-11%
Le deal à ne pas rater :
Smartphone 6.36 ” Xiaomi 14 (12 Go / 256 Go
641 € 719 €
Voir le deal

 

 Saloperies de Grimoires

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9  Suivant
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 15:11

« Oui… Il faudrait beaucoup d'autres expériences pour comprendre mieux le fonctionnement exact et les différentes possibilités. Ce n'est sans doute pas la priorité pour le moment, mais c'est toujours bon à savoir et à garder sous le coude. Ca pourrait toujours nous être utile pour plus tard. »

Son regard flotta un instant sur Quinlan. Sa révélation en ce qui concernait l'humanité des loups-garous était une modification encore fort récente de son mode de pensée. Il craignait d'avoir manqué de tact dans sa réponse, faisant apparaître à nouveau des stéréotypes profondément ancrés qui ne s'était pas effacés la nuit dernière. Clemens restait convaincu par le fond de son idée, choisir les mots pour l'exprimer était cependant plus délicat. Sans vouloir faire des lycans un groupe complètement à part, si différentes communautés humaines avaient des cultures et réflexes différents, pourquoi serait-ce différent des loups-garous ? S'ils étaient parvenus, maintenant ou à un autre moment de l'Histoire à se rassembler, ils avaient forcément dû créer un sentiment d'appartenance d'une manière ou d'une autre. Et quel meilleur indice donner pour y faire référence, que le fait directement dans le titre du grimoire ?

L'Allemand hocha la tête pour lui-même. Même s'il n'avait aucune idée de ce que cet indice pourrait être, ça fournissait une nouvelle piste de recherche. Mieux valait se lancer sur une hypothèse qui se révélerait fumeuse plutôt que de rester immobile avec sa frustration. Cette perspective plus positive jouait sur sa détente et ses pensées vagabondèrent ailleurs, pendant un instant, oubliant déjà la question qu'il venait de poser. En soi, c'était une bonne chose, car même s'ils étaient en premier lieu partenaires de travail, une bonne entente ne pouvait qu'être bénéfique à leur productivité. Alors certes, Clemens avait été surpris mais qui était-il pour juger de l'intimité de Quinlan ? Étonnamment, leur échange de regard avait semblé mettre son professeur bien plus mal à l'aise que lui ne l'avait été, l'espace d'une seconde, et l'avait laissé interloqué.

« Je ne vois pas de quoi tu devrais être désolé, Quinlan. »

La voix était douce, pour un peu, il lui aurait posé une main sur l'épaule et aurait ri. Sans savoir comment le geste allait être accueillit, il ne se permis pas de le faire. Sa réputation à Poudlard avait fait de lui un coureur et il ne l'avait jamais vraiment démentie, se servant de ça pour protéger ses relations importantes. Au fond, seule Isolde savait quelles expériences il avait faites, mais se prétendre être quelqu'un d'autre lui avait bien valu de rentrer dans le jeu des autres, parfois. Clemens réalisa un peu tard que son esprit avait – encore ! - sauté d'une idée à l'autre annihilant déjà la précédente. Son regard s'agrandit légèrement alors qu'il cherchait des traces de la réponse fournie par le guérisseur, écoutée avec une seule oreille.

Il se passa une main dans les cheveux et força sa concentration sur leur sujet. Quitte à parler à voix haute, au moins, ça empêcherait son esprit vagabond de dévier sans même qu'il ne le remarque.

« Maître, Esclave, Ermite… Là spontanément, ça m'évoque des rôles dans la société antique. Comme une sorte d'organisation. Ce que ça vient faire avec la magie simple, par contre, ça ne me saute pas vraiment aux yeux. »

L'Allemand fit une pause, se mordilla l'intérieur de la lèvre, alors qu'il essayait de comprendre comment les deux pouvaient être liés.

« Ou alors une espèce de traité d'asservissement ? Ça contrecarrerait l'hypothèse d'un grimoire écrit par un loup-garou, pour des loups-garous par contre… Ce qui ne nous avance pas plus. Et ça ne nous dit pas non plus ce que la fumée vient faire là-dedans. »

Clemens releva les yeux, visiblement agacé de ne pas réussir à formuler une théorie qui le convainque lui-même. Il se replongea dans leur cheminement de pensée depuis la nuit dernière, les essences, la façon d'influencer le monde autour de soi… faire ses preuves ? L'étudiant exposa son idée avec précaution.

« Bon, ça va sans doute te sembler tiré par les cheveux mais… Et si ça faisait référence à une magie particulière, utilisée par les loups-garous uniquement ? Comme les gobelins et les elfes de maison ont la leur. Si l'ermite est la connaissance qui amène un équilibre entre le maître et l'esclave, les deux faces du lycan ? Dans l'idée du manuel, ça pourrait être une sorte de guide pour découvrir et maîtriser de nouvelles capacités. »

Clemens grimaça légèrement. Ce n'était toujours pas convaincant, mais au point où ils en étaient...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 16:00

Le guérisseur était loin de prendre la remarque sur les meutes comme quelque chose d'offensant : après tout, c'était logique que certains groupes se forment. Il voyait les loups-garous comme un peuple à part entière, susceptible comme n'importe quel autre groupe de développer une culture propre, avec ses codes. Si c'était le cas, le plus difficile serait de les observer et de les étudier, sans les mettre ni se mettre en danger. Autant dire que c'était franchement pas gagné.

Quinlan passa d'un problème à un autre : sa gêne avait été bien évidemment remarquée de Clemens, tout comme ses joues exceptionnellement roses. Il murmura une excuse, qui fut écartée d'une voix douce par l'étudiant. Il avait une façon de prononcer son nom qui résonnait étrangement dans sa tête. Des images lui apparurent alors et même si elles ne venaient pas vraiment de nulle part, elles étaient plus gênantes qu'autre chose. Il les chassa d'un revers de la main mental, et se concentra sur la question que venait de lui poser Clemens. Il avait une faculté impressionnante pour passer du coq à l'âne, et franchement sur ce coup ce n'était pas un défaut.

— Je pense que 'magie simple' est vraiment à prendre au sens de 'niveau débutant'. Je suis persuadé qu'on peut trouver d'autres grimoires à propos de choses plus complexes. Même si franchement, je n'en ai pas vraiment envie : les sorts de ce livre sont déjà plutôt gratinés, d'après ce que j'en ai compris !

Il y en avait déjà un qui butait les loups, et ce n'était que le niveau débutant…? Quinn n'imaginait même pas le niveau expert. L'analyse de Clemens à propos de la société antique était tout à fait juste, et Quinn s'en voulut de ne pas y avoir pensé plus tôt. Le livre était manifestement ancien, et rédigé en latin : ce ne serait pas étonnant.

La fumée… Si le miroir c'était le titre et le sous-titre, où était la fumée ? Quinn se pencha sur le problème, se grattant distraitement la barbe. Et si…

— Magie simple. Sauf que ce n'est pas simple, pas du tout… Ce serait ça, la fumée ? Dire que c'est le manuel pour débutants alors qu'on a un niveau expert sous les yeux ?

Hyper capillotracté mais pourquoi pas ? Qui sait jusqu'où pouvait aller un sorcier bien décidé à coder son savoir pour ne permettre sa transmission qu'aux gens qu'il estimerait digne !? Quinlan pensait que ça pouvait vraiment tenir la route. Encore une fois, il griffonna nerveusement son parchemin : il devait tout noter, sinon il oublierait. Il se connaissait : la mémoire, si ce n'était pas du par coeur ou du réflexe lié à la médecine, n'était vraiment pas son point fort. La preuve, il était toujours incapable de se souvenir du nom de ses étudiants. Enfin, de la plupart d'entre eux.

Bon. Restait à savoir ce que voulait dire le véritable titre, si c'était effectivement le titre du grimoire. Maître, Esclave, Ermite. La théorie de Clemens était certes un peu sortie de nulle part — surtout qu'il n'était pas un expert mais hé, jusqu'à preuve du contraire, Quinlan n'en était pas un non plus — mais elle avait un petit côté séduisant.

— On aurait en fait une référence à des rôles dans une société lycane… Ça se tient, oui, même si à mon avis, cette 'société' est peut-être datée. On n'a aucune preuve que certains loups-garous vivaient entre eux autrefois ou vivent entre eux de nos jours, même si c'est fortement probable. On ne sait pas non plus si ces codes ont évolué. Ces trois rôles sont peut-être déjà obsolètes…

Et ce serait un violent retour à la case départ, au moins pour ce qui est de comprendre une hypothétique société lycane. L'esprit en ébullition de Quinlan partit pourtant sur autre chose.

— Je pense que tu as raison pour ce qui de l'aspect 'guide' du livre. J'y ai découvert un certain nombre de sorts sur le même modèle incantatoire, qui apparemment permettent agissent sur les différents rôles. Après à savoir si ce sont des rôles fixes qui dépendent d'un lien magique ou des rôles purement sociétaux, c'est encore une question dont on n'aura malheureusement pas la réponse aujourd'hui.

