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 Saloperies de Grimoires

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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyLun 15 Juin 2015 - 21:19

Clemens revint s'asseoir après que Quinlan ait envahi le canapé. Son geste avait été plutôt mal reçu, et même s'il avait hésité, Quinn finit par s'excuser et expliquer qu'en temps normal il ne se serait jamais permis une telle chose sans être sûr à 100% que ce serait bien accueilli. Il était parti du principe que c'était le contact et la proximité qui avait rendu Clemens méfiant, voire agressif. Il ne s'attendait pas à être aussi loin de la vérité.

Quinn releva la tête, et chercha l'étudiant du regard. Ce n'était donc pas personnel… Silencieux, il écouta Clemens raconter son histoire. Encore une part de lui qu'il lui dévoilait, avec plus ou moins de bonne volonté. Ses mains crispées n'échappèrent pas au regard perçant de Quinlan, pas plus que les tressautements contrôlés de sa voix. Il s'efforça de ne rien laisser paraître dans ses yeux, cela dit. Un regard neutre, objectif, c'était tout ce que Clemens verrait. Quinlan était reparti en mode guérisseur.

Ça ne voulait pas dire qu'il n'était pas profondément touché par le récit de Clemens. Une chute, aussi bien physique que métaphorique, qui lui avait laissé des blessures dont certaines n'étaient manifestement toujours pas guéries.

— Je t'ai fait mal ?

Il lui avait demandé ça d'une voix la plus neutre possible, comme s'il était simplement son médicomage. La main qu'il avait posé sur son épaule avait été douce mais il valait mieux ne rien supposer quand on parlait de la douleur de quelqu'un d'autre. C'était dans sa tête et dans son corps que ça se passait : il n'y avait personne d'autre que lui pour dire si oui ou non, le contact avait été douloureux.

Il n'y avait pas que ça de douloureux, se disait Quinlan. Le regard de Clemens brillait de rage et de regrets : sa carrière de joueur était foutue. Quinn n'avait pas besoin de s'intéresser beaucoup au Quidditch pour le deviner, un tel accident, pour un batteur, c'était mortel. C'était presque comme se péter les genoux ou les chevilles quand on était danseur. Quinlan imaginait ce que pouvait ressentir Clemens, tout en sachant qu'il ne pourrait jamais vraiment le savoir. Qu'est-ce que ça faisait de voir sa vie s'effondrer autour de soi ? Chacun avait une réponse différente. La danse, pour Quinlan, ça restait un passe-temps sympathique. Ce n'était pas sa vie non plus. Et il imaginait mal avoir un accident tel qu'il ne pourrait plus exercer en tant que guérisseur… Mais si on devait lui retirer ça, Quinn ne savait pas ce qu'il ferait de sa vie. Il fut soudain transporté d'admiration et de respect pour Clemens, qui avait su se fixer un nouvel objectif. On se fichait de savoir si c'était pour compenser, au moins il avait une raison d'avancer. Parfois, c'est tout ce dont on a besoin.

Et puis tout d'un coup, les branchements se firent là-haut. Un joueur de Quidditch Allemand blessé et transféré à Sainte Mangouste… Ça lui disait vaguement quelque chose. Il avait travaillé aux urgences cet été, mais il en avait entendu parler. Rien ne disait que c'était bien Clemens, mais la coïncidence aurait été spectaculaire.

— Si tu as été soigné à Sainte Mangouste, je crois bien avoir entendu parler de toi, alors.

Quinlan se rendit compte, un peu trop tard mais c'était une habitude chez lui, que sa remarque pouvait être mal prise. Peut-être que Clemens n'avait pas envie de savoir qu'on avait parlé de lui pendant sa convalescence, ou peut-être qu'il n'avait simplement pas envie d'y repenser ? Quinn soupira, et brisa le contact visuel quelques instants. Il le renoua bien vite quand Clemens parvint à sa conclusion.

— Alors, de quoi as-tu peur ?

Une question logique après un tel aveu, mais également très épineuse. Quinlan se demandait bien de quelle façon Clemens allait y répondre : par une plaisanterie histoire de contourner le problème, ou de façon frontale, avec cette violente honnêteté dont il pouvait faire preuve ? Mais il notait également que le contact en lui-même n'était pas en cause. Était-ce une façon de dire que Quinn pouvait se permettre d'être un peu plus tactile ? Il n'avait aucun moyen d'en être certain, alors il continuerait sur sa lancée. Le moins possible. Ce ne serait pas très dur de toute façon, sachant que Clemens était peut-être la personne que Quinlan touchait le moins à Haveirson…
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyLun 15 Juin 2015 - 22:20

Clemens fit non de la tête avant de finalement rouvrir les yeux. La lueur dans les yeux de Quinlan était celle qu'il s'attendait à y voir ; neutre et sans compassion. Encore mieux, il ne s'était pas excusé de l'avoir poussé sur ce terrain-là. L'Allemand en avait assez des excuses et des regrets qu'on lui jetait à la tronche. Parfois, il avait l'impression que ses interlocuteurs lui en voulaient presque d'avoir touché un sujet sensible. Il cassait l'ambiance après tout, avec ses histoires de corps brisé, de carrière envolée. Il devenait amer et incisif. Comme si c'était une de ses propres décisions qui l'avait poussé là ! Le jeune homme avait bien assez à faire avec ses propres sentiments pour ne pas devoir en plus encaisser ceux des autres. Le guérisseur avait su garder sa place, écouter sans juger et sans supposer.

« Pas physiquement, en tout cas. Mais le souvenir de la douleur plane toujours là, quelque part. Je n'ai aucun contrôle sur ces réflexes c'est comme… un instinct de conservation. »

Il avait mis du temps avant de comprendre sa propre attitude, mais au final, c'était tout simple. Rien ni personne ne pouvait approcher de son corps sans autorisation. Le salut le plus anodin du monde était immédiatement perçu comme une approche menaçante qu'il fallait ramener au plus vite sous contrôle. Et surtout, c'était complètement indépendant de la personne. Anna, la douce Française, qui objectivement était bien loin de pouvoir l'atteindre physiquement avait fait les frais de ce réflexe défensif. Clemens se replongea une seconde dans ce souvenir du mois d'octobre où la jeune femme avait simplement été joueuse ; la main qui s'était approchée de sa tête avait été saisie au vol avec une telle violence qu'il aurait même pu la blesser. Il ne savait même plus s'il s'était excusé, peut-être encore inconscient de son propre comportement, à l'époque.

Ses yeux cherchèrent ceux de Quinlan. Il aurait pu y penser lui-même. Un guérisseur d'expérience qui débarquait au mois de septembre dans une académie au Pays de Galles… Il y avait fort à parier qu'il était passé par Sainte-Mangouste, lui aussi. Quelle aurait été leur relation, si son professeur s'était retrouvé être également son ancien médicomage ? Clemens n'osa même pas imaginer le choc qui l'aurait traversé à cette vision. Seule Isolde l'avait vu au plus bas, défait et détruit dans un lit d'hôpital et elle avait mis longtemps avant de chasser cet étrange reflet de ses yeux, qui agissait comme un miroir. Tous ses autres amis – pour autant qu'il puisse les nommer ainsi – ne lui avaient jamais rendu visite. C'était pour le mien, de son point de vue… comme un moyen de protéger sa réputation et sa fierté sans devoir jouer un rôle. Ils ne savaient simplement pas.

« Oui. C'est grâce à l'ingéniosité de tes anciens collègues que j'ai retrouvé l'usage de mon bras. Les précédents ne savaient pas trop quoi en faire. »


Accompagnant ses paroles, il avait tendu le bras devant lui, observant le mouvement de ses doigts qui ondulaient dans le vide. Quelques jours après l'accident, on lui avait sous-entendu qu'il perdrait peut-être simplement son bras droit, comme ça, pouf. L'Allemand se souvenait encore de la rage et du terrible sentiment d'injustice qui avait grandit en lui, et couvé pendant des jours. A quoi bon être un sorcier, si on ne pouvait pas réparer l'irréparable !? Cependant, sentir à nouveau les muscles rouler sous sa peau n'avait pas été d'un grand secours. Son activité favorite pour oublier sa rééducation avait été de se jeter dans des paris illégaux. Bravo la force de caractère.

Ses yeux lâchèrent sa main pour retrouver ceux de son professeur. La question fusa presque immédiatement, et Clemens pesta intérieurement, tout aussi vite. Sa spontanéité et son honnêteté inébranlable continuait à lui jouer des tours. Autant il était incapable de parler de ses sentiments, autant il ne pouvait s'empêcher d'être terriblement précis quand il s'agissait de se justifier. Il ne pouvait pas laisser Quinlan penser que son attitude de rejet avait eu quoique ce soit de personnel. Maintenant, il se retrouvait cependant bien embêté pour formuler une réponse.

Il eut un instant de flottement. Il aurait voulu prétendre qu'il n'avait pas peur de grand-chose, que ses barrières mentales étaient assez fortes pour résister aux coups de matraque de l'extérieur. En réalité, c'était complètement faux. Sa maîtrise de soi était loin d'être inébranlable, la rage pouvait lui faire perdre toute logique en un claquement de doigt, et il n'avait aucune résistance devant un jeu de cartes. Malgré ça, il avait joué le rôle de roc pour nombre de ses camarades, surtout au temps de Poudlard et encore maintenant, en était témoin ses discussions nocturnes avec Rowan. Une gifle mentale lui rappela de se concentrer sur la situation présente et de ne pas philosopher sur ses peurs universelles. Même pour ça, il n'était pas foutu d'avoir assez de concentration.

