Stark, they are back

Lorsque Brandon se réveilla, la première chose qu'il sentit fut ce vent glacé et impitoyable, qui l'avait englouttit à moitié. Il frissonna. C'était donc ça, le Paradis? Mère l'avait toujours qualifié de fleurit et doux, avec des oiseaux qui chantaient, et les rayons du soleil qui filtraient les feuillages verts tendres d'une lumière douce.
Mais ce paysage n'y ressemblait strictement en rien. Le petit matin se levait, mais aucun rayon ne parvenait à percer la brume sinistre et opaque qui régnait là. Et le peu de luminosité qui persistait laissait à Bran une vue de cendres...et de sang. Pas le Paradis, non, sûrement pas. L'Enfer? Brandon n'avait rien fait de réellement mal...
On aurait juré Winterfell...mais le château de pierre était dévasté. Il avait sûrement été brûlé...Et ces corps ensanglantées, dans la neige écarlate, sans vie...Soudain, tout lui revint en mémoire. Cette nuit glaciale où il avait été réveillé par les explosions...Les jets de lumière verte...Sa peur...L'apparition de Theon...et sourtout, le poignard, cette lame de poiganrd que son frère avait enfoncé profond, si profond dans son coeur...
Il n'est pas mon frère. Il ne l'a jamais été. Il avait raison, ce n'est pas un Stark.
Mais alors, pourquoi était-il ici? Il était mort...Le coutelas avait bel et bien transpercé son coeur, il l'avait ressentit au plus vif de sa chair à ce moment-là...que faisait-il là? Que s'était-il passé? Il parcourut du regard le champ de bataille, désormais désert. Il y avait des corps un peu partout. Cependant, à quelques mètres d'ici, il y avait huit corps regroupés, ainsi que cinq loups. Brandon s'approcha. Parmi les loups, Nyméria et Eté n'étaient pas là. Sûrement s'étaient-ils enfuis...Bran se sentit soulagé. Puis il dirigea son attention vers les corps. Malva non plus n'était pas là...Mais ce qui le surprit le plus, c'était de se voir lui, ou plutôt, de voir son propre corps, étendu là, sans vie, le visage figé dans une effroyable expression de terreur...
Alors, il comprit. Il ne se déplaçait plus à deux pattes, mais à quatre. Il n'était pas habillé, mais avait un pelage gris-brun épais et dru. Ses dents n'étaient plus de petites dents de lait blanches, mais bien des immenses crocs féroces d'une blancheur éclatante...Il était de retour. Mais sous la forme d'un loup. Plus exactement, sous la forme d'Eté. Mais comment...? Il ferma les yeux, tentant de se rappeller la scène le plus précisément possible. Pendant qu'il dormait, son loup s'était couché sous son lit. Et au moment où Theon l'avait tué, Eté n'avait rien fait...par lâcheté, ou simplement parce qu'il ne s'était pas réveillé. Pour le reste, Bran ne pouvait émettre que des suppositions. Mais celle-là semblait la plus plausible: Eté, le voyant mort, avait accepté de donner sa vie pour lui. Ainsi, leurs âmes s'étaient inversées: celle de Bran dans le corps d'Eté, cella d'Eté dans le corps de Bran. S'il devait sa vie à quelqu'un, c'était à son loup...
A présent, l'envie de vengeance se lisait dans le regard de Brandon, qui se jura de faire payer cela à Theon.
Le sang pour le sang. Ce n'est pas un Stark, la loi ne compte pas.
C'était peut-être un loup, à présent...mais c'était avant tout un humain. Et Bran se jura de ne jamais oublier cela, quand bien même aurait-il dû passer le reste de sa vie sous cette forme.
Et pendant qu'il songeait à ses projets, s'enfonçant au plus profond de la forêt, il poussa son premier hurlement. Et curieusement, à entendre, c'était comme un cri de guerre...

J'aaiiiiime de trooooop

Elle dormait encore quand un petit couinement la réveilla. Mary ouvrit les yeux, et se leva. C'était une sorcière rondouillette, suoriante, aux bonnes joues rouges et aux cheveux blancs, âgée au moins de soixante-dix ans, que tous les enfants appréciaient pour sa gentillesse et sa jovialité. Elle vivait seule, depuis que son mari était mort, et que son fils l'avait quittée pour mener sa propre vie, en tant qu'auror.
Le petit couinement redoubla, et la vieille femme se dit que ça devait être Ashmore qui avait faim. Elle se dirigea vers le berceau du bébé, en grommelant contre ses parents indignes qui avaient oublié de venir chercher leur petite le soir dernier...Aujourd'hui, elle comptait bien leur rendre le nourisson, mais non sans passer un sacré savon au jeune couple qui, selon elle, n'avait décidément aucun sens des responsabilités! Elle s'approcha, et Ashmore, en la voyant, arrêta de pleurer, et attrapant ses pieds, se mit à jouer avec tout en gazouillant joyeusement. La baby-sitter eut un sourire attendrit, et lança d'une voix dynamique, tout en prenant la petite dans ses bras:
- Tiens, on dirait que ma petite fée s'est réveillée!
D'un coup de baguette, elle lui prépara un biberon, qu'elle lui donna, tout en prenant son petit-déjeuner. Puis elle prépara Ashmore, avant de se préparer elle-même, bien décidée à reprocher aux parents leur bohème abusive.
Puis, le bébé dans ses bras, elle transplana juste devant la maison du couple, et faillit pousser un cri d'horreur en découvrant que celle-ci avait été brûlée. De la jolie maison coquette ne restait plus qu'un amas de cendres et de briques calcinées. Où étaient donc les jeunes parents? Pourquoi n'avaient-ils pas cherché à la contacter? Elle hésita, puis, avalant sa salive, elle rentra dans la maison dévastée et appella:
- Monsieur Stark? Mademoiselle Stone?
Elle chercha dans les débris noircis, tout en appellant, jusqu'à trouver. A l'endroit où s'était auparavant situé le salon se trouvait deux squelettes, dont les os calcinés s'enlaçaient dans une ultime étreinte désespérée. Mary sentit son coeur se serrer, et les larmes lui monter aux yeux. Enfin, d'une voix rauque, elle dit à la jeune orpheline:
- Je crois qu'on se retrouve toutes les deux seules, toi et moi...

DE MIIEUX EN MIIEUX MALVAMOUCHE <3333

Un mois avait passé depuis le massacre de Winterfell. Seule, au fin fond de la forêt, avec Nyméria pour seule compagnie, Malva avait horriblement maigrit. De la pettie fille joyeuse aux bonnes joues pleines, au regard étincelant de bonheur et aux soyeuses boucles brunes, il ne restait rien. A présent, c'était une gamine maigrichonne et sale, vêtue de guenilles, les cheveux emmêlés et le regard dur, qui avait l'éclat de l'acier lorsqu'il vous égorgeait. A qui Malva devait-elle le fait d'être encore vivante? A Nymé, et à Nymé seule. Qui d'autre que sa louve lui avait construit une tannière chaude et à l'abris de tout danger? Qui d'autre que Nymé venait constamment la réchauffer de son souffle chaud? Et plus encore, qui d'autre que Nyméria allait souvent chasser pour lui ramener de quoi manger?
Au début, il avait été difficile à Malva de trouver sa place dans cet univers hostile et sombre...mais elle avait finit par s'habituer. Elle s'était montrée forte, ne pleurait plus, ne se plaignait plus qu'elle avait froid, ou faim, ou encore qu'elle voulait Ned...Elle avait comprit sa chance d'être encore en vie. Il avait suffit d'une nuit pour la changer complétement. De petite fille, elle était directement passée à femme adulte. Ah, elle grandissait bien vite, Malva...

WHAAA J'AiiME DE TROP . J'AiiME DE TROP . J'AiiME DE TROP. QUEL CERVEAU TOii Diis DONC T'AURAiiS PU M'iiNViiTER QUAND T'A ETE CHEZ TES AMiiS MARTiiENS QUii T'ONT AVANCE LE STADE DU CERVEAU JE SERAiiS VENUUUUE [ SALE BETE QUE TU EST XD ]

Il ne lui suffisait plus que d'un seul regard pour communiquer avec Nyméria. Elle avait appris le langage du silence. Et si elle avait beaucoup de kilos en moins, elle avait plein de choses en plus. Elle savait différencier le bruit de pas d'un cerf de celui d'une biche. Savait se fondre dans le paysage. Ou encore imiter des cris plus animaux qu'humains, comme ceux des oiseaux. Malva avait complètement changé. Une lueur de folie brillait dans ses yeux, et elle semblait avoir même oublié qui elle était vraiment...

Le silence la réveilla. Et le froid. Oh ça, silencieuse et froide, la forêt l'était toujours...Mais différamment. Quoiqu'il en soit, pas de cette manière là. Elle se releva lentement et tourna un regard inquiet vers Nyméria. Cette dernière avait ressentit la même chose qu'elle, et regardait fixement sa petite protégée. Malva se rapprocha, et lui caressa doucement le museau, plus pour se rassurer elle-même que pour rassurer Nymé. Mais pourtant, son inquiétude redoubla quand elle sentit le danger se faire plus proche. Ce ne fut plus le museau qu'elle eut besoin de caresser, mais bien ce pelage soyeux et d'une blancheur immaculée, en y enfouissant ses mains, puis bientôt, son visage, qu'elle frotta avec une douceur convulsive dans le pelage de sa louve. Cette dernière, sentant son besoin de réconfort, lui envoya un regard plein de tendresse, et lui lécha doucement la figure de sa langue chaude et rapeuse. Puis elle sortit dehors, seule face au danger, comme une louve aurait protégé ses louveteaux. Un grand danger l'attendait dehors...Bien plus grand que n'aurait pu l'imaginer la pauvre Nyméria...

Le silence était tel que le moindre de ses pas semblait se répercuter sur le reste de la forêt. La menace planait dangereusement au-dessus de sa tête. Nyméria releva la tête et renifla l'air. Elle retroussa ses babines et émit un grognement de fond de gorge. Ca sentait l'humain...Et ce n'était pas l'odeur de Malva. Elle se rapprocha encore. Cela faisait une heure qu'elle était partie, s'éloignant toujours un peu plus de sa cachette, pour débusquer cette menace. Soudain, une voix d'homme se fit entendre:
- La voilà! Regardez, voici sa louve!
Il y eut un jet de lumière rouge, qu'elle n'évita que de peu.
- Jack, crétin! Faut pas lui faire de mal si tu veux qu'elle nous conduise à la petite Stark!
Le plus jeune des trois baissa la tête, gêné.
- Mais le maître a dit que...
- On s'fout de c'qu'a dit l'maît'! glapit le plus vieux. Bon sang les gars, r'fléchissez un peu!
Nyméria n'attendit pas une seconde de plus. Elle bondit sur le plus jeune et lui arracha le bras qui tenait la baguette, avant d'envoyer valser celle-ci, qui se fracassa en mille morceaux.
- Putain de louve!
Le coup de poignard l'atteignit à la cuisse mais ce fut comme si elle n'avait rien eu. Elle ne ressentait plus rein, et se battait comme une lionne tandis que les coups pleuvaient sur elle. Et quand le dernier homme fut enfin achevé, elle se rendit compte de sa douleur, et se laissa choir au sol. Sa dernière pensée fut pour sa petite maîtresse.

Elle avait peur. Les yeux ouverts, la menace silencieuse la terrifiait, et fermés, la même rengaine revenait.

Malva se débattit faiblement contre cette accusation.
Ned non, tu le sais ce n'était pas moi, par pitié, dis-leur que ce n'était pas moi...
Elle rouvrit les yeux. La petite fille avait perdu toute notion du temps qui s'écoulait. Depuis quand Nyméria était-elle partie? Elle n'aurait sû le dire...

Non...Non...C'est faux, des mensonges tout ça!

Je n'ai fait qu'abréger ses souffrances!

Il me l'avait demandé!
A l'intérieur la rengaine...A l'extérieur le danger. Ca lui laissait le choix entre la folie ou la mort.
Nymé va rentrer, je le sais...Nyméria reviendra, et tout se remettra dans l'ordre...

- NON !!!
Elle avait crié, tout en se bouchant les oreilles. Tant pis. Plutôt la mort que la folie. Elle sortit dehors, et aspira une grande bouffée d'air. Le danger semblait être partit. Et pourtant, Malva fut prise d'une telle nausée qu'elle en eut le vertige. Elle appella doucement:
- Nyméria? Nymé?
Silence. Peut-être sa louve était-elle trop loin pour pouvoir l'entendre? Prenant une grande inspiration, elle cria à plein poumons:
- Nyméria!
Elle continua à l'appeller ainsi pendant quelques temps, s'éloignant toujours un peu plus de la "maison", cette tanière obscure qui lui servait d'abri. Lassée de ses recherches désespérées, elle dit à voix haute:
- Ce n'est plus drôle, je n'ai plus envie de jouer! Nymé...J'ai peur...
Elle se mit à courir, courir à toute vitesse avec ses petites jambes maigres, et finit enfin par la découvrir. Sa louve était couchée dans le neige, sur le côté. Son pelage blanc était taché de rouge.