Mais pour faire bonne figure, Quinn ouvrit le grimoire et montra une série de sorts à Clemens : Dominus Servum Est, Servus Dominum Est, Lupus Solum Est… Et ainsi de suite. Évidemment, Quinlan partait du principe qu'il s'agissait de sorts, mais rien n'était moins sûr. À croire que ce grimoire avait été écrit par un farfadet ou un esprit farceur.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 16:47

A nouveau, Clemens tapota des doigts pour la table. Pourquoi faire un grimoire sur de la magie simple et le complexifier à ce point ? C'était d'une logique qui lui échappait. A moins que le terme ne fasse pas référence à quelque chose de facile, mais ait une autre signification. Il se gratta le menton, légèrement confus par ce problème qui tenait plus de la linguistique qu'autre chose.

« Simple n'a-t-il pas une autre signification ? Il faudrait demander à ton frère, mais j'ai vaguement le souvenir d'un truc en lien avec la botanique, un simple, ou quelque chose comme ça. Ca ferait le lien avec ton sort qui ne marche pas trop bien et qui est aussi une plante. »


Encore une fois, c'était partir sur une hypothèse qui n'avait strictement rien avoir avec celles qu'ils étaient en train d'étudier. L'Allemand adressa un sourire d'excuse à Quinlan. Il ne pouvait simplement pas empêcher son esprit de partir simultanément dans des directions différentes. Une idée en appelait une nouvelle, contrecarrait celle d'encore avant, et finissait par confirmer la première qu'il avait eue et pourtant depuis longtemps rejetée. A force, c'était un peu fatigant, et le fait de ne pas contrôler ses idées n'étaient pas étranger au sentiment de frustration qui pouvait naître chez lui si facilement.

Concentration. Il fixa son regard sur le guérisseur. L'écouter parler lui donnait au moins une idée unique à laquelle il devait réagir, ce qui le rendait plus efficace… la plupart du temps du moins. Clemens secoua néanmoins la tête rapidement, la proposition ne lui semblait pas logique. Appeler un document dangereux « magie simple » risquait d'attirer un public trop large, et sûrement pas le plus valeureux. Si on cryptait son grimoire afin d'en protéger les secrets, ce n'était pas pour rendre le titre vendeur.

« Je t'avoue que je ne suis pas convaincu par l'idée. Soit tu écris un grimoire pour ton propre compte et tu fais de ton mieux pour que personne ne le lise, soit tu le destines à un public particulier et tu cherches à ce qu'il n'intéresse que ce public. Le titre 'magie simple' risque d'attirer ceux qui ne méritent pas ces connaissances, tout en étant immédiatement écarté par le chercheur de valeur. »

Bon, pas forcément, Quinlan était loin d'être un abruti et il s'intéressait à l'ouvrage. Par contre, il venait vraisemblablement des années après l'écriture du traité, la conception du public et les disponibilités des livres étaient maintenant tout autre. La situation avait tellement changé ! Sans savoir quand et où cette œuvre avait été écrite, toutes les spéculations sur le destinateur et le destinataire restaient plus ou moins plausibles. Clemens laissa échapper un grognement sourd. Ils n'étaient pas loin de se retrouver bloqués dans une impasse intellectuelle.

Il resta silencieux pendant que le guérisseur prenait des notes. L'étudiant préférait attendre de savoir comment sa supposition sur les rôles dans une hypothétique société lycane serait acceptée avant de poursuivre sa réflexion. Confortablement installé dans son fauteuil, il ferma les yeux un instant et entreprit de faire place nette dans sa tête. Ce moment de silence allait lui être bénéfique pour faire un peu de rangement entre ses idées, chasser au fond de son esprit celles qu'ils avaient réfutées et reformuler les thèses qui leur semblaient plus prometteuses. La voix de Quinlan l'interrompit et il se contenta de hocher la tête, les yeux toujours fermés.

« Pour la compréhension du grimoire, qu'importe qu'ils soient obsolètes à l'heure actuelle. Si sa clé est une référence au contexte dans lequel il a été écrit, notre société ne peut en aucun cas l'avoir influencée. »

Clemens soupira, puis rouvrit les yeux.

« Ce serait intéressant de chercher des informations à propos de cette organisation, peut-être directement en dehors de la médicomagie ou du sujet des loups-garous. Les traités d'Histoire de la Magie renferment bien des détails sur l'organisation de la société gobeline. A moins que tu n'aies déjà suivi cette piste ? Au point où on en est, je pense qu'on est partis pour essayer de recouper un peu tous les domaines. »

Le jeune homme sourit à son idée. Métamorphose, botanique, médicomagie, histoire de la magie, potions… Plus qu'à refourguer l'étude des runes au milieu du bazar et ils auraient pour ainsi dire fait le tour. D'ailleurs, avec ce texte en latin, ils n'étaient pas si loin. Clemens n'avait jamais appris cette langue et il se trouvait bien démuni devant la suite de mot que Quinlan lui mit sous le nez. Pour le coup, ça aurait pu être une recette de cuisine ou une prévision d'apocalypse, il n'aurait pas vu la différence.

« Je ne comprends pas le latin donc tout ça, c'est du charabia. Je ne vois pas ce que ça pourrait être outre une série de sorts ou de potions… A moins que ça ne soit une sorte de bibliographie ? Un guide de référence qui renvoie à d'autres traités ? »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 17:33

La réflexion de Clemens, comme toutes les autres, n'était pas stupide. Quinlan n'aurait jamais pensé que 'simple' ait plusieurs sens, d'autant plus que son talent de latiniste était tout relatif. Il lui fallait encore prendre de véritables cours, plutôt que d'apprendre à l'arrache dans des livres qui traînaient à la bibliothèque de l'université. Il n'était pas un mauvais autodidacte, mais au bout d'un moment il allait avoir besoin d'un humain à qui s'adresser pour ses questions et ce genre de problèmes où on pouvait soupçonner un jeu de mots ou un double sens. Bref, Quinn hocha la tête.

— Je lui en parlerai. Je lui parle souvent de mes recherches de toute façon, et j'aurais besoin de son avis sur la létharia vulpina.

Le sourire d'excuse de Clemens ne passa pas inaperçu, même si Quinlan se demandait bien pourquoi il se sentait désolé. Ok, cette session de travail partait dans tous les sens, mais il fallait bien s'y attendre. Toute cette efferverscence était ce qui leur avait manqué jusque là : comme une réaction chimique, ça allait finir par se calmer et ils pourraient faire le tri entre les hypothèses vraiment farfelues et les pistes à suivre.

Comme par exemple, celle de Quinlan comme quoi le titre du livre serait trompeur. Peut-être qu'il était effectivement loin de vouloir dire ce qu'il avait l'air de vouloir dire, mais pas comme Quinn le concevait. En gros, le titre ne serait pas le titre, mais ne serait pas non plus un inversement des 'niveaux' de magie. Sur ce coup, Quinn eut du mal à suivre la pensée de Clemens, trop occupé à essayer de suivre la sienne.

— Au pire… je ne pense pas que ce soit si important. En tout cas, pas pour le moment.

L'énigme du titre lui résisterait encore pendant longtemps, il en avait la certitude. Le problème d'un tel casse-tête, c'était que plus on y réfléchissait et plus la solution vous échappait. Il avait besoin de dormir dessus, il le savait déjà. Avec une longue expiration, il nota les idées que lui et Clemens avaient eues, histoire de les consigner et d'y repenser plus tard, à tête reposée, dans son bain.

Venait ensuite le problème de l'interprétation de l'autre partie du titre : était-ce une référence à des rôles sociaux peut-être obsolètes ? Si oui, la société lycane actuelle n'avait aucune forme de pertinence, effectivement. Quinlan hocha la tête et nota également l'idée d'aller chercher du côté de l'Histoire de la Magie.

— On part tellement dans tous les sens, sans mes notes je crois que je serais totalement paumé.

Il avait ajouté cela sur le ton de la plaisanterie, esquissant un sourire alors qu'il ouvrit le grimoire pour que Clemens constate par lui-même. Le problème ? Il ne parlait pas un mot de latin. Quinn leva les yeux vers l'étudiant, lui rendant pour le coup son sourire d'excuses.

— Pardon, j'avais oublié que tout était en latin… Mais sinon, je ne pense pas que ce soit des potions, ça ne ressemblerait pas à ça, à moins que tout ne soit entièrement codé. Par contre, un renvoi vers d'autres grimoires… Pourquoi pas. Mais ce serait une plaie à vérifier.

Se sentant soudainement désemparé face à l'ampleur de la tâche et à l'immensité des interrogations, il se prit la tête dans les mains et se leva pour faire quelques pas dans la pièce. Qui a dit que Clemens était le seul à avoir besoin de bouger ? Il avait besoin d'une pause, de toute façon. Il en profita pour se refaire un thé, et en proposa également un à Clemens.

Cherchant une distraction, Quinn se perdit dans l'observation du Docteur qui chassait toujours le casse-tête, de plus en plus faible avec le temps.

— J'aimerais pouvoir lâcher la théorie plus souvent pour lancer des sorts par ci par là. Mais dans ma branche, ce n'est jamais pour le fun qu'on lance un sort.

Il ne savait pas d'où ça sortait, mais quelque part, il enviait Clemens pour être capable d'expérimenter un peu comme il voulait. Un objet, une baguette et c'était parti ! Quinn lui avait besoin de quelqu'un en train de crever, ou d'un loup à tuer. Génial. Trop cool. Il y avait des moments comme ça où Quinlan adorait sa vie. Les yeux dans le vague, il laissa ses pensées errer avant de rire à l'une d'entre elles.

— Je me demande ce quel animal je serais si j'étais Animagus. Sûrement un bonobo.

Bien sûr, Quinlan avait compris où Clemens voulait en venir et il l'admirait de se lancer dans une telle entreprise. Parce que sérieusement, pourquoi travailler sur l'Animagisme, sinon ?
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 18:31

Malgré leurs différences, les deux frères semblaient avoir une relation bien particulière, plus intense que celle unissant normalement les membres d'une fratrie. Ils ne les avaient vécu ensemble qu'une fois, sans les connaître encore, mais les moments qu'il avait passé avec chacun des deux lui avait laissé cette impression vivace. L'autre était toujours présent dans la vie de l'autre, flottait comme une présence diffuse, jamais très éloignée. Parler avec Neal lui avait fait évoquer Quinlan, maintenant c'était l'inverse. Pas étonnant qu'ils enseignent dans la même académie… Pour un peu, l'étudiant aurait demandé s'il s'était véritablement séparé un jour.

Première hypothèse écartée et en attente de l'avis du spécialiste, la seconde ne semblait pas avoir convaincu le guérisseur non plus. Clemens haussa simplement les épaules, il ne faisait que spéculer après tout, mais il ne se basait sur rien de concret.

« Peut-être n'y a-t-il rien à trouver non plus. Ce ne serait pas le premier auteur à croire faire un trait d'esprit sans vouloir rien dire. »

Surtout quand on utilisait une langue qu'on ne maîtrisait pas bien. Ca aussi, ils ne l'avaient pas pris en compte. L'auteur s'était simplement trompé dans sa traduction de sa langue maternelle et avait utilisé des mots latins renvoyant au mauvais concept. Un tel point de vue était néanmoins intenable dans une recherche, ça amenait une réflexion sur chaque lettre et chaque virgule. Ce postulat de départ pourrait les amener à prendre des chats pour des portoloins. De là, on échafaudait n'importe quelle théorie et leurs recherches, au final, perdraient tout leur sérieux. Clemens garda donc cette perspective pour lui. Quinlan avait sans doute raison ; l'essentiel d'un livre ne se trouvait pas dans son titre.

L'Allemand rendit son sourire au guérisseur. Brasser de l'air à longueur de journée ne devait pas être facile pour se motiver à faire de la recherche. Les résultats se faisaient constamment attendre, étaient subjectifs, ou invérifiables. Contrairement à lui, Quinlan devait faire confiance à son imagination et à ses capacités de réflexion, ce qui restait une base très incertaine, même pour le plus brillant des sorciers. Clemens commençait à réaliser la chance qui était la sienne ; ses recherches se passaient presque de notes, il pouvait passer des heures à lancer des sorts divers, observer des effets, tenter de les combiner ou de les déconstruire. Seules les théories les plus poussées restaient invérifiables… et encore. La plupart du temps, ça dépendait de ses propres compétences. Il pouvait donc avoir bon espoir de vérifier dans quelques années ce qui restait hypothétique pour aujourd'hui.

« Je ne peux pas échafauder plus de théories sur base de quelque chose que je ne comprends pas… Ca aurait encore été des runes ou une forme archaïque d'allemand, j'aurais pu essayer de t'aider. Là, c'est peine perdue. »

Son regard suivit Quinlan alors qu'il se levait, dans un mouvement trahissant une certaine frustration. L'étudiant accepta un nouveau thé d'un signe de tête. Cette tâche était décidément titanesque, sans doute bien plus que ce qu'il n'avait imaginé lors de leur discussion nocturne. Son respect pour le guérisseur et sa force de caractère n'en fit que grandir. D'autres hommes brillants avaient échoués dans des tâches plus restreintes, simplement parce qu'ils n'avaient pas eu cette obstination de changer le monde. La lueur du regard qu'il posa sur son aîné était sans équivoque.

Que répondre ? Leurs réflexions se recoupaient encore d'une manière étrange. Lui était coincé dans la théorie, Clemens avait certes de la pratique, mais que cherchait-il au fond, si ce n'était son intérêt personnel ? Si Quinlan poussait son projet à l'aboutissement, il aurait eu le mérite d'avoir une certaine résonance sur son monde et ne pas être un quelconque chercheur poussiéreux dont personne ne s'était jamais préoccupé.

« Tu sais… Je pense que c'est une question de dimension des choses. C'est vrai que j'ai le luxe de m'appuyer sur la pratique, mais qu'est ce que je vais atteindre, au final ? Tu aurais pu t'éclater à lancer des sorts dans tous les sens si tu voulais en inventer un pour guérir les verrues. Mais quelque chose me dit que ça ne t'aurait pas satisfait. »


Clemens s'était levé lui aussi. Ses paroles étaient pragmatiques, peut-être un peu dures, et ne changeraient strictement rien au quotidien du guérisseur. Certes. Mais objectiver les choses pouvait faire du bien, surtout dans un moment comme celui-là, où il avait la sensation de voir revenir le Quinlan de la nuit dernière, frustré et en recherche d'un soutien. Jusqu'à cette réflexion un peu sortie de nulle part, qui le laissa presque interdit, avant de lui faire afficher un sourire appréciateur. Il s'était demandé quand ce genre de questions allait sortir.

« Personne ne peut le savoir avant de l'être… On ne choisit pas. Je me suis souvent posé la question à propos de moi-même, et certains jours, je me dis que je ne veux même pas connaître la réponse. Bien sur, ça ne dure pas, mais le découvrir force à porter un regard honnête sur soi-même. L'animal qui sommeille en nous n'a que faire des mensonges que l'on se répète et des écrans de fumée que l'on dresse sur son quotidien. »

L'étudiant fit quelques pas vers le Docteur et sa proie qui était à bout de souffle. Le chat semblait peu à peu se désintéresser de cette cible qui ne réagissait plus assez. Clemens saisit le casse-tête au moment où il passait à hauteur de sa main et l'observa pendant un instant, curieux d'en découvrir la logique. Il le tritura un instant pour arriver à la conclusion que tant qu'il aurait des ailes, on ne pouvait rien en tirer, puis leva les yeux vers Quinlan.

« Pourquoi un bonobo ? »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 19:08

Alors ça, ce serait la cerise sur le gâteau : que l'auteur ait volontairement cherché à noyer le poisson avec un faux message codé complètement vide. Ce n'était pas une théorie à écarter, d'autant plus que Quinlan avait lui-même conseillé à Clemens de coder ses recherches en usant de leurres pour les trucs vraiment sensibles. Il ne serait pas étonné que quelqu'un ait fait la même chose. Et ce serait une impasse.

La discussion commençait à tourner en rond, même une fois que Quinlan ait ouvert le grimoire. Et pour cause, Clemens était incapable de l'aider au niveau du latin.

— Si jamais je tombe quelque chose en allemand, je t'appelle.

Il sourit doucement : il n'aurait sûrement pas besoin d'aide pour les runes. Il était plutôt bon dans ce domaine, et les utilisait très régulièrement dans son métier. Certaines runes offraient une protection qui permettait une guérison accélérée. C'était parfois perçu un peu bizarrement par les patients, mais Quinn n'imposait rien. Globalement, il trouvait les runes efficaces.

— Mais tu as raison : je ne peux pas me permettre de me baser uniquement sur des choses invérifiables et donc potentiellement infondées.

Surtout vu les enjeux. Quinlan se leva, prenant une petite pause bien méritée tout en relativisant sur son incapacité à expérimenter, contrairement à Clemens. Il ne s'attendait pas du tout à une telle réponse. Effectivement, lui pouvait lancer des sorts, mais il disait ça comme si, au final, ça ne comptait pas. Comme si sa démarche était totalement vaine. Ses sourcils se froncèrent d'eux-mêmes.

— Qui te dit que tu ne feras pas de grandes choses ? Et a contrario, peut-être que je vais me planter sur toute la ligne et qu'au final, j'aurais mieux fait d'expérimenter sur des choses concrètes plutôt que de vouloir changer le monde. Plus l'objectif est haut, moins on a de chance de l'atteindre.

Il en avait conscience et ça ne l'arrêtait pas même s'il était parfois en proie au doute, comme en ce moment. Mais ce n'était pas une raison pour que Clemens pense que ses propres recherches étaient moins importantes. Il avait plus ou moins deviné où voulait en venir l'étudiant, et… pourquoi pas ? Mais la discussion qu'ils avaient eu tout à l'heure sur la possibilité de créer une intelligence artificielle magique via les sorts d'Animation… Cette idée pouvait être révolutionnaire ! Et puisqu'on pouvait apparemment claquer plusieurs sorts sur un même objet, il était théoriquement possible d'intimer un certain nombre d'ordres simples à un objet, qui se combineraient pour être plus complexes. Un peu… comme des lignes de code.