« De la douleur. Je l'ai dans la peau, comme une vieille amie qui se rappelle à mon bon souvenir au moment où je m'y attends le moins. Le moindre contact inattendu est comme un nouvel éclair de douleur le long de mon échine. Elle me réveille la nuit. J'ai l'impression que ma vie est une corrida entre elle et moi. »

Et ce n'était même pas exagéré. Sa rééducation primaire ne datait que de trois mois et des mouvements du quotidien réveillaient encore des tiraillements dans tout son bras. Rejouer au Quidditch, s'exercer avec Megan, chercher à devenir un Animagus… Tout ça n'était au fond qu'un moyen de vaincre le mal. Peut-être que ses séquelles humaines disparaîtraient chez l'animal ? Un sourire vint faire trembler ses lèvres. Après tout, il n'aurait peut-être même plus de bras.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 6:53


Quinlan savait exactement comment ça se passait avec les patients qui allaient perdre leur raison d'être en même temps que l'usage d'un membre. Il s'était battu pour sauver le bras d'un pianiste lorsqu'il était interne et avait eu le temps de savoir comment réagir. Ce n'était déjà pas dans les habitudes de Quinn d'avoir pitié ou d'abreuver de mensonges ses patients quand ces derniers étaient assez lucides pour savoir ce qu'il se passait. Ou alors, quand ils étaient assez forts pour faire face. À aucun moment, il n'avait caché à ce pianiste que ce que le traitement ne marcherait peut-être pas. Il s'était occupé de lui comme il parlait aujourd'hui à Clemens : de façon neutre, la plus détachée et objective possible. Peut-être un peu froidement pour certains, mais la compassion, c'était un peu comme l'alcool. Ça faisait du bien au début, mais à trop en recevoir on finissait par la vomir.

Quand il lui demanda s'il lui avait fait mal, Clemens répondit négativement, mais quelque chose disait à Quinn que ce n'était pas tout à fait vrai. Effectivement, aucune douleur physique, mais il avait quand même réveillé une souffrance plus vicieuse, presque fantôme. Évidemment, le guérisseur n'aurait pas pu deviner, mais Clemens n'avait pas non plus à se justifier.

— C'est un réflexe tout ce qu'il y a de plus normal. Même si les gens ont tendance à interpréter comme une agression le fait que tu les repousses, ça reste un moyen de défense et ce n'est pas à toi de te sentir mal. Ton corps, tes règles, et peu importe les raisons qu'il y a derrière. Enfin, j'espère enfoncer des portes ouvertes là…

Il eut un sourire un peu nerveux : il avait toujours tendance à partir loin quand il s'agissait de ça, mais lui aussi avait ses raisons de vouloir être irréprochable à ce propos. Il ne savait pas du tout le regard que Clemens portait sur son propre comportement, et voulait le rassurer aussi. Quinlan, droit dans ses bottes, était persuadé qu'on avait tort de blâmer quelqu'un qui s'était simplement défendu, même violemment, que ce soit par réflexe ou non. Ça restait une défense, ce qui voulait dire que l'agression était de l'autre côté. Encourager quelqu'un à s'ouvrir ne méritait d'être fait que lorsque cette personne souffrait de son propre isolement, sinon, c'était juste du harcèlement. Encore un domaine dans lequel Quinn faisait office d'exception. Pour se moquer, on lui avait dit durant ses années Poudlardesques qu'il avait une façon de penser typique des Poufsouffles. Il avait répondu 'Merci'.

Tout ça pour revenir à l'hospitalisation de Clemens à Sainte Mangouste. Quinn avait rarement tenu ses collègues en haute estime, pas pour leurs compétences de médicomages, mais bien pour tout le reste. Au final, il avait toujours été un peu le solitaire dans l'équipe, l'empêcheur-de-blaguer-en-rond, le rabat-joie.

— J'étais aux urgences, donc je n'ai eu que des échos.

Dont certains l'avaient vraiment mis en rogne. Il comprenait le besoin qu'avaient les médecins d'extérioriser, de se lâcher, mais de là à faire des vannes aussi nulles… Non. Il n'y avait pas que Clemens, tout le monde y passait. La moindre maladie un peu étrange ou un accident vaguement exceptionnel, et le côté parieurs invétérés des Anglais refaisait surface. Les Moldus pariaient sur la couleur de la robe de leur Reine, ou sur les prénoms des enfants royaux… Les médicomages pariaient sur les chances de guérison des patients 'à suspense'. Quand ce fameux pianiste était remonté sur scène, un des collègues de Quinlan lui avait rendu visite pour le remercier. Un pari à dix contre un : il s'était fait un paquet de gallions sur ce coup. Il avait eu très envie de lui casser la gueule, mais ça n'aurait pas été constructif. Un sort d'Oubliettes et quelques gentilles manipulations plus tard, le 'paquet' de gallions avait atterri dans les caisses d'une association sorcière. Poufsouffle hein ?

Ah, quels souvenirs ! En y réfléchissant bien, il y avait des avantages à être professeur à Haveirson, même si parfois Quinlan se sentait hautement inutile. La frustration des recherches théoriques, le manque d'adrénaline, tout ça… Mais au moins ses collègues étaient moins énervants. Les étudiants, là c'était au cas par cas. La vie était plus simple quand on n'avait pas le temps de s'en construire une privée. Cela dit, Quinn ne regrettait vraiment pas d'avoir rencontré Clemens.

Il y avait peu de gens sur cette Terre avec qui il pouvait s'entretenir aussi directement, tout en gardant à la fois autant de non-dits. De temps en temps, une question indiscrète fusait, et pour une fois il n'avait pas besoin de se demander si la réponse serait honnête. Elle ne manqua pas de l'être.

La douleur était un chapitre vaste et largement délaissé dans la médicomagie, tout comme elle avait tendance à l'être dans la médecine moldue. À force de se concentrer sur les corps, les médecins avaient tendance à oublier les esprits et ne devenaient que des mécaniciens de l'anatomie. Réparer la machine. La douleur, surtout chronique, était une question qui leur passait souvent au-dessus.

— Vu ton cas, je pense qu'on t'a donné des exercices musculaires à faire régulièrement. Ils contribuent à faire baisser la douleur avec le temps. Là, ce n'est pas la saison, mais nager remusclerait ton épaule et atténuerait aussi ta souffrance. En attendant, je ne sais pas sur quoi ni comment tu dors, mais ce serait peut-être pertinent de voir si ça ne joue pas sur ton sommeil. Je peux te donner toutes les potions que tu veux, si ton matelas est merdique, ton épaule continuera de prendre cher. Après…

Dans le cas de Clemens, la solution médicamenteuse était clairement la moins efficace. Exercer son épaule, la remuscler tout en lui offrant un vrai bon repos, c'était une des seules choses à faire, même si Quinlan savait que ça ne règlerait peut-être pas le problème dans son entièreté. Mais le guérisseur n'avait pas tout dit. Il se demandait bien comment la proposition allait être prise, d'autant plus qu'il était un peu tard pour ce que soit réellement efficace mais… L'impact psychologique restait bénéfique. Il chercha ses mots un instant, ayant du mal à garder le contact visuel. Allez, c'est pour le travail.

— Après, il y a les massages. Ça n'offre qu'un soulagement immédiat, mais…

Quinlan détourna le regard en haussant les épaules, mains levées.

— C'est comme tu veux.

Il n'était pas un masseur exceptionnel, mais il connaissait deux trois trucs et savait ce qu'il ne fallait pas faire, ce qui était déjà pas mal. Il n'avait simplement pas eu beaucoup d'occasions de s'exercer ces dernières années.

Quinlan avait tout de même omis un détail qui n'en était pas un. Ça ne servait à rien d'essayer de soigner le corps quand c'était l'esprit qui avait tendance à déconner : une des meilleures solutions pour Clemens, c'était de se trouver un psy. Quinn n'était pas assez qualifié pour ce rôle, et il le savait. Dans un égoïsme teinté de jalousie caché derrière la peur de vexer Clemens, Quinn hésita. Les gens faisaient trop souvent le pont psy/folie et se sentaient blessés dans leur ego alors qu'il n'y avait aucune honte à avoir besoin d'aide à ce niveau-là. Les gens. Les gens sont cons.
Comme moi.

— Je ne sais pas si tu as un psy, mais ça reste la meilleure solution pour soulager ta douleur.

Dans tous les sens du terme. Quinn espérait simplement que Clemens ne le prendrait pas mal, et que ça ne l'empêcherait pas de continuer à lui parler comme ils le faisaient actuellement. Au moins avait-il été honnête. On ne pourrait pas le lui en vouloir.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 9:55

C'était vrai, mais il n'y avait presque que un guérisseur pour arriver à une conclusion pareille. Ses hésitations étaient souvent mal vécues par ses camarades, même s'ils avaient eu vent de son accident. Le voir joyeux et souriant pendant toute la journée leur donnait l'impression que ce passé était déjà envolé et si on ne voyait pas de traces, alors il n'y en avait pas, si ? Ils étaient tous loin d'imaginer que la douleur pouvait n'être pas seulement physique, même si elle se transposait sur le corps. Cependant, il ne s'en voulait pas pour la cause et c'était même une de ses rares fautes dont il n'avait pas honte ; sans doute parce qu'elle n'était pas entièrement psychologique. En aucun cas, ce réflexe défensif ne dépendait d'un choix qu'il avait fait.

L'entendre de la bouche de Quinlan lui fit du bien, néanmoins, même s'il ne répondit que par un vague signe de tête. Le simple fait d'être compris l'apaisait déjà énormément, son cœur battait plus calmement et de manière plus régulière, tandis qu'il retrouvait une position plus nonchalante dans son fauteuil. En revanche, son esprit s'activa à nouveau. Clemens avait senti une certaine ambivalence se glisser derrière la virulence des paroles de son aîné, mais sans réussir à déterminer s'il pensait le jeune homme tellement en besoin de confirmation, ou s'il y avait une couleur personnelle dans la tirade. L'étudiant l'interrogea du regard, mais n'osa pas poser la question et préféra enchaîner directement.

« C'est sans doute pas plus mal. J'ai eu une relation plutôt compliquée avec mes médicomages. »

Et ça, c'était un sacré euphémisme. Avec le recul, il savait très bien qu'aucun d'eux n'étaient responsables de quoi que ce soit dans son malheur. Son accident était presque entièrement du au hasard, puisque sa propre compétence en tant que joueur n'était même pas vraiment mise en cause. Dans une tempête pareille, qui pouvait voir les cognards à temps pour les éviter ? Mais avant d'accepter l'échec, on le dénie, on rejette la faute sur un autre, avec toute la violence de sa propre amertume. Clemens avait été infect et ingrat pendant des mois, mettant ses proches à rude épreuve. Chacune de ses paroles était dur, mordante, comme s'il avait voulu infliger à son entourage la même douleur que la sienne. Inconsciemment, c'était même probablement son but, d'ailleurs. Depuis, il avait cependant appris à gérer son amertume, la conséquence directe en était une sorte de remords sur son comportement de patient.

L'étudiant soupira. Tout son comportement était indirectement lié à la douleur, à la honte, ou aux remords. Quinlan avait été mettre le doigt sur chacun d'entre eux avec une précision chirurgicale, mais était-ce vraiment étonnant ? Des hommes comme lui, brisés mais fiers, il avait du en voir passer des dizaines entre ses mains. Dans de telles situations, on dévoilait sa nature profonde et brutale sans plus aucun arrangements cosmétiques, le paraître n'avait plus de sens quand on était sur un lit d'hôpital. Clemens sourit. Toutes leurs conversations finissaient par se mêler d'une manière ou d'une autre, signe qu'ils avaient intégré beaucoup de personnel dans des réflexions à première vue scientifique.

En parler de manière si ouverte lui faisait du bien, même s'il était à mille lieues de le croire quand il avait commencé. Quinlan n'avait pas le froideur brutale et choquante de Megan, mais portait un regard objectif et pragmatique sur les événements, qui provoquait chez l'étudiant une sorte de catharsis. Maintenant qu'il avait commencé à se dévoiler, il n'avait de toute façon plus de raisons cohérentes de s'arrêter, que pouvait-il encore dire de plus personnel ? Une fois qu'on touchait au terrain de son addiction et de son accident, il ne voyait pas ce qui pourrait l'atteindre de plus. Sa famille peut-être, mais c'était différent. Un mécanisme de défense profondément intégré depuis quinze ans, bien huilé, fonctionnel. Les paroles du guérisseur faisait un drôle d'écho avec une autre situation, éveillant chez Clemens une expression amusée qu'il n'avait plus affichée depuis longtemps, dans cet appartement.

« Les exercices, oui… J'ai déjà quelqu'un qui s'occupe de me les brutaliser dans le crâne et me force à les faire. Quant au reste, je dois avouer que je n'y avais pas pensé, mais j'ai l'habitude d'avoir une douleur lancinante qui traîne quelque part, alors à force, ça ne me fait même plus réagir. On ne peut pas être batteur pendant des années sans une certaine résistance aux coups... »

Sa voix trahissait son amusement, mais il se doutait que ses mots ne feraient pas plaisir au guérisseur en face de lui. Comme Megan, il allait sans doute réagir avec cet énervement de voir un patient peu concerné par sa propre rééducation. En soi, ce n'était pas le cas de l'étudiant. Il avait simplement appris à réduire son corps au silence et à force, il ne se rendait même plus compte de certains problèmes. Encore du psychologique tout ça. La fin de la proposition fit cependant fondre son visage dans une expression perplexe, avant que le sourire n'y revienne. L'attitude de Quinlan était si ouvertement défensive que l'étudiant ne parvenait pas à déterminer si il voulait se protéger à l'avance de la réaction du jeune homme, ou si il s'était force à faire la suggestion par acquis de conscience professionnelle. Clemens fixa son professeur pendant un instant, cherchant à attraper un regard qui ne cessait de le fuir. La seconde possibilité lui paraissait tout de même improbable… Il n'avait pas en face de lui un homme qui se forcerait à quoi que ce soit.

« Pourquoi pas. »

La réponse lui était venue spontanément. Si il craignait le contact, c'était par peur de faire ressurgir une douleur alors endormie. Il s'était refusé à Luuna par méconnaissance de ses vraies capacités, sans parler de la charge émotionnelle qui les liait. Leur relation était basée sur une ambiguïté qu'il ne voulait pas entretenir… Clemens avait fait la part des choses entre ses sentiments d'adolescents et le présent, encourager la jeune femme à venir lui faire des papouilles n'était donc pas vraiment la meilleure idée qu'il pourrait avoir. Ses yeux glissèrent sur Quinlan du visage aux mains, qu'il observa pendant une seconde. En vrai, il aurait tué pour qu'on le libère de la tension qui raidissait ses muscles depuis des mois. Surtout quand une autre remarque l'augmentait sans prévenir.

« Encore faut-il trouver quelqu'un à qui faire confiance. »

L'Allemand ne pouvait parler qu'à qui avait gagné son respect. Il ne dévoilait ses faiblesses qu'à ceux qui avait prouvé leur valeur, dans tous les sens du terme. Pousser la porte d'un psy le mettait au risque de s'ouvrir à une personne qui maltraiterait encore plus son esprit, sans lui permettre d'avancer.

« Je préfère panser mes propres plaies et chercher ma voie plutôt que de confier ma tête à un inconnu. Même si ça doit me ralentir dans ma progression. »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 10:48

Quinlan savait très bien à quoi il ouvrait la porte quand il partait dans ses élans lyriques sur le contact, pourtant ça ne l'avait pas empêché d'en parler. Peut-être un peu trop en détail, d'une façon un peu étrange, comme s'il cherchait inconsciemment à tendre une perche à Clemens. Ce dernier ne la prit pas, se contentant d'un regard énigmatique. S'il avait compris qu'il y avait autre chose là-dessous, il ne posa pas la question. Soit. Quinn fut troublé d'en être presque déçu.

Mais déjà, ils parlaient de la convalescence de Clemens et de ce qu'il s'était passé avec les médicomages. Quinlan ne put réprimer un léger sourire. Même s'il avait été infect, il l'avait été avec des gens qui jouaient avec sa vie, dans tous les sens du terme. Bien fait. Quinn ne fit cependant aucun commentaire, déjà parce qu'il ne voulait pas aborder le sujet des paris de médicomages à un homme qui était visiblement doublement victime du jeu, et ensuite parce que ça ne ferait que jeter de l'huile sur le feu.

Il valait mieux continuer sur ces histoires de peur, et de douleur. Quinlan avait mis son masque de guérisseur depuis un moment déjà, et c'est par pur acquis de conscience qu'il lista tout ce qui pourrait aider Clemens à se débarrasser de cette douleur chronique. Pour les exercices physiques, il avait apparemment son coach personnel. Bien. Pour le reste… La réponse de Clemens était évasive, et minimisait le problème. Quinn haussa ses sourcils en croisant les doigts.

— La douleur est un signal. Y être habitué peut être dangereux… Sans parler du fait d'avoir un cerveau parasité, et donc moins performant.

Ce n'était pas une pique, mais ça aurait pu. Jouer sur la corde du Serdaigle Sous Speed pour souligner l'importance de s'efforcer de se débarrasser d'une douleur, tout simplement parce qu'il avait la chance de pouvoir le faire. Ce n'était pas un vieil homme rongé par l'arthrite… En étant sérieux et en s'accrochant un minimum, Clemens avait de bonnes chances de faire taire ses nerfs.

Cela dit, il y avait d'autres choses que seulement le sport et la literie. S'il était vraiment le guérisseur qu'il voulait être, Quinn était obligé de parler de ce qu'il redoutait : le contact un peu trop rapproché, et l'idée de perdre un précieux compagnon de conversation. Il doutait que Clemens accepte l'un ou l'autre, mais Quinn s'en serait mordu les doigts de ne pas le lui avoir dit.

La première réponse lui sauta à la gorge. Un… 'pourquoi pas'? Ni oui, ni non. Ça résumait bien leur relation, si bien que Quinlan ne put s'empêcher de sourire à nouveau. Et de rétablir un contact visuel qui était devenu fuyant.

— Tu me fais confiance à ce point-là ?

