu’elles avaient pu. Ajouté à l’alcool du bar, il y avait de quoi rassasier tout le monde. Descendue avant tout le monde, Isolde patientait en surveillant son chat qui tendait régulièrement une patte pour se saisir de quelque chose au hasard sur le buffet. Lui aussi subissait l’enfermement ; il courait et jouait moins, et s’était même un peu empâté par manque d’exercice. Comme en miroir de son humaine, il était un peu éteint. Mais ses instincts félins n’avaient pas disparu et il guettait la moindre inattention d’Isolde pour faire une nouvelle tentative de kidnapping de nourriture.

L’arrivée de Jessica lui arracha un sourire ; son amie savait toujours se mettre en valeur, peu importait la situation. Elle-même avait mis un soin mesuré à sa tenue, se contentant d’une robe de soirée noire simplement décorée d’un motif ajouré à l’encolure et d’un long collier doré. Elle acquiesça simplement à la question de Jessica avec un léger sourire.

- J’espère que les gens viendront…

Comme répondant à son souhait, une première personne fit son entrée. Isolde la laissa se présenter, souriant doucement mais chaleureusement.

- Bienvenue à Phénix, Zahara. Tu es en première année alors ? Je suis Isolde, c’est moi qui ai écrit la lettre, je suis contente que tu sois venue !

Avant d’avoir pu répondre au reste de ses questions, un grand étudiant avec un sourire encore plus grand fit son apparition et Isolde le salua d’un sourire calme, qui avait beaucoup perdu de son enthousiasme de l’année dernière. Elle était évidemment très contente de voir des nouvelles têtes, mais apparaître légère et joyeuse devenait de plus en plus difficile. Cependant, elle s’était fixée une mission à laquelle elle ne dérogerait pas ; accueillir dignement les nouveaux arrivés.

- Bonjour Samaël, moi c’est Isolde ! Merci d’être venu à notre fête. Elle lui lança un regard perplexe. L’Académie est ouverte depuis l’année dernière seulement, donc je ne sais pas… C’est peut-être juste un nouveau tour du directeur. Vous avez trouvé une chambre et un.e colocataire tous les deux ? ajouta-t-elle en s’adressant aussi à Zahara. Pour répondre à ta question, il suffit de t’arranger avec quelqu’un pour partager une chambre et tu peux t’installer dans celle que tu veux, du moment qu’elle est libre. Tu pourrais faire connaissance avec les autres Phénix ce soir, et voir si tu t'entends bien avec quelqu’un. Sinon, reviens me voir et je t’aiderai ! Les chambres sont pour deux personnes, et chaque chambre à sa salle de bain. Pour le reste du château, le règlement dans l’entrée donne les horaires d’ouverture de la bibliothèque, de la cafétéria et de tout le reste. Mais si tu as des questions plus précises, n'hésite pas. Tu as déjà choisi ton cursus ?

Isolde hésita un peu, par crainte de briser un peu l’ambiance dès le début. Mais autant la prévenir tout de suite des dangers de l’école.

- Un conseil, fais très attention aux objets qui appartiennent au château. Le directeur a attaqué plusieurs fois des élèves parce qu’ils avaient cassé quelque chose ou enfreint le règlement, même sans le faire exprès. Je veux pas te faire peur, mais je préfère que tu sois au courant, l'école peut être... dangereuse. Tu avais entendu parler d’Haveirson avant de venir ?

Dire que l'annonce de sa nouvelle répartition à Phénix ne l'avait pas enchanté était un euphémisme. Cela l'avait carrément déprimé. Du moins encore plus que l'enfermement ne l'avait déjà fait. Au départ, il avait cru à une mauvaise blague mais non, c'était bien réel. Il allait devoir quitter sa confrérie. Non pas que Chris ait une quelconque rancœur envers les Phénix, loin de là. Isolde, leur président, était une de ses amies les plus proche. Mais ce n'était pas Sinistros. Il ne considérait pas ce lieu comme sa maison et ces élèves comme une famille sur laquelle il pouvait veiller. Lors de sa première rentrée à Haveirson, Chris venait de quitter sa famille sachant qu'il ne pourrait plus vraiment entretenir de relation ouverte avec eux, à cause des tensions entre sorciers et moldus. Il se sentait seul. Mais Sinistros l'avait accueilli, il s'était lié à ses camarades de confrérie et, rapidement, s'était prit d'un amour et d'une fidélité sincère pour Sinistros. Tout comme à Poufsouffle à l'époque de Poudlard, c'était son foyer. Arrivé l'heure des élections, faute de candidat et voulant le meilleur pour eux, il avait été à l'encontre de ses convictions et s'était présenté au poste de Président de confrérie. Il s'était investi, avait fait de son mieux et s'y sentait bien. Ce qui explique que sa déception de devoir partir était si grande. Il se sentait trahi. Non pas par Sinistros, mais par Haveirson qui se permettait de changer les élèves à sa guise en plus de les enfermer tout un été. Il avait pensé un moment tout envoyer en l'air mais on lui avait très vite fait comprendre que, malgré son poste de Président -qui allait donc prendre fin avec son départ- le choix ne lui était pas donné. Heureusement, il n'était pas seul. Lawrence, son colocataire et ami avait apprit la même triste nouvelle qu'il acceptait tout aussi mal. C'était peut être égoïste de sa part, mais Chris était heureux de ne pas être le seul à partir.

Bien évidemment, dès qu'il avait su que son colocataire était lui aussi réparti de force, le portugais s'était mit en tête de faire la démarche pour qu'à Phénix, ils partagent de nouveau une même chambre. Malheureusement, l'académie avait décidé de le contrarier jusqu'au bout, semblerait-il. D'après leurs dires, quelqu'un de sa famille avait, en son nom, déjà réservé une chambre pour lui en compagnie de Brook Hamilton. Sa cousine. Ce qui voulait dire que la personne ayant organisé ça ne pouvait être quelqu'un d'autre que son oncle. Le clou du dépit s'enfonçait encore un peu plus dans son cœur déjà lourd. En soit il n'avait rien contre ce côté là de sa famille. Chez les portugais, la famille comptait beaucoup. C'était juste que... Chris avait toujours eu un peu de mal avec Brook et ses manières. On pouvait sentir qu'elle avait depuis toujours grandit dans l'opulence et qu'elle s'attendait à ce qu'on réalise ses souhaits. Puis il ne l'avait pas vu depuis de nombreuses années, à l'inverse d'Ash qu'il avait toujours vu régulièrement depuis son enfance. Ils n'étaient pas vraiment proche. Des étrangers liés par le sang et quelques souvenirs d'une jeunesse commune. Était-elle seulement au courant qu'elle était amenée à devenir sa colocataire ? Law avait mal prit la nouvelle, de ce qu'il avait pu en juger mais ne semblait pas lui en tenir rigueur pour autant.

Malgré la peur et l'incompréhension qui régnait à Haveirson à cause de l'enfermement qui durait maintenant depuis deux mois, Isolde avait organisé une soirée de bienvenue pour les nouveaux membres de sa confrérie. Même dans une telle situation, elle jouait son rôle à la perfection. Aurait-il fait de même à Sinistros pour les nouveaux arrivants ? Il n'en était pas certain. Il faut dire que, ces derniers temps, sans nouvelle de sa famille, obligé de quitter Sinistros et devenant à moitié fou de ne pouvoir sortir, Chris n'avait pas le moral. Il sauvait les apparences en souriant mais ce n'était pas ça. Il avait eu l'espoir d'avoir trouvé une solution lors d'une de ses fouilles du château. La salle portoloin. Elle semblait parfaite pour s'échapper d'ici. Mais le soucis était qu'une fois la porte passée, même si on se retrouvait à l'autre bout de la Terre, on ne pouvait quitter un certain périmètre qu'en retrouvant la porte menant au château. Les hiboux qu'il avait envoyé de là bas n'avaient jamais donné de nouvelle et son miroir à double sens n'était bon qu'à lui renvoyer son reflet. Alors, il l'avait utilisé pour s'évader. Passer du temps à l'extérieur, tantôt sur une plage, sur la banquise ou dans une forêt. C'était ses petits moments privés, rien qu'à lui, dont il profitait pour se ressourcer.

La fête des Phénix était pour ce soir et il avait promit de s'y montrer. Au moins par courtoisie envers ceux avec qui il partagerait sa confrérie de rechange. Profitant de la confusion ambiante du à la situation, Chris et Lawrence n'avaient toujours pas quitté leur chambre à Sinistros. Plusieurs personnes enfermées et n'appartenant pas aux confréries avaient trouvé refuges dans à Sinistros, Phénix et Abraxan, alors personne ne leur en voudrait de rester encore un peu. Chez eux. Cela n'avait pas été facile, mais il avait réussi à convaincre son colocataire de l'accompagner jusque chez les Phénix et l'heure approchant, les deux garçons finissaient de se préparer. Pour sa part, il avait choisi une tenue assez simple en soi. Un jean noir et un t-shirt clair. A ça, il n'avait pu s'empêcher de rajouter une veste de couleur. Pas n'importe laquelle, une qui laisserait sous-entendre qu'il restait fidèle à Sinistros. Ce n'était pas de la provocation, plutôt un rappel discret.

