Expérience littéraire : l'écriture du moi (1er avril - 1er mai)

01.04.2015

Je sors d’une dispute avec ma sœur. Chaque année, pour le 1er avril, elle fait une blague, presque à toutes les personnes qu’elle connait et, souvent, les gens marchent dedans. Ce n’est pas toujours bien perçu. Désormais, je me méfiais, sachant que chaque 1er avril, elle va nous refaire une blague.

Seulement, cette année, je ne me suis pas méfiée. J’étais occupée à faire du rangement dans mon appartement, étant donné que je rends les clefs demain matin, et j’ai reçu un appel inconnu, que j’ai loupé. J’ai espéré qu’il s’agissait de la réponse de la médiathèque, à laquelle j’ai envoyé ma candidature pour un poste, hier.

Mon contrat d’apprentissage en librairie s’est terminé hier, et je suis officiellement au chômage. Je dois encore m’inscrire sur Pôle Emploi, et faire toute cette paperasse. Je n’ai pas le moral, toute seule, dans cet appartement que je vais bientôt quitter, à me dire que j’ai passé sept mois en apprentissage, pour que cela n’aboutisse pas.

J’ai envie d’être libraire depuis une dizaine d’années, et je voyais enfin mon projet se concrétiser, lorsque j’ai commencé un Brevet Professionnel de Libraire en alternance. Après avoir envoyé une cinquantaine de lettres de motivation dans différentes librairies en Bretagne – et ses alentours –, j’ai eu contact avec plusieurs librairies. Une en Ile-et-Vilaine, près de chez mon petit ami, et à une heure de chez mes parents. C’était une toute petite librairie, et ils n’ont finalement pas pu m’embaucher, parce que financièrement c’était difficile. Ils m’ont néanmoins proposé un contrat à mi-temps pour cette année, et commencer un apprentissage chez eux l’an prochain. Mais, comme j’avais déjà accepté un autre poste, j’ai décliné. Une autre librairie, toujours en Ile-et-Vilaine, à moins de deux heures de chez mes parents, souhaitait me prendre en apprentissage. Et la troisième qui souhaitait me prendre était une librairie dans le Finistère, à trois heures de chez mes parents. J’ai dit oui à la seconde – celle dans le Finistère – puisqu’elle me plaisait plus. Il y a un salon de thé, l’endroit est convivial.

Le 1er septembre, j’ai commencé avec une semaine de cours à Laval et, le week-end qui suivait, j’ai déménagé dans le Finistère nord, prête à être là pour deux ans, toute seule.

Mais rien ne s’est produit comme prévu. Vers le mois de novembre, les choses ont commencé à mal se passer… Des reproches m’ont été faits de façon de plus en plus régulière. J’étais très – trop – concentrée sur mon travail, et ne voyait pas toujours les clients arriver. J’étais beaucoup trop angoissée, et très peu à l’aise. J’ai accumulé les gaffes, les petites erreurs. Jusqu’à ce que mes employeurs me demandent de réfléchir sur ce que j’avais envie de faire vraiment. Ils s’interrogeaient : devaient-ils me garder ? Mon angoisse a pris le dessus, à l’idée de ne pas être gardée. Janvier est arrivé, et j’ai eu un rendez-vous avec ma coordinatrice (ce qui équivaut à un prof principal dans un lycée), qui a été mise au courant des soucis à la librairie. Et là, elle m’a fait savoir que les résultats n’étaient pas concluants en cours. Bien que nous ayons eu qu’un seul contrôle (en gestion, que plus de la moitié de ma promo a complètement raté), les profs estimaient que je n’arrivais pas à suivre. Parce que je posais trop de questions. Visiblement, il ne leur semblait pas être venu à l’esprit que j’étais juste intéressée et que je voulais participer. Comme je ne « rentre pas dans le moule », la coordinatrice m’a même demandé s’il n’avait pas été décelé que « j’avais un retard ».

Tout ceci m’a profondément énervée. Et surtout, j’ai été totalement découragée, par tous les reproches, et les sous-entendus de la prof. Le 20 février, j’ai annoncé – à regret – à mes employeurs que je ne préférais pas poursuivre l’apprentissage. Mon contrat s’est donc terminé hier soir, et, aujourd’hui, me voilà au chômage.