Merde, c'était quoi cette question ? Quinlan savait que Clemens lui faisait déjà assez confiance pour lui dire des choses qu'il ne devait sûrement pas balancer au premier venu, alors un massage, c'était pas grand-chose, non ? C'était bien un massage médical, sans arrière-pensée d'aucune sorte, pour le travail. Sois professionnel un peu, bon sang ! Sauf que… Si Quinlan avait posé cette question, c'était qu'il doutait de son propre self-control. Vous savez, celui qui était au niveau du vulcain moine zen ? Oui, celui-là. Conclusion : ça craignait. Clemens regardait ses mains. Des mains que Quinlan rêvait de poser sur lui. Il se donna une gifle mentale. Ça craignait vraiment.

La suite n'était pas beaucoup plus encourageante : certes, Quinn allait sûrement pouvoir continuer à jouer le rôle du psy, comme le faisaient sûrement déjà les amis de Clemens — ses vrais amis, pas un prof un peu pervers qui s'était fait prendre à son propre jeu — mais la façon dont l'étudiant l'avait mis en mots lui laissait une drôle d'impression.

— Mais si c'est comme pour les recherches, et que tu te retrouves dans une impasse, il te faut bien quelqu'un… On ne peut pas vraiment savoir à quoi on ressemble sans un miroir.

Ça sonnait mieux dans sa tête. Là, ça avait l'arrière-goût dégueulasse de la manipulation, du coup Quinlan ajouta :

— Je ne dis pas ça pour te convaincre de me parler plus que tu ne le fais déjà. Ça peut être moi, ou quelqu'un d'autre. Mais, et je vais me répéter, il faut que ça sorte. Peu importe comment.

Évidemment, l'ego de Quinn serait très heureux que Clemens le choisisse, pendant que ses émotions se rouleraient en boule dans un coin en choisissant Peur et Panique pour porte-paroles. Jusque là, il avait su contrôler son désir et son anxieté, et il n'y avait pas de raison pour que ça ne continue pas. C'était un guérisseur professionnel : il avait une fascinante capacité à mettre son ressenti en veille pour se concentrer sur sa tâche. S'il arrivait à considérer Clemens comme un patient, il n'y aurait aucun problème. S'il y arrivait.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 11:36

« Hmpf. »

Touché. Le discours sur la douleur qui était un signal, qu'il ne fallait pas la minimiser, ni l'ignorer, que ça ne ferait qu'empirer les choses, on le lui avait déjà servi tellement de fois que son cerveau se mettait presque automatiquement en veille. Il le savait, ça ne voulait pas dire qu'il avait envie d'être raisonnable. Clemens ne prenait soins et réhabilitations à cœur que quand c'était le moyen de parvenir à faire autre chose. Il faisait sérieusement les exercices pour son bras depuis que Megan lui faisait miroiter la possibilité de rejouer au Quidditch, avant, ça lui paraissait être d'un intérêt limité. Du coup, en parlant de performance, Quinlan avait fait résonner quelque chose chez l'étudiant. Ce n'était même pas assez voilé pour être considéré comme un sous-entendu, et Clemens ne put s'empêcher de sourire.

Si pour son corps, cela n'avait plus d'importance – il ne récupérerait jamais son niveau d'antan, pas la peine de se mentir – l'argument mental était trop pénétrant pour qu'il n'y réagisse pas. La douleur parasitait son esprit au même titre que la honte et l'amertume, mais avec une différence fondamentale : il pouvait, en effet, se libérer du mal. Comment contrer cet argument là ? Il pouvait se défiler sur beaucoup de choses, mais prétendre n'en avoir cure après la passion qu'il avait mis dans ses recherches… Inutile. Quinlan n'était vraiment pas assez stupide pour se laisser convaincre par un aussi mauvais simulacre d'indifférence.

Ses yeux bleus s'accrochèrent à ceux du guérisseur, sans faire plus de commentaires. Il verrait bien à son expression qu'il avait pris l'étudiant sur le fait. Enfin, s'il prenait le temps d'y réfléchir, du moins. Clemens ne s'était pas attendu à se voir proposer un massage, mais malgré toutes ses barrières, il ne pouvait décemment avouer qu'il n'en aurait pas envie. Qui refusait ce genre de propositions, de toute façon ? C'était comme refuser un chocolat chaud en plein mois de décembre après un entraînement de Quidditch sous une pluie battante. Stupide et incohérent. Néanmoins, la lueur qui dansait dans les yeux de Quinlan ne correspondait pas à cette logique. Il se sentit piqué au vif, sans trop savoir pourquoi, la question sonnait comme une menace à ses oreilles.

« Ca te paraît si invraisemblable ? Tu me caches quelque chose qui ferait de moi un suicidaire de te faire confiance ? »

Il était retombé dans le fond de son fauteuil avec nonchalance. Sa réflexion était un peu dure, mais ses nerfs commençaient à le chatouiller. L'homme en face de lui vivait sur des secrets divers et variés, ça lui était clair depuis un moment déjà, mais Clemens n'était pas du genre à gratter sous la surface des gens. Il détestait qu'on le fasse pour lui, il haïssait se sentir tomber dans une embuscade où il n'avait plus d'autres choix que de déballer ce qu'il aurait préférer garder pour lui. Ils avaient établi un lien de confiance la nuit dernière qui lui suffisait amplement. Il ne pouvait juger Quinlan sur ce qu'il ne savait pas, et ne changerait son opinion que si une trahison violente venait à le faire souffrir. Et puis bon, on parlait de confier une épaule blessée dans les mains d'un guérisseur. Peu importe l'alternative à laquelle il pensait, c'était toujours le refus qui lui paraissait être la réaction la plus invraisemblable.

Clemens ramena ses genoux contre sa poitrine, tandis que son regard se perdait à nouveau dans le vide. Au quotidien, c'était plus facile de chasser le passé derrière lui et d'essayer de faire comme s'il n'avait jamais existé. Quand il n'en parlait pas, il pouvait jouer son rôle d'étudiant insouciant avec légèreté et cela fonctionnait. Ses camarades aimaient cette face de lui-même, moins difficile à gérer et qui ne demandait aucune prise de précaution. Il s'y complaisait par ailleurs, même si force était d'admettre qu'il se mentait.

« J'aime bien l'image que je me fais de moi-même. Comment faire quand le reflet du miroir est si différent de ce qu'on pensait être ? Comment tu interprètes ça ? »

Il plongea ses yeux azur sur le guérisseur, puis laissa sa tête s'affaisser contre le rebord du fauteuil. Quinlan l'avait déjà poussé beaucoup plus loin dans la réflexion et l'introspection que n'importe lequel de ses amis. L'Allemand ne savait pas s'il avait envie que cela se reproduise, mais maintenant que l'engrenage avait démarré, les confidences semblaient glisser les unes après les autres, naturellement. Était-ce un concours de circonstances, ou une résonance particulière qu'il avait avec son professeur, il n'en savait rien. Par contre,ce dont il était sur, c'est que l'introspection n'allait pas à sens unique. Sa tête pivota pour remettre son interlocuteur dans son champ de vision.

« Mais tout ça, c'est vrai pour toi aussi… Non ? »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 18:50


La douleur en tant que signal était peut-être du déjà vu et revu pour Clemens, mais au moins Quinlan aura eu le mérite de lui présenter le problème sous un autre angle. Miné par la douleur, Clemens avait certainement plus de difficultés à se concentrer, était irritable et de mauvaise humeur plus souvent… Ce n'était qu'une supposition, et Quinn se doutait qu'il y avait là-dessous un véritable trait de caractère, mais la douleur devait l'amplifier assez pour lui pourrir la vie.

Quant au massage, il y avait quand même un certain nombre de raisons de refuser. La réputation de Quinlan, déjà, sans oublier ses sous-entendus vaseux, sans oublier que Clemens pouvait toujours prétexter que quelqu'un d'autre s'en occuperait. Bref, un refus n'aurait pas surpris Quinn. Le fait que Clemens garde cette porte-là ouverte l'avait déstabilisé assez pour qu'il laisse échapper la question de trop. Celle qui éveillait les soupçons.

— Je ne suis pas sûr que le mot 'cacher' soit très approprié ici.

Mais il ne répondit pas. Il laissa flotter cette phrase énigmatique, espérant à moitié que Clemens ne la relèverait pas. On pouvait toujours rêver, non ?

Allait-il le lui dire ? Il n'était pas prêt, il ne savait même pas ce à quoi faisait référence ce 'le'. Dire quoi ? Tout était flou, indistinct, fuyant. Il sentait bien que Clemens attendait quelque chose, mais décida de tenter de gagner du temps, histoire de mettre de l'ordre là-dedans. Peine perdue…

Il se raccrocha à l'éventualité d'un Clemens se trouvant quelqu'un à qui parler, ce quelqu'un n'étant évidemment pas Quinlan lui-même. Bien sûr que non ! Pourquoi une telle idée ? Après tout, ce n'était pas comme si Quinn savait déjà un paquet de trucs sur Clemens… Si seulement il savait à quel point il en savait ! La métaphore du miroir les poursuivait, et en bon reflet de Clemens, Quinlan lui renvoyait beaucoup plus ce qu'il pensait.

— Ne tue pas le messager : le reflet n'est qu'un reflet. Le vrai problème est ailleurs. Celui que les autres voient, est-ce seulement un masque ? Et si oui, à quel moment le masque devient mensonge ?

Tout le monde porte un masque. Tout le monde a plusieurs visages. Celui que l'on montre au monde, celui que l'on montre aux amis, et le miroir. Il était évident là que Quinlan ne parlait pas que de Clemens, et il savait que l'étudiant n'était pas dupe. Il s'attendait à sa question. Deux miroirs face à face, se réfletant à l'infini dans une résonance visuelle.

— Oui. Je ne suis pas aussi fort que j'en ai l'air.

Il repensa alors à l'interrogation légitime de Clemens qu'il avait esquivé de façon pas très subtile. Il lui devait des explications. Mais par où commencer ?

— Tu m'as demandé pourquoi tu ne devrais pas me faire confiance, ce que j'avais à cacher…

Quinlan détourna le regard, plongeant sa tête dans ses mains, ses coudes appuyés sur ses cuisses. Dire qu'il était nerveux était l'euphémisme du siècle : il implosait.

— À vrai dire, j’aimerais bien être capable de te cacher quoi que ce soit. J’ai joué avec le feu, et ça empiète sur mes compétences de guérisseur.

Quinlan eut le courage de relever les yeux vers Clemens. Des yeux qui brillaient d'émotion. Il redoutait plus que tout ce qu'il allait lire son visage, car il ne voyait aucune alternative plaisante. Dans tous les cas, il souffrirait. Il souffrait déjà.

— Je suis loin d’être désintéressé. Je suis même très intéressé.

Il avait atteint le point de rupture, ce moment où il n'était plus possible de vibrer en harmonie et où la seule solution était de voler en éclats.

—  Je… tu me plais énormément. Tu m’attires dans tous les sens du terme, et pour une fois, je ne sais pas si je vais pouvoir garder un semblant de professionnalisme.

Quinlan avait tenu le regard de Clemens tout ce temps, terrifié à l'idée de ce qui allait suivre. Quoi que ce fut. Une voix se fit entendre dans le fin fond de son esprit, une voix qu'il se refusait à écouter, une voix féminine, familière. Moqueuse.
Tu n'es pas fait pour ça, Quinlan. Tu ne le seras jamais. Abandonne.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 20:00

Sa réflexion avait été un peu ironique, mais destinée à éclairer son opinion sur le guérisseur. Il savait ce que c'était, de souffrir de rumeurs, de se faire construire une réputation à laquelle on ne correspondait pas. Combien de fois ça ne lui était pas arrivé ? Et à ses amis ? Il aurait vraiment été le dernier des abrutis de se construire un avis sur base des on-dits. Non, il n'était pas comme ça. Quand quelqu'un l'intriguait, il le chopait entre quatre yeux et avait une bonne discussion avec. On n'était jamais mieux servi que par soi-même. Clemens haussa un sourcil à la réponse de Quinlan. D'abord parce que ça n'en était pas une, et pour quelqu'un qui n'arrêtait pas de dire qu'il fallait tout laisser sortir, c'était gonflé. Mais en plus de ça, si il s'était imaginer que son étudiant allait se satisfaire de cette pirouette, il s'était mis le doigt dans l’œil. Le pire dans tout ça, c'était que Clemens était persuadé que son interlocuteur le savait pertinemment. Ce n'était pas une erreur de parcours, une tentative naïve de faire glisser la discussion discrètement sur un autre sujet. Que cherchait-il ?

Avant qu'il n'ait eu le temps de rassembler ses idées pour réagir d'une façon plus ou moins appropriée, Quinlan avait enchaîné sur sa métaphore du miroir. Même la possibilité pour l'un deux d'aller voir un psychologue parvenait à dévier sur une conversation philosophique qui ne voulait à moitié rien dire. Ses questions avaient été rhétoriques, avouant son incapacité à gérer les côtés les plus sombres de lui-même. Clemens préférait les chasser loin au fond de son esprit et espérer qu'ils ne resurgissent pas dans des moments inattendus où ils seraient incapable de les gérer. Avouer ses vices et la violence qui faisait rage derrière la façade brillante n'était rien à côté du vrai combat. Il fuyait ses démons toujours plus loin et toujours plus vite ; sans avoir aucune idée de comment les vaincre. Quand il était à l'abri de tous les regards connus, il ouvrait les vannes et se laissait aller, espérant que l'adrénaline soit suffisamment forte pour durer jusqu'au prochain moment de liberté.

« Le masque est toujours mensonge, avec des justifications plus ou moins bonnes. En un sens, c'est toujours la vérité obscure et déplaisante qu'on essaie de cacher. »

Ses mots n'avaient été qu'un murmure. D'une part parce qu'il avait peur de l'effet qu'ils auraient sur lui, mais aussi sur Quinlan. La confirmation en vint quelques secondes plus tard, lorsqu'il fit lui aussi son aveu de faiblesse. Encore un. Clemens sourit doucement. Le guérisseur se mentait à lui-même également. Depuis la nuit précédente, il avait plusieurs fois montré qu'il était faillible, même si visiblement, ça n'avait pas toujours été conscient. Peut-être croyait-il vraiment que son masque n'était tombé à aucun moment ? Que les questions restées non posées étaient une victoire du mensonge ? L'Allemand attendit, silencieux. Son intuition lui dit que les explications allaient venir, que Quinlan était arrivé à un moment de rupture où les non-dits devaient être jetés sur le devant de la scène.

La souffrance affichée du guérisseur le cueillit en pleine face. Pour un peu, il en aurait regretté d'avoir posé la question. Sauf que rajouter du sel sur des plaies ouvertes n'allaient aider personne. Clemens avait échafaudé diverses théories et suppositions en quelques heures, sans trop savoir où il était dans le bon et ce qui était vraiment invraisemblable. Dans le pire des cas, il devait être préparé à tout entendre. Même si il n'avait pas encore décidé de ce que ce serait, ce 'pire' à entendre.

Les mots venaient, en phrases courtes et hachées, témoin supplémentaire du combat mental auquel son aîné était en train de se livrer. Il laissa retomber ses pieds au sol, et prit appui sur ses coudes, penché vers l'avant. Ses yeux bleus étaient rivés dans le regard de Quinlan, quand il pouvait l'atteindre, du moins. Tout le monde pouvait cacher quelque chose à quelqu'un, contrairement à ce qu'il pensait, Clemens n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans sa tête, la plupart du temps. Les changements d'attitude soudain du guérisseur était trop complexes pour sa compréhension de l'esprit humain. Déjà qu'il ne comprenait pas toujours la tempête qui rugissait sous son propre crâne…

Enfin, les mots tombèrent. Si bruts qu'ils ne pouvaient être que honnêtes. La douleur dans l'expression de Quinlan l'aurait réduit au silence si il avait spontanément su comment réagir. En réalité, il ne pouvait pas prétendre qu'il ne s'y était pas attendu. Trop de sous-entendus et de prétendus hasards. Clemens se remémora, une fois encore, des mots écrits à Isolde le matin même. Il était troublé, mais ne pouvait pas nier ce qui s'était établi entre eux deux. Leurs réflexions se coupaient trop bien, la compréhension s'était installée sans que les mots ne soient nécessaires.

L'Allemand laissa tomber sa tête dans ses mains. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il avait joué avec le feu, mais il l'avait attisé. L'esprit de Quinlan faisait trop écho au sien pour qu'il puisse le repousser et il l'avait compris dès cette nuit. Il se savait incapable de se tenir à l'écart d'une telle résonance.

Pouvait-il dire qu'il l'attirait ? En un sens, oui. A ce point ? Il n'en savait rien. Il n'avait simplement pas envisagé leur relation sous cet angle. Peut-être même avait-il inconsciemment refusé de le faire, de se poser la question. Clemens lâcha un rire entre ses mains, quelle belle paire d'idiots ils avaient été. Il releva les yeux vers Quinlan. Il devait dire quelque chose, il ne pouvait laisser cet aveu sans réponse. Il en aurait hurlé à ne pas savoir comment se décider, comment s'exprimer, comment réagir. Il avait déjà passé la nuit dans les bras d'un homme, ce n'était pas tellement ça le problème. Mais c'était incomparable.

« Je… J'imagine que je ferais mieux de ne plus venir à tes cours, alors. Ça te ferait toujours ça de moins où tu devras être professionnel. »

Ca aurait pu être une vanne. Mais c'était nase. Il le savait, mais sous la pression du 'je dois absolument dire quelque chose', il n'avait rien trouvé de mieux. Il ne pouvait pas donner une réponse univoque, il n'en savait rien. Ses yeux glissèrent sur la porte un instant, puis cherchèrent à nouveau le regard de Quinlan.

« Je ne vois toujours pas pour quelle raison je ne devrais pas te faire confiance. »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 20:46

Le masque déjà branlant de Quinlan tomba et se fracassa sur le sol. Les mensonges étaient désormais inutiles, que ce soit envers Clemens ou lui-même. Il le savait, et pourtant il n'arrivait pas à se résoudre à tout balancer, une fois pour toutes. Même quand il se décida à répondre à la véritable interrogation de Clemens, il le fit par accoups, comme si c'était quelque chose de trop difficile à mettre en mots. Il réussit, plus ou moins. Il se défit de ce poids, même si c'était en jouant avec les euphémismes.

Et maintenant, il attendait la réaction de Clemens, essayant de réprimer l'accès de panique qui montait. L'attente était insupportable, et au final, la réponse aussi. Quoi…? C'était tout ? Quinlan lança un regard profondément blessé à Clemens, alors même qu'il aurait dû s'attendre à un truc pareil. Il allait l'éviter maintenant, forcément. C'était logique, la chose la plus simple à faire si Quinn était devenu trop encombrant. Ce dernier n'allait pas le retenir.

Il détourna le regard, baissant les yeux et empêchant Clemens de l'atteindre. Il l'avait déjà trop atteint. Il fallait que ça cesse, d'une façon ou d'une autre. Quinlan attendait juste que l'étudiant se lève et se barre, et qu'il le laisse seul à s'apitoyer sur son sort. C'est ce que tu fais de mieux. Vint alors une nouvelle question. Ou plutôt, une question à laquelle Quinlan pensait avoir déjà répondu.

Il était con ou quoi ? Il ne savait pas comment ça marchait ? Ce dont les gens étaient capables, même les meilleurs ? Comment pouvait-il encore avoir confiance…? Quinn releva les yeux, pour les poser instinctivement sur ses mains. Qui sait ce qu'elles seraient capables de faire ?

— Parce que je pourrais perdre le contrôle.

Il détestait dire des trucs pareils parce que ça sous-entendait toujours plus ou moins que c'était de la faute de la victime, et ça, ce n'était pas acceptable. Mais c'était de ta faute. Il savait pertinemment que ça ne l'avait pas été et que ça ne le serait jamais, pourtant il continuait à culpabiliser. Et il ne voulait pas que Clemens vive la même chose à cause de lui.

— Je comprendrais si tu préfères partir, et esquiver mes cours. Tu aurais fait un excellent partenaire de recherches. Je suis désolé.

Il se tourna vers le mur et soupira. C'était donc une veste en bonne et dûe forme, avec tout ce qui allait avec : disparition, méfiance et regards gênés. Quelque part, c'était mieux comme ça. Quinlan n'était pas fait pour ce genre de choses, on le lui avait répété assez souvent. Alors il remettrait son masque de mensonges. Il oublierait cette vérité jusqu'à ce qu'elle disparaisse totalement, comme si elle n'avait jamais existé. Il reviendrait à ses coups d'un soir, à sa personnalité sulfureuse et fière de l'être et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'était malheureux, mais c'était comme ça que le monde fonctionnait.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 21:45

Perdre le contrôle ? Clemens regardait Quinlan sans comprendre ce qu'il pouvait bien vouloir dire. C'était quoi, une menace de mort ? Comme si tout le monde gardait toujours le contrôle sur tout ce qu'il faisait. Toute leur conversation était une longue suite de réactions excessives et de perte de contrôles qui s'étaient récupérées en suite pour finir dans des idées géniales. Si ça n'avait pas été un mauvais jeu de mot, il aurait dit que l'hôpital se foutait de la charité.

Quinlan semblait avoir compris qu'il tolérait mal le fait d'être protégé et mis sous couveuse. Sauf que visiblement, ça ne s'appliquait que dans les moments où ça l'arrangeait lui. Pour se protéger lui. Clemens refusa de lâcher le regard du guérisseur. Peu importait ce qu'il pensait de la révélation, non pas qu'il en pensait spécialement du mal, mais il ne pouvait simplement pas se prononcer, comme ça, spontanément, c'était trop inattendu. Par contre, il refusait d'être rejeté sous couvert d'être préservé. Ça, ça devait rester sa décision personnelle.

Clemens se leva, une lueur furieuse dans les yeux. Non, sérieusement. Pour un peu, et si Quinlan ne lui avait pas apporté une aide précieuse dans ses propres expérimentations, il aurait presque pensé qu'il avait été utilisé. Il se dirigea droit vers le canapé et se laissa tomber au sol auprès du guérisseur. Si il pensait que l'étudiant allait se laisser dégager avec autant de condescendance, il se foutait le doigt dans l’œil. Le dos appuyé contre le fauteuil, il s'assit en tailleur et prit une grande inspiration.

« Tu m'excuseras, Quinlan, mais ce n'est pas à toi de prendre cette décision là. Si tu ne vois pas l'intérêt de travailler avec moi, si tu as obtenu tout ce que tu voulais, soit. Mais je refuse de me faire virer sous couvert de protection. »

L'Allemand se repoussa du fauteuil pour se retourner et refaire face au guérisseur. Une sorte de rage brillait dans ses yeux.

« Franchement. C'est toi qui parlait de limites et du consentement. Je suis arrivé ici de mon plein gré. Tu crois que tu peux attirer et dégager les gens comme ça te chante ? C'est pas moi qui vais te reprocher de t'envoyer en l'air, mais je suis quoi, ton plan cul intellectuel ? Honnêtement, je pense que je peux gérer les pertes de contrôle. C'est pas comme si j'étais doué pour me maîtriser moi, de toute façon. »

L'étudiant bouillait intérieurement. Comment Quinlan pouvait-il s'imaginer qu'après une telle discussion, de telles avancées dans leurs recherches il pourrait s'enfuir pour une raison de… de quoi au juste ? De désir ? C'était tellement ridicule. Clemens enfouit la tête dans ses mains, tiraillé entre sa fureur et une dizaine d'autres sentiments sur lesquels il n'arrivait pas à mettre un nom. Il était déjà complètement dépendant de l'esprit de son aîné.

« Depuis cette nuit, on a déjà complètement mis le professionnalisme au placard. L'entame de ces recherches même est déjà à l'opposé de ce qu'on pourrait imaginer être une relation professeur élève. Tes cours ne font pas partie de mon cursus. Je peux ne pas m'y rendre. Mais uniquement si on travaille ensemble. »

Il releva les yeux vers Quinlan. La fureur s'était adoucie pour faire place à une lueur défiante.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 22:38


Qu'est-ce que Quinlan pouvait être con quand il s'y mettait ! En même temps, il avait une bonne raison, la même qui lui susurrait à l'oreille qu'il détruisait tout ce qu'il touchait. Celle qui lui disait que Clemens ne voulait pas de lui et qu'il allait sans doute fuir à l'autre bout du château. Celle qui avait tort.

Parce que Clemens se leva et se rapprocha de lui, se mettant à son niveau. Et il était furieux. Paradoxalement calme, mais en rage aussi. Quinn se prit son regard comme un coup de poignard : s'était-il trompé ? Il ne voulait pas partir ? Il ne cherchait pas couper à les ponts ? Appparemment, non, pas du tout. Il avoua même qu'il l'attirait… d'une certaine manière, mais pour sa santé mentale, Quinn ne releva pas. De toute façon, il y avait tellement à dire sur ce que Clemens pensait… Il avait raison pour un tas de trucs, sur sa liberté de rester et l'attitude globalement bizarre de Quinn, mais il y en avait d'autres…

— Tu ne sais pas de quoi tu parles…

Cette fois c'était à Quinn de sortir son regard sombre. Qu'est-ce que connaissait Clemens aux pertes de contrôle ? Qu'est-ce qu'il en savait ?! Qu'est-ce qu'il avait vécu, lui !?

— Tu crois que tu peux te défendre en toutes circonstances ? Parce que t'es fort physiquement ? Parce que tu te dis que t'auras la présence d'esprit de crier ? Laisse-moi te dire un truc : t'as aucune foutue idée de ce que c'est d'être victime. Et je tiens à ce que ça reste comme ça. Que tu me foutes un râteau ok, mais me reproche pas d'essayer de te protéger de moi !

Quinlan se leva et fit les cent pas dans l'appartement, comme un lion en cage. Il ne voulait pas complètement repousser Clemens en réalité, mais au moins qu'il sache. Qu'il connaisse les risques. Parce que soyons clairs, c'était un partenaire de recherches fantastique, de ceux qu'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie. Si Quinlan pouvait le garder, alors il le ferait, mais pas sans quelques mises au point.

— J'ai vraiment envie de travailler avec toi, indépendamment du reste. Mais… Tu me fous les nerfs en pelote, t'es la seule personne qui me fait ça.

Il se tourna vers Clemens, et revint vers lui, essayant de se calmer. L'imitant, il s'agenouilla près de lui et tendit sa main mais sans la faire entrer dans son espace personnel.

— T'es pas mon plan cul intellectuel, au contraire. Tu t'approches plutôt de l'âme soeur, pour filer la métaphore.

Cette fois, il le regarda dans les yeux. Il avait vraiment pas mal de trucs à lui raconter, mais il ne savait pas quand et comment, et ignorait comment Clemens allait le prendre de toute façon.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2015 - 23:16

Non, en effet, il ne savait pas de quoi il parlait. Il n'avait encore jamais eu une telle tête de pioche face à lui, qui s'évertuait à essayer de le jeter dehors. Clemens haussa les sourcils face au regard sombre de Quinlan. La relation de supériorité avait été mise en pièces et malgré la hiérarchie qui avait encore plané pendant un moment, il était évident que ce n'était plus l’aîné qui avait la main dans cet échange. L'Allemand sentit une étrange force grimper en lui, maintenant qu'il avait exprimé une prise de position claire, il pouvait s'y accrocher et résister aux chocs. Du moins, il l'espérait.

« De quoi est-ce que tu essaies de te convaincre ? Que t'es un putain d'animal ? Après tous les discours que tu m'as servi ? »

Clemens secoua la tête. Ses questions avaient été littéralement crachées au visage du guérisseur. Il détestait cette manière qu'il avait de se cacher derrière la honte, derrière sa réputation. Les bruits de couloirs n'avaient jamais été qu'un énorme ramassis de conneries, si lui avait du se préoccuper des siens, il ne serait même pas monté jusqu'à cet appartement avec un grimoire crypté. Après tout, il n'était qu'un joueur de Quidditch sans cervelles qui avait sans doute dragué une intello pour réussir ses examens. Ben voyons.

« Si tu veux protéger quelqu'un, protège-toi de toi-même. Ca te sert tellement de te flageller avec les éclats de ton miroir ? Je n'ai aucune raison de fuir devant toi. Les relations humaines sont destructrices, on est tous les victimes les uns des autres. »


L'être humain était une race perverse, ils en avaient déjà discuté. Fuir Quinlan, ça aurait été se jeter dans les bras d'un autre bourreau. Reconnaître qu'une personne nous était importante, c'était lui livrer droit la clé de notre propre douleur. Peut-être n'avait jamais-t-il été une victime au sens où il l'entendait mais… Il avait été souffert d'autre chose et n'était pas assez naïf pour espérer que ça n'arriverait plus. Il se torturait déjà lui-même tous les jours, alors au point où il en était.

Clemens se passa une main devant les yeux alors qu'il sentit – plus qu'il ne vit – son aîné se lever. Lui avait-il foutu un râteau ? Difficile à dire. Depuis cette nuit unique, en septième année, il n'avait plus jamais posé le regard sur un homme de cette façon. De cette expérience, il avait simplement conclut que ce n'était pas pour lui, mais à présent, le doute resurgissait dans son esprit. Depuis deux ans, il n'avait eu que de vagues aventures, quelques crushs irrésolus et avant… Pouvait-on vraiment comparer cette relation transcendante avec le prétendu sérieux d'une amourette adolescente ? Non, bien sur que non.

La voix de Quinlan lui fit lever les yeux. La remarque les lui fit fermer instantanément. Sans rire Quin, avec des réactions pareils et la quantité d'ascenseurs émotionnels que tu provoquais avec tes sautes d'humeur. Clemens sentit un sourire trembler sur ses lèvres. Mentalement, ce n'était pas évidemment pour lui non plus, mais c'était exactement pour ça qu'il était convaincu que la collaboration valait le coup. On n'entrait pas dans une résonance si forte sans briser des morceaux de temps en temps… Après la fureur de deux hommes blessés, le calme commençait peu à peu à revenir. L'Allemand se tourna vers Quinlan et partagea son regard pendant une seconde, laissant l'intensité grandir jusqu'à en frémir. Spontanément, il prit la main tendue dans la sienne, mais rompit le contact visuel.

« A la réflexion, cette version est un peu plus glorifiante. Et pour continuer sur de bonnes bases, tu pourrais partir du principe que je ne suis pas du genre à juger sur les on-dits et les rumeurs. On en a tous les deux eut notre lot, même si ta réputation est carrément fumeuse. »

Sa lueur espiègle, si habituelle, dansait à nouveau dans les yeux bleus de Clemens.

« Pour reprendre tes propres mots, si tu veux parler, crier, pleurer, fais-le. Je n'aime pas poser des questions. Je n'ai pas tes talents pour pousser les gens à l'introspection. Mais quelque chose me dit que toute cette cascade de réactions n'était pas sans raisons. »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMer 17 Juin 2015 - 7:26


Clemens marquait un point. Ce n'était ni le premier ni certainement le dernier, mais celui-ci fit violemment réagir Quinlan, qui resta muet. Entre ce qu'il disait et ce qu'il pensait… La peur lui nouait les entrailles, et l'empêchait de réaliser que s'il s'écoutait un peu plus, il serait son propre sauveur. Il n'était pas plus sujet aux dérapages que n'importe qui, il n'était pas plus susceptible d'avoir un geste déplacé parce qu'il aimait le sexe et que Clemens ne le laissait pas indifférent. Il avait un cerveau pleinement fonctionnel qui ne se situait pas entre ses jambes. Restait à savoir comment le redémarrer et arrêter le flot de conneries.

Il savait qu'il fallait qu'il se ressaisisse, mais il en était encore incapable. Face à ce que Clemens lui balançait à la tronche, son esprit mis à mal s'était retranché dans une rassurante litanie de 'je ne veux pas te blesser'. Sauf que 1. c'était déjà fait, plus ou moins; et 2. c'était toi que tu blessais, Quinlan. C'est rien, j'ai l'habitude. Mouais, pas une raison.

La boucle s'arrêta, et Quinn craqua. Il se leva et balança les premières choses qui lui venaient à l'esprit, redoutant le moment où il devrait les dire encore plus clairement. Il se battait contre lui-même, contre cette partie de lui qui avait désespérément besoin de s'exprimer et qu'il faisait taire à chaque fois. Aujourd'hui, elle était en train de gagner. Elle n'avait gagné qu'une autre fois, il y a des années de cela. Elle était en train de gagner, parce que Clemens n'avait pas peur, parce qu'il appuyait exactement là où ça faisait mal. Parce que Quinlan lui faisait confiance à un point qu'il s'était juré de ne plus atteindre avec personne sauf son frère. Et parce qu'il prit sa main.

Le contact lui fit plus de bien qu'il ne voulait l'admettre. La tension s'évacua progressivement, comme si Clemens avait absorbé une partie du choc. Quinlan avait besoin d'une ancre pour ne pas dériver : il ignorait juste comment et pourquoi Clemens avait remplacé Neal dans ce rôle.

Ce qu'il lui dit lui arracha même un petit sourire. Une réputation fumeuse, hein ? C'était fou ce que les gens pouvaient accorder comme importance à la vie sexuelle des autres. Trop, trop peu, avec qui… Dans le fond, c'était d'une stupidité crasse. Ce n'était qu'un jeu. Ou du moins, ça l'était la plupart du temps.

Et puis Clemens appuya sur le gros bouton rouge en renvoyant ses propres paroles à la face de Quinlan. Il aurait difficilement pu faire mieux que de continuer la métaphore du miroir, mais cette fois façon boomerang. Serrant la main de Clemens sans même s'en rendre compte, Quinn baissa la tête, et s'affaissa sur le sol où il posa ses fesses. Ça risquait d'être un peu long.

— Il y a toujours une raison. La mienne… J'ai failli être marié, tu sais ? J'étais amoureux, et je ne le suis jamais. J'étais prêt à tout pour elle, même à me 'ranger', à me glisser dans le moule du parfait mari, sérieux, attentionné et fidèle. Au début, ça se passait bien, j'étais heureux, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Neal n'était pas là, mais on communiquait souvent et je sais bien qu'il me trouvait changé. En bien ou en mal ? Je ne sais pas.

La main qui tenait celle de Clemens commença à trembler, seul signe apparent de nervosité. Il devait bien parler du moment où c'était parti en compote, mais comment le faire quand ce n'était qu'une longue suite de petites choses mises bout à bout ? Il mit son cerveau en veille et continua à parler. Ça sortirait comme ça devait sortir et tant pis si Clemens avait l'impression d'avoir loupé un épisode.

— Roxanne, c'est son nom, elle m'avait dit qu'elle pouvait tolérer mes frasques, du moment qu'elle n'était pas au courant. C'était un mensonge. Envers moi ou elle-même, je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'elle a commencé à me dire que c'était moi qui n'était pas normal et que c'était à moi de changer et que je la blessais juste par ma façon d'être. Alors j'ai changé. Je me suis dit qu'en y croyant assez fort le mensonge pourrait devenir la vérité. En fait, c'était comme si on m'avait ôté une partie de moi.

Étrangement, la voix de Quinlan se faisait plus calme, presque froide alors qu'il parlait. Dans un ultime réflexe défensif, il adoptait un point de vue volontairement détaché.

— Je me suis rendu compte que je n'avais plus envie de rien, si ce n'est travailler. Je partais tôt et je rentrais tard, je ne refusais aucune garde. J'ai même passé une semaine non-stop à l'hôpital une fois… Tout ça pour dire que Roxanne s'est inquiétée et qu'elle s'est arrangée pour que j'aie quelques vacances. Deux semaines avec elle dans une chambre… J'ai cru devenir fou.

T'es gonflé de tout mettre sur mon dos quand même…
La ferme.


— Ça faisait déjà quelques temps que je n'allais pas bien et que le seul moyen pour me concentrer sur mon travail était de…

Quinlan releva la jambe droite de son pantalon. Une image valait mille mots : au premier abord, on ne voyait pas grand-chose, surtout qu'il n'était pas le moins poilu des mecs, mais en regardant de plus près, on apercevait des lignes plus claires, sans aucun motif apparent. Des traces de coupures peu profondes, mais suffisamment nombreuses pour inquiéter.

— Et encore, je cicatrise facilement. Bref, elle a décidé de 'prendre soin de moi' et a pensé qu'un peu de distraction me ferait du bien. Après tout, je l'aimais, j'en étais encore convaincu, et puis un homme, ça a toujours envie.

Il se tut quelques instants. Il aurait attendu la question qui tue 'mais t'aimes le sexe, non ?' de n'importe qui, mais c'était Clemens. Il était bien trop intelligent et sensible pour dire un truc pareil.

— J'ai pas réussi à la repousser. Mon cerveau s'est mis en veille, je l'ai juste laissé faire en priant pour que ça s'arrête le plus vite possible. Et après j'ai culpabilisé parce que 'c'était de ma faute et que je la délaissais depuis un moment'… Ça a duré encore un peu, elle parlait de mariage et je ne disais rien. J'ai adopté le Docteur pour compenser l'absence de mon frère, mais je continuais de me tuer à petit feu. Et un jour je me suis réveillé en me demandant ce que je foutais encore là, et je suis parti.

Quinlan soupira. Il avait omis certains détails, simplement parce qu'il ne se sentait pas prêt encore à les balancer. Il n'était même pas sûr que Neal soit au courant pour certains d'entre eux. La honte était tellement forte, tellement sombre qu'il se rendait compte qu'il avait volontairement 'oublié' certains passages de sa vie. Ces derniers refaisaient surface avec violence, mais Quinn savait que c'était nécessaire s'il voulait avancer. Il chercha Clemens du regard, serrant toujours sa main dans la sienne. Et il réalisa soudain. Comment avait-il pu le comparer à elle ? Il n'était pas elle. Il ne le serait jamais.
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMer 17 Juin 2015 - 9:34

Main dans la main, il rétablirent le contact brisé par la fureur. Les mots se firent plus simples, sans perdre de leur honnêteté. Tous deux avaient compris que le temps des non-dits était passé et que la seule solution pour sortir de cette embuscade était de parler à cœur ouvert. Pour Clemens, c'était une situation étrange, il n'aimait pas les discussions aussi frontales. Il préférait amener son interlocuteur avec douceur sur l'information dont il avait vraiment besoin, s'assurer que l'échange se faisait de manière consciente et volonté… Mais il n'était pas franchement doué dans ce domaine. Surtout quand il avait été blessé.

Sauf qu'à l'instant, il n'était déjà plus question de lui. Si Quinlan avait été aussi vache, c'était pour camoufler ses propres blessures, et la pression sur sa main le lui confirma. Les barrières étaient en train de tomber, tout comme le guérisseur à côté de lui, d'ailleurs. Clemens tourna son regard vers lui. Il allait devoir apprendre la neutralité froide et sans débauche d'empathie du médicomage sur le tas, en espérant qu'il en soit simplement capable.

Comment réagir à une telle confession ? Par le silence lui semblait être une attitude raisonnable. Les mots lui étaient trop surfaits pour être d'un quelconque secours et il était bien trop loin d'une expérience semblable pour trouver les termes justes, de toute façon. Clemens se contenta de ne pas détourner les yeux, offrant une ancre qu'il espérait débarrassée de sentiments parasites à Quinlan. Et quand sa main se mit à trembler dans la sienne, il la serra un peu plus. Attendre, et ne pas lâcher.

Au fond de lui, il sentait la rage gronder à nouveau. Ils étaient sans doute très loin de la fin de l'histoire, mais il s'imaginait ce qui allait suivre. Ou presque. Cette vieille rengaine de l'amoureux qui se sacrifie pour sa belle, qui elle, sous couvert de l'aimer et de vouloir le protéger se contente de le regarder mourir à petit feu. Les conventions sociales jouaient le grand rôle encore. Soit ce que tu dois être, ce qu'on attend de moi, mets ta personnalité sous clé. Marche ou crève. Clemens était loin d'avoir vécu ça, d'avoir été cette victime-là, certes. Mais il était furieux.

Et comme si la torture psychologique n'avait pas été suffisante, elle avait été physique également. Les deux. Clemens aurait été de la pire mauvaise foi du monde s'il disait s'être attendu à un tel récit. Quinlan se défendait d'être fort, de se maîtriser, mais il s'était sorti de ça par initiative personnelle… Compréhensible maintenant, que les deux frères soient si proches. Neal avait du passer un sacré bout de temps à recoller les morceaux, après ça. Son pouce se mit à caresser instinctivement la main de Quinlan, dans un geste d'empathie qu'il ne pouvait pas retenir. Il était choqué, en fait, toujours à des années lumières de savoir quoi dire et comment réagir. Au moins avait il à présent les clés pour comprendre l'attitude du guérisseur. Ou pour commencer à la comprendre, ce qui constituait déjà en soi un sacré pas en avant.

Le silence se réinstalla entre eux, comme l'évolution naturelle de cette histoire qui, en quelque sorte, n'était pas encore finie. Clemens supposait que ça devait être fini depuis quelques années, et pourtant, cette Roxanne le poursuivait toujours. Persécutait l'être qu'il était vraiment pour le convaincre qu'il ne valait rien. Parce qu'il avait choisi d'être différent, de voir la vie sous un autre angle. Quinlan n'était certes pas un loup-garou, mais ses recherches sur la rédemption des lycans avait décidément une résonance toute personnelle. Il prit une grande inspiration pour finir d'encaisser.

« C'est elle qui t'a tué à petit feu avec son emprise psychologique. »

Sa tentative de neutralité était partie au Pérou. Un tressaut hargneux se trahit dans sa voix, et il ferma les yeux une seconde pour essayer de ramener le calme en lui.

« Je vais me passer des 'je comprends' ou 'j'imagine' parce que ce serait loin de la vérité. Je n'ai aucune idée de ce que tu as enduré. Mais... »

Il s'interrompit, il n'y avait pas de mais. Il ne pouvait simplement pas savoir, c'était tout. Clemens posa leurs deux mains entrelacées sur son genou et remua les épaules pour essayer de chasser le trouble et la tension.

« C'était il y a combien de temps ? »
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MessageSujet: Re: Saloperies de Grimoires   Saloperies de Grimoires - Page 3 EmptyMer 17 Juin 2015 - 10:23


Jamais Quinlan n'avait fait le rapprochement entre la façon dont étaient perçus les loups-garous et sa propre histoire. Et pourtant, c'était tellement évident ! Lui qui avait envoyé paître les conventions sociales dès son adolescence avait accepté de se sacrifier pour quelqu'un qui ne lui avait offert que de la souffrance en retour. Pendant cette période, il était tombé si bas qu'il n'imagine pas ce qui serait advenu de lui si Neal n'avait pas transplané en urgence. Personne n'a jamais dit que c'était Quinlan le plus fort des deux.

Il n'avait jamais pu se débarrasser d'elle, jamais vraiment. Elle revenait quand il sentait qu'il perdait pied, elle était toujours là, tapie dans le fond, prête à lui attraper la cheville s'il avait le malheur d'approcher trop près. En parler l'éloignait un peu, mais Quinlan savait qu'elle resterait toujours là, à ronger une partie de lui. Son récit toucha à sa fin. Il avait déballé son sac, et Clemens devrait se débrouiller avec ça. Lui sentait la fatigue poindre. Cette nuit, cette journée, elles avaient été épuisantes… Las, il se laissa bercer par la caresse du pouce de Clemens sur sa main. Un si petit geste, qui pouvait signifier tellement de choses.

Et une petite phrase où transparaissait la rage de Clemens. Une colère qui rassura étrangement Quinlan, parce qu'elle n'était pas dirigée contre lui. Il ne parlait jamais de ce qu'il avait vécu, parce que le risque était trop grand qu'on lui dise que c'était de sa faute, ou que c'était pas si grave, qu'il aurait pu et dû se défendre, qu'il n'aurait pas dû rester aussi longtemps avec… Et toute la suite de commentaires et de réactions de gens pas forcément méchants, mais qui n'avaient aucune foutue idée de ce que ça faisait, et qui vivaient encore tranquillement dans le moule dégueulasse que la société avait placé autour d'eux. Clemens ne le considérait pas comme un connard plaintif qui se complaisait à se regarder le nombril en rouvrant ses plaies.

— Je crois que vu mon comportement, on peut encore claquer ça au présent.

Après, Quinlan n'aurait rien dit et ne l'aurait pas mal pris si Clemens avait sorti le classique 'j'imagine'. Quand on balançait des bombes comme ça, on s'attend à ce que les gens réagissent gauchement. Pour quelqu'un qui se disait peu doué dans les relations humaines, Clemens fit preuve d'une certaine dextérité. Imparfaite, mais bien présente.

— J'espère que tu ne sauras jamais ce que c'est. Alors, si jamais je fais quelque chose de… dis-le moi. Tout de suite.

C'était le signe que Quinlan acceptait la présence un peu trop proche de Clemens, le deal étant que l'autre ne se gêne pas pour lui dire s'il dépassait les bornes sans s'en rendre compte. L'intensité du regard qu'il envoya à Clemens devait suffire à appuyer l'importance de ce 'détail' pour le guérisseur.

Ce dernier ne s'attendait pas à ce que Clemens veuille en savoir davantage, mais n'en était pas non plus bouleversé. Quinlan fit le calcul dans sa tête. Il avait 26 ans à l'époque quand il avait réussi à trouver la force de s'en aller. Clemens allait sûrement surpris mais…

— Sept ans.

La réalisation arracha un sourire sans joie à Quinlan.

— Sept ans que je refuse catégoriquement de me prendre d'affection pour quelqu'un.

Et regarde où j'en suis… Belle réussite, vraiment. Comme quoi, vous pouvez toujours enfermer votre coeur à double tours et jeter la clé, y'aura toujours un connard pour crocheter la serrure.
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