[Combat] La Grande Salle

Le corps innocent de mon amie, car elle l'est : elle est mon amie, ne bouge pas. Aucun mot, rien. Pas un son, pas un mouvement alors que les larmes brouillent ma vision, les cris octroient mes réflexes, la douleur est lancinante... Je veux mourir. Laissez-moi rejoindre ma mère... Laissez-moi lui dire pardon. Les liens n'existent plus pour moi, je ne suis pas attachée, je ne suis plus dans la grande salle... Mon cœur est déchiré alors que mon âme s'adonne à une guerre, un conflit si longtemps enfoui. Monstre. Traitresse. Psychopathe. Reine des vipères... Sale garce. Connasse. Elle a couché avec Blaise pour l'argent, elle a empoisonné l'esprit d'Aaron... Jasper va mourir à cause d'elle, vivre malheureux.
Que cela cesse, ces voix, ces maux... Que cela cesse. Je ne suis pas un monstre, je veux juste qu'on m'aime, qu'on m'accepte... Qu'on me comprenne.
Je cesse de pleurer quand la voix d'un homme chuchote près de moi, braquant sa baguette sur ma tempe. Que se passe-t-il ? Trahison... Non, non... Je n'ai fait que me rendre, pour sa vie. Pour elle. Parce que je l'aime. Mais je n'ai pas trahi... Non, j'ai arrêté de trahir mon cœur à la minute où le corps de Lucy a rencontré le sol.
Le sort se lance contre ma tempe et la douleur n'est rien comparé à tout ce que j'ai pu subir dans un vie. Je hurle à la mort, crache mes poumons... Ma tête va exploser, tout devient noir, blanc... Je vais mourir.
Ici. Bêtement. Je ne cesse de pousser des cris terrifiants. Je le mérite.

Un corps, une voix. Et tout s'arrête. Je reprends difficilement ma respiration alors que l'écho dans ma tête se veut plus que désagréable, l'impression que mon corps ne répond plus à rien. Je lève la tête sur le corps de... « Smaragdin ? » ... Cette voix. Chuchoté. Incrédule. Mon maître n'est donc pas de ceux qui se battent pour le Seigneur. C'était un infiltré ou est-ce un traître ? Il est mon sauveur. Mon mentor. Mon tout.
Les larmes reviennent doucement border mes yeux déjà douloureux.
Je ne vous abandonnerai pas... Combien de fois ai-je rêvé que l'on me le dise sans avoir à le réclamer ? Combien de fois ai-je voulu être si importante pour quelqu'un qui ne me regarde pas avec dégout... Il est surement celui qui me comprend plus que quiconque. Qui est-il alors ?
Pas le temps de réagir, rien le temps. Le temps n'est pas une mesure contestable ici.
La baguette de mon agresseur tressaute, alors qu'il vole à son tour grâce à l'intervention de Fol'Oeil. Je ne cesse cependant de regarder Smaragdin. Plus beau que dans mon souvenir, plus majestueux. Je chuchote : « Merci. Pour tout. »
Les cris d'une gamine perturbent ma contemplation et je tourne la tête vers Lilianor et ... Théodore. Lili est assaillie de griffure, de gifles mais la gamine gonfle... Monte si haut vers le plafond en riant. Riant si fort que c'en était très dérangeant, je n'étais plus à l'aise, je veux disparaitre, ne plus l'entendre... Je me croyais folle, me voilà remise à ma place.
Ce rire ne me quittera plus jamais.
Le pire arriva, des morceaux de pierre se détachent... La gamine explose dans un son abominable. La chair, le sang, les boyaux... et bien d'autres choses peu ragoutantes repeignent les murs et le sol. Je ferme les yeux et la bouche au moment où je reçois certains morceaux malgré la protection de Smaragdin. Des pierres tombent en plus de ce tableau dégoutant. L'envie de vomir me reprend quand je repense à ces animaux torturés.
Quelle folie.
Je regarde mon sauveur et tente de l'attraper, j'ai besoin de contact. Je panique. Lili, Lili est-elle blessée ? Morte ?
Cette guerre contre l'amour devient pesante. Je ne sais plus quoi faire. Elle doit fuir, partir.
Je dois retourner près de Lucy.
« Sortez-moi de là, je vous en supplie. Je vous en supplie ! »

Et alors qu'il parvenait enfin à lancer un sortilège – un fieffé Expelliarmus – en dépit de sa brûlante empathie, le monde s'enfonça dans la discordance. Le corps de sa vindicative apprentie, blessée et acculée contre le sol, sembla lui paraît infiniment fragile. Bien loin des éclats fiers et indomptés autrefois connus ; et que dire de Zyskowski ?

Un cri soudain attira son regard troublé – les plaies de la précédente attaque supportée, toujours à vif -  vers une fillette. Une première année. Par tous les dieux, que faisait-elle ici bas ? Ne sachant que faire, si ce n'est veiller à sa propre survie et celle de McWood, Rowan préféra se défier de Yaxley plutôt que de la gamine.

À tort. Les choses s'emballèrent ; échappèrent à son contrôle. Sa vigilance. La petite blonde s'attaqua à la dénommée Lilianor. Puis se mit à gonfler. Enfler. Monter. Une horreur. Et, lorsque le plafond trembla d'un écho ravageur et fallacieux... L'ancien Serpentard ne put que constater la cruauté du moment. La fillette explosa – littéralement – sur eux ; couvrant aussi bien les environs que leurs esprits d'un marasme exécrable.

Bon sang. Les pierres ocres et lourdes ne s'arrêtèrent guère à cet impact ; elles filèrent jusqu'au sol et aux épaules de Rowan. La nausée grandissante et les mains tremblantes, à deux doigt de perdre son orme craquelé, il eut tout juste le temps de protéger sa brune cadette et son propre visage. Les chocs successifs marquèrent néanmoins sa chair, mêlant des ondées bleutées à du sang fuyant ; s'insinuant en des saccades douloureuses au creux de son souffle.

Lorsqu'il concéda enfin à relever son menton, le spectacle environnant acheva sa dignité. Sa distance. Il manqua de tomber à genoux ; se perdant sur la gauche d'Alycia pour rendre gorge. Tout n'était que cauchemar ; et il n'était décemment pas un combattant. La bile suintante et désagréable dans le palais, la souffrance dans les membres, Rowan laissa s'échapper une plainte sourde. Difficilement contenue.

Finalement, le jeune aristocrate sentit la nymphe guerrière se mouvoir et supplier. Sans prêter attention à Lilianor – quoi qu'il s'obligea à la considérer partiellement ; les oreilles bourdonnantes et souffreteuses – il attira à ses bras la brune infante. « Viens. » Il ne s'agissait plus de s'aligner à la politique ou à la bienséance ; mais de sauver une adolescente perdue.

Tant pis pour sa propre douleur. Rowan serra Alycia contre lui, s’échina à se redresser totalement et abandonna le combat. D'un pas lent et vacillant – légèrement claudiquant – il se dirigea vers McGonagall. Vers son précieux bouclier. « Professeurs. » Il regarda ses aînées un instant, immobile ; les larmes échappèrent même  à ses iris pâles et affligées. Puis, il s'approcha de Charlie et de Lucy. Déposant l'infante McWood contre sa camarade ; ses doigts fins adressant une caresse tant à l'une que l'autre.

Il souffrait. Mais quelle importance ?

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Elle est recroquevillée entre deux débris, derrière une table renversée qui pose une bien faible barrière entre elle et le reste du monde ; ses assaillants comme ses alliés. Elle entoure ses genoux de ses bras et son front est baissé, appuyé contre ses genoux. Elle se berce, mais elle ne s'en rend pas compte ; sorte de mouvement archaïque rappelant à son inconscient la douceur et le réconfort des bras maternels.

Elle est couverte de sang, de lambeaux de chair, de bouts d'organes, d'immondices diverses. Ses cheveux blonds sont souillés à la manière de son âme ; d'une façon qui lui semble indélébile, permanente. Elle ne veut plus être ici, elle ne veut plus que ce cauchemar perdure, elle veut s'éveiller et si c'est impossible, alors elle préfère disparaître. Elle a bien essayé de libérer sa professeure de divination des entraves dont elle était prisonnière. Sans succès. Et puis les choses se sont enchaînées beaucoup trop vite pour que son esprit assimile. L'arrivée des secours. Les sortilèges plus terribles les uns que les autres brisant ses amis. Les cris, les larmes. La mort. La vie qui s'échappe de ces visages qu'elle connaît si bien.

L'abominable mort de Gwen, qu'elle connaissait de par son appartenance à la maison des rouge et or, a fait déborder le vase.

Non. Ceci n'est pas arrivé. C'est du faux sang. Ce sont de faux lambeaux de chair. Quelle incroyable mise en scène, néanmoins! Elle ne peut que féliciter ceux qui ont pris le temps d'organiser tout ça. C'était très réaliste.

Alors elle se berce. Le monde autour d'elle a cessé d'exister. Il vaut mieux qu'il n'existe pas, ce monde. Il est atroce.

Elle pense à ces gens qu'elle a un jour connu, dans cette vie si lointaine qui était la sienne à peine une heure plus tôt. Flora, Aldabella, Parvati. Son coeur se serre à la pensée de son amie, qui court probablement d'aussi graves dangers, sinon pires. Ayant infiltré les partisans de Vous-Savez-Qui au cours des derniers mois, sa position d'agent double la met sans aucun doute dans une délicate situation.

Il faut qu'elle la retrouve. Et, accessoirement, qu'elle quitte cet endroit macabre peinturé de faux sang et de faux lambeaux de chair. Alors elle cesse de se bercer et cherche du regard l'échappatoire la plus proche. Ses yeux balayent l'endroit et captent toute l'information, mais son esprit scotomise ce qu'elle refuse d'accepter. Comme si elle ne voyait pas les corps étendus au sol. Comme si elle ne voyait pas les lacérations, les plaies, les larmes, les regards de ses amis. Tout ça n'existe même pas dans ce décor qu'elle a sous les yeux. Dans ce décor qu'elle parcourt, collée contre le mur, vers la sortie. Elle marche comme s'il n'y avait plus rien autour d'elle. Évidemment, elle n'atteint pas la porte. On ne se met pas à découvert ainsi sans en payer le prix.

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Pathétique. Il était pathétique.

Ghrystal Prendergast. Apprenti auror zélé, membre de l'Ordre du Phénix; le premier à s'élancer dans des discours venimeux anti-mangemorts, profondément alliéné par son propre nom maudit. Lui qui se croyait chevalier blanc, preux combattant de la lumière; il n'était rien de tout ça. Il était pathétique, arrêté par le plus pur des sentiments, l'amour. Aldabella. Où était-elle ? Son absence ne justifiait aucunement qu'il ait laissé derrière lui une troupe d'élèves qui avaient besoin de son aide; on dirait de lui qu'il était un lâche et c'était bien le dernier qualicatif qu'il souhaitait être utilisé pour le décrire. Mais, il pouvait être lâche, il pouvait être pathétique. Il accepterait tous les noms en l'échange de la sécurité de sa petite soeur.

Ainsi il pénétra dans la Grande Salle, asservi par la honte et la peur. Où es-tu, se répétait-il sans cesse. La baguette de sycomore serrée entre ses doigts, l'air perdu, il scruta la pièce, cherchant une chevelure blonde, des traits familiers, fraternels. Le sang, les entrailles. Il se figea et il ne brisa son immobilité que pour mettre sa main devant sa bouche, se retenant du mieux qu'il pouvait de vomir. Un carnage. Qu'il devrait empêcher d'arriver. Un échec. Il était un échec. L'abraxan détourna les yeux, tenta d'oublier la nouvelle décoration de la pièce qui lui avait donné de si belles mémoires. Puis, il la vit. Flora Carrow. Aussitôt se sentit-il vivre de nouveau; la meilleure amie de sa soeur devait nécessairement savoir où elle se trouvait. Il s'élança vers elle, corps baissé, évitait les sorts qui fusaient. "Flo-... Flora ! Tu vas bien ? Aldabella, dis moi que tu l'as vue. Dis-moi que tu sais où est ma soeur." Ses syllables étaient distorsionnées par le désespoir. Pour éviter de montrer les larmes qui montaient à ses yeux, il se détourna, jetant un regard sur la petite troupe de mangemorts, puis sur un groupe d'élèves amochés. McGonagall, Fol'Oeil. Du calibre. Tout allait bien aller ici. Voyons.

Puis, il vit chance de se rattraper. Rédemption. Deux élèves, deux serpentard, au sol, dévoilés, en danger. Ghrystal dressa aussitôt sa baguette, agissant sous impulsion; pour prouver qu'il n'était pas un lâche, qu'il protégerait Poudlard, qu'il était digne de ce qu'il croyait être; non, de ce qu'il était. "Protego Totalum !" Un sort difficile, qu'il n'avait jamais réussi seul. La mémoire de cet après-midi au jardin anglais avec Lanalia Winslow lui effleura l'esprit... Allez, tu es capable. Ses lèvres s'étirèrent brièvement en un sourire lorsqu'il vit le dôme se former au dessus des deux élèves. Merci Lanalia.

Elle s'était évanouie alors qu'ils se soutenaient mutuellement. Il l'avait senti faiblir plusieurs fois, fléchir les jambes et s'appuyer davantage sur lui pour esquisser les quelques pas qui leur manquait pour atteindre tous deux la porte désormais défoncée de la Grande Salle. Puis elle s'était abandonné à la douleur, s'était contenté de fermer les yeux et de se laisser tomber dans le bras du vieux Mangemort, le teint blême, le visage livide, deux doigts d'enfant solidement agrippés à sa crinière opaline. Après ce qu'elle avait vu et fait ce soir, rien d'étonnant qu'elle finisse par trouver le fait de s'arrêter là si réconfortant. Le lieu était plongé dans un calme incertain, un calme tendu, sournois où tout un chacun protégeait les siens en attendant les prochaines horreurs à venir. Tout cela, Yaxley le voyait, l'entendait, le ressentait à travers non pas le voile rouge de la douleur qui avait plus tôt été sienne mais un voile gris argenté, celui de l'homme las de combattre, de blesser et d'être blessé, de tuer plutôt qu'être tué. Celui du chien pitoyable couvert de suif, de sang et de chair dont le visage n'exprime que l'irrépressible envie de se trouver un recoin tranquille et paisible où lécher ses plaies en gémissant sa douleur sans que quelqu'un ne vienne apporter sa propre marque à un pelage déjà zébré de mille griffures.

Il avait déposé sa nouvelle protégée près d'un jeune homme qu'elle avait reconnu peu avant de perdre complètement connaissance. Avant de reprendre sa marche douloureuse et laborieuse, il avait pris soin d'enlever les doigts de la défunte jeune fille de la chevelure de Lilianor, jugeant qu'il était préférable d'éviter un traumatisme comme celui qu'aurait la jeune Zyskowski en voyant une moitié de main de macchabée accrochée à sa chevelure. Un serre-tête sans nul doute jugé très tendance chez certaines personnes mais sûrement pas pour elle. Refusant de lâcher leur emprise, les doigts craquèrent dans un bruit discordant après un mouvement sec de la part du Mangemort. Ce dernier ressentit aussi la nausée lui remuer l'estomac avant de se reprendre. Il fallait qu'il parte, le plus vite possible avant que McGonagall et ses sbires ne commencent à passer sérieusement à l'offensive.

Claudiquant d'un pied sur l'autre, une grimace barrant son visage alors qu'il sentait le sang lentement coaguler le long de son épaule, là où l'éclat de la table s'était fiché, Yaxley se dirigeait encore vers la sortie, priant Merlin que le destin ne lui joue pas encore une fois un tour funeste.

Les drapés de la grande salle : raides de sang huileux, tâchés de tendons élastiques, de muscles déformés.
Flora refrénait difficilement sa nausée, étourdie par l'odeur âcre des nerfs déchirés et des chairs brûlantes, mais épargnée par la nuée morbide : seule la semelle de ses mocassins, alors qu'elle avançait confusément dans la grande salle, marquaient de pourpre ses pas maladroits.  Le bruit de succion humide et le craquèlement des cartilages eurent raison de ses efforts : ses doigts pressés contre sa bouche, elle étouffait un sanglot horrifié.

D'une manière similaire à l'éveil brutal d'un sommeil épais et lourd, dénué de rêves, elle tressaillit violemment en entendant son nom. De nouveau, elle se trouvait gagnée par une angoisse que la stupeur avait brièvement paralysée. Mais elle reconnaissait Ghrystal Prendergast.  

« Je - » elle étouffa sa phrase dans une inspiration profonde : il existait une avidité dans la voix du frère d'Aldabella, à la façon dont un noyé s'efforce d'inhumer de l'air au travers de goulées d'eau froide, et elle s'affairait alors, à sa suite, à maîtriser sa voix, ses pensées fébriles. Elle avait toujours fait en sorte de répondre au mieux aux exigences, aux injonctions et aux souhaits : ce fut grâce à l'urgence de sa voix qu'elle parvient à se recomposer. Ferma les yeux pour acquiescer brièvement, d'un mouvement un peu guindé du menton. « Merci. Aldabella n'était pas - elle n'était pas ici, avant - avant tout ça. Elle était sortie. », articula-t-elle.

Était-elle rentrée au château, a l'heure du dîner ? Flora s'était posé la question, lorsque les mangemorts avaient violemment assailli l'endroit ; mais elle était désormais certaine que ce n'était pas le cas.

Elle réprima une nouvelle fois un sanglot nerveux lorsque Ghrystal formula son sortilège : l'adolescente blonde, inanimée, à l'oreille mutilée, gisait désormais sous l'égide de sa protection.
Le mangemort à qui elle avait asséné plus tôt un Incarcerem s'escrimait a présent de quitter l'endroit ; mais Flora ne trouvait plus l'utilité de chercher à l'interrompre. L'homme avançait péniblement au travers du chaos, les membres gourds et ensanglantés, lourdement heurté par le traitement de Maugrey.

« Elle doit être au parc, je suppose », continua-t-elle, en mesurant sa respiration ; Aldabella s'y absentait, parfois, à l'occasion de promenades qui ne nécessitait ni sa présence, ni celle d'Orion : le dédale du château pouvait se révéler oppressant, quoiqu'il ne l'avait jamais été à ce point. « Je veux la retrouver, moi aussi. Et je veux retrouver ma sœur. » C'était son aide, qu'elle offrait ; et si elle travaillait à apparaître résolue, le regard qu'elle posa sur lui demeurait troublé par l'appréhension lorsqu'elle s'enquit : « Que se passe-t-il, à l'extérieur ? »