[Combat] La Lisière de la Forêt

Je suis le Chef des Géants.

Difficile d'en vouloir à Gabrielle Rosier, qui offrait aux assaillants son égide : il convenait effectivement de prêter allégeances auprès du côté où se rangeait un géant armé d'une massue.

La préfet-en-chef ! Le zèle dont elle avait fait preuve jusqu'alors dans l'accomplissement de ses fonctions trouvait écho d'une cruelle manière, alors qu'elle assénait un Confringo à Clemens Neubach - car il semblait s'agir de Clemens Neubach, au travers du ballet chaotique de la poussière et des brindilles.

Il considéra brièvement l'idée d'imiter Gabrielle - se présenter désarmé, docile et obligeant, au farouche mangemort masqué ; souligner la pureté de son lignage, puis éventuellement promettre de demeurer affable ; ignorer Clemens et toute velléité d'abnégation.  

Mais il y avait Charlie et il semblait audacieux de mettre en place une telle manoeuvre avec la rebelle Charlie Grant --- elle ne pourrait pas se prévaloir de la finesse de son sang pour espérer se faire épargner, si les choses devaient mal tourner, et, oh, elle tourneraient mal.

(Aussi - il n'était pas certain que Charlie Grant accepte docilement de s'offrir aux mangemorts : il s'agissait de Charlie Grant. Elle avait des principes. Lui aussi; mais ils étaient différents.)

La frénésie avec laquelle les assaillants s'étaient tourné vers Clemens le dissuadait pourtant d'agir ; ils étaient nombreux, ils étaient quatre, à présent, et manifester leur présence depuis l'alcôve superficielle des ramures était audacieux, si ce n'est totalement inconscient. Il ne comptait pas pétrifier l'un d'eux pour se faire assaillir par ses trois partenaires quelques minutes plus tard - et pourquoi le ferait-il ? Dumbledore ? La défense de l'opprimé ? La quête de bien et de justice..?

Sérieusement.

« Nous devons trouver les autres », suggéra-t-il. S'il savait que Daphné se trouvait un peu plus loin, dans le parc, il ignorait où était Stanislas ; et, devant eux, le château se consumait en hurlements. Il le considérait gravement, tendu malgré la désinvolture fiévreuse que connotait son visage arrogant. La fuite semblait risquée, pourtant, tant que le géant déboisait implacablement l'endroit. « Mais il y a ce putain de monstre, juste là. Sérieux, ces types s'associent avec n'importe quoi. Aucune élégance, putain.»

S'il avait considéré le garde-forestier avec un mépris ourlé de dégoût, le géant qui se tenait là était définitivement plus écœurant que Rebeus Hagrid.  Plus loin, l'on assénait un crache-limaces à Bellatrix Lestrange, et peut-être était-ce le moment de tenter quelque chose, quoiqu'il ignorait combien de personnes se trouvaient dissimulées par le désordre des ramures.  

« Tu me couvres, Kristen ? » s'enquit-il, désignant d'un mouvement machinal du menton la silhouette du géant. Car si l'héritier Zabini était effectivement une petite frappe excessivement confiante, il savait comme le chaos de la lisière rendait la tâche difficile ; au travers de la poussière, lourde et âcre, des brindilles et des feuilles, leur vision était réduite, depuis l'alcôve de l'arbre.

« Stupefix », énonça-t-il toutefois à l'attention du géant ; le sortilège se perdit dans l'affluence. Il regagnait la proximité de Charlie ; « OK - tu penses pouvoir l'avoir, toi, d'ici ? »

HRP:

sort:

statistique:

Choquée & déçue. Ouvrant machinalement la bouche, elle demeurait stupéfiée devant l'image embrumée de la si mystérieuse Gabrielle prêtant allégeance aux Mangemorts, qui était à la limite d'un horrible cauchemar ─ et dire que Charlie l'avait invitée à son anniversaire, putain.

Au même moment elle jeta un regard à Blaise, qui semblait désarçonné ─ ou pensif. Grant pensa à la même chose que lui. Mais pas de la même manière. Sauver son cul en les rejoignant pour détruire leur école ? jamais. En revanche, l'idée n'était pas éteinte chez le Serpentard. Charlie ne pourrait pas lui en vouloir ; si, en fait. Elle le tuerait bien avant qu'il ait fait un pas dans la direction des trois ─ quatre ─ affreux.

Aussi, l'affrontement s'annonçait assez mal. Entre l'autre héroïne qui tentait misérablement un sort ─ réussi, au plus grand étonnement de la blonde, et le géant sans cervelle qui avançait à vue d’œil dans leur direction, leur planque n'était pas géniale. Elle serait réduite en ruines dans quelques instants, et eux avec s'ils ne se décidaient pas à bouger au plus vite de cet abri pitoyable.