Cela dit, Quinlan devait bien avouer que guérir des verrues ne l'aurait pas satisfait le moins du monde. Il voulait être reconnu et briller aux yeux du monde entier et c'était aussi pour ça qu'il avait l'intention de frapper un grand coup dans la piñata de la connerie humaine. Il vit du coin de l'oeil Clemens se lever, et se tourna vers lui instinctivement. Croisant les bras sur son torse, Quinn fit un pas en arrière et s'appuya contre une commode.

Et la discussion dériva sur l'Animagisme en lui-même et la forme animale que le sorcier prenait. Quinlan savait qu'on ne pouvait pas choisir, et se demanda, juste comme ça, en quoi il se transformerait. La réponse de Clemens fut plus profonde que ce à quoi il s'attendait. Comme d'habitude, il avait envie de penser. C'était une constante chez l'Allemand : toujours sortir quelque chose de sérieux et d'étonnamment pertinent alors que Quinlan ne s'y attendait pas. Avoir un regard honnête sur soi-même, hein ? Oui bah le bonobo c'était pas mal alors, en espérant que Clemens ne lui poserait pas…
Ah, bah si.

Quinlan ne put s'empêcher de rire, avant de répondre d'un air à moitié dépité :

— Parce que c'est un animal qui baise tout le temps, tout ce qui passe, à la moindre occasion. C'est une très bonne description, je dois dire.

Il plaisantait, mais seulement à moitié. Quelque part dans le fond de ses yeux on pouvait apercevoir un sérieux froid et impitoyable. Il avait conscience de ce qu'il était et de comment ça pouvait être perçu. Il se disait même parfois qu'il avait de la chance de ne pas être accro à un niveau pathologique, tout en se laissant une part de doute. Qui sait, peut-être qu'il l'était un peu ?

Repensant à son frère, il soupira. Envoyer les conventions sociales voir ailleurs s'il y était, et assumer totalement cette part de lui. Parfois, c'était simple : en soirée, quand il sortait, ou quand il rencontrait de nouvelles personnes. Un peu comme si se revendiquer libertin était une forme de défense. Ça expliquait aussi pourquoi cette facette semblait si absente lorsqu'il était avec Clemens.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 20:03

Loin de remarquer le mouvement de recul du guérisseur lorsqu'il s'était levé, Clemens lui jeta un regard étonné. Sa remarque ne lui avait en effet pas plus, mais pas pour les raisons qu'il se serait imaginée en les prononçant. Au lieu de rester centré sur ses propres recherches et la satisfaction qu'il pouvait en tirer, Quinlan en vint presque à défendre la démarche de son étudiant. Comme s'il voulait prendre sa défense et lui insuffler une valeur qu'elles n'avaient décidément pas. Le jeune homme secoua doucement la tête, mais un sourire s'était glissé sur son visage.

« Je n'ai pas dit le contraire, mais ma démarche est strictement personnelle. Tu as compris que je m'intéressais aux Animagi pour en devenir un. Le reste, c'est un accident de parcours, en quelque sorte, j'essaie d'étendre mon point de vue pour trouver le chemin qui m’amènera à mon but. Si… Une fois atteint, je continuerais sur d'autres voies. »

Un éclat de douleur avait traversé son regard et il se sentit obligé de se détourner du guérisseur. Il refusait souvent de se l'admettre, mais au milieu d'une telle conversation, il était un peu plus compliqué de se voiler la face. L'échec de sa première carrière lui laissait une sensation d'amertume cuisante, dont il ne parvenait pas à se débarrasser, malgré sa façade enthousiaste et insouciante. La hargne avec laquelle il se jetait dans la métamorphose à présent était une sorte de thérapie, une façon de s'occuper l'esprit avec autre chose que son échec ou son addiction.

Des souvenirs de Londres lui revinrent en mémoire. Des salles sombres, des sortilèges qui fusent et des Gallions qui s'échangent. Bien rares étaient ceux qui connaissaient cette partie de son histoire, même Isolde. Clemens avait honte. Recevoir la lettre de Haveirson avait été son échappatoire, lui offrant un nouveau départ dans la vie et de nouveaux projets auxquels se vouer. Il n'avait reconnu que récemment son besoin de réussite et de reconnaissance, même si ce n'était qu'à demi-mots. Sa meilleure amie n'y était évidemment pas étrangère. Heureusement, Quinlan lui offrit une diversion suffisante pour l'empêcher de sombrer dans ses propres affres.

« Parce que... » L'étudiant éclata de rire lui aussi. « Je connais peu de gens qui l'auraient reconnu avec autant de facilité. »

Ses propos furent immédiatement démentis par le regard du professeur et cette fois, cela ne lui échappa pas. Les mots avaient été légers et amusés, tandis que les yeux brillaient froidement, d'une lueur que le jeune homme peinait néanmoins à identifier clairement. Clemens baissa les yeux vers le casse-tête qu'il tenait toujours en main, complètement inerte à présent. De nouvelles pièces se mettaient en place, la gène affichée lorsque son regard était tombé sur un témoin de l'intimité de Quinlan. Ses yeux bleus cherchèrent ceux du guérisseur sans parvenir à les trouver, plongé comme il l'était dans une réflexion personnelle.

L'Allemand s'avança vers la commode et y posa le casse-tête avant de reculer un peu. Il se sentait désemparé devant cette espèce de honte, ou de faiblesse affichée. Il n'était pas spécialement un bon juge de caractère et n'avait jamais prétendu comprendre les gens au premier regard. Régulièrement, des inconnus lui apprenaient beaucoup sur lui-même, telle que Anna, la petite Française au verbe acéré. Cependant, il avait établi ce pacte de confiance avec Quinlan, dans une situation étrange, nocturne, diaphane.

« Je serais sans doute un chat, alors. » Il sourit, tout en cherchant le Docteur du regard pour le découvrir roulé en boule dans un fauteuil. «Je ne peux m'empêcher de jouer, je suis éternellement à la recherche d'un nouveau kick, d'une nouvelle montée d'adrénaline. J'ai besoin de prendre des risques, de me sentir sur une corde tendue au dessus du vide. Si c'est pour de l'argent, c'est encore mieux. Ne me défie jamais au poker. »

Clemens leva un regard dur vers le guérisseur. Dur envers lui-même. Son passif s'engouffrait dans sa tête comme un raz-de-marée, ramenant avec lui toutes ses erreurs de parcours, celles qu'il gardait si éloignée de son quotidien. Ses yeux ne se comprenaient peut-être pas lui-même, mais voulaient comprendre Quinlan. Peu importe qui on pouvait prétendre être, jamais on ne chassait ses propres démons.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyDim 14 Juin 2015 - 22:10

Quinn ne s'était même pas rendu compte qu'il avait eu un geste de recul lorsque Clemens s'était levé, et que ce dernier l'avait remarqué. Comme si Quinlan cherchait à tout prix à maintenir une distance, après s'être échiné à faire tomber les barrières hiérarchiques. Non, il ne se rendait pas compte à quel point il pouvait être contradictoire.

Il ne se rendit pas compte non plus de ce qu'il disait en cherchant à valoriser les recherches de Clemens. Il ne voulait pas qu'il ait l'impression que ce que Quinlan faisait valait mieux que ses propres travaux, et pourtant. Sa réponse fut désespérément pragmatique et teintée d'une certaine désillusion. Dans le regard de Clemens, Quinlan crut apercevoir une blessure ouverte. Il n'avait pas envie de creuser, mais il ne pouvait s'empêcher de poser cette question qui venait l'assaillir :

— Et… Pourquoi vouloir devenir Animagus ?

À entendre Clemens, on aurait cru que c'était une question de vie ou de mort. Pourtant, ce n'était pas un véritable objectif en soi : être Animagus était un moyen de parvenir à autre chose. Quinlan se demandait jusqu'où allait l'ambition de l'étudiant, parce que là, vu la façon dont il en parlait, il se demandait sérieusement si ce n'était pas un passe-temps particulièrement tordu.

Enfin. Croyant détendre un peu l'atmosphère, Quinlan ne fit que la rendre encore plus dense en avouant que dans le cas un peu fou où il serait Animagus, il serait sûrement un bonobo. Pourquoi cet animal ? Une question compréhensible à laquelle il répondit sans détour. Au moins cela fit-il rire Clemens ! Quinn eut un petit sourire.

— Pourtant, ce n'est pas grand-chose de le dire, juste des mots.

Il n'allait pas lui rappeler cette soirée où il avait failli tomber sur bien plus que de simples mots. L'alcool avait tout effacé, et c'était tant mieux. Sans vraiment attendre, Quinn enchaîna, un rictus narquois toujours sur ses lèvres :

— Et puis, ce serait gonflé de ma part de faire comme si j'étais la Sainte Vierge réincarnée.

Sa réputation le précédait sûrement, d'autant plus qu'il n'était pas du genre à se cacher pour ça. Il fréquentait le Dark Night assidûment, son lit avait déjà connu quelques invités et on ne parlait même pas de ce qui pouvait arriver à l'infirmerie. Tout ça pour dire que ce n'était vraiment pas la peine d'essayer de faire semblant. Autant tout balancer direct. Cependant, ce n'était pas parce qu'il acceptait cet aspect de sa personnalité qu'il en était particulièrement fier.

Son coeur sembla s'arrêter lorsque Clemens s'avança vers la commode. Immobile, Quinlan l'observa reposer le casse-tête sur le meuble, retenant son souffle comme s'il redoutait le geste de trop. Pour lui qui venait d'avouer qu'il n'avait aucun problème à s'amuser avec le ou la premier.e venu.e, c'était paradoxal d'être autant sur la défensive. Mais il ne se passa rien. Du moins, pour l'instant. Clemens recula, et lâcha qu'il serait sûrement un chat.

Dans sa justification, il y avait de l'insolence, quelque chose qui cherchait à mettre Quinlan au défi, mais en-dessous transparaissait une menace à peine voilée. Et son regard bleu… C'était un autre miroir. Et si le jeu avait le même rôle pour Clemens que le sexe pour Quinlan ? Et si tous deux faisaient mine d'assumer, d'en faire leur bannière tout en haïssant profondément le fait de ne pas pouvoir s'en débarrasser le jour où cette bannière serait trop envahissante ? Quinn ne dit rien, parce qu'il n'y avait rien à dire. Sa main droite bougea sans qu'il s'en rende compte : le temps qu'il la reprenne, elle était déjà à mi-chemin de Clemens.

Un rire sans joie monta de la gorge de Quinn.

— Ne t'inquiète pas, je ne te défierai jamais au poker. Je suis bon menteur, mais ces yeux liraient ma main mieux que je ne le ferais moi-même.

Il se rendit alors compte, mais un peu trop tard, qu'il était déjà trop proche des flammes pour ne pas s'y brûler. Il cligna des yeux, un peu trop fermement, un peu trop longtemps et soupira, immobile, accroché à cette commode comme à une bouée de sauvetage. Sauf qu'il n'y avait plus rien à sauver.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 0:18

Pris à son propre jeu. A force de faire parler l'autre, ils s'attiraient mutuellement les questions auxquelles ils ne voulaient pas répondre. Ce cycle se répétait encore et encore, entretenu dans son mouvement par un étrange mélange de confiance et de défi. Clemens chassa les idées négatives qui embrumaient son regard et s’efforça d'offrir une façade neutre et contrôlée, bien que craquelée, à Quinlan. Malgré tous ses efforts, une hargne troublée continuait à se lire dans son expression. Sa voix, elle, était calme et sans tressauts.

« C'est un rêve de gosse. Un objectif que je me suis fixé depuis que j'ai su que c'était possible. Simplement parce que c'est rare, difficile et… c'est faire de soi-même son propre sujet d'expérimentations. »


C'était une demi-vérité, mais il n'était pas encore prêt à s'entendre dire qu'il compensait. Devenir un Animagus faisait partie de ses buts personnels depuis qu'il avait quatorze ans. Néanmoins, il ne se serait pas lancé corps et âme dans cette quête si ça n'avait été pour se relever d'un autre rêve brisé. Le jeu ne l'avait pas sauvé, se concentrer sur la recherche, par contre… Si ce n'était pas un sauvetage, cela le tenait au moins à flots. Depuis qu'il était arrivé à l'académie, cet étudiant flambant neuf pouvait à nouveau afficher le sourire insouciant de celui dont la vie est douce. Maintenant qu'il était remonté sur son balai, il commençait même à se dire que la métamorphose devenait son objectif en soi. Malheureusement, il ne parvenait pas encore à s'imaginer entièrement dans ce futur alternatif.

Clemens détourna à nouveau le regard. Que des mots, peut-être, mais ces paroles, on pouvait les entendre, elles te restaient coincées dans la tête, tournaient autour de tes souvenirs et tourmentaient ton sommeil. L'Allemand n'était pas adepte des dissertations ou des longs discours, surtout dans cet anglais qui continuait à se refuser un peu à lui. Prononcer la vérité sur lui-même, c'était la rendre réelle, palpable. Il n'était pas prêt à ça, mais respectait Quinlan pour savoir le faire.

Ses yeux bleus coururent sur le guérisseur, s'arrêtant un instant au sourire narquois qui traversait son visage. L'homme avait certes une réputation sulfureuse, qui mettait complètement à mal sa compétence tant de professeur, que de guérisseur. L'étudiant se souvint des mots rapidement griffonnés à Isolde le matin même, avant de quitter sa chambre. « Sa réputation le précède, mais il a un esprit bien trop intéressant pour l'éviter ». Son avis n'avait pas changé, et peu lui importait la part de véracité dans les rumeurs.

Le poker. Rien que d'évoquer ce jeu, c'était déjà une sorte de provocation en soi. Depuis ses 16 ans, il ne pouvait s'empêcher de battre les cartes dès qu'il en avait l'occasion. Son regard ne quittait plus celui de Quinlan alors que l'air devenait presque électrique dans la courte distance qui les séparait. Parler du Jeu, c'était l'aveu de sa succube personnelle, un appel auquel il en résistait jamais, peu importait la forme qu'elle prenait pour venir le hanter. Clemens le cachait au mieux, pourtant, il savait que cela transpirait de son être. Même Luuna l'avait remarquée.

Ses yeux suivirent la main qui se leva vers lui. Immobile alors que chacun de ses muscles se tendaient dans un réflexe de fuite. La situation leur glissait hors des mains, hors du cadre familier qu'ils avaient dressé en prétendant chasser les conventions de leur échange. La confiance scellée par le regard les avaient poussé à un échange inattendu, à une sincérité qui cherchait tant à rassurer qu'à ébranler l'autre. La main retomba, mais un rire équivoque vint combler l'espace qui les séparait. Clemens se passa une main dans les cheveux. Le geste brisa l'intensité de leurs regards pour une seconde.

« Ne serait-ce pas un paradoxe, alors que ces yeux sont précisément incapables du moindre mensonge ? »

Figé, sans savoir si son immobilité était due à un manque de volonté ou de capacité, l'Allemand détourna le regard. Avait-il été floué ? Accordé sa confiance trop vite ? Il avait été rattrapé alors qu'il chutait, remis sur les rails dans un moment de grâce dont les vices semblaient être absents. Clemens releva la tête vers Quinlan. Confidences, aveux, recherches. Dans ses yeux se trouvaient à nouveau cette supplique improbable. Puis-je te faire confiance ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 6:46

Pourquoi Quinlan avait-il l'impression qu'encore une fois, sa conversation avec Clemens allait tourner à la thérapie ? Il ne pouvait pas vraiment s'en vouloir alors que c'était lui qui s'interrogeait sur les motivations et les rêves de l'étudiant qui partageait ses recherches, mais il y avait quelque chose dans sa réponse qui l'intrigait. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, et abandonna simplement. Les gens avaient le droit de suivre leurs rêves, même les plus fous, sans qu'il s'agisse obligatoirement d'une échappatoire. Quinn en était la preuve vivante.

Il avait voulu être médicomage dès cet incident avec Neal et ses stupides fleurs, mais quand il sortit de Poudlard, ses intentions furent un peu différentes. La fine limite entre aider quelqu'un et avoir du pouvoir sur lui était quelque chose qui le grisait, même si en même temps il en culpabilisait. Enseigner à Haveirson était une façon de rester proche de son frère, et par Merlin, il savait que c'était nécessaire pour lui. Il avait vécu des années sans lui, alors que Neal était parti en vadrouille autour du monde, et ce furent les années les plus sombres de sa vie. Le lien de cause à conséquence n'était pas aussi évident ou simple que ça, mais c'est tout ce que Quinlan en retenait. Ça, et un nombre incalculable de cicatrices, visibles et invisibles.

À côté de ça, avouer qu'il était un Don Juan, ce n'était rien. Cela avait un impact non-négligeable sur sa réputation en tant que professeur, mais honnêtement ? Il s'en moquait. Son passe-temps préféré n'avait absolument rien à voir avec ses compétences de guérisseur, et il n'avait que faire des gens qui oseraient mettre les deux en lien ou penser qu'ils étaient mutuellement exclusifs. Ceux-là, ils les rangerait dans la case des imbéciles, la seule case qui méritait encore d'exister à ses yeux. S'ils n'étaient pas capables de faire la part des choses entre travail et vie privée, c'était leur problème, pas le sien. Les gens qui l'évitaient pour ces raisons ne méritaient pas de le connaître.

Évidemment, Clemens s'élevait bien au-dessus de tout ça. Il n'avait pas fallu très longtemps à Quinlan pour s'en rendre compte. Un esprit vif, analytique, doublé d'une espièglerie plutôt plaisante… L'étudiant l'avait intrigué dès son premier cours. Et cette nuit, il lui avait prouvé qu'il était capable de voir au-delà d'une réputation de 'baguette' sur pattes prête à tout pour s'envoyer en l'air. Si son cerveau se situait vraiment entre ses jambes, il ne serait pas là comme un con, serré contre une commode en espérant que la situation ne dégénère pas davantage. Si le sexe était la seule chose qui l'intéressait, il ne se serait pas contenté d'une main sur l'épaule comme seul contact physique. Il ne se serait pas confié comme il l'avait fait, et il ne serait pas aussi terrifié à l'idée que Clemens fasse un pas en avant. La vérité, c'était qu'il était également terrifié à l'idée que Clemens le fuie.

Pour l'instant, cela ne semblait pas être le cas. Quinn ne savait plus s'il devait en rire ou en pleurer, et c'est aussi pour ça qu'il réagit ainsi à la mise au défi de Clemens. La nervosité le faisait rire, alors même qu'il était aux antipodes de la félicité. À quoi bon jouer au poker avec quelqu'un qui lisait en vous comme dans un livre ouvert ? L'ironie, c'était que c'était réciproque.

Clemens balança la bombe et détourna le regard. Plus ça allait, et moins Quinlan savait quoi en penser. Qu'est-ce qu'ils essayaient de se dire ? Allaient-ils accoucher un jour, bon sang !? Quinn voulu dire quelque chose, mais aucune phrase ne réussissait à se former dans sa tête. Plutôt que des mots, c'était une succession d'images, de sentiments, de réflexes qu'il contenait à grand peine. Sans le réaliser, Quinlan avait adopté une posture plus détachée, à défaut d'être détendue. Toujours appuyé sur la commode, il avait plaqué ses mains dessus, se penchant presque imperceptiblement en avant.

Clemens tourna de nouveau ses prunelles bleues vers lui. Il ne dit rien, parce qu'il n'en avait pas besoin. Ce même regard, auquel Quinn répondit par un silencieux 'qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ?'. La question inverse aurait été plus pertinente, sachant que c'était lui qui avait fait le premier mouvement dans leur drôle de partie d'échecs. Un jeu où il n'y aurait pas de gagnant.

S'en rendant soudainement compte, Quinlan baissa la tête dans une attitude défaitiste, fermant les yeux au passage. Lorsqu'il les rouvrit, la situation n'avait pas changé. Le décor non plus. Ce n'était pas un rêve, bon ou mauvais. Juste la bête réalité, celle qu'on aime à compliquer pour des raisons plus ou moins justifiables. Et le feu qui brûlait son coeur était toujours là, devant lui. Fasciné et paniqué à la fois, Quinlan ne fit aucun mouvement, si ce n'est celui de se redresser un peu.

Dans sa tête, tous les scénarios possibles et imaginables défilaient : du rejet pur et simple à la partie de jambes en l'air violente et sauvage en passant par la tendresse inattendue d'un baiser dans le cou. Mais il ne bougea pas. Il ne fit aucun geste. Son désir le rendait fou et il avait la sensation qu'au moindre geste, tout volerait en éclats. S'il se refusait à assouvir ce désir, c'était seulement parce qu'il était couplé à quelque chose de plus transcendant que ça encore. L'attirance si soudaine et inexplicable qu'il avait ressenti au premier abord s'était muée en un écho, une résonance si irrésistible qu'elle ne pouvait aller qu'en s'amplifiant, jusqu'à tout briser autour d'elle.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 9:08

Le silence lui pesait. Clemens avait envie de parler, de briser cette immobilité installée entre eux, sans savoir aucune idée de comment s'y prendre. Sa supplique ne passa pas inaperçue, cette fois encore, mais elle resta cette fois sans réponse. Loin d'une nouvelle promesse rassurante, le regard de Quinlan posait une nouvelle question, soulignant avec plus de force s'il était nécessaire leur trouble quant au lien qui les unissait. L'étudiant, d'ordinaire si prompt à la réaction et que si peu parvenait à déstabiliser était réduit au silence.

Si seulement il avait reçu une réponse de Isolde avant de venir ! Évidemment, il avait quitté sa chambre si rapidement, que ça n'aurait pas été possible. Néanmoins, il était presque certain qu'un courrier devait l'attendre à présent, elle n'aurait pas laissé un tel appel à l'aide traîner pendant plusieurs jours. Son esprit vagabonda jusqu'à sa chambre, essayant de trouver cette lettre et d'imaginer ce qu'il pouvait bien s'y trouver. Ce que son amie lui conseillerait pour faire basculer cette relation vers… vers quoi au juste ?

La vérité était que, contrairement à ce que Quinlan pensait, l'Allemand n'avait pas la moindre idée de ce qui se jouait derrière ses yeux. Dès leur première rencontre, il avait été épris d'un grand respect doublé de fascination pour ce guérisseur froid, perspicace mais aux idées si ouvertes. Le premier cours était une épreuve que son aîné avait passé avec brio, entrant dans la très courte liste des gens que Clemens pouvait reconnaître comme figures d'autorité. Pourtant, ce rôle si simple, il l'avait rejeté pour privilégier un lien plus intime avec son étudiant. Plus fort aussi.

Cet esprit faisait trop écho au sien. Clemens voulait s'en gorger, se lier à lui de manière inextricable et pousser la débauche intellectuelle qui les unissait à son paroxysme. Cette connexion il l'avait cherchée pendant longtemps sans le savoir, alors qu'il rejetait avec une facilité déconcertante d'autres tentatives d'approches. Tant de ses relations n'avaient été que superficielles, paradoxe d'un homme qui se complaît dans l'extrême et la puissance. Rowan. Isolde. Ils étaient les premiers et jusqu'alors, les seuls avec qui il avait pu créé un tel lien. Ca avait été aussi complètement inattendu et spontané, leurs esprits s'étaient un jour répondu et avaient commencé à tisser ensemble.

Était-ce ça qu'il attendait de Quinlan ? La promesse d'un partage profond et intense, basée sur les quelques indices qu'ils avaient découvert l'un de l'autre ? Alors que le guérisseur semblait se détendre un peu, l'Allemand restait planté là comme un chêne au milieu d'une sapinière, sans la moindre idée de quelle était son utilité en ce lieu. Il se refusait de fuir. C'était sans doute sa seule certitude à ce moment précis, où son partenaire détournait le regard en soupirant. Devait-il partir ? Une voix dans sa tête lui murmurait que c'était un choix raisonnable et même sain, probablement. Le problème, c'est qu'il n'avait jamais été très bon pour les faire, ceux-là.

Bon sang ! Non, il n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans la tête de Quinlan, de ce qu'il attendait de lui, de quel était ce non-dit auquel il aurait du réagir ! Dans ses yeux se mêlaient une lueur de fureur et d'infinie douceur. Clemens se sentait irrémédiablement attiré dans l'entourage du guérisseur. Depuis la première minute où leurs regards s'étaient croisés, ils n'avaient pu s'empêcher de se chercher, de se provoquer… tout en construisant quelque chose. Ce n'était pas un jeu qu'on pouvait considérer comme une partie, d'abord parce qu'il n'aurait pas de fin, ensuite parce qu'ils n'étaient pas adversaires. L'Allemand se refusait à prendre ce rôle là.

Il soupira. Facile de philosopher ce qui se passait dans sa propre tête, ou presque. Mais ça ne l'aidait toujours pas pour comprendre les enjeux d'en face. Clemens se plongea encore une fois dans le regard de Quinlan, et un sourire naquit doucement sur son visage. Il sentit ses épaules se détendre, ses bras se relâcher et il parvint petit à petit à adopter une posture plus relâchée également. Son esprit était électrisé tout en découvrant une certaine forme d'apaisement. Le guérisseur ne s'était pas intéressé à lui que pour la recherche, il en avait eu des indices par-ci, par-là. Il en avait joué, cela l'avait troublé. Mais en fait, il n'avait pas vraiment besoin de la réponse.

« Ce lien. C'est tout ce que j'attends de toi. »

Il s'en foutait de comprendre. Mais cette recherche passionnée, commune, intense, cette évolution intellectuelle à demi-mots qui les faisait avancer à deux cents à l'heure, tellement plus grisante que la même démarche en tête-à-tête avec soi-même ! C'était le mot. Il était grisé. Quinlan lui avait fourni une nouvelle forme d'adrénaline. Trop forte, peut-être.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 9:54

La scène était figée dans la glace. Clemens et Quinlan se regardaient sans qu'aucun d'entre eux n'ose faire quoi que ce soit. C'était une impasse. Ça n'avait jamais été qu'une impasse. Quinn se connaissait, il savait comment il était, la vitesse à laquelle il se lassait, ses défauts beaucoup trop envahissants et le fait que si sa réputation ne le gênait pas, elle viendrait peut-être éclabousser celle de Clemens. C'était une putain d'impasse.

