[Combat] La Lisière de la Forêt

Si leur situation au niveau de la Lisière s'était clairement améliorée, Phineas n'était pas confiant. Beaucoup moins que leur Lord en tout cas. Il le sentait au fond de lui. Le vent tournait, leur attaque était vaine ... tout comme l'était leur cause. Tout du moins, la manière utilisée n'était pas la bonne. Il restait convaincu que les grandes familles de Sang-pur anglaises, dont il faisait parti, se devaient de retrouver leur position d'antan. Mais le combat du Seigneur des Ténèbres était bien trop violent et pas assez subtil pour y arriver. Surtout par les temps qui couraient. Et l'idée de massacrer ces gamins, de verser du sang sorcier inutilement ne lui plaisait guère. S'ils devaient se battre aussi violemment, ce n'était pas contre leur sang, aussi dilué soit-il, mais contre ceux qui les ont toujours persécuté et forcé à se cacher aux yeux du monde.

Mais s'il était lucide sur ce point, il ne pensait pas que les deux comparses avec lesquels Voldemort le laissait seraient du même avis que lui. Derrière le Chef des Géants et Bellatrix, il commença à pointer sa baguette en direction de Bellatrix. Depuis le début du combat, il était masqué et personne ne pouvait donc l'avoir reconnu. Seule Bellatrix et Voldemort le pouvaient, le Géant n'étant pas capable de parler, trop stupide qu'il était. Il devait éliminer les preuves de son passage ici. Pour sa famille. S'il ne se trompait pas, il n'aurait qu'une seule victime à faire. Le Seigneur des Ténèbres serait vaincu ce soir, il en était persuadé. Il était temps de se carapater. Il ne suivrait pas Voldemort dans les tréfonds. Il ne s'était pas battu toute sa vie pour ça, ce combat n'était pas le sien, n'était plus le sien. Sa famille, voilà ce qui comptait à ses yeux, rien d'autre.

Plus le Lord noir s'éloignait d'eux, plus la situation s'accélérait et évoluait rapidement. Il voyait les Aurors commencer à se déployer. Il devait agir vite. Il ne devait pas se faire coincer, quel qu'en soit le prix. Le cas de Bellatrix était difficile à traiter. Il ne souhaitait pas tuer l'une des dernières représentantes de la famille Black, ni même verser son sang sorcier, et ce même s'il savait à quel point elle était folle. Il pointait toujours son dos de sa baguette. Les renforts se rapprochaient. Il devait se décider, et vite.

Cependant, les Aurors furent rapides. Il entendit Bellatrix rager. Trop tard, ils étaient déjà à portée de tir des Aurors, il devait fuir et tant pis de ce qu'il advenait de Bellatrix. Il s'élança en avant et se métamorphosa en un magnifique nuage noir - tel ceux que l'on peut voir dans les films. Il se rapprocha rapidement du Géant pour qu'il lui serve de couverture lors de sa fuite. Le combat était terminé pour lui ici. Et, alors qu'il s'éloignait à travers la Forêt Interdite, il entendit quelques trames de ce qu'il se passait dans le Parc. Et la magie active dans son bras confirma ce qu'il pensait. Voldemort n'était plus. La bataille prenait fin. Tout prenait fin.

Résumé:

« Je vais bien » répondit-elle mécaniquement à la question d'Isolde.

Freya avait accumulé beaucoup de regrets, ces derniers mois ; porté une culpabilité bien trop lourde, qui étendait sa toile jusque dans ses rêves – elle n’en faisait plus, car ils avaient été remplacés de façon durable par des cauchemars et des flash-back incessants – et dans le moindre de ses gestes. Mais lorsque Clemens saisit son poignet et réclama des détails sur leurs proches (un seul nom lui vint ; Rowan), elle regretta soudainement d’être aussi frêle et petite.

De sa main libre, elle attira Clemens contre elle, comme si elle allait parvenir à l’apaiser, à lui faire oublier qu’ils étaient au milieu d’un champ de ruines et que le monde se morcelait tout autour d’eux – mais elle finit par prendre conscience que ce n’étaient pas les tremblements du Sinistros qu’elle sentait, mais bien son propre corps qui frissonnait sous la terreur.

« Tout va bien » murmura-t-elle sans en croire un seul mot.

En disant cela, elle tentait d’oublier que Lord Voldemort venait de réclamer sa tête à deux de ses plus dangereux adeptes, et que Poudlard s’était écroulée sous ses yeux. Tous les évènements de ces derniers mois portaient parfois la trace de sa magie, et elle se tenait contre Clemens, sa main se libérant de son emprise pour prendre la sienne, les yeux clos pendant quelques secondes.

Et puis les Aurors arrivèrent. Elle se retourna juste à temps pour voir Lestrange et Beurk s’enfuir pour sauver leur vie, pour ne pas être arrêtés ; pour sentir dans son bras gauche la morsure de la rupture du sceau magique qui la liait à son Maître.

« Il est mort » annonça-t-elle à mi-voix, plus par surprise qu’autre chose. « Vous-savez-qui – il est mort. »

Le Seigneur des Ténèbres lui avait toujours paru impossible à abattre. Mais tout irait bien, désormais. Pour Clemens, Isolde, Blaise et les deux autres gamines. Pas pour elle, en revanche. Elle retroussa machinalement sa manche pour vérifier, sans grand espoir ; mais elle était toujours là. Sa teinte rouge commençait déjà à pâlir et il n’en resterait sans doute qu’une cicatrice, mais elle demeurait visible sur sa peau brune.

Difficile à discerner. Mais présente.

Ils n’avaient pas eu le temps de se mettre d’accord, avec Rowan. De choisir la marche à suivre dans ce genre de cas. Mais la simple idée de fuir ses responsabilités… Elle relâcha son étreinte, laissant Isolde serrer Clemens à son tour dans ses bras, lui murmurer une phrase à laquelle elle aurait sans doute ri si toutes ses pensées n’étaient pas dirigées vers la cohorte d’Aurors qui se tenait devant elle.

La Marque finirait par disparaître, un jour. Pas les choix qu’elle avait pu faire.

Elle suivit donc Isolde en silence, rangeant soigneusement sa baguette dans la poche arrière de son jean, se demandant mentalement comment elle allait bien pouvoir se présenter. Pour les Mangemorts, elle était une traîtresse ; pour ceux qui s’étaient battus aujourd’hui, elle avait été une alliée ; pour l’Ordre, elle était celle qui les avait prévenus qu’une attaque était imminente.

Freya Nightingale, décida-t-elle. Ce serait un bon début. C’était ce qu’elle avait envie de redevenir.

Et sa main chercha à nouveau celle de Clemens à cette pensée.

Le doute qu'elle avait eu au lancé maladroit de son sort s'évapora quand elle vit les traits de Blaise se détendre au fur et à mesure ; elle sourit, et passa ses deux mains sur son visage, faisant lentement passer la pression qu'elle avait ressentie. Blaise était libre. Elle avait annulé le maléfice du Seigneur des Ténèbres.

Puis, sa menace s'immisça doucement dans son esprit ; son ordre. Il voulait sa tête. La tête de la blonde. Charlie blêmit, et fixa chacun des Mangemorts lancés telles des bêtes féroces dans la bataille présents en face d'elle, tremblotante. Et, pour la première fois depuis le premier sort qu'elle avait dévié, elle sentit son cœur s'emballer ; ses yeux changer de point de vue & cligner nerveusement ; ses jambes devenir coton et incontrôlables, malgré ses tentatives de les faire bouger.

(C'était une sensation très étrange, habituellement, on la craignait, dans les couloirs recouverts de pavés de Poudlard.)

Pourtant, elle n'eut pas le temps de s'inquiéter davantage sur sa sécurité - ni sur celle de Zabini. Les Aurors arrivaient en nombre, provocant ainsi la fuite des quelques lâches, même du géant. Elle expira longuement, s'apercevant alors subitement qu'elle avait stoppé sa respiration. Grant aurait pu tomber à genoux, alors que la joie & le soulagement, surtout, s'emparaient d'elle, ses cheveux volant au gré du vent de la nuit qui caressait son échine.

Grant détourna le regard pour se poser sur les corps plus loin. Neubach avait l'air en mauvais état, Charlie ne pouvait pas lui en vouloir. Leur sauveuse s'était finalement remise de son Impardonnable. Tant mieux.

Charlie s'approcha de Blaise, ses pieds fouettant l'herbe verte sous son passage agité. Elle posait une main sur son épaule & ce plus pour se rassurer elle que lui, pour s'assurer qu'il était bien là. Elle repensa vaguement à sa virée en barque avec Stanislas sur le lac noir, ténébreux & âpre, en ce début du mois de juin, dont la fin était catastrophique.

Une simple blague, pourtant, elle avait commencé, certainement.

Mais il l'avait faite enrager parce qu'elle avait eu peur, vraiment peur, lorsque les profondeurs de l'étang l'avaient englouti violemment. Lorsque son meilleur ami n'avait pas répondu à ses supplications & à ses appels inquiets, véritables. C'était la même chose.

Elle avait eu peur. Pour Blaise. Pour son ami.

« Oh, et puis, merde » se dit-elle à elle-même, parce qu'elle avait le droit. Après une telle épreuve. De craquer. Un peu. De laisser son affection prendre le dessus. Alors que ses bras fins entouraient le haut du corps de Blaise, dans une étreinte apaisante. Un court moment, bien sûr. Sinon, même dans une situation aussi chaotique, il allait se foutre de sa gueule. Mais elle en ressentait le besoin irrépressible. Elle le relâcha, un sourire sur les lèvres.

« Tu tiens le coup ? Faut qu'on retrouve les autres - qu'on retourne au château. Vite. » annonça-t-elle, vivement, sa main libre remettant ses cheveux blonds en place. Ils étaient poisseux. Plein de terre & de poussière ; celles qu'ils avaient soulevées lors de l'affrontement, assurément. Celle que le calamar géant, un mythe, avait-elle annoncé, avait provoqué pendant sa sortie du lac, avec ses tentacules gluants.

Alors les deux Serpentard s'activèrent maintenant à rejoindre les murs étroits où les combats n'étaient peut-être pas finis.