Légèrement en retard, les deux compagnons arrivèrent enfin sur le lieu de la soirée. Sur le chemin, il s'était fait une liste mentale de toutes les personnes qu'il connaissait dans cette confrérie. Les noms qui étaient ressortis étaient Isolde, évidemment, Jessica et Ash. Mais pour ces deux derniers rien n'était sûr, ils avaient pu eux aussi avoir à changer de confrérie. Isolde et Brook, alors. Elles étaient les seules qu'il était sûr de retrouver là.  Pour Chris, c'était la première fois qu'il y mettait les pieds mais en soit, la disposition était à peu de choses près la même qu'à Sinistros. Si ce n'est que la vue était beaucoup moins belle ici. Le buffet en revanche donnait envie. Elle s'était surpassée. Leur entrée ayant été discrète, personne dans le groupe ne s'était tourné vers eux. Lawrence fit signe à Chris de passer devant et il s'exécuta, laissant un peu plus de temps à son ami. Maintenant qu'ils étaient là, autant continuer, non ? S'approchant du groupe -plus particulièrement de là où était son amie de longue date-, il revêtit son sourire et, après avoir serré Isolde dans ses bras et fait la bise à Jessica avec un sourire, se présenta en leur serrant la main.

- Bonsoir. Comme je ne connais pas certains d'entre vous je me présente, Chris Hamilton.

Arrivé à Brook, il ne su pas trop comment réagir. Lui serrer la main aurait semblé étrange, même pour lui. Cependant ils ne s'étaient pas vu depuis des années. Quel idiot, il aurait du s'arranger pour la croiser plus tôt, éviter que les retrouvailles se fassent en public. Il opta alors pour la bise, comme il était courant de faire en France. Après tout, Brook connaissait bien la France, ça ne devrait pas la choquer. Enfin il se tourna de nouveau vers les autres élèves, tentant de deviner lesquels étaient des premières années tout en tentant de cacher sa nostalgie déjà présente de Sinistros.

Stressée ! Voilà dans quel état était notre jolie Mexicaine. Elle avait pour habitude d’organiser des soirées, mais avant le début de chacune d’entre elles, la Phénix avait toujours eu un coup de stress. Elle voulait tellement que tout se passe bien. Un peu perfectionniste sur les bords ? Oui peut-être. Pour l’occasion elle avait opté une joli robe bustier rose pâle qui allait très bien à la couleur bronzé de la peau et faisait ressortir ses yeux noisettes ; Elle avait attaché ses cheveux ondulés sur le côté droit de sa tête et les laissait tomber en cascade sur son épaule. Elle était dans la salle commune avec Isolde et venait de lui demanda si c’était bon ? Iso espérait que les gens viennent.
-Je pense qu’ils viendront ! Il n’y a pas de raison.

Répondit-elle autant pour la rassurer, que pour se rassurer soi-même. Et elles furent vite rejointes par une jolie brune que Jessica ne connaissait pas. Elle se présenta sous le nom de Zahara. Original mais très jolie comme prénom. Elle posa ensuite des questions sur le fonctionnement de la confrérie, des réservations des chambres ect…

- Oui bienvenue Zahara. Quant à moi je m’appelle Jessica, enchantée. Si tu as d’autres questions n’hésites pas.

Répondit Jess. Très vite, une autre personne arriva, c’était un homme cette fois et pas n’importe lequel : Samael ….
Il était chez les Phénix ?!! Jess, le regarda surpris. Disons que c’était étrange entre les deux. Ils se détestent, pourtant se cherchent un peu enfin un truc bien compliqué tout cela. La dernière fois qu’elle l’avait vu, elle avait passé la soirée avec lui au Dark Night, après un pacte d’interdiction de s’entretuer, passé entre les deux jeunes gens. Une bonne soirée, contre toute attente ! Depuis elle ne l’avait plus revu. Elle se rappela alors qu’en cette rentrée un peu spéciale, tous les étudiants, y compris ceux qui étaient déjà là, l’année dernière, devaient être répartis. Et certains s’étaient donc vus changé de maison, comme l’ancien Abraxan. Jessica, pour sa part, et tout comme Isolde, était restée chez les Phénix. C’était la raison pour laquelle, elles avaient décidé d’organiser cette petite soirée pour les accueillir. Isolde se présenta à Samael. Jessica lui tendit ensuite la main, elle se devait de l’accueillir comme tous les autres.

- Bienvenue Samael…

Dit-elle au même moment où elle vit arriver … Skyler ! Elle l’avait déjà croisé dans le hall mais le voir ici, dans SA salle commune c’était encore plus énervant ! Mais elle n’avait pas le choix et allait devoir faire avec ! Voyant qu’il l’évitait, elle fit de même. C’était mieux ainsi pour tout le monde. Jess était très rancunière et lui en voulait toujours pour l’erreur qu’il avait faite à Poudlard. Skyler demanda alors à Isolde, comment cela se passait si on n’avait pas encore trouvé de colocataire, mais avant que qui que ce soit puisse répondre, ils furent interrompus par une autre nouvelle arrivante, une blonde, qui se présenta sous le nom d’Hamilton. Avait-elle un lien de parenté avec Chris ? En tout elle semblait avoir des airs un peu trop hautains, au gout de la jeune femme, mais peut être qu’elle se trompait sur l’apparence. Elle l’accueilli donc avec un joli sourire.

- Bienvenue à toi !

Et tiens, quand on pense au loup… Chris arriva à son tour. Il salua tout le monde et se présenta à ceux qui ne le connaissaient pas. Elle lui adressa un petit sourire avant de remarquer qu’il portait une veste couleur vert pomme…. Comme la couleur des Sinistros, son ancienne maison… Evidemment ! Décidant qu’il était temps de passer aux choses sérieuses à savoir les boissons, la Mexicaine prit la parole.

- Tout d’abord merci à tous, d’être venus ! Avec Isolde, on s’est dit que la meilleure chose à faire en tant qu’anciennes phénix, était de tous vous accueillir, comme il se doit, dans cette belle confrérie. En espérant que vous trouviez tous …

Elle lança un regard insistant à Chris, qui était apparemment, déprimé par ce changement de maison, d’après les bruits de couloir…

- Votre place. Sachez que si vous avez des questions vous pouvez venir nous voir sans problème on se fera un plaisir de vous aider. Bon maintenant que ça, c’est fait, n’hésitez pas à vous servir. Le bar est ouvert.

Elle sourit à tout le monde avant de s’approcher de Zaha. Elle se servit d’un verre et rejoignit la marocaine.

- Zahara c’est ça ? alors qu’est-ce que tu penses de Phénix ? ça te plait ?

Isolde était contente de voir la salle se remplir, bien que l’ambiance manque encore un peu de détente. Les étudiants faisaient tranquillement connaissance et Isolde les écouta, attentive à ce que chacun soit à l’aise. Elle salua chaque personne avec le même sourire doux, enregistrant chaque visage. Le sourire et la gentillesse de Zahara lui mettait du baume au coeur. Son sourire se fit plus large l’espace d’une seconde.

- Tu as encore un peu de temps pour trouver un.e colocataire, ne t’inquiète pas. Les étudiants arrivent au compte-gouttes, les chambres ne sont pas encore pleines. Je pense qu’au bout d’un moment un colocataire sera mis d’office dans votre chambre, une fois qu’elles seront toutes prises par au moins une personne… ajouta-t-elle en se tournant vers Skyler. Le système reste assez obscur, comme un peu tout ici, dit-elle en cachant à peine son ressentiment. Le professeur de sciences politique est passionnant, tu l’auras sûrement dans ce cursus, reprit-elle en direction de Zahara. Je suis aussi ses cours, en auditeur libre, on s’y croisera.

Intriguée par la suite des paroles de Zahara, elle se contenta de lui répondre avec un sourire poli, un peu fatiguée déjà de devoir autant parler. L’arrivée des autres coupa de toute façon leur discussion.

Chris mis à part, elle ne connaissait personne parmi les nouveaux, et eut l’impression d’être projetée un an en arrière, à son arrivée à Haveirson. Comme tout avait changé… Son esprit quitta un instant la conversation alors que ses yeux se perdaient sur les fauteuils près de la cheminée. Là, elle avait rencontré Anna et Jade, passé d’inombrables soirées en leur compagnie et égayé la salle commune de leurs rires alors qu’Haveirson lui semblait encore être un havre loin de l’agitation extérieure. Jusqu’à ce que les deux jeunes femmes s’éloignent vers de nouveaux horizons. De Jade, elle n’avait plus entendu parler ; mais elle avait encore quelques nouvelles, de loin en loin, de son amie française. Leurs présences lui manquait. Isolde s’attachait vite, et détestait comme un chacun voir les gens s’éloigner. Mais Haveirson n’était pas Poudlard, et c’était une leçon que la jeune femme apprenait avec peine : ici, les gens entraient et sortaient à leur guise, comme ils entraient et sortaient de sa vie, laissant des bons souvenirs et des regrets de n’avoir pas pu faire un plus long bout de chemin ensemble. Et si elle était toujours curieuse de rencontrer des nouvelles têtes, elle espérait que le directeur ne s’amuserait pas à redistribuer les étudiants chaque année : elle aimait avoir un groupe d’amis fixe et solide autour d’elle. C’était sa sécurité dans ce monde sans cesse en mouvement.

Ses réflexions firent surgir une bouffée d’émotions et la jeune femme détourna son regard douloureux des fauteuils pour le planter involontairement dans celui de Chris. Elle l’avait serré un peu plus fort et un peu plus longtemps que d’habitude à son arrivée. Le voir lui aurait certainement remonté le moral s’il n’avait pas lui aussi l’air si abattu, bien qu’il le cache du mieux possible. Il lui faisait parfois penser à Clemens : ils avaient tout les deux pris avec leurs amis le rôle du grand frère infaillible et protecteur qui ne montrait pas sa propre détresse, un peu par fierté, et surtout par un devoir auto-imposé d’être solide comme un roc pour les autres. Elle laissa son regard dans celui de son ami, comme un échange silencieux de leur tristesse. Ils semblaient être les deux plus affectés par l’enfermement, ou alors l’arrivée des derniers était trop récente pour que l’Académie ait eut le temps de faire sa triste oeuvre sur leur moral.

Elle écouta avec soulagement Jessica prendre le relai pour introduire dignement la soirée et la regarda s’éloigner avec la magnifique jeune fille au nom arabe. Faisant un pas vers son ami, elle demanda sans pouvoir dissimuler une expression soucieuse.

- Clemens est toujours à Sinistros ? Je le cherche depuis la rentrée mais personne ne l’a vu…

Elle s’inquiétait en fait beaucoup plus qu’elle ne le montrait. Après le suicide de son compagnon et l’attaque de Poudlard, qui savait dans quel état se trouvait son meilleur ami ? Et s’il ne revenait pas poursuivre ses études ? Et si il s'effondrait commettait un geste désespéré ? Elle s’empêcha de trop y penser ; elle avait un rôle à jouer, il fallait qu’elle s’y tienne. Elle n’allait pas plomber l’ambiance de sa propre fête. Ravalant son émotion et affichant de nouveau un sourire tranquille, elle se tourna vers la blonde étincelante de bijoux qui portait le même nom que Chris.

- Tu es de la famille de Chris ?

La demi seconde d’hésitement de son ami au moment de saluer la jolie demoiselle l’avait intriguée, mais les deux jeunes gens étaient si différents d’apparence qu’elle avait peine à les imaginer avoir grandi ensemble.

- Tu es bien installée ? demanda-t-elle tout en étirant machinalement un bras vers le buffet pour empêcher - pour la énième fois - son chat de sauter dessus. J’espère que tu te sens bien ici malgré l’enfermement…

Un nouveau regard lancé vers Chris la peina et son cerveau se mit automatiquement en quête d’une idée pour le dérider. Les trois présidents s’étaient donné du mal pour trouver une issue, sans qu’aucune de leurs idées, aucun de leur effort ne porta ses fruits. Il était à bout de nerfs comme elle. Il méritait bien de s’amuser un peu, et elle pouvait bien mettre de côté son propre abattement pour lui rendre la soirée agréable.

- Un défi de cocktails, ça vous dit ? Benjamin, Skyler, vous participez aussi ? Chris, je suis sûre que tu vas nous épater ! Choisis un thème ou un alcool, et on s’exécute !

Bon, pour la subtilité, on repasserait. Et ils risquaient de rouler très vite sous les tables s’ils commençaient les mélanges aléatoires d’alcool dès 20 heures. Au moins, occuper ses mains la préserverait de trop penser, ce qui ne serait pas un mal si elle voulait réussir à tenir son rôle de présidente toute la soirée.