[Combat] La Grande Salle

Je n'avais encore jamais couru aussi vite de ma vie. Jamais. Pour la première fois de toute mon existence, je n'avais que faire de la terre qui tachait mon uniforme, de la sueur qui coulait de mon front ou de mes paumes en sang, à cause de ma mauvaise réception. Seul Orion comptait. Pourquoi pas Camille ? Je me doutais qu'elle avait été évacuée, quand la présence des Mangemorts avait été découverte et j'avais assez confiance en elle pour me dire qu'elle n'était pas restée derrière. Il ne fallait pas qu'elle soit restée en arrière. Elle a beau n'être qu'une Poufsouffle, elle reste être ma petite sœur, la chair de ma chair. Je passai, sans m'arrêter, par le parc et évitai du mieux que je le pouvais les sorts qui fusaient en tous sens - ce n'était pas mon combat. Dans le hall, j'avisai de loin Rowan, aux côtés d'une rousse qui ne m'était pas totalement inconnue, mais, surtout, je le vis viser un de nos alliés. L'héritier Westminbrook était censé être de mon côté, du côté du Seigneur des Ténèbres. Était-il donc un traître ? Dans l'ombre, toujours, je reculai de quelques pas jusqu'à sentir la pierre froide et dure contre mes doigts et suivis le mur jusqu'à la porte de la Grande Salle, où j'espérai trouver mon frère, le regard toujours accroché aux duels qui faisaient rage. Quand je trouvai la porte, je m'arrachai presque à regret de la scène qui se déroulait sous mes yeux pour pousser les battants de bois... et me retrouver nez-à-nez avec quatre immenses statues de pierre. Les défenseurs de Poudlard. J'esquissai un pas de recul, avant de me reprendre. Il fallait que je passe, à tout prix.

« Laissez-moi passer ! » les suppliai-je. « Je dois absolument retrouver mon frère, je crois qu'il est à l'intérieur... » Quand l'une d'elle commença à se pencher vers moi, je restai le plus possible immobile, pour leur prouver qu'ils n'avaient rien à craindre de moi. « S'il vous plaît, je vous jure que je n'ai rien contre l'école, je veux juste retrouver Orion... » Et en effet, je n'avais rien contre Poudlard - juste contre ses habitants. Maintenant, je n'avais plus qu'à espérer que les colosses croiraient en mon demi-mensonge.

Derrière les vigiles, je pouvais apercevoir le sang et les morceaux définitivement humains qui maculaient le sol et tapissaient les murs, les cris d'un homme me venaient jusqu'aux oreilles. Merlin tout puissant, que s'est-il passé ici... Dans un coin de la salle, j'aperçus Alycia et Lilianor, toutes deux très mal en point, ainsi que la protégée de Rowan, inanimée. Mon sang se glaça quand une pensée macabre me traversa l'esprit... Cela ne pouvait pas être Orion qui était mort. Pas lui.

Je poussai un hurlement de rage et de désespoir, tentant de forcer le passage. « JE DOIS PASSER, LAISSEZ MOI REJOINDRE MES AMIES ! ALYCIA ! LILIANOR ! » J'aperçus le reflet d'une chevelure blonde et reconnus Aldabella Prendergast, la petite amie de mon jumeau. Je l'appelai à grand renfort de cris, toujours coincée derrière les statues et quand elle se retourna vers moi, je lui posai la question qui me tenait tant à coeur. « Pr- Aldabella ! D-Dis-moi que tu sais où est Orion... Pitié... O-Où est m-mon frère... »

Les nerfs qui lâchent, bravo Gabrielle. Une à une, les larmes commencèrent à rouler sur mes joues, creusant des sillons dans la saleté qui s'était déposée là. Peut-être n'était-ce pas un mal, finalement, que je pleure puisque cela sembla attendrir - était-ce seulement possible ? - et convaincre de ma bonne volonté les gardiennes de pierre. Elles s'écartèrent et, prise dans mon élan et ma peine, je m'effondrai, les mains dans une flaque rouge. Je retins un haut-le-coeur, consciente que je m'étais assez donnée en spectacle pour quelques temps et me relevai, avant de m'essuyer sur ma jupe et d'effacer tant bien que mal les traces sur mes pommettes, rajoutant du sang là où se trouvait auparavant la poussière. Je parcourus la salle du regard. Orion, où es-tu ?


HRP - Gabrielle s'est enfuie de la lisière et a couru jusqu'à la grande salle, où elle pense trouver Orion. Désespérée par le sang qu'elle pense être celui de son frère, elle pleure (sisi) et supplie (sisi je vous dis) les statues de la laisser passer, ce qu'elles font au bout d'un moment. (+ désolée pour la longueur mais j'ai été emportée par l'émotion **)

Statistiques:

Il avançait lentement, vérifiant chaque croisement avant de s'engager de nouveau dans un couloir dévasté par les combats incessants des deux camps.
C'était avec un cœur battant la chamade & un ensemble poisseux recouvert de poussière & de terre que le Poufsouffle déambulait librement à travers les gravas du château. Il s'était extirpé silencieusement des cohortes d'évacuation juste à temps ; d'ailleurs, il avait vite regretté sa décision. Prise sur un simple coup de tête ; il serait plus utile ici que là-bas, à l'abri de la moindre égratignure. N'importe quoi.
Baguette à la main, Aaron s'était vite aperçu que sa présence n'était remarquée de personne ; que les pierres & la saleté volaient autour de lui comme de vulgaires coussins, dont il dut se protéger à peu de reprises à l'aide d'un Protego maladroit ; que les sortilèges, impardonnables pour la plupart, lui passaient au-dessus de la tête.

Les Mangemorts l'ignorait telle un personnage incapable de produire une once de magie.
Les Mangemorts attaquaient Poudlard.

C'était une vérité absurde pourtant ; de l'intérieur du bâtiment, il avait une vue d'ensemble sur toutes les silhouettes plongées dans la bataille, là, dehors. Le Parc était en feu ; la lisière décorée d'un géant à la massue dangereuse. Les Aurors étaient présents depuis plusieurs mois dans l'unique but d'empêcher une telle chose d'arriver. L'interdiction de sortie à Pré-Au-Lard était sensée les protéger d'un tel chaos. En vain.

Il arriva finalement devant la Grande Salle, alarmé par les bruits & les hurlements. Il tomba nez à nez avec une Rosier en pleurs ; et pas n'importe laquelle. La Serpentard. C'était un spectacle gênant & émouvant, et Aaron ne put s'empêcher de poser une main réconfortante sur son épaule, comprenant facilement qui elle cherchait. Orion. Camille. Sa famille. Il lui glissa un murmure rassurant « Je─ Camille a été évacuée. Je l'ai vue. » tout comme le reste des élèves. Normalement. Bientôt, il l'imita et tenta d'apercevoir les quelques personnes présentes à l'intérieur de la pièce inanimée ; son regard se posa d'abord sur la douce Lucy, inerte ; puis sur Zyskowski, ensanglantée ; enfin sur Alycia, sa Aly, qui était étendue sur sol. Son cœur rata un battement, alors que les statues s'écartaient finalement, jugeant certainement qu'ils étaient assez pacifiques pour pénétrer à l'intérieur.

Il déboula dans la salle, mais ne put pas pour autant s'avancer davantage à cause de l'horreur qui se présentait à lui, restant non loin du pas de la porte. Le faux plafond était éteint ; les murs recouverts de sang visqueux et les régurgitations recouvraient les pavés si bien qu'il mit automatiquement sa main devant sa bouche. Un désastre.

L'oncle au prise avec mes liens sur le sol. Je ne comprends plus très bien ce qu'il se passe autour de moi, ni même pourquoi je m'acharne à vouloir à tout prix asséner des coups... Pourtant le visage d'Aldabella était blême, sérieux. Je me devais d'agir, de l'aider... C'est ce que font les amis, n'est-ce pas ?

Je regarde doucement Aldabella puis son frère avant de relâcher ma vigilance. Les yeux braqués vers les fuyards, tandis que d'autres tentaient d'entrer dans la grande salle... Pour y faire quoi ? Voir le tableau des horreurs ? Le sang et les viscères étalés sur le sol... dans une triste harmonie sanglante.
Laissant l'oncle au sol aux bras de la courageuse et de son frère furieux, je regarde Gabrielle et Aaron entrer doucement dans la salle. McGonagall, Rowan et son amie avaient fui à la suite de ce fichu Yaxley qui n'avait pas eu pitié de me faire subir un doloris atroce malgré l'intervention de Smaragdin, dont le nom m'échappe toujours.
Après cette bataille, je le retrouverai et lui dirai combien je lui suis reconnaissante.

Maintenant ma baguette à la main, j'avance doucement vers le poufsouffle. Est-ce alors cette fin si joyeuse qui arrive aux gens bien, de ceux qui se tournent vers la lumière ? Malgré les immondes images qui ne cessent de revenir en boucle dans mon esprit, malgré les douleurs, les blessures, le sang et l'horreur... est-ce que ce bonheur est viable ?
Je souris et pleure en même temps, je rigole doucement jusqu'à arriver à lui, glissant par moment sur les restes de la gamine... Oubliant, occultant que c'est sur son corps que je marche.
Je pose mes mains sur son visage, malgré le sang séché, malgré les tremblements. Je ne vois plus aucun monde existé, aucune immondice.
Il est là, et c'est bien tout ce qui compte. Chancelante, je ne cesse cependant de rire, de le regarder, de toucher son visage du bout des doigts. « Je ne suis pas un ... monstre. », je murmure en continuant de pleurer et rire en même temps. N'ayant cessé de penser à lui, tous les jours puis quand Lucy a touché le sol, n'ayant cessé de me répéter que ce qu'il voulait lui... c'était la Aly, la vraie... Pas le masque. Celle qu'il arrivait à entrevoir, à caresser du bout des doigts. « Je n'ai jamais cessé de t'aimer. »
Autant dire ce que le cœur rêve de crier depuis des lustres, dans une atmosphère détestable ou la mort tournoie dangereusement autour de nos âmes. Je pose délicatement mes lèvres sur les siennes, dans un baiser passionné, réanimé par la vie, par l'espoir.
« Tu devrais être évacué, avec tous les autres... Qu'est-ce que tu fais là ? » Je me rends compte, tout à coup, de la dangerosité de la situation, même si la Grande Salle est sous le joug des membres de l'OdP.

Je ne cesse pourtant de le regarder, de le redécouvrir... Comme ce jour enneigé de Février. Jouer à James Bond... Ridicule excuse, et pourtant, il était tout à moi.
Et pourtant, c'était ici la vraie Alycia, pas le masque.
Je me laissais tomber à genoux, le tenant, malgré tout, fermement par les bras, le forçant à s'accroupir.
« Je suis exténuée... Mais on ne devrait pas rester ici... C'est un macabre spectacle. Nous pourrions être plus utiles ailleurs. Mais attendons... un peu, le temps de reprendre un peu de souffle. » Je pose un regard sur Lucy et m'empresse de rassurer Aaron, sans en dire plus sur son agresseur : « Elle va bien, elle est maintenue par les aurors et elle ne risque plus rien, elle sera vite évacuée. Elle a pris plusieurs gros sorts, mais elle s'est montrée... très courageuse, une vraie lionne. » J'essaie de rire malgré les douleurs, mais je suis heureuse. Oui.

Aaron est mon bonheur.

La Bataille de Poudlard

La Grande SalleAlors qu’un groupe de l’Ordre quitte les lieux pour poursuivre Yaxley, un silence étrange et pesant s’abat sur la Grande Salle. Les quatre statues semblent inertes face à l’immense porte ; à peine perturbées par les hurlements atroces et successifs de Thorfinn Rowle. Au cheveux enflammés succèdent sa peau – rougeoyante, craquelée et fumante – puis son masque partiellement fondu. Ses cris deviennent inhumains. Reflet déroutant de sa douleur et de sa mort, mêlées plus que jamais dans le feu. C’est alors que surgissent des silhouettes nouvelles. Des adolescents. Gabrielle Rosier et Aaron Powell. Les défenseurs de pierre les laissent passer et rejoindre leurs camarades blessés ; sous l’œil avisé et scrutateur d’Alastor Maugrey. Puis, tout en adressant un regard à Lavande Brown, il abandonne sa proximité pour rejoindre Charlie Weasley. « Tu devrais rester ici, Brown. Le hall n’a pas l’air d’être sécurisé. » Alors que tous prennent enfin le temps de souffler, une légère secousse anime le sol. D’abord fluette, presque imperceptible. Puis, de plus en plus affirmée. Menaçante. Au bout d’un moment, un craquement sinistre et lourd résonne dans tout le château. L’ensemble de la structure tremble et semble vaciller ; jusqu’à ce que l’immense baie vitrée de la Grande Salle, auparavant abîmée par le passage de Fumseck, s’effondre avec ses murs porteurs sur elle-même. Engloutissant sous son poids colossal la table des professeurs – ou ce qu’il en restait. Face à cette soudaine catastrophe, Charlie Weasley a le réflexe d’employer sa magie. « Praesidum Facere ! » L’immense bouclier protège les élèves blessés et les alliés de l’Ordre dans sa proximité immédiate. Fol-Oeil, agacé, use de sa magie pour balayer progressivement cette poussière étouffante. Non loin, Alycia McWood et Aaron Powell ont échappé de peu aux gravas ; toutefois, ils perçoivent une infime clameur au-delà de l’épais nuage grisâtre et plâtreux. Ni une ni deux, ils se faufilent au-dedans pour gagner les abords l’ancienne vitrine. Ce qu’ils découvrent en contre-bas, sur les eaux brumeuses du lac, glace leur sang : plusieurs navires affrétés de mangemorts, baguettes tendues vers leur position, se préparent à lancer une seconde attaque. Celle qui fera s’effondrer sur eux le château. Ils n’ont pas assez de temps pour s’enfuir. Pas plus pour prévenir leurs amis. Rapidement, leurs regards glissent sur les pierres entassées autour d’eux, sur la fragilité apparente de l’édifice, sur la ligne craquelée qui court peu avant le milieu de la Grande Salle ; une fracture dont Alycia McWood note immédiatement l’évidence. Tandis que Aaron se penche vers le bord de la plateforme, il remarque qu’une partie de la falaise supportant Poudlard a été littéralement broyée par les sortilèges. Une partie de la Grande Salle repose désormais sur du vide. Leurs yeux tourmentés et humides se rencontrent une nouvelle fois dans ce chaos détonnant. La violence féerique de ce contact témoigne de leur dernière décision. De leur ultime rédemption. McWood sera lumière ; ou ne sera plus. Et, du reste, Powell deviendra son guide éternel. Lorsque Maugrey parvient enfin à dissiper la poussière, il remarque avec une stupeur cruelle les deux frêles silhouettes sur le bord de la structure. Il voit, de sa position éloignée, ce qui se trame sur les eaux – et, surtout, il se doute de la suite des choses. Pourtant, il se met à hurler le nom des deux âmes téméraires. Elles ne bougent pas. Pire. Elles se tiennent désormais la main ; leurs doigts liés dans une promesse solennelle. De l’autre, leurs férules se tournent vers la fracture évidente. Au loin, une nouvelle salve d’attaque illumine le ciel. Ils n’ont plus le temps de tergiverser. Fol-Oeil, tremblant d’une rage contenue, comprend. Le sacrifice de ces enfants ne peut pas être vain. Il lève également sa baguette. Leurs trois voix ne font plus qu’une. « Bombarda Maxima ! » Sous une lumière aveuglante, Poudlard tremble, chancelle et vacille une nouvelle fois. La partie brisée de la Grande Salle se déchire dans un bruit féroce et lancinant, emportant avec elle tant McWood que Powell, Pourtant, dans cet éclat mordoré, il est impossible de distinguer quoi que ce soit d’eux. Il n’en reste qu’une pluie d’étoiles scintillantes ; puis le choc assourdissant de tout un pan du château dans les profondeurs troubles du lac. Un coup si puissant, si incisif, qu’une partie des eaux se soulèvent en un éclat de colère iréel ; et coulent l’intégralité des attaquants alors que leur offensive percute de plein fouet la protection du fils Weasley. Grâce à lui, ils y survivent. Face au vent et au vide, les cheveux secoués en tous sens, Maugrey fixe intensément les remous placides et sombres qui lui font face. HRP – Les prochains Mangemorts ou les prochains partisans du Seigneur des Ténèbres à entrer dans la Grande Salle, prendrons entre 2 et 4PE de dégâts tant que les quatre statues sont actives. Il reste un Inferi en jeu, neutralisé par un sortilège de Lavande Brown. Thorfinn Rowle est mort. Alycia McWood et Aaron Powell aussi. La moitié de la Grande Salle a été emportée vers le lac. Mais vos personnages ont survécu. Soit grâce à Charlie Weasley, soit par leurs propres moyens, soit parce qu'ils étaient non loin de la Porte et des Statues. Fergal Prendergast est immobilisé. La Grande Salle est donc pacifiée... Pour le moment. |!| Pensez à comptabiliser vos PE dans vos messages ! |!| Pour le dynamisme de l'événement, nous vous rappelons que vos posts ne doivent pas dépasser 500 mots. Merci d'avance d'en tenir compte !   |!| Mise à jour des personnages participants du topic :  Fergal Prendergast, Sibylle Trelawney, Lilianor A. Zyskowski, Lucy Rosebury (KO), Flora Carrow, Lavande Brown, Thorfinn Rowle (tué), Alastor Maugrey (PNJ), Charlie Weasley (PNJ), Alycia McWood (tuée), Theodore Nott, Gwendoline Fuller (tuée), Ghrystal Prendergast, Aldabella Prendergast, Gabrielle Rosier, Aaron Powell (tué)

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J’entrai en trombe dans la Grande Salle et pilai net. La façade avait été arrachée et le réfectoire donnait désormais sur le Lac Noir, à pic tel une falaise artificielle. Des statues protégeaient les combattants, à l’image des armures qui nous avaient donné jusqu’à leur conscience, dans les couloirs. Elles s’écartèrent pour me laisser passer et j’avançai jusqu’aux silhouettes, que j’arrivais à peine à distinguer. Petit à petit, pas après pas, mes pupilles s’habituèrent à la luminosité de la Grande Salle et je reconnus tant de silhouettes familières.

Aldabella, Flora, Lavande. Les trois Gryffondor semblaient être en vie et aller bien. Du coin de l’œil, j’aperçus Ghrystal – bien. Le frère était là pour protéger la sœur. Lucy était par terre, inconsciente. Les Aurors la protégeaient, aussi imaginai-je qu’elle était simplement K.O. et qu’ils gardaient son corps le temps qu’elle le réhabilite. Je n’osai pas m’imaginer qu’elle était… Plusieurs cadavres jonchaient le sol mais je ne pus me résoudre à baisser les yeux vers eux. Je n’avais pas envie de voir qui manquerait au prochain appel, qui laisserait une place vide à la rentrée, qui n’aurait pas la chance de compléter sa vie et de la mener, comme tous ceux de nos âges.

Je vis un Inferius bloqué par un sortilège. Pourquoi personne ne semblait s’occuper de lui ? Savaient-ils qu’un tel sort risquait de perdre son effet après un certain laps de temps ? Incrédule, je me résolus à utiliser mes forces, réapparues grâce au professeur Lupin et à ma volonté de retrouver ma sœur jumelle, pour faire disparaître cette créature de la surface de la Terre, où elle n’avait pas sa place.

« Incendio », je lançai d’une voix normale et posée, mais tremblante d’anticipation. Le feu rouge et or jaillit de la baguette ardente d'un Gryffondor et vint accompagner les derniers instants de l'Inferius.

Dans la lueur de la flamme qui consumait l’Inferius en crépitant, je l’aperçus. Elle était ensanglantée et ses larmes avaient creusé des sillons sur ses joues d’ordinaires immaculées. Ses vêtements avaient été déchirés comme lorsqu’on se retrouvait pris dans des ronces et son corps était enveloppé d’une poussière sombre. Mais Gabrielle était là, elle était en vie et je l’avais retrouvée.

« GABRIELLE ! » je hurlai. « GABRIELLE ! GABRIELLE ! »

Je courus, désormais ignorant de tout ce qui se passerait autour de moi, et pris ma sœur, ma chair, mon trésor, dans mes bras. Je caressai ses cheveux, que j’ai bien failli ne plus pouvoir toucher, et je me moquai qu’ils soient rendus rêches et sales par la bataille. Je me moquai que du sang macule son visage et me tache ; j’embrassai ses joues, son front, ses mains.

« Gaby, j’ai eu si peur… Je t'en prie, dis-moi que tout va bien. »

A quoi avait-elle servi depuis le début de la bataille ? A rien... A rien à part perdre sa baguette comme une idiote, rater les deux seuls sorts qu'elle avait lancé et la voici aux prises avec les cordes de son propre sort qui s'était retourné contre elle. On aurait dit une véritable débutante par la barbe de Merlin, il fallait qu'elle se reprenne ! Il y avait une seule chose dans laquelle elle n'avait pas échouée : sa prédiction. Elle était bien en passe de se réaliser. En même temps, la divination n'était elle pas sa spécialité ? Nous mettrons le reste sur le compte de la panique et du stress dû à l'attaque surprise des Mangemorts. Sybille était actuellement coincée dans ses cordages mais elle s'en accoutumait plutôt bien, c'était une sorte de refuge alors que la bataille faisait rage et que le souvenir encore fumant de la petite Gryffondor la perturbait. Elle aurait dû vivre encire, elle était bien trop jeune, rien n'aurait dû se passer. Trelawney était par terre, serrée, comme enterrée dans un mutisme post-traumatisme, Traumatisée. C'était ça, elle était traumatisée, elle voyait à peine ce qu'il se déroulait juste sous ses yeux, se rappelant inlassablement que les morceaux de chairs tout autour d'elle provenait d'une élève. D'une ancienne élève, devrais-je dire. C'était horrible, inconcevable.. La professeur n'avait plus les mots, plus aucun mots.

Mais quand deux adolescents de Poudlard, Alycia McWood et Aaron Powell, moururent à leur tour, c'en fut trop pour Sybille. Beaucoup plus qu'elle ne pouvait supporter. Elle aimait ses élèves au fond et ne pouvait se pardonner qu'ils soient les victimes collatérales de cette guerre. Reprenant ses esprits, elle pria le ciel pour que sa baguette ne lui fasse pas faux bond cette fois-ci, la troisième fois sera la bonne peut être ? Espérons-le. Elle pointa le bout de bois magique sur elle-même, voulant se débarasser du sort qui l'empêchait de participer.

« Finite !  »

Pourvu que ça marche, pourvu que ça marche. Inlassablement, elle se répéta ce refrain dans la tête.

Sa vision se brouillait sous la rage et une sirène insupportable lui détruisait l'oreille gauche. Son Bombarda, il l'avait raté. Aussitôt, il s'était élancé dans des damnations variées, toutes dirigées vers son incapacité à faire mal à son oncle, au frère de son père. Il était un incapable; il n'arriverait à rien; il ne parviendrait pas à laver son nom; il ne tuerait pas Fergal Prendergast. Sa colère grandissait encore. Elle atteignait des monts que même lui, familier avec le sentiment, n'avait jamais su frôler encore. Puis, le bruit; l'effondrement. Il se retourna et vit la baie vitrée, la baie vitrée qui s'écroulait, qui menaçait autant de les étouffer sous les débris que de les entraîner dans le vide. Il ne pensa pas aux conséquences, il ne pensa pas au danger; il fonça vers sa soeur.

Il l'agrippa au même moment que les morceaux de verre se mettaient à pleuvoir et l'enlaça, son corps comme bouclier. Sous l'averse, il cacha son visage contre la tête de la Gryffondor, puis marmonna quelques mots. "Je vais le tuer. Je vais le tuer et j'vais aimer ça. Je vais adorer." Tout était si éloigné de la vision qu'il avait eu de leurs retrouvailles. Il pensait qu'il la prendrait dans ses bras et qu'il lui dirait qu'il l'aimait. Il sentait les débris frapper son corps, déchirer ses vêtements, couper sa nuque, sa joue, ses bras. Il grogna, endura la douleur, puis laissa finalement sa soeur partir lorsque le déluge prit fin. Son sang coulait finalement, pour la première fois depuis le début de la bataille.

Ghrystal se retourna vers son oncle ligoté. Il entendit la voix de Maugrey, celle de deux élèves. Bombarda Maxima. Il n'y porta pas attention, tout comme aux élèves qu'il entendait crier. Il fixait le mangemort au sol, s'approchait de lui, déterminé à en finir. Ses pas étaient rapides, trop rapides, sa baguette était fermée dans sa paume, si serrée, elle brûlait; Fergal Prendergast n'était qu'à quelques pas de là, prêt à finalement crever, à disparaître. À laisser leur nom prospérer. Ghrystal s'arrêta à un mètre de l'homme et pointa son arme directement entre ses deux yeux. Il tremblait et ses yeux larmoyaient. Une rage pure se lisait dans son regard.

"Avada... ses lèvres sautillent, ses paupières s'écrasent et se replient à toutes vitesse, tentent de masquer ses larmes. Il peine à articuler la formule. Ked... Il se reprend, ferme les yeux. Ava...da Non. Non, il n'y arrive pas.

Il se retourna vers Aldabella, vociféra: "Retire ses entraves. Je veux un duel. Allez !" Puis, il regarda la scène. Les débris, le verre, le sang, les entrailles. Une nouvelle fois, les larmes lui montaient aux yeux. Son oreille lui faisait mal. Il n'entendait plus que l'immonde sifflement. Il marcha et déposa sa main sur son front. Puis, une fois éloigné de Fergal, à une distance d'une dizaine de mètres, il se retourna. La rage. Il ne pensa pas. Il ne pensait plus. Il ne regarda même pas si sa soeur avait effectivement libérer son oncle. Il hurla son sort de prédilection, imitant la motion d'un fouet en direction des centaines de morceaux de verre. "VENTUS ANIMA !"

Il ne savait pas si le verre irait dans la direction voulue. Il ne savait pas s'il toucherait Fergal, s'il allait même s'envoler. Mais, il vit clairement quelques morceaux s'envoler, dans la direction opposée. Vers un groupe d'élèves. Vers Orion et Gabrielle Rosier, enlacés, enfin retrouvés. Enfin ensembles.

J'avais beau scruter la salle, aucune trace de mon frère. Aucune. Il ne pouvait pas s'être volatilisé pourtant et la simple idée qu'il puisse être mort me donnait la nausée. Impossible. Je n'étais pas réellement présente, mentalement, quand Alycia et Aaron accompagnèrent la moitié de la grande salle avec eux, trop préoccupée par le destin de mon jumeau, de mon étoile. Où es-tu, Orion ?

« GABRIELLE ! »

Jamais je n'aurais cru qu'un cri, rien qu'un cri, pourrait me rendre toute ma vie, toute ma joie, tout ce j'avais pu être et serait. Orion est mon passé, mon présent et mon avenir. Au son de sa voix, je me retournai vivement vers lui et le réceptionnai au creux de mes bras avant de le serrer contre mon coeur, comme nous le faisions depuis toujours. Je lui répondis dans un murmure que ça allait, que tout ne pouvait que bien aller maintenant qu'il était là et que plus rien ne nous séparerait. Pourtant, j'avais comme un étrange sentiment, une étrange sensation au creux du ventre, comme si ce que je venais de lui dire n'était qu'un énième mensonge pour le préserver encore un peu dans ce monde devenu fou. Si vous saviez à quel point j'aurais voulu me tromper...

La suite se passa dans une sorte de rêve, où tout est ralenti. Alors que je m'écartais légèrement de lui pour pouvoir l'observer au mieux, un léger courant d'air balaya la pièce, dans notre direction et je sentis une brûlure sur ma gorge. Ce n'est rien de grave. Je portai les doigts là était passé le trait de feu et les retirai recouverts d'un fluide chaud et rouge, d'un rouge profond et vibrant. Du sang. Mon sang.

« Orion. »

Le prénom de mon frère s'échappa de mes lèvres dans un faible murmure tandis que mes genoux se dérobaient sous mon poids ; seuls ses réflexes m'empêchèrent de m'effondrer totalement. Orion. Je sentais ma vie s'écouler à gros bouillons de ma gorge, la chaleur me quitter pour être remplacée par le froid et un pâle sourire vint étirer mes lèvres, tandis que je portai la main à sa joue pour essuyer ses larmes.

« Ne pleure pas, Ori, sois fort. Je t'aime tu sais. » Une quinte de toux me secoua et un peu de sang coula sur mon menton. « Veille sur Camille, dis-lui que je l'aime. Veille sur maman et les autres, aussi. Je suis désolée pour tout. » Je lui caressai la joue, encore et toujours, du bout du pouce, tandis que les larmes commençaient à rouler sur mes joues aussi. « J-Je suis tellement désolée... »

Je sentais que je n'allais pas tenir encore très longtemps mais il ne fallait pas que je parte, pas encore. Pas tout de suite.

« Je t'aime mon Orion. »



HRP - Gabrielle, ayant à peine retrouvé Orion, est grièvement blessée par Ghrystal et agonise dans les bras de son frère. Mon coeur souffre.