Stark, they are back

La jeune fille tressaillit, et recula au point de se retrouver acculée contre le mur de la cuisine. Pourtant, elle ne s'arrêta pas là, et en désespoir de cause, elle tatônna le mur, encore et encore, murmurant une prière silencieuse pour y trouver quelque chose, une poignée, un trou, une porte, n'importe quoi qui pourrait lui permettre de s'enfuir, d'échapper à cet immonde carnage... L'homme, à cette vision, eut un sourire en coin, dévoilant une dent en or qui remplaçait une molaire.
- Les Stark n'ont jamais peur... Aurais-tu peur, petite ?
- Non pas. Jamais.
Elle le défia du regard, et il cracha.
- Tu mens. Et tu mens, qui pis est, piètrement. Si tu n'es pas une Stark, qui es-tu ?
- Personne.
- Encore un mensonge." Il soupira. Puis s'accroupit dans la mare écarlate, aurpès du cadavre ensanglanté de Maggy. Malva retint sa respiration pour ne pas hurler d'effroi en le voyant plonger ses mains dans le sang et en boire une gorgée.
- Vous... vous êtes monstrueux !
- J'ai soif de sang. Il faut que je m'abreuve... mais celui-ci m'intérresse bien moins qu'un autre.
Il lui attrapa le poignet et le serra violement, l'obligeant à le fixer dans ses yeux gris antracite.
- Le sang des Stark. Le tien. Tu ne peux pas comprendre, j'ai attendu trop longtemps...! Peu après la mort de mon père et mes frères, ma mère est morte, folle de douleur. Je suis resté seul, et j'ai juré que je traquerais et tuerais les loups de Winterfell, tous jusqu'au dernier, le moment venu. Et puis mon maître est venu à moi, m'a proposé de me venger... dès lors, je suis devenu son plus fidèle serviteur...
"Le lendemain de l'attaque de Winterfell, ne trouvant pas ton corps, nous avons décidé de nous rendre chez tes parents. Il n'était pas prévu qu'on les tue, eux. Mais ils ne se sont pas montrés coopératifs. Alors nous les avons supprimés, avant de brûler la maison. Puis mon cher maître m'a cinfié une charge bien spécifique, d'un extrême honneur: t'adopter puis te tuer une fois que tu aurais quinze ans. Tu les as eus en mai, n'est-ce pas ? Hélàs, je dû traîner plus que d'habitude, car mon maître m'avait dit de te faire souffrir auparavant en tuant tous les êtres chers à ton coeur, afin de te punir de toutes les nuits où il ne dormirait pas bien, à se demander où tu te trouverais, et comment il pourraît en finir avec toi.
"Or, ce même mois de tes quinze ans, j'ai appris que tu avais fait connaissance de ta cousine... Ciryn m'a pressé de te tuer malgrés tout, mais elle est trop impatiente... et j'avais choisit de suivre les ordres de mon maître jusqu'au bout."
Tandis qu'il affichait un sourire sadique, Malva parvint à libérer son poignet de l'étau qui le retenait prisonnier.
- Vous êtes complètement fou.
- Peut-être. Mais cela ne me détournera pas de ma décision. A présent je te le demande sans davantage de préambule: où est la petite Stone ? Où est Minéa ?
- Je l'ignore.
- Imbécile." Il la giffla de toutes ses forces, et la lèvre de Malva se fendit. Elle n'eut pas le temps de s'écrouler au sol qu'il l'attrapa et la maintint devant lui.
- Une fois de plus. Ne m'oblige pas à perdre patience. Où est-elle ?
- Sais bas." Le sang qui inondait ses lèvres et emplissait sa bouche empêchait Malva de parler correctement.
- Nettoie ta langue, elle est souillée par les mensonges. Impéro ! Dis-moi où est ta cousine !
Le sortilège fusa vers elle, et la jeune fille peina à y résister. Elle avait été intensivement préparée par tante Catelyn dix ans plus tôt, et ne pû qu'en remercier lady Stark, mais en dix ans elle avait manqué d'entraînement... La tentation se faisait de plus en plus forte, et une toute petite voix au creux de son oreille répétait incessamment:
- Dis-moi, dis-moi, dis-moi, dis-moi, ...
- Je ne...
- Dis-moi, dis-moi, dis-moi, ...
- Dois pas...
- Ce serait si facile de me dire...
- Je ne peux.
- Allons, dis-moi, une toute petite parole, juste une, ce n'est pas insurmontable...
- Oui, peut-être que...
- Oui, alors PARLE !!!
- ... je...
- DEPÊCHE-TOI IDIOTE !!!
- NON !
Le sortilège se dissipa soudain, et elle se retrouva à nouveau dans la cuisine, face à l'homme. Elle s'aperçut qu'elle était couchée à plat ventre sur le sol. Elle ne se souvenait pas d'y être tombée. Gregor Karstark avait la face blême, et il la regardait d'un air qui signifiait qu'elle n'en avait plus longtemps à vivre. Et là, étrangement, sans savoir pourquoi, Malva rejeta la tête en arrière et éclata d'un grand rire rauque et crispé. Lorsqu'elle se redressa, elle avait le goût amer du sang au coin des lèvres.
- Inutile. Tout est inutile. Vous êtes en train d'échouer, c'est pour ça que vous m'avez gifflée entre autres, non ? Vous savez pertinamment que vous ne tirerez jamais rien de moi, dussai-je mourir pour cela.
- Dans ce cas, je suivrai le conseil de ma défunte épouse et te tuerai ici même et ce soir. Dans les deux cas tu es morte. Néanmoins... Il me reste encore une carte, et je ne serai pas sans la jouer. Endoloris !
Le sortilège l'atteignit en pleine poitrine et la traversa de part en part. L'espace d'un centième de seconde, elle crut qu'il n'aurait pas d'effet. Puis la douleur l'immobilisa, fulgurante et d'une telle violence qu'elle s'écroula au sol, se tordant dans tous les sens. La souffrance, inimaginée jusque là, lui arracha un immense cri déchirant.

Des pieux, des pieux immenses et remplis d'échardes la transperçaient de toutes parts, au travers du ventre, au travers de la poitrine, au travers des bras, au travers des jambes... et ce incessamment, ils recommençaient encore et toujours, lui arrachant des cris et formant d'immondes plaies invisibles, qui refusaient de saigner ou de la faire mourir, l'obligeant à rester en vie, tandis qu'on la faisait brûler sur des charbons ardents. Ca faisait mal, oh tellement, tellement mal... Elle ferma les yeux.
Je n'en peux plus. C'est impossible. Je ne pourrais pas tenir plus longtemps si ça continue, je vais finir par perdre la tête... oh pitié, pitié, tuez-moi... la mort plutôt que ceci, je vous en prie... je ne peux pas... plus... je...
Au moment même où elle sentit la raison l'abandonner, le sortilège cessa. Malva grimaça, et ouvrit les yeux. Elle respirait fort et difficilement, pareille à une personne faisant une crise d'asthme, et sa poitrine s'agitait en soubresauts violents et irréguliers, semblables à des sanglots muets. Son corps tout entier tremblait de tous ses membres, et lorsqu'elle tenta de se relever, elle flancha et se laissa de nouveau choir au sol, n'ayant plus la force de se soulever. Elle appuya son visage contre la surface dure et froide du carrelage et lâcha un profond soupir, comme pour expirer le dernier morceau de vie qui l'habitait. L'homme, debout devant elle, éclata de rire.
- C'est comme ça que devraient se comporter les Stark. A plat ventre devant ma famille, devant ceux qui méritent depuis des millénaires d'avoir Winterfell et vos terres... De posséder le Nord... maintenant chienne, tu vas mourir. Et lorsque l'on se souviendra de Malva, dernière de la lignée des Stark, ce sera simplement pour se rappeler comment elle a lâchement abandonné les siens, puis dix ans plus tard, humblement supplié Gregor Karstark de mettre fin à ses souffrances...
Tandis qu'il parlait, les doigts tremblants de la jeune fille se refermèrent sur un morceau de bois long et fin. Sa baguette. Elle la tint d'une poigne non plus secouée, mais ferme et immobile.
- Avada Kedavra ! s'écrièrent-ils en même temps.
Jet de lumière verte contre jet de lumière verte sortirent des baguettes adverses. Malva n'avait eu qu'un millième de seconde d'avance face à son ennemi, mais cela suffit. Le sortilège atteignit de plein fouet le coeur de Gregor Karstark, qui tomba à la renverse, comme au ralentis, tandis que son sortilège déviait pour une trajectiore plus haute, qui frôla le haut du crâne de Malva, pourtant au sol, avant de rebondir sur la gazinière, qui explosa en mille morceaux mortels. La jeune fille n'eut que le temps de se protéger la tête.

Lorsque Malva reprit conscience, il devait bien être quatre heures du matin. Elle avait un mal de crâne épouvantable, et se sentait affreusement pâteuse. Elle s'appuya contre le mur et se releva lentement, en serrant les dents. Elle avait horriblement mal aux genoux, aux hanches et aux coudes. Elle sentit quelque chose de liquide et chaud couler lentement le long de sa pomette, de sa joue, de son menton... Pensant à une larme, Malva l'essuya délicatement et lorsque ses doigts revinrent dans son champs de vision, elle s'aperçut qu'ils étaient ensanglantés. Baissant les yeux, elle vit trois corps au sol, et se souvint. Elle s'approcha de Gregor Karstark et le fixa durement de longues secondes durant, avant de dire à voix basse, d'un ton glacé et chargé de haine :
- Vous ne comprenez pas. Vous n'avez jamais rien comprit. Vous ne méritiez pas Winterfell, et encore moins le Nord. Les Stark agissent toujours après avoir prit conscience de leurs actes, et réfléchit aux conséquences que cela entraînerait. Chose que ni vous, ni votre père, n'a faite...
Puis, fixant les trois cadavres avec plus d'insistance, elle s'aperçut qu'elle pataugeait dans le sang, et que désormais, il n'y avait plus que Maggy à être ensanglantée. La cuisine était tapissée d'une bouillie infâme composée de sang, de morceaux de fer, de métal ou de plastique, les restes de l'explosion de la gazinière. Levant les mains, elle se rendit compte qu'elles étaient pleines de sang, couvertes de vilaines coupures, pleines de bouts d'elle ne savait trop quoi... et certainement pas que ses mains...
Prenant subitement conscience de toute l'horreur du lieu, elle se précipita vers le lavabo, glissant à plusieurs reprises dans la mare écarlate, pour y vomir tout ce qu'elle avait.

Fiiou ça avance <.3

Bravo j'adore n___n

Continue <.3

- Donc en résumé, reprit l'inspecteur de police tout en griffonant rapidement des notes dans son carnet, vous vous trouviez dans la cuisine, où il y avait une fuite de gaz, que vos parents s'apprêtaient à éteindre, mais la gazinière a brutalement explosé avant, est-ce bien exact, miss ?
- Oui.
- Vous devez sans aucun doute être effroyablement choquée..., murmura-t-il en haussant un sourcil soupçonneux.
- C'est que... tous ces évènements sont si subits... que je pense que j'ai encore du mal à prendre conscience que m... que mes parents sont... qu'ils sont...
Malva tira un mouchoir en tissu rose pastel de sa poche et, se cachant le visage dedans, fit mine d'essuyer quelques larmes.
- Je vois..., fit le moldu d'un ton nettement plus doux.
Il se tourna vers le médecin légiste.
- Docteur Keel, des questions ?
- Dites-moi, miss Stark... comment se fait-il que vous ne soyez pas morte avec eux ? Vous étiez là pourtant si je ne m'abuse, à en juger par les nombreuses plaies sur votre visage et vos mains...
- A vrai dire docteur, moi-même je n'en sais pas plus que vous, et j'imagine que je tiens cela du miracle... mais puisqu'il vous faut des explications concrètes, je dirai que j'ai glissé sur le carrelage et suis tombée par terre juste avant que la gazinière n'explose. Je n'ai eu le temps que de me protéger la tête.
- Un miracle, en effet... Dites-moi encore, miss... Je vais maintenant reporter mon attention sur le cas de votre bonne, Maggy Thomson. Un cas très intéressant, vous pouvez me croire... nous avons retrouvé sur son corps bien plus de lésions que sur le vôtre ou ceux de vos parents... le laboratoire d'étude nous a fait savoir que certaines de ces coupures ne sont pas dûes à la gazinière, en savez-vous quelque chose ?
Malva éclata en sanglots. Mais cette fois, ce furent de vraies larmes. Maggy était la seule personne dont elle regrettait la mort.
- Eh bien... Maggy était jeune et... et belle... alors qu'elle rentrait, après avoir été porter une comission pour madame Popkin, la voisine, un homme est survenu et a voulu abuser d'elle... elle l'a repoussé mais... il a tiré un couteau et lui a infligé plusieurs coups...
- Allons docteur, gronda le comis, arrêtez vos questions, ne voyez-vous pas comment cette pauvre petite est abattue ?!
- Je fais mon métier, monsieur l'inspecteur, et un peu le vôtre par la même occasion, puisque vous n'avez pas la force de continuer. Et mon travail est de connaître les conditions et les raisons de la mort des victimes, pas de m'apitoyer sur le sort des suspects.
- Mais enfin, regardez cette enfant ! Elle est petite, maigre, et a quinze ans tout au plus, et vous la pensez coupable ?!
- Tous les témoins sont déclarés suspects tant qu'on n'est pas sûr du quand, où et comment, répondit le médecin avec entêtement.
Malva sentit sa baguette magique la démanger dans sa poche. Ce vieux ne lâcherait jamais l'affaire, et si ça continuait ainsi, moldu ou pas, il allait tout découvrir...
- Une dernière question miss. La dernière. Les faits nous indiquent qu'il était approximativement deux heures du matin lorsque vos parents sont morts... Permettez-moi de vous le demander : que faisiez-vous dans la cuisine à deux heures du matin ?!
C'était sans aucun doute possible la question tabou. Malva ouvrit la bouche pour dire quelque chose. L'ombre d'un sourire victorieux s'afficha sur le visage du docteur Keel. La jeune fille se tourna vers l'inspecteur, un espèce de gros lard abruti de moldu.
- Je suis somnambule.
- Hein ?!
- Je suis somnambule, articula-t-elle plus fort. Et hier soir, j'ai refait une de mes nombreuses crises. Le bruit a alerté mes parents et Maggy, et ils m'ont retrouvée à la cuisine... et c'est là que...
Elle enfouit de nouveau son visage dans le mouchoir. Il fallait que ça marche, et que même le docteur Keel se laisse berner... autrement elle était fichue. La voix de Gregor Karstark lui revint en mémoire, en lui susurrant : "Tu mens. Et tu mens, qui pis est, piètrement."
Un peu plus loin, l'inspecteur et le médecin discutaient en chucohtant rapidement. Malva serra sa baguette dans sa main, si fort que ses jointures blanchirent. Elle ferma les yeux.
Il faut que ça marche, il faut que ça marche, pitié faites que ça marche...
- Miss Stark.
Elle ouvrit les yeux.
- Vos parents sont morts, et votre demeure détruite. Madame Jewell se ferait un plaisir de vous accueillir à l'orphelinat de la Sainte Vierge...
- Merci beaucoup, répondit-elle avec un hôchement de tête. Mais j'ai déjà un endroit où aller...

- Ma pauvre Malva, ça a dû être terrible, tu dois vraiment être traumatisée...
Bien plus que tu ne peux l'imaginer. Et certainement pas dans le sens où tu l'entends.
Mais elle se contenta d'adresser un sourire douloureux à Minéa, qui avait posé une main fine sur son avant-bras.
- Bah, j'm'en remettrais, t'inquiète pas. Faut bien.
- Le plus indigne, c'est ces moldus qui to'nt posé toutes ces questions. Comme si c'était toi qui les avait tués !
Tu crois pas si bien dire. Quelque part, les moldus sont pas si cons que ça...
Néanmoins, Malva se tut, se contentant de baisser la tête d'un air abattu. Elle avait longuement réfléchi pour savoir si, oui ou non, elle devait raconter toute la verité à sa cousine, mais avait décidé que pour le bien de Minéa, il était largement préférable qu'elle garde ceci pour elle-même.
- Où ont-ils été enterrés ?
- Aucun d'eux ne l'a été. La famille de Maggy a envoyé de l'argent pour les obsèques, et son cercueil a été jeté à la mer, comme l'indiquaient ses dernières volontés. Quand à mes parents... je n'avais hélàs pas assez d'argent pour leur payer quelque chose, ils ont donc finit à la fosse commune...
Minéa ouvrit la bouche dans une expression mi-désolée, mi-scandalisée. En réalité, l'argent Malva l'avait, mais certainement pas pour enterrer des traitres... La famille de Maggy n'avait pas envoyé d'argent, pour la simple raison qu'ils s'étaient violement disputés quelques années plus tôt. A vrai dire, Malva ne savait même pas s'ils étaient au courant de la mort de leur fille. Elle avait retrouvé son testament, accompagné des dernières volontés. Comme demander, elle l'avait fait jeter à la mer, avant de regarder, debout au bord de la falaise, le cercueil de verre s'enfoncer peu à peu dans les profondeurs maritimes. Quand au testament, sa bonne avait clairement écrit dedans qu'elle lui léguait tout. Ses pseudos parents, quand à eux, n'ayant pas fait de testament, elle hérita aussi de leur bien, ce qui lui fit au total une somme assez rondelette.
Elle était arrivée le matin même chez les Stone, qui l'avaient chaleureusement accueillie, malgré l'affectation palpable du père de Minéa à la nouvelle de la mort de sa soeur, lui qui ne savait pas qu'en réalité celle-ci était morte bien avant...

- Mais... si seulement tu nous avait prévenus... je suis sûre que mes parents auraient envoyé de l'argent... au moins pour ta mère, ça semble normal...
Malva eut un sourire en coin, et pour toute réponse, posa sa main sur l'épaule de Minéa.
- Ce qui est fait est fait. Tu ne dois pas revenir sur le passé, et encore moins culpabiliser à cause de ça. Ni toi ni tes parents. Vous n'avez rien à voir avec cette histoire, Mimi...
La jeune fille leva un regard brillant d'émotion vers elle. Malva détourna les yeux pour fixer impassiblement la porte. Minéa avait l'air si jeune, si innocente en cet instant qu'elle ne pouvait bien évidement pas se douter qu'elle aussi, aurait pû être morte à l'heure qu'il était, si Malva n'avait pas tenu bon... elle ne pouvait pas deviner en cet instant que c'était en partie à cause d'elle si la jeune fille s'était prise tous les sortilèges impardonnables en une seule et même soirée. Alors elle se contenta de sourire, ravalant ses pensées obscures, pour donner l'image de la cousine bienveillante et heureuse qu'elle jouait tout le temps.
- Les filles, je vais faire des courses sur le Chemin de Traverse ! Vous avez besoin de quelque chose, avant d'aller à Poudlard ?
- Moi il me faudrait des nouvelles plumes pour écrire, les miennes sont usées, s'il te plaît Maman !
- En ce qui me concerne, j'apprécierai énormément d'avoir un hibou, s'il vous plaît ma tante !

L'arrivée de la dame au charriot coupa les trois jeunes filles en pleine discution. En route pour la cinquième année, elles se racontaient leurs vacances et ne manquaient pas d'enthousiasme.
- ...et donc là, j'lui ai dit que j'voulais pas, mais il a insisté. Ce truc était pas net, j'vous l'dis, heureusement à ce moment-là je suis tombée sur Jade Takowa qui m'a sortie du pétrain, expliqua Loulou tout en ouvrant une boîte de chocogrenouille.
- Tu as eu de la chance, Jade est précisément le style de personne qui peut intervenir efficacement dans ce genre de situation, approuva Malva tout en mordant dans un nid de cafards.
- Il paraît qu'elle veut devenir Auror, ça lui ira très bien j'en suis persuadée, ajouta Haley tout en mangeant une dragée surprise, qui se révéla bientôt être à la morve de troll.
- A propos, vous voulez faire quoi plus tard ?
- Aurors ! s'exclamèrent Haley et Loulou d'une même voix. C'est vraiment le plus beau métier qu'on puisse exercer chez les sorciers ! Et toi ?
- Ben personnellement, le métier d'Auror me tente pas plus que ça...
- C'est ton Jerry qui t'en a dissuadée, pas vrai ? grogna Louise-Marie.
- Il est mangemort, n'est-ce pas ? souffla Haley. C'est un type très malsain Malva, on te l'a déjà dit...
La jeune fille resta silencieuse, et retira quelques graines de son sac plastique qu'elle tendit à son hibou, Greyjoy. Ce dernier les picora goulument en faisant claquer son bec d'un air satisfait, et Malva lui caressa pensivement le sommet du crâne. Il fallait bien le préciser, elle était contente de son nouvel animal de compagnie. Il possédait une beauté désinvolte qu'elle adorait, avec son plumage noir-bleuté, comme l'encre, avec pour touche de fantaisie une et une seule plume argentée sur l'aile gauche. Tante Kristin, la mère de Minéa, avait vraiment très bien choisi, c'était le cas de le dire.
Elle tourna à nouveau son regard émeraude vers Haley et Louise-Marie. Ce court instant lui avait permis de réfléchir à sa réponse.
- En réalité, c'est très peu à cause de Jerry si je refuse de devenir Auror...
Au regard interrogatif et surpris de ses amies, elle poursuivit avec un sourire douloureux :
- A vrai dire, c'est un métier qui exige énormément de contraintes... et pour certaines, je me sais d'avance ne pas être en mesure de les assumer.
A peine eut-elle finit ses mots qu'elle entendit Louise-Marie éclater de rire.
- J'hallucine ! Malva Stark, peur de l'action et du danger ! Est-ce que je rêve ?!
- Tu m'as mal comprise, Loulou... ce qui me gêne, c'est l'interdiction des Sorts Impardonnables quelles qu'en soient les circonstances...

- Non. Malva, non, je te l'interdis tu m'entends ? Haley s'était levée et la fixait avec un regard de profond dégoût sur le visage.
la jeune fille leva lentement les yeux vers elle et un sourire glacial apparut sur son visage.
- Tu te permets de me donner des ordres à présent, Haley ?... De quel droit, je me le demande... Et je ne suis pas en mesure de t'obéïr mon ange car vois-tu, c'est déjà fait... Oui, Haley. Oui. Devant toi se tient la meurtrière de Mr et Mrs Stark, qui en réalité n'étaient ni plus ni moins que des imposteurs...
- Dis-moi que c'est juste une mauvaise blague. Louise-Marie s'était elle aussi levée et fixait durement la jeune fille. Malva leur lança d'un ton de défi :
- Quoi, c'est si surprenant que ça ?! Non, non bien sûr, j'imagine que vous autres, futures Aurors, auraient souhaité que je les laisse m'assassiner sans rien faire. Sans venger Maggy !
- Non ! Mais nous les aurions livrés à Azkaban !
- Ah. Azkaban. Oui bien sûr, j'oubliais Azkaban... Elle s'enfonça mollement contre le dossier de la banquette, un sourire narquois aux lèvres, avant de croquer dans un chocogrenouille. Faisant mine de réfléchir, elle demanda :
- Dites-moi, combien d'Aurors ont réussi à traîner des mangemorts à Azkaban au cours de ces dernières années, sans qu'ils ne s'en enfuissent ?...
Loulou demeura muette, mais Haley ne démordit pas aussi facilement. Elle riposta vivement :
- C'est parce qu'il n'y a pratiquement plus de mangemorts qu'aucun n'a été prit ! Les Aurors ont réussi à rétablir la paix.
- Mais alors dis-moi Haley, si elle est bien là ta sois-disante paix, à quoi servent les Aurors ?
- A la préserver, bien évidement !
- Utile, je l'avoue. Et tout à fait passionnant, au surplus...
Malva émit un ricanement mérpisant, avant de reprendre son sérieux et de déclarer d'une voix vive :
- Non, Haley. Non, Louise-Marie. Je l'ai dit, et je n'hésiterais pas à le redire : tant que les Aurors combattront les mangemorts à minables petits coups d'expelliarmus et de stupéfix, ils resteront aussi inutiles et n'emprisonneront jamais personne. Ou tout du moins, tant qu'ils seront aussi inoffensifs, je ne rejoindrai pas leurs rangs.
- Je me demande ce qui me retient de courir te dénoncer..., siffla Louise-Marie à voix basse.
- Si tu veux le faire, fais-le. Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Si des gens avaient tué votre famille, que vous aviez promis à un de ses membres mourants de les venger, et que ces mêmes personnes tentaient de vous tuer dix ans plus tard, vous leur lanceriez un débile petrificus totalus, vous ?
Ses deux amies restèrent silencieuses et la défièrent du regard. Puis, prenant le bras d'Haley, Louise-Marie marmonna :
- Viens, on s'en va.
Et, sans un regard en arrière, elles saisirent leurs valises et sortirent du compartiment.

Malva poussa un soupir et croisa ses bras sur sa poitrine, dans une attitude renfrognée. Elle tourna ses yeux émeraudes vers Greyjoy, qui dardait sur elle un regard réprobateur.
- Quoi ? J'ai fait ce qu'il fallait, non ?... Elles ne comprennent rien, elles n'ont pas vécu ça... bande de pauvres cloches idéalistes...
Mais le hibou n'abandonna pas son expression pour autant. Se levant, Malva annonça sèchement :
- Je vais faire un tour aux toilettes.
Elle ouvrit la porte du compartiment et la claqua, mais à peine eut-elle fait quelques pas qu'elle vit, se dirigeant droit vers elle...
- Haley ?!
- Je viens t'annoncer qu'à partir d'aujourd'hui je te surveille étroitement. Je refuse que tu refasses ça.
- Je les ai bel et bien tués pourtant. Et crois-moi Haley, c'était mon premier meurtre, mais certainement pas mon dernier... car j'ai promit de tuer une personne précise, avant de mourir.
- Ce n'est qu'une promesse, et je t'en empêcherai.
- Une promesse est une promesse, et je la tiendrai. Je les tiens toujours.
- Tu n'as pas le droit de supprimer des vies ainsi." Malva eut envie de la giffler de toutes ses forces, mais elle se retint, et lui serrant brutalement le bras, elle lui cracha ces mots à la figure :
- Tu ne connais même pas cette personne. C'est un monstre assoiffé de sang, il ne mérite pas de vivre !
- Et en disant ça, tu crois sincèrement que tu ne l'es pas, ce monstre assoiffé de sang ?! Je t'en empêcherais Malva, sois-en sûre ! Partout où tu voudras tuer je me trouverais en travers de ta route.
- Alors je te tuerais toi aussi. Je ne peux pas tolérer que quelqu'un me retarde.
Elle la fixait calmement, et avait relâché le bras de son amie. C'était une simple phrase calme, une constatation avec une nuance de regret, mais tout laissait entendre dans sa physionomie que c'était on ne pouvait plus vrai. D'ailleurs, Haley ne répondit pas quelque chose du genre "Quoi ?! Tu tuerais une de tes meilleures amies ?!". Elle avait comprit que ce n'était pas du chantage. D'un ton glacial, elle répondit :
- Très bien, comme tu voudras. Après tout, si tu finis à Azkaban, ça ne sera pas mon problème, je ne vois strictement pas pourquoi je m'inquiéterais...
Puis, elle fit volte-face et la plata là. Mais Malva ne s'en montra pas démontée pour autant et, se retournant, elle partit à grands pas vers les toilettes.

Lorsqu'elle sortit, elle fut surprise d'entendre de violents sanglots non loin. Intriguée, elle se rapprocha, et sentit un creux à l'estomac en voyant Haley, qui pleurait à chaudes larmes. D'ailleurs, elle semblait ne même pas l'avoir remarquée. Elle s'approcha, soudainement prise de remords, et posa une main réconfortante sur son épaule. Elle ferma les yeux et inspira profondément, avant de dire à voix basse :
- Je suis sincèrement désolée pour ce que j'ai dit tout à l'heure. Ce n'était pas dans le sens où je l'entendais. Je n'ai vraiment, vraiment pas envie d'avoir à te tuer, Haley, et si ça arrivait, ce serait parce qu'il n'y aurait plus la moindre petite alternative possible...
- Espèce d'idiote !
Malva sentit une main la giffler violement et, se retournant, s'aperçut qu'elle appartenait à Louise-Marie. Elle n'avait jamais vu celle-ci aussi en colère. Puis elle vit son amie la dépasser d'un pas hautain, furieuse, avant de s'accroupir aurpès d'Haley et de lui murmurer des paroles réconfortantes à l'oreille, tout en caressant les longs cheveux châtains et lisses de cette dernière. Ce fut seulement à cet instant que Malva découvrit, serré contre le coeur d'Haley, un morceau de parchemin chiffonné, couvert d'une écriture fine et à la limite du lisible. Elle le saisit délicatement, sans que son amie songe à opposer de résistance, et lut à voix basse :
- Miss Williams, peut-être avez-vous déjà remarqué, en ce jour de rentrée, l'absence de votre petit ami, Guillaume Vent-Tordu. Nous avons en effet, miss, une lourde nouvelle à vous annoncer, et cela ne nous enchante guère, nous vous prions de le croire. Eh bien miss, puisque tôt ou tard il nous faut vous l'annoncer, autant le faire tout de suite : aujourd'hui, Dimanche 1er Septembre, cela fera en effet un mois que votre petit ami a été porté disparu. Les dernières nouvelles que nous ayons nous ont été rapportées de sa mère, qui déclarait l'avoir vu dans le jardin, sur son balai. Prêt à décoller, il aurait déclaré qu'il allait vous rendre visite, avant de s'envoler. Nos informations s'arrêtent là. Nous vous en conjurons miss, si vous savez la moindre chose à son sujet, confiez-le nous, car cela pourrait nous être d'une grande utilité dans sa recherche. En vous remerciant d'avance de votre collaboration, nous vous prions d'agréer, miss Williams, nos salutation distinguées. Stephen Durt, directeur du Département de la Justice Magique.
Malva releva les yeux, la gorge étrangement nouée, culpabilisant plus que jamais. Entre deux sanglots, Haley hoqueta :
- S'ils font... quoi que ce soit à Guillaume... je jure de le leur faire payer très cher !
- Et s'il était déjà mort ?..." Louise-Marie remit avec douceur une mèche de cheveux châtains derrière l'oreille d'Haley, la contemplant avec compassion.
- Si c'était le cas, je l'aurais senti. Et si ça arrive... je me vengerais. Ils connaîtront le même sort que celui infligé à Guillaume." Ce disant, elle leva les yeux vers Malva. "Je comprends ton acte à présent. Pardonne-moi."
Malva fut tentée de lui renvoyer une réplique acide, mais elle se dit que ce n'était pas le moment, et se contenta d'un hôchement de tête affirmatif. Les trois amies s'étaient réconciliées, c'était ce qui comptait.

- Bien, le cours est terminé pour aujourd'hui. Mesdemoiselles, messieurs, j'espère que vous avez soigneusement pris en note cette leçon sur le côté vivant d'un animal métamorphosé en objet, car ce sera certainement une épreuve demandée lors de vos BUSEs, annonça le professeur McGonagall d'un ton sévère. Vous pouvez sortir.
Les élèves de Serdaigle et Gryffondor se levèrent et rangèrent rapidement leurs affaires. Malva jeta son sac sur son épaule avant de sortir de la classe, en compagnie de Mélandra Marsten.
- Ce cours était vraiment très complexe, je ne suis pas sûre d'avoir tout compris...
- Pourtant tu te débrouille plutôt bien en métamorphose toi, non ? demanda Méli avec un froncement de sourcils.
- Ben oui, mais là... pfiu !
- Rho, tu dramatises Malvanouchette, c'était pas si dur que ça ! Au pire si t'as pas tout compris j'peux t'expliquer !
- Merci, t'es bien une vraie Serdaigle, Méli ! s'exclama Malva, tandis que la jeune fille accueillait le compliment en rougissant.
Puis elles se séparèrent, Mélandra devant se rendre à son cours de Soins aux Créatures Magiques et Malva en Etudes de Moldus. Tout en se dirigeant là-bas, elle marchait les yeux rivés sur sa copie, qui indiquait "T" comme Troll. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait eu une si mauvaise note. La boîte de conserve géante dans laquelle voyageaient les moldus, c'était bien la toivure, non ? L'outil dont ils se servaient pour communiquer à distance n'était-il pas le félètone ? Quand à la boîte en plastique dont ils se servaient pour s'écrire des messages, c'était forcément l'ordineutar...
Elle réfléchissait ainsi, sourcils froncés dans une expression contrariée quand, tournant à l'angle d'un couloir, elle sentit une main ferme se poser sur son épaule. Elle se retourna.
- Jerry !
- Pas ici, dit-il en la repoussant alors qu'elle s'apprêtait à l'embrasser. Il lui empoigna le bras. "Sortons."
- Mais j'ai cours de...
- Moi aussi, qu'est-ce que tu crois ? T'auras cas dire au prof que t'étais à l'infirmerie.
Puis, sans attendre de réponse particulière, il l'entraîna au-dehors, et la mena dans un coin à l'abri des regards indiscrets.
- J'ai pas de temps à perdre, alors j'vais être franc avec toi : faut plus qu'on nous voie ensemble. Ca gâcherait ma réputation.
- J'imagine que t'es en train de m'annoncer que tu casses ?
- Non, parce que je..." Il grimaça. Visiblement, les mots qu'il s'apprêtait à prononcer semblaient avoir du mal à franchir ses lèvres. "Parce que je t'aime." Ce disant, il l'attira à lui et l'embrassa avec force, mais il sembla à Malva qu'il lui donnait ce baiser plus par obligation que par envie. La Gryffondor tenta de le repousser, mais plus elle se débattait, plus l'étreinte se ressérait. Lorsqu'elle fut assez éloignée de lui pour parler, elle dit d'un ton sec :
- Si tu as peur de gâcher ta réputation avec moi, autant en finr tout de suite. Moi aussi j'ai perdu beaucoup de valeur aux yeux des autres ces derniers temps, et ce à cause de toi, je te signale.
- Pourtant, ça ne peut pas rester ainsi, Malva, car notre situation ne fera qu'empirer. A tous les deux. Une Gryffondor de cinquième année et un Serpentard de septième. Un des plus grands de Poudlard qui sort avec Malva Stark, une mioche petite et maigre aux cheveux ébouriffés qui ne se distingue des autres filles ni par sa beauté, ni par son intelligence.
L'adolescente se mordilla la lèvre inférieure. Un instant, il lui sembla redevenir la gamine de première année au regard sombre, aux joues creuses et aux longues tresses défaites. Pourtant, elle avait grandi ces dernières années... ses pomettes étaient devenues nettement moins osseuses, son teint n'était plus livide, son regard était malicieux, elle était moins squelettique et sous son uniforme on discernait même un début d'attributs féminins...
Puis elle songea à autre chose. Un élèment beaucoup plus grave à ses yeux, l'origine de nombreux complexes : Malva n'avait pas ses règles. A quinze ans révolus, elle n'était toujours pas prête à avoir des enfants, contrairement aux autres jeunes filles.