Ils pouvaient bien tenter de communiquer uniquement par leurs regards, mais au bout d'un moment, ça ne suffisait plus. Qu'avait-il pensé cette nuit ? Parler, hurler, pleurer, tout du moment que ça sorte, et il se comportait comme une huître sang pur d'extrême droite à refuser obstinément d'ouvrir la bouche. Mais pour dire quoi ? Son esprit était parasité par des images, des rêves, des envies que pour une fois il voulait refouler. Lui qui avait tellement l'habitude de céder à ses tentations était bien en peine de les faire taire. Son self-control légendaire était sérieusement mis à mal par Clemens. La résonance le secouait, le tordait toujours un peu plus. Quinn ne savait pas combien de temps il allait pouvoir tenir face à cette force irrépressible qui lui prenait les tripes.

En face de lui Clemens sembla se détendre un peu, et lui répondit en souriant. Il n'était pas parti. Il n'avait pas fui. Mais ce qu'il lui dit… Quinlan ne savait pas comment l'interpréter. Perplexe, il le prit dans le sens le plus strict possible, trop effrayé à l'idée d'un rejet frontal. Il afficha un sourire qu'il voulait sincère et rassuré, mais qui cachait l'ouragan qui lui ravageait la poitrine.

— Ne t'inquiète pas alors. Quelque chose me dit qu'il ne va pas s'envoler.

Alors qu'il parlait, Quinn se détacha de la commode et passa devant Clemens, lui posant une main amicale sur l'épaule. Puis, il rejoint le canapé, où il s'allongea à moitié, laissant tomber ce qu'il y avait dessus sur le sol. Rien à carrer.

L'orage était passé, la résonance s'était atténuée. Il ne restait plus qu'un champ de ruine, celui qui était déjà là avant. Il était temps de fermer le rideau sur ce tableau, il avait déjà été trop vu et Quinlan s'en était lassé depuis longtemps. Il n'était pas Roxanne, non, et c'était un soulagement. Il ne serait jamais comme elle et il n'en avait même pas l'envie. Tout ça n'avait été qu'une impasse dans laquelle l'ado de 16 ans qui sommeillait en Quinn s'était engouffré sans même s'en rendre compte. Maintenant il était fixé.

Il entendit un bruit sourd, typique du Docteur qui se décidait à descendre de sa chaise. Quinlan avait les yeux rivés sur le plafond, et ne vit donc pas son énorme chat se diriger vers Clemens pour lui feuler à la tronche. C'était un chat magnifique, gris argenté avec de grands yeux verts et une crinière rappelant les lions mais là il ressemblait plutôt à un fauve en colère. Il poussa un miaulement rauque rageux, qui cette fois fit sortir Quinn de sa réserve.

— Qu'est-ce qu'il te prend ?

Le Docteur lui répondit avec le même genre de feulement désapprobateur, et s'isola un peu plus loin dans la chambre, hors de leur vue. Quinlan fronça les sourcils, et leva les yeux vers Clemens.

— …Il a quoi ce chat ? Il m'a jamais fait ça… T'es un chat toi aussi non, tu devrais piger…?

Une petite vanne, histoire d'essayer de détendre l'atmosphère en oubliant bien sagement ce qu'il venait de se passer. Ou plutôt, ce qu'il ne s'était pas passé. Il le savait. Il l'avait toujours su. Putain d'impasse.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 18:29

Un vent de légèreté souffla sur la pièce. Ces quelques paroles avaient suffit pour dénouer la tension qui s'amplifiant de minute en minute. Clemens sentit son sourire grandir, rassuré pour une seconde, avant que la réponse de Quinlan ne lui coupe le souffle. C'était lâché avec tant de désinvolture, de nonchalance, comme si rien dans leur échange n'avait eu une quelconque importance. Cette remarque si banale, de celles qu'on balançait au milieu d'une conversation inintéressante cueillit l'étudiant en plein vol et le ramena sur terre. Une nouvelle méfiance vint danser dans son regard, alors que le guérisseur se détournait déjà.

Contact. Ses muscles se raidirent à nouveau et dans un geste à la violence incontrôlée, sa main fusa pour saisir le poignet de Quinlan. Il n'avait même pas eu le temps de réaliser cette réaction réflexe, seule la tension dans ses jointures lui firent réaliser que c'était déjà trop tard. Clemens leva les yeux, affichant une expression à la fois blessée et défiante, avant de libérer son aîné, sans un mot. Nul n'entrait dans on espace personnel sans autorisation, pas depuis que son intégrité physique avait été si malmenée. Anna, Megan, chacune avait essayé et provoqué en lui cette défense brutale. L'Allemand se massa l'épaule droite distraitement. En plus du toucher auquel il ne se serait pas attendu, le guérisseur avait choisi cette épaule-là, défoncée, réduite en charpie avec ses rêves passés. Il avait le sentiment d'entendre un rapace huir dans ses entrailles.

Ses grands yeux bleus, perplexes et interrogateurs suivirent Quinlan. Il ne comprenait pas ce changement d'attitude, soudainement bien plus distancié et quelque part paternaliste. Il se sentait blessé et repoussé, sans comprendre quelle erreur il avait bien pu commettre. Comment étaient-ils passés de l'étude d'un vieux grimoire et d'expérimentations sur la métamorphose à cette drôle de situation, debout dans un appartement en fouillis, à parler de leurs vices ? Dans sa pensée, le mot résonnait fort, mais il voulait en chasser le jugement. Cette connotation négative lui venait encore du paradigme des conventions sociales dont il essayait si désespérément de se détacher. Sans jamais y parvenir visiblement, comme le guérisseur le lui avait brillamment fait remarquer. L'étudiant se passa une main sur le visage, éprouvé par la violence mentale de leur échange. Il sursauta quand le Docteur feula à quelques centimètres de ses pieds.

Son regard passa du chat au maître, du maître au chat, en se demandant si l'adage fonctionnait aussi pour les félins. Il n'en savait rien, malgré son ironie. Clemens n'avait même pas suivi le cours de Soins aux Créatures Magiques à Poudlard. Il n'avait jamais eu d'animal de compagnie. D'où était-il sensé comprendre pourquoi cet animal s'évertuait à lui en vouloir depuis son arrivée !? Et puis l'évidence lui sauta aux yeux. Elle lui parut simple, logique, bien qu'il était en peine d'expliquer pourquoi… Sauf peut-être par le fait que les chats de Neal et Isolde l'avaient spontanément adopté.

« Il est jaloux. »

Ses mots tombèrent dans le vide, claqués d'une voix claire et nette qui révélait la conviction de l'étudiant. Clemens croisa les bras contre sa poitrine. Ses yeux cherchaient le regard noisette de Quinlan, étendu avec tant de désinvolture dans son canapé. L'attitude jouée était revenue, chassé l'homme faillible, peut-être même sentimental qui s'était révélé à son étudiant durant quelques heures volées hors du quotidien. Il avait la confirmation que quelque chose s'était brisé, mais la tension n'avait pas disparue pour la cause, réveillée par l'agressivité du félin. Le jeune homme hocha la tête, presque désemparé, et se répéta d'une voix plus faible, cette fois.

« Je ne suis pas sur de savoir pourquoi… Mais je dirais qu'il est jaloux de me voir là. »

Ou protecteur ? Un chat pouvait-il se montrer protecteur envers son maître ? Après tout, il avait déjà feulé à l'entrée même de Clemens dans la pièce, comme s'il l'avait perçu comme un danger sur son territoire. Pour un peu, il en aurait ri. Le seul moment de sa vie où il avait représenté un danger pour qui que ce soit, c'était pendant un match de Quidditch. Et même ça, c'était fini.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 19:37

Ce fut un réflexe, de l'un qu'il pensait pouvoir se permettre. Un geste simple, comme une réponse à ce qui s'était passé la nuit précédente. Main pour main, épaule pour épaule. Sauf que Quinlan ignorait évidemment la véritable raison pour laquelle Clemens réagit au quart de tour et lui agrippa le poignet. La violence et la force de ses doigts surprirent Quinlan, qui plongea son regard dans le sien. Il ne fut pas sûr de ce qu'il y voyait, et inconsciemment, cela fit écho à son propre vécu. Il retira presque immédiatement sa main, conscient d'avoir été trop loin. Ses yeux se baissèrent alors qu'il s'excusait silencieusement. Lui qui était si à cheval sur ces choses-là s'était oublié et avait franchi la ligne. Ça ne se reproduira plus.

Quinlan n'avait aucune idée de ce qu'il se passait vraiment et de ce qu'il venait de faire… ou de ne pas faire. Il battit en retraite dans le canapé, se sentant soudainement épuisé et laissant dans le même temps Clemens debout, seul dans un coin de la pièce. Le guérisseur, trop focalisé sur son propre ressenti ne voyait même pas ce qu'il infligeait à ce pauvre étudiant qui n'avait rien demandé à personne. Et le Docteur d'en rajouter une couche, en venant lui cracher à la gueule. C'était une chose plutôt rare, le Maine Coon de Quinlan étant d'ordinaire joueur mais plutôt bonne pâte. Il râlait souvent mais c'était pour réclamer de la bouffe. Là, ça n'avait rien à voir. Il était en rage. Il avait l'air de détester Clemens de manière viscérale.

