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 Saloperies de Grimoires

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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyMer 17 Juin 2015 - 11:37

Clemens adressa un sourire un peu gauche au guérisseur. C'était évident que Roxanne ne le lâchait toujours pas, que sa présence le hantait. Il se demandait d'ailleurs où était le vrai Quinlan et où commençait la série de ses mécanismes de défense. La frontière était sans doute floue et le principal intéressé avait même probablement perdu son 'lui' de vue depuis un moment. Était-ce même possible de préserver sa propre personnalité quand on avait été aussi marqué par quelqu'un ? Ou devenait-on définitivement quelqu'un d'autre, une personne différente avec ses cicatrices et ses traumatismes, voués à ne jamais vraiment disparaître ? Impossible à dire. Pour lui, en tout cas.

En vérité, il était convaincu que Quinlan serait incapable de blesser quelqu'un à ce point. Peut-être était-il naïf et avait accordé sa confiance trop vite. C'était possible. Néanmoins, Clemens était persuadé que l'empathie et la sévérité avec laquelle le guérisseur gérait son quotidien le rendait immunisé à un tel impair. Il refusait tant de se laisser atteindre qu'il écartait chaque personne qui s'approchait un tant soit peu de lui, comme si le côtoyer plus de quelques heures était irrémédiablement toxique. Sa réaction n'en restait pas moins insensée ; être torturé ne faisait pas d'un homme un tortionnaire. Sauf si une sorte de culpabilité diffuse traînait en arrière-plan. C'est arrivé par ta faute. Quinlan l'avait dit lui-même, on se défendait quand on se sentait agressé et nul, surtout pas l'agresseur, n'avait le droit de porter un jugement là-dessus.

« Je te promets de ne pas me laisser marcher dessus. »

Enfin, s'il s'en rendait compte. D'après ce que le guérisseur le lui avait dit, on ne pouvait pas se défendre contre une telle influence. Clemens était beaucoup trop loin de se rendre compte, mais à y réfléchir, il n'avait pas le sentiment de s'être laissé contrôlé à un quelconque moment de son passé. Si ça avait été le cas, il ne s'en était pas rendu compte et n'en souffrait pas. Donc ça n'était pas si grave, en théorie ?  Un truc du genre, en tout cas.

Sept ans. L'étudiant réalisa qu'il n'avait même aucune idée de l'âge de Quinlan. Il le détailla un instant, essayant de se donner une idée et de recouper les différentes informations qu'il avait de lui et son frère. Ca devait leur faire une petite trentaine d'années, à la grosse louche, et ça faisait tout de même vachement jeune pour s'être retrouvé sous une telle emprise. Clemens continua à caresser la main de son aîné, le regard un peu dans les nuages. Il aurait voulu pouvoir se mettre à sa place, lui dire qu'il pouvait vraiment le comprendre et le soutenir. Il ne pouvait pas agir comme il l'avait fait avec Rowan ou Isolde, éclater de rire, leur dire d'envoyer les conventions se faire voir et les rassurer sur leur état d'être humain. Quand ils s'étaient confiés à lui, les mots lui étaient venu avec la spontanéité de celui qui n'a rien à cirer des rumeurs. Il avait fait pareil avec Quinlan, au début, sauf qu'ils étaient bien au-delà de ça, à présent.

« Il était temps que ça change, hmm ? »

Son regard s'était à nouveau concentré sur le guérisseur, relevé dans un douceur par un sourire amusé. Il avait bien compris que son aîné ne s'était confié qu'à demi-mot sur son attirance, sans quoi, il n'aurait pas réagi avec autant de ferveur. Il n'aurait pas craint de lui faire du mal si ça n'avait été qu'une histoire de coups d'un soir. Clemens n'avait toujours aucune idée de la mesure dans laquelle il pouvait accepter ces sentiments. D'un côté, il avait envie d'en parler ouvertement à Quinlan, d'un autre, il ne voulait pas ramener cette discussion à une froideur cartésienne qu'ils lui donneraient inévitablement. Le guérisseur l'attirait pour son esprit et son intelligence, pour tout ce qu'il avait à offrir. Ca avait toujours été la condition sine qua non des relations de l'Allemand.

« Je suppose que c'était la réaction la plus saine, de se laisser du temps. Se jeter dans les bras du premier venu n'aurait fait que compenser une blessure encore saignante, voire même la rendre pire encore. Enfin, je n'en sais rien, au fond. J'imagine. »

Il était quand même sorti, finalement, ce ' j'imagine'. Clemens en sourit, conscient de la pirouette. Au fond, il voulait juste éviter de laisser le silence s'installer, histoire que Quinlan puisse continuer à parler sans devoir briser une nouvelle barrière. Les mots n'avait pas vraiment de sens, ce qui comptait, c'était la présence non ?
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyMer 17 Juin 2015 - 18:14


Effectivement, difficile de faire la différence entre Quinlan et son arsenal défensif. Ils s'étaient tellement mêlés avec le temps qu'ils formaient un tout cohérent, d'autant plus que certains mécanismes n'étaient que du recyclage de vices déjà présents avant l'épisode Roxanne. Au final, il n'y avait pas de 'vrai' Quinlan, seulement différentes facettes, toutes aussi légitimes les unes que les autres.

Entendre Clemens lui assurer qu'il ne se laisserait pas faire lui fit plus de bien qu'il ne voudrait jamais l'admettre. Il avait gardé sa main dans la sienne, et donna une légère pression, comme pour lui signifier qu'il avait compris et que le chapitre était clos. Marché conclu alors. Ils pourraient continuer à travailler ensemble. Maintenant que Quinlan était certain que Clemens se sentait en sécurité avec lui, il n'avait plus de raison de s'opposer à sa présence. Au contraire. Il sentait qu'il en aurait besoin.

Après sept ans de traversée de son désert sentimental, Quinlan se réveillait violemment, et il était mort de soif. Il n'était pas sûr d'être d'accord avec Clemens, mais il lui rendit son regard et son sourire.

— On s'habitue à tout, et la vie n'est pas si difficile quand on ne s'attache pas…

Il n'avait pas osé dire à Clemens que ce changement ne lui paraissait pas des plus bénéfiques, même si partager son secret avec quelqu'un d'autre que Neal l'avait soulagé plus qu'il ne l'aurait pensé. Il garda son petit sourire et rejeta la tête en arrière. Les yeux rivés sur le plafond, il se sentait un peu plus léger. À ses côtés, toujours au bout d'une main qu'il n'osait pas lâcher, Clemens émit l'idée que ce n'était pas plus mal. Quinlan haussa les épaules.

— Je ne sais pas non plus.

Normal, puisqu'il ne l'avait pas fait. Tout dépendait de la personne qui l'aurait récupéré. Si c'était une autre Roxanne, ça l'aurait certainement achevé. Mais si c'était quelqu'un de vraiment compréhensif, ça aurait tout simplement pu accélérer sa guérison. Le faire grandir, au moins. Et parfois, on a besoin de se jeter dans les bras du premier venu, ne serait-ce que pour oublier.

— Tu sais, je n'ai jamais été doué pour ça. Ça ne date pas de Roxanne. J'ai bien eu deux trois crushs à Poudlard, mais à l'époque les choses étaient encore plus compliquées…

Peter. On dirait que Quinlan était vraiment parti pour sortir tous les cadavres du placard. La pensée le fit rire, un léger éclat amusé, teinté d'une auto-dérision bienveillante.

— Quand j'étais en quatrième année je crois, il y avait un mec sur qui j'avais flashé, sauf que j'avais pas tout de suite capté que c'était… ce que c'était. On a fini par sortir ensemble, presque par hasard, et ça aurait pu être génial s'il ne m'avait pas outé à toute l'école. Il l'a dit à quasiment tout le monde et on s'est foutu de ma gueule.

Cette fois, le ton n'était pas le même. Quinlan riait : ça se voyait que ce n'était plus du tout un traumatisme et qu'il était en paix avec ces souvenirs. Rien à voir avec le chapitre Roxanne.

— Et Neal, évidemment, il a été chopper le mec et l'a provoqué en duel. Mon frère est génial. Je l'adore. Il est aussi un peu con, parce que je me souviens qu'il a passé pas mal de temps à l'infirmerie après ça… Mais voilà.

Il soupira avant de se tourner vers Clemens et de chercher son regard. Il aimait à se perdre dans ces iris, tout comme il savait que ses doigts aimeraient se perdre dans ses boucles. Un sourire énigmatique toujours sur le visage, Quinlan continua.

— J'ai toujours été comme ça, je crois. À voiles, à vapeur et à énergie nucléaire.

L'expression le fit rire de nouveau : ça faisait du bien de se sentir débarrassé d'un poids, réellement en confiance. Et puis, ce serait drôle que Clemens lui demande ce que c'était que l'énergie nucléaire. Quinlan était capable de le lui expliquer, mais ils seraient repartis directement dans une longue conversation pleine de bullshit pseudo-scientifique… Ouais, finalement cette perspective n'était pas si dégueulasse.

— Tu n'as pas faim ?

Maintenant qu'il avait l'esprit libéré de ses nuages, que l'orage était passé, Quinn se rendit compte qu'il n'avait pas mangé depuis… Depuis cette nuit en fait. Il devait bien lui rester des lasagnes…
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyMer 17 Juin 2015 - 19:00

Pas si difficile quand on ne s'attache pas… Clemens se demanda si ce n'était pas une façon, encore une, de se mentir à lui-même. Un mécanisme de défense tellement intégré que Quinlan ne se rendait même plus compte que c'en était un. Pas forcément, bien sur, certaines personnes restaient détachées toute leur vie. La question était plutôt de savoir s'il s'interdisait de s'attacher à qui que ce soit, ou si ça n'arrivait vraiment jamais. Du peu de temps qu'il avait passé avec le guérisseur, il aurait plutôt pensé à la première solution, même si les indices étaient beaucoup trop faible pour véritablement se permettre de spéculer. D'autant que ne pas trouver de partenaire était une chose, mais n'avait-il vraiment créé aucun autre lien en dehors de son frère ?

« Je pense que j'en serais incapable. »

Ca n'avait été qu'un murmure pour lui-même. Clemens se savait lourdement dépendant des relations profondes et solides qu'il avait liées avec ses plus proches amis, surtout après les avoir cherché si longtemps à Poudlard. Il avait toujours été spontané et plutôt ouvert d'esprit, il n'avait pas peur d'aller vers les gens et il s'était retrouvé pleinement intégré dès sa première année. A aucun moment de sa vie ne pouvait-il prétendre avoir souffert de la solitude. Cependant, l'Allemand n'avait compris que bien plus tard ce que signifiait être vraiment entouré et il avait, en un sens, fait le tri dans ses amis. Certaines personnes étaient toujours là. Sans qu'on sache pourquoi. Elles étaient presque sa famille étendue, mais l'incertitude qui entourait la naissance de ces liens les rendaient quelque part bien plus précieux.

D'ailleurs Quinlan enchaîna sur Poudlard, ce qui provoqua presque instantanément un certain amusement chez Clemens. Les relations sérieuses durant la scolarité… Ce sujet l'avait toujours plus ou moins fait marrer. Enfin, du moins depuis qu'il pouvait les observer avec du recul. Quand il repensait aux siennes, il retrouvait un certain pincement au cœur qui correspondait à l'attachement pour ces filles. Clélia, Hailey, Judith. Durant ses relations, il avait évidemment pensé être amoureux, mais quelques années plus tard il comprenait à quel point un couple établi dans un environnement si contrôlé, si observé, était surfait. Leurs relations n'avaient souffert aucune spontanéité et n'avait en aucun cas rendu son quotidien plus facile. Pourtant, il ne les regrettait pas et gardait un bon souvenir des trois filles. Si n'y avait eu que ça.

Clemens étouffa un rire. Si l'histoire du guérisseur provoquait un certain échos chez lui, son anecdote était décidément plus aventureuse que le sienne propre. Neal paraissait être si calme et placide quand on le croisait dans les couloirs de l'académie, mais leur conversation sur les plantes métamorphiques avait suffit pour convaincre l'étudiant que les apparences étaient trompeuses.

« Je suppose que ça a du surprendre pas mal de monde à ce moment-là, de voir Neal provoquer qui que ce soit en duel. Il est plutôt étonnant, cela dit. Pour un peu, il aurait réussi à me faire développer une passion pour la botanique. »

L'humour transparut clairement dans sa voix. Le botaniste lui avait fait une très forte impression, et ce n'était pas peu dire pour un étudiant qui n'avait jamais trouvé un quelconque intérêt à triturer des plantes. Cependant, derrière la première image qu'il s'était fait du jeune Fitzsimmons aux Trois Balais, il avait découvert un homme à la force de caractère épatante. Au fond, pour quelqu'un qui se trimballait une baguette en bois d'if, se lancer dans un duel perdu d'avance mais avec la ferme intention de le gagner quand même n'était pas spécialement incohérent.

« Je comprends bien, cela dit. Une de mes amies s'est retrouvée dans une situation semblable quand nous étions toujours à Poudlard, on lui a mené la vie dure pendant un moment. »

Son regard s'était assombri. Il n'avait jamais compris cette attitude de rejet et de haine envers les différentes orientations sexuelles. Après tout, on pouvait avoir des sentiments très forts pour un ami ou une amie, et chacun s'en tamponnait le coquillage. Par contre, dès qu'on y mettait le mot amour et non plus amitié, alors là, c'était un scandale. Clemens soupira.

« Après avoir vu ça, je n'ai pas eu le courage de prendre la même voie qu'elle. »

Ses yeux se détournèrent de Quinlan. Cette expérience l'avait longtemps laissé perplexe, même s'il ne pouvait pas dire qu'il en avait eu honte. Seulement, en tant que joueur star de son équipe de Quidditch, respecté de tous, il avait préféré préserver sa réputation. Personne ne s'était jamais douté de rien, mais l'Allemand se demandait encore souvent ce qu'il en aurait été, si l'affaire s'était ébruitée. Il n'en avait parlé qu'à deux personnes, peu de temps après, parce qu'il ne comprenait pas comment il devait se positionner par rapport à lui-même. C'était toujours un peu flou, d'autant que Quinlan le forçait indirectement à relancer ce débat intérieur qu'il n'avait jamais vraiment achevé.

« Pardon, tu as dit quelque chose ? »

Plongé dans sa réflexion, la voix du guérisseur n'avait sonné que lointaine au fond de sa tête. Clemens releva les yeux vers lui. Pendant une seconde, il avait oublié où il se trouvait.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyJeu 18 Juin 2015 - 2:18


Ce n'était pas parce que Quinlan souffrait parfois qu'on lui dise qu'il n'était pas 'normal' qu'il ignorait que la majorité des gens n'étaient effectivement pas comme lui. Si on lui avait posé la question, il aurait été bien en peine de dire si son détachement était une inclination naturelle ou un mécanisme de défense. Il avait laissé la porte ouverte aux amourettes jusqu'à Roxanne, et n'avait quand même pas connu énormément d'histoires. Il pensait sincèrement que le concept de couple était quelque chose de trop réducteur pour qu'il consente à s'enfermer dans un truc pareil. Roxanne ne lui avait pas vraiment fait changer d'avis. Quinn savait qu'il était un ami discret mais présent s'il le fallait, un amant hors-pair, mais un petit-ami absolument merdique. C'était presque codé dans ses gènes, à ce niveau-là.

Le murmure de Clemens lui rappela à quel point il vivait en dehors des sentiers battus. Et ce depuis un long moment : Quinn se mit à raconter l'anecdote de Peter, un épisode de sa vie qu'il avait plutôt mal vécu mais avec lequel il considérait qu'il n'avait pas à avoir honte. Si ce coming-out forcé avait été une attaque, une souffrance, il avait décidé d'en faire une force. Je suis bisexuel et je t'emmerde. Tant pis si ça devait lui fermer certaines portes. C'est vrai qu'avec le recul, il avait eu un peu de mal à se trouver un stage… Mais voilà, il ne se cachait plus depuis longtemps et quand il gardait ses lèvres closes, c'était seulement par considération pour les personnes qu'il mettait dans son lit.

Le passage sur le côté chevalier vengeur de Neal ne passa pas inaperçu et fit rire Clemens. Quinlan était content que l'atmosphère soit un peu moins tendue, surtout après ce qu'il venait de dire. La pire chose qui aurait pu arriver, c'est que chacun se mure dans un silence gêné. Et c'était loin d'être le cas.

— C'est un vrai passionné comme toi, pas étonnant. Tu m'as presque donné envie de prendre des cours de rattrapage en métamorphose… Vous avez tous les deux une façon de présenter les choses bien à vous, un angle différent.

C'était juste son avis, mais plus il y songeait, plus il voyait de points communs entre Clemens et Neal. Ça ne le surprenait pas le moins du monde que les deux hommes s'apprécient et surtout, que son bro ait réussi à éveiller l'intérêt de Clemens pour ses pâquerettes.

Quinlan ne s'attendait pas à ce que sa petite anecdote fasse — encore — écho à l'histoire de Clemens. Il essayait de ne pas trop faire d'hypothèses sur l'orientation sexuelle de l'étudiant, simplement parce qu'il avait l'impression diffuse qu'il n'était pas vraiment fixé. Personne ne l'était jamais, mais il y avait quand même des degrés de certitude. Du coup, Quinn ne savait pas s'il était étonné que Clemens lui avoue à demi-mots qu'il avait eu peur de la réaction des gens dans le cas où il ne serait pas hétéro à 100%.

Les gens étaient cons, ce n'était pas nouveau. C'était d'autant plus vrai dans le monde du sport. Quinn ne s'intéressait pas au Quidditch, mais il se doutait qu'il devait y avoir un lien quelque part. Et même sans ça, voir une amie souffrir pour un truc pareil, ça vous passait l'envie de parler. Quinn n'avait pas eu le choix, mais s'il l'avait eu… Qu'aurait-il fait ? Hmm non, il n'aurait pas pu rester dans le placard, c'était trop à l'encontre de tout ce qu'il croyait. Ce qui l'enrageait le plus, même maintenant, c'était que Peter lui avait volé cette occasion de parler pour lui-même, de contrôler cette partie de sa vie.

Pour autant, il n'allait pas juger Clemens. Ce serait bien le dernier à le faire. Il se contenta de le regarder dans les yeux, haussant les épaules pour évacuer le problème de la bouffe. Ça pouvait attendre.

— Non, laisse tomber c'est rien. Si tu es déjà sorti avec un mec, ça peut se comprendre que tu n'aies rien dit. Surtout à l'époque de Poudlard… C'est l'âge où le moindre truc peut se retourner contre toi. La moindre parole devient vite une arme. Je comprends que tu n'aies pas voulu tendre le bâton pour te faire battre.

Bien sûr, ça restait dommage qu'il ait dû se planquer, d'autant plus que la question ne semblait pas du tout réglée pour lui. Il n'allait pas prendre le risque d'un coming-out alors qu'il n'était même pas sûr lui-même. Autant profiter de l'avantage de passer pour un hétéro, au moins dans le doute. Quinn mentirait s'il disait qu'il n'avait jamais joué sur le fait qu'il appréciait aussi les femmes pour parvenir à ses fins. Un simple mensonge par omission, parce que parfois même les gays oubliaient ce que voulait dire le B dans LGBT.

— Si seulement les gens ne partaient pas du principe que tout le monde est hétéro, on n'en serait pas là. Et quand bien même, je vois pas ce que ça peut leur foutre ce qu'on fait de notre cul ou ce que la personne qu'on aime a entre les jambes.

La colère de Quinn était à peine voilée : il s'était pris tellement de réflexions de part et d'autre qu'il avait perdu le compte. Sur le coup, il les balayait d'un revers de la main, mais ça ne voulait pas dire qu'il y était totalement insensible. Ne jamais sous-estimer le pouvoir de la répétition.

— Tu te considères comment ?

La question était sortie toute seule, de façon peut-être un peu brutale. Mais ce n'était pas un moyen d'acculer — avec un A — Clemens, seulement d'essayer de l'aider à mettre sa pensée et ses émotions en ordre. Plus ou moins. Parce que dans le fond…

— Pas que les mots soient importants pour ça, cela dit. Les étiquettes qu'on se colle ne nous résument pas.

Quinn soupira. Clemens était Clemens et c'était déjà putainement glorieux. À cette pensée, le guérisseur ne put s'empêcher de sourire. Merde, pensa-t-il juste après, se rendant compte de ce qui était en train de lui arriver, je suis foutu.


Dernière édition par Quinlan C. Fitzsimmons le Jeu 18 Juin 2015 - 8:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyJeu 18 Juin 2015 - 7:13

Pour quelqu'un qui avait passé toute sa scolarité à se construire une réputation sur base du sport, entendre un tel commentaire était forcément touchant. Clemens savait, en soi, que sa maîtrise de la métamorphose était pas loin d'exceptionnelle pour un étudiant de son âge. Et ça le rendait sans doute orgueilleux sur les bords. La reconnaissance par ses pairs avait cependant toujours quelque chose de réconfortant et cela se refléta dans son regard. La passion dirigeait sa vie depuis qu'il était tout gosse et cela lui arracha un sourire ; il se souvenait comme si c'était hier de ce Noël 1987 où ses parents lui avaient offert un balai, sans néanmoins pouvoir le dire ouvertement. Passer les vacances d'hiver dans sa famille moldue avait presque été une torture tellement le gamin qu'il était n'avait qu'une envie : rentrer à Londres et découvrir son premier balai. Au fond, c'était simple. Il suivait ses instincts, et réfléchissait ensuite.

« Je suppose que la clé, c'est d'être passionné. On a envie que tout le monde se rende compte à quel point notre domaine est fantastique. »


Il passa néanmoins sur les cours de rattrapage. L'étudiant en avait déjà donné à Poudlard, tout bon stagiaire de McGonagall qu'il était, mais la réussite n'avait pas été éclatante. De toute évidence, on ne devenait pas professeur sur un coup de tête et maîtriser son sujet n'était pas suffisant pour y intéresser des élèves. Et c'était encore plus loin de le leur faire rentrer dans la tête. Avec le recul – et des échanges de courriers avec Anna – il se rendait compte qu'il avait attendu bien trop de son jeune public et n'avait pas su voir les problèmes à travers leurs yeux. Sa passion le faisait constamment sauter du coq à l'âne, il voyait toujours deux pas plus loin que tout le monde et oubliait que ce n'était pas le cas de tout le monde. Clemens soupira. Ce demi-échec était une grande déception pour lui, évidement, mais il laissait au moins la place au progrès. Ça aurait été dommage de déjà s'ennuyer.

Alors qu'il s'était perdu dans sa réflexion, Quinlan lui redonna pied en enchaînant directement sur la réflexion qui l'avait occupée. La remarque, un peu pour lui-même, qui lui avait échappé serait sûrement tombée à plat dans la plupart des discussions, où ce sujet était soigneusement évité. On détournait les yeux avec pudeur, en faisant sembler de n'avoir pas compris, afin de ne pas entrer dans un débat fâcheux. Après tout, beaucoup se posait ou s'était un jour posé des questions sur leurs orientations sexuelles, sans avoir voulu pour la cause les évoquer au grand jour. Sauf qu'il n'avait pas n'importe qui en face de lui, mais un homme qui en avait fait sa force. L'Allemand s'ancra dans le regard du guérisseur, sans trouver immédiatement les mots qui convenaient pour lui répondre.

« J'en ai toujours été convaincu, en soi. Et je ne pense pas avoir jamais jugé quelqu'un sur cette base-là. Je ne comprends pas pourquoi l'amitié est universelle, mais l'amour, ce pas supplémentaire vers une personne, ne peut se faire que dans des sentiers bien délimités. Ça n'a aucun sens. »

Sa version était un peu moins crue que celle de Quinlan, reflet sans doute des différences dans leurs conceptions des relations humaines. Clemens sourit cependant, savoir que d'autres personnes, en dehors de son cercle d'amis restreint partageaient son point de vue, ou simplement acceptaient d'en parler était un soulagement en soi. La question, presque devenue obligatoire, qui suivit, réussit tout de même à le prendre de cours. Il détourna le regard à nouveau, se demandant s'il avait le temps en trois secondes de finir ce long débat avec lui-même. Question rhétorique.

« Si ça n'avait pas été toi qui posait la question, j'aurais répondu hétéro et ça n'aurait pas été un mensonge. »

Non, certes, mais une demi-vérité quand même. Personne ne l'avait forcé à partager une nuit avec Ethan. Ca s'était fait spontanément, sans qu'il sache vraiment pourquoi. Trois ans plus tard, il ne savait toujours pas comment se positionner face à cette expérience, et il commençait à s'en sentir ridicule. Ce n'était pas faute de l'avoir partagée avec deux personnes en qui il avait une confiance sans limites. Néanmoins, aucune des deux ne l'avait bousculé assez pour le forcer à se décider. Sans doute signe qu'ils étaient de vrais amis, au fond. Clemens haussa les épaules en signe d'impuissance.

« J'en sais rien, parfois je me dis que me coller un mot sur le front m'aiderait à faire le tri dans mes pensées et à me comprendre moi-même. L'écrasante majorité de mes relations ont été avec des femmes, et je n'ai jamais du me forcer pour. Si ça avait été une évidence que ça ne me convenait pas, je crois que je l'aurais assumé et que j'aurais fait face. Même si on ne peut jamais vraiment savoir, bien sur. »

Enfin, il retrouva le courage de regarder Quinlan à nouveau. C'était compliqué de se battre avec ses propres questionnements quand on avait en face de soi quelqu'un qui était si décidé. Clemens n'était pas honteux de douter, par contre, de la possibilité d'être en train de se voiler la face, ça…

« J'aime l'esprit des gens autour de moi. C'est ça qui me rend fou, passionné, au-delà de l'apparence. Ethan avait réussi à évoquer un truc chez moi que je n'ai pas compris, et que je ne comprends toujours pas, soit dit en passant. Je ne regrette pas mais… je me demande toujours si je ne me suis pas voilé la face par conformisme. J'ai sans doute fait l'autruche depuis, parce que je n'avais plus jamais eu à me poser la question. »

Aveu accouché dans la douleur. Les conventions revenaient toujours sur le tapis. Toujours. On n'en était jamais libéré. Clemens souffla un coup, à défaut d'être libéré de la société, il l'était au moins d'une espèce de secret dont il n'avait plus parlé depuis longtemps. C'était toujours ça de pris.


Dernière édition par Clemens Neubach le Jeu 18 Juin 2015 - 12:41, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyJeu 18 Juin 2015 - 10:31

C’était vrai que dans un métier pareil, la passion, c’était 90% du boulot. Si on arrivait à transmettre cette passion… C’était encore mieux. Quinlan ne pensait pas que la médicomagie était fantastique, pas vraiment, mais c’était un domaine fascinant. Certains guérisseurs avaient choisi cette voie parce que ça payait bien ou parce qu’ils en avaient les capacités. Pour Quinn, ce n’était pas de bonnes raisons : résoudre les énigmes du corps, ça, c’était ce qui l’intéressait vraiment. Il s’était simplement rendu compte en exerçant que le corps et l’esprit étaient trop liés pour faire l’impasse sur le côté psychologique. Aider les gens, c’était parfois optionnel. Ce n’était pas spécialement politiquement correct, mais Quinn n’avait pas l’impression d’aider un patient en le sauvant si ce dernier n’avait plus envie de vivre, ou s’il était trop diminué pour continuer. On le lui avait déjà demandé, supplié de faire quelque chose, et il l’avait fait. Il ne le regrettait pas.

Tout ça pour dire que la botanique ça pouvait être badass ou choupi, tout comme la métamorphose. La médicomagie, c’était jamais vraiment choupi. Que des trucs crades, suintants, des plaies ouvertes, de la souffrance à gérer et à évacuer. Quinn avait vécu des moments formidables dans sa carrière, des instants de pur bonheur, mais par définition, ils naissaient toujours de la douleur et des blessures. Bref, Quinlan n’avait pas grand-chose à répondre.

Clemens semblait perdu dans ses pensées. La situation s’était encore une fois inversée, et maintenant c’était de nouveau le guérisseur qui poussait l’autre à l’introspection. L’avis de Clemens sur la question très personnelle de l’orientation sexuelle ne l’étonna pas le moins du monde. Il s’y attendait même, et aurait été déçu d’entendre autre chose. En même temps, le mâle hétéro classique se serait déjà barré de ses appartements, ou n’y aurait carrément pas mis les pieds. Clemens savait voir au-delà de ça et Quinn l’en remerciait déjà.

— C’est drôle, parce que je ne suis pas sûr que l’amitié soit réellement universelle. Si tu es très ami avec une fille, on va finir par dire que tu couches avec, ou que c’est plus que de l’amitié… En gros, pour les bienheureux qui ont des œillères plus grosses qu’eux : l’amitié c’est entre mecs ou entre filles, sinon c’est qu’il y a du désir ou autre chose qui va s’en mêler.

Et revenait la devise de Quinlan : les gens sont cons. S’il avait eu une Noise pour chaque moment où il avait pensé ça, il serait déjà riche. Il soupira, et passa son pouce sur le dos de la main de Clemens. Il n’avait pas pu se résoudre à la lâcher, même si ça devenait de plus en plus ambigu, compte tenu de la conversation qu’ils étaient en train d’avoir. Quinn venait juste de lui demander comment il se positionnait vis-à-vis de ça. Une question épineuse, piège, qu’il regretta presque d’avoir posé.

Hétéro… ? Quinlan s’en était douté, c’est aussi pour ça qu’il avait été si prompt à interpréter tout ce que Clemens disait ou faisait comme les signes d’un refus. Hésitant et poli, mais un refus tout de même. Cela dit, la façon dont il avait tourné sa phrase laissait la place au doute, et à l’espoir. Faux ou réel, ça restait à voir.

De toute façon, Quinlan s’empressa de le rassurer en lui disant que les étiquettes n’étaient que des mots. D’autres types de cases, tout simplement. Clemens avait le droit et c’était même normal qu’il se sente un peu perdu. Même Quinn avait eu ses moments de doute… À trop vouloir savoir, on finit par douter de tout. C’était d’autant plus vrai que Clemens aimait réellement les femmes. Tout comme Quinlan. Quand on est dans cette zone entre ce que la société attend de nous et ce qu’elle nous interdit à demi-mots — ou pas — c’est encore plus difficile de se revendiquer. On a l’impression de trahir les deux ‘camps’ à la fois, et on se retrouve en pleine ligne de mire, à se prendre les balles de deux côtés.

Quinlan laissa Clemens parler, l’écoutant avec une oreille particulièrement attentive. Non pas que son histoire faisait directement écho à la sienne — pour une fois — mais bien parce qu’il y avait là un arrière-goût d’inachevé, quelque chose laissé en suspens. Ce ne serait certainement pas ‘réglé’ aujourd’hui, ni demain, ni même jamais, mais si Quinn pouvait l’aider à avancer, alors il le ferait. Ce qu’il lui raconta le fit sourire intérieurement. D’abord, parce que Quinlan trouvait ça extrêmement beau d’être avant tout attiré par un esprit, une personnalité plutôt qu’une couleur d’yeux ou la forme d’un postérieur. Là-dessus, il plaidait coupable.

— Est-ce vraiment du conformisme, ou juste le fait que tu es plus difficile quand il s’agit d’hommes ?

Tous les genres ne se valent pas pour tous les bisexuels, c’est aussi pour ça que le terme ‘pan’ surgira des tréfonds des prides et du côté justice sociale de Tumblr vingt ans plus tard. Quinn ne faisait vraiment aucune différence, et quand il prenait le temps de se pencher sur ses conquêtes, il n’avait pas l’impression de privilégier, un genre ou un autre. Il n’était même pas sûr de se limiter à un type d’humain donné : sorcier.e .s, moldu.e .s, et même un centaure. Il en était fier de celui-là, et s’en souviendrait sûrement toute sa vie.

Mais Clemens pouvait se retrouver attirer par plusieurs genres sans forcément les mettre tous sur le même niveau. C’était la théorie de Quinlan : l’étudiant était plus sensible aux femmes qu’aux hommes et ça n’avait rien d’étrange ou d’exceptionnel.

— Et là, du coup, tu te reposes la question ?

Elle était quasiment rhétorique celle-là. C’était pour Quinlan une façon d’essayer de savoir, une fois pour toutes, s’il pouvait s’autoriser à espérer quelque chose, ou si c’était déjà mort d’avance.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyJeu 18 Juin 2015 - 15:45

Bien sur, si on se référait à la population moyenne et aux œillères qui lui limitait la perspective, alors l'amitié n'était pas universelle. Clemens ne partageait tout de même pas cet avis-là. Même si on l'avait souvent attaqué sur ses amitiés ambiguës, surtout à cause de son attitude spontanée et joueuse, il n'avait jamais eu de problèmes pour maintenir ses amies dans le coin de son cerveau destiné à l'amitié. Son désir n'était jamais né du partage d'un café ou d'une balade dans un parc, donc il n'avait jamais compris quand on l'accusait de n'en vouloir qu'aux fesses de ses camarades. Chacun pouvait bien en penser ce qu'il voulait, mais les limites étaient claires pour lui.

« Forcément, mais je ne suis pas sur que ce soit un argument valable. Il y a quelque chose de sauvage et de passionné dans le désir que je n'ai jamais retrouvé dans mes amitiés. Ça ne me perturbe pas de prendre une amie dans mes bras, mais ça ne veut pas dire que j'ai envie de plus. »

Clemens haussa encore une fois les épaules, la question ne méritait même pas d'être débattue. C'était encore une de ces situations qui n'avait pas de règles prédéfinies ; certaines personnes pouvaient gérer des amitiés avec le sexe opposé, d'autre pas. Ou avec le même sexe, selon leur orientation. On ne pouvait pas vraiment le leur reprocher, au final. Le désir n'était qu'un instinct animal qui naissait où bon lui chantait, et pas vraiment une évolution qu'on pouvait prévoir ou décider. S'il en avait été de même pour lui, il n'aurait clairement pas été le même homme. Son amitié si intense avec Isolde n'aurait pas été possible et… Fin de l'histoire.

Ses yeux tombèrent sur leurs mains quand il sentit la timide caresse de Quinlan. Pour un peu, l'étudiant en aurait oublié que ce geste de réconciliation n'avait toujours pas été interrompu, mais il ne pouvait pas dire que ça le dérangeait. Il était troublé, par contre, ça c'était une certitude, même si elle ne l'avançait guère. Qu'est-ce qu'il faisait là, à discuter de son orientation sexuelle avec un guérisseur dont il avait voulu partager les recherches !? La situation était si invraisemblable. Même pour lui qui avait une fâcheuse tendance à mettre la hiérarchie au placard… et ce n'était pas peu dire.

Conformisme ou exigence ? La ligne entre les deux était si fine par moment qu'on aurait pu les confondre, ou du moins, utiliser l'un pour justifier l'autre. Clemens ne s'était jamais posé la question sous cet angle de vue néanmoins, et cela suffit à relancer son débat intérieur. Et si c'était ça, la clé, qu'il attendait simplement plus d'un homme que d'une femme ? Ethan ne l'avait clairement pas laissé indifférent, sans qu'il puisse jamais déterminer s'il existait cette dimension physique qu'il trouvait si facilement au contact d'une femme. L'étudiant dégagea sa main de celle de Quinlan et appuya ses paumes sur ses yeux, soudainement fatigué par la discussion.

« Honnêtement ? Ça fait trois ans que je n'en sais rien. Et je ne le saurais sans doute jamais, en ce qui concerne le reste…  »

Simplement parce qu'il n'était plus la même personne. Il lui était impossible d'aller gratter à ce point dans son passé pour se souvenir de ses pensées exactes à ce moment-là. A 17 ans on n'était encore qu'un adolescent influençable, malléable, qui se laissait toujours plus ou moins porter par la masse. Durant ces trois dernières années, il avait indéniablement évolué, même s'il se sentait bien en peine de juger à quel point.

Clemens laissa ses mains retomber sur ses cuisses. Quinlan lui posa la question qu'il s’efforçait soigneusement d'éviter depuis le début de la conversation. Même s'il l'aidait dans son introspection, il était impensable le croire désintéressé sur une telle interrogation. Pas après ce qu'il lui avait avoué. L'Allemand se sentait bien en peine de donner une réponse claire. Sauf qu'elle n'avait pas besoin de l'être. Pas encore. Ses yeux bleus cherchèrent le regard noisette du guérisseur, mais se libérèrent de son intensité après quelques secondes.

« Oui. »

La résonance qu'il avait développée avec Quinlan, si rapide et si forte, lui faisait envie. Il ne se sentait pas le courage de rejeter son aîné, tout en ignorant quelle était la limite de leur partage. Clemens chercha timidement la main du guérisseur et y glissa à nouveau la sienne, laissant ses doigts se faufiler entre les siens. Comment lever des doutes, si ce n'était en s'y confrontant ?
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyJeu 18 Juin 2015 - 18:42

L'amour et l'amitié étaient pour Quinlan deux choses à la fois très floues et très différentes. Il avait noué quelques amitiés dans sa vie — assez peu, il faut le reconnaître — et sa vie amoureuse avait été chaotique. Au final, c'était pour lui deux sentiments qu'il préférait éviter : il n'aimait pas mentir à ses amis, mais il y avait des choses qu'il ne voulait pas dire à tout le monde. Finalement, oublier les sentiments et profiter juste du jeu, c'était ce qu'il y avait de mieux pour lui.

Et le voilà à discuter de l'amour avec un grand A avec un de ses étudiants. Enfin, pas n'importe lequel : celui qui lui avait tapé dans l'oeil au premier regard, celui qui avait su éveiller sa curiosité intellectuelle et sentimentale au point de le terrifier, et celui qui avait réussi à le rassurer, à le mettre assez en confiance pour qu'il dévoile les moments les plus sombres de sa vie. 'Un de ses étudiants', c'était diablement réducteur.

Alors oui, c'était un peu étrange de les voir là, assis sur le sol à se prendre la main en se demandant comment et pourquoi, qui suis-je, où vais-je et dans quel état j'erre… Mais ce n'était pas désagréable. C'était parfois difficile de parler, mais une fois que tout est sorti, on se sentait beaucoup plus léger. Ces grimoires codés étaient effectivement de vraies saloperies, mais ils avaient eu le mérite de les rapprocher. Quinlan ne s'y serait jamais attendu.

Et pourtant, il était en train de faire des suppositions comme s'il était dans la tête de Clemens. Ça partait d'une bonne intention, mais une fois que c'était sorti, il se demanda si c'était vraiment correct… Clemens reprit sa main, visiblement déstabilisé par la tournure que prenait la conversation. En même temps, cette conversation avait pris tellement de 'tournures' que c'était un vrai sac de noeuds.

Un peu comme la tête de Clemens, en fait. Il n'en savait rien, et avoua ne pas être sûr d'être fixé un jour. Quinn sourit. La solution était simple : oublier les étiquettes. Il valait mieux ne pas en avoir qu'en avoir une mauvaise ou erronée. On était moins tenté de se laisser enfermer par elles. Et Clemens était un esprit trop libre pour se faire enfermer.

Pendant tout ce temps, Quinlan ne répondit rien. Il n'avait rien à dire, tout simplement. Tout ce que disait Clemens était acceptable, et n'attendait aucune réponse. Le guérisseur, par contre, en attendait une, même si ce n'était qu'un indice un peu diffus. Clemens se tourna vers lui et laissa un moment son regard toucher le sien. Quinlan ne se rendit même pas compte qu'il retenait son souffle avant de soupirer en entendant cette fois une réponse claire. Enfin presque.

Quinn avait eu ce qu'il voulait, et s'apprêtait à laisser un peu Clemens respirer mais ce dernier ne l'entendit pas de cette oreille. Il reprit sa main dans la sienne, et avant même qu'il ne se rende compte, Quinlan s'était penché vers lui. Les yeux dans les yeux, son visage à seulement quelques centimètres de celui de Clemens, Quinn s'arrêta soudainement dans son mouvement.

— Est-ce que je peux t'embrasser ?

Peut-être que ça cassait l'ambiance de demander un truc pareil. Peut-être que ça sonnait con ou bizarre ou peut-être que la réponse paraissait évidente. Sauf que non. Quinlan avait besoin de demander l'autorisation pour être en paix avec lui-même mais surtout par respect pour Clemens.
Le consentement, ami des relations saines depuis 1875.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyJeu 18 Juin 2015 - 19:48

Son monologue intérieur prononcé à voix haute ne rencontra que du silence du côté de Quinlan. Ce n'était pas étonnant, dans le sens où Clemens était tellement peu sur de lui et de ce qu'il avançait sur ses propres sentiments que personne n'aurait pu le guider sur sa réflexion. Ça lui convenait assez bien d'ailleurs, ça lui permettait de s'écouter penser et de comprendre l'effet que ses propres mots lui faisaient. C'était un bon début, non ?

Le pas suivant, c'était d'admettre qu'on n'entrait peut-être pas autant dans un moule que ce qu'on avait pu croire pendant des années. Il avait longtemps tergiversé à propos de sa courte relation avec Ethan, et en avait même été jusqu'à la considérer comme une erreur, à certains moments. Dans son esprit, l'attirance pour les hommes étaient quelque chose d'universel et de répandu… sauf que ça n'était jamais arrivé qu'avec lui. Cette expérience avait fait volé en éclat tout un pan de ses certitudes sur ce qu'il était. La mettre de côté sans lui accorder aucune importance avait été la solution la plus facile, même si ça avait été une forme de fuite. Quinlan lui avait apporté une piste de réflexion pertinente pour le sortir de son impasse personnelle. Tout n'était pas joué, mais l'étudiant en savait plus sur lui-même que lorsqu'il était arrivé dans cette pièce. Quel paradoxe, quand on se souvenait que le but de cette rencontre était de décrypter des grimoires ?

Le contact de Quinlan était doux et apaisant dans sa main. L'initiative avait fait trembler une série de frissons le long de son bras, comme s'il n'était qu'un gamin lors de son premier rendez-vous. Elle a la main sur la table. Je peux, je peux pas ? Qu'est ce que je dois faire ? Qu'est ce que ça veut dire ? Sa décision avait été plus spontanée, évidemment, même si le sentiment était un peu le même. Au fond, il commençait à s'engager sur un terrain inconnu sans savoir si la découverte allait lui plaire.

— Est-ce que je peux t'embrasser ?

Sous la surprise, Clemens sentit un spasme provoquer une crispation dans sa main. Ses doigts se serrèrent une seconde autour de ceux de Quinlan. Il se donna une gifle mentale. Quel abruti il avait été de ne pas s'y attendre, comme si cette confirmation d'attirance mutuelle n'allait provoquer aucune réaction chez le guérisseur.

Il était conscient qu'une lueur de doute devait s'être révélée dans son regard. Il était perturbé par la proximité soudaine, il sentit un nuage d'adrénaline se répandre dans ses membres. Pourtant, il laissa ses yeux détailler le visage de son aîné pendant une seconde qui lui parut bien trop longue. Il avait bien fait de demander. Clemens rompit la distance qui les séparait encore, conscient de la tension qui devait avoir atteint un nouveau degré d'intensité chez Quinlan.  Ses lèvres rencontrèrent les siennes avec une certaine hésitation d'abord, se dégageant après un court instant, avant de revenir ensuite et de quémander plus. Son esprit venait de déclarer forfait, victime du trop grand nombre d'ascenseurs émotionnels dont il avait été victime durant les dernières vingt-quatre heures. Sa main glissa le long de celle du guérisseur, jouant avec ses doigts dans une caresse discrète.


L'Allemand se laissa retomber contre le bord du canapé, presque inconscient du trop grand nombre de sensations qui rugissaient dans son crâne. Ses yeux bleus se rouvrirent, dévoilant une lueur trop flamboyante pour être univoque. Il laissa échapper un discret soupir avant de sentir ses lèvres s'étirer en un discret sourire. Clemens ne dit rien, se perdant simplement dans le regard intense qui lui faisait face. Là, en cet instant précis, il ne savait de toute façon plus rien.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyVen 19 Juin 2015 - 6:37


Qui aurait cru la veille que l’enchaînement improbable d’événements aurait abouti à cette scène ? Pas Quinlan, en tout cas. Lui qui avait simplement flashé sur un de ses étudiants – rien de bien extraordinaire le connaissant – se retrouvait maintenant à l’embrasser. Une interrogation qu’il pensait avoir mis de côté depuis longtemps refit soudainement surface : « Le monde est-il seulement réel? » parce qu’il était clairement en train de planer. Il ne réalisait absolument pas ce qu’il se passait, même s’il avait eu la présence d’esprit de lui demander son autorisation. Ce n’était qu’un réflexe acquis dans la douleur : Clemens en fut surpris, douta même, mais Quinlan ne fit aucun geste. Il resta immobile, dans l’attente. La balle était dans son camp, c’était à lui de faire un choix. Alors quand Clemens s’approcha de lui pour poser ses lèvres sur les siennes, Quinn ne se rendit pas compte tout de suite de ce qu’il se passait. Paralysé pour un court instant, son corps reprit les rênes en voyant que son esprit était aux abonnés absents : le deuxième contact fut moins hésitant, et Quinn se surprit même à lever son autre main pour caresser les boucles de Clemens. Ça ne dura que quelques secondes, peut-être moins, mais la tension accumulée avait été tellement intense que ce baiser semblait infini. Alors que Clemens s’appuyait sur le canapé en souriant, Quinn, perdu dans ses pensées, l’embrassait toujours.

Son cœur tambourinait si fort qu’on aurait pu croire qu’il allait exploser, et il avait soudain beaucoup trop chaud. Maintenant que le baiser avait pris fin et que ses fonctions cérébrales revenaient peu à peu, il réalisait. En soi, ce n’était pas grand-chose, mais pour Quinlan c’était la fin de sept longues années passées bien tranquille dans sa forteresse dénuée de sentiments. Il s’était cru aromantique, mais (re)découvrait qu’il pouvait être le plus romantique d’entre tous, s’il trouvait la bonne personne. En l’occurrence, il espérait vraiment que ce soit Clemens.

Pour autant, il ne se faisait pas d’illusions. Ce n’était qu’un baiser, rien de plus. Treize ans les séparaient, sans oublier qu’il était toujours prof et Clemens, toujours étudiant. Si c’était juste pour un soir, Quinlan s’en foutait éperdument : il couchait avec qui il voulait, et était tout à fait capable de cloisonner le sexe du travail. Il était moins sûr quand il s’agissait d’autre chose. Ses sentiments avaient été sous pression, tus pendant des années : maintenant qu’ils refaisaient surface, Quinn ne savait pas comment les gérer. Il n’en avait jamais eu l’habitude, et son historique amoureux était… ce qu’il était. Quinlan se disait qu’au moins Clemens n’étudiait pas spécialité, et que les moments où une de ses vies empièteraient sur l’autre seraient moins nombreux. Le plus gros problème, c’était les autres. On pouvait bien aller envoyer les conventions sociales aller se faire foutre – avec les étiquettes d’orientation sexuelle aussi d’ailleurs – ça ne voulait pas dire qu’on ne pouvait pas être blessé. Peut-être que si ça se savait, ils seraient dans la merde. Peut-être qu’on chercherait à éloigner le vilain professeur pervers qui tire parti de son autorité pour se faire ses étudiant.e.s mais était-ce une raison valable pour se priver de quelqu’un comme Clemens ? Sûrement pas.

 Quinn soutint le regard de Clemens jusqu’à ce qu’il ne tienne plus et détourne les yeux. Il allait avoir besoin d’une bonne douche froide, c’était assez clair. Et vu la position dans laquelle il était assise et le pantalon qu’il avait choisi… Ouais, c’était clair. Il en fit abstraction et brisa le contact, récupéra sa main, et passa les doigts dans ses cheveux.

–  Je… C’était…

Ta gueule mec, t’as rien à dire.


Et pourtant, le silence commençait à lui peser. Alors qu’il cherchait un truc intelligent à balancer, une grosse touffe de poils fit son apparition. Le Docteur se planta juste devant les deux abrutis qui squattaient sa maison, et s’assit. Il miaula presque solennellement, observant la paire d’humains. Après quelques secondes de réflexion – ce chat réfléchit, il n’est forcément pas net ! – le Docteur s’avança vers Clemens. Avec un petit miaulement, il se mit à se frotter contre son flanc en ronronnant.

À côté de lui, Quinlan avait ouvert de grands yeux étonnés, et faisait l’aller-retour entre son chat et Clemens. Le félin qui lui avait craché à la gueule à l’arrivée était en train de réclamer des câlins ? Sérieusement ? Quinn arrêta de chercher. Sa vie devenait vraiment n’importe quoi là…  
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyVen 19 Juin 2015 - 11:41

Contrairement à Quinlan, aucune réflexion sur le futur ne se tenait dans la tête de Clemens. Appuyé contre le canapé, le regard détaché, il essayait simplement de comprendre comment l'enchaînement d'événements les avait amenés là. Assis par terre comme deux adolescents après avoir échangé un baiser qui les avait tous les deux mis en flammes. Bien que pour des raisons différentes, peut-être. La nuit dernière, il avait été très loin de s'imaginer que Quinlan viendrait débloquer ses recherches et leur donner un nouveau souffle. Le matin, il n'aurait pas cru que leur lien allait s'intensifier encore jusqu'à les transcender. En somme, il y avait un gouffre entre ses premières suppositions et le fait qu son goût pour les esprits brillants ne commence à se transformer en une forme d'attirance.

Le guérisseur finit par se détourner et rompre le contact, leur permettant à tous deux de laisser retomber la tension. La tentative de commentaire sur ce qui venait de se passer arracha un rire étouffé à l'étudiant. C'était. Pour un peu, ça aurait été une bonne description, tant ça avait été inattendu. Clemens ne savait pas vraiment quoi dire lui-même et se contenta d'un hochement de la tête. Tout était encore un peu flou dans sa tête, et il lui faudrait encore un peu de temps pour faire du tri d'information avant de sortir un commentaire.

Et enfin, comme si cette situation n'était pas encore assez irréaliste, une patate poilue vient se planter devant eux. L'étudiant se crispa un peu, qu'est ce que ce chat pouvait bien lui vouloir, encore ? Après avoir essayé de le chasser deux fois de l'appartement, le trouver aussi proche de son humain allait sans doute lui valoir un coup de griffes bien placé, et Clemens s'apprêtait déjà presque à se défendre. Sauf que le Docteur s'approcha de lui avec douceur et vint quémander des caresses en ronronnant contre ses côtes. L'Allemand leva un regard amusé vers Quinlan.

« Il est un peu schizophrène ton chat, non ? »

Il étendit une main indécise et grattouilla la tête du félin avec prudence. Parti comme il était, un retour de flammes agressif n'aurait pas particulièrement étonné Clemens. L'animal était décidément bien plus intelligent qu'il ne le laissait paraître, comme si il avait été capable de reconnaître que la tension qui liait à présent les deux hommes étaient différentes. Les questions et les enjeux n'étaient plus les mêmes. Comment un chat pouvait-il comprendre un truc pareil ?

Petit à petit, ses fonctions cognitives commençaient à reprendre leurs droits dans la réalité et son esprit s'éclairait peu à peu. Même s'il considérait déjà Quinlan plus comme un partenaire de recherche que comme son professeur, aucun des deux ne pouvaient nier qu'ils se trouvaient dans une université. Aucune règle à propos des relations entre étudiants et professeurs n'avaient été proclamées où que ce soit – personne ne savait rien à propos de cette académie de toute façon – mais il ne fallait pas être sorcier pour savoir que ça allait jaser. Deux mois après la rentrée, plus personne n'ignorait de toute façon la réputation du guérisseur.

Clemens soupira. Malgré ce que son aîné en disait, il était toujours nécessaire de mettre des mots sur qui on était et les relations que l'on avait, simplement pour pouvoir réagir aux commentaires des autres. Pour le moment, il n'avait aucune idée de ce que c'était, ni de ce que ça pouvait devenir, et il n'y avait aucune raison que ça s'ébruite dans l'immédiat. Par contre, il viendrait toujours un temps où ce serait nécessaire de prendre des décisions. La perspective ne l'enchantait guère. Ses yeux se posèrent sur Quinlan, espérant croiser les siens et trouver des pistes de réponse dans son regard.

« C'était… inattendu ? Inespéré ? Inconcevable ? »

Reprenant les mots du guérisseur, il préféra user d'humour pour débloquer un peu la situation. Sa fureur et sa frustration étaient de toute façon parties en fumée. A la place, il avait un nouveau miroir. Et ça lui plaisait bien.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyVen 19 Juin 2015 - 13:09


La tension baissa lentement alors que le silence s'installait. Quinlan essaya de dire quelque chose, mais toutes ses tentatives de former une phrase cohérente dans son esprit furent vouées à l'échec. Il n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qui venait de se passer, et il redoutait à moitié ce qui allait venir ensuite. Alors qu'il se prenait la tête dans les mains, le Docteur fit une majestueuse réapparition. Après délibération, il se jeta sur Clemens pour lui réclamer des câlins. Les deux humains étaient abasourdis.

— Il est con mais de là à être cinglé, je sais pas…

Il haussa les épaules et lança un regard dubitatif à Clemens. Son visage s'éclaira d'un sourire.

— C'est mieux comme ça, non ? Au moins maintenant il a l'air de t'apprécier.

Le Docteur ronronna de plus belle quand la main de Clemens vint le gratouiller et il lui sauta carrément sur les genoux, de façon bien lourde. Paye ton félin de quinze kilos ! Il commença à faire son rond, bien parti pour squatter là pendant un moment.

— Hésite pas à le virer hein ! Sinon tu vas finir à dormir ici…

Pas que l'idée lui soit désagréable, mais il fallait peut-être arrêter de mettre la charrue avant les boeufs et redescendre un peu sur Terre. La journée de boulot du lendemain allait être épique pour Quinlan… Il allait sûrement avoir plus de mal que d'habitude à se concentrer, à force de ruminer ce qui s'était passé aujourd'hui. Il avait déjà du mal à arrêter de penser à ça : il sentait encore les lèvres de Clemens sur les siennes, et ses doigts dans ses cheveux. Pense à autre chose Quinn, n'importe quoi...

En vain. D'autant plus qu'à ce moment-là, Clemens reprit à sa phrase inachevée pour essayer d'y mettre des mots. Même lui semblait avoir du mal. Cela arracha un sourire à Quinn, qui hocha la tête :

— Un peu de tout ça oui…

Ils avaient quand même un peu l'air con, assis sur le sol comme ça, mais Quinlan n'avait vraiment pas envie de se lever. Il n'avait pas envie de bouger de là. Il aurait pu y rester encore quelques jours sans problème, autres que physiologiques, bien sûr.

— Dire qu'à la base, on devait faire de la crypto… Peut-être qu'on en a fait quand même, au final.

Sauf qu'au lieu de craquer le code de leurs foutus grimoires, ils s'étaient passionnés pour chaque autre et ce qu'il cachait. Qu'est-ce que c'était, sinon de la cryptographie à échelle humaine ? Bon ok, il était peut-être parti un peu loin sur ce coup mais il fallait le comprendre : son cerveau était encore bien retourné, et il commençait vraiment à avoir la dalle. Son estomac gronda, et il se tourna avec une moue désolée vers Clemens.

— Tout à l'heure je t'ai demandé, mais tu étais un peu ailleurs…

Tu m'étonnes !

— … Tu veux manger quelque chose ?

Il allait devoir se lever, finalement. Enfin, s'il avait quelque chose en stock qui convenait à Clemens, bien sûr. Réflexe de guérisseur, il lui demanda :

— Au fait, t'as des allergies ?

Alimentaires ou autres : on n'était jamais trop prudent. Ce serait un peu con de se retrouver à devoir faire des soins en urgence juste parce qu'on avait pas pensé que l'autre pouvait réagir violemment face aux noix… Quinlan planta donc son regard dans celui de Clemens — non, il ne s'en lassera sûrement jamais — et lui sourit de façon sincère et même un peu niaise. Jamais il n'aurait cru vivre ça à nouveau, et il avait oublié à quel point on pouvait se sentir bien… Paradoxal, car il n'avait pas été loin d'être au trente-sixième dessous il y a moins d'une heure. À refuser systématiquement de jouer, il n'avait rien perdu en sept ans, mais il n'avait rien gagné non plus.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyVen 19 Juin 2015 - 14:44

Clemens hocha la tête, il préférait cette version du chat également. Il n'avait pas un feeling très développé avec les animaux, alors quand en plus ils se montraient agressifs… C'était trop pour lui. Pourtant, il les appréciait globalement et à force d'en côtoyer, il en venait presque à regretter de n'en avoir jamais eu. Il finirait peut-être à l'animalerie magique un de ces jours pour se trouver une bestiole à poils ou à plumes. Enfin, sauf s'il commençait à se faire envahir par ceux des autres, comme c'était le cas présentement. Le Docteur semblait ne pas avoir son quota de caresse encore et s'installa comme un roi dans le creux de ses genoux, avec un air de satisfaction à peine voilé. Toujours prudent, l'étudiant continua ses grattouilles.

« Je le préfère comme ça aussi, oui ! Tant que maintenant, il ne me dérange pas. De toute façon, entre toi et Isolde, j'ai le sentiment que j'ai intérêt à m'y habituer. »

Il adressa à Quinlan un sourire amusé, avant de réaliser qu'il ne connaissait sans doute pas Isolde. Elle n'était pas venue au cours de médicomagie, et ils n'avaient fait que se croiser rapidement aux Trois Balais. Ça remontait à un moment déjà, mais c'était bien la seule précision qu'il pouvait donner sur le moment.

« Ma meilleure amie, c'était la brune, aux Trois Balais. »

Quant au fait de 'dormir ici', il choisit de ne pas relever. Ce n'était qu'une expression, certes, mais dans le contexte on pouvait l'interpréter de trente-six manières différentes. Laisser couler lui sembla être la meilleure façon de ne pas créer de nouveaux sous-entendus. Cet après-midi leur avait déjà démontré que les on-dits et les 'je-pars-du-principe-que-tu-m'as-compris-même-si-je-n'en-sais-rien' n'étaient pas vraiment fructueux. De toute évidence, ils se comprenaient moins bien sur les détails que sur leurs recherches passionnées.

Le remarque de Quinlan lui arracha un nouveau rire étouffé et il chercha son regard. Ils n'avaient certes pas beaucoup avancé sur leurs grimoires, par contre, ils avaient fait tomber beaucoup de barrières personnelles. Clemens ne pouvait pas dire s'ils s'étaient décodés eux-mêmes, ou l'un-l'autre, mais la métaphore restait fort bien choisie. Ce partenariat de recherche évoluait vers un 'quelque chose' de beaucoup plus profond et complexe, qui semblait leur être bénéfique à tous les deux. Pour la première fois depuis son accident, il avait apprécié la proximité de quelqu'un d'autre que Isolde et sans le pouvoir désinhibant de l'alcool. Son regard glissa une seconde sur les mains de Quinlan, avant de revenir chercher ses yeux.

« Vois le côté positif des choses… On a toujours plein de pistes de recherche devant nous. »

L'Allemand tenait à ce partenariat de recherche tout autant qu'à… A quoi ? A ça, en fait, ce moment bizarre, tous les deux assis par terre, profitant d'un lien qu'ils ne comprenaient pas encore.

« Au fond, on a pas mal avancé tout de même. Je ne crois pas qu'on aura fini d'examiner ces grimoires demain, de toute façon. Ce n'est pas une… digression, qui va y changer grand-chose. »

Il sourit à sa propre formulation maladroite et reporta son attention sur le Docteur, à présent à moitié endormi sur ses genoux. Le chat ronronnait de manière paisible et ce fond grave et régulier contribuait à l'apaiser lui-aussi. Des sensations plus terre à terre commençait d'ailleurs à se rappeler à sa mémoire, maintenant que son trouble se dissipait. Clemens jeta un œil amusé à Quinlan, visiblement, il n'était pas le seul à en revenir aux bases.

« C'est pas de refus. Si il me laisse bouger, du moins. »

L'étudiant désigna le chat qui le fixait derrière ses longs poils. Pour le reste, il n'était pas difficile, surtout qu'il commençait à avoir sérieusement la dalle. Maintenant qu'il y pensait, ça devait faire quelque chose comme vingt heures qu'il n'avait plus rien avalé. Le réflexe de Quinlan le prit d'ailleurs de court : qui pensait à poser ce genre de questions, là, maintenant ? Il était encore à moitié groggy et sentait toujours la main de son aîné glisser dans ses cheveux. Et là, les allergies. Il roula des yeux au souvenir des événements qui avait mené à leur découverte. Il tenta de rester sérieux.

« Hmm… Au géranium dentu. Et au henné. »

Clemens n'était pas convaincu de l'utilité de transmettre cette information, on ne rencontrait aucune des deux substances tous les jours. Pour autant qu'on puisse appeler le géranium dentu une substance, cependant… Le regard de Quinlan était à nouveau venu se poser dans le sien, doux et sincère et de légers sourires naquirent sur leurs visages en même temps.

« Pourquoi es-tu venu enseigner à Haveirson ? »

La question lui était venue comme ça, spontanément. Entre étudiants, ils avaient tous un bout d'histoire qui se recoupaient, des erreurs de parcours dont l'académie représentait une échappatoire. Quel était le but de leurs professeurs, par contre ? Ils semblaient tous avoir un parcours atypique, n'étaient pas nés pour enseigner et ils se retrouvaient dans une académie qui venait tout juste d'ouvrir ses portes dans des circonstances douteuses. Le manque de proximité jouait sans tout un rôle là-dedans, mais à sa connaissance, personne n'avait jamais été gratter d'informations auprès des professeurs.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyVen 19 Juin 2015 - 16:05


Clemens et le Docteur étaient vraiment très mignons comme ça… Quinlan admira le spectacle un moment, faisant quelques commentaires. Il apprit alors qu'Isolde, la fameuse, était la meilleure amie de Clemens. Il l'avait rapidement aperçue aux Trois Balais, mais il en avait surtout parlé avec Neal. Un large sourire s'étira sur son visage.

— Oui, je vois qui c'est. Elle et mon frère s'entendent bien, ce qui est bon signe. Neal est très doué pour juger les gens.

Une ombre fugace passa sur le visage du guérisseur. Peut-être que si Neal avait été présent pour le protéger de son propre aveuglement, le chapitre Roxanne ne serait jamais arrivé ? Il soupira : ça ne servait à rien d'imaginer un passé différent. Ce qui était fait était fait. Il fallait accepter et avancer, peu importe comment.

D'ailleurs, Quinn se surpris à être soulagé que Clemens ne relève pas le coup du 'dormir ici'. Il avait sorti ça sans vraiment y penser, et n'avait pas envie d'imaginer sur quoi ils seraient partis si Clemens avait rebondi là-dessus. Il y aurait sûrement eu de la gêne et du doute, et ça se serait fini en malaise général. Maintenant qu'ils avaient réussi à alléger un peu l'atmosphère, ce serait con de repartir en mode 'passé tragique et psychothérapie'. C'était encore possible. Tout était encore possible, avec ces deux abrutis imprévisibles.

Toute cette journée avait été complètement imprévisible : Quinlan le fit remarquer, en soulignant qu'à la base, Clemens n'était venu que pour le TRAVAIL. Ouais, la bonne excuse. Cela dit, ils avaient vraiment avancé sur leurs recherches respectives, et avaient découvert plusieurs pistes intéressantes. Ce partenariat promettait d'être fructueux, quand bien même le reste ne le serait pas.

— C'était une sacrée disgression quand même. Mais oui, il faudra que je mette tout ça en ordre, et on pourra se pencher sur nos bouquins démoniaques une prochaine fois.

Quinn partait déjà du principe qu'ils n'allaient pas travailler davantage ce jour, ce qui n'était même pas dit. Il offrit à Clemens de rester manger, sachant qu'il avait des restes dans le frigo moldu qu'il avait fait installer. Un vieux réflexe de sa chère mère : pour la bouffe, elle n'avait jamais fait confiance au monde sorcier. Cela dit, il eut le réflexe de demander à Clemens s'il était allergique à quoi que ce soit. Il venait de l'embrasser, ce n'était pas pour le voir crever d'un oedème de Quincke cinq minutes plus tard…!

La réponse de Clemens lui arracha un sourire, cela dit. Un petit rire, même.

— Je comprends pourquoi toi et la botanique vous n'êtes pas copains ! Mais je me demande comment tu as découvert ton allergie au henné… Tu voulais te tatouer un coeur sur l'épaule ?

Quinlan rit de bon coeur cette fois, mais prit quand même note mentalement. Ça n'avait aucune importance dans l'immédiat, puisqu'aucun géranium n'allait le mordre et que Quinn n'était pas tatoueur — encore moins avec cette saloperie qu'est le henné noir — mais ça pouvait toujours être important plus tard.

Il se releva et eut un léger vertige. Il n'avait pas une tension très élevée en temps normal, mais la chaleur due à la proximité avec Clemens et le fait qu'il n'avait pas mangé depuis un long moment aggravait le problème. Sa vision se brouilla un court instant, et il s'appuya sur le canapé quand il se sentit partir. Il ne tomba pas. Il attendit que ça passe : il était habitué.

Une fois debout, il entendit la question de Clemens. Il entreprit d'y répondre tout en préparant la bouffe : ça irait vite de toute façon. Avec quelques sorts, la table serait mise et les plats réchauffés.

— Principalement pour pouvoir poursuivre mes recherches. Elles me demandent pas mal de temps et j'avais besoin d'un accès à la bibliothèque de l'académie. Il y avait aussi que j'avais besoin de décrocher un peu du service des urgences et du lot d'abrutis que je voyais défiler tous les jours. Je me suis dit qu'enseigner n'était pas une mauvaise idée. Si tu savais ce qu'on peut voir aux urgences, sérieusement…

Alors qu'il parlait, la grande table de ce qui pourrait être une salle à manger fut débarrassée et deux assiettes volèrent jusqu'à elle. Quinn mit les couverts, tout en réchauffant le plat magiquement. Une carafe d'eau apparut à la suite.

— Tu peux venir, c'est bon.

Le Docteur, en sentant l'odeur de la nourriture se leva de lui-même et alla miauler dans les jambes de Quinlan. Avec un sourire, ce dernier lui montra sa gamelle remplie. Mange ça et laisse les grandes personnes tranquilles, disait son regard.

— Des lasagnes, ça te va ? Par contre, je n'ai que de l'eau ici.

Il n'était pas spécialement fan de soda s'il n'y avait pas d'alcool, et il n'en gardait pas chez lui. L'alcool, c'était pour les bars et faire la fête, pas pour picoler tout seul chez soi. C'était là où Quinlan avait tracé la ligne qu'il ne voulait pas franchir.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 4 EmptyVen 19 Juin 2015 - 17:13

Ca avait un côté amusant comme ils s'était regroupés. Les deux meilleurs amis et les deux frères, en un constellation plutôt inattendue. Clemens ne fut pas étonné que Quinlan ait entendu parler de son amie. Lui et son frère étaient tellement liés que de telles rencontres ne devaient pas passée inaperçue dans leurs discussions. Isolde avait elle même été si enthousiaste à propos de Neal que ça avait poussé l'Allemand à vouloir le rencontrer… et il considérait de son côté que les paroles élogieuses de la jeune femme était un bon point de départ pour se faire un avis sur le botaniste. Il se contenta d'un hochement de tête approbateur, il n'avait pas envie d'aller gratter plus loin dans leurs relations mutuelles – ils avaient déjà assez faits dans la confidence – et ce n'était vraiment pas lui qui aller contredire cet avis positif sur son amie.

Un faible sourire fut sa seule réponse au commentaire de Quinlan sur leur 'digression'. Clemens n'était pas sur de ce à quoi il faisait référence avec son 'tout ça' mais était encore moins sur de vouloir demander. En l'état, il se sentait surtout apaisé par la tournure de la situation, et ne souhaitait pas retomber dans une espèce de mélodrame où chacun essayerait vaguement de mettre des mots sur des concepts flous et de s'expliquer ce qu'ils attendaient l'un de l'autre. Ils l'avaient déjà fait, et s'était méchamment loupés. La question lui trottait dans la tête néanmoins. Encore. L'Allemand soupira et tenta de se re-concentrer sur le ronronnement du Docteur qui lui apaisait l'esprit. On reviendrait à la semi-torture mentale plus tard.

Et puis ces histoires d'allergies… C'était ce genre d'anecdotes à la fois terriblement drôles et en même temps si abruties qu'on ne savait jamais vraiment si on était gêné de les raconter. Le rire de Quinlan ne manqua pas d'être suivi d'une question ironique. Le pire, c'est qu'il n'était pas si loin de la vérité. Clemens lui décocha un regard de bête blessé trop ostensible pour être véritablement honnête, puis détourna les yeux. Intérieurement, il était mort de rire en y repensant, mais dans l'espoir de garder un peu de sa réputation d'étudiant modèle auprès du guérisseur, il fit de son mieux pour rester sérieux.

« Je détestais déjà la botanique avant le coup du Géranium, si ça peut te rassurer. Mais ça n'a pas aidé. Enfin, ça m'aura appris à faire l'idiot sans gants dans la serre. Cette saloperie m'a attrapée au vol et je me suis retrouvée avec une main qui avait doublé de volume. Pomfresh ne savait pas si elle devait rire ou pleurer en me voyant arriver à l'infirmerie. »


Forcément, si on jetait un œil à son passé médical… Entre ses frasques et son poste de batteur, il avait pris un abonnement à l'infirmerie depuis ses douze ans. Clemens se passa une main dans les cheveux avant de se tourner vers Quinlan. Il essayait tant bien que mal de camoufler le sourire qui faisait trembler ses lèvres.

« C'était en Allemagne, je jouais chez les Busards de Heidelberg depuis un an et demi je pense. On est partis fêter une victoire dans un match important et… Enfin, on a tous finis avec un bon verre dans le nez quoi. La situation a commencé à dégénérer quand on a parlé de l'Oktober Fest à un nouveau coéquipier, un Italien qui venait tout juste d'arriver en Allemagne. Donc on a tous transplané à München. S'en sont suivies toutes les idées les plus déraisonnables qu'on pouvait avoir, mais on était tellement fier de notre équipe et du pays qu'on représentait… On a décidé d'un commun accord et dans un pacte solennel de se faire tatouer le symbole des Busards au milieu d'un cœur. Heureusement ou malheureusement, je ne sais pas, j'ai réagi très vite à cette saloperie de henné et on a tous retransplané à Heidelberg. Deux étaient déjà tatoués, on s'est tous retrouvés ensemble à l'hôpital magique qui nous a réglé nos problèmes. Tu aurais vu la tête de notre entraîneur quand on a du lui raconter l'histoire le lendemain… »

Clemens avait vraiment eu du mal à garder son sérieux, mais était arrivé au bout de l'histoire sans encombres. Ou presque. Le Docteur, dérangé par l'hilarité grandissante de son nouveau fauteuil lui avait jeté quelques regards menaçants et l'Allemand avait senti les griffes gratter contre son jeans. Le temps qu'il retrouve son sérieux, il remarqua du coin de l’œil Quinlan se relever et vaciller. Empêché par le poids du Maine Coon, il ne put réagir à temps mais tendit tout de même une main pour offrir un appui au guérisseur si nécessaire. Il la laissa retomber quelques instants plus tard, une expression un peu inquiète sur le visage. Le principal intéressé ne sembla par contre pas s'en formaliser et entreprit de préparer un repas tout en répondant à sa question. Clemens s'en rassura un peu, déduisant que les problèmes de tension devaient être récurrents.

Avant qu'il ne doive s'inquiéter de 'comment-je-me- débarrasse-du -chat-qui-me-squatte' pour pouvoir aller manger, le Docteur se leva avec nonchalance pour aller quémander auprès de son maître. Clemens sauta sur ses pieds, soudain affamé et rejoint Quinlan autour de la table.

« C'est très bien. J'ai un peu abusé du reste ces derniers temps, de toute façon. »

Son regard avait de nouveau cette lueur espiègle qu'on y retrouvait toujours lorsque l'Allemand s'amusait de lui-même. Entre le bal de Halloween, l'anniversaire de Luuna et ses retrouvailles avec Gareth, il avait connu quelques matinées rudes. Il avait beau avoir grandi dans un bar et appris quand et comment boire de l'alcool, il n'avait toujours pas trouvé une protection efficace contre la gueule de bois. Une fois installé, il retomba sur le sujet Haveirson, laissé en suspens le temps qu'ils s'installent.

« Tu sais ce que c'était ici, avant d'être l'académie ? Beaucoup d'étudiants se posent des questions sans réussir à y trouver des réponses. On est tous plutôt ravis d'être arrivés ici, mais il y a des liens bizarres quand même… Tu savais que la plupart des étudiants sont de mon année ? Nous avons tous vadrouillé pendant un temps avant de revenir nous poser dans une école. Je n'ai pas envie de partir dans une théorie louche, mais la coïncidence me laisse perplexe... »


Il n'avait en soi ni preuve, ni réelle théorie, mais la question revenait le tarauder de temps en temps. Il faudrait qu'il se penche sérieusement sur ce mystère un de ses jours. Enfin, il sourit à Quinlan. Entre l'académie et les urgences, il pouvait aisément imaginer ce qui était le plus agréable, même sans connaître les détails.

« Je ne suis pas convaincu d'avoir envie de savoir tout ce que tu as pu voir aux urgences » commenta-t-il avec un rire « Par contre, rien ne dit que tu seras libéré des abrutis. »

C'était un peu fort venant de sa part de se permettre un tel jugement de valeur sur ses camarades. Il ne le pensait en réalité qu'à moitié, mais il avait retrouvé assez d'anciens dont il se serait volontiers passé. Et puis au fond, il pouvait être un sacré abruti lui aussi, quand il s'y mettait.
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