Revenons à l’appel masqué. Quand j’ai décroché tout à l’heure, un homme m’a hurlé dessus, en disant que j’avais abîmé sa voiture, et laissé un numéro. Surprise, je réponds que je n’ai abimé aucune voiture, et laissé mon numéro nulle part, que c’est une erreur. Il continue de hurler, en me disant « Si, si, c’est vous ! », et je ne pouvais même pas en caser une, il gueulait. Au bout de deux-trois minutes, j’entends la voix de ma sœur, qui se marre en disant « C’est une blaaaaaague, c’est le 1er avril, c’est moi ! »

Et ça m’a mise dans une colère, je lui ai dit que c’était vraiment nul comme blague. Je lui ai dit que j’avais espéré qu’il s’agissait de la réponse de la médiathèque, etc. Elle me répond en rigolant « C’est bon, je suis stressée à cause des résultats de l’amiosynthèse » (Elle est enceinte, et attend les résultats d’examens, qui devraient arriver cet après-midi). Je lui ai répondu, par sms – entre temps, elle a raccroché, en me disant que je n’avais « pas rigolé parce que j’étais vexée de ne pas avoir vu que c’était une blague » - qu’elle n’avait pas l’air d’être si stressée que ça. Donc, suite à ça, elle m’a laissé un message sur mon répondeur en disant que je l’avais énormément déçue, à dire qu’elle en avait rien à foutre des résultats, etc. Je vous passe les détails.

J’ai essayé de lui expliquer que je n’avais vraiment pas la tête à rire, le premier jour de chômage, et que j’étais occupée à tout ranger et tout nettoyer parce que je devais partir. Mais elle n’a pas compris, me répétant que « sa blague n’était pas mauvaise parce que son parrain et une amie, angoissés sur le moment, ne l’avaient pas mal prit et avaient rigolé ».

Encore une fois, j’ai l’impression qu’on me fait le même reproche que mes profs. Suis-je obligée d’être comme tout le monde ? N’ai-je pas le droit d’avoir mes réactions ? Mes moments de faiblesse ? Mes mauvaises humeurs ?

Je suis quelqu’un qui rigole beaucoup, d’ordinaire, du genre à pratiquer l’auto-dérision. Et je suis énervée que ma sœur n’ait pas pu prendre en compte le fait que je n’avais pas que ça en tête, en ce moment. Et agacée qu’elle me serve comme excuse qu’elle était stressée « et devait déstresser », alors que ce genre de blagues, c’est tous les ans, et que je ne suis pas la première à m’en être agacée. Et agacée de recevoir des messages comme ça sur mon répondeur.

Agacée qu’on ne me laisse tout simplement pas tranquille, qu’on n’essaie pas de comprendre et qu’on cherche absolument à ce que je sois « comme les autres ».

03.04.15


 

La 03 avril 2015 :

J'ai quitté mon poste une demi heure plus tôt aujourd'hui pour pouvoir me reposer avant d'aller chez ma belle-mère pour le week-end. Au final je me suis endormie et mon chéri aussi. On s'est réveillé assez tard par rapport à l'heure de départ qu'on s'était fixée mais mon corps en avait bien besoin.

Sur la route, j'ai voulu appeler mes parents mais à peine ai-je commencé à parler avec mon père que j'ai perdu le réseau à cause des montagnes. J'étais tellement déçue que j'ai craqué. Ils me manquent énormément. Vivement le mois de mai que je remonte les voir.

04/04/2015 :

Journée pantoufles sans prise de tête. Ma belle-mère m'a laissé la chambre pour que l'on puisse dormir comme elle fait de l'insomnie et est débout dès 6H. On a bien rit la nuit dernière. Elle s'était endormie dans le canapé tout comme la petite soeur à Vivien et s'est mise à parler dans son sommeil. Nous nous sommes amuser à la faire tourner en bourrique sans qu'elle ne se réveille mais dans son élan, elle a envoyé un coup de pied en pleine tête de la petite (bon, elle a 13 ans, pas 3 hein) qui s'est réveillée sous le choc... lol

Comme demain c'est Pâque, j'ai proposé d'aller faire des courses pour qu'on puisse manger du gigot d'agneau et marquer le coup. Mais devant le prix du morceau, finalement tout le monde a préféré un rôti de boeuf... Tant pis, j'attendrai d'être chez moi pour m'acheter ma barbaque, c'est pas comme si on en mangé tous les jours et la viande et moi... Une grande histoire d'amour. Mina et Fomus peuvent en témoigner : la patate c'est la vie, la viande c'est la vie aussi ! Tant qu'on ne gaspille pas bien entendu. Ce sont mes péchés mignons...

Là, je vais passer à table, nous avons jouer sans nous rendre compte de l'heure qui tourne. J'ai même eu peur de ne pas pouvoir écrire aujourd'hui mais ça me fait du bien de participer à cette expérience. Même si c'est pour raconter de la mer**.

Bonne soirée tout le monde !