Étonné, Quinlan sortit de sa torpeur et interrogea l'étudiant. Comme s'il allait pouvoir lui répondre…! Ce n'était même pas son chat ! Pourtant, ce qu'il dit résonna dans la tête de Quinn, qui détourna le regard.

— C'est possible.

C'est tout ? Le Docteur ne réagissait quasiment jamais de la sorte avec des gens qu'il connaissait à peine. Inquiet, Quinlan garda les sourcils froncés. Il murmura alors, pour lui-même mais de façon bien audible :

— Mais pourtant, il est habitué aux étrangers…

Oui, ce genre d'étrangers. Pas forcément la meilleure chose à dire compte tenu des circonstances. Encore une fois, Quinlan ne réalisait pas la portée de ses paroles. Les étrangers qui pénétraient ici n'avaient rien à voir avec Clemens. Ils ne jouaient pas du tout dans la même cour, et ça, le Docteur l'avait senti. C'était aussi ça qui inquiétait Quinn. Il avait réussi à se persuader que c'était différent, mais le Docteur agissait de la même manière. Il était tout chaton à l'époque, mais il avait tout de suite détesté Roxanne.

Quinn s'enfonça dans le canapé et mis ses mains sur son visage dans une posture profondément lasse. Il n'en pouvait plus mais il ne craquerait pas. Il s'y refusait. Il laissa un long soupir s'échapper de gorge et contempla ses mains un instant, avant de laisser glisser son regard sur ses avant-bras. Ok, ça suffit.

Il se redressa et s'assit dans le canapé, les yeux rivés sur les deux grimoires gisant sur la table, abandonnés. Un peu plus loin, ses notes de recherches. La létharia vulpina, l'Appel de la Meute, la trinité maître-esclave-ermite… tout se mélangeait sans réussir à faire sens. Il avait besoin d'en savoir plus, à la fois sur la métamorphose et sur l'histoire de la magie, sur la sociologie lycane et sur certaines plantes, il lui fallait plus d'informations. Plus de temps à consacrer à ses recherches. Plus de données.

Mais plus il voulait réfléchir à ses travaux, plus il revoyait la main qu'il avait posé sur l'épaule de Clemens, et la façon dont il avait réagi. Il sentait encore ses doigts autour de son poignet, et il s'en voulait à mort. Faire attention à ce genre de choses était souvent sa première préoccupation, et aujourd'hui, il avait failli.

— Toutes mes excuses pour…

Il n'arrivait même pas à le dire, alors qu'en soi, ce n'était pas grand-chose. Il leva simplement sa main droite, la main fautive, avant de la laisser retomber mollement sur sa cuisse.

— Ce n'est pas dans mes habitudes de toucher les gens sans qu'ils aient donné leur accord au préalable alors voilà, je comprends. Mes vannes sur le consentement n'en sont pas vraiment. Bref. Si je fais encore quelque chose qui te gêne ou te déplaît, dis-le directement. Je ne vais pas me vexer et je serais un connard de le faire. Mais je ne peux pas deviner…

Il était gonflé de dire ça, lui qui était le dernier à dire directement les choses ! Mais au moins, il sentit un poids disparaître de sa poitrine et il soupira à nouveau. Il était soulagé. On avait trop tendance à le considérer comme un violeur, simplement parce qu'il aimait le flirt et tout ce qu'il y avait après. Comme dans tout jeu, il y avait des règles à suivre. Ça le désolait simplement qu'après tout ce temps, il arrivait encore à en oublier certaines.
Revenir en haut Aller en bas
Clemens Neubach
Clemens Neubach
Sorcier
Tell me who you are...
Rang Modératrice

Date d'inscription : 24/02/2007
Parchemins : 2515
Points d'activité : 206
Avatar : Aaron Taylor-Johnson
Crédits : White-Rabbit, Rowan
Multicomptes : Pippa Funnell
Âge : 21 ans
Métier : Serveur au Parker's Coffee
Situation financière :
  • ★★★☆☆


Fiche de duelliste
Seuils de réussite: 34 - 44 - 54
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 20:23

L'existence du reste de son corps se rappela à sa mémoire et il retourna vers le fauteuil occupé plus tôt. Après l'avoir fait pivoter pour pouvoir s'y installer tout en faisant face à Quinlan, l'étudiant s'y laissa tomber avec un soupir. Sa réaction à un geste pourtant amical – il en était conscient, évidemment – avait blessé le guérisseur, sans que Clemens ne sache comment lui expliquer le pourquoi. Entamer ce sujet de lui-même était encore trop difficile, même si nombre des ses camarades l'y avait poussé ces dernières semaines. La plupart n'avait pas la discrétion d'un médicomage ; on appuyait là où ça faisait mal, sans complexes, presque avec la curiosité de voir jusqu'où on pouvait s'enfoncer dans la plaie. Sous couvert de sociabilité, les étudiants étaient en fait terriblement pervers.

A cela s'ajoutait l'agressivité latente personnifiée par le gros Maine Coon. Mine de rien, l'Allemand avait été atteint par cette attitude, lui qui n'avait jamais cherché à blesser rien, ni personne. Au contraire, son passé était fait de protections silencieuses, d'interventions discrètes envers l'un ou l'autre de ses camarades afin de permettre à chacun de continuer son avancée. Son regard chercha le chat, parti se réfugier dans un coin où il pourrait ignorer la présence de « l'étranger » selon toute vraisemblance. Clemens avait lâché un souffle, qui aurait pu passer pour un rire, en entendant la formulation ; ainsi, l'étranger lambda était communément accepté au sein de l'intimité de Quinlan. L'étudiant partenaire de recherche, lui par contre, était interprété comme une menace. Cette association courut comme un frisson le long de son échine.

Un mouvement de son professeur l'aida à focaliser ses pensées sur la réalité. Les excuses sonnaient lasses, empreintes de lourdeur, sans pour autant manquer de sincérité. L'étudiant les accepta d'un lent clignement des yeux. Tôt ou tard, chacun passait par là, et franchissait cette limite qui paraissait pour beaucoup si irréaliste. Après tout, qui refusait à ce point la proximité de ses pairs, si ce n'était l'asocial que Clemens ne semblait pas être ? Personne ne se méfiait de ses réactions. Personne ne les imaginait même.

« Tu ne pouvais pas... »

Il n'eut pas le temps d'expliquer que Quinlan reprenait sa justification, dans un flot de paroles inextricables, dont l'étudiant mis un moment à comprendre le sens. Il resta silencieux à la fin de la tirade et hocha la tête, avant d'adresser un sourire crispé au guérisseur. Clemens fixa son regard sur un point flou et lointain ; affermissant ses nerfs pour raconter encore la même histoire. Voilà, à force de me pousser dans mes retranchements, tu es servi de tous mes échecs, toutes mes erreurs et tous mes vices. Si ses yeux s'étaient posés sur son aîné, c'était sans doute ce qu'il aurait pu y lire.

« Ce n'était rien de personnel, Quinlan. Je ne sais pas si tu le sais, mais j'ai fait une brève carrière en tant que joueur de Quiddich. J'étais batteur. J'ai fait une chute lors d'un match en pleine tempête, la visibilité était atroce. Les arbitres ont réagi bien trop tard et n'ont ralenti ma chute que deux secondes avant que je ne touche le sol. Enfin, c'est ce qu'on m'a raconté, je n'en ai aucun souvenir, à vrai dire. »


Il s'interrompit pour reprendre le contrôle de sa voix, qui commençait à mêler hésitations et ironie. Sur l'accoudoir, les articulations de ses mains devenaient blanchâtres.

« Presque quinze mètres, droit sur cette épaule. Le sort de ralentissement n'a pas sauvé grand-chose. Des charpies et de la poussière, c'est à peu près tout ce qui restait. »

Un court rire sans joie ponctua sa phrase. L'évoquer en présence d'un guérisseur était presque plus facile. Malgré la haine intense qu'il avait éprouvé pour ses médicomages durant toute la durée de son hospitalisation, il n'avait jamais du affronter leur empathie mal-placée et leur prétendue compréhension. Non, son épaule était détruite et sa carrière était finie, point. Il les respectait pour cela. Rien n'avait été pire que ses proches et ses fans qui l'avaient vu comme un chaton blessé à qui il fallait mentir à longueur de journée. Clemens braqua son regard sur Quinlan. Lui, au moins, devait être en mesure de comprendre toute l'ampleur de l'accident. Son addiction au jeu, sa hargne de vivre, de réussir, de briller, et d'atteindre ses objectifs. Tout était là. Éparpillé dans cette pièce au fouillis qui n'était même pas le sien. Il ferma les yeux.

« Ce n'est vraiment pas de ton contact que j'ai peur. »

Sa voix n'était plus qu'un murmure.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Tell me who you are...
Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas
Page 2 sur 9Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9  Suivant

MMHP :: Boîte à Souvenirs-
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser