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 Saloperies de Grimoires

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MessageSujet: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptyVen 12 Juin 2015 - 17:35


[Suite directe de "La nuit ne porte pas conseil"]

Quinlan se sépara de Clemens et regagna son appartement. Évidemment, à peine eut-il mis un pied chez lui que le Docteur lui sauta dessus, réclamant à coup de miaulements sonores sa pitance. Étouffant un juron, Quinn lui posa ses tranches de jambon dans sa gamelle, et s'en alla dans la salle de bains. Il n'allait pas reprendre un bain complet, mais se passer le visage à l'eau froide ne serait pas inutile.

Cette nuit avait été éprouvante, étrange et honnêtement, il ne savait pas trop quoi en penser. D'un côté il était heureux d'avoir enfin une bonne excuse pour voir Clemens en privé, mais il ne pouvait s'empêcher d'être anxieux. Il jouait avec le feu, mais il s'était déjà brûlé, et ne voulait pas spécialement revivre ça. Il se demandait aussi s'il allait pouvoir dormir, indépendamment de son état de fatigue. Long soupir.

Il retira ce qui lui restait de fringues et se plongea sous sa couette. Il était tard, ou tôt selon le point de vue, mais ce qu'il redoutait tant se produit : il peina à trouver le sommeil, et resta un long moment à  se regarder dans le miroir qu'il avait fait installer au-dessus de lui.

N'apprends-tu donc jamais de tes erreurs, semblait lui crier son reflet. Qu'est-ce que tu fous ? Qu'est-ce que t'attends ? Pourquoi tu te tortures comme ça ? De quoi tu as peur ? Une nouvelle Roxanne ? Il n'est pas Roxanne. Ne mets pas la charrue avant les boeufs. Il pourrait l'être. Qu'est-ce qu'on s'en fout, sérieux… Ouais mais non. Si. Calme tes hormones. Il n'est pas Roxanne. Il ne le sera jamais. Ça n'a rien à voir. Il n'est pas Roxanne. Oublie-la. Passe à autre chose. Ouais mais… Pas de mais. Il. N'est. Pas. Roxanne.

Sans le réaliser, Quinlan tomba dans un demi-sommeil sans rêves, mais ne se réveilla pas reposé. Les heures passèrent comme des secondes : il avait l'impression d'avoir dormi quelques minutes, alors que dehors le soleil était déjà haut dans le ciel. Son réveil indiquait pourtant huit heures, seulement. Trop tôt. C'était son jour de repos… Quinn se tourna sur le côté gauche, la tête coincée dans son avant-bras, et les couettes légèrement repoussées. Il avait chaud. Il parcourut la cicatrice des yeux, avant de les fermer.

Quand il se réveilla pour la deuxième fois, il était onze heures et demie. Il fallait bien qu'il se sorte du lit, là. Il n'était pas habitué à dormir autant, lui tournait à quatre heures par nuit sans problèmes. Sans vraiment faire attention, il croisa son reflet dans le miroir : il avait une mine affreuse. Il respira un grand coup et se sortit enfin du lit qu'il ne refit pas derrière lui. À quoi bon ?

Un bon bain chaud, c'était exactement ce dont il avait besoin. Un miaulement le prévint de l'arrivée du Docteur. C'était un chat un peu spécial : même s'il ne se baignait pas, il adorait traîner près de la baignoire immense et déambuler autour. Quinlan n'était pas pressé de sortir de l'eau, mais se décida à le faire quand il se sentit tomber de nouveau dans les bras de Morphée. Il se sécha et s'habilla rapidement mais sans hâte, choisissant ses vêtements au hasard, ce qui ne lui arrivait pas si souvent. Il avait vraiment besoin d'un thé là…

Et à peine eut-il le temps de s'en préparer qu'un coup fut frappé à la porte. Bon, on allait en faire un deuxième, au cas où.


Dernière édition par Quinlan C. Fitzsimmons le Sam 13 Juin 2015 - 14:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptyVen 12 Juin 2015 - 18:06

Onze heures trente.

Clemens tomba de son lit plus qu'il ne s'en leva. Le sommeil l'avait quitté une fois, trois heures plus tôt, lorsque Rowan avait quitté la chambre. Leurs regards s'étaient croisés, porteurs d'interrogations, qui recevraient leur réponse lors d'une autre nuit. Évidemment, son ami, si proche, avait compris que sa soirée avait été loin d'être banale. Il avait ensuite sombré pour trois autres heures. Le Sinistros soupira et se frotta les yeux. Si il n'avait pas eu tant à faire durant la journée, il serait probablement resté couché deux heures de plus. Néanmoins, la conversation nocturne qu'il avait eut avec Quinlan suffit à chasser les dernières brumes de son esprit. La journée se promettait faste, du moins, il l'espérait. La tête plus claire et chacun soutenu des idées de l'autre, peut-être parviendraient-ils tous deux à des avancées inattendues ?

Après s'être rapidement rafraîchi et avoir rassemblé ses affaires, l'étudiant enfila un jeans et ce pull crème qu'il affectionnait tant pour les journées de travail. Chaud, moelleux, confortable. Il avait besoin de cette sensation de cocooning pour pouvoir concentrer son esprit sur son travail. L'inconfort était la première barrière à sa concentration. La seconde étant de n'avoir pas pris un café avant de commencer la partie active de sa journée. Clemens prit un instant pour écrire une courte lettre à Isolde avant de partir, puis claqua la porte de sa chambre derrière lui. Par chance, le chemin qui le menait du donjon à la tour Céleste passait obligatoirement par le rez-de-chaussée. C'était la bonne excuse, s'il en avait besoin, pour faire un saut par la cafétéria. A cette heure-là, elle était remplie et animée, les étudiants allaient et venaient, de bonne humeur, insouciants.

Il resta bloqué dans l'embrasure de la porte. Cette animation se superposa un instant avec les souvenirs qu'il avait de cette pièce plongée dans la pénombre. Instinctivement, son regard chercha le sol, mais n'y découvrit aucun reste de verre brisé. Évidemment. Sans saluer personne, il fit un sort à un cappuccino, puis fila en direction de la tour Céleste. Dans les escaliers déjà, il sentit les premiers effets de la caféine ; les idées commençaient à s'embraser dans sa tête, alors qu'il classait par ordre de pertinence les possibilités d'ouvrir son grimoire. Tant, que Clemens fut presque surpris d'arriver à destination. Légèrement essoufflé par le pas rapide adopté dans les escaliers, il fit une pause devant la porte.

Il repensait à ce qu'il avait écrit à Isolde le matin même. Une certaine confusion flottait dans une partie de ses idées. Croiser Quinlan à la cafétéria avait été un hasard qu'aucun d'eux n'aurait pu prévoir, presque comme chacune des autres rencontres. Les Trois Balais, le Dark Night, le cours, même… Ils s'étaient taquinés, avaient joué, comme Clemens le faisait avec un peu tout le monde. Il aimait tester les gens autour de lui, et repérait ainsi les esprits digne de son attention. La nuit précédente avait néanmoins livré des résultats très différent de ce qu'il aurait pu imaginer, et sans un rassemblement de circonstances particulières, il ne se serait probablement même pas laissé entraîner dans une telle situation. De toute évidence, ç'aurait été une erreur, il s'en rendait compte, à présent. Mais comment chasser le trouble qui ne le quittait pas depuis qu'il avait ouvert les yeux ? Des détails de la soirée ne cessait de lui revenir en mémoire, des sourires, des attitudes. Il se passa une main dans les cheveux.

Chapeau. Merde.

L'Allemand ne se coiffait presque jamais au tomber du lit. Il avait depuis longtemps appris que son chapeau faisait parfaitement affaire quand il s'agissait de camoufler le manque de soin qu'il pouvait porter à son apparence au quotidien. Il avait probablement l'air tout aussi échevelé que dix heures plus tôt, ce qui amènerait sans doute Quinlan à douter de son sommeil. Il grimaça et frappa à la porte. Un instant, puis elle s'ouvrit.

« Bonjour Quinlan »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 1:51

C'est avec une tête franchement pas fraîche que Quinlan ouvrit sa porte à Clemens, et l'invita à entrer. Apparemment, il n'était pas le seul à avoir senti sa nuit, ou plutôt sa matinée, passer : l'étudiant avait l'air de ne pas avoir dormi du tout.

— Je crois que je vais passer sur les 'Tu as bien dormi ?' parce que je crois que c'est pitoyable des deux côtés… Un thé ? Ou tu préfères quelque chose de plus fort ?

Il y avait bien du café dans le petit bar qu'il avait ajouté au salon, mais lui évitait tant qu'il n'avait pas mangé. Non seulement ça l'énervait, dans le mauvais sens du terme, mais ça lui défonçait aussi l'estomac. Le thé semblait plus doux pour commencer.

Avoir la tête dans le chaudron avait ses avantages : Quinlan se prenait beaucoup moins la tête et focalisait sur des choses simples, comme proposer un petit-déjeuner. Vu l'heure, il aurait été tout aussi sensé de faire péter les sandwichs et les pâtes, mais il n'avait pas de cuisine et la cafétéria était décidément trop loin. Et trop… marquée.

Le Docteur miaula. Le gros Maine Coon avait senti la présence d'un étranger et avait pointé le bout de son nez pour vérifier de qui il s'agissait. Oh. Lui. Comme s'il le connaissait déjà, le Docteur poussa un miaulement désapprobateur et se posa sur le canapé, assis, le dos tourné à Clemens et les oreilles en arrière. Quand Quinlan revint avec les tasses et vit ça, il haussa les deux sourcils.

— Quelle enflure… Un conseil, Clemens, les chats, c'est surfait.

Il rit doucement et s'installa sur la table qui trônait au milieu de la pièce, faisant signe à Clemens de faire de même. Dessus, pas grand-chose si ce n'est un grimoire élimé, et un autre livre, beaucoup plus récent, aux trois quarts vierge.

— On commence par quoi ? Revoir tout ce qu'on a fait jusque là histoire de voir si l'autre n'a pas une soudaine révélation, ou on s'attaque directement au craquage de code ?

Quinn jeta un oeil à son appartement pendant que Clemens lui répondait. C'était déjà sans dessus-dessous, avec des notes qui traînaient un peu partout, des livres empilés à la hâte et même des fringues jetées sur le mobilier. Il aurait pu faire un effort quand même… et puis il se souvint que ce rendez-vous avait été pris cette nuit même à 3h. Il n'avait pas vraiment eu le temps de ranger.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 11:57

Le Quinlan qui lui ouvrit la porte ne correspondait pas vraiment à l'image qu'il s'était attendue voir. Rencontrer le professeur à moitié habillé et en tongs dans la cafétéria à deux heures du matin, c'était une chose. Après une relative bonne nuit de sommeil, il pensait retrouver l'homme flamboyant et sans défauts qui arpentait généralement les couloirs. Clemens l'observa un instant, immobile et sans rien dire. La nuit avait été intense mentalement, tant pour l'un que pour l'autre, mais de toute évidence, une espèce de barrage s'était brisé chez le guérisseur. Il se contenta donc de sourire et de hausser les épaules. En fait, il avait plutôt bien dormi, mais c'était sans doute inutile de le préciser.

« Je veux bien un thé, oui. J'ai déjà descendu un café en route. Merci. »

L'étudiant entra plus avant dans l'appartement et constata immédiatement les similarités avec l'antre de Neal. L'ordre ne faisait pas partie de la priorité des deux frères ; des notes, des vêtements, des objets de toute sorte était répandus dans tous les coins dans un chaos qu'on aurait presque pu croire organisé. Dans un parallèle étrange, cela lui rappela exactement sa propre chambre. Il faisait de son mieux pour ne pas contaminer l'espace vital de Rowan, mais de son propre côté, il arrivait souvent qu'on ne puisse plus distinguer le lit du bureau. Et à peu de choses près, les deux servaient strictement à la même chose de toute façon. Alors à quoi bon ?

Un miaulement attira son attention. C'est vrai, lui aussi avait un de ces drôles de compagnons à fourrure. Alors que Quinlan vaquait à la préparation du thé, le chat lui lança un regard désapprobateur et choisit de nier obstinément sa présence. Clemens sourit, puis haussa les épaules au commentaire surpris du guérisseur. Lui et les chats, de toute façon… La perspective d'un thé chaud l'intéressait bien plus. Il chut dans un fauteuil, posa ses affaires sur un coin de la table et se laissa aller contre le dossier avant de se concentrer sur le guérisseur.

« Je pense qu'on devrait passer en revue tout ce qu'on a fait jusqu'à présent. D'une part, parce que ça nous évitera de nous lancer dans des explications interminables dans deux heures pour pouvoir réfléchir sur un détail. D'autre part, parce que ce serait con de se lancer dans du décryptage alors qu'on a peut-être déjà la clé dans le savoir. »

Les mains passées derrière la nuque, l'étudiant prit un instant le temps de réfléchir. Ses recherches n'étaient pas très avancées, et il en avait déjà expliqué l'essentiel la nuit précédente. Néanmoins, vu la charge émotionnelle de la discussion, il n'était sans doute pas néfaste de toute clarifier de manière neutre. Son regard croisa celui de Quinlan. Ou presque neutre.

« J'ai commencé à m'intéresser aux Animagus en quatrième année. J'ai lu à peu près tout ce que je pouvais trouver à ce sujet dans la bibliothèque de Poudlard et cassé les pieds à McGonagall. Depuis ma septième année, elle m'accompagne dans ma démarche… Même si c'est un bien grand mot, elle me laisse surtout me dépatouiller avec moi-même, au fond. Les ouvrages sur l'Animagisme traitent essentiellement des côtés historiques et théoriques de ces pratiques, donc avant de quitter Poudlard, je n'ai pas appris grand-chose de concret. La réserve renferme sans doute des secrets intéressants, mais à l'époque, je n'avais pas le droit d'y jeter un œil... »

Maintenant qu'il était stagiaire au château, la situation était évidemment toute différente. Néanmoins, sa tutrice ne lui laissait pas beaucoup de libertés et il n'avait pas encore pu se lancer dans des recherches plus approfondies… et la bibliothèque de Haveirson ne manquait pas de matériel de toute façon.

« De retour en Allemagne après ma scolarité, j'ai mis la main sur bon nombre de bouquins intéressants. De vieux machins plus ou moins oublié auxquels personne ne s'intéressaient vraiment. Les notes étaient plus pratiques, plus descriptives d'expériences plus ou moins folichonnes. C'est à ce moment-là que j'ai compris qu'il ne fallait pas s'intéresser à la métamorphose comme à un tout, mais plutôt aux processus qui permettent la métamorphose. A quoi ils s'appliquent, pourquoi, comment. J'en suis arrivé à mes questions d'essence. En parallèle, j'expérimente sur les sortilèges d'Animation. Je voudrais parvenir à déterminer dans quelle mesure ils affectent les objets inanimés et peuvent leur donner une vie propre. »

Clemens jeta un œil dans la pièce autour de lui et sortit sa baguette. Il la pointa sur un des portes bougies qui trônait non loin et murmura son sortilège. L'objet, déjà pourvu de pieds, entama un déplacement lent et mal avisé vers l'autre côté de la pièce. L'étudiant se tourna vers Quinlan.

« Je peux contrôler ses mouvements, mais je n'en suis pas obligé. Est-ce vivant ? Ou seulement animé ? Qu'est-ce qui a changé ? »

Les questions étaient rhétoriques. Quand il en aurait les réponses, il aurait probablement atteint son but.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 14:07

D'habitude, Quinn était plutôt bien réveillé et même flamboyant à cette heure, mais aujourd'hui était un jour un peu spécial. Il venait à peine d'émerger, et avait décidé de ne plus s'encombrer d'artifices inutiles avec Clemens. De toute façon, il était venu pour travailler, non ? Ce n'est pas comme s'il allait draguer en boîte. Hahem, non ça n'avait rien à voir. Et puis franchement, ç'aurait été un peu trop de repartir en mode fabuleux alors que Clem l'avait vu en jogging et en tongs. C'est drôle, parce qu'en y réfléchissant un peu, on aurait presque pu croire que cette apparente nonchalance et ce désintérêt soudain vis-à-vis de sa propre image était une tentative de dégoûter Clemens… Ou alors c'est juste qu'il était vraiment très à l'aise en sa présence.

Quoi qu'il en soit, Quinn l'invita à entrer et lui proposa un thé, que Clemens accepta. Bientôt, ils se retrouvèrent tous deux de chaque côté de la table débarrassée pour l'occasion — soyons honnêtes, c'est pour ça que le canapé était si bordélique — avec un chat boudeur en background. Quinlan ne releva même pas l'attitude du Docteur : il avait depuis longtemps abandonné l'idée de savoir ce qu'il se passait dans la tête de ce félin. Apparemment, il n'aimait pas Clemens. Soit. Rien à carrer.

Maintenant… par où commencer ? Par le début : tout reprendre, tout mettre à plat, et essayer de voir si rien ne leur avait échappé. Quinn était tout à fait d'accord avec Clemens, et hocha la tête silencieusement en buvant son thé. Il n'avait rien à ajouter à ce propos, c'était suffisamment clair. L'étudiant lui dit alors qu'après avoir galéré à trouver des sources fiables et intéressantes sur l'Animagisme, il était tombé sur des grimoires un peu hors norme lors de ses recherches en Allemagne. Silencieux, Quinlan prenait des notes mentales, conscient que quelque chose dans la métamorphose lui échapperait toujours. C'était peut-être ça qu'il n'avait jamais vraiment saisi : comment on pouvait animer quelque chose d'inanimé ? C'était tellement bizarre pour lui qu'il avait dû faire un blocage sans même s'en rendre compte.

— Où est la limite…?

Quinlan s'était parlé à lui-même, mais parce que la question était aussi un peu la sienne. Comment définir le vivant, quand on pouvait animer un objet ? Pourquoi n'était-ce pas vivant en soi ?

— Si tu ne contrôles pas ses mouvements, ça fait quoi ?

Il était curieux. Est-ce que son chandelier allait acquérir une sorte d'intelligence, ou juste tourner en rond comme un poulet sans tête ? Dans un coin de la pièce, le Docteur avait bien du mal à rester dans sa bouderie. Il avait bien envie de jouer.

— Est-ce qu'on peut rendre un objet 'intelligent'? Dans le sens, avec une conscience et une logique dans ses actes…?

La conscience étant un élément de la réflexion de l'humain vs l'animal, ce n'était pas totalement idiot. Quinn se rendait compte qu'il n'avait aucune idée de comment fonctionnait la métamorphose, simplement parce que ça lui paraissait trop vague et trop large. Si on simplifiait avec ces histoires d'essence, c'était tout de suite beaucoup plus clair. Du moins pour lui. Il fallait théoriser là-dessus, pour une simple histoire d'économie cognitive.

— Désolé de poser la question, mais… tu pourrais résumer la façon dont fonctionnent… fonctionneraient les essences ? Je veux dire, il y aurait l'essence humaine, animale et inanimée ?

Et si oui, la métamorphose serait le lien entre elles, comme des ponts entre chaque essence. Pour Quinn, la question était intéressante surtout en ce qui concernait les frontières entre les essences, ce qui faisait qu'elles étaient fondamentalement différentes. Cette théorie pourrait leur être un outil génial pour ensuite accéder à ce qu'ils voulaient vraiment savoir.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 15:14

Clemens sourit. Où était la limite, c'était une bonne façon de résumer ses recherches. Plus simple, plus claire. Cela confirmait sa pensée, découverte cette nuit, qu'il avait bel et bien besoin d'un partenaire. Pendant longtemps, il avait cru que travailler avec quelqu'un qui ne partageait pas sa spécialité lui était préjudiciable. En fait, il suffisait d'avoir un minimum de suite dans les idées pour tomber sur un point de vue intéressant, mais différent. Il regarda le chandelier se déplacer un instant.

« Si je ne fais rien, il est con comme un balai. Il va se déplacer de manière complètement aléatoire et faire demi-tour quand il se prendra un objet. Le sort se maintient de lui-même pendant une durée plus ou moins longue qui correspond essentiellement à la compétence du sorcier. Mais je pense qu'un autre élément rentre en ligne de compte, car certains objets durent plus longtemps que d'autres… J'expérimente toujours, mais je dirais que selon la matière et la forme de la cible, le sort aura une efficacité différente. »

Le sujet le frustrait un peu. Il savait que les sortilèges d'Animation avait des possibilités encore bien plus étendues, mais c'était la seule forme de métamorphose tellement poussée qu'elle n'était pas étudiée à Poudlard. Parfois, elle était juste abordée de manière théorique dans les classes d'ASPICs et encore, c'était au bon vouloir de McGonagall. Clemens avait commencé à y travailler durant sa septième année, mais ses résultats continuaient à être un peu décevant. S'il parvenait à donner un semblant de vie à un objet, l'absence de contrôle directement rendait les actions systématiquement aléatoires.

« Mais il est possible de faire bien plus. Je sais que McGonagall a été jusque ensorceler un jeu d'échec grandeur nature pour l'amener à jouer une partie de lui-même, avec des humains. Les pièces restaient immobiles en dehors de la partie, mais réagissait avec une certaine intelligence pour essayer de gagner la partie. Elles n'étaient pas vivantes en soi, mais pas seulement animées. Je t'avoue que c'est une réalisation extrêmement complexe et je suis loin d'y parvenir. »

A ce moment-là, le chandelier percuta de plein fouet le lit de Quinlan et tomba à la renverse. L'étudiant soupira, agita sa baguette pour le remettre d'aplomb et le laissa repartir lentement en sens inverse. Au moins, cet objet-là était correctement équilibré et pouvait se déplacer sans trop de problèmes. La tasse qu'il avait ensorcelée chez Neal n'avait pas eu cette chance.

La question du guérisseur le fit sourire et Clemens se tourna vers lui. C'était tout à fait pertinent de demander, même si il n'était pas entièrement sur de pouvoir lui répondre de manière claire. Il n'était que dans la phase du développement de sa théorie et l'étoffait au fur et à mesure de ses recherches. Il n'irait pas prétendre qu'il s'agissait d'un élément universel de la métamorphose, ni qu'il était partagé par tous les spécialistes.

« C'est à peu près ça, même si je ne suis pas sure de la différence entre humaine et animale, animée et inanimée. On a un exemple ici d'un objet qui était inanimé, de toute évidence il ne l'est plus, mais il n'est pas animal ou humain pour autant. Dans le cas d'un Animagus, son essence reste humaine puisqu'il dispose toujours de sa conscience et de son intelligence sous son apparence animale. Par contre, une métamorphose classique en animale te fait prendre les capacités mentales de cet animal. Cependant, tu peux retourner à ta forme humaine sans avoir perdu tes facultés. Dans quelle mesure est ce que ton essence a été affectée ? C'est difficile d'établir une théorie qui ne souffre pas d'exceptions... »

L'Allemand s'était penché sur la table pendant qu'il parlait, entraîné par une certaine passion dans ce qu'il racontait. Il sentait qu'il était proche de la vérité, de la clé qui déclencherait une cascade de vérité, mais la logique ultime qui liait tous ses morceaux de théorie lui échappait encore. Son regard glissa sur le grimoire qu'il avait apporté avec lui. Si l'idée de Quinlan était la bonne, le décrypter serait déjà obtenir une bonne partie de la réponse. Encore fallait-il savoir quelle était l'essence de ce tas de parchemin…
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 16:09

Quinlan suivit le chandelier du regard. C'était fascinant : comment pouvait-on rendre animé un bête objet…? Et Clemens faisait ça avec une telle facilité ! Du coup, il se demanda jusqu'où allait ce souffle de 'vie', et lui posa la question. La réponse lui arracha un sourire. Décidément, le langage formel était parti en vacances avec le vouvoiement. Tant mieux. Briser les distances pouvait être dangereux, surtout entre un professeur et son étudiant, mais entre partenaires de recherches c'était nécessaire. Et puis, ce n'était pas comme si la spécialité de Clemens était la médicomagie, ou que Quinn ne savait pas faire la part des choses entre le privé et le travail. Sa réponse était donc sur un ton résolument familier, mais niveau contenu… Ce n'en était pas vraiment une.

— Donc, c'est totalement aléatoire ?

C'était un peu facile, mais en même temps, beaucoup de choses dans ce monde étaient aléatoires. Pourquoi pas ? Peut-être qu'aucun mage n'avait encore percé le secret ou qu'il était bien caché. Quinlan baissa le regard sur son thé, réfléchissant à quelque chose. Et si on pouvait rendre un objet 'intelligent' grâce à la métamorphose ? Quinlan allait poser la question quand Clemens y répondit. D'abord ça communiquait à demi-mots, et maintenant ça anticipait les questions de l'autre ? Vraiment…?

Ils furent interrompus par un bruit métallique : le chandelier venait de percuter le bois du baldaquin. Quinn leva les yeux vers son lit, par réflexe, avant de percuter. Il n'avait pas fermé la porte de sa chambre ! Oh s'il-te-plaît Clemens ne regarde pas là-dedans… Il y avait des fringues partout, des sous-vêtements sauvages, et d'autres trucs dont il ne valait mieux pas demander la provenance ou l'utilité. Un éclair de gêne — oui oui, de la gêne — passa dans le regard de Quinlan, qui se décida à repartir sur ce qui les unissait aujourd'hui : le TRAVAIL. Hahem.

— Je… J'imagine la complexité du sort, mais au fond, ce n'est qu'une succession d'actions/réactions, avec des contraintes. Le cavalier se déplace de telle manière, le pion ne peut attaquer que sous certaines conditions, etc. J'ignore si le jeu d'échecs a été paramétré simplement au niveau des pièces et de ce qu'elles pouvaient faire, ou à un niveau plus élevé. Par exemple, dans le cas où le jeu animé serait face à une fourchette. Sacrifier un fou, ou sacrifier sa reine. Comment résoudrait-il un tel choix ? Est-ce qu'on ne peut pas parler d'un embryon d'intelligence artificielle ?

Quinlan avait l'impression de partir un peu loin, mais comme on avait tendance sans vraiment le réaliser, à réduire l'humanité à son intelligence, que dire d'un objet qui serait intelligent lui aussi, si ce n'est plus ?

— Je ne sais pas si tu as su, mais les Moldus ont réussi à créer un calculateur capable de jouer aux échecs. Kasparov a gagné, l'humain a gagné… Mais c'est un humain champion du monde avec un cerveau hors norme. Est-ce qu'on peut parler d'objet 'intelligent' ? Peut-être que McGonagall a réussi à faire l'équivalent de façon magique parce que c'est une excellente sorcière… Ou parce que c'est une excellente joueuse ?

Plus Quinlan parlait, plus il avait l'impression de perdre de vue sa question centrale. Mais c'était pas grave !

— Est-ce que le lanceur peut à ce point influencer l'objet qu'il anime ? Après… On ne sait pas si McGonagall n'est pas en train de contrôler les pièces quand elles s'animent, si ? Elle pourrait laisser un traceur, quelque chose qui la préviendrait et elle reprendrait le contrôle pour jouer. Et on reviendrait à une partie humain vs humain au final.

Il finit son thé, jetant un coup d'oeil rapide sur son propre jeu d'échecs sorcier. Même s'il l'avait amené avec lui en arrivant à Haveirson, ça faisait un bail qu'il n'y avait pas touché. Il considéra Clemens. S'il savait jouer, et il n'en doutait presque pas, il aimerait bien voir quel niveau il avait. Quinlan ne se considérait pas comme très bon, mais il n'était pas mauvais perdant. Au contraire, il aimait apprendre de ses erreurs. Quand il le pouvait… Certaines erreurs continuaient de le hanter sans qu'il sache comment s'en débarrasser.

Revenant au sujet qui les intéressait aujourd'hui, Quinlan demanda à Clemens de détailler un peu sa théorie de l'essence, même si elle était encore à l'état de brouillon.

— Je vois… Pour ce que je connais des loups-garous, la potion Tue-Loup permet de les garder lucides pendant leur transformation. On peut parler d'une influence sur leur essence, ou sur le processus métamorphique qui est sensé la transformer ?

Évidemment, n'ayant pas encore eu l'occasion de s'entretenir en privé avec son frère botaniste à propos de l'aconit napel, aussi appelée tue-loup, il ignorait certaines choses. Il s'en doutait, mais il avait aussi envie d'y croire. Cette potion rendait service à tellement de loups-garous dans le cachot que ce serait dommage d'y trouver des effets néfastes. Et pourtant. Si l'aconit napel était du même acabit que la letharia vulpina, ça craignait. La letharia vulpina tuait, point barre.

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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 17:03

Clemens secoua la tête, une lueur dépitée dans le regard. Il aurait aimé que ce fusse aléatoire, ça aurait fait de lui un bien meilleur sorcier encore. La métamorphose était un art bien trop précis et contrôler pour qu'on puisse se permettre d'y laisser une telle part de hasard. Toute la difficulté était de comprendre les ordres que l'on insufflait involontairement dans sa propre magie, afin de pouvoir invoquer les paramètres exacts que l'on souhaitait.

« Non, ce n'est pas aléatoire, et entre nous, c'est précisément le centre de mon problème. Il est possible de décider exactement ce qu'un objet va faire, comment il s'anime et si il se déplace ou non. C'est ma maîtrise qui manque encore un peu de finesse. Avec un chandelier, c'est assez facile, il a une forme relativement propice au déplacement, et il a le mérite d'être symétrique. Je pourrais envoyer une de ces tasses taquiner le Docteur, mais à cause de la anse, je ne suis pas certain qu'elle parviendrait jusque là. Parfois, je parviens à centrer mon sortilège pour qu'elle se trouve sur l'arrière, alors le déplacement s'effectue bien. Si elle se trouve sur le devant ou un côté, l'équilibre devient beaucoup plus problématique… »

Il leva sa tasse à la hauteur des yeux de Quinlan.

« Là, je tiens ma tasse dans le bon sens pour son utilisation classique. Mais ça ne correspond plus une fois qu'elle doit se déplacer. Tu vois le fond du problème… ? »

Profitant d'avoir la tasse en main, il entama enfin sa boisson et une expression ravie traversa furtivement son visage. La chaleur lui faisait du bien. Parler de ses recherches et de ses problèmes avait tendance à faire naître une certaine frustration chez lui. Et contrairement à ce qu'on aurait pu croire, l'atmosphère détendue et familière dans laquelle ils baignaient contribuait aussi à l'apaiser. La lueur gênée dans les yeux de Quinlan ne lui était pas passée inaperçue, et il n'y avait réagi qu'avec un hochement de tête entendu. Quand on était occupé par des recherches, le rangement n'était plus que les cadets des soucis. Sa propre chambre ressemblait plus à l'antre d'un sorcier fou, depuis le temps. Il se sentait donc un peu chez lui, dans cet appartement.

Clemens posa sa tasse et grogna doucement pour lui-même. Les questions du guérisseur était toujours plus fines et précises, et s'il continuait sur la même voie, l'étudiant allai devoir avouer ses limites. McGonagall avait toujours refusé de lui parler plus en détail de cet échiquier, prétextant qu'il s'agissait d'une demande de Dumbledore. Ce rejet l'agaçait au plus haut point et il essayait encore périodiquement d'obtenir des informations. Au bout d'un moment, elle allait bien finir par lâcher un détail qui le ferait avancer sur sa recherche. Peut-être devrait-il emporter un jeu d'échecs pour sa prochaine séance de travail avec elle… Non, ce serait une attaque frontale qu'elle ne tolérerait sûrement pas.

« Je ne sais pas jusqu'à quel point les pièces ont une liberté de choix. Je peux aussi m'imaginer que cela dépend de la compétence du sorcier qui lance le sortilège. »

Difficile de répondre à des questions à propos d'un sort que l'on ne maîtrisait pas soi-même. Clemens tapota un moment le bord de la table, agacé par ses propres limites, avant de répondre avec une certaine prudence.

« Je suppose qu'il n'est pas possible d'animer un objet en lui donnant une intelligence ou une logique supérieure à la notre. Après tout, un sortilège dépend toujours de son lanceur ; tous les sorciers maîtrisent un simple Expelliarmus, mais ils ne l'utilisent pas tous avec la même efficacité. Je pense que l'essentiel des sorts d'Animation confère à l'objet une série d'automatisme qu'il peut effectuer, ce qui reste donc assez éloigné de l'intelligence artificielle comme tu l'as décrit. Je ne savais pas que les moldus avaient été si loin, mais c'est intéressant. Peut-être qu'un sort d'une puissance très supérieure à la moyenne pourrait atteindre un tel résultat. Sinon… »


Il dirigea à nouveau son regard vers le chandelier et le cibla finalement avec sa baguette. Il l'attira vers la table, le fit s'immobiliser puis repartir dans l'autre sens droit vers le Docteur.

« On se trouve face à deux possibilités. Un large panel d'automatismes logiques, ou un déplacement aléatoire limité sur lequel on peut intervenir. Évidemment, la frontière entre les deux est un peu floue. Tu te souviens des armures qui se déplaçaient d'elles-mêmes, à Poudlard ? Sans les étudier de plus près, je ne saurais pas vraiment dire dans quelle catégorie les ranger. »

Ces cases et catégories, encore et toujours. Décidément, elles se retrouvaient partout et dans tous les cas, leur manque d'universalité ne se justifiait que par leur intérêt pratique. Son regard suivit celui de Quinlan vers le jeu d'échec. Il n'avait plus joué depuis un moment, et ce n'était pas l'activité qu'il préferait. Manque d'adrénaline. Cependant, la perspective d'un jeu quel qu'il soit éveilla automatiquement l'espièglerie dans ses yeux et un demi-sourire se dessina sur ses lèvres. Le moment était mal choisi, mais plus tard, peut-être.

La potion Tue-Loup… Le terme évoqua quelque chose dans son esprit. Neal ! Il lui avait parlé d'une plante au nom semblable durant leur entrevue sur les plantes métamorphiques quelques jours plus tôt. Clemens n'avait absolument aucune idée du lien qui unissait la potion et le végétal, mais le hasard semblait peu probable. Surtout quand il en venait à en parler avec les deux frères, dont les recherches semblaient toujours se recouper d'une manière ou d'une autre.

« Ton frère m'a parlé d'une plante au nom semblable. Si je me souviens bien de ce qu'il m'a dit, son effet serait très néfaste pour les loups-garous. Je suppose que c'est lié ? »

Son regard était simplement interrogateur. Il ne voulait rien affirmer au sujet d'un domaine qu'il était loin de maîtriser.

« Si on parle bien de la même chose… Alors je dirais que la plante, ou la potion, attaque directement l'essence du loup chez l'homme. Elle l'affaiblirait donc, ce qui aiderait l'humain à garder sa lucidité… Mais si, comme son nom l'indique, elle tue le loup, alors j'imagine que les deux essences sont mêlées. L'humain et l'animal étant si intrinsèquement liés que tuer l'un revient forcément à tuer l'autre. Si mon hypothèse est juste, ça rejoint la tienne. L'humain n'est pas malade il est différent… évolué, plus complet ? »


Clemens chercha l'approbation dans les yeux de Quinlan. Les idées du guérisseur avait certes fait leur chemin chez le jeune homme, mais il n'était pas encore sur de les comprendre dans toute leur ampleur. Néanmoins, il devait avouer que ces points de vue se recoupaient de manière bien trop parfaite pour que ce ne soit que le fruit du hasard.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 18:33

Merde, il n'aimait pas voir Clemens comme ça. Il lui posait des questions parce qu'il n'y connaissait rien, mais apparemment les réponses ne faisaient pas plaisir à l'étudiant, qui lui expliqua pourquoi. Ah, ça dépendait donc directement du talent et de la maîtrise du sorcier. Quinlan comprenait mieux, surtout quand Clemens brandit sa tasse pour illustrer son propos. C'était toujours mieux d'avoir quelque chose de visuel à quoi se raccrocher. Bref, sans le vouloir, Quinlan avait renvoyé Clemens à ses propres échecs. Bonjour frustration, ma vieille amie…

Il n'avait rien à répondre si ce n'est un 'je vois' plutôt inutile. Plutôt que de parler, il prit une gorgée de son thé en hochant la tête. Et en essayant de ne pas penser aux choses que Clemens pourrait enchanter s'il mettait un pied dans sa chambre. Non, il préféra enchaîner sur McGonagall et son jeu d'échecs : comment est-ce que ça pouvait fonctionner ? Évidemment, Clemens n'avait pas la réponse.

— Ça paraît évident qu'un sorcier moyen ne peut pas lancer des sorts géniaux mais… en combinant plusieurs ordres simples, on peut parvenir à des choses beaucoup plus complexes. En s'y mettant à plusieurs, peut-être ?

Si plusieurs personnes se combinaient pour lancer un sort, ou une série de sorts, peut-être que les sorciers arriveraient à créer une intelligence artificielle plus ou moins comparable à Deep Blue, l'ordinateur que Kasparov a battu ? Quant aux armures de Poudlard, Quinn ne savait qu'en penser. La question de Clemens était sûrement rhétorique, mais il y réfléchit tout de même. Pour lui, c'était quand même du gros aléatoire, avec le côté potato en moins.

Quinlan remarqua le petit regard en coin de Clemens quand ses yeux se posèrent sur le jeu d'échecs. Pas maintenant, mais sûrement une autre fois. Ça, ou autre chose, d'ailleurs. N'importe quoi, tant que le visage de Clemens s'illuminait comme il venait de le faire, même si ça n'avait duré qu'un instant.

Dans le fond de la pièce, le Docteur se retrouva nez à nez avec un chandelier animé qui venait le chercher. Ni une ni deux, il l'attaqua et se mit à essayer de le griffer. Joueur mais aussi un peu agressif quand il n'était pas d'humeur. Quinlan observa un moment la scène avec un petit sourire, avant de reprendre la conversation. Il évoqua les loups-garous et la potion Tue-Loup, qui semblait affecter leur essence. La réponse de Clemens, qui ne connaissait ce nom qu'en parlant de la plante, manqua de lui faire faire un arrêt cardiaque.

D'abord parce qu'il avait la confirmation que le tue-loup portait bien son nom. Et ensuite parce que Clemens et lui étaient encore une fois sur la même longueur d'ondes, et que la résonance devenait trop forte pour être ignorée.

Même s'ils étaient loin de prouver quoi que ce soit et que tout ça n'étaient que des suppositions, Clemens avait adopté son point de vue sans apparemment le trouver choquant ou absurde. Quinlan lui lança un regard plein de reconnaissance, heureux de ne plus être seul à penser que considérer les loups-garous comme des animaux était aussi faux que réducteur. Il en perdit ses mots, les cherchant désespérément. Son regard se posa alors sur l'ouvrage de Fumus Speculis, ou peu importe son nom, et il se souvint.

— Ça expliquerait beaucoup de choses. Le tue-loup, ou aconit napel est une plante qui est la base de la potion du même nom… Je suis tombé sur une mention de cette plante dans ce grimoire, mais je n'ai pas encore réussi à trouver le chapitre correspondant : tout est mélangé. Par contre, le grimoire renferme un sort qui n'en est pas vraiment un : le letharia vulpina. En latin, tue-renard. C'est aussi le nom d'une plante mortelle pour les loups, les renards et la plupart des mammifères. Le seul truc, c'est que je pense que le sort cible prioritairement les renards et les loups. Comment un sort peut-il cibler aussi précisément ? Si on se place dans la théorie de l'essence, ça veut bien dire qu'une essence animale existe chez l'humain lycanthrope, mais si le tue-loup tue aussi l'humain… À ton avis, est-ce possible d'avoir plusieurs essences ?

Quinn interrogeait directement le concept de Clemens, cherchant à voir où se situaient ses limites. Pour quelqu'un qui détestait les cases, il était du genre à chercher les frontières. Une essence hybride expliquerait pas mal de chose… même si l'hybridation était un terme abusif tant qu'il n'avait pas prouvé que l'humain et l'animal étaient fondamentalement différents.

Il finissait son thé quand un grand fracas retentit. Il sursauta et se retourna pour voir le Docteur sur une étagère, à faire tomber des livres. Blasé, il détourna le regard et le posa sur le grimoire qui préoccupait Clemens.

— Si on suit cette théorie, peut-être que le livre a lui aussi une essence un peu bizarre, hybride ? Comment être sûr…?

Cette dernière question avait été murmurée : ce n'en était pas une. Quinlan était persuadé que Clemens n'aurait pas de réponse, tout simplement parce que ses recherches venaient à peine de débuter. Ce genre de sujet, c'était le travail de toute une vie, peut-être plus, à moins d'avoir une révélation soudaine…
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptySam 13 Juin 2015 - 21:27

Son corps entier se figea, comme électrisé. Quinlan commençait à souligner beaucoup trop d'évidences auxquelles il aurait du penser lui-même. A nouveau, la proposition était aussi géniale qu'elle n'était probablement pas réalisable. Néanmoins, ce n'était qu'en essayant de la mettre en pratique qu'il n'aurait la réponse. Clemens leva les yeux vers le guérisseur, on regard brillait d'une intense lueur, ne laissant aucun doute sur l'effervescence qui troublait son intérieur.

Le professeur s'était décrit comme mauvais en la matière, mais on ne devenait pas médicomage sans un minimum de métamorphose. Même si les sorts d'Animation lui était hors de portée, il devait forcément connaître quelques bons sorts de Transfert qui ferait l'affaire pour un peu d'expérimentation. Après tout, si la théorie était bonne, elle devait être applicable à d'autres domaines. L'étudiant appuya sa tête contre sa main, tout en marmonnant pour lui même. Pouvait-on même imaginer deux types de métamorphoses différentes qui se combineraient ? Éventuellement un sort de Transfert lancé par Quinlan pour donner à un objet des capacités de déplacement particulières alors que lui contrôlerait le mouvement précis avec un sortilège d'Animation…

« Qu'est-ce que tu maîtrises, en métamorphose ? »

Il chercha le regard de son aîné, pour le trouver en pleine observation de son chat. Un combat épique entre l'objet et l'animal venait de s'engager, laissant ce pauvre Docteur probablement déboussolé par ce chandelier soudainement bien encombrant. Clemens ne put retenir un sourire, mais la scène lui fit réaliser que de telles expériences étaient probablement bien éloignées des préoccupations de Quinlan.

« Non c'est pas grave, je me suis emballé. Ce n'est pas le plus important pour le moment, et je doute que ça te fasse avancer toi, au final. »

Malgré la familiarité qui régnait sur leurs échanges, il continuait à avoir l'impression qu'une certaine inégalité planait. L'un restait le supérieur hiérarchique de l'autre, avec une expérience bien plus conséquente et des connaissances qui faisaient passer les recherches de l'étudiant pour presque risibles. Clemens appréciait d'autant plus leur partenariat, car il était une espèce de ressource inespérée pour lui… Mais pour la même raison, il s'empêchait de prendre le contrôle de la direction, de choisir sur quelles expériences ils se lanceraient en premier.

Et puis cette reconnaissance. Le regard de Quinlan était tout sauf équivoque, comme si la confirmation d'une hypothèse par un étudiant inculte en médicomagie la rendait soudainement inestimable. Il fut touché et rassuré à la fois, renforcé dans sa valeur qui avait été si lourdement mise à mal par son aîné et la pertinence de sa pensée. Clemens sourit, simplement, sans amusement ni espièglerie. Le Tue-Loup, c'est vrai. C'était ça, le sujet. Pour un peu, il l'en aurait oublié.

« Comment ça, un sort qui n'en est pas vraiment un ? Es-tu sur que c'est un sort bien installé et pas un effort de dériver l'effet de la plante en un sortilège ? »


Après tout, à force de remettre en cause ce qui se trouvaient dans leurs grimoires louches, ils pouvait bien commencer par là. Si son traité sur la métamorphose n'était pas un vrai livre, le sortilège décrit dans l'ouvrage de Quinlan pouvait très bien être un essai ou… autre chose. Quoi par contre, c'était un autre problème. Le reste, par contre, était uniquement de la spéculation et c'était presque encore pire.

« Si le sort cible l'essence, c'est cohérent qu'il soit aussi précis et n'affecte pas les humains. On a l'habitude des sorts à spectre variable dans la vie de tous les jours, mais beaucoup sont bien plus restrictifs. » Il marqua à nouveau une courte pause. « Je ne pense pas qu'on puisse avoir plusieurs essences, j'aurais plutôt dit qu'elles s'entremêlent. Du coup, tuer le loup revient automatiquement à tuer l'humain comme… un couple dont l'un des partenaires se suicident pour suivre l'autre dans la mort. »

La métaphore était un peu particulière, mais c'est le seul exemple qui lui était venu à l'esprit. Appuyé sur la table, le regard braqué dans celui de Quinlan, ces théories commençaient à prendre une forme qui lui plaisait beaucoup. Petit à petit, ça avait du sens.

« Et ce serait logique, si on revient aux Animagus. Ils ne sont ni entièrement humain, ni entièrement animal. Ils sont un peu les deux, mais aucun pleinement. A la différence des loups-garous, ils se transforment à volonté, mais comme eux, ils peuvent garder un contrôle humain sur leur forme animale. »


La question était de savoir si un Animagus pouvait en arriver à perdre le contrôle de sa conscience humaine et à se laisser submerger par les pulsions de sa forme animale. Soit seule l'apparence changeait et pas l'essence, soit les deux essences se mélangeaient et, en théorie, l'animal pouvait gagner sur l'humain. Surtout si la métamorphose était maintenue pour une très longue durée. Clemens fouailla dans ses cheveux, puis se laissa retomber en arrière dans son fauteuil.

« Évidement, il faudrait réussir à le prouver. Je ne suis même pas sur de ce que j'avance sur l'Animagisme, même si de prime abord ça me paraît logique. Mais si c'est vrai et si on le prouve, alors on en arrive à la conclusion simple que… les loups-garous ne sont en effet pas malades et donc, pas guérissables. Ce qui leur faut, c'est équilibrer le mélange des essences entre l'humain et l'animal. Le contrôle en somme. »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptyDim 14 Juin 2015 - 2:21

Apparemment, ce qu'avait dit Quinlan faisait son bonhomme de chemin dans la tête de Clemens, qui le surprit en lui demandant ce dont il était vraiment capable en métamorphose. La question le prit de cours, et il y songea un instant : des sorts de transfert, pour la plupart, destinés en priorité à défaire un autre sort. Il avait beaucoup appris sur le terrain, et il était conscient que certaines bases lui manquaient, ou qu'il ne les comprenait pas entièrement. Bref, s'il voulait expérimenter, pourquoi pas ? Mais Quinlan doutait de lui être d'une grande aide.

Et Clemens se ravisa. C'était étonnant. L'étudiant était toujours enthousiaste, parfois un peu trop, et c'est ça qui plaisait énormément à Quinlan. Ses questions à 10 000 gallions qui venaient perturber son cours, ou la faculté qu'il avait de se concentrer sur une question pour oublier tout le reste. Qu'il fasse marche arrière était inattendu.

— Comme tu veux. Mais ça ne me dérange pas de t'aider à expérimenter. Tu pourras avoir des données plus complètes, prenant en compte le 'sorcier moyen' évoqué plus tôt.

Il sourit, amusé de sa propre vanne. Il ne considérait pas les recherches de Clemens comme étant risibles ou négligeables, et ces séances de travail restaient un échange. S'il avait besoin d'aide pour lancer des sorts, alors il n'avait qu'à demander. Ce serait même plutôt intéressant de voir si c'était possible de faire quelque chose de sophistiqué avec comme matière première une patate en métamorphose.

Puis le sujet dériva sur les loups-garous, et sur la nature du changement qui s'était opéré en eux lors de leur morsure. La façon dont Clemens en parla suffit à rassurer Quinlan sur sa démarche. Peut-être n'était-ce qu'un étudiant qui n'y connaissait rien, ni en lycanthropie, ni en médicomagie, et alors ? Après avoir persévéré quasiment seul, entourés de gens qui balançaient des conneries plus grosses qu'eux en étant persuadés d'avoir raison, ça faisait du bien de trouver une oreille attentive et un esprit assez ouvert pour se remettre lui-même en cause. Quinlan n'aurait jamais songé qu'il était si las d'aller à contre-courant, pas avant que quelqu'un ne vienne l'épauler. Sans mauvais jeu de mots.

Il y eut un moment de flottement qui ne laissa personne indifférent. Ça devenait une constante avec eux, quelque chose qui revenait à intervalle régulier comme pour leur rappeler qu'il y avait quelque chose de plus quelque part. Soudain muet, Quinn reporta son attention sur son propre grimoire némésis, et repensa au tue-loup et surtout, à la letharia vulpina. Il fit par de sa découverte à Clemens, qui avança une théorie à laquelle Quinlan n'avait tout simplement jamais pensé.

— Ce serait possible de dériver l'effet d'une plante en sortilège ?

Il se sentait un peu con là. Moyen en botanique, mais très doué en sortilèges — surtout pour en inventer, en fait — l'idée ne lui était jamais passé par la tête. Mais sinon… oui, ça se tenait. C'était même diablement plausible. Quinn songea à d'autres plantes qui pourraient faire des sortilèges bien dégueulasses, et réprima un sourire. Tôt ou tard, il revenait toujours à la reine des abeilles et à son effet dévastateur sur l'épiderme. Un sort qui constellerait de trous la peau de sa victime ? Beurk.

Heureusement, pendant que son esprit vagabondait, Clemens enchaîna en tentant d'expliquer pourquoi tel sort ciblait certaines personnes et pas d'autres, et surtout comment. Son avis rejoignait celui de Quinlan, qui avait pensé à une essence hybride, modifiée, mais pas inhumaine pour autant. Alors forcément, cibler une partie de l'essence c'était aussi cibler l'autre. La métaphore était jolie, quoiqu'un peu glauque.

— C'est logique oui… Même si je n'avais pas imaginé un humain et sa part animale comme un mauvais remake de Roméo et Juliette.

Même s'il était bizarre et un peu gênant pour Quinn qui avait une acceptation plutôt originale de ce qu'était un couple, l'exemple était quand même parlant. Et la théorie derrière assez intéressante pour que Clemens fasse le parallèle avec les Animagus. Il fronça les sourcils, cela dit.

— Les loups-garous ont bien du mal à garder le contrôle, alors que pour un Animagus c'est presque sans effort. Peut-être parce que dans le premier cas, ça leur tombe dessus comme la misère sur les pauvres gens, alors que l'Animagus a dû travailler des années pour parvenir à ce résultat ?

Ça se tenait. Avoir le contrôle sur quelque chose qu'on désirait était forcément plus simple que d'essayer de dompter la bête sauvage qui cohabitait avec l'humain, chacun n'ayant pas vraiment envie de comprendre l'autre. La conclusion de Clemens était qu'ils tenaient peut-être une piste mais qu'il restait encore beaucoup de choses à prouver. Et puis, l'esprit scientifique de Quinlan se rappelait à lui en lui disant qu'ils avaient peut-être faux sur toute la ligne… Non, il ne fallait pas partir défaitiste. Le guérisseur se caressa la barbe distraitement, essayant de ne céder ni à l'euphorie ni au pessimisme qui se faisaient la guerre dans sa tête.

— Ok donc on a au moins une piste intéressante à suivre, celle de ta théorie de l'essence. Je doute qu'on arrive un jour à prouver son existence ou non, mais c'est un prédicat plutôt pratique pour nos recherches.

Le flot de ses paroles fut interrompu par un véritable cri de guerre du Docteur, qui se jeta sur le pauvre chandelier. La scène fit sourire Quinlan, qui se tourna de nouveau vers Clemens :

— J'aimerais bien savoir ce dont ce chat serait capable s'il avait un ennemi un peu plus logique et réactif face à lui.

Le grand gamin joueur qu'était Quinn transparut derrière le guérisseur sérieux et focalisé sur ses travaux.

— Tout ça pour dire que si tu as besoin de moi pour expérimenter, y'a pas de problème. Au moins tu as de la chance de pouvoir le faire, moi, vu le sujet et vu la gueule des sorts… Je sens que je vais me contenter de la théorie pendant encore un moment !

Soudain plus à l'aise, Quinlan chercha du regard les prunelles bleues de Clemens, et s'y noya un instant, avant de s'égarer sur le combat épique Docteur vs Chandelier.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptyDim 14 Juin 2015 - 8:53

On en revenait aux piques. Clemens sourit, mais un coin de son esprit se demanda si Quinlan était rancunier. Il semblait avoir le don de relever des morceaux de conversations avec un temps de retard, avec une espèce de sous-entendu 'T'as vu, j'ai remarqué, même si je fais comme s'il n'en était rien'. Il était plutôt amusé par cet humour un brin décalé, discret qui leur permettait de se charrier à mots voilés, sans qu'un public n'y remarque quoi qu ce soit. Cependant, ce coin de son esprit se demandait aussi ce qu'il se passerait s'il en arrivait à vexer le guérisseur. L'atteindre une fois, vraiment, même sans le vouloir. Quelque chose lui disait qu'il en garderait un souvenir cuisant.

Plus que tout néanmoins, il appréciait cette mise à disposition. C'était la confirmation qu'il pouvait demander de l'assistance de manière frontale. Tout autant que la hiérarchie latente qui traînait entre eux, sa fierté l'empêchait aussi de quémander de l'aide. Quémander. C'était ridicule. Tout le monde pouvait avoir besoin d'un partenaire et d'une épaule sur laquelle s'appuyer de temps en temps. Il le savait, au fond de lui-même, sans pouvoir s'empêcher de le percevoir comme une échec, un aveu de faiblesse. Entendre cette petite voix dans sa tête suffisait déjà à le torturer et à le replonger dans un passif douloureux, dans tous les sens du terme. Comme quoi, la confiance pleine et entière ne se gagnait tout de même pas en une nuit. De toute façon, il lui fallait une idée d'expérimentation avant de pouvoir demander quoi que ce soit.

Pour le moment, la réflexion la plus intéressante était centrée sur le Tue-Loup et son effet sur les loups-garous. Clemens pivota dans le fauteuil pour s'appuyer contre l'accoudoir, faisant ainsi face à la pièce, signe d'une excitation latente, mais grandissante, chez le jeune homme. Il ne parvenait pas à travailler de manière lucide tout en restant immobile. D'ailleurs, c'était quelque chose qu'il devait impérativement apprendre à contenir. Pour celui qui l'avait observé assez longtemps, l'étudiant était aussi lisible qu'une introduction aux sortilèges. Pendant un instant, ses pensées dérivèrent sur Rowan et sa maîtrise de lui inébranlable, avant de se tourner à nouveau vers Quinlan. L'Allemand pivota à nouveau pour s'appuyer sur la table.

« Pourquoi pas ? C'est une inspiration comme une autre. Si on peut créer un sort à partir de rien, pourquoi pas en imitant l'effet d'une plante ? L'auteur de ton grimoire a peut-être essayé d'imiter ou de se rapprocher de l'effet de la Letharia avec un sortilège qui serait donc plus efficace… J'imagine que son ambition n'était pas de guérir les lycanthropes avec une idée pareille. La logique est brutale, mais indéniable. »

Clemens dut retenir un rire. D'accord, la métaphore était moisie, mais ça permettait de rapidement visualiser le concept. Sa façon de travailler était visuelle et pratique, il aimait l'action et le concret, ce genre d'images était assez courant dans ses réflexions. Au fond, rien qu'avec ça, ses notes devaient sembler bien peu compréhensibles au tout-venant. Il n'était pas rare qu'il décrive une image qui lui avait provoqué une association d'idées, plutôt que l'association d'idées elle-même. La réflexion était bien plus important que le résultat, surtout quand on ne pouvait pas le vérifier… Et ça, ça lui arrivait plutôt souvent.

« Je ne sais pas si le contrôle de la forme animale est inné et sans effort pour un Animagus, j'espère pouvoir te dire ça un jour… Mais le temps qu'un sorcier passe pour atteindre ce but et la profonde compréhension qu'il doit avoir de sa propre métamorphose aide probablement à régler le problème, en effet. Sans compter que le loup-garou ne se transforme pas seulement en loup, mais a une série de pulsions particulières et très dirigées. J'ose imaginer que même si un Animagus cédait au pulsion du chat qui l'incarne… ça ne serait pas si voyant. »


A défaut de tout pouvoir prouver, c'était une série de spéculations logiques. Encore un avantage à travailler avec un partenaire, le fait d'étaler un cheminent au grand jour permettait d'y trouver plus aisément des défauts. Si deux (presque-)spécialistes de matières différentes étaient convaincus par la conclusion, les chances étaient raisonnablement hautes qu'ils ne soient pas loin de la vérité. Ca, c'était du moins si on restait optimiste. Clemens l'était sans conteste ; le sourire brillant sur son visage et la lueur qui dansait dans ses yeux ne pouvait laisser aucun doute là dessus.

« Prouver son existence peut-être pas, mais prouver ses conséquences... »

Il n'eut pas le temps d'arriver à la fin de son idée, qu'un feulement du Docteur le fit sursauter. Ces bestioles étaient décidément imprévisibles et la présence de deux étrangers dans son domaine rendait le chat peu à peu agressif. L'étudiant agita sa baguette et releva le chandelier qui venait de choir, sous le chat frustré du félin qui pensait avoir vaincu. Un coup d’œil à Quinlan suffit à leur faire partager l'amusement quant à cette scène. Peut-être était-ce le moment d'expérimenter après tout ? La perspective d'offrir une nouvelle proie au Maine Coon éveillait son esprit joueur. Le commentaire du guérisseur le fit éclater de rire avant même qu'il n'eut pu proposer son idée.

« Ah bon ? J'étais persuadé que tu enfermais les élèves inactifs à ton cours dans les sous-sol pour pouvoir les utiliser comme cobayes ensuite. Tu vois, histoire de les motiver un peu. Triture toi le cerveau sinon je le fais moi-même, un truc du genre. »

Son ironie était automatiquement démentie par le regard joyeux qu'il lança au guérisseur. Quelle drôle de compagnie, mine de rien. Depuis qu'il était arrivé dans cet appartement, il ne cessait de passer par divers ascenseurs émotionnels entre le doute et la complicité. Cherchant à nouveau à chasser le trouble qui naissait en lui à cette perspective, Clemens se leva et laissa son regard vadrouiller autour de lui.

« Je n'ai aucune idée de comment pourrait fonctionner un sortilège commun. La seule expérience qui me vient à l'esprit pour le moment en prenant ton chat pour cobaye, serait de lui fournir un adversaire volant. Tu t'occupes de fournir des ailes à un objet, et je m'occupe du mouvement. Je tenterais volontiers une animation plus autonome, mais mes résultats à ce niveau sont encore un peu aléatoire. »

L'Allemand attendit l'avis de son partenaire, planté en face de lui. L'enthousiasme qu'il avait réussi à refréner plus tôt avait repris toute sa liberté après les quelques mots encourageants de Quinlan. Ses yeux bleus brillaient dans l'attente d'un signe de tête, d'une acceptation quelconque, avant de libérer ses réflexes et de mettre l'appartement sans dessus-dessous. Si du moins, c'était encore possible.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptyDim 14 Juin 2015 - 11:53


Oh mais la pique n'était pas voulue, ce n'était que la vérité sous couvert d'un peu d'auto-dérision. Quinlan avait une dent contre la métamorphose, voire même un râtelier complet. Peut-être que Clemens allait pouvoir l'éclairer sur des choses que McGonagall n'avait jamais su lui expliquer correctement ? Peut-être.

En attendant, ils continuèrent à parler du tue-loup, et par extension de la letharia vulpina. Apparemment, le sort du même nom était dérivé de la plante, chose que Quinlan trouvait plutôt étonnante. À vrai dire, il n'avait pas voulu dire qu'il s'étonnait que quelqu'un ait imité la plante, mais plutôt de savoir comment il avait réussi son coup. Il n'était pas mauvais en sortilèges, loin de là, mais pour créer un sort aussi complexe juste pour buter des loups et des renards, il fallait sacrément leur en vouloir.

— Non effectivement… Je suis en train de me demander si je ne suis pas tombé sur un grimoire d'ordinaire réservé aux loups-garous eux-mêmes. Parce que pour cibler aussi précisément l'essence animale, il faut pouvoir la comprendre… Et qui de mieux placé qu'un loup-garou pour ça ?

C'était une réflexion à haute voix plutôt qu'autre chose, mais Quinn trouvait que son idée n'était pas si farfelue. De Simplex Magicae était peut-être une arme de destruction massive créée au coeur d'une guerre civile lycane. On pouvait tout imaginer : l'ouvrage était ancien, difficile à dater, anonyme et écrit en latin. Bonjour la source cheloue.

Avec un soupir, il s'affala un peu plus dans son fauteuil, et finit son thé devenu froid. Le contrôle. Était-il seulement possible pour un loup-garou de l'acquérir sans aide médicinale ? Quinn en doutait toujours un peu. Sinon, pourquoi inventer le Tue-loup ? Ou alors, cela relevait plutôt de la psychomagie : Quinlan se mit un instant à la place d'un loup-garou, si tant est que ce soit seulement possible. Chaque mois, pendant une nuit, voire deux ou trois pour les plus sensibles, le loup prend possession du corps de l'humain. D'après ce qu'il en savait, les instincts étaient animaux, mais beaucoup plus agressifs. Comment quelqu'un vivant ça régulièrement pouvait gérer sa vie de tous les jours sans appréhender le moment où il devrait laisser sa bête prendre les rênes ? Comment ne pas succomber à la peur que cela pouvait induire ? Sans oublier la peur de transmettre la 'maladie', la peur du jugement, la peur d'être découvert, la peur d'être attaqué, blessé, tué… Comment espérer acquérir un quelconque contrôle quand l'esprit est à ce point mis à mal ? Quinlan ne pensait pas sérieusement qu'une thérapie suffirait à régler le problème, mais il était convaincu qu'une aide d'ordre psychologique était nécessaire. Le trauma devait être d'une violence inouïe, encore plus si le sujet blessait ou tuait quelqu'un sous sa forme animale. Sans oublier la façon dont il avait été transformé… Bref. La vie d'un loup-garou était totalement merdique et mettait les nerfs à rude épreuve. S'il était possible de rester lucide en gardant le contrôle sur la bête, il était peu probable d'arriver à un tel contrôle compte tenu des circonstances.

Enfin, Quinlan s'éloignait un peu du sujet là. Il revint donc en concluant que la théorie des essences pourrait être une base plus que viable pour leurs recherches. Un cadre théorique difficilement démontrable en soi, mais après tout, les mathématiques euclidiennes étaient bien basées sur des principes indémontrables. Clemens et Quinlan n'avaient qu'à utiliser l'essence comme axiome et baser tout le reste là-dessus, quitte à devoir construire sur du vent.

Le Docteur se rappela à eux en tentant une nouvelle attaque sur le chandelier fou, chose qui fit sourire Quinlan. Ce dernier réitéra sa proposition à Clemens, en soulignant que lui ne pouvait pas expérimenter de toute façon.

— Il faudrait que je les transforme en loups-garous d'abord, et j'ai un peu la flemme.

Il ne put s'empêcher de rire à son tour, et d'ajouter dans le même temps.

— Et puis c'est plutôt les étudiants qui posent des questions chiantes que j'ai envie de ligoter dans un coin pour leur triturer le cerveau. Seulement j'ai des principes : je ne ligote que les personnes consentantes.

Ses yeux verts — ou noisette selon le point de vue — se plantèrent de nouveau dans ceux de Clemens, son visage soudain éclairé d'un sourire aux reflets bien particuliers. Une ombre fugace, une lueur espiègle, et puis plus rien. Quinn reprit son sérieux, et empoigna sa baguette. Il voyait bien que Clemens était du genre à avoir besoin de faire pour apprendre : il ne tenait pas en place, et ses yeux brillaient déjà. Quinlan songea, presque avec étonnement, s'il n'avait pas une forme de trouble du déficit de l'attention, ou s'il était juste très enthousiaste.

Bon bref, il leur fallait un objet à enchanter. Quinlan regarda autour de lui, et jeta son dévolu sur un  vieux casse-tête en bois qui traînait par terre. Il aimait le triturer quand il réfléchissait sur les problèmes qu'il rencontrait dans ses recherches, si bien qu'il n'avait jamais vraiment cherché à le résoudre. Bref, ça ferait l'affaire.

Lui donner des ailes hein ? Bon, allez, tu peux le faire Quinlan. Il posa le casse-tête sur la table, et regarda Clemens, dubitatif. Tout sourire avait disparu : il était concentré. Sa baguette en main, il prononça l'incantation en espérant que ça fonctionnera.

Ouais euh. Moyen. Le pauvre casse-tête avait bien deux ailes, mais l'une était plus petite que l'autre, et il leur manquait pas mal de plumes. C'était pitoyable. Quinlan eut un petit rire mi-amusé mi-gêné :

— Je t'avais prévenu…
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptyDim 14 Juin 2015 - 13:29

Un grimoire directement destiné aux loups-garous eux-même ? C'était une idée pertinente également. Les chercheurs avaient tendance à écrire pour eux-même, concilier leurs notes et tout publier à la fin. Neal lui avait fait part de cette perspective et c'était plutôt logique, au final. A moins d'écrire un livre destiné à l'enseignement, la littérature usuelle ne le devenait un peu que par hasard. A en oublier que l'auteur pouvait penser à un public particulier et chercher à écrire pour que son œuvre soit compréhensible par ce groupe là uniquement. Le grimoire sur lequel Quinlan travaillait n'offrait peut-être tous ses secrets que sous une vision lycanthropique ou du moins, pour quelqu'un qui les avait côtoyé d'assez près pour suivre leur fil de pensée. C'était peut-être un peu tiré par les cheveux, mais somme toute, pas complètement impossible.

« C'est sensé, et sans les connaissances et la perspective du loup-garou, certaines informations restent comme codées. Les éléments qui t'échappent se relient peut-être grâce à une culture commune des loups-garous qui éclaire l'association d'idées, sans devoir être couchées sur le papier. Tu sais si des communautés, des meutes au sens propre du terme ont existé par le passé ? L'information qu'il te manque est peut-être très éloignée du sujet initial, à première vue. »


Clemens interrogea Quinlan du regard. Il s'était un peu intéressé aux loups-garous, mais essentiellement en ce qui concernait le processus de métamorphose dont ils étaient victimes. Il ne connaissait ni leur histoire, ni leur façon de vivre au quotidien. Maintenant que le sujet revenait sur le tapis, c'était néanmoins un domaine qu'il gratterait un peu à l'occasion. S'il devait trouver un inconvénient à partager ses recherches avec quelqu'un, c'était ça. Découvrir de nouvelles questions de recherche, certes éloignées de la sienne propre, mais qui valait tout de même qu'on s'y penche. Un sourire illumina son visage. Il n'était pas près de s'ennuyer dans cette académie, et l'idée lui plaisait assez.

Ses yeux bleus restèrent fixés sur le guérisseur. Il semblait avoir un débat intérieur avec lui-même, trahit uniquement par de faibles changements dans son regard ou son expression. Ca avait un côté fascinant de le voir passer d'une idée à l'autre, d'une attitude à l'autre avec un calme olympien. Sauf la nuit dernière. Clemens se remémora ce court instant où Quinlan avait lâché toutes ses barrières, révélé sa frustration et son dégoût de la réalité. Une certaine faiblesse, aussi. Il pouvait être atteint, il était faillible, comme tout le monde. Même si sa brèche à lui n'était pas là où on pouvait l'attendre : dans les conventions, lui qui semblaient les rejeter entièrement. Une sorte d'affection trouble naquit chez l'étudiant. Peu importait à quel point on essayait de construire des barrières entre soi et le monde, on ne pouvait se protéger entièrement. Il pensa un instant à sa propre famille et les règles qu'ils avaient du établir, enchaînant leur quotidien, détruisant toute spontanéité. Qu'est-ce que c'était, si ce n'était une peur du rejet, du jugement, pour eux qui se prétendaient affranchis ?

L'humour chassa ses pensées pessimistes. Sa pique avait fait réagir le guérisseur de manière plutôt attendue, et il en aurait ri, si l'expression de Quinlan ne l'avait pas surpris. Cette ambiguïté lui rappela leur étrange complicité aux Trois Balais. Clemens y avait joué sans honte et sans retenue, amusé par les sous-entendus. Dans ce genre d'atmosphère, il ne pouvait s'empêcher de mordre à l'hameçon, de provoquer un peu et de chercher les limites. Là, dans leur atmosphère de travail, il se retrouva tiraillé entre deux attitudes. Courageux, il fuit le regard de Quinlan sous couvert de jeter un œil à l'appartement. Pour la première fois, lui qui était si habitué au bordel qu'il ne remarquait même plus celui des autres, son regard fut attiré par la porte ouverte sur l'intimité de son aîné. Le lit, défait et recouvert d'objets divers, les vêtements abandonnés là, les… L'Allemand haussa les sourcils, avant de se tourner vers le guérisseur. Finalement, il se retrouva une contenance et sourit.

Suffit. Ils avaient une expérimentation à mener. Clemens observa l'objet choisi par son partenaire avec une expression à la fois surprise et ravie. Déjà, parce que c'était un casse-tête et qu'il était irrémédiablement attiré par ce genre d'objets. Le fait de le triturer pendant une expérience ajoutait encore de l'intérêt à leur affaire et il en vint même à se demander si ce ne serait pas une excellente cible pour un sortilège d'Animation. Après tout, quoi de mieux pour travailler sa finesse que d'essayer d'imiter la précision de la main humaine ? En plus de ça, coupler l'intérêt du travail avec celui de jeu pourrait bien contribuer à augmenter ses capacités de concentration. Il n'y aurait pas pensé, mais la piste valait la peine d'être creusée. Le jeu, encore et toujours, son vieil ami. Son addiction silencieuse.

« Tant que ça vole, ça fera l'affaire pour le moment. Il ne fera juste pas trop le poids contre l'agilité du Docteur, mais ça contribuera peut-être à sa bonne humeur. »

Le taux de réussite de la métamorphose lui était un peu égal, en réalité. Le casse-tête battait des ailes avec une espèce de frustration tout en restant sur place, c'était un bon départ pour son propre sortilège. Clemens se concentra sur sa cible, sans trop savoir comment s'y prendre pour l'influencer sans annuler le sort de son prédécesseur, ni perdre purement et simplement le contrôle. Il pointa sa baguette et exagéra presque l'incantation de son sort. D'abord le mouvement de base, ensuite le contrôle, ensuite l'aléatoire…

Sous ses yeux presque ébahis, le casse-tête commença à voleter au dessus de la table avec autant d'aisance que ses ailes mal-formées le lui permettait. L'étudiant dirigea ensuite le vol au dessus de la tête du Docteur qui observa cette nouvelle proie avec un air d'abord mauvais et résigné, avant de se laisser déborder par ses instincts et se lever sur ses pattes arrières pour atteindre ce drôle d'oiseau. Lentement, Clemens abaissa sa baguette, laissant libre cours au sort, tandis que le casse-tête entamait une série de mouvement aléatoire dans la pièce, suivit des yeux par le chat, passablement frustré par la prise de hauteur.

« Ne me demande pas exactement comment ça a marché, mais de toute évidence, il est possible d'affecter un même objet par différentes métamorphoses successives sans qu'elles ne s'annulent. L'effet ne durera sans doute pas longtemps mais… ce n'est pas si important. »

Il revint s'asseoir face à Quinlan, visiblement plus calme malgré son esprit en ébullition. Toute une nouvelle série de perspectives s'ouvraient devant eux. Clemens sourit doucement, puis finit son thé, abandonné depuis un moment. Dans le mouvement, son regard tomba sur les deux grimoires jusqu'ici délaissés. Un doute, ou une idée, il ne savait pas encore très bien, émergea hors des réflexions qu'ils avaient déjà eues.

« Quel est le titre de ton livre ? »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires EmptyDim 14 Juin 2015 - 14:10

La réflexion à haute voix de Quinlan ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd : c'était aussi pour ça que c'était si agréable de travailler avec quelqu'un. Clemens rebondit sur l'hypothèse d'un livre rédigé par un loup-garou pour les loups-garous, ce qui impliquerait sûrement qu'un code manquait à Quinn… simplement parce qu'il n'en était pas un. À vrai dire, il ne s'était jamais vraiment penché sur le mode de pensée des loups-garous, parce qu'il avait balayé cette notion d'un revers de la main. Les loups-garous étaient humains, point. Ils n'avaient pas vraiment une façon de penser différente, pour lui. Mais peut-être avait-il tort. Après tout, qu'est-ce qu'il en savait ? Il s'était seulement entretenu anonymement avec l'un d'entre eux, qui vivait en dehors d'une communauté lycane qu'on aurait pu, abusivement, appeler meute. Quinlan fronça les sourcils.

— Je ne me suis jamais posé la question. L'aspect sociologique ne m'a pas spécialement frappé et je ne pense pas que les loups-garous actuels vivent en meute. Mais dans le fond, je ne sais pas.

Ça faisait du bien de l'admettre. Ça lui donnait un objectif, une piste à creuser, d'autant plus que son livre n'était de toute façon pas quelque chose de récent : même si les loups-garous ne vivaient plus en meutes de nos jours, rien ne disait qu'ils ne l'avaient pas fait dans le passé. Il le nota rapidement sur un bout de parchemin qu'il coinça dans son grimoire de recherches.

Alors qu'ils parvenaient doucement à une première conclusion, celle de rester sur l'axiome 'essence', qu'on appelerait peut-être la théorie de Neubach — soyons fous ! — l'atmosphère se fit plus légère, plus propice aux plaisanteries. Mais peut-être pas toutes, vu la réaction de Clemens à celle de Quinlan. Il détourna le regard, laissant la blague vaseuse du guérisseur mourir dans le vide. Son appartement n'était pas les Trois Balais ou le Dark Night, et ce qu'il s'était passé cette nuit, ce qui s'était dit, avait sûrement changé la donne. Quinn baissa les yeux, ne les relevant que pour constater que… oh par Merlin, non… Il devrait vraiment, vraiment, faire le ménage un jour. Surtout dans sa chambre. Se produit alors quelque chose qui n'arrive que de façon extrêmement rare : Quinlan sentit le rouge lui monter aux joues et chauffer ses oreilles. Il déglutit, espérant que Clemens ne fera aucun commentaire. Et puis, détournant le regard vers le Docteur, il murmure.

— Désolé…

Il l'avait mis mal à l'aise de façon involontaire, et il détestait ça. Heureusement, tous deux se concentrèrent de nouveau sur le travail. C'était pour ça qu'ils étaient là, non ? Le TRAVAIL. Ouais ouais.

L'objectif, c'était de voir si deux sorts pouvaient se combiner sur un même objet, histoire de faire du complexe à partir du simple. Hypothèse basique, qu'ils mirent en pratique sur un casse-tête en bois. Ce dernier fut doté d'ailes — un peu pourries, comme Quinlan — et Clemens ajouta un autre sort pour l'animer, quelque chose de plus complexe. Le casse-tête alla directement taquiner le Docteur qui l'accueillit plutôt froidement. Sans s'en rendre compte, Quinn souriait. Il n'était pas fier de son sort, mais combiné avec celui de quelqu'un de plus doué, il pouvait arriver à quelque chose. Il en oublia presque d'écouter Clemens qui exposa sa conclusion.

— Mais c'est possible quand même. Qui sait ce que peut accomplir une assemblée de mages, dans ces conditions ? Reste à savoir s'il y a une limite, cela dit.

Ce serait très dur à prouver : il faudrait faire tester les métamorphoses multiples par de nombreux sorciers pour essayer d'arriver à une moyenne, et même comme ça, on n'aurait jamais la certitude d'avoir affaire à une limite absolue. Mais les sorts avaient fonctionnés, et ça, c'était cool.

Quinn regarda un moment le Docteur et le casse-tête qui le rendait chèvre, essayant de ne pas penser à l'énorme bourde qu'il avait fait quelques minutes plus tôt. Il attendit que Clemens reprenne la parole, ce que l'étudiant fit rapidement. Une question, bête en apparence, mais qui fit sourire Quinlan.

De Simplex Magicae, mais c'est un titre qui ne veut rien dire. La traduction latine de l'auteur c'est 'Fumée et Miroirs' alors… Non, je pense que c'est un 'miroir' : le sous-titre est le titre, et le titre, le véritable sous-titre. Ça nous donnerait : Dominus, Servus, Solus: De Simplex Magicae. Traduction : Maître, Esclave, Ermite: de la Magie Simple.

Il marqua une pause, avant de donner sa propre interprétation.

— Je ne sais pas exactement ce que ça peut vouloir dire, mais ça ressemble à un manuel. Du style Sortilèges niveau 1. Enfin, je ne sais pas ce que tu en penses… Pareil pour le titre. Je n'ai aucune idée de ce à quoi ça peut faire référence.

Sûrement un truc de loups-garous, si ce grimoire avait bien été écrit par l'un d'eux. Pas étonnant que Quinlan avait l'impression de faire du sur place !
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