Et si tous deux n'étaient pas aussi stupides qu'un Gryffondor, ils possédaient tout de même une once de courage & d'intelligence ; laisser Neubach seul contre tous n'était pas une solution adéquate. Mais se mettre volontairement en danger non plus.

Pourtant, Blaise, empreint d'une certaine inquiétude à l'égard de leurs amis ─ Stanislas. Daphné. Mais ils étaient où, par la barbe de Merlin ? « Merde. » Réfléchis, tu sais toujours où est cet imbécile. Car dans un élan de lucidité, tandis que son esprit sombrait doucement dans un affolement certain devant le chaos qui s'annonçait à proximité, elle se rappela vaguement pourquoi Stanislas n'était pas venu fumer avec eux ; les trois mousquetaires avaient été séparés parce que le slave avait faim. Abruti.

« Il doit être dans les couloirs ─ ou dans la Grande Salle. » affirma-t-elle. Balayant la vision, absurde en fin de compte, de ce château en feu ─ Charlie a toujours détesté la violence, exact ? Et, encore plus quand un putain de géant leur barrait la route. « Je te jure ─ même si j'essayais, je pourrai pas l'arranger ce débile. » rigola-t-elle, même si l'envie de se taper des barres n'étaient pas vraiment présente, mais détendait l'atmosphère. Elle s'inquiétait réellement pour ses meilleurs amis. Et finir ses jours avec un Blaise dépressif, non merci.

« Toujours là pour couvrir tes fesses, Zabini. » répondit-elle ; car il existait dans ses yeux une lueur de folie, finalement rassurante pour Grant. Elle avait tellement envie de les défoncer.

Là où ils se trouvaient, une ouverture dans l'épaisse fumée n'était définitivement pas une chose aisée ; alors Blaise rata. Un Stupéfix. L'américaine se retint de rire ; à l'heure actuelle, se foutre de sa gueule n'était pas d'actualité.

« Qui ne tente rien n'a rien. » soupira-t-elle, peu assurée par le léger tremblement de sa main ─ si elle se loupait, le géant allait avoir sa peau. Elle se releva, avança légèrement & s'éloigna à regrets de son abri de fortune, et lança un « Wingardium Leviosa ! » en visant intentionnellement l'arme du cousin du troll.

Leur refuge avait été cruellement éphémère. Le sort lancé par Clemens les avait révélé aux yeux de leurs assaillants, qui ne perdirent pas une si belle occasion. Une explosion, puis deux, fit irrépressiblement trembler la baguette dans la main d’Isolde, résolue à ne pas quitter sa cachette ni à se dévoiler. Ils étaient trop visibles, des cibles trop faciles… S’ils s’enfuyaient, ils se feraient faucher par le géant… ou anéantis par les sorts des Mangemorts. Son idée de ralentir les trois attaquants était à peine évoquée qu’elle se révélait déjà illusoire. Sauver sa vie et celle de Clemens ; c’était tout ce qui importait.

Un fracas assourdissant lui fit perdre le sens de la réalité, le temps d’une seconde. L’explosion la projeta brutalement en avant, lui laissant à peine le temps de protéger son visage dans ses bras alors qu’elle s’effondrait sur le sol. Un gros fragment de bois vint heurter sa tête, alors que des dizaines d’échardes tombaient en pluie, piquetant sa peau de rouge. Étourdie par l’explosion et les soubresauts du sol causés par le géant, elle tâtonna à l’aveugle pour atteindre sa baguette échappée de ses mains. Sa vue brouillée par le choc ne lui offrait à voir qu’un camaïeu indicible de vert ; et une douleur lancinante se faisait sentir sur son épaule gauche, accompagnée d’une âcre odeur de sang chaud. Pas le temps de vérifier les dégâts ; ses jambes indemnes lui permettaient toujours de courir, et c’était tout ce que son instinct lui dictait de faire. Elle n’arrivait pas à voir si Clemens était blessé, mais elle le voyait au moins bouger. Assez pour s’éloigner.

De nouveau bruits, et une nouvelle montée d’adrénaline. Les arbres s’effondraient autour d’eux, témoins de l’abandon de toute finesse par leur ennemis, s’ils en avaient jamais fait preuve. Courir, se mettre à l’abri. Mais où ? Un arbre s’écroula derrière eux, leur offrant un abri salutaire, mais provisoire. Secouant la tête vigoureusement dans une tentative d’éclaircir ses pensées, elle se mit à quatre pattes et, attrapant de nouveau le bras de Clemens, rampa le plus vite possible pour les éloigner des assaillants. Le terrain devenait de plus en plus impraticable à mesure que le géant déchaînait sa massue, mais les branches et les feuilles tombant en masse avaient au moins le mérite de leur offrir un maigre camouflage. Arrivée derrière une grosse pierre, à peu de distance de leur premier abri, le bruit de l’arme disparut soudain. Levant la tête, Isolde vit l’énorme massue s’élever dans les airs, portée par le sort réussi de la jeune Grant. Une occasion pour eux. Aussi soucieuse qu’elle était de son sort et de celui de Clemens, elle ne pouvait rester immobile devant cette opportunité. Ils ne pourraient de toute façon s'échapper si ce monstre restait à leurs trousses. Et Charlie se trouvait maintenant à découvert. Levant à son tour sa baguette, elle s’écria :

- Wadiwasi !

La massue suspendue dans les airs fila comme une balle de fusil sur la tête du géant. Aussitôt son sort lancé, Isolde se réfugia derrière le rocher, soufflant profondément pour reprendre ses esprits.

Bellatrix ne réussit pas mieux que lui. Quel dommage ! A peine arrivés à Poudlard qu'ils se ridiculisaient déjà de la sorte. C'était navrant. Et pourtant, la jeune Rosier n'en démordit pas de son engagement auprès du Seigneur des Ténèbres, et plus spécifiquement de leur lignée, leur statut. D'ailleurs, le résultat de son sort fut plutôt impressionnant. Le souffle de l'arbre qui explosa ne laissa guère que poussières, écorces et terre. Il lui tardait de voir ce que donnerait ce brillant résultat sur le petit malin qui était caché là-bas. D'ailleurs, leur acolyte débile - il n'y avait bien que leur force brute qui leur était utile - s'avançait rapidement vers le lieu de l'explosion, s'apprêtant à terminer à le travail.

Et c'est en se pensant déjà vainqueurs sur le petit malin que tout vacilla, ou du moins, tout se compliqua. D'autres élèves semblaient jouer aux malins et s'attaquaient à eux. Ils étaient tous éloignés, cachés plus loin, mais ils semblaient être assez nombreux étant donné le nombre de sortilèges qui jaillirent au cours des secondes qui suivirent. Bellatrix et le chef des géants, plus proches de la scène, en subirent d'ailleurs les conséquences. Phineas dit rapidement à Gabrielle :

- Suit moi, et aide Bellatrix à se débarrasser de ce stupide enchantement.

Il s'élança alors vers ses deux comparses pour leur prêter main forte. Ils en auraient certainement besoin. D'ailleurs, ce fut durant sa course qu'il remarqua la massue du chef des géants s'élever dans les airs avant d'être expulsée violemment. Mais bon sang, que se passait-il ? Depuis quand les élèves savaient se défendre ici ?! Cependant, il allait tirer profit du fait que l'une des jeunes femmes ne se soit pas remise à l'abri. Il pointa sa baguette vers la jeune femme blonde, banda sa pensée et s'écria :

- Stupefix !

A peine mon sortilège touchait-t-il que le Mangemort m’intimais de le suivre et d'aller porter secours à Bellatrix. Sérieusement ? L'idée de devoir rester ici plus longtemps me frustrai, Orion risquait très probablement sa vie, et pour les autres ce ne devait pas être mieux. Mais je ne pouvais tout simplement pas me dérober maintenant, surtout que l'ennemi commençait à se rebeller. En temps normal je n'aurais pas été contre mater une rébellion. Oui, mais en temps normal je n'avais personne à protéger. Concentre-toi Gabrielle. Tu interviendra en temps voulu. De plus ils m'avaient reconnue, je n'aurais pu partir sans m'exposer à un risque. La grosse brute paraissait prometteuse - bien plus que Bellatrix en tout cas - mais je ne pouvais pas m'offrir le luxe de leur faire confiance.

Je préférai ne rien dire et obéit sans rechigner. C'était à moi de les sortir du pétrin. Doués comme ils semblaient l'être ils se seraient certainement fait plus de torts qu'ils n'en auraient fait à nos ennemis. Ma baguette toujours armée je suivais le Mangemort, toujours bien cachée derrière lui au cas où un sortilège perdu viendrait dans notre direction. Puis, une fois à portée de Lestrange, je remarquai qu'elle ne semblait pas aller très bien. Écœurant... Des limaces visqueuse s'agitaient au sol devant la cinglée qui semblait avoir des remontées gastrique. Un crache limace, sérieusement ? J'étais sur mes gardes mais non moins agacées. Je remarquai alors la jeune Lovegood et ne pouvais m'empêcher de lâcher un petit rire méprisant. Bellatrix allait patienter.

Je n'attendais pas que la Mangemort se redresse et me préparai déjà à une très probable escarmouche. La blonde semblait ne pas m'avoir vue tout de suite, c'était ma chance. Arme levée je soufflai sèchement « Incarcerem. » La serdaigle ferait un bien meilleur bouclier humain qu'un cadavre.

Résumé:

Stats: