Festin nocturne (Anna, Jade, Megan, Clemens et Rowan)

Comme Isolde s’y attendait, Clemens ne se fit pas prier pour danser avec elle. Les mains de son ami se joignirent aux siennes et l'entraînèrent sans hésiter vers la piste. Pendant plusieurs minutes, ils tournoyèrent ensemble, absorbés par le rythme chaud et entraînant de la musique. La tension accumulée pendant la semaine s’évanouit progressivement ; elle avait l’impression de recouvrer petit à petit l’usage de tous ses membres, comme si chaque muscle se détendait. La fatigue de ces derniers jours, causée par ses insupportables nuits d’insomnie, semblait disparaître elle aussi, et sa tête se vida du stress que lui avait causé la nuit au cimetière. Clemens était un remarquable cavalier, plus doué qu’elle et qui savait parfaitement anticiper ses mouvements et y répondre. Elle se sentait parfaitement bien, et ses gestes se firent de plus en plus fluides et libres, jusqu’à s’abandonner complètement dans la musique.

Lorsqu’enfin le morceau s’arrêta, son esprit revint à l’instant présent, dans la cuisine, entourée des trois autres étudiants qui n’avaient pas bougé. Clemens déposa un baiser espiègle sur la main de son amie, et tendit sa paume en guise d’invitation à Anna et Jade. A la surprise d’Isolde, Anna déclina l’invitation de Rowan et reporta son attention sur la préparation de la pâte. Un silence un peu gênant s’installa lorsque Jade refusa à son tour, et Isolde hésita à proposer à Rowan de danser avec elle, mais elle ne voulut pas risquer de l'embarrasser et préféra briser le silence en proposant son aide à Anna.

Elle s’approcha de la jeune fille, qui lui annonça avec un sourire que la pâte était prête. Il leur fallait maintenant patienter le temps que la préparation repose. Isolde chercha une idée pour distraire ses compagnons. Visiblement, ils n’avaient pas très envie de danser… Son regard vagabonda le long du plan de travail pour se poser sur le sac de farine. Le souvenir de la bataille de boue revint à son esprit avec un sourire. Elle préférait oublier les évènements qui avaient suivi, mais elle devait bien avouer qu’elle s’était beaucoup amusée dans le cimetière avant l’arrivée des mangemorts. La présence du sac, ouvert en grand près d’Anna qui ne se doutait de rien, était si tentante….
Elle plongea sa main dans le sac et, un sourire machiavélique barrant son visage, prit une poignée de farine qu’elle étala consciencieusement sur la tenue d’Anna. Sans attendre la réaction de la jeune fille, elle attrapa une autre poignée qu’elle jeta sur Jade, puis sur Clemens et Rowan.

Alors que ceux-ci s’apprêtaient à répliquer, quelqu’un toqua à la porte. Il s’agissait sûrement de Megan, puisqu’elle était la seule personne qui manquait encore à l’appel. Isolde se figea, hésitant à quitter la proximité de ses munitions, imaginant bien que ses camarades en profiteraient pour la bombarder dès qu’elle tournerait le dos vers la porte. Les fesses collées au plan de travail, elle glissa le plus vite possible jusqu’au mur adjacent en faisant toujours face à ses potentiels assaillants. Arrivée à l’extrémité du plan de travail qui rencontrait la paroi, elle se plaqua au mur, progressa ainsi jusqu’à la porte, tourna la poignée et l’ouvrit. Au moment même où elle se plaçait devant l’embrasure pour accueillir la nouvelle invitée, elle entendit un bruit d’un objet volant dans sa direction. Elle se baissa promptement pour l’éviter. Malheureusement, la nouvelle venue n’eut pas le temps d’en faire de même…

Détendu et le coeur léger, Clemens attendait avec hâte qu'une de leurs amies accepte son invitation. Malheureusement, il fut déçu de voir que chacune des deux, l'une après l'autre, déclina tant ses invitations que celle de Rowan. La musique était pourtant douce et agréable et les deux hommes étaient bons danseurs, promesse certaine d'un bon moment à passer pour ces dames. Il adressa un regard boudeur à Anna et Jade, il surjouait la grimace mais en réalité, il était en effet un peu vexé. Il appréciait beaucoup la danse, ce doux partage à la fois de deux corps et de deux âmes, qui menait à une complicité telle que, le temps d'un instant, deux étrangers semblaient ne plus faire qu'un. Le Sinistros finit par hausser les épaules et s'éloigner un peu, elles ne savaient pas ce qu'elles rataient... mais il reviendrait à la charge plus tard ! Maintenant qu'il avait été échauffé, il ne s'arrêterait pas en si bon chemin.

Détourné de la piste, il n'eut absolument pas l'occasion de suivre les mouvements d'Isolde et de prévoir ce qu'elle avait en tête. Il ne se rendit compte de son erreur que lorsqu'une pleine poignée de farine lui atteint l'arrière du crâne, lui arrachant une exclamation faussement horrifié. Clemens se retourna vivement à la recherche du malotru qui avait eu l'idée de lancer une nouvelle bataille entre le groupe de survivants et ne put s'empêcher d'éclater de rire à la vue de son ancienne camarade de Serdaigle, un sourire enthousiaste sur le visage. Comment avait-il simplement pu se poser la question ... ? La scène resta un instant immobile, les regards s'échangeaient, la tension montait, Isolde était la seule à se trouver à porter d'une importante réserve de munition. Cependant, avant que quiconque ait pu prendre la moindre décision, de légers coups heurtés sur la porte brisèrent l'équilibre silencieux.

L'Allemand se trouvait de l'autre côté de la pièce et maintenant que la plupart des ingrédients légers et innocents avaient été emportés du côté du plan de travail, il se trouvait dans une situation de seul contre tous. Alors que l'hôte de la soirée glissait vers la porte pour accueillir leur dernière invitée, les autres se dirigeaient déjà vers le sac de farine et lui, se trouvait coi. Ses yeux traversèrent la pièce à la recherche soit d'un moyen de répliquer, soit d'un couvert quelconque lorsqu'il découvrit, à quelques pas de lui seulement, un grand coffre comme ceux qui contenait d'usage des céréales. Sa première décision vu de traverser les quelques mètres qui le séparait de cette protection toute désignée et de se glisser derrière avant de jeter un nouveau coup d'oeil à la scène. Isolde venait d'ouvrir la porte et d'éviter un objet volant non identifié qui fut reçu, de manière bien involontaire, par une nouvelle venue qu'il eut à peine le temps de reconnaître. Assis derrière sa réserve, la tête dans les mains, il dut retenir un fou-rire un peu nerveux. Megan allait définitivement finir par les détester... Au moins ne serait-il pas sa première cible, cette fois...

En employant le langage maternel d'Anna, l'ancien Serpentard s'attendait à recevoir une réponse positive, et non pas un refus aussi prompt et résolu. Il dissimula sans peine son étonnement puis sa contrariété, récupérant sa main tendue avec une lenteur exagérée. Le second rejet, avancé par Jade, lui tira par contre une vive expression, ostensiblement froissée.

Bon. Il pouvait convenir que la petite Française était trop occupée pour se joindre à lui, mais qu'elles soient deux à lui asséner une telle gifle ! Désobligeant. Assurément.

Sans attendre la suite des événements, le jeune homme s'éloigna de ses camarades en direction d'une rangée d’ustensiles de cuisine, le pas digne et flegmatique. Quoiqu'un peu blessé dans sa fierté personnelle. Il sembla se poser contre le bord d'un plan de travail, observant les faits et gestes de ses partenaires.

L'espace d'un instant, perdu dans ses pensées, il ne vit pas arriver sur lui l'attaque sournoise d'Isolde. Incapable d'esquiver, Rowan passa d'une tenue sombre à une splendide étoile blanche sur fond noir, couvrant tout son torse et une partie de son visage. Sur le coup, il hésita entre un léger sourire ou l'agacement.

Il n'eut pas le temps de trancher qu'il jugea opportun de se lancer aussi dans la bataille, au risque de devenir une cible trop facile. A sa droite, il récupéra un petit paquet de farine, et avec son autre main, à gauche, il tira à lui une boite d’œufs encore ouverte. Paré à se défendre, l'ancien Serpentard attendit quelques secondes avant de répliquer, catapultant d'abord le sachet plein vers Clemens, puis ses autres munitions en direction d'Isolde. Qui les évita en se penchant juste devant la porte.

Qui s'ouvrit à cet instant. Sur Megan.

Quelle mélasse.

Sa colocataire et elle travaillaient chacune de leur côté, silencieuses. Megan avait eu beaucoup de chance en tombant sur Vela comme colocataire de chambre. L'avantage c'est qu'elle pouvait revisé sans difficulté avec elle à côté, puisqu'elle était de nature très calme et sérieuse. Ce soir là, les révisions de Megan furent troublées par le bruit de coups portés aux carreaux de la fenêtre.

Elle jeta un coup d'oeil à Vela, tout en lui demandant si elle attendait du courrier à cette heure-ci. Après la réponse négative de sa colocataire, Megan alla ouvrir rapidement la fenêtre, laissant entrer le hibou. Elle referma aussitôt la fenêtre pour garder la chaleur de la pièce intacte en cette fraîche soirée d'automne. Le hibou c'était posé sur son bureau et semblait l'attendre.

-Je crois que c'est pour moi, dit-elle à Vela en souriant.

Cela l'étonna un peu puisqu'elle n'avait jamais vu ce hibou. Elle prit sa baguette posée sur son lit, et jeter quelques sorts sur la missive, histoire de vérifié qu'elle n'était pas  dangereuse. C'était bien le coup de son ex petit ami de lui lancer des mauvais sorts par voie postale, alors autant prendre ses précautions avant d'ouvrir, c'était plus prudent.  Elle ne fit pas attention au regard moqueur que lui lançait Vela, car Megan savait que sa paranoïa l'avait déjà sauvé à de nombreuses reprises. Finalement, la lettre n'était pas piégée (étonnant non?), elle put donc enfin la lire, ou plutôt déchiffrer l'énigme. Elle la relut une deuxième fois avant de se faire une idée de l'endroit, bien que ça ne l'enchantée guère, puisque les cuisines étaient situées dans les cachots, et que ceux-ci semblaient avoir un passé sombre et ténébreux qui avait marqués les lieux d'après ses rares tentatives d'explorations. Elle avait même décidé de n'y aller qu'en dernier recours. Elle hésita à s'y rendre, surtout que la lettre n'était pas signée. Elle prit donc le temps de réfléchir à l'identité de l'expéditeur.

Elle pensa d'abord à Jason, mais ce n'était clairement pas possible qu'il lui écrive ce genre de lettre, c'était trop... recherché pour que ce soit lui. Venant de Jason elle aurait plutôt eu droit à un "Viens cassez la croute, j'ai la dalle et je veux pas y aller en solo", ceci, était parfaitement le genre de son ami. Elle ne voyait pas non plus Luuna lui écrire cette lettre, déjà parce que Luuna n'aimait pas vraiment les énigmes, mais surtout, elle aurait prit le temps de signer la lettre, connaissant le côté paranoïaque de sa cousine. Non définitivement ce n'était pas Luuna! Elle n'était tout simplement pas aussi sadique que l'expéditeur qui n'avait pas signé sa lettre. Logan? Non plus, il avait d'autre chat à fouetter, et il n'avait pas peur d'aller aux cuisines tout seul... Vela était avec elle... Heath était rentré dans son dortoir quasiment en même temps qu'elles, et ce n'était pas son hibou... Bref... Elle ne voyait définitivement pas qui cela pouvait bien être, et cela attisa sa curiosité gryffondorienne. Elle finit par se lever de la chaise de son bureau, et alla rouvrir la fenêtre pour libéré le hibou après lui avoir donner un peu de miam-hibou.

Elle passa ensuite rapidement à la salle de bain, histoire de se passer un jean et un pull à manche évasée, au lieu de sa chemise qui lui servait de pyjama. Elle s'attacha rapidement les cheveux en une queue de cheval et sortie de la salle de bain.  Comme à son habitude, Megan prit le temps d'attacher sa baguette à son avant bras, prête à usage sans avoir besoin de dégainée, habitude qu'elle avait prise après avoir été capturé par son frère et ou elle s'était échappée de justesse avant qu'il ne la livre à ses chers "collègues". Fin prête, elle se tourna vers Vela et la prévint.

-Je vais faire un tour, si je ne te donne pas de nouvelles d'ici, disons deux heures, envoi un hibou à Dumbledore... dit-elle en souriant, sachant qu'elle pouvait faire confiance à sa colocataire.

Toutefois elle ne mentionna pas ou elle se rendait, n'étant pas non plus certaine d'avoir raison sur l'endroit, les énigmes n'étant pas vraiment son fort, du moins elle se débrouillait autant qu'en métamorphose.

Après avoir quitté son dortoir et sa salle commune, Megan arpenta plusieurs couloirs et escaliers avant d'arriver au hall ou elle s'arrêta en haut des marches qui donnaient sur les cachots. D'abord hésitante, elle laissa toutefois sa curiosité l'emporter sur sa méfiance habituelle, et entreprit donc de descendre les derniers escaliers, plus étroits que ceux des étages supérieurs. Au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans les cachots, Megan se sentait beaucoup plus tendue, si bien qu'elle accéléra le pas jusqu'à l'entrée des cuisines, ou elle finit par arriver, sans emcombre. Elle regrettait déjà d'avoir cédée à sa curiosité, surtout qu'elle n'avait pas le mot de passe des cuisines en tête. Elle tenta d'ouvrir la porte, en vain. Elle opta, avant l'option d'explosion de la porte, de frappé quelques coups. à celle-ci.

Puisqu'on tarda à l'ouvrir, Megan envisagea le sortilège d'explosion juste au moment ou la porte s'ouvrit sur un visage familier: Isolde Mayer, une ancienne élève de Poudlard avec qui Megan avait fait équipe en cours de potions, et surtout,  c'était elle qui était au cimetière ce soir là avec Clemens et les autres...

Hésitante, Megan allait la saluer gentiment lorsqu'Isolde disparut soudain de son champ de vision alors qu'un oeuf apparaissait juste à ce moment là avant de .... PLAF, s'éclater sur son front. Megan retint un "AIE", bien que l'envie y était. Elle qui était déjà un peu tendue par sa traversée des cachots, voilà qu'on l'agressée avec des aliments a peine arrivée?

L'Abraxan resta silencieuse durant de longues secondes, les yeux fermés, afin de tenter de contrôler sa colère naissante.  Lorsqu'elle les rouvrit enfin, son regard était devenue aussi polaire que la banquise d'arctique, et son visage pourtant d'apparence normale en arrivant, (bien qu'un peu tendu), devint soudain fermé et hermétique à la moindre émotion autre que sa froideur. Elle identifia aussitôt le coupable qui s'était figé sur place et jeta un coup d'oeil rapide à la pièce pour évaluer les risques. Elle vit Isolde qui se relevait après s'être abaissée, ainsi qu'Anna une arme un saladier à la main, et Jade non loin d'elle, et ne vit pas de suite Clemens. Elle fit un pas dans la cuisine, et poussa doucement Isolde sur le côté pour qu'elle puisse passer, après tout, Isolde n'était pas responsable, du moins, pas totalement. En revanche, Rowan lui, était bien le coupable, et elle avait bien l'intention de lui faire regretter. Pas de suite, enfin pas totalement. Elle s'avança vers Rowan sans calculer les autres, et lorsqu'elle passa à la hauteur d'Anna, elle lui arracha le plat de pate des mains avant de franchir les deux mètres restant et de le renverser sur la tête de Rowan, sans plus de cérémonie. Elle laissa le plat de pâte sur la tête de ce dernier et se recula de deux pas, satisfaite.

L'abraxan tourna les talons, toujours sans un mot, et se rendit à côté de Jade ou elle prit, posé sur le plan de travail, un torchon avec lequel elle essuya son front. Heureusement, ses cheveux n'avait rien eu, ce qui relevé du miracle vue l'endroit ou elle s'était prise l'oeuf! C'était probablement pour cette raison, qu'elle avait "épargné" Rowan. Megan ferma les yeux à nouveau, pour les rouvrir quelques secondes plus tard, totalement calmé, et le visage angélique.

-La lettre venait de toi Isolde? demanda Megan d'une voix douce, contrastant avec son comportement juste avant.

Elle se tourna vers Isolde, toujours posté à l'entrée des cuisines. Elle eut l'impression que son entrée avait fait figé la pièce toute entière, ce qui l'étonnait un peu, il fallait bien l'admettre.

Megan le surprit, il devait l'avouer. Avec un air de calme olympien, la jeune femme traversa la pièce d'un pas égal, se saisit du plat de pâte que Anna tenait toujours dans les mains comme s'il s'agissait d'une action totalement naturelle et retourna celui-ci sur la tête de Rowan. Ensuite de quoi, elle s'essuya le front comme si rien de tout cela n'était arrivé. Il fallait avouer que la situation avait quelque chose de franchement irréaliste, entre l'ancien Serpentard qui se mettait à jeter des oeufs, Megan qui se montrait tout à fait clémente et soudainement, l'explosion francophone d'Anna... Clemens s'était relevé et avait observé la scène en silence, ses épaules néanmoins secouées par un fou-rire intérieur. Il n'avait pas compris un traitre mot de ce qu'avait dit leur amie Française, mais vu son ton et son expression, il pouvait aisément comprendre le sens. La douce et discrète Phoenix qui flambait la sanguine Abraxan, ce n'était décidément pas une scène qu'on pouvait observer tous les jours et le Sinistros regretta de n'avoir pu la filmer.

Rowan, lui était toujours immobile alors que sa douce amie était tendrement occupée à le nettoyer des restes alimentaires qui dégoulinaient sur ses vêtements. Du regard, Clemens parcourut le reste de la pièce pour vérifier que personne ne s'apprêtait à redémarrer la bagarre dans les secondes à venir et il sauta par dessus le coffre pour quitter sa cachette et s'approcher de la nouvelle-venue et Isolde. Il était à la fois surpris que sa camarade de Serdaigle ait pensé à inviter Megan, il en était néanmoins content. Depuis le cimetière, il avait eu l'occasion de la découvrir sous un autre jour et il espérait que sa folle bande d'amis aurait l'opportunité de faire de même, en partie du moins. Il se doutait évidemment que cette soirée aux cuisines ne serait pas le lieu des mêmes confidences... Ou quoique ? Un sourire brillant et faussement innocent sur le visage, il s'adressa d'une voix claire à ses compagnons.

" Chers amis, j'ai comme l'impression que les batailles de matières premières diverses ne nous réussit pas plus que ça. " Il s'était exprimé d'un air théâtral. " Néanmoins, il me semble qu'aucun de nous n'est capable de tenir en place sagement. "

Afin de faire durer son effet, Clemens entreprit de faire le tour de la "piste de danse" et de quelques goûts de baguettes, il nettoya les quelques restes d'oeufs et de farine qui souillait le sol. Son tour terminé, il se planta à nouveau au centre de la pièce et laissa son regard glisser tour à tour sur chacun de ses compagnons.

" Il me paraît donc nécessaire de trouver une occupation afin de ne pas perturber la préparation d'une nouvelle pâte à gaufres... " Il fit une pause, laissant durer le suspense. " Asseyons-nous ensemble, Action ou Vérité devrait remplir ce rôle à merveille. Afin que notre douce Anna ne soit pas la seule à se sâlir à nouveau les mains, je propose l'ajout de deux règles : Elle a le droit, à n'importe quel moment, d'appeler un des joueurs à l'aider, il quitte ainsi la ronde. En toute logique, elle peut également renvoyer un joueur à sa place. Chacun de nous a, de plus, le droit d'éviter un des défis qui lui sera posé en rejoignant le plan de travail, mais attention... une seule fois ! "

Satisfait, curieux et amusé, le tout à la fois, le Sinistros écarta les mains dans un signe d'invitation puis se laissa tomber avec grâce en tailleur sur le sol en pierre des cuisines.

L'avertissement avorté de la petite Française intervenait bien trop tard au goût de l'ancien Serpentard. Emporté dans la mêlée, il n'avait pas prêté attention aux moindres détails de son environnement... A son grand regret. Et maintenant, il était bien incapable de modifier l'inévitable dénouement.

De loin, Rowan considéra la blonde arrivante, qu'il n'eût aucun mal à identifier. Et, intérieurement, il savait pertinemment ce qui allait se dérouler d'ici quelques instants. Pouvait-il l'éviter ? Oui. Mais cela risquait d'envenimer la situation, tel qu'il commençait à deviner le comportement irascible de la jeune femme. Autant la laisser se décharger de façon triviale devant l'ensemble de leurs camarades.

Il survivrait.

Sans ciller ni chercher à esquiver l'agression saugrenue de Megan, le jeune homme s'abandonna à la pseudo-humiliation qu'elle tenta de lui asséner. Devant l'ensemble de ses camarades, il se retrouva debout au milieu de la salle, immobile, la tête entièrement recouverte du saladier plein de pâte. Loin des regards et de leurs perceptions de la réalité, il se mit à sourire. Comme jamais. Sottement.

Tout était à la fois absurde et grisant. Complètement dément. Sans sa maîtrise cruelle de lui-même, il en aurait éclaté de rire. Il s'y attendait tellement, que ce soit lui la cible de la pie-grièche... De la même manière, il s'égaya du silence soudain qui tomba sur leur repère du soir. Comme s'il allait s'offusquer d'un déferlement de bassesse contre sa propre personne. C'était vraiment mal le connaître...

L'instant d'après, il entendit l'agitation verbale de Anna, qui se dressait contre l'inattendue blonde. Remarquable. En la sentant approcher dans sa direction, Rowan effaça l'air benêt de son visage, pour se murer dans une indifférence inébranlable et coutumière. Le saladier retiré, personne ne pouvait avoir deviné tout ce qui s'était joué sous la protection de ce dernier.

Avec un flegme déroutant, l'ancien Serpentard suivit de son regard céruléen les pas de la petite Française. Jusqu'à ce qu'elle revienne vers lui. Un délicat émoi le frôla face à la douceur dont elle faisait preuve à son égard. Alors, sans se presser, il récupéra lentement la main de sa bienfaitrice et la tira à sa suite, vers l'un des éviers.

Tant pis pour la gêne, il n'allait pas rester dans cet état de saleté avancée ! Vivement, le jeune homme retira son haut, le posa sur le rebord d'un meuble de cuisine puis se pencha en avant pour se rincer les cheveux et le visage.

C'est torse nu qu'il héla d'une voix distraite son colocataire allemand, avant de reprendre son activité de « nettoyage », en compagnie d'Anna.

« Es tut mir Leid, Clemens, aber ich gehe mir lieber das Gesicht waschen anstatt zu spielen. »

Le craquement de l'oeuf sur le visage de Megan arracha une grimace à Isolde. Elle se releva lentement, et le regard glacé de la jeune femme la pétrifia sur place. Son visage, aussi froid et dur que la pierre des murs et du sol de la cuisine, était figé dans une expression impitoyable. Figée sur place, elle regarda Megan s'approcher de Rowan et prendre le bol de pâte des mains d’Anna. Elle comprit tout de suite ce qui allait se produire, mais à sa grande surprise, Rowan ne bougea pas et n’essaya même pas d’échapper au bol de pâte que Megan renversa sur sa tête.

Un ange passa dans la cuisine. Isolde hésitait entre l’embarras pour Rowan et le rire qu’elle sentait monter en elle. La vue du jeune homme, debout, imperturbable, avec le saladier sur la tête qui le faisait ressembler à un grand lampadaire et le liquide épais qui dégoulinait sur ses épaules, lui arracha un sourire malgré elle. Elle détourna des yeux pour ne pas vexer le Sinistros, et son regard tomba sur Clemens, dont les épaules étaient secouées par un rire intérieur. Un éclat de rire qui lui échappa et elle se tourna vivement vers le mur pour le dissimuler. Anna se mit soudain à lancer des imprécations contre Megan et sa colère surprit Isolde autant que l’énergie qu’elle avait déployée pour préparer la pâte quelques minutes auparavant.

Calmement, comme si de rien n’était, Megan revint vers elle et lui parla de sa lettre avec une voix douce. Elle répondit par l’affirmative à sa question d’un rapide hochement de tête. Elle se rendit compte qu’elle avait complètement oublié d’avertir les autres qu’elle l’avait invitée. Cela lui avait semblé tout naturel ; les deux jeunes femmes se connaissaient depuis des années maintenant, et surtout Megan avait pris part à leur aventure dans le cimetière. De plus, les mots de Clemens lui racontant son entrevue avec la jeune Abraxans avaient piqué son intérêt. Pendant des années, elle avait été sa binôme aux cours de potion, mais elle n’avait jamais pris la peine d’apprendre à la connaître vraiment et s’était toujours méfiée de son caractère froid et trop violent à son goût, bien qu’elle la sache aussi honnête et studieuse et que les compétitions de Quidditch les aient un peu rapprochées. Mais l’opinion de son ami à son sujet suggérait d’autres facettes de sa personnalité inconnues d’Isolde, qu’elle avait bien envie de découvrir à Haveirson. Quoi de mieux qu’une soirée à manger et à s’amuser pour tisser des liens ? Enfin, c’est ce qu’elle avait pensé en lui envoyant l’invitation…

Rowan la surprit une seconde fois en enlevant sa chemise tachée devant tout le monde. Il était peut-être gêné, mais il le cachait bien. Elle eut l’impression que chacun de ses invités dévoilait un pan de leur caractère qu’elle ignorait jusqu’alors, et elle se félicita d’avoir organisé ce repas. Elle commençait à apprécier ces gens, et elle espérait apprendre à les connaître un peu mieux. Et, en plus, la vue de Rowan à moitié découvert n’était pas vraiment déplaisante, pensa-t-elle avec un sourire.

Isolde éclata de rire à la proposition de Clemens. Elle comprit facilement l’origine de cette idée un peu puérile ; visiblement, il voulait comme elle profiter de la soirée pour en apprendre plus sur ses camarades… Elle s’assit à côté de lui. D’un regard, elle invita Jade et Megan à les rejoindre, alors que Rowan s’excusait et qu’Anna restait à ses côtés. Elle tourna un regard espiègle et un peu effronté sur son ami.

"Très bien mon cher ! lui dit-elle. J’en suis ! Et je choisis Action ! Qu’est-ce que vous allez exiger de moi ?". Elle craignait un peu les idées farfelues qui pourraient sortir de l’imagination de son ami, mais elle aussi était pourvue d’un esprit créatif et fantaisiste...

Megan venait à peine de demander à Isolde si la lettre venait d'elle, que la pièce semblait se réanimée d'un coup. La petite brune à qui elle avait pris la pâte des mains se mit à hurler des paroles incompréhensibles alors que Megan s'était tournée vers elle, le regard surpris, ne comprenant pas ce qui l'avait mis dans cet état. Elle avait l'air vraiment furieuse. Lorsqu'elle se tut enfin et qu'elle se tourna, Megan lui suggéra.

- Relaxe, fait du Yoga, ça te détendra ! Lui dit-elle calmement, sans comprendre un traite mot de ce qu'elle avait pu lui dire dans sa langue maternelle.

Juste après cela, Megan se rendit compte de la présence de Clemens, un sourire agréable apparut sur son visage. Elle était contente de le revoir depuis ce fameux soir ou ils s'étaient retrouvés enfermés dans la salle des travaux pratique. Cette soirée avait permis a Megan de faire une introspection sur elle-même, sans que Clemens ne sache à quel point il l'avait aidé à la remettre en question malgré lui. Il semblait s'amuser de la situation, ce qui l'étonna un peu, il fallait l'admettre. Megan jeta un coup d'oeil vers Rowan qui venait d’ôter le haut recouvert de pâte à gaufres, Megan se rappela un épisode particulier qui avait eu en cours de potions, trois ans auparavant, lorsqu'elle était à Poudlard. Elle avait renversé de la même façon, son chaudron sur la tête de Rogue. Cette histoire avait fait le tour de Poudlard et avait fini de faire la réputation de Megan. Depuis ce jour, elle était relativement tranquille, personne n'osant chercher des noises à celle qui avait osé s'en prendre au terrifiant maître des potions.
Ce qu'en revanche, les élèves ignoraient, c'était qu'à cette époque, Rogue et Dumbledore travaillaient à éloigner Megan des mangemorts, c'était probablement la seule raison pour laquelle elle survécut à son geste incensé. A ce souvenir, Megan ne put s'empêcher d'esquiver un sourire. Ce geste avait marqué un tournant définitif dans sa vie, lorsqu'elle y songeait... revenant à la réalité, Megan regarda alors Clemens.

-Alors, remit de notre petite soirée ? Demanda-t-elle en souriant. Elle faisait bien entendu référence à leur duel, ainsi qu'à leurs aveux respectifs dans la salle des travaux pratiques.

Quand Clemens proposa un action-vérité, Megan laissa échappé un air surpris, et se renferma aussitôt, ne laissant plus aucun sentiment apparaître sur son visage. Si Isolde et elle se connaissaient un peu, et si elle avait accordée sa confiance à Clemens, elle ne connaissait pas plus que ça les autres, surtout que Rowan était un ancien serpentard d'après ses souvenirs. Megan ayant côtoyés durant de nombreuses années les élèves de serpentard, elle avait eu l'occasion de le croiser de temps en temps, sans pour autant lui parler. Quant-à la foldingue d'Anna qui venait de péter une durite, elle n'était pas sur de pouvoir rester calme face à une personne ayant un tel caractère, c'était une folle-furieuse qui parlait une langue inconnue et effrayante! (), quand à Jade, elle n'avait toujours pas ouvert la bouche, ce qui inquiétait Megan. Préparait-elle un mauvais coup ? Megan tenta de chasser cette idée de la tête, mais resta toutefois sur ses gardes.

Finalement, Isolde l'invita à la rejoindre, et c'est hésitante qu'elle rejoignit Isolde ou elle s'installa à ses côtés, regardant les autres alors qu'Anna lui affirma qu'ils n'allaient pas la tuer, mettant encore plus Megan dans le doute, amplifiant sa méfiance. Elle voulait l'endormir sur ses gardes la folle ! Ainsi elle pourrait la tué sans soucis ! C'était pas connaître Megan qui orienta légèrement son bras ou sa baguette était attachée sous son pull, en direction d'Anna, juste au cas ou. Elle l'avait fait discrètement, et à par Clemens qui savait que sa baguette était attachée à son bras, personne ne pouvait se douter de quoique ce soit. Elle attendit calmement que le jeu commence, tout en fixant Anna, surveillant ses moindres faits et gestes, par prudence !

Désinvolte et décontracté en apparence, Clemens observait avec attention chacun de ses compagnons tour à tour. En réalité, il était aussi tendu que la situation, alors que l'atmosphère glissait vers une fausse innocence. Ses yeux bleus se fixèrent sur Isolde, pour commencer. Son attitude trahissait une certaine hésitation. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle avait sauté sur sa proposition afin de distraire ses camarades. Jade, elle, paraissait un brin perplexe vis-à-vis de certaines réactions, un brin disproportionnées quand on ne disposait pas d'informations secondaires. Elle se lança dans le jeu avec un enthousiasme bon enfant, comme si rien ne se jouait sous le haut plafond des cuisines. Le jeune homme lui adressa un petit sourire avant de détourner à nouveau son regard. Sa bonne humeur était une bonne chose, mais il craignait de voir la Phoenix déchanter.

Il s'arrêta ensuite sur Megan.

Sa position se calquait avec une exactitude presque terrifiante sur le souvenir qu'il avait d'elle, dans la salle des travaux pratiques. Assise, le regard vif, sa manche dirigée vers Anna dans un mouvement à peine voilé. Elle avait à nouveau cette brillance dans le regard, identification d'une peur, à la recherche d'une menace éventuelle. La blonde Abraxan avait cette manière de chercher le danger partout, même dans une banale entrevue nocturne entre étudiants. Depuis leur longue conversation, il avait compris pourquoi elle réagissait ainsi. Il ne doutait cependant pas que ce ne serait pas le cas de chacun de ses camarades. Quand leurs yeux se croisèrent, il lui adressa également un sourire réconfortant, complice, avant de répondre enfin à sa question.

" Il en faut plus de ça pour m'abattre, très chère. " lui glissa-t-il, jouant avec le mystère. Clemens cherchait, avec cette phrase détendue, dirigée exclusivement vers Megan, à établir un lien entre eux. Il voulait lui faire comprendre que nul ne la toucherait en sa présence.

D'un geste à peine perceptible, le Sinistros se tourna vers Rowan. Son colocataire lui tournait le dos. Penché sur l'évier avec flegme et indifférence, son attitude paraissait terriblement hautaine. L'affront était beaucoup trop banal pour avoir atteint son ami, il en était certain. Un Westminbrook ne se laissait pas piquer par une attaque si puérile. Pourtant, la réaction était provocatrice. Le regard de Clemens brillait à présent d'une lueur intriguée. Que son ami refuse de participer au jeu, n'était pas une surprise en soi. Néanmoins, une étrange intuition naquit dans le fond de son esprit, et il choisit sa langue maternelle pour lui signaler qu'il n'était pas dupe.

" Du schuldest mir dann eine Wahrheit, und ich dir ein Wagnis... Oder umgekehrt. "* lâcha-t-il, amusé.

D'un simple mouvement des yeux, il s'intéressa finalement à Anna. Cette jeune femme restait en quelque sorte un mystère pour lui. Elle lui avait paru si douce, si innocente lors de leur entrevue dans la cour... Et soudainement, elle passait à l'attaque, contre Megan qui plus est. A fortiori, il pouvait comprendre comment elle était parvenue à ébranler Rowan et sa maîtrise de marbre. Clemens changea ostensiblement sa posture et jaugea Anna directement. La douceur amicale avait disparu de ses yeux et une sorte de méfiance naquit en lui. Suivie, lentement, d'un fin sourire, énigmatique, équivoque. Ainsi, elle était plus joueuse qu'elle n'avait bien voulu le lui montrer. Maligne. Sans la lâcher des yeux, il attendit patiemment qu'elle croise son regard. Son expression ambigüe se voulait froide, comme un ciel chargé d'orage, qui ne se décide pas à libérer son déluge. Sans prévenir, il se tourna vers ses partenaires de jeu, le visage soudainement souriant et détendu.

" Quant à moi, je choisis vérité... pour commencer !"

[*HRP: Traduction : Tu me dois une vérité, et moi, je te dois une action... Ou l'inverse.

Tout autour de lui, ses camarades semblaient avoir été égayés par les agissements de Megan et son propre comportement face à l’inévitable. Lui-même avait jugé la situation rocambolesque, et décidé de le prendre à la légère plutôt que de s’en contrarier. Certes, se retrouver couvert de pâte gluante pouvait se révéler humiliant, il le concevait parfaitement, mais il avait eu le malheur de connaître bien pire déconvenue aux côtés d’Autumn Avery. En l’état, la portée de l’affront était trop enfantine et dérisoire.

En toute honnêteté, il comprenait sans peine la réaction de l’Abraxan. Maintenant que tout le monde reprenait ses activités et détournait son attention vers Clemens, Rowan prit le temps de se remémorer la soirée dans le cimetière. Et l’arrivée impromptue de leur blonde comparse. Dans ses souvenirs, elle lui apparaissait violente et vulgaire, incapable de se contenir face à quiconque aurait le culot de l’approcher. Or, en cet instant précis, il lui trouva une désinvolture délicate et rigoureuse, adroitement contrôlée. Très loin du portrait peu flatteur qu’il s’en était fait de prime abord.

Sans s’en cacher, il se captiva temporairement pour cette facette faussement paisible et davantage engageante. Quoi qu’il en soit, l’ancien Serpentard se devait de revoir son appréciation. Megan n’avait définitivement rien à voir avec son ancienne promise, l’héritière Avery, et ne méritait certainement pas un traitement semblable. D’autant plus si Clemens l’appréciait. Inutile de s’enliser dans des oppositions si facilement évitables.

Ses camarades commençant à jouer entre eux et Anna s’occupant de son haut, le jeune homme se concentra sur le rinçage de sa chevelure d’ébène, son visage et ses épaules dénudées. Avec une rigidité maladive, il écarta la moindre once de saleté, et ses gestes se révélaient plus mécaniques que sensuels. Lorsqu’il eut terminé son ablution, il se redressa nonchalamment, à peine perturbé par les gouttes qui ruisselaient le long de son torse.

Une voix s’adressa alors à lui. En tournant son regard dans la direction de cette dernière, il identifia Jade. « Assurément. » L’ancien Serpentard récupéra une bouteille de jus pleine, guère éloignée de sa position, et la fît parvenir à l’étudiante de Phénix grâce à sa baguette et un bon sortilège. Après quoi, il vêtit de nouveau son haut et s’intéressa entièrement à Anna.

Le tempérament insoupçonné de la petite Française lui plaisait plus que de raison. Ses précédents gestes, débordant d’une tendresse agréable et réconfortante, ne cessaient pas de lui revenir en tête. En boucle. Éveillant en lui des desseins déconcertants. Aux quelques mots de français qui lui étaient dédiés, il esquissa même un sourire énigmatique. Taquin ? Être entièrement au service de son acolyte ne lui posait pas de problème...

Rowan s’exécuta à la moindre de ses demandes, avec un dévouement ostensiblement impénétrable, mais aux accents diablement joueurs vis-à-vis d’Anna. Il essayait de capter son regard pour des raisons saugrenues, voir de la frôler s’il pouvait s’assurer de sa complaisance. Avec une déférence exagérée, il escomptait bien se montrer utile aux yeux de la petite Française. Les œufs ? Fait. La farine ? Aussi. Il s’occupait de nettoyer le saladier quand Clemens l’interpella.

Bien entendu.

Pour toute réponse, il